Déclaration de M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur les performances des petites et moyennes entreprises exportatrices et les mesures destinées à soutenir la croissance des exportations des PME, Paris, le 22 juin 2000.

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Circonstance : Remise des prix du Figaro aux meilleures PME exportatrices à Paris, le 22 juin 2000

Texte intégral

Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de participer aujourd'hui à la remise des prix du palmarès de la performance des PME, organisée conjointement par le Figaro et la COFACE SCRL.
J'en profite pour remercier M. Yves de CHAISEMARTIN, le Président Directeur Général du Figaro et ses partenaires dans cette initiative, notamment M. Bertrand LARTISIEN, Président de la Coface SCRL enfin M. Jean-Marie CAVADA, Président de Radio France qui nous accueille aujourd'hui à la Maison de la Radio, de m'avoir convié au point final de cette initiative qui est le fruit d'un long processus.

En effet, ce classement national, qui tout à l'heure nous permettra de vous révéler les trois entreprises lauréates du palmarès, a fait l'objet d'enquêtes lourdes, en profondeur et sur l'ensemble du territoire national. Il est l'aboutissement d'une recherche multi-critères destinés à mesurer la performance économique des PME selon le plus grand nombre d'angles possibles. Ce parcours du combattant a été un véritable criblage pour tenter de sélectionner les meilleures PME, selon l'évolution de leur chiffre d'affaires et de leurs capitaux propres, de leur croissance à l'export, de la progression de leur résultat d'exploitation et des signes de leur bonne gestion. Cette sélection, si j'en crois le club d'experts, et je remercie ses membres pour leur implication, en fait des modèles de référence.
Je tiens également à adresser mes félicitations à toutes ces PME/PMI, championnes dans leur catégorie et dans leur secteur d'activité, d'avoir acceptées de rompre avec leur discrétion en participant à l'enquête du Figaro. En effet, elles regorgent à l'évidence de trésors de savoir faire et d'innovation, elles contribuent majoritairement à l'amélioration de la situation de l'emploi, elles donnent une vigueur et un dynamisme à notre croissance. Leur seul défaut serait peut être leur réserve, parfois même, leur réticence à communiquer et à sortir de l'ombre.

Enfin, je voudrais, sans vous révéler leur nom, féliciter les trois lauréats présents ce soir à qui nous décernerons légitimement les trois premiers prix. Dans leur réussite, et au delà de la diversité de leur trajectoire, des éléments d'évaluation de leur performance, et du profil de leur dirigeant, un trait d'union les rassemble : tout d'abord, je constate, et compte tenu de mes responsabilités, cela ne devrait pas m'étonner, que leur réussite tient à leur développement international. Pour illustrer mes propos, je prendrais l'exemple du 1er lauréat. C'est le passage à une stratégie internationale qui a permis à cette entreprise de changer de braquet, de faire progresser de 300 % son chiffre d'affaires, réalisé à 2/3 à l'export.

En second lieu, parmi les trois premiers lauréats, deux développent leur activité dans le secteur de la nouvelle économie. Ceci, n'est pas le fait du hasard et bien que ceux qui ont déterminé les critères de cette enquête ne se soient pas volontairement focalisés sur les secteurs " à la mode ", la réalité démontre combien les nouvelles technologies de l'information et de la communication portent notre activité économique, mais j'y reviendrai plus longuement tout à l'heure.

Enfin, dans ce palmarès, le Figaro/Coface SCRL, ce qui me frappe, c'est la différence que l'on constate dans l'implantation géographique des PME classées. Au Delà de la sur-représentation naturelle des PME/PMI d'Ile de France et de certaines grandes Régions, au regard de leur poids économique et de leur densité d'entreprises, il apparaît clairement des disparités régionales.

Néanmoins, je suis convaincu que cette situation peut évoluer positivement. J'ai le sentiment que, quelles que soient les Régions de France, les PME/PMI françaises possèdent les qualités nécessaires, recèlent des potentialités, parfois insuffisamment exploitées, pour trouver leur place sur les marchés étrangers et participer pleinement au développement économique et social régional. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité, pour réduire les inégalités et que chacun ait sa chance, engager une politique régionale du Commerce Extérieur. Je soulignerais au passage l'augmentation substantiel du volet commerce extérieur du contrat de plan Etat/Région 2000/2006, augmentation de plus de 200 % pour la part Etat, ce qui permet de passer à une enveloppe consolidée Etat/Région de plus d'1 MdF.
Quelques mots sur cette politique régionale du Commerce Extérieur que j'ai initiée en février dernier en partenariat avec les Régions, les Réseaux Consulaires et les Organisations Professionnelles et Patronales. Elle vise à coordonner et optimiser nos moyens, à former une véritable chaîne de compétences qui couvre l'ensemble du parcours de nos PME/PMI dans leurs démarches à l'international.

