Texte intégral
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui à Bercy à l'occasion de la 100e cotation sur le Nouveau Marché. Vous êtes ici au Ministère de la production et de l'innovation, car comme nous nous sommes habitués à le dire depuis un an, Bercy c'est cyber.
Votre objectif, à vous entrepreneurs, c'est de transformer la technologie et la science en chiffre d'affaires, en résultats et en valorisation boursière ; ma responsabilité, mais aussi la vôtre en réalité, c'est de transformer la science et la technologie en croissance et en emplois. Voilà pourquoi, la 100e cotation au nouveau Marché me paraissait une excellente occasion de réunir les différents acteurs de l'innovation de la place.
1 . Cette 100e cotation, c'est une jeune entreprise de jeux vidéo, Kalisto, qui illustre la nouvelle croissance.
Avec ses 170 salariés, Kalisto réalise un chiffre d'affaires de 60 millions de francs, dont 90% à l'export. J'ai coutume de remettre, ici même dans cette salle, des décorations à ceux qui ont oeuvré pour le développement économique de notre pays. Ces cérémonies sont souvent l'occasion d'évoquer des moments forts de la vie personnelle ou professionnelle des récipiendaires. J'ai pensé que ce lieu pouvait nous inspirer et qu'il ne serait pas inintéressant d'évoquer quelques moments forts vécus par le jeune Nicolas Gaume pour construire Kalisto, tels qu'il me les a décrits. C'est passionnant :
En 1990, il visite dix banques commerciales ; pas une n'accepte d'ouvrir un compte à cette jeune entreprise. Il se rend à la Chambre de Commerce de Bordeaux en 1990, un vendredi soir à dix minutes de la fermeture. Après quelques questions pressantes, son interlocuteur lui répond : " vous savez, mon pauvre Monsieur, ce n'est plus à la mode de créer une entreprise ".
En 1994, il contacte plus de dix sociétés de capital risque ; aucune n'est intéressée par Kalisto. Nicolas Gaume retire le sentiment que le fond du dossier était alors moins intéressant pour eux que sa forme. Deux remarques de ses interlocuteurs de l'époque l'ont frappé : " Présenter un dossier de jeux vidéo à mon conseil d'administration, vous n'y pensez pas, ça n'est pas sérieux " et puis aussi " rappelez-moi votre âge... 23 ans... c'est bien ce que je pensais. On ne peut pas être sérieux à 23 ans ".
Voilà d'où vient la 100e cotation au Nouveau Marché. Voilà qui sont les acteurs de la nouvelle croissance.
La nouvelle croissance est ancrée dans l'innovation. On estime communément que les entreprises de haute technologie représentent entre le tiers et la moitié de la croissance américaine des deux dernières années, et que plus d'un million d'emplois nouveaux seront créés aux États-Unis dans ces secteurs au cours des huit prochaines années. Un rapport publié la semaine dernière indiquait qu'un américain sur deux travaillerait dans les technologies de l'information dans 5 ans. En France, c'est dans ces entreprises que s'est créé le plus grand nombre d'emplois qualifiés depuis deux ans. Le secteur des technologies de l'information et de la communication représente désormais 5% du PIB, c'est-à-dire plus que le tourisme, et autant que les secteurs de l'automobile et de l'énergie réunis. Ce secteur a contribué pour un demi point à notre croissance de 3,2% en 1998.
Vous savez l'importance que j'attache à cette croissance nouvelle. Ce que je voudrais que chacun comprenne, non pas ici mais à l'extérieur et ce n'est pas toujours facile à faire passer, c'est que cette croissance est faite d'hommes et de femmes, comme vous tous, qui se lèvent tôt le matin, qui dépensent sans compter leur énergie, qui consacrent l'ensemble de leurs capacités à faire réussir leur entreprise, et que si cette entreprise réussit, il y a toujours une part de chance mais il y a beaucoup aussi la volonté, la détermination, le courage de ceux qui l'ont conduite. Il y a aussi des salariés qui ont été tenaces et imaginatifs. Il y a des financiers qui ont été audacieux. Bref, tout un ensemble de conditions qu'il faut arriver à réunir et qui traduisent comment depuis quelques années dans notre pays, ceci commence à émerger.
Lors des Trophées de Croissance Plus, la semaine dernière, je me disais que finalement il y avait sans doute dans la salle les deux premières valeurs du CAC 40 dans quinze ans. Peut-être ces entreprises sont-elles ici aujourd'hui encore. Le problème, c'est que je ne sais pas exactement lesquelles. Je vous donne rendez-vous à chacun d'entre vous dans disons quinze ans. Je parie bien qu'il y en a deux parmi vous qui seront, sinon les deux premières, en tout cas les deux parmi les grandes valeurs.
