Déclaration de M. Robert Hue, président du PCF et candidat à l'élection présidentielle, sur les enjeux du vote au premier tour de l'élection présidentielle, les dangers d'une éventuelle victoire de Jacques Chirac, le bilan de la participation communiste au gouvernement de Lionel Jospin, les propositions communistes pour "une gauche bien à gauche", à Marseille le 18 avril 2002.

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Circonstance : Meeting à Marseille le 18 avril 2002.

Texte intégral

Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Je veux d'abord dire mon plaisir d'être avec vous ce soir, à Marseille, ville aux multiples facettes, si combative et si fraternelle.
Nous sommes dans la toute dernière ligne droite avant le premier tour de l'élection présidentielle. C'est de cela que je veux vous parler, bien sûr.
Pour dire d'abord, ceci : rien n'est encore joué. Au contraire : tout est ouvert. Du jamais vu à deux jours du premier tour !
Il y a 16 candidates et candidats, une proportion très importante de l'électorat qui envisage de s'abstenir et, parmi celles et ceux qui vont voter, l'indécision à quelques jours du scrutin est encore forte.
Beaucoup de choses peuvent se passer dans les heures qui viennent, et même encore dimanche dans la journée.
Non, les Françaises et les Français ne sont pas indifférents à l'élection présidentielle. Ils jugent, en revanche très sévèrement, et je les comprends, la façon dont cette élection a été abordée, avec la volonté d'en escamoter les enjeux ; de priver les électrices et les électeurs des moyens de se prononcer en toute connaissance de cause pour exprimer leurs choix pour la politique qui sera faite dans les années à venir.
Car c'est de cela qu'il est question : quelle politique va être faite, après les échéances électorales de ce printemps 2002 ? Est-ce que les inégalités sociales, les injustices, le chômage, la précarité et les difficultés de la vie pour le plus grand nombre vont continuer à s'aggraver ?
Est-ce que la France va continuer à subir la loi des marchés financiers imposée par la mondialisation capitaliste ? Ou bien va-t-on se décider enfin à dire non aux inégalités, aux injustices, à la mal vie ; à dire non aux diktats des marchés financiers et des puissants de ce monde ; va-t-on se décider à faire vraiment une politique nouvelle, répondant aux attentes de notre peuple ?
Evidemment ce n'est pas la droite qui peut mener une telle politique. Mais ce n'est pas non plus ce qu'a fait la gauche depuis 1997. Il faut être clair à ce point de vue. Des choses positives ont été faites, et les communistes y ont beaucoup contribué. Mais faute de faire, comme nous n'avons cessé de le proposer, des choix radicalement opposés aux volontés des milieux du grand patronat, de la finance et de l'Europe maastrichienne ; des choix radicalement tournés vers le combat contre les inégalités, vers une grande politique sociale et une pratique résolument citoyenne donnant aux salariés dans les entreprises et aux citoyens dans la société des pouvoirs nouveaux pour faire prévaloir leurs intérêts
Faute de faire ces choix en faveur desquels, encore une fois, nous n'avons cessé de nous battre, la politique suivie n'a pas été à la hauteur de ce que notre peuple attendait en portant la gauche au pouvoir en 1997. Disons-le franchement : cette politique a manqué d'audace et de détermination. Elle n'a pas été assez à gauche.
C'est cela le problème auquel nous sommes confrontés.
Et parce que nous sommes communistes nous ne baissons pas les bras. Jamais nous ne l'avons fait. Jamais nous ne le ferons.
Si nous sommes toujours là pour combattre une injustice, une discrimination, une humiliation, c'est que notre raison d'être est précisément, avec la majorité de notre peuple, de transformer la société. Oui, notre raison d'être, notre visée, c'est le projet d'un nouveau communisme. Un projet radicalement antagonique du capitalisme qui domine le monde. De ce capitalisme financier dont un des tenants les plus représentatifs est Jean-Marie Messier. Ce personnage se comporte en véritable dictateur qui pourrait tout se permettre parce qu'il dispose de beaucoup d'argent. La vie des femmes, des hommes, leur talent, leur créativité, peu lui importe.
Pour lui et les siens comme pour ceux qui les envient et les admirent, seule compte la rentabilité financière. Ils sont persuadés avoir tous les droits et pouvoirs de se comporter comme des seigneurs à l'égard de leurs serfs. Les valeurs humaines, ils ne connaissent pas. La qualité du travail, la passion de celles et ceux qui ont fait Canal +, ils ne connaissent pas. Le respect du droit et des acquis sociaux, ils ne connaissent pas.
