Texte intégral
F. Laborde.-Nous allons parler ce matin d'abord de sécurité routière : on aborde la fin de la semaine de la sécurité routière et un week-end de la Toussaint qui est toujours très meurtrier. C'est une priorité de réduire le nombre de morts sur la route - 8 000 par an, 150 000 blessés ?
- "C'est un grand chantier du président de la République, il l'a annoncé le 14 Juillet. Par conséquent, je prépare le budget de la sécurité routière qui va être en considérable augmentation. Surtout, je prépare tout un ensemble de mesures, parce qu'on ne peut pas rester dans cet état. La France est vraiment la mauvaise élève de l'Europe avec 8 000 morts par an, 150 000 blessés par an. C'est-à-dire que, quand on est cinq autour d'une table, statistiquement, il y en aura toujours un qui sera blessé au cours de sa vie. C'est inadmissible, il faut inverser cette courbe."
Dans les mesures dont on parle, on pense d'abord au permis de conduire. C'est vrai que depuis l'instauration du permis à points par P. Bérégovoy, il y a déjà plus d'une dizaine d'années, rien n'a été fait. Faut-il revoir le permis de conduire ? Certains pensent notamment à un permis de conduire provisoire, qu'il faudrait repasser régulièrement.
- "On peut penser au permis de conduire. Il faut un permis qui soit d'abord de meilleure qualité, si je puis dire, au niveau de l'apprentissage et aussi du temps d'examen. Aujourd'hui, l'examen dure 20, 22, 25 minutes. Il faudrait qu'il dure cinq ou dix minutes de plus, avec davantage de pratique de la conduite automobile. Et puis en amont, il faudrait aussi apprendre, ne serait-ce qu'aux adolescents, comment on se conduit, même en deux roues - en deux roues sans moteur et ensuite en deux roues avec moteur. Le permis ? Un permis probatoire. Donc, on n'a pas un permis définitif, mais il faut le mériter. Ensuite, quand on a le permis, très rapidement, le permis peut être supprimé quand on fait des fautes graves pouvant entraîner, effectivement, des accidents corporels."
Pour les jeunes, y compris en mobylette, il pourrait y avoir au moins quelque chose qui ressemblerait à quelques cours de pratique ?
- "Oui, on pourrait déjà en classe, par exemple, apprendre ce que c'est, dans le cadre de l'éducation civique, que d'être un bon citoyen lorsqu'on traverse une chaussée mais aussi lorsqu'on est en vélo ou en mobylette. Et cet apprentissage peut aussi rebondir sur les parents puisqu'un enfant qui monte dans la voiture des parents peut dire à son père : "Là, tu vas un peu trop vite" ou "tu sais, tu as refusé la priorité à droite à un autre automobiliste". Il peut y avoir aussi des exercices pratiques. Je suis donc en train d'étudier avec mes collègues, X. Darcos et L. Ferry, un apprentissage à l'école."
Ce serait un permis de mobylette à terme ?
- "Ce serait un apprentissage pratique et théorique de la bonne conduite sur la route."
Pour le permis probatoire, la période de probation durerait combien de temps ?
- "Je ne peux pas vous dire tout aujourd'hui, parce qu'on prépare 20 ou 25 mesures qui vont être annoncées au mois de décembre. Et le permis probatoire, ce pourrait être, par exemple, un an ou deux ans."
L'autre idée, c'est de poser des boîtes noires pour éviter à certains conducteurs d'aller trop vite. Il y a eu un très mauvais exemple récemment, puisque une voiture des services de protection d'un membre du Gouvernement a été arrêtée à 200 km/h. Pourrait-on mettre des boîtes noires sur les voitures des ministres, par exemple, pour éviter qu'ils ne roulent trop vite ?
- "La boîte noire est une idée parmi d'autres, amis qui mérite d'être testée. Et peut-être que l'on pourrait proposer à des entreprises, à des flottes d'entreprises ou à des flottes de l'administration de tester ce système. En quoi cela consiste-t-il ? Tout simplement, à avoir une petite boîte ou une puce dans l'automobile, qui donne la mémoire de ce qui s'est passé 10, 20, 30, 40 secondes avant un accident. C'est très utile pour l'automobiliste parce que si jamais il est victime d'un accident, au moins, il peut prouver sa bonne foi et en même temps toucher des indemnités justifiées. Alors que s'il n'y pas de mémoire et s'il n'y a pas de témoin, alors une victime non responsable peut, le cas échéant, n'avoir aucune indemnité."
Cela a aussi un effet dissuasif.