Je voudrais redire ici ma conviction que l'on mesure mal que nous sommes en train de vivre le même changement que nos économies ont vécu, lorsqu'on est passé d'une économie agricole à une économie industrielle. On constate, les mêmes réactions. Il y avait tout un ensemble de perruques poudrées pour expliquer que ce n'était pas possible qu'un champ de blé vaille moins que cette usine textile qu'on était en train de construire à côté. Tous les physiocrates ont développé ça longtemps. C'était l'agriculture, le bétail, la forêt. L'usine, ça ne pouvait pas valoir grand chose. Le vocabulaire de l'époque ne le permettait mais, mais sinon on aurait bien trouvé quelques-uns de ceux-là pour dire qu'il y avait là une sorte de bulle et qu'elle finirait par éclater. La bulle industrielle évidemment n'a pas éclaté, parce que ce n'était pas une bulle, et je me demande si on doit vraiment considérer que, sur les valeurs qui sont celles aujourd'hui cotées au Nasdaq ou au Nouveau Marché, s'il y a certes des fluctuations importantes, il y a un phénomène de bulle ; et s'il n'y avait pas de bulle - et je crois qu'il n'y a pas de bulle -, si la réalité était bien dans la valeur de ces entreprises telle qu'on l'apprécie aujourd'hui. Si c'est vrai, nous vivons une vraie révolution au sens très profond du terme.
2 . Trois ans après sa création, le Nouveau Marché a réussi son pari.
Il y a un peu plus de trois ans, le Nouveau Marché n'était qu'un projet. C'était un projet très novateur, dans la mesure où la place de Paris était l'une des premières places européennes à se lancer dans la création d'un marché réglementé dédié aux valeurs de croissance. La première introduction a eu lieu le 20 mars 1996. Trois ans après, les résultats sont là, et l'on doit saluer le rôle précurseur de la place de Paris en la matière.
Les entreprises cotées sont nombreuses et les capitaux levés importants.
100 sociétés sont cotées, au nombre desquelles on compte 6 entreprises étrangères ; 22 cotations ont été réalisées sur les six premiers mois de l'année 1999.
1,4 milliard d'euros de capitaux ont été levés.
La capitalisation boursière s'élève à 5 milliards d'euros.
La répartition sectorielle du Nouveau Marché reflète l'importance des entreprises à fort contenu technologique : les technologies de l'information atteignent pour le premier semestre de l'année près de 80 % des nouvelles cotations.
Il est aujourd'hui incontestable que le Nouveau marché a permis à de nombreuses entreprises en forte croissance de lever les financements nécessaires à leur développement. Le mérite en revient notamment aux responsables de Paris Bourse SBF et du Nouveau Marché : Jean-François Théodore, Dominique Leblanc, et aussi Yannick Petit qui, depuis le début de 1996, s'efforce de séduire les valeurs de croissance, pour qu'elles rejoignent le Nouveau Marché.
Les performances du Nouveau Marché sont celles d'un marché de croissance à la fois pour les résultats des entreprises cotées et pour la performance boursière des titres.
Je voudrais souligner, notamment parce que cela a fait l'objet d'incompréhensions, que les entreprises cotées sur le Nouveau Marché ont globalement tenu leurs promesses :
90 % ont respecté les prévisions qu'elles avaient annoncées.
54 % des sociétés cotées ont connu une progression de plus de 30 % de leur chiffre d'affaires entre 1997 et 1998.
La liquidité du marché progresse, même si nous devons faire converger nos efforts dans ce domaine, notamment pour attirer plus d'investisseurs sur ce marché.
Les performances boursières sont également bonnes sur toute la période, malgré un décrochage sensible au premier semestre 1999 : + 27,2 % en 1997, + 26,4 % en 1998 et malheureusement -1,4 % en 1999.
Ces performances ont été longuement commentées récemment dans la presse, en comparaison avec les performances du Neuer Markt allemand, créé plus récemment. Les performances tout à fait exceptionnelles du Neuer Markt allemand ne doivent pas minorer celles, réelles, du Nouveau Marché. Les différences de performance s'expliquent par plusieurs facteurs :
Tout d'abord l'absence d'un Second Marché en Allemagne fausse quelque peu la comparaison, dans la mesure où sont cotées sur le Second Marché en France des entreprises qui en Allemagne iraient nourrir les performances et la capitalisation du Neuer Markt. A l'inverse, le Nouveau Marché permet à des entreprises de haute technologie de moindre importance d'avoir accès aux marchés de capitaux, ce qui n'est pas le cas du Neuer Markt.
3. La réussite du Nouveau Marché s'inscrit dans la transformation du paysage du financement des entreprises innovantes en France
Le Nouveau Marché est un élément central dans la chaîne du financement de l'innovation, grâce aux capitaux levés lors des introductions, et indirectement en créant une source de débouchés pour les investisseurs qui améliorent leur rentabilité et leur liquidité.
