En Europe, le loup est une espèce protégée. Depuis le 7 mars 2025, son niveau de protection a été réduit, passant d'espèce strictement protégée à espèce protégée.
L'abaissement du statut de protection a été proposé par l'Union européenne et validé par le comité permanent de la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.
Le loup reste une espèce protégée par des conventions internationales ratifiées par la France :
- la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) de 1973 réglemente le commerce mondial des espèces menacées d'extinction ;
- la Convention de Berne (traité international du Conseil de l'Europe) de 1979 sur la conservation de la faune et de la flore sauvages.
La directive européenne sur la conservation des habitats naturels (1992) a prévu une protection stricte du loup avec des dérogations limitées (tirs territorialisés autorisés en cas de dommages causés aux troupeaux dans des zones considérées comme non protégeables). Elle est modifiée par la directive 2025/1237 du 17 juin 2025 pour tenir compte du nouveau statut de protection du loup dans le cadre de la convention de Berne. Les États membres ont jusqu’au 15 janvier 2027 pour la transposer dans leurs législations nationales.
En France, le loup est cité dans la liste des mammifères terrestres protégés de l'arrêté de 2007 et fait l'objet de règles de conservation (article L411-1 du code de l'environnement). Il est interdit de :
- le mutiler, le tuer ou le capturer ;
- le perturber intentionnellement dans son milieu naturel ;
- le naturaliser ;
- le transporter, colporter, utiliser, détenir ;
- le mettre en vente, le vendre ou l'acheter ;
- de détruire, de modifier ou de dégrader son habitat naturel.
Toute personne qui ne respecte pas ces règles risque une peine de 3 ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende (article L415-3 du code de l'environnement).
La protection du loup en droit français va être revue lors de la transposition de la directive du 17 juin 2025.
Un arrêté du 21 juin 2025 prévoit des dérogations à l'interdiction de tuer des loups et autorise les tirs de défense contre les loups pour protéger les troupeaux de vaches (bovins) et de chevaux (équins). La nouvelle prise en compte du bétail dit "non-protégeable" (et non plus seulement les moutons et les chèvres) fait partie des mesures de la loi d'orientation agricole du 24 mars 2025. Pour user d'un tir de défense sur le loup (autorisation délivrée par le préfet), une attaque n'est désormais plus une condition nécessaire. Le texte distingue deux cas :
- pour les éleveurs ayant subi une prédation de loups depuis moins de 12 mois, les tirs létaux peuvent être autorisés si au moins une mesure de réduction de la vulnérabilité des troupeaux a été engagée pour chaque lot. Le texte liste 11 mesures, notamment le vêlage en bâtiment ou en parcs renforcés, le mélange d'âges et de types de bovins et équins ou encore la présence de bovins à cornes dans le lot ou l'utilisation d’un système d’alerte ;
- en l'absence d'attaque les 12 derniers mois, les éleveurs peuvent obtenir une dérogation quand ils sont situés dans des "territoires soumis à un risque avéré de prédation", à condition notamment de réaliser et faire validée une analyse technico-économique territoriale.
Les conditions des dérogations aux interdictions de destruction des loups sont établies dans le cadre du plan national loup.
Pour les troupeaux de caprins et ovins, des tirs dérogatoires sont possibles sous conditions (article L411-2 du code de l'environnement) :
- ne pas nuire au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations de l’espèce ;
- justifier un intérêt à agir (prévenir des dommages importants à l’élevage) ;
- ne pas disposer d’autre solution satisfaisante.
Les tirs à l'encontre des loups sont prévus par différents protocoles d'intervention, selon l'importance du risque de prédation :
- le tir d'effarouchement (non mortel) : munitions en caoutchouc pour effrayer le loup à proximité du troupeau et pendant la durée du pâturage. Aucune autorisation exigée ;
- le tir de défense simple : pour défendre un troupeau déjà protégé ou reconnu comme non-protégeable, à proximité du troupeau, sur les communes et les périodes indiquées par l'autorisation du préfet ;
- tir de défense renforcé : en cas de pression d'attaque importante, après des tirs de défense simple et uniquement dans le cas d'au moins trois prédations les 12 derniers mois ;
- tir de prélèvement (destruction du loup) : sur autorisation du préfet, en cas de dommages exceptionnels dans les élevages ayant mis en place des tirs de défense renforcée.
Certaines règles d'intervention ont été simplifiées, notamment :
- accélération de la délivrance des autorisations de tirs : dans les 48h suivant une attaque (après une première autorisation obtenue) ;
- possibilité de passer à deux ou trois tireurs pour un tir de défense simple ;
- tir de nuit et matériel de vision nocturne ;
- louvetiers autorisés à déplacer les loups tués et/ou faire la recherche d’un loup blessé, missions auparavant réservées aux agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) ;
- suppression de l'obligation d'éclairage des louvetiers.
Chaque année, un arrêté fixe le nombre maximum de loups pouvant être abattus. En 2025, l'État a autorisé le prélèvement de 192 individus.
Le Conseil national de protection de la nature (CNPN) a publié un avis défavorable aux nouvelles dérogations au tir létal. "Aucune des mesures fixées [dans l'arrêté] ne peut à elle seule répondre raisonnablement et de façon proportionnée à l’obligation de l’éleveur d’assurer une prévention effective", selon le Conseil. L'arrêté "ouvre la voie à la multiplication des autorisations" s'inquiète le CNPN.
Quant aux associations de défense de l'animal, elles jugent l'arrêté contraire à l'obligation de conservation du loup. Les organisations dénoncent notamment la suppression du tir d'effarouchement avant le tir létal, et prônent le développement des moyens de protection des troupeaux déjà existants et efficaces. Elles sont opposées par ailleurs au nouveau rôle des louvetiers, qui risquerait d'empêcher le contrôle de légalité des tirs par l'OFB.
L'annonce du "plan loup" 2024-2029 a suscité le mécontentement des défenseurs de l'environnement, qui ont quitté collectivement l'organe consultatif "Groupe national loup" en décembre 2023.
Les autorités justifient la baisse de la protection du loup par sa forte progression en Europe en 10 ans (de 11 193 en 2012 à 20 300 en 2023) et la hausse de dégâts sur les troupeaux (65 500 têtes de bétail tuées chaque année dans l'UE). Il est difficile d'avoir des chiffres précis du nombre de loups étant donné que certains pays comptent les loups en meute et d'autres en individus.
En France, la préfète coordinatrice du plan loup a estimé le nombre de loups à 1013 avec un taux de confiance de 95%.
En 2023, une analyse comparative des politiques publiques du loup dans plusieurs États européens a montré que "le nombre d'animaux tués ou blessés par les loups est plus important en France qu'ailleurs" et que le concept de "troupeau ne pouvant être protégés" est une particularité française. Le rapport préconise notamment de limiter l'expansion de l'espèce et de mettre en place les outils adaptés dont l'efficacité protectrice est prouvée.