- "Mais surtout, ça responsabilise. C'est-à-dire qu'avec cela, on sait que, de toute façon, la mémoire étant là, si on commet une faute et qu'il y a un accident, on sera non seulement sanctionné mais on aura aussi, le cas échéant, la responsabilité. Par exemple, les Allemands ont actuellement cela à la police municipale de Berlin, je crois, et il est prouvé toute la partie de la flotte qui a cette mémoire, a environ 35 à 37 % d'accidents en moins. Si l'on pouvait obtenir cela en France, vous rendez compte ! On obtiendrait une réduction du nombre de tués sur la route de l'ordre de 2.500."
Vous pensez que les entreprises pourraient le faire ? Par exemple, elles ont des commerciaux qui souvent sillonnent les routes et sont un peu obligés de rouler vite, elles le feraient de bon gré ou au contraire... ?
- "Mais c'est leur intérêt de réduire le nombre d'accidents dans leur flotte automobiles. Il y aurait moins d'accidents de travail, il y aurait ensuite moins d'accidents matériels, donc un meilleur entretien. Ca leur coûterait donc moins cher. Et le petit coût d'installation de cette puce serait largement amorti, évidemment en vie humaine, mais aussi en dégâts matériels."
La Poste pourrait aussi en mettre sur ses camions ?
- "Des administrations pourraient se voir proposer effectivement ce genre d'installation qui responsabilise. C'est cela qui est important."
Selon un dernier sondage, 3 Français sur 4 trouvent que l'on n'est pas assez sévère en matière de condamnation des infractions. Faut-il augmenter les peines ? Car on parle beaucoup d'insécurité, on l'a vu avec toute la polémique autour de la loi Sarkozy, mais au fond, les vrais délinquants en France, ce sont les automobilistes ?
- "La première cause de délinquance, et surtout les conséquences de cette délinquance, ce sont les 8 000 morts sur les routes, ce sont les 150 000 blessés. C'est infiniment plus que les effets de la délinquance de droit commun - c'est-à-dire la grivèlerie, la violence, les crimes passionnels. Il faut donc absolument arrêter cela. Je suis même étonné qu'il n'y ait que 3 Français sur 4 qui demandent l'augmentation des peines. Je dis d'abord, faisons appliquer les textes qui existent et que l'on ne passe plus au travers lorsqu'on a commis une faute sur la route, parce qu'elle aurait pu être lourde de conséquences ou elle est lourde de conséquences. Et lorsqu'il y a une infraction qui est relevée, que la peine soit automatique. C'est cela qui est important."
Retrait de permis, c'est tout de suite ?
- "Retrait de permis, c'est par La Poste le lendemain ou le surlendemain. Il y aura des appareils susceptibles de relever l'infraction et d'envoyer de façon quasi automatique, avec un ordinateur, un envoi de retrait de points ou de suspension de permis de conduire. Il faut modifier quelques textes mais je suis très partisan de ce type de mesures, de façon à ce que personne ne se sente au-dessus des lois."
Hier, vous avez rencontré les salariés de la SNCF, qui ont établi une stratégie pour trois ans. Vous avez notamment parlé du service minimum, qui est la grande...
- "Je n'ai pas dit cela ainsi, si vous permettez. Je leur ai dit qu'il fallait réduire, à la SNCF notamment, la conflictualité. C'est-à-dire les grèves. Et 2002, jusqu'ici - mais nous ne sommes qu'au mois d'octobre -, est une bonne année, il n'y a pas eu beaucoup de grèves. Et donc, les conflits se sont réglés - ou les pré-conflits - à l'amiable. Donc, je leur ai dit que, plutôt que de se mettre en grève, d'emblée - et des grèves préventives -, il valait mieux négocier et se mettre d'accord par le contrat et par la négociation entre partenaires sociaux et responsables. Depuis deux, trois mois même maintenant, la SNCF, la direction et les représentants syndicaux, sont en discussion pour savoir comment on peut réduire, de façon volontaire, la conflictualité à la SNCF. Je pense qu'ils sont sur la bonne voie."
Vous pensez qu'il n'y aura plus de grève de façon volontaire ou vous pensez qu'on pourra instaurer un service minimum ?
- "Je n'ai pas dit ça. J'ai dit simplement que, avant de déclencher une grève, tous les autres moyens doivent être épuisés et la grève n'est jamais que le dernier recours si on n'aboutit pas à un accord."
Il y aura une veille minimum ?