A l'inverse, pour réussir sur le long terme, les marchés de croissance doivent s'appuyer sur un tissu d'entreprises innovantes et de forte croissance. La réussite du Nouveau Marché est donc intrinsèquement liée au financement des entreprises innovantes.
Le Gouvernement a engagé depuis deux ans une politique ambitieuse de soutien à l'innovation et au capital risque.
En juin 1997, lorsque j'ai pris mes fonctions la situation du secteur pouvait se résumer à travers un double constat :
Les projets de création d'entreprises souffraient d'un déficit aigu de financements disponibles.
Les investisseurs en capital risque étaient insuffisamment nombreux,
Pour remédier à cette situation, notre objectif a été double : attirer de nouveaux capitaux vers le financement du risque et favoriser l'émergence de nouveaux entrepreneurs.
Pour attirer de nouveaux capitaux vers le financement du risque, j'ai créé les contrats d'assurance-vie investis en actions, dont le but est d'inciter les français à investir en actions cotées et non cotées, mais aussi d'inciter les compagnies d'assurance à développer une culture actions et à s'intéresser au non-coté. La collecte avoisine à ce jour 40 milliards de francs, ce qui représente pour les entreprises non-cotées ou cotées sur les marchés de croissance un flux d'investissement de 2 milliards. Ce produit a donné lieu à de multiples commentaires, parfois contradictoires : accusé de créer une bulle spéculative sur le Nouveau Marché il y a un an, certains lui reprochent aujourd'hui de ne pas drainer assez de capitaux. Je crois pour ma part que son impact doit s'apprécier dans le temps ; j'observe un net regain d'intérêt des assureurs pour le capital-risque, ce qui est évidemment très positif.
Le Fonds Commun de Placement à Risques (FCPR), a été profondément réformé et rénové. Certains FCPR sont aujourd'hui autorisés à recourir à la publicité et au démarchage. Depuis décembre 1998, il est possible de créer des " fonds de fonds ", qui créent une plus grande mutualisation, et améliorent la liquidité du capital-investissement. Enfin, une disposition introduite par amendement gouvernemental dans la loi sur l'épargne et la sécurité financière a permis de créer des FCPR à procédure allégée.
J'ai aussi souhaité encourager les investisseurs à se positionner davantage sur le créneau spécifique du capital-risque. Les mécanismes de garantie gérés par SOFARIS ont été renforcés, grâce aux financements publics et à l'intervention de la Banque Européenne d'Investissement.
J'ai en outre constitué le Fonds public pour le capital-risque, doté de 600 MF à partir des recettes de l'ouverture de capital de France Télécom. La Banque Européenne d'Investissement a par la suite décidé d'abonder ce mécanisme de 300 MF supplémentaires. Ce fonds pour les fonds vise à augmenter la part du capital-investissement qui se porte sur les entreprises innovantes de moins de 7 ans.. Alors que le Fonds a commencé son activité en juillet 1998, ce sont d'ores et déjà environ 400 MF qui ont été investis dans 10 fonds de capital-risque, permettant de mobiliser plus de 3 milliards de F. Au 31 mai, 37 entreprises de haute technologie avaient été financées par ces différents fonds. Le Fonds public devrait permettre d'orienter entre 4 et 6 milliards de francs vers les jeunes PME innovantes.
Il nous faut aussi encourager les financements pour la première phase de la création d'entreprise qui est la plus difficile à financer en France, parce que la plus risquée, est la phase amont, lors la conception du projet et de son amorçage.
Les incubateurs et les fonds d'amorçage liés à des universités et des centres de recherche, peuvent contribuer à favoriser l'utilisation des résultats de la recherche publique et l'innovation. Avec Claude Allègre, nous avons lancé un appel à propositions, doté de 200 MF, pour aider les universités et les organismes de recherche à créer des incubateurs et à constituer des fonds d'amorçage.
L'un de nos objectifs est de créer un effet d'entraînement sur les financements privés : des partenaires privés doivent participer pour au moins 30% au tour de table des fonds d'amorçage que nous soutiendrons. C'est un moyen d'assurer le professionnalisme de ces structures, et de valoriser au mieux les synergies entre capital-risque et recherche. Les fonds seront clairement ciblés sur l'amorçage. Ils devront être gérés par des professionnels du capital-risque.
4. Il nous faut aussi de nouveaux entrepreneurs.
Pour favoriser l'émergence de nouveaux entrepreneurs, plusieurs éléments doivent être réunis.
Pour changer les esprits, la formation, initiale et continue, a bien évidemment un rôle majeur à jouer. Notre système éducatif forme encore trop souvent des salariés plutôt que des entrepreneurs, des analyses des taux plutôt que des investisseurs du risque action.
