Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, sur le journalisme et la communication politique, sur la France dans le monde et sur les réformes prioritaires de cohésion sociale, décentralisation, retraites, contrat d'intégration et droit d'asile, Paris le 10 janvier 2003.

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Circonstance : Présentation des voeux à la presse le 10 janvier 2003

Texte intégral

Aujourd'hui c'est une double grande première. Pour la première fois, le discours que je vais prononcer n'est pas déjà dans vos colonnes. D'ailleurs je l'ai écrit moi même, pour être sûr que je sois le seul à le posséder, pour vous apprendre enfin quelque chose. Deuxième première, c'est que je voudrais saluer tout d'abord tous les élus de l'Outre mer qui sont ici présents. J'ai souhaité qu'à l'occasion de ces voeux, on pense à toute la France et notamment à la France dans le monde et à tous les Français qui vivent sur des territoires d'Outre mer et qui ont quelquefois le sentiment qu'ils sont en dehors de notre communication nationale. Je crois que c'est de notre devoir, quand nous parlons information communication, de bien montrer l'espace qu'est le nôtre et notre espace, c'est la France dans le monde. Merci Madame, Messieurs les élus d'être présents. Merci monsieur le Président de vos voeux que j'apprécie sincèrement et en retour, pour vous même et pour l'ensemble des journalistes ici présents, je voudrais souhaiter une année de bonheur, une année d'épanouissement personnel et professionnel pour vous même et pour vos familles.
Je voudrais vous dire avec sincérité, mais pour ceux que j'ai déjà rencontrés depuis longtemps, ce n'est pas une surprise, j'aime votre métier. Je le connais un peu, je m'y confronte souvent et ce depuis longtemps. Je connais les critiques et les risques de la complicité donc je n'irai pas trop loin, rassurez vous. Mais j'aime votre métier et j'ai eu beaucoup de bonheur à parler avec beaucoup d'entre vous pendant mon parcours politique et d'ailleurs je dois à tous ceux ci beaucoup de gratitude car j'ai pu parler beaucoup avec eux sans qu'ils parlent beaucoup de moi, ce qui m'a permis d'être un homme neuf, tout en étant grâce à vous un peu expérimenté. Donc vous avez participé à ma formation sans le dire, vous êtes donc complices de tout ce qui a pu m'arriver.
Vous avez parlé de quelques grands journalistes aujourd'hui disparus. Quand je dis que j'aime ce métier, c'est que j'aime ces discussions, ces confrontations d'analyses, ces débats que nous avons souvent eus par petits groupes, c'est souvent ce qui a de plus dur quand les analyses se croisent, que les relais s'organisent. Jamais je ne pourrai oublier les débats que j'ai eus par exemple avec Gilles Bresson. Il commençait toujours avec un propos préliminaire qui avait l'air, au début du déjeuner, d'être la conclusion du déjeuner. Il le disait avec une telle force qu'on avait le sentiment qu'il avait fait le tour du sujet et que finalement nous étions en situation de dépendance intellectuelle. On aurait pu prendre cela pour de la dureté si on n'avait pas vu au bout de la cigarette, ce bout de sourire, cette humanité très présente qui montrait que cette démarche était provocatrice pour forcer l'interlocuteur à sortir de lui même et notamment à dire des choses qu'il n'avait pas prévu de dire. Je pense aussi à cette élégance dont vous parlez pour Paul Guilbert, cette élégance qui était parfois une certaine distance au delà du message. Paul allait souvent chercher une analyse de l'examinateur, une analyse où il était face à l'interlocuteur en train de l'observer. J'ai pu bénéficier de cet examinateur bien veillant souvent et de ses analyses, et je ne peux oublier cela. Quant à Patrick Bourrat, je crois qu'il laisse de votre métier, une très belle image pour tous les Français, d'un journalisme debout, que seul un char a pu interrompre.
Je pense en effet à tous ceux qui exercent ce métier dans des conditions difficiles, notamment quand la liberté est en cause, et je pense aussi à tous ceux qui l'exercent de manière difficile, sur le plan économique ou sur le plan social. Vous pouvez compter sur l'attention et l'action du gouvernement pour défendre ce pluralisme de la presse, ce pluralisme de l'expression sans lequel notre démocratie ne serait pas vivante et pour lequel nous serions tous en risque de danger politique. Cette diversité des médias, des talents et des convictions est très importante et elle appartient à notre patrimoine républicain, cette France à laquelle nous sommes attachés. Donc, très sincèrement, j'aime votre métier.
