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Marché de l'électricité et du gaz : les conséquences de la crise énergétique

Temps de lecture  5 minutes

Par : La Rédaction

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) tire les enseignements de la "sortie de crise" dans son rapport 2023-2024 sur le fonctionnement des marchés de détail de l’électricité et du gaz naturel. Les dispositifs de l'État ont permis de contenir la hausse des prix durant la crise. Le bilan des offres de marché est plus mitigé.

Malgré des tarifs plus bas, l'ouverture à la concurrence des marchés de l'électricité et du gaz, qui devait entraîner un allègement de la facture des consommateurs, n'a pas rencontré le succès escompté. Les consommateurs particuliers privilégient les tarifs réglementés de vente (TRV) et les opérateurs historiques, leur choix s'orientant vers des prix plus élevés mais des fournisseurs plus sécurisants.

Selon le rapport de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) publié le 17 novembre 2025,  la France compte 34,8 millions de consommateurs particuliers d’électricité et 10,4 millions de consommateurs particuliers de gaz naturel fin 2024. 52% des clients résidentiels qui ont l'électricité et le gaz ont souscrit des offres chez le même fournisseur.

Une crise majeure qui entraîne de nouveaux comportements

Si la crise de 2022-2023 s’est traduite par une hausse très significative de la part énergie des factures d’électricité et de gaz, les dispositifs gérés par la CRE (boucliers tarifaires électrique et gaz, amortisseur électricité), dont le coût total a été de 26,1 milliards d’euros, ont bénéficié à 30,4 millions de ménages pour l’électricité, 6,1 millions de ménages pour le gaz, et 2 millions de consommateurs non résidentiels d’électricité. Le niveau de prix de la facture des ménages français est resté inférieur à celui d'autres pays européens, avec par exemple, pour les factures d'électricité, un écart de plus de 180 €/MWh TTC en 2023 par rapport aux ménages allemands.

Bien que les prix soient en baisse en sortie de crise, l’énergie constitue toujours une part importante du budget des ménages français et qui n’est pas redescendue au niveau d’avant crise. Pour maitriser leurs factures, les consommateurs s’informent davantage sur leurs offres et sur les moyens de réduire leur consommation. Ils se dirigent de plus en plus vers des offres permettant d'ajuster la consommation en fonction de certaines heures ou périodes (heures pleines/heures creuses, heures creuses été/hiver, heures creuses week-end...). 53% des consommateurs du marché résidentiel sont en option base n’offrant aucun signal temporel. Par ailleurs, la CRE constate aussi un développement de l’autoconsommation qui répond aux objectifs environnementaux et à une meilleure maîtrise des factures. 

Le retour progressif des consommateurs vers les offres de marché

Perçues comme moins sécurisantes, les offres de marchés ont subi un coup d'arrêt durant la crise de l'énergie. Les TRV, malgré des coûts plus élevés, gardent la préférence des consommateurs particuliers. Ce phénomène a principalement profité aux fournisseurs historiques comme EDF, tandis que la part des fournisseurs alternatifs en électricité est restée quasiment stable, à 30% fin 2024, en dessous du niveau de 2021 (entreprises et particuliers confondus). 94% des parts de marché du secteur résidentiel, en électricité et en gaz, sont concentrées sur quatre principaux fournisseurs (EDF, ENGIE, Plenitude (ex-ENI) et TotalEnergies).

Offres de marché et tarifs réglementés

  • les offres de marché : les prix sont fixés librement par les fournisseurs, qu'ils soient fixes ou variables ;
  • les tarifs réglementés de vente (TRV) : les prix sont fixés par les pouvoirs publics et proposés par les fournisseurs historiques.

Cette réserve des particuliers envers de nouveaux fournisseurs s'explique notamment par les problèmes rencontrés par les fournisseurs alternatifs durant la crise de l'énergie :

  • manque de solidité de certains de ces fournisseurs : durant la crise, le nombre de faillites de fournisseurs en Europe a été important, par exemple au Royaume-Uni. En France, le nombre de défaillances a été limité à trois fournisseurs et a concerné environ 120 000 consommateurs ;
  • mauvaises pratiques : le manque de transparence de la part des fournisseurs lors du renouvellement des contrats qui ne mentionnaient pas clairement le niveau de la hausse en pourcentage ou en euros par rapport à l’ancien prix ou ne précisaient pas le montant des nouvelles mensualités ;
  • difficultés pour certains fournisseurs à fournir leurs clients.

Le retour des consommateurs vers les offres de marché reprend en 2024. Il est encouragé par la sortie de crise. Toutefois, ce retour reste progressif malgré certaines offres de marché en électricité entre 17% et 23% moins chères en 2024. En outre, ce regain d'attraction profite davantage aux fournisseurs historiques.