Avec Claude Allègre, nous oeuvrons aussi pour renforcer et parfois créer des liens entre le monde de la recherche et l'entreprise en donnant les moyens aux chercheurs d'organismes publics de participer à des projets de création d'entreprise. C'est l'objet de la loi sur l'innovation et la recherche adoptée par le Parlement la semaine dernière, qui prévoit des aménagements substantiels au statut des chercheurs pour leur permettre de s'engager dans une démarche de création d'entreprise.
Il nous faut aussi encourager la prise de risque en permettant une rémunération adaptée des créateurs d'entreprises. En créant, dès décembre 1997, un dispositif en faveur des jeunes entreprises, les Bons de Souscription de Parts de Créateurs d'Entreprises, j'ai souhaité encourager fiscalement la prise de risque, car ces bons permettent à de jeunes entreprises d'offrir à leurs collaborateurs des options de souscription soumises à un traitement fiscal et social très favorable. Ce dispositif, qui était réservé à l'origine aux entreprises de moins de 7 ans est désormais ouvert aux entreprises de moins de 15 ans. Dans la loi sur l'innovation adoptée la semaine dernière, nous avons assoupli les conditions d'utilisation de cet instrument pour que toutes les jeunes entreprises de croissance, notamment celles qui sont cotées sur le Nouveau Marché et celles dont 25% seulement du capital est détenu par des personnes physiques ou des opérateurs de capital risque, puissent partager avec leurs salariés, non seulement les risques d'échec, mais aussi les fruits du succès. Ces BSPCE répondent à une très grande partie des besoins spécifiques de ces entreprises. Il vous sont désormais ouverts ; il faut les utiliser.
Enfin, pour faciliter l'émergence de nouveaux entrepreneurs, j'ai tenu à faire introduire dans la loi sur l'innovation la possibilité pour toutes les jeunes entreprises de bénéficier du régime juridique très souple de la société par actions simplifiées, qui est aujourd'hui réservé en pratique aux filiales des grands groupes. Car les petites entreprises à fort potentiel de croissance ont, elles aussi, un impérieux besoin de disposer de la plus grande souplesse juridique tant dans les conditions de création de la société que dans les conditions de direction et de fonctionnement. La forme juridique de la SAS répondra très largement aux besoins de ces jeunes entreprises car elle permettrait une très grande liberté contractuelle qui est parfaitement adaptée à la croissance rapide de ces entreprises, l'émission d'actions de priorité en droits de vote permettant aux entrepreneurs de conserver le contrôle de la société sans empêcher l'injection massive de capitaux par de nouveaux investisseurs et un allégement du formalisme utile dans des sociétés disposant de peu de moyens administratifs et appelées à prendre des décisions extrêmement rapides.
Le processus est lancé et les évolutions en cours sont tangibles.
En matière de financement, les statistiques récemment publiées par l'AFIC sont prometteuses : 20 milliards d'euros ont été levés en Europe en 1997 et 1998, contre une moyenne de 5 milliards les années précédentes. S'agissant plus spécifiquement de la France, l'activité a atteint un niveau sans précédent, puisque les montants levés ont été multipliés par 4 en un an, les montants investis dépassent pour la première fois les 10 milliards de francs, et, sur le compartiment du capital-risque, les montants investis en 1998 étaient en croissance de 55% par rapport à 1997 et 7 fois supérieurs à ceux investis 4 ans plus tôt.
En matière de création d'entreprises innovantes, le tableau de bord de l'innovation que j'ai présenté en avril montre l'accroissement du rythme des créations de 3,2 % au second semestre 1997 à 8,9 % au second semestre 1998, accroissement encore plus marqué dans les secteurs des services liés aux TIC .
Le Nouveau Marché a incontestablement réussi son pari. Son avenir me paraît assuré, indépendamment des aléas et des fluctuations que connaît tout marché boursier. Je note à cet égard que certains journaux financiers estiment que le moment est venu de se repositionner sur le Nouveau Marché. Celui-ci devra :
Veiller à l'élargissement du réseau d'investisseurs, institutionnels et particuliers. Cet élargissement passe très certainement par une meilleure formation des investisseurs non institutionnels sur un marché qui est complexe et par définition plus risqué. Le développement d'un réseau d'analystes spécialisés dans les valeurs de croissance est également l'un des éléments centraux pour attirer les investisseurs. Certains établissements financiers ont commencé à développer cette compétence, il convient sans doute d'aller au-delà.
Assurer le maintien de la diversité des sociétés cotées sur le Nouveau Marché, à l'image du Nasdaq. Il me paraît essentiel que toutes les entreprises à forte potentialité puissent, si elles le souhaitent, trouver des financements sur le Nouveau Marché.
Bénéficier de l'expérience et du renforcement du réseau Euro-NM, qui reste l'un des atouts incontestables du Nouveau Marché.
Notre pays a besoin d'emploi et de croissance. Un marché des valeurs de croissance efficient, profond et liquide est indispensable. Je vous donne rendez-vous, je l'espère dans un an, pour la 200e cotation au Nouveau Marché.
