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L'action du Comité international olympique (CIO) en cinq questions

Temps de lecture  7 minutes

Par : La Rédaction

Le Comité international olympique (CIO) est "le gardien des jeux olympiques et le chef de file du Mouvement olympique". Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le CIO n'admet des sportifs de Russie et de Biélorussie qu'en tant qu'athlètes individuels neutres aux jeux de Paris 2024.

Créé le 23 juin 1894, le Comité international olympique (CIO) est aujourd'hui une organisation internationale non gouvernementale à but non lucratif basée en Suisse.

Le CIO est entièrement financé par les fonds privés. 90% des revenus perçus par le CIO sont redistribués auprès d'organisations sportives afin de soutenir les athlètes.

Le rôle du CIO est défini par la Charte olympique. Désigné comme autorité suprême de l'Olympisme, le CIO supervise le Mouvement olympique pour assurer le déroulement des Jeux et organiser les relations entre différentes entités :

  • les athlètes ;
  • les comités nationaux olympiques ;
  • les fédérations internationales d'athlètes ;
  • les comités d'organisations des Jeux olympiques (JO) ;
  • les partenaires olympiques mondiaux ;
  • les diffuseurs ;
  • l'Organisation des Nations Unies (ONU). 

Les missions du CIO sont de :

  • préserver le caractère unique et assurer la célébration régulière des Jeux olympiques ;
  • placer les athlètes au coeur du Mouvement olympique ;
  • promouvoir le sport et les valeurs olympiques dans la société.

Les valeurs promues sont l'excellence, le respect et l'amitié.

Dans le cadre de son association avec l'ONU, en 2022, le CIO a affirmé son engagement à respecter les droits humains dans le champs de son activité.

Les organes du CIO se composent de la session, du président et de la commission exécutive.

L'instance décisionnaire du CIO est la sessionassemblée générale des membres du CIO qui se tient une fois par an. Son rôle est de déterminer les orientations du Mouvement olympique, elle a notamment compétence pour :

  • modifier la Charte olympique ;
  • élire les membres du CIO (et les exclure) ;
  • élire le président, le vice-président et les membres de la commission exécutive ;
  • désigner la ville d'accueil des JO.

Le rôle du président est de représenter et de diriger le CIO. Il est élu par la session au scrutin secret parmi les membres du CIO pour un mandat de huit ans renouvelable une fois pour une période de quatre ans.

La commission exécutive propose les nouveaux membres du CIO, soumet des modifications de la Charte olympique et administre les affaires courantes du CIO.

En 2017, le Comité international olympique (CIO) a choisi Paris pour organiser les Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

C’est la 3e fois que Paris accueille les Jeux, après 1900 et 1924.

Les compétitions sont organisées à Paris et en Île-de-France, notamment en Seine-Saint-Denis qui accueille le village des athlètes.

Elles se déroulent également en région pour le football, le tir et la voile ou encore à Tahiti pour le surf.

Avec 13 millions de spectateurs et 4 milliards de téléspectateurs, l’organisation d’un tel évènement implique un budget dont le coût global réel est incertain.

D’abord fixé à 6,9 milliards d’euros, le budget a été revu à la hausse pour financer la sécurisation de l’évènement, les transports ou encore les sites olympiques. .

L’organisation de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, non dans un stade, est à elle-seule un enjeu de sécurité face au risque de terrorisme.

Les réseaux de transport, existants ou en construction, doivent être capables d’absorber l’afflux de visiteurs vers les lieux de compétition.

Présenté en mars 2023, le plan de mobilité en Île-de-France prévoit de transporter jusqu’à 500 000 spectateurs et participants par jour.

Accueil des sportifs et des médias, les Jeux sont l’occasion de construire des infrastructures, mais aussi de rénover des installations.

La pérennité de ces infrastructures et leur consommation sobre en énergie doivent caractériser ces Jeux.

L’accessibilité des Jeux olympiques au plus grand nombre se heurte au prix et à la disponibilité des billets pour assister aux compétitions.

La diplomatie s’invite dans les Jeux, avec la question de la présence d’athlètes russes, exclus de nombreuses compétitions internationales à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Les retombées économiques attendues à la suite des Jeux sont difficiles à évaluer, même s’ils peuvent contribuer à la notoriété du pays hôte.

Le CIO doit s'assurer de la paix olympique pour le bon déroulement des Jeux et oriente son action suivant des principes de neutralité politique.

Le CIO doit cependant composer avec l'environnement géopolitique. Par sa compétence de sélection des candidatures, il a le devoir de reconnaître ou d'exclure certains États du Mouvement olympique, ce qui lui octroie, de fait, une dimension politique. Par exemple, en 1995, le CIO a reconnu le droit des athlètes palestiniens à participer aux JO. Toutefois le CIO n'arrive pas toujours à arbitrer les conflits internationaux. Par exemple, lors des Jeux de Séoul de 1988 en Corée du Sud, la Corée du Nord a appelé au boycott.