L'exception culturelle, au placard ! nous disent-ils. Leur boussole, c'est la rentabilité, rien que la rentabilité. Leur modèle, ce sont les USA. Pour l'atteindre, ils sont prêts à tout.
Eh bien, chers camarades et amis, nous ne les laisserons pas faire. Messier et les siens trouveront toujours les communistes sur leur route. C'est vrai aujourd'hui. Ce le sera tout autant après les élections. On ne peut malheureusement en dire autant de tout le monde. Et je suis le seul candidat, dans cette campagne, à proposer qu'on "libère" Messier d'un des fleurons de son groupe : Vivendi Environnement. Oui, le seul à dire qu'il faut que la gestion de l'eau devienne un service public décentralisé.
Oui, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Ces nouveaux capitalistes à la Messier sont dangereux. Pour y résister et les battre il ne suffit pas de dire "on va réquisitionner vos usines". Cette protestation-là proférée une fois tous les 7 ou 5 ans ne les inquiète pas. Ce qu'ils craignent par dessus tout c'est le combat que mène contre eux depuis toujours le Parti communiste.
Oui, plus que jamais, le 21 avril je serai le candidat anti-Medef, le candidat anti-Messier !
A quoi servirions-nous, en quoi serions-nous communistes si nous nous contentions de constater que la gauche n'a pas été assez à gauche ; si nous nous contentions de redouter qu'elle dérive encore plus vers la droite, comme cela s'est fait dans d'autres pays européens ?
A quoi servirions-nous, en quoi serions-nous communistes si devant cette situation, nous ne proposions pas aux Françaises et aux Français, aux électrices et électeurs qui font confiance au Parti communiste et à ses élus, et au-delà, aux hommes et aux femmes de gauche, le moyen d'intervenir pour ramener la gauche bien à gauche, l'y ancrer solidement, et ainsi battre la droite et faire avec détermination la politique vraiment de gauche qu'ils attendent ?
Nous ne sommes pas des protestataires impuissants à proposer les moyens du changement, et attendant qu'un jour "la révolution" passe et règle comme par enchantement les problèmes auxquels ils n'ont pas eu le courage politique de s'affronter concrètement !
Nous sommes les communistes. Nous ne nous résignons pas à l'aggravation des inégalités et de la mal vie. Nous luttons pour changer les choses, pour transformer la société et changer le monde. Et pour l'heure, cela implique de changer la gauche afin qu'elle puisse répondre aux attentes de notre peuple.
C'est pour cela qu'avec ma candidature, pour le premier tour de cette élection présidentielle, dimanche prochain, nous proposons aux électrices et aux électeurs d'intervenir avec nous pour dire qu'ils veulent une gauche bien à gauche, avec une politique qui s'attaque résolument aux maux dont ils souffrent.
Le nombre de suffrages qui, dimanche soir, se seront portés sur mon nom, aura des conséquences primordiales, non pas dans l'abstrait, non pas en termes de pouvoir ou de place pour tel ou tel, mais des conséquences primordiales sur votre vie quotidienne, sur l'avenir de vos enfants, sur celui des retraites, des services publics, de notre système de formation et de santé comme sur votre sécurité, sur la vie et l'avenir de notre pays.
On le sait : au second tour, c'est Lionel Jospin et Jacques Chirac qui s'opposeront pour l'élection du Président de la République.
A ce propos, je veux dénoncer ici avec la plus grande vigueur l'opération à laquelle se livre le sinistre Le Pen, depuis quelques jours. Il s'efforce, une nouvelle fois, de tromper les Françaises et les Français à partir d'un scénario sordide. Il se répand partout en laissant supposer qu'il sera présent au 2ème tour. Je regrette la complaisance dont il bénéficie dans certains médias.
Non seulement, ce personnage est dangereux mais c'est un escroc ! Pas plus qu'en 1995, il ne sera au 2ème tour alors qu'à l'époque, il était le seul candidat de l'extrême droite. Cette fois, ils sont deux. C'est d'ailleurs dans l'espoir de "piquer" quelques voix à Mégret que Le Pen ment aussi effrontément. Qu'il refait le coup démago-politicard qu'il avait monté en laissant croire qu'il n'avait pas les 500 parrainages pour être candidat.
