Communiqué des services du Premier ministre, en date du 17 février 1994, sur la politique de lutte contre le SIDA.

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Intervenant(s) : 

Auteur(s) moral(aux) : Premier ministre

Circonstance : Réunion d'un comité interministériel sur les suites à donner au rapport de M. Luc Montagnier sur la lutte contre le SIDA, le 17 février 1994

Texte intégral

Le Premier ministre a présidé aujourd'hui un comité de ministres pour décider des suites à donner au rapport sur la politique de lutte contre le SIDA remis le 1er décembre dernier par le professeur Luc Montagnier.
- Quarante-trois des quarante-neuf propositions de ce rapport ont été retenues et seront mises en oeuvre sans délai.
- Elles s'articulent autour de quatre axes principaux :
- 1 - La coordination nationale et locale de la politique de lutte contre le SIDA.
- A cet effet, il est créé un comité interministériel. Présidé par le Premier ministre, il aura pour mission d'assurer la cohérence de la politique de lutte contre le SIDA sous tous ses aspects, et en particulier la prévention.
- Le Directeur général de la santé assurera la fonction de délégué interministériel pour la préparation et l'application des décisions de ce comité.
- La direction générale de la santé se voit attribuer les missions et les moyens de prévention et de communication, en conséquence, l'Agence française de lutte contre le SIDA sera dissoute. Ses personnels seront reclassés.
- Conformément aux recommandations du Professeur Montagnier, il a été décidé de créer des relais déconcentrés de coordination de lutte contre le SIDA dans les régions et départements les plus touchés ; à ce titre, cinquante emplois seront créés.
- Cette déconcentration permettra de renforcer la collaboration avec les associations agissant dans ce domaine.
- 2 - La recherche.
- Il est décidé de renforcer les actions dans les domaines de l'épidémiologie, des sciences sociales, et de mettre un accent particulier sur la recherche clinique, notamment pour les essais thérapeutiques.
- Les actions épidémiologiques, coordonnées par l'Agence nationale de Recherche sur le SIDA (ANRS) seront réalisées avec l'intervention des observatoires régionaux de la santé.
- L'ANRS mettra en place un fonds d'urgence doté de dix millions de francs pour répondre sans délai à de nouveaux besoins de recherche.
3 - La prévention
- L'information sur le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles sera inscrite dans le programme des collèges, dans le cadre plus large de l'éducation à la santé.
- Un effort particulier sera apporté à la réalisation de campagnes ciblées, qu'il s'agisse de prévention ou d'incitation au dépistage.
- Un plan de formation initiale et continue de tous les personnels qui sont en contact avec les jeunes ou amenés à prendre en charge les malades, sera mis en place.
- 4 - La prise en charge globale de la maladie.
- Il a été décidé :
- D'accélérer la procédure d'autorisation de mise sur le marché de nouveaux médicaments ;
- de programmer, région par région, la prise en charge des malades sur la période 1994 - 1996 ;
- d'augmenter de 15 % les moyens affectés aux moyens séjours hospitaliers et aux soins à domicile.
- Une attention particulière sera apportée aux soins palliatifs, afin de les adapter aux besoins des patients.
- Le gouvernement consacrera 101 millions de francs à la mise en oeuvre de ces actions, ce qui représente une augmentation de 14 % par rapport aux crédits inscrits en loi de finances initiale de 1994, pour l'ensemble des actions de lutte contre le SIDA.
- En particulier 30 millions de francs seront destinés à la formation, 17 millions de francs au renforcement des services déconcentrés de l'Etat et 30 millions au volet spécifique de lutte contre le SIDA et la toxicomanie dans les DOM-TOM.