Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que je viens m'exprimer devant votre Conseil Supérieur des Exportations Agricoles et Alimentaires, et dans le cadre du SIAL dont chacun sait combien il est la vitrine du secteur agroalimentaire à l'export. La situation des industries agroalimentaires me tient d'autant plus à coeur que le Président et le Premier ministre ont souhaité que mon Ministère soit aussi désormais celui de l'Alimentation.
Lors de la seconde session de votre Conseil supérieur en mars 2002, vous aviez souhaité que soit organisé dans l'enceinte du SIAL, un forum réunissant les entreprises, les organisations professionnelles et interprofessionnelles et les acteurs du dispositif d'appui au commerce extérieur de produits agroalimentaires. Vous entendiez ainsi impulser une réflexion sur l'amélioration de notre dispositif d'accompagnement des entreprises agroalimentaires sur les marchés extérieurs. En concluant ce soir vos travaux, je m'efforcerai de vous faire partager mon constat et quelques orientations pour rendre à nos exportations leur dynamisme.
*
* *
Les exportations, qui constituent traditionnellement un débouché majeur pour vos entreprises, connaissent en effet un recul inquiétant.
[Conserver à notre secteur agroalimentaire sa vocation exportatrice]
Vous avez souligné, Monsieur le Président SCHERRER, l'importance du secteur agro-alimentaire pour notre économie et notre commerce extérieur. Le secteur agroalimentaire est, en effet, un secteur fortement exportateur et qui, j'ajouterai, a vocation à le rester.
On oublie, en effet, trop souvent que les industries agroalimentaires sont, avec le bâtiment et le génie civil, le premier de nos secteurs industriels et le troisième s'agissant de l'emploi de main d'oeuvre. Les industries agroalimentaires sont, par ailleurs, un partenaire privilégié de notre agriculture, dont elles transforment 70 % des productions. La France est, enfin, le second exportateur de produits alimentaires et le premier exportateur de produits alimentaires transformés dans le monde. Au total, ces exportations ne représentent pas moins de 20 % du chiffre d'affaires du secteur.
Relancer la dynamique exportatrice de nos industries agroalimentaires est ainsi un enjeu dont les implications dépassent de beaucoup ce seul secteur. Elles touchent à l'emploi, à l'équilibre de nos régions et à la capacité de la France à développer son excédent commercial.
C'est notamment sur ce constat que se fonde notre combat en Europe pour une politique agricole commune (PAC), qui soutiendrait efficacement la vocation exportatrice de notre secteur agricole.
[S'accorder sur le constat lucide d'un essoufflement]
La France doit ses résultats, d'abord à l'excellence de ses productions. On reconnaît souvent aux producteurs et aux marques françaises un souci de la qualité, qui leur valent -à juste titre- la faveur des consommateurs.
Mais cette poursuite de l'excellence ne doit toutefois pas masquer quelques signes tangibles d'essoufflement.
Il n'est pas question ici de céder à un quelconque sentiment de panique et encore moins de résignation, mais j'entends dresser avec vous un constat lucide de la situation.
Vous le savez, le bilan de notre commerce extérieur agro-alimentaire n'a pas été satisfaisant en 2001. Nos exportations agroalimentaires ont reculé de 3 points par rapport à leur niveau de 2000, tandis que les importations ont ainsi progressé. Le solde de notre commerce extérieur agroalimentaire a marqué un net repli, de 12 points pour les échanges au sein de l'Union Européenne et de 47 points avec les pays tiers.
Je dois cependant préciser que le commerce extérieur des industries agroalimentaires s'est légèrement amélioré depuis janvier dernier. L'excédent cumulé a ainsi progressé de 10 % par rapport aux huit premiers mois de 2001, pour atteindre 4,65 milliards d'euros, et l'on peut raisonnablement espérer que l'activité suivra la même tendance dans les prochains mois.
Au-delà de cette embellie bienvenue, force est de constater que dans la durée, nos parts de marchés continuent de s'éroder sur les principaux marchés internationaux.