(Source http://www.finances.gouv.fr, le 15 juillet 1999)
Votre objectif, à vous entrepreneurs, c'est de transformer la technologie et la science en chiffre d'affaires, en résultats et en valorisation boursière ; ma responsabilité, mais aussi la vôtre en réalité, c'est de transformer la science et la technologie en croissance et en emplois. Voilà pourquoi, la 100e cotation au nouveau Marché me paraissait une excellente occasion de réunir les différents acteurs de l'innovation de la place.
1 . Cette 100e cotation, c'est une jeune entreprise de jeux vidéo, Kalisto, qui illustre la nouvelle croissance.
Avec ses 170 salariés, Kalisto réalise un chiffre d'affaires de 60 millions de francs, dont 90% à l'export. J'ai coutume de remettre, ici même dans cette salle, des décorations à ceux qui ont oeuvré pour le développement économique de notre pays. Ces cérémonies sont souvent l'occasion d'évoquer des moments forts de la vie personnelle ou professionnelle des récipiendaires. J'ai pensé que ce lieu pouvait nous inspirer et qu'il ne serait pas inintéressant d'évoquer quelques moments forts vécus par le jeune Nicolas Gaume pour construire Kalisto, tels qu'il me les a décrits. C'est passionnant :
En 1990, il visite dix banques commerciales ; pas une n'accepte d'ouvrir un compte à cette jeune entreprise. Il se rend à la Chambre de Commerce de Bordeaux en 1990, un vendredi soir à dix minutes de la fermeture. Après quelques questions pressantes, son interlocuteur lui répond : " vous savez, mon pauvre Monsieur, ce n'est plus à la mode de créer une entreprise ".
En 1994, il contacte plus de dix sociétés de capital risque ; aucune n'est intéressée par Kalisto. Nicolas Gaume retire le sentiment que le fond du dossier était alors moins intéressant pour eux que sa forme. Deux remarques de ses interlocuteurs de l'époque l'ont frappé : " Présenter un dossier de jeux vidéo à mon conseil d'administration, vous n'y pensez pas, ça n'est pas sérieux " et puis aussi " rappelez-moi votre âge... 23 ans... c'est bien ce que je pensais. On ne peut pas être sérieux à 23 ans ".
Voilà d'où vient la 100e cotation au Nouveau Marché. Voilà qui sont les acteurs de la nouvelle croissance.
La nouvelle croissance est ancrée dans l'innovation. On estime communément que les entreprises de haute technologie représentent entre le tiers et la moitié de la croissance américaine des deux dernières années, et que plus d'un million d'emplois nouveaux seront créés aux États-Unis dans ces secteurs au cours des huit prochaines années. Un rapport publié la semaine dernière indiquait qu'un américain sur deux travaillerait dans les technologies de l'information dans 5 ans. En France, c'est dans ces entreprises que s'est créé le plus grand nombre d'emplois qualifiés depuis deux ans. Le secteur des technologies de l'information et de la communication représente désormais 5% du PIB, c'est-à-dire plus que le tourisme, et autant que les secteurs de l'automobile et de l'énergie réunis. Ce secteur a contribué pour un demi point à notre croissance de 3,2% en 1998.
Vous savez l'importance que j'attache à cette croissance nouvelle. Ce que je voudrais que chacun comprenne, non pas ici mais à l'extérieur et ce n'est pas toujours facile à faire passer, c'est que cette croissance est faite d'hommes et de femmes, comme vous tous, qui se lèvent tôt le matin, qui dépensent sans compter leur énergie, qui consacrent l'ensemble de leurs capacités à faire réussir leur entreprise, et que si cette entreprise réussit, il y a toujours une part de chance mais il y a beaucoup aussi la volonté, la détermination, le courage de ceux qui l'ont conduite. Il y a aussi des salariés qui ont été tenaces et imaginatifs. Il y a des financiers qui ont été audacieux. Bref, tout un ensemble de conditions qu'il faut arriver à réunir et qui traduisent comment depuis quelques années dans notre pays, ceci commence à émerger.
Lors des Trophées de Croissance Plus, la semaine dernière, je me disais que finalement il y avait sans doute dans la salle les deux premières valeurs du CAC 40 dans quinze ans. Peut-être ces entreprises sont-elles ici aujourd'hui encore. Le problème, c'est que je ne sais pas exactement lesquelles. Je vous donne rendez-vous à chacun d'entre vous dans disons quinze ans. Je parie bien qu'il y en a deux parmi vous qui seront, sinon les deux premières, en tout cas les deux parmi les grandes valeurs.