- "Oui, et des préavis minimum. De toute façon, c'est une gestion interne à la SNCF. J'espère qu'ils vont aboutir de façon à ce que les usagers ne soient pas pénalisés, punis parce qu'il y a eu un mauvais dialogue qui s'est instauré dans l'entreprise. La SNCF, aujourd'hui, est beaucoup mieux partie par la voie du dialogue que par la voie d'une loi autoritaire qui impose un service minimum."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 octobre 2002
- "C'est un grand chantier du président de la République, il l'a annoncé le 14 Juillet. Par conséquent, je prépare le budget de la sécurité routière qui va être en considérable augmentation. Surtout, je prépare tout un ensemble de mesures, parce qu'on ne peut pas rester dans cet état. La France est vraiment la mauvaise élève de l'Europe avec 8 000 morts par an, 150 000 blessés par an. C'est-à-dire que, quand on est cinq autour d'une table, statistiquement, il y en aura toujours un qui sera blessé au cours de sa vie. C'est inadmissible, il faut inverser cette courbe."
Dans les mesures dont on parle, on pense d'abord au permis de conduire. C'est vrai que depuis l'instauration du permis à points par P. Bérégovoy, il y a déjà plus d'une dizaine d'années, rien n'a été fait. Faut-il revoir le permis de conduire ? Certains pensent notamment à un permis de conduire provisoire, qu'il faudrait repasser régulièrement.
- "On peut penser au permis de conduire. Il faut un permis qui soit d'abord de meilleure qualité, si je puis dire, au niveau de l'apprentissage et aussi du temps d'examen. Aujourd'hui, l'examen dure 20, 22, 25 minutes. Il faudrait qu'il dure cinq ou dix minutes de plus, avec davantage de pratique de la conduite automobile. Et puis en amont, il faudrait aussi apprendre, ne serait-ce qu'aux adolescents, comment on se conduit, même en deux roues - en deux roues sans moteur et ensuite en deux roues avec moteur. Le permis ? Un permis probatoire. Donc, on n'a pas un permis définitif, mais il faut le mériter. Ensuite, quand on a le permis, très rapidement, le permis peut être supprimé quand on fait des fautes graves pouvant entraîner, effectivement, des accidents corporels."
Pour les jeunes, y compris en mobylette, il pourrait y avoir au moins quelque chose qui ressemblerait à quelques cours de pratique ?
- "Oui, on pourrait déjà en classe, par exemple, apprendre ce que c'est, dans le cadre de l'éducation civique, que d'être un bon citoyen lorsqu'on traverse une chaussée mais aussi lorsqu'on est en vélo ou en mobylette. Et cet apprentissage peut aussi rebondir sur les parents puisqu'un enfant qui monte dans la voiture des parents peut dire à son père : "Là, tu vas un peu trop vite" ou "tu sais, tu as refusé la priorité à droite à un autre automobiliste". Il peut y avoir aussi des exercices pratiques. Je suis donc en train d'étudier avec mes collègues, X. Darcos et L. Ferry, un apprentissage à l'école."
Ce serait un permis de mobylette à terme ?
- "Ce serait un apprentissage pratique et théorique de la bonne conduite sur la route."
Pour le permis probatoire, la période de probation durerait combien de temps ?
- "Je ne peux pas vous dire tout aujourd'hui, parce qu'on prépare 20 ou 25 mesures qui vont être annoncées au mois de décembre. Et le permis probatoire, ce pourrait être, par exemple, un an ou deux ans."
L'autre idée, c'est de poser des boîtes noires pour éviter à certains conducteurs d'aller trop vite. Il y a eu un très mauvais exemple récemment, puisque une voiture des services de protection d'un membre du Gouvernement a été arrêtée à 200 km/h. Pourrait-on mettre des boîtes noires sur les voitures des ministres, par exemple, pour éviter qu'ils ne roulent trop vite ?
- "La boîte noire est une idée parmi d'autres, amis qui mérite d'être testée. Et peut-être que l'on pourrait proposer à des entreprises, à des flottes d'entreprises ou à des flottes de l'administration de tester ce système. En quoi cela consiste-t-il ? Tout simplement, à avoir une petite boîte ou une puce dans l'automobile, qui donne la mémoire de ce qui s'est passé 10, 20, 30, 40 secondes avant un accident. C'est très utile pour l'automobiliste parce que si jamais il est victime d'un accident, au moins, il peut prouver sa bonne foi et en même temps toucher des indemnités justifiées. Alors que s'il n'y pas de mémoire et s'il n'y a pas de témoin, alors une victime non responsable peut, le cas échéant, n'avoir aucune indemnité."
Cela a aussi un effet dissuasif.