La concertation et le dialogue assurent le socle de cette politique. Des Ateliers Techniques Régionaux ont été formé avec l'ensemble des partenaires que j'ai cités, auxquels il faut ajouter la contribution des organismes du Commerce Extérieur, le CFME/ACTIM et le CFCE sous l'impulsion de nos Directions Régionales du Commerce Extérieur. Ils ont d'ores et déjà permis d'identifier les secteurs prioritaires Région par Région.

Ces choix seront bien évidemment affinés. Ils devraient permettre la signature, dès l'automne, de Programmes d'Actions Régionaux pour le Développement International (PARDI) de nos Régions, programmes d'actions collectives composées de missions de coopération industrielle, de participations à des salons, de rencontres d'information pays et secteurs, autant d'initiatives financées en grande partie par les Contrats de Plan Etat/Région. Cette dynamique vise, vous l'aurez compris, à donner toutes les chances de réussite à nos PME/PMI dans leur insertion dans l'économie globalisée. Les tendances de l'économie internationale sont d'ailleurs très bien orientées.
L'économie mondiale en général et l'économie européenne et française en particulier, bénéficient d'une vigueur remarquable. L'OCDE vient de réviser à la hausse ses perspectives économiques. La croissance mondiale s'établirait à 4 % en 2000 et 2001. Le commerce mondial devrait suivre également une trajectoire ascendante et progresserait à un rythme supérieur à 10 % en 2000.

En France et en Europe, les PME/PMI françaises doivent tirer pleinement parti de cette orientation favorable de l'économie, en participant pleinement à la mondialisation des échanges en s'insérant davantage dans les réseaux de l'économie globalisée. Le Sommet européen de Lisbonne avait réaffirmé la priorité politique des 15 pays européens en faveur de l'emploi et de la croissance avec pour principal moteur l'innovation, une qualité essentiellement attachée aux petites et moyennes entreprises. La Présidence française de l'Union européenne qui s'engagera au 1er juillet 2000 doit nous permettre d'apporter une impulsion significative et de générer une nouvelle dynamique en faveur des PME/PMI en Europe. Les crédits communautaires à la recherche, la coopération industrielle et commerciale entre PME/PMI européennes sont des éléments que nous devons renforcer car ils contribuent à la compétitivité internationale de nos PME. J'entends durant l'exercice de notre Présidence, avec mes collègues Ministres européens, en charge du Commerce Extérieur, lancer une dynamique qui s'inscrit dans le suivi de la dernière conférence de l'OCDE à Bologne et dans le sillage des conclusions du Sommet européen de Feira.

On ne peut imaginer parler d'innovation sans évoquer les nouvelles technologies de l'information et de la communication, les NTIC, qui sont au cur de l'activité économique des entreprises représentées dans ce palmarès. Le commerce électronique et plus largement la net-économie, au delà des récentes péripéties boursières sont, non seulement une source de valeur et de compétitivité, mais aussi une carte maîtresse dans les nouveaux modes d'internationalisation de nos entreprises.

Le résultat des entreprises françaises dans ce secteur moteur de l'économie mondiale, est le signe que le commerce électronique n'est plus une affaire exclusivement américaine : il approchera cette année les 80 milliards d'Euros en Europe.

Il est à 80 % le fait du commerce électronique inter-entreprises, le commerce dit B to B et les enjeux en sont d'autant plus importants pour le Commerce Extérieur. En effet toutes les PME n'ont pas toujours vocation à exporter directement auprès du consommateur et leur internationalisation passe encore largement par les liens qu'elles établissent avec d'autres PME implantées localement ou directement impliquées dans la compétition internationale.
Cette valeur ajoutée, je compte contribuer, avec mon collègue Christian PIERRET, Secrétaire d'Etat à l'Industrie, l'élargir au plus grand nombre de PME/PMI.

Conclusion :
Mesdames, Messieurs, je vous dirai pour conclure que la conjoncture économique favorable, renforcée par la baisse de la pression fiscale, constitue un environnement positif pour accroître, au service de l'emploi et de la croissance, la compétitivité de nos PME/PMI. La conquête d'un nouvel univers, celui de l'économie globale, à l'heure ou l'intégration économique s'accélère, représente le défi que les Gouvernements européens et en particulier pour le Premier Ministre français M. Lionel JOSPIN, ont décidé de relever.
La France a développé un grand nombre d'instruments auxquels j'ai pu apporter ma contribution pour répondre à cet objectif majeur. Je souhaite, à l'image de l'initiative du Figaro et de la Coface SCRL, que notre ambition trouve pleinement sa dimension dans un partenariat entre puissance publique et partenaires privés. La présence ce soir de M. Ernest Antoine SEILLIERE, Président du MEDEF, m'y encourage. En tout état de cause, je me félicite que cette ambition soit partagée.

Je vous remercie.

(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 6 juillet 2000)