Je voudrais redire ici ma conviction que l'on mesure mal que nous sommes en train de vivre le même changement que nos économies ont vécu, lorsqu'on est passé d'une économie agricole à une économie industrielle. On constate, les mêmes réactions. Il y avait tout un ensemble de perruques poudrées pour expliquer que ce n'était pas possible qu'un champ de blé vaille moins que cette usine textile qu'on était en train de construire à côté. Tous les physiocrates ont développé ça longtemps. C'était l'agriculture, le bétail, la forêt. L'usine, ça ne pouvait pas valoir grand chose. Le vocabulaire de l'époque ne le permettait mais, mais sinon on aurait bien trouvé quelques-uns de ceux-là pour dire qu'il y avait là une sorte de bulle et qu'elle finirait par éclater. La bulle industrielle évidemment n'a pas éclaté, parce que ce n'était pas une bulle, et je me demande si on doit vraiment considérer que, sur les valeurs qui sont celles aujourd'hui cotées au Nasdaq ou au Nouveau Marché, s'il y a certes des fluctuations importantes, il y a un phénomène de bulle ; et s'il n'y avait pas de bulle - et je crois qu'il n'y a pas de bulle -, si la réalité était bien dans la valeur de ces entreprises telle qu'on l'apprécie aujourd'hui. Si c'est vrai, nous vivons une vraie révolution au sens très profond du terme.
2 . Trois ans après sa création, le Nouveau Marché a réussi son pari.
Il y a un peu plus de trois ans, le Nouveau Marché n'était qu'un projet. C'était un projet très novateur, dans la mesure où la place de Paris était l'une des premières places européennes à se lancer dans la création d'un marché réglementé dédié aux valeurs de croissance. La première introduction a eu lieu le 20 mars 1996. Trois ans après, les résultats sont là, et l'on doit saluer le rôle précurseur de la place de Paris en la matière.
Les entreprises cotées sont nombreuses et les capitaux levés importants.
100 sociétés sont cotées, au nombre desquelles on compte 6 entreprises étrangères ; 22 cotations ont été réalisées sur les six premiers mois de l'année 1999.
1,4 milliard d'euros de capitaux ont été levés.
La capitalisation boursière s'élève à 5 milliards d'euros.
La répartition sectorielle du Nouveau Marché reflète l'importance des entreprises à fort contenu technologique : les technologies de l'information atteignent pour le premier semestre de l'année près de 80 % des nouvelles cotations.
Il est aujourd'hui incontestable que le Nouveau marché a permis à de nombreuses entreprises en forte croissance de lever les financements nécessaires à leur développement. Le mérite en revient notamment aux responsables de Paris Bourse SBF et du Nouveau Marché : Jean-François Théodore, Dominique Leblanc, et aussi Yannick Petit qui, depuis le début de 1996, s'efforce de séduire les valeurs de croissance, pour qu'elles rejoignent le Nouveau Marché.
Les performances du Nouveau Marché sont celles d'un marché de croissance à la fois pour les résultats des entreprises cotées et pour la performance boursière des titres.
Je voudrais souligner, notamment parce que cela a fait l'objet d'incompréhensions, que les entreprises cotées sur le Nouveau Marché ont globalement tenu leurs promesses :
90 % ont respecté les prévisions qu'elles avaient annoncées.
54 % des sociétés cotées ont connu une progression de plus de 30 % de leur chiffre d'affaires entre 1997 et 1998.
La liquidité du marché progresse, même si nous devons faire converger nos efforts dans ce domaine, notamment pour attirer plus d'investisseurs sur ce marché.
Les performances boursières sont également bonnes sur toute la période, malgré un décrochage sensible au premier semestre 1999 : + 27,2 % en 1997, + 26,4 % en 1998 et malheureusement -1,4 % en 1999.
Ces performances ont été longuement commentées récemment dans la presse, en comparaison avec les performances du Neuer Markt allemand, créé plus récemment. Les performances tout à fait exceptionnelles du Neuer Markt allemand ne doivent pas minorer celles, réelles, du Nouveau Marché. Les différences de performance s'expliquent par plusieurs facteurs :
Tout d'abord l'absence d'un Second Marché en Allemagne fausse quelque peu la comparaison, dans la mesure où sont cotées sur le Second Marché en France des entreprises qui en Allemagne iraient nourrir les performances et la capitalisation du Neuer Markt. A l'inverse, le Nouveau Marché permet à des entreprises de haute technologie de moindre importance d'avoir accès aux marchés de capitaux, ce qui n'est pas le cas du Neuer Markt.
3. La réussite du Nouveau Marché s'inscrit dans la transformation du paysage du financement des entreprises innovantes en France
Le Nouveau Marché est un élément central dans la chaîne du financement de l'innovation, grâce aux capitaux levés lors des introductions, et indirectement en créant une source de débouchés pour les investisseurs qui améliorent leur rentabilité et leur liquidité.
A l'inverse, pour réussir sur le long terme, les marchés de croissance doivent s'appuyer sur un tissu d'entreprises innovantes et de forte croissance. La réussite du Nouveau Marché est donc intrinsèquement liée au financement des entreprises innovantes.