Camarades et amis, d'ici dimanche, déjouons ce nouveau piège de Le Pen. Parlons-en autour de nous pour faire capoter l'opération de ce dangereux démagogue.
Il nous faut la dégonfler et dégonfler l'opération et le score du sinistre Le Pen dont je suis l'adversaire le plus résolu.
Je suis aussi celui qui veut battre la droite de toutes mes forces.
Et cela ne fait aucun doute pour les communistes : il faudra battre la droite au deuxième tour.
Mais on n'y parviendra qu'à la condition que des millions d'hommes, de femmes, de jeunes soient convaincus qu'en battant la droite, ils ouvriront la voie à la mise en uvre d'une politique nouvelle. D'une politique qui, cette fois, réponde à ce qu'ils attendent de la gauche.
C'est tout l'enjeu du vote communiste de dimanche prochain.
Oui, je veux contribuer de toutes mes forces à battre la droite et à mettre en échec l'extrême droite de Le Pen et Mégret.
Permettez-moi d'y insister : la victoire de la droite, la réélection de Chirac seraient un danger pour notre peuple, un danger pour la France. Chirac fait tout pour se montrer rassurant. Mais derrière l'apparence, il faut voir les réalités.
Si au lieu d'être "super menteur", Chirac devenait (par miracle il faut bien le dire) "super sincère", il en dirait des choses !
Il dirait qu'il veut mettre en concurrence la sécurité sociale et les assurances privées et qu'au bout de cela on aurait un système de santé de qualité pour les riches et un système de santé médiocre pour les autres... D'autres pays en sont déjà là !
Si Chirac, au lieu de "super menteur" devenait "super sincère", il dirait qu'il veut que l'on puisse spéculer en bourse avec l'argent des retraites. Il dirait qu'il a déjà accepté que le droit à la retraite recule d'au moins cinq ans, et qu'il soit mis fin aux régimes spéciaux, comme son Premier ministre, Alain Juppé, a tenté de le faire en 1995.
Si par miracle, il devenait "super sincère", Chirac dirait qu'il entend privatiser les services et entreprises publics. La Poste, Air-France, EDF-GDF, la SNCF seraient, soyez-en sûrs, livrés aux appétits de la finance. Et il avouerait que la droite et l'extrême droite veulent profiter des prochains départs massifs en retraite pour réduire le nombre des enseignants, des infirmières, des juges et des policiers.
Oui, Chirac devenu miraculeusement "super sincère" avouerait que son programme est tout entier inspiré par le Medef, le grand patronat, les milieux des affaires et de la finance, les grands possédants et les puissants de France et d'ailleurs.
Oui, Chirac devrait dire que tout ce beau monde n'a qu'une seule ambition : remodeler la France afin d'y effacer ce que grâce aux luttes sociales et politiques, des générations de salariés de toutes catégories, d'hommes et de femmes du peuple ont arraché comme conquêtes et comme droits.
Il révélerait que son objectif, l'objectif de la droite et de l'extrême droite, est de mettre un terme à l'exceptionnalité française, à ce qui fait l'originalité de notre pays, qui sert souvent de référence aux autres peuples et auquel le parti communiste a beaucoup contribué tout au long de son histoire.
Mais il n'y aura pas de miracle, Chirac ne deviendra pas "super sincère" ! Il ne dira pas tout cela. Alors, vous, dites-le pour lui !
D'ici dimanche, dans vos familles, au travail, et là où vous vivez, alertez sur la réalité du programme de Chirac. Alertez sur ce qu'il adviendrait, s'il l'emportait, si avec lui, la droite et l'extrême droite sortaient victorieuses de ces élections.
Vos le savez bien, face à leur programme dévastateur, il y a urgence à faire partager plus largement l'ambition qui est la mienne - qui est aussi la vôtre, je le sais - de contribuer à ce qu'émerge du premier tour une gauche bien à gauche, décidée à le rester car c'est la condition pour pouvoir battre la droite et l'extrême droite.
Et pour cela - pour que la gauche soit bien à gauche - il faut que le Parti communiste pèse davantage, que la politique qu'il propose soit davantage prise en compte.
Chacune, chacun a le droit, bien sûr, de juger la façon dont le parti communiste a géré sa participation au gouvernement depuis 1997. Nous aurions dû mieux faire connaître nos propositions comme nos oppositions ? Cela se discute. Les élus communistes auraient pu voter différemment sur tel ou tel texte ? Cela peut évidemment se discuter aussi !
