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© Sophie Animes - stock.adobe.com

Non-remplacement des professeurs au collège : comment mieux limiter le temps d'enseignement perdu ?

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

La Cour des comptes constate que 9% des heures obligatoires annuelles dans les collèges, soit 10,3 millions d’heures, ne sont pas effectuées par les élèves, faute de remplacement de professeurs. La Cour en étudie les causes, ainsi que les conséquences sur la réussite des collégiens, et émet des propositions visant à réduire les heures perdues.

Le rapport de la Cour des comptes publié le 12 décembre 2025 revient sur les mesures qui ont été prises ces dernières années pour pallier l’absence des professeurs dans les collèges. Il constate par ailleurs que l’efficacité du remplacement de courte durée ne progresse que légèrement et celle du remplacement de longue durée se dégrade. 

Le phénomène des heures perdues a conduit le ministère de l’éducation nationale à diffuser un nouveau plan pour le remplacement de longue durée en 2025. Le remplacement des enseignants absents a d'ailleurs été érigé en politique prioritaire du gouvernement en 2023.

Un manque d'enseignants dans certaines matières et sur certains territoires

Une hausse des absences des enseignants pour raison de santé et la crise durable du recrutement ont accru les besoins de remplacements entre 2018 et 2025. Cela s’explique par une crise d’attractivité du métier d’enseignant, notamment dans certaines disciplines ainsi que par une hausse des départs volontaires du fait du vieillissement de la population enseignante.

La rémunération est un facteur d’explication avec le manque de reconnaissance. D’autres facteurs s’ajoutent tels que qu’un taux de stress élevé, une charge administrative croissante et des opportunités d’avancement de carrière limités

Le nombre d’inscrits aux concours ne permet pas de couvrir les besoins. Au Certificat d'aptitude au professorat du second degré (Capes), toutes voies confondues, 89,1% des postes ont été pourvus en 2025. 1 726 postes sont restés vacants sur 12 686 postes ouverts.

Les disciplines les plus affectées en 2025 sont :

  • les lettres classiques (66,7% des postes ouverts pourvus) ;
  • les mathématiques (74,4% des postes ouverts pourvus) ;
  • la physique-chimie (74,5% des postes ouverts pourvus) ;
  • l’allemand (77,2% des postes ouverts pourvus).

Certains territoires sont moins attractifs. À côté d’académies attractives comme Rennes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier et la Corse existent des académies peu attractives comme Créteil et Versailles, qui sont celles qui comptent pourtant le plus grand nombre d'élèves. 

En 2023-2024, les 25% des collèges publics ayant un indice de position sociale le plus faible enregistrent 11% d’heures perdues. Les collégiens en éducation prioritaire (15% des collégiens du public dans l'Hexagone) perdent davantage d'heures d'enseignement.

 

Quels effets sur la réussite des élèves ?

Les effets sur la réussite scolaire et l’orientation demeurent difficiles à mesurer en l’absence de données fines. Néanmoins, la Cour établit une corrélation entre le temps d’enseignement perdu et les résultats des élèves au diplôme national du brevet. Les conséquences du temps d’enseignement perdu demeurent moins importantes que d’autres facteurs, comme la position sociale et le niveau scolaire à l’entrée en sixième.

Que propose la Cour des comptes ?

La hausse des crédits consacrés aux remplacements ne s'est pas forcément traduite par une réduction marquée du temps d'enseignement perdu en collège.

Face à ce constat, la Cour formule plusieurs recommandations pour mieux mobiliser le vivier d’enseignants, mieux mesurer et piloter le temps d’enseignement perdu et mieux informer les familles avec notamment :

  • la réduction sans délais des absences institutionnelles des enseignants (réunions pédagogiques, conseils de classe, formation continue...) ;
  • l'annualisation dès la rentrée scolaire 2027 des heures de service des enseignants du second degré afin de réduire les absences institutionnelles notamment celles liées aux formations et au travail pédagogique ;
  • le renforcement, d’ici la rentrée 2026, de l’accompagnement et de la formation des équipes de direction des établissements dans la saisie des données du remplacement afin de les rendre plus fiables ;
  • le déploiement, d’ici 2027, au plan national d'un outil informatique d’aide au pilotage et à la gestion du remplacement de longue durée ;
  • la mise en place d'une procédure-type de communication entre les personnels de direction et les familles.