Le Gouvernement a engagé depuis deux ans une politique ambitieuse de soutien à l'innovation et au capital risque.
En juin 1997, lorsque j'ai pris mes fonctions la situation du secteur pouvait se résumer à travers un double constat :
Les projets de création d'entreprises souffraient d'un déficit aigu de financements disponibles.
Les investisseurs en capital risque étaient insuffisamment nombreux,
Pour remédier à cette situation, notre objectif a été double : attirer de nouveaux capitaux vers le financement du risque et favoriser l'émergence de nouveaux entrepreneurs.
Pour attirer de nouveaux capitaux vers le financement du risque, j'ai créé les contrats d'assurance-vie investis en actions, dont le but est d'inciter les français à investir en actions cotées et non cotées, mais aussi d'inciter les compagnies d'assurance à développer une culture actions et à s'intéresser au non-coté. La collecte avoisine à ce jour 40 milliards de francs, ce qui représente pour les entreprises non-cotées ou cotées sur les marchés de croissance un flux d'investissement de 2 milliards. Ce produit a donné lieu à de multiples commentaires, parfois contradictoires : accusé de créer une bulle spéculative sur le Nouveau Marché il y a un an, certains lui reprochent aujourd'hui de ne pas drainer assez de capitaux. Je crois pour ma part que son impact doit s'apprécier dans le temps ; j'observe un net regain d'intérêt des assureurs pour le capital-risque, ce qui est évidemment très positif.
Le Fonds Commun de Placement à Risques (FCPR), a été profondément réformé et rénové. Certains FCPR sont aujourd'hui autorisés à recourir à la publicité et au démarchage. Depuis décembre 1998, il est possible de créer des " fonds de fonds ", qui créent une plus grande mutualisation, et améliorent la liquidité du capital-investissement. Enfin, une disposition introduite par amendement gouvernemental dans la loi sur l'épargne et la sécurité financière a permis de créer des FCPR à procédure allégée.
J'ai aussi souhaité encourager les investisseurs à se positionner davantage sur le créneau spécifique du capital-risque. Les mécanismes de garantie gérés par SOFARIS ont été renforcés, grâce aux financements publics et à l'intervention de la Banque Européenne d'Investissement.
J'ai en outre constitué le Fonds public pour le capital-risque, doté de 600 MF à partir des recettes de l'ouverture de capital de France Télécom. La Banque Européenne d'Investissement a par la suite décidé d'abonder ce mécanisme de 300 MF supplémentaires. Ce fonds pour les fonds vise à augmenter la part du capital-investissement qui se porte sur les entreprises innovantes de moins de 7 ans.. Alors que le Fonds a commencé son activité en juillet 1998, ce sont d'ores et déjà environ 400 MF qui ont été investis dans 10 fonds de capital-risque, permettant de mobiliser plus de 3 milliards de F. Au 31 mai, 37 entreprises de haute technologie avaient été financées par ces différents fonds. Le Fonds public devrait permettre d'orienter entre 4 et 6 milliards de francs vers les jeunes PME innovantes.
Il nous faut aussi encourager les financements pour la première phase de la création d'entreprise qui est la plus difficile à financer en France, parce que la plus risquée, est la phase amont, lors la conception du projet et de son amorçage.
Les incubateurs et les fonds d'amorçage liés à des universités et des centres de recherche, peuvent contribuer à favoriser l'utilisation des résultats de la recherche publique et l'innovation. Avec Claude Allègre, nous avons lancé un appel à propositions, doté de 200 MF, pour aider les universités et les organismes de recherche à créer des incubateurs et à constituer des fonds d'amorçage.
L'un de nos objectifs est de créer un effet d'entraînement sur les financements privés : des partenaires privés doivent participer pour au moins 30% au tour de table des fonds d'amorçage que nous soutiendrons. C'est un moyen d'assurer le professionnalisme de ces structures, et de valoriser au mieux les synergies entre capital-risque et recherche. Les fonds seront clairement ciblés sur l'amorçage. Ils devront être gérés par des professionnels du capital-risque.
4. Il nous faut aussi de nouveaux entrepreneurs.
Pour favoriser l'émergence de nouveaux entrepreneurs, plusieurs éléments doivent être réunis.
Pour changer les esprits, la formation, initiale et continue, a bien évidemment un rôle majeur à jouer. Notre système éducatif forme encore trop souvent des salariés plutôt que des entrepreneurs, des analyses des taux plutôt que des investisseurs du risque action.
Avec Claude Allègre, nous oeuvrons aussi pour renforcer et parfois créer des liens entre le monde de la recherche et l'entreprise en donnant les moyens aux chercheurs d'organismes publics de participer à des projets de création d'entreprise. C'est l'objet de la loi sur l'innovation et la recherche adoptée par le Parlement la semaine dernière, qui prévoit des aménagements substantiels au statut des chercheurs pour leur permettre de s'engager dans une démarche de création d'entreprise.