La présentation qui vous a été faite cet après-midi lors de la seconde table ronde par mes services et ceux de la DREE, illustre bien les évolutions structurelles à l'oeuvre :
- l'accroissement des exportations de la France est, dans la plupart des zones géographiques, inférieur à l'augmentation des échanges eux-mêmes. Certains de nos concurrents en retirent ainsi des augmentations significatives de leurs parts de marché.
- Au sein même de l'Union Européenne, le recul est net. Nous perdons, en effet, 2,5 points de parts de marché en 8 ans, et plus encore sur nos principaux marchés : l'Espagne où elles reculent de 7,3 points, l'Italie de 6,6 points, la Hollande de 4,3 points et, dans une moindre mesure, l'Allemagne de 3 points.
La situation est tout aussi préoccupante sur nos principaux marchés tiers : l'Asie, les PECO, la CEI, le Proche et le Moyen Orient, où nous sommes également en perte de vitesse.
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* *
Face à cette situation, je veux vous proposer de faire ensemble le pari de l'audace, afin de transfigurer ces contraintes en autant d'objectifs pour nous-mêmes.
" Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ", nous enseigne SENEQUE. Avant toute chose, je vous propose analyser lucidement nos faiblesses. Réformer les dispositifs d'appui, réduire les barrières non-tarifaires, mieux segmenter notre offre et susciter de nouvelles vocations exportatrices sont ainsi quelques orientations que je vous proposerai d'examiner ensemble.
[Analyser nos faiblesses]
Face à ces difficultés, il nous faut, tout d'abord, selon la formulation de votre table ronde, " relancer la dynamique " et réaffirmer la vocation exportatrice de nos entreprises.
Loin de nous satisfaire d'un discours incantatoire, nous devons, au contraire, conduire un profond travail d'analyse, marché par marché, et filière par filière, sur les raisons de cet essoufflement. Ce travail ne sera efficace que s'il est effectué dans le cadre d'une association étroite entre les professionnels et les pouvoirs publics. Des démarches de ce type existent déjà et Philippe JACHNIK a évoqué devant vous l'expérience de la filière laitière. C'est également la démarche que j'ai retenue pour la filière vitivinicole. En juillet dernier, vous le savez, j'ai demandé à ses responsables professionnels d'organiser un débat sur la base du rapport BERTHOMEAU, afin de redéfinir le positionnement de nos vins à l'export. J'attends que les conclusions de ce débat me soient transmises le mois prochain pour prendre les mesures les plus adaptées. Je sais par ailleurs que les exportateurs du secteur animal se réunissent régulièrement autour de l'OFIVAL, les exportateurs de pommes autour d'INTERFEL, et les équipementiers exportateurs autour de l'ADEPTA, pour n'évoquer que les " réseaux nationaux ".
Au-delà de ces quelques exemples, cette méthode doit être étendue à tous les secteurs qui ont été concernés par un recul de nos parts de marché. Votre Conseil supérieur sera appelé à jouer, en ce domaine, un rôle incitatif, pour mieux faire partager ces démarches et assurer leur diffusion au sein des filières. J'entends qu'il contribue, chaque fois que cela sera nécessaire, à structurer la réflexion entre les entreprises d'un même secteur. Je souhaite, pour cela, qu'il puisse identifier les besoins prioritaires des entreprises, en termes d'études, de veille stratégique, d'actions de promotion ou d'appui à la mise en uvre de stratégies marketing.
[Réformer les dispositifs d'appui]
Vous savez que le Ministère de l'Agriculture apporte une contribution particulière au dispositif d'appui général aux entreprises. Je sais combien ceux-ci sont utiles aux efforts d'exportation des industriels de votre secteur. Mais périodiquement, il nous faut, là comme en d'autres domaines, nous interroger sur leur adéquation et leur capacité à répondre de façon souple et adaptée aux besoins nouveaux qui se manifestent.
Au sein du dispositif d'appui national, le CFCE et la SOPEXA, qui mettent aujourd'hui en uvre l'essentiel de ces financements spécifiques, doivent adapter en permanence les services qu'ils rendent aux entreprises et à leurs interprofessions. Comme vous le savez, une réflexion est aujourd'hui en cours sur ce point.