Cela dit, quoi qu'on en pense, le parti communiste reste le seul parti politique à gauche à porter concrètement, chaque jour, dans les luttes et dans la vie des institutions, les aspirations et les valeurs dont je viens de montrer qu'elles ne cessent de monter, en France et dans le monde. Et le seul, aussi, à se battre pour les traduire dans des actes concrets, jusque dans une majorité parlementaire, jusque dans un gouvernement !
J'ai la conviction que nous avons agi utilement avec nos députés il y a moins d'un an quand, dans un contexte difficile, la loi de modernisation sociale est venue en débat à l'Assemblée nationale !
J'ai la conviction que notre loi sur le contrôle des fonds publics accordés aux entreprises est utile pour donner des armes aux salariés, aux citoyens afin de faire progresser la citoyenneté à l'entreprise, et pour une meilleure efficacité économique !
J'ai la conviction que nous avons raison de refuser les privatisations. Et, je suis le seul des candidats issus de la majorité élue en 1997 à m'opposer résolument à celle d'EDF ! Le seul à refuser ce que Jacques Chirac et Lionel Jospin ont accepté à Barcelone. Le seul à me situer du côté de ceux qui manifestaient ce jour-là.
Oui, j'ai la conviction que tout cela est moderne et mobilisateur, parce que tout cela rejoint les besoins, les aspirations et les rêves de millions de citoyennes et de citoyens.
Alors non, vraiment, rien ne justifie l'idée selon laquelle le rapport de forces actuel serait figé. Et donner plus de suffrages au candidat communiste à l'élection présidentielle, c'est le bon moyen de faire bouger ce rapport de forces. Non pas pour des raisons étroitement partisanes, des questions de pouvoirs à conquérir, de représentativité du parti communiste, ou de tel ou tel de ses élus ou responsables.
C'est au service de celles et ceux qui n'en peuvent plus de la vie qu'ils mènent, qui veulent qu'on les écoute et qu'on les respecte que je veux, avec le vote en faveur de ma candidature, faire évoluer le rapport de forces pour ancrer la gauche plus à gauche.
Il est là, le moyen de déjouer le piège dans lequel on veut faire tomber les électrices et les électeurs, en les dépossédant de leur droit à faire prévaloir par leur vote les choix qui leur conviennent.
Elle est là l'utilité du vote communiste, dimanche prochain.
Il faut regarder la vérité en face. Au parti socialiste, et dans le très proche entourage de Lionel Jospin, des pressions considérables se sont exercées, et s'exercent aujourd'hui, souvent plus fortement encore, pour pousser à droite, et faire la politique voulue par les marchés financiers, l'Europe de Maastricht et les tenants de la mondialisation capitaliste.
Ces pressions sont bien réelles. Elles sont telles qu'elles ont déjà abouti - notamment ces deux dernières années - à l'adoption de mesures tournant le dos à la politique que l'on attendait de la gauche.
Dans le même temps - et précisément parce que ces mesures ne correspondaient pas à l'accord sur lequel nous avions constitué, en 1997, ce que nous avons appelé la gauche plurielle - il y a eu, progressivement, le retour à de vieilles pratiques hégémoniques, tendant à rétrécir de plus en plus le pluralisme de la gauche, en imposant le point de vue du seul parti socialiste, souvent inspiré des thèses libérales de certains de ses dirigeants, et de leurs amis européens. Et le parti socialiste a renoué, de la même façon, avec des comportements anciens à l'égard de ceux qui auraient dû être les interlocuteurs privilégiés de la gauche : les organisations syndicales, les associations, les citoyennes et les citoyens en général.
Eh bien il faut changer cela. Je veux changer cette gauche-là parce que c'est la gauche qui perd.
La gauche qui ne pourrait aller qu'à l'échec électoral - en offrant à la droite une victoire par défaut - ou à court terme à un échec politique en provoquant la colère de celles et ceux qu'elle décevrait à coup sûr.
Vous qui êtes ici, vous le savez : le sens même de ma candidature, c'est de proposer aux Françaises et aux Français un moyen de peser, d'agir efficacement pour une gauche qui gagne parce que bien à gauche.
Cela exige un profond renouvellement dans trois directions.