Il nous faut aussi encourager la prise de risque en permettant une rémunération adaptée des créateurs d'entreprises. En créant, dès décembre 1997, un dispositif en faveur des jeunes entreprises, les Bons de Souscription de Parts de Créateurs d'Entreprises, j'ai souhaité encourager fiscalement la prise de risque, car ces bons permettent à de jeunes entreprises d'offrir à leurs collaborateurs des options de souscription soumises à un traitement fiscal et social très favorable. Ce dispositif, qui était réservé à l'origine aux entreprises de moins de 7 ans est désormais ouvert aux entreprises de moins de 15 ans. Dans la loi sur l'innovation adoptée la semaine dernière, nous avons assoupli les conditions d'utilisation de cet instrument pour que toutes les jeunes entreprises de croissance, notamment celles qui sont cotées sur le Nouveau Marché et celles dont 25% seulement du capital est détenu par des personnes physiques ou des opérateurs de capital risque, puissent partager avec leurs salariés, non seulement les risques d'échec, mais aussi les fruits du succès. Ces BSPCE répondent à une très grande partie des besoins spécifiques de ces entreprises. Il vous sont désormais ouverts ; il faut les utiliser.
Enfin, pour faciliter l'émergence de nouveaux entrepreneurs, j'ai tenu à faire introduire dans la loi sur l'innovation la possibilité pour toutes les jeunes entreprises de bénéficier du régime juridique très souple de la société par actions simplifiées, qui est aujourd'hui réservé en pratique aux filiales des grands groupes. Car les petites entreprises à fort potentiel de croissance ont, elles aussi, un impérieux besoin de disposer de la plus grande souplesse juridique tant dans les conditions de création de la société que dans les conditions de direction et de fonctionnement. La forme juridique de la SAS répondra très largement aux besoins de ces jeunes entreprises car elle permettrait une très grande liberté contractuelle qui est parfaitement adaptée à la croissance rapide de ces entreprises, l'émission d'actions de priorité en droits de vote permettant aux entrepreneurs de conserver le contrôle de la société sans empêcher l'injection massive de capitaux par de nouveaux investisseurs et un allégement du formalisme utile dans des sociétés disposant de peu de moyens administratifs et appelées à prendre des décisions extrêmement rapides.
Le processus est lancé et les évolutions en cours sont tangibles.
En matière de financement, les statistiques récemment publiées par l'AFIC sont prometteuses : 20 milliards d'euros ont été levés en Europe en 1997 et 1998, contre une moyenne de 5 milliards les années précédentes. S'agissant plus spécifiquement de la France, l'activité a atteint un niveau sans précédent, puisque les montants levés ont été multipliés par 4 en un an, les montants investis dépassent pour la première fois les 10 milliards de francs, et, sur le compartiment du capital-risque, les montants investis en 1998 étaient en croissance de 55% par rapport à 1997 et 7 fois supérieurs à ceux investis 4 ans plus tôt.
En matière de création d'entreprises innovantes, le tableau de bord de l'innovation que j'ai présenté en avril montre l'accroissement du rythme des créations de 3,2 % au second semestre 1997 à 8,9 % au second semestre 1998, accroissement encore plus marqué dans les secteurs des services liés aux TIC .
Le Nouveau Marché a incontestablement réussi son pari. Son avenir me paraît assuré, indépendamment des aléas et des fluctuations que connaît tout marché boursier. Je note à cet égard que certains journaux financiers estiment que le moment est venu de se repositionner sur le Nouveau Marché. Celui-ci devra :
Veiller à l'élargissement du réseau d'investisseurs, institutionnels et particuliers. Cet élargissement passe très certainement par une meilleure formation des investisseurs non institutionnels sur un marché qui est complexe et par définition plus risqué. Le développement d'un réseau d'analystes spécialisés dans les valeurs de croissance est également l'un des éléments centraux pour attirer les investisseurs. Certains établissements financiers ont commencé à développer cette compétence, il convient sans doute d'aller au-delà.
Assurer le maintien de la diversité des sociétés cotées sur le Nouveau Marché, à l'image du Nasdaq. Il me paraît essentiel que toutes les entreprises à forte potentialité puissent, si elles le souhaitent, trouver des financements sur le Nouveau Marché.
Bénéficier de l'expérience et du renforcement du réseau Euro-NM, qui reste l'un des atouts incontestables du Nouveau Marché.
Notre pays a besoin d'emploi et de croissance. Un marché des valeurs de croissance efficient, profond et liquide est indispensable. Je vous donne rendez-vous, je l'espère dans un an, pour la 200e cotation au Nouveau Marché.
(Source http://www.finances.gouv.fr, le 15 juillet 1999)