Cette adaptation est d'ailleurs rendue nécessaire à la fois par l'évolution de la réglementation communautaire et par le processus de réforme de l'Etat. Clarifier et quantifier les missions et les services confiés par la puissance publique, fixer les règles du jeu de l'activité commerciale concurrentielle, assurer la cohérence et la flexibilité du dispositif, tels sont les enjeux des conventions que l'Etat conclut avec les organismes de promotion.
J'ai confiance que ceux-ci sauront s'adapter et optimiser les services qu'ils rendent aux entreprises et aux professionnels.
Je sais combien, en matière de programmation, votre Conseil peut utilement contribuer au décloisonnement des approches et à la définition de stratégies de veille et de promotion efficaces, et j'attends donc qu'il suive ces évolutions avec une vigilance particulière.
Dans son allocution d'ouverture, mon collègue, François LOOS, a évoqué la réflexion engagée par son Ministère pour appuyer les PME et faire évoluer les services qui leur sont actuellement proposés. Les conclusions des rapports qui lui ont été remis concernent l'ensemble des secteurs économiques. S'agissant plus particulièrement des industries agroalimentaires, je vous propose que nous consacrions la prochaine réunion de ce Conseil supérieur, au début de l'année 2003, à leur mise en uvre et au suivi des recommandations formulées en mars 2002.
Je souhaite que le dialogue que vous avez noué il y a quinze mois, entre les entreprises, les experts et l'administration, se poursuive. Je serai attentif à ce qu'il s'attache à l'amélioration du dispositif d'appui aux entreprises et à la simplification des procédures.
Enfin, le gouvernement, vous le savez, entend approfondir le mouvement de décentralisation. Dans le secteur agroalimentaire, nous devons également engager une réflexion sur la place des régions et des organismes régionaux dans le dispositif d'appui aux entreprises exportatrices et dans la programmation des actions, d'information et de promotion. J'invite là encore votre Conseil à y prendre toute sa part.
[Réduire les barrières non-tarifaires]
Le discours dominant nous invite à toujours davantage libéraliser la régulation de nos économies et l'accès aux marchés. Pour ma part, j'entends veiller à ce que, derrière ce discours en faveur d'un libéralisme généralisé, ne s'introduisent pas, au détriment de nos entreprises, de nouvelles barrières non-tarifaires (BNT).
J'ai conscience que vos efforts d'exportation sont fortement entravés par la multiplication de ces barrières non-tarifaires. C'est pourquoi j'entends mettre toute mon énergie pour les réduire puis les faire disparaître. Trop souvent, elles prennent pour prétexte des questions d'ordre sanitaire. J'en retire la nécessité d'harmoniser ces règles, et tout d'abord à l'échelle de l'Union Européenne. J'ai commandé, vous le savez, au Comité Permanent de Coordination des Inspections (COPERCI) une mission d'expertise sur ce point. Nos attachés agricoles dans les ambassades doivent, à cet égard, être nos " vigies avancées " et faire preuve d'une vigilance particulière en ce domaine. Je leur demande de m'indiquer régulièrement les entraves à nos exportations dont ils viendraient à avoir connaissance, de façon à ce que je puisse intervenir de façon efficace pour obtenir leur suppression.
[Segmenter notre offre]
Lors de votre premier débat, vous avez évoqué la " logique de dégagement des marchés ", qui, nous le savons, a trop souvent prévalu ces dernières décennies. A cette " logique de dégagement ", je vous invite à substituer une stratégie d'exportation différenciée.
Il n'est plus question aujourd'hui d'opposer le monde aux régions, le terroir à la production de masse, les produits de base aux produits à forte valeur ajoutée. Dans le même esprit, les marchés de volume ne sauraient être négligés, car ils conditionnent souvent, ne l'oublions pas, l'accès à des marchés plus qualitatifs.
L'image de la France demeure un atout pour nos exportations agroalimentaires. Mais celui-ci est fragile face à des compétiteurs qui s'adaptent plus vite aux demandes des marchés. Dans tous les cas, nous devons, et je sais que vous partagez mon point de vue, promouvoir la qualité de nos productions, dont témoignent leurs signes de qualité, et la richesse de notre offre. De nombreuses entreprises ont déjà pris cette orientation, mais d'autres, je le sais, restent encore à convaincre.