D'abord il s'agit de conduire une autre politique, à l'initiative d'une gauche d'audace sociale, ayant le courage de dire non aux puissants de ce monde et aux diktats des marchés financiers. Une gauche entreprenante, sachant se procurer les moyens - particulièrement les moyens financiers - d'une politique fondant le progrès, et la croissance sur la satisfaction des besoins sociaux.
Il faut - c'est le second aspect - une gauche créative, sans tutelle ni hégémonie. C'est ce que j'ai appelé une "autre configuration politique à gauche", caractérisée par le respect de toutes les composantes de la gauche et de leurs apports plutôt que l'alignement sur un parti dominant.
Il faut, enfin, une gauche citoyenne, appuyant en permanence son action sur la transparence et la concertation. Avec les associations et les syndicats, et plus généralement avec les citoyens en sachant solliciter concrètement et le plus souvent possible l'initiative populaire.
Oui, c'est pour cela que je me bats dans cette campagne.
Je me bats pour plus de communisme dans la gauche, c'est-à-dire plus de détermination à lutter contre les inégalités et plus de sincérité dans l'engagement social. Plus de détermination, aussi, dans la résistance aux marchés financiers. Plus de détermination, encore, pour préserver et renforcer les atouts de la société française que constituent le tissu associatif et syndical, et l'aspiration grandissante à une citoyenneté plus active.
Plus de communisme dans la gauche, c'est plus de volonté de partage et de responsabilité, de promotion de la personne humaine, à l'opposé de la vision glacée des technocrates, ceux de droite comme ceux de gauche, avec leur insupportable suffisance, et leur arrogance sans limite.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades, plus de communisme dans la gauche c'est nécessaire pour faire gagner la gauche, et pour qu'elle réussisse une autre politique !
Si le vote communiste le 21 avril pèse suffisamment lourd, alors cette perspective pourra s'ouvrir parce que le monde du travail et de la création sera plus fort.
Si le vote communiste le 21 avril pèse suffisamment lourd nul ne pourra ignorer les 25 engagements que je porte dans cette campagne.
S'ils se différencient tant des promesses avancées par les autres candidats, c'est que, moi, je choisis mon camp, celui du monde du travail et de la création ; des quatre millions de nos concitoyens qui vivent sous le seuil de pauvreté dans une France plus riche que jamais. Le camp du milliard d'individus sur la planète privés d'eau potable parce "qu'insolvables", alors que les 235 plus grosses fortunes totalisent les ressources annuelles de la moitié la plus pauvre de l'humanité.
Moi, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades, je propose un plan d'urgence contre la précarité et les inégalités au lieu des réductions d'impôts pour les plus fortunés.
J'en fais une priorité absolue, pour maintenant et pour dès après les élections présidentielle et législatives.
Il comporte sept mesures, précises et réalistes :
Premièrement, une augmentation mensuelle de 300 euros du SMIC, des petites retraites et des minima sociaux, avec une première hausse de 10 % dès le 1er juillet.
Deuxièmement, une égalité salariale et professionnelle entre les hommes et les femmes, à atteindre dans les cinq ans à venir grâce à une loi contraignante et à des mesures fiscales incitatives.
Troisièmement, une allocation d'autonomie de 700 euros mensuels proposée aux jeunes de 18 à 25 ans. Pas de démagogie, cela va coûter beaucoup d'argent et ne pourra se faire que progressivement, en prenant en compte la situation de chacun et notamment en transférant les crédits aujourd'hui utilisés à accompagner la précarité. C'est pourquoi je propose de commencer par les 20 % de jeunes qui en ont le plus besoin.
Une société moderne doit consacrer des moyens nouveaux à ce que la jeunesse puisse se former et accéder à un emploi utile.
C'est d'investissement humain que je parle devant vous. Cela a un coût, certes, mais c'est tout autre chose, c'est autrement plus moderne et efficace que les gâchis financiers qui ruinent leur avenir pour le profit d'une petite minorité de boursicoteurs.
Je propose aussi, quatrièmement, un droit à la retraite avant 60 ans pour les salariés qui ont 160 trimestres de cotisation.
Le parti socialiste et le gouvernement ont repoussé cette proposition communiste à l'Assemblée nationale. Moi, je me bats, je continuerai de me battre pour la faire entrer dans la vie.