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Déclaration universelle des droits de l'Homme, garantissent le droit à la participation, à l'accès et à la contribution à la vie culturelle. Ce droit comprend notamment le droit de participer à des compétitions sportives.

Ce principe est expressément réaffirmé dans la Charte olympique selon laquelle "la pratique du sport est un droit de l'Homme" et tout individu "doit avoir la possibilité de pratiquer le sport, sans discrimination d'aucune sorte".

Toutefois, des restrictions peuvent être opposées à ce droit en respectant le principe de proportionnalité, c'est-à-dire une adéquation entre les objectifs recherchés et les conséquences d'une potentielle sanction.

En février 2022, après le début de la guerre en Ukraine, le CIO a demandé à toutes les fédérations internationales de déplacer ou d'annuler leurs manifestations sportives prévues en Russie ou au Bélarus. Le CIO a recommandé aussi de ne pas autoriser la participation d'athlètes et d'officiels russes et bélarussiens aux compétitions internationales.

Le 11e Sommet olympique du 9 décembre 2022 a confirmé les sanctions. Celles-ci impliquent :

  • qu'aucune manifestation sportive internationale ne soit organisée en Russie et au Bélarus ;
  • qu'aucun drapeau, hymne ou autre symbole national russe ne soit déployé lors de manifestations sportives internationales ;
  • qu'aucun représentant du gouvernement ou de l'État russe ne soit accrédité ni invité à des manifestations sportives internationales.

Le 28 mars 2023, le CIO a publié de nouvelles recommandations :

  • les sportifs russes et bélarussiens ne peuvent participer aux compétitions internationales que sous bannière neutre, seulement à titre individuel et à condition qu'ils n'aient pas soutenu activement la guerre en Ukraine ;
  • les athlètes sous contrat avec l'armée russe ou bélarussienne ne peuvent pas concourir. Le personnel d'encadrement des sportifs est soumis aux mêmes conditions.

Néanmoins, dans les compétitions internationales, ce sont les fédérations internationales qui décident des règles applicables aux compétitions.

Le 12 octobre 2023, la commission exécutive du CIO a décidé la suspension du Comité national olympique russe. Celui-ci avait décidé unilatéralement d'intégrer des organisations régionales qui relèvent de l'autorité du Comité national olympique ukrainien ; le CIO a jugé que cette décision constituait une violation de la Charte olympique (voir le questions-réponses sur le site du CIO).

Quant à la participation des athlètes russes et bélarussiens aux Jeux de Paris 2024, le CIO a donné son autorisation sous conditions strictes (communiqué de presse) en décembre 2023 :

  • les sportifs russes et bélarussiens qualifiés pour les jeux de Paris selon les règles des fédérations internationales pourront participer aux jeux en tant qu'athlètes individuels neutres ;
  • ils pourront participer aux épreuves sous bannière neutre, hors épreuves par équipes et à condition qu’ils n’aient pas soutenu "activement" l’invasion russe (ou qu'ils ne soient pas sous contrat avec l'armée russe ou bélarussienne ou avec des agences de sécurité nationales) ; 
  • de plus, "aucun drapeau, aucun hymne, aucune couleur ni aucune autre identification de quelque nature que ce soit" ne seront admis.

Le 19 mars 2024, le CIO a approuvé un certain nombre d'aspects concernant la mise en œuvre des conditions de participation des athlètes individuels neutres (AIN) aux jeux Olympiques et Paralympiques  de Paris 2024. Les AIN sont des athlètes détenteurs d'un passeport russe ou bélarussien qui se sont qualifiés. Le CIO s’aligne sur la décision prise début mars par le Comité paralympique international (IPC) pour la cérémonie d’ouverture des jeux Paralympiques, le 28 août 2024. Par conséquent, les sportifs russes et bélarussiens ne paraderont pas sur la Seine avec les autres délégations lors de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques le 26 juillet 2024. Le CIO exclut tout comme l’IPC de prendre en compte les podiums des "athlètes individuels neutres" dans son tableau des médailles.

Les sportifs des deux pays devraient par ailleurs être peu nombreux : seuls douze athlètes de Russie et sept athlètes de Biélorussie se sont, à l'heure actuelle, qualifiés sur les 6 000 places déjà attribués. 

Par le passé, le CIO a déjà exclu certaines Nations des jeux (l'Afrique du Sud en raison de l'apartheid, de 1960 à 1991, l'ex-Yougoslavie lors des Jeux de Barcelone en 1992) en se référant à des sanctions de l'ONU.