Mais c'est, d'abord, sur leur capacité à mieux répondre à la demande évolutive des marchés que nos entreprises doivent porter leurs efforts de réflexion et d'anticipation sur le plan marketing. Partout, les marchés tendent à se complexifier. Il n'y a plus désormais de marché unique pour un même produit et une même aire géographique, mais des marchés souvent fortement segmentés. Aussi, devons-nous privilégier, non plus une stratégie de l'offre mais une stratégie de la demande. Dans cet effort, les organismes d'appui régionaux ou nationaux ont des services adaptés à proposer aux entreprises.
[Susciter de nouvelles vocations exportatrices]
Plus largement, nous devons susciter de nouvelles vocations exportatrices parmi nos entreprises agroalimentaires, quelles qu'en soient la taille ou la localisation. Le nombre d'entreprises exportatrices dans le secteur agroalimentaire demeure, en effet, très inférieur à celui d'autres secteurs économiques. Sur cette question, je vous invite à conduire une réflexion en liaison avec les régions, qui sont au plus près des entreprises qui exportent ou qui seraient susceptibles de développer leur commercialisation à l'étranger.
*
* *
[Conclusion]
Mesdames, Messieurs, parmi tous les défis auxquels sont confrontées nos industries agroalimentaires, la relance de nos exportations figure en tête de mes préoccupations, car elles les résument tous.
Il y va de notre capacité à demeurer compétitifs, à maintenir l'excellence de nos productions et, tout en épousant la particularité de chaque marché, à faire partager un " art de vie à la française ".
Je connais votre ardeur et la capacité des industries agroalimentaires à toujours s'adapter aux marchés pour mieux répondre à leurs attentes. De votre côté, vous pouvez comptez sur mon écoute attentive et sur mon appui à toute action que vous souhaiterez conduire dans le sens que j'ai aujourd'hui indiqué.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 24 octobre 2002)
Mesdames, Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que je viens m'exprimer devant votre Conseil Supérieur des Exportations Agricoles et Alimentaires, et dans le cadre du SIAL dont chacun sait combien il est la vitrine du secteur agroalimentaire à l'export. La situation des industries agroalimentaires me tient d'autant plus à coeur que le Président et le Premier ministre ont souhaité que mon Ministère soit aussi désormais celui de l'Alimentation.
Lors de la seconde session de votre Conseil supérieur en mars 2002, vous aviez souhaité que soit organisé dans l'enceinte du SIAL, un forum réunissant les entreprises, les organisations professionnelles et interprofessionnelles et les acteurs du dispositif d'appui au commerce extérieur de produits agroalimentaires. Vous entendiez ainsi impulser une réflexion sur l'amélioration de notre dispositif d'accompagnement des entreprises agroalimentaires sur les marchés extérieurs. En concluant ce soir vos travaux, je m'efforcerai de vous faire partager mon constat et quelques orientations pour rendre à nos exportations leur dynamisme.
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Les exportations, qui constituent traditionnellement un débouché majeur pour vos entreprises, connaissent en effet un recul inquiétant.
[Conserver à notre secteur agroalimentaire sa vocation exportatrice]
Vous avez souligné, Monsieur le Président SCHERRER, l'importance du secteur agro-alimentaire pour notre économie et notre commerce extérieur. Le secteur agroalimentaire est, en effet, un secteur fortement exportateur et qui, j'ajouterai, a vocation à le rester.
On oublie, en effet, trop souvent que les industries agroalimentaires sont, avec le bâtiment et le génie civil, le premier de nos secteurs industriels et le troisième s'agissant de l'emploi de main d'oeuvre. Les industries agroalimentaires sont, par ailleurs, un partenaire privilégié de notre agriculture, dont elles transforment 70 % des productions. La France est, enfin, le second exportateur de produits alimentaires et le premier exportateur de produits alimentaires transformés dans le monde. Au total, ces exportations ne représentent pas moins de 20 % du chiffre d'affaires du secteur.