- "Mais surtout, ça responsabilise. C'est-à-dire qu'avec cela, on sait que, de toute façon, la mémoire étant là, si on commet une faute et qu'il y a un accident, on sera non seulement sanctionné mais on aura aussi, le cas échéant, la responsabilité. Par exemple, les Allemands ont actuellement cela à la police municipale de Berlin, je crois, et il est prouvé toute la partie de la flotte qui a cette mémoire, a environ 35 à 37 % d'accidents en moins. Si l'on pouvait obtenir cela en France, vous rendez compte ! On obtiendrait une réduction du nombre de tués sur la route de l'ordre de 2.500."
Vous pensez que les entreprises pourraient le faire ? Par exemple, elles ont des commerciaux qui souvent sillonnent les routes et sont un peu obligés de rouler vite, elles le feraient de bon gré ou au contraire... ?
- "Mais c'est leur intérêt de réduire le nombre d'accidents dans leur flotte automobiles. Il y aurait moins d'accidents de travail, il y aurait ensuite moins d'accidents matériels, donc un meilleur entretien. Ca leur coûterait donc moins cher. Et le petit coût d'installation de cette puce serait largement amorti, évidemment en vie humaine, mais aussi en dégâts matériels."
La Poste pourrait aussi en mettre sur ses camions ?
- "Des administrations pourraient se voir proposer effectivement ce genre d'installation qui responsabilise. C'est cela qui est important."
Selon un dernier sondage, 3 Français sur 4 trouvent que l'on n'est pas assez sévère en matière de condamnation des infractions. Faut-il augmenter les peines ? Car on parle beaucoup d'insécurité, on l'a vu avec toute la polémique autour de la loi Sarkozy, mais au fond, les vrais délinquants en France, ce sont les automobilistes ?
- "La première cause de délinquance, et surtout les conséquences de cette délinquance, ce sont les 8 000 morts sur les routes, ce sont les 150 000 blessés. C'est infiniment plus que les effets de la délinquance de droit commun - c'est-à-dire la grivèlerie, la violence, les crimes passionnels. Il faut donc absolument arrêter cela. Je suis même étonné qu'il n'y ait que 3 Français sur 4 qui demandent l'augmentation des peines. Je dis d'abord, faisons appliquer les textes qui existent et que l'on ne passe plus au travers lorsqu'on a commis une faute sur la route, parce qu'elle aurait pu être lourde de conséquences ou elle est lourde de conséquences. Et lorsqu'il y a une infraction qui est relevée, que la peine soit automatique. C'est cela qui est important."
Retrait de permis, c'est tout de suite ?
- "Retrait de permis, c'est par La Poste le lendemain ou le surlendemain. Il y aura des appareils susceptibles de relever l'infraction et d'envoyer de façon quasi automatique, avec un ordinateur, un envoi de retrait de points ou de suspension de permis de conduire. Il faut modifier quelques textes mais je suis très partisan de ce type de mesures, de façon à ce que personne ne se sente au-dessus des lois."
Hier, vous avez rencontré les salariés de la SNCF, qui ont établi une stratégie pour trois ans. Vous avez notamment parlé du service minimum, qui est la grande...
- "Je n'ai pas dit cela ainsi, si vous permettez. Je leur ai dit qu'il fallait réduire, à la SNCF notamment, la conflictualité. C'est-à-dire les grèves. Et 2002, jusqu'ici - mais nous ne sommes qu'au mois d'octobre -, est une bonne année, il n'y a pas eu beaucoup de grèves. Et donc, les conflits se sont réglés - ou les pré-conflits - à l'amiable. Donc, je leur ai dit que, plutôt que de se mettre en grève, d'emblée - et des grèves préventives -, il valait mieux négocier et se mettre d'accord par le contrat et par la négociation entre partenaires sociaux et responsables. Depuis deux, trois mois même maintenant, la SNCF, la direction et les représentants syndicaux, sont en discussion pour savoir comment on peut réduire, de façon volontaire, la conflictualité à la SNCF. Je pense qu'ils sont sur la bonne voie."
Vous pensez qu'il n'y aura plus de grève de façon volontaire ou vous pensez qu'on pourra instaurer un service minimum ?
- "Je n'ai pas dit ça. J'ai dit simplement que, avant de déclencher une grève, tous les autres moyens doivent être épuisés et la grève n'est jamais que le dernier recours si on n'aboutit pas à un accord."
Il y aura une veille minimum ?
- "Oui, et des préavis minimum. De toute façon, c'est une gestion interne à la SNCF. J'espère qu'ils vont aboutir de façon à ce que les usagers ne soient pas pénalisés, punis parce qu'il y a eu un mauvais dialogue qui s'est instauré dans l'entreprise. La SNCF, aujourd'hui, est beaucoup mieux partie par la voie du dialogue que par la voie d'une loi autoritaire qui impose un service minimum."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 octobre 2002