Mais je sais que nous sommes différents et j'ai pu observer nos différences. Souvent, quand je discute avec un journaliste, je retrouve la même situation que quand on discute avec un ami québécois : vous faites asseoir l'ami québécois à votre table et vous êtes, pendant les cinq premières minutes, convaincu qu'il est français et au bout de cinq minutes, vous vous apercevez qu'il est américain. Avec les journalistes, vous vous dites : on parle la même langue mais on n'est pas tout à fait, quand même, dans la même culture. On a ce point commun qui fait que nous sommes les versants souvent d'une même montagne mais nous sommes fondamentalement différents sur bien des sujets, l'homme politique et le journaliste. Il faut cultiver nos différences et savoir apprécier nos proximités.
Parmi les différences, j'en vois deux qui me paraissent très importantes : la première, c'est votre relation au temps. Notre relation au temps, nous, hommes politiques, et la vôtre, n'est pas la même. Vous, vous êtes des amis de l'immédiat et vous aimez beaucoup avoir les conclusions d'une réunion avant qu'elle se soit tenue. Vous aimez toujours pouvoir anticiper et en savoir toujours plus. Moi, j'ai besoin du temps, et vous, vous êtes là, en considérant que le temps dont j'ai besoin est du temps dont je pourrais quelquefois me passer. Mais non, je ne peux pas m'en passer. Vous êtes amis de l'immédiat, moi je suis ami du temps aussi, mais ce n'est pas le même. Je comprends bien vos exigences et je les respecte. Mais je voudrais qu'on soit conscient que là, nous avons des différences de nature qui rendent notre dialectique naturellement non superposable.
Je crois vraiment que la politique, c'est la science du temps, et donc, par définition, nous avons une difficulté professionnelle. Je crois vraiment que maîtriser le temps, c'est très important de ne pas vouloir tout faire en même temps, de pouvoir structurer, de pouvoir architecturer l'action politique. Le temps, c'est ce partenaire permanent avec lequel on doit travailler, sachant donner des coups d'accélération et, quelquefois, des ralentissements. Tout ceci est très difficile. Je me serais bien attaché à essayer d'approfondir les questions, mais j'ai lu une fois, chez Berlioz, que le temps est un grand maître, mais le malheur c'est qu'il a tendance à tuer ses élèves. Donc, il faut être prudent dans cette connaissance du temps. Mais je crois qu'il y a, là, des divergences qui font que nos métiers sont difficiles, quelquefois à exercer ensemble. Alors, je comprends bien la pression qui est la vôtre à toujours en savoir plus. Comprenez aussi la nôtre qui est de structurer notre action dans la durée.
Nous n'avons pas le même rapport au temps et nous n'avons pas le même rapport à la communication. J'ai cru comprendre tout à l'heure, dans l'usage que vous faisiez du mot "communication", que ce n'était pas tout à fait un compliment. Je voudrais vous dire que, là, vous me semblez quelquefois ne pas avoir complètement raison. Voyez combien je suis prudent avec vous. Car, je crois qu'il y a une foule de vieux débats que je vois ressortir depuis longtemps et qui me paraissent complètement dépassés. Quand je vois encore le débat du fond, de la forme, du média, du message, de l'information, de la communication et de l'action ... Tout cela a beaucoup changé, tout cela s'est aujourd'hui beaucoup rassemblé. Et quand vous voyez dans l'expression culturelle, aujourd'hui, la peinture revenir sur le devant de la scène, vous vous dites "le peintre, forme ou fond", et quand vous voyez le pédagogue, vous vous dites : communication ou action. Quand on regarde les choses de près, aujourd'hui, on voit que la communication est un outil de l'action, et qu'il faut convaincre, et qu'il faut formaliser, et qu'il faut faire partager. Et donc, je crois qu'il est très important d'avoir cette capacité à mesurer que la communication, c'est de l'interactivité. Et chers amis, je vais vous mettre dans le même sac, vous et nous, journalistes et politiques. Je pense que le 21 avril, c'est un déficit de communication.
A t on bien entendu ce que le peuple disait, ce que le peuple pensait ? Est ce que la communication a été suffisamment interactive pour que l'on comprenne bien ce que la société française disait ? Ou est ce que, comme ça, en un seul, jour, le 21 avril, les Français ont décidé de nous envoyer ce message si fort et si profond ? Je pense que cette attente pour "l'ascenseur informationnel", pour que les choses remontent, cette interactivité, cette communication non verbale, ne la mésestimez pas, je vous le demande. Je vois bien, ici ou là, quand on