Relancer la dynamique exportatrice de nos industries agroalimentaires est ainsi un enjeu dont les implications dépassent de beaucoup ce seul secteur. Elles touchent à l'emploi, à l'équilibre de nos régions et à la capacité de la France à développer son excédent commercial.
C'est notamment sur ce constat que se fonde notre combat en Europe pour une politique agricole commune (PAC), qui soutiendrait efficacement la vocation exportatrice de notre secteur agricole.
[S'accorder sur le constat lucide d'un essoufflement]
La France doit ses résultats, d'abord à l'excellence de ses productions. On reconnaît souvent aux producteurs et aux marques françaises un souci de la qualité, qui leur valent -à juste titre- la faveur des consommateurs.
Mais cette poursuite de l'excellence ne doit toutefois pas masquer quelques signes tangibles d'essoufflement.
Il n'est pas question ici de céder à un quelconque sentiment de panique et encore moins de résignation, mais j'entends dresser avec vous un constat lucide de la situation.
Vous le savez, le bilan de notre commerce extérieur agro-alimentaire n'a pas été satisfaisant en 2001. Nos exportations agroalimentaires ont reculé de 3 points par rapport à leur niveau de 2000, tandis que les importations ont ainsi progressé. Le solde de notre commerce extérieur agroalimentaire a marqué un net repli, de 12 points pour les échanges au sein de l'Union Européenne et de 47 points avec les pays tiers.
Je dois cependant préciser que le commerce extérieur des industries agroalimentaires s'est légèrement amélioré depuis janvier dernier. L'excédent cumulé a ainsi progressé de 10 % par rapport aux huit premiers mois de 2001, pour atteindre 4,65 milliards d'euros, et l'on peut raisonnablement espérer que l'activité suivra la même tendance dans les prochains mois.
Au-delà de cette embellie bienvenue, force est de constater que dans la durée, nos parts de marchés continuent de s'éroder sur les principaux marchés internationaux.
La présentation qui vous a été faite cet après-midi lors de la seconde table ronde par mes services et ceux de la DREE, illustre bien les évolutions structurelles à l'oeuvre :
- l'accroissement des exportations de la France est, dans la plupart des zones géographiques, inférieur à l'augmentation des échanges eux-mêmes. Certains de nos concurrents en retirent ainsi des augmentations significatives de leurs parts de marché.
- Au sein même de l'Union Européenne, le recul est net. Nous perdons, en effet, 2,5 points de parts de marché en 8 ans, et plus encore sur nos principaux marchés : l'Espagne où elles reculent de 7,3 points, l'Italie de 6,6 points, la Hollande de 4,3 points et, dans une moindre mesure, l'Allemagne de 3 points.
La situation est tout aussi préoccupante sur nos principaux marchés tiers : l'Asie, les PECO, la CEI, le Proche et le Moyen Orient, où nous sommes également en perte de vitesse.
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Face à cette situation, je veux vous proposer de faire ensemble le pari de l'audace, afin de transfigurer ces contraintes en autant d'objectifs pour nous-mêmes.
" Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ", nous enseigne SENEQUE. Avant toute chose, je vous propose analyser lucidement nos faiblesses. Réformer les dispositifs d'appui, réduire les barrières non-tarifaires, mieux segmenter notre offre et susciter de nouvelles vocations exportatrices sont ainsi quelques orientations que je vous proposerai d'examiner ensemble.
[Analyser nos faiblesses]
Face à ces difficultés, il nous faut, tout d'abord, selon la formulation de votre table ronde, " relancer la dynamique " et réaffirmer la vocation exportatrice de nos entreprises.