Cinquièmement, l'ouverture de négociations salariales dans les fonctions publiques et les secteurs nationalisés en vue d'un plan de rattrapage et de reconnaissance des qualifications, étalé sur deux ans. Je suis le seul à " oser " parler de salaires et de pouvoir d'achat, dans une France qui est devenue un pays de bas salaires. Eh bien, sur cette question non plus, on ne me fera pas taire !
Sixièmement, un plan de construction de logements sociaux et une accélération forte du rééquilibrage des modes de transports en faveur du ferroviaire, avec une priorité au ferroutage.
Septièmement, le droit de vote accordé aux résidents étrangers, la régularisation des sans-papiers, l'abandon de la double peine et le respect du droit d'asile.
Et au-delà de ce plan d'urgence, je choisis le développement et la modernisation des services publics contre l'ouverture du capital d'EDF-GDF et les privatisations. Je choisis que l'on s'attaque à toutes les causes et manifestations de la violence avec les moyens nécessaires contre le laisser-faire et l'exploitation politicienne de l'insécurité. Je dis qu'il faut à la France un système de santé de qualité pour tous et en tout lieu à la place de l'absurde maîtrise comptable des dépenses. Une agriculture de paysans avec des prix rémunérateurs garantis face aux logiques de l'OMC, des fabricants d'aliments pour animaux, des groupes de l'agroalimentaire et de la distribution. Le développement des PME, PMI, petits commerces et artisans contre leur étranglement par les grands groupes et les banques.
Je choisis la réforme des fiscalités des particuliers et des entreprises contre les 600 milliards d'euros d'actions détenus par les familles les plus riches qui échappent à 80 %, légalement, à l'impôt. Une autre politique du crédit contre la baisse des cotisations patronales qui tirent les salaires vers le bas et plombent les comptes de la protection sociale.
Je choisis l'Europe sociale et non le pacte de stabilité et les critères de la banque centrale. La renégociation des traités européens face à l'Europe des marchés.
Comme l'a souligné Marie-George, nous choisissons un Etat palestinien et la sécurité pour Israël contre la folie criminelle d'Ariel Sharon, l'humiliation du peuple palestinien et les attentats terroristes.
Je choisis plus de communisme dans la gauche contre plus de libéralisme ; une gauche qui change et qui gagne au lieu d'une gauche qui perd.
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
De tout mon cur - vous l'avez senti - de toute ma force de conviction - et je voudrais la faire partager le plus largement possible - j'ai exposé devant vous les grandes lignes de mes engagements.
Je suis convaincu que nous pouvons le porter de façon très offensive auprès des électrices et électeurs encore indécis. C'est le moyen indispensable pour leur redonner des raisons d'espérer. De bonnes raisons d'intervenir dimanche prochain avec le bulletin de vote communiste.
Je suis sûr qu'ensemble nous pouvons y parvenir si, dans les heures qui viennent, nous faisons ce qu'il faut pour convaincre ceux qui hésitent encore, qui n'ont pas définitivement arrêté leur choix ou qui sont tentés par l'abstention.
Oui, dans votre entourage, dans le village, le quartier ou à l'entreprise, vous pouvez gagner encore des milliers de voix au moment où un nombre considérable de parents, d'amis, de collègues de travail s'apprêtent à décider de leur vote.
Jamais, ils n'ont été aussi nombreux si près du premier tour d'une élection présidentielle. C'est dire l'efficacité de tout ce que vous allez entreprendre jusqu'à dimanche pour leur montrer combien voter communiste sera utile pour eux, pour leurs proches, pour la gauche et le pays.
Et je veux ajouter autre chose, ici, dans cette région où les électrices et les électeurs communistes sont traditionnellement nombreux.
Ce que je veux souligner avec force - et en appelant chacune et chacun à y réfléchir - c'est que les électrices et électeurs communistes ont toujours su, dans les moments importants et quels que soient leurs doutes, leurs interrogations, voire leurs critiques à l'égard du Parti communiste, se retrouver pour intervenir ensemble - notamment par leur vote - pour infléchir dans le bon sens la politique du pays. Et à chaque fois qu'ils l'ont fait, d'autres électrices et électeurs de gauche se sont joints à eux pour peser eux aussi dans le bon sens.
Je suis persuadé qu'aujourd'hui, beaucoup de ces électrices et électeurs sont en train de réfléchir et de penser qu'une fois encore ils peuvent intervenir de façon décisive avec leur bulletin de vote en faveur du candidat du Parti communiste.
Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
J'ai confiance !

(source http://www.roberthue2002.net, le 3 mai 2002)