Loin de nous satisfaire d'un discours incantatoire, nous devons, au contraire, conduire un profond travail d'analyse, marché par marché, et filière par filière, sur les raisons de cet essoufflement. Ce travail ne sera efficace que s'il est effectué dans le cadre d'une association étroite entre les professionnels et les pouvoirs publics. Des démarches de ce type existent déjà et Philippe JACHNIK a évoqué devant vous l'expérience de la filière laitière. C'est également la démarche que j'ai retenue pour la filière vitivinicole. En juillet dernier, vous le savez, j'ai demandé à ses responsables professionnels d'organiser un débat sur la base du rapport BERTHOMEAU, afin de redéfinir le positionnement de nos vins à l'export. J'attends que les conclusions de ce débat me soient transmises le mois prochain pour prendre les mesures les plus adaptées. Je sais par ailleurs que les exportateurs du secteur animal se réunissent régulièrement autour de l'OFIVAL, les exportateurs de pommes autour d'INTERFEL, et les équipementiers exportateurs autour de l'ADEPTA, pour n'évoquer que les " réseaux nationaux ".
Au-delà de ces quelques exemples, cette méthode doit être étendue à tous les secteurs qui ont été concernés par un recul de nos parts de marché. Votre Conseil supérieur sera appelé à jouer, en ce domaine, un rôle incitatif, pour mieux faire partager ces démarches et assurer leur diffusion au sein des filières. J'entends qu'il contribue, chaque fois que cela sera nécessaire, à structurer la réflexion entre les entreprises d'un même secteur. Je souhaite, pour cela, qu'il puisse identifier les besoins prioritaires des entreprises, en termes d'études, de veille stratégique, d'actions de promotion ou d'appui à la mise en uvre de stratégies marketing.
[Réformer les dispositifs d'appui]
Vous savez que le Ministère de l'Agriculture apporte une contribution particulière au dispositif d'appui général aux entreprises. Je sais combien ceux-ci sont utiles aux efforts d'exportation des industriels de votre secteur. Mais périodiquement, il nous faut, là comme en d'autres domaines, nous interroger sur leur adéquation et leur capacité à répondre de façon souple et adaptée aux besoins nouveaux qui se manifestent.
Au sein du dispositif d'appui national, le CFCE et la SOPEXA, qui mettent aujourd'hui en uvre l'essentiel de ces financements spécifiques, doivent adapter en permanence les services qu'ils rendent aux entreprises et à leurs interprofessions. Comme vous le savez, une réflexion est aujourd'hui en cours sur ce point.
Cette adaptation est d'ailleurs rendue nécessaire à la fois par l'évolution de la réglementation communautaire et par le processus de réforme de l'Etat. Clarifier et quantifier les missions et les services confiés par la puissance publique, fixer les règles du jeu de l'activité commerciale concurrentielle, assurer la cohérence et la flexibilité du dispositif, tels sont les enjeux des conventions que l'Etat conclut avec les organismes de promotion.
J'ai confiance que ceux-ci sauront s'adapter et optimiser les services qu'ils rendent aux entreprises et aux professionnels.
Je sais combien, en matière de programmation, votre Conseil peut utilement contribuer au décloisonnement des approches et à la définition de stratégies de veille et de promotion efficaces, et j'attends donc qu'il suive ces évolutions avec une vigilance particulière.
Dans son allocution d'ouverture, mon collègue, François LOOS, a évoqué la réflexion engagée par son Ministère pour appuyer les PME et faire évoluer les services qui leur sont actuellement proposés. Les conclusions des rapports qui lui ont été remis concernent l'ensemble des secteurs économiques. S'agissant plus particulièrement des industries agroalimentaires, je vous propose que nous consacrions la prochaine réunion de ce Conseil supérieur, au début de l'année 2003, à leur mise en uvre et au suivi des recommandations formulées en mars 2002.
Je souhaite que le dialogue que vous avez noué il y a quinze mois, entre les entreprises, les experts et l'administration, se poursuive. Je serai attentif à ce qu'il s'attache à l'amélioration du dispositif d'appui aux entreprises et à la simplification des procédures.
Enfin, le gouvernement, vous le savez, entend approfondir le mouvement de décentralisation. Dans le secteur agroalimentaire, nous devons également engager une réflexion sur la place des régions et des organismes régionaux dans le dispositif d'appui aux entreprises exportatrices et dans la programmation des actions, d'information et de promotion. J'invite là encore votre Conseil à y prendre toute sa part.
[Réduire les barrières non-tarifaires]
Le discours dominant nous invite à toujours davantage libéraliser la régulation de nos économies et l'accès aux marchés. Pour ma part, j'entends veiller à ce que, derrière ce discours en faveur d'un libéralisme généralisé, ne s'introduisent pas, au détriment de nos entreprises, de nouvelles barrières non-tarifaires (BNT).
J'ai conscience que vos efforts d'exportation sont fortement entravés par la multiplication de ces barrières non-tarifaires. C'est pourquoi j'entends mettre toute mon énergie pour les réduire puis les faire disparaître. Trop souvent, elles prennent pour prétexte des questions d'ordre sanitaire. J'en retire la nécessité d'harmoniser ces règles, et tout d'abord à l'échelle de l'Union Européenne. J'ai commandé, vous le savez, au Comité Permanent de Coordination des Inspections (COPERCI) une mission d'expertise sur ce point. Nos attachés agricoles dans les ambassades doivent, à cet égard, être nos " vigies avancées " et faire preuve d'une vigilance particulière en ce domaine. Je leur demande de m'indiquer régulièrement les entraves à nos exportations dont ils viendraient à avoir connaissance, de façon à ce que je puisse intervenir de façon efficace pour obtenir leur suppression.
[Segmenter notre offre]
Lors de votre premier débat, vous avez évoqué la " logique de dégagement des marchés ", qui, nous le savons, a trop souvent prévalu ces dernières décennies. A cette " logique de dégagement ", je vous invite à substituer une stratégie d'exportation différenciée.
Il n'est plus question aujourd'hui d'opposer le monde aux régions, le terroir à la production de masse, les produits de base aux produits à forte valeur ajoutée. Dans le même esprit, les marchés de volume ne sauraient être négligés, car ils conditionnent souvent, ne l'oublions pas, l'accès à des marchés plus qualitatifs.
L'image de la France demeure un atout pour nos exportations agroalimentaires. Mais celui-ci est fragile face à des compétiteurs qui s'adaptent plus vite aux demandes des marchés. Dans tous les cas, nous devons, et je sais que vous partagez mon point de vue, promouvoir la qualité de nos productions, dont témoignent leurs signes de qualité, et la richesse de notre offre. De nombreuses entreprises ont déjà pris cette orientation, mais d'autres, je le sais, restent encore à convaincre.
Mais c'est, d'abord, sur leur capacité à mieux répondre à la demande évolutive des marchés que nos entreprises doivent porter leurs efforts de réflexion et d'anticipation sur le plan marketing. Partout, les marchés tendent à se complexifier. Il n'y a plus désormais de marché unique pour un même produit et une même aire géographique, mais des marchés souvent fortement segmentés. Aussi, devons-nous privilégier, non plus une stratégie de l'offre mais une stratégie de la demande. Dans cet effort, les organismes d'appui régionaux ou nationaux ont des services adaptés à proposer aux entreprises.
[Susciter de nouvelles vocations exportatrices]
Plus largement, nous devons susciter de nouvelles vocations exportatrices parmi nos entreprises agroalimentaires, quelles qu'en soient la taille ou la localisation. Le nombre d'entreprises exportatrices dans le secteur agroalimentaire demeure, en effet, très inférieur à celui d'autres secteurs économiques. Sur cette question, je vous invite à conduire une réflexion en liaison avec les régions, qui sont au plus près des entreprises qui exportent ou qui seraient susceptibles de développer leur commercialisation à l'étranger.
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[Conclusion]
Mesdames, Messieurs, parmi tous les défis auxquels sont confrontées nos industries agroalimentaires, la relance de nos exportations figure en tête de mes préoccupations, car elles les résument tous.
Il y va de notre capacité à demeurer compétitifs, à maintenir l'excellence de nos productions et, tout en épousant la particularité de chaque marché, à faire partager un " art de vie à la française ".
Je connais votre ardeur et la capacité des industries agroalimentaires à toujours s'adapter aux marchés pour mieux répondre à leurs attentes. De votre côté, vous pouvez comptez sur mon écoute attentive et sur mon appui à toute action que vous souhaiterez conduire dans le sens que j'ai aujourd'hui indiqué.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 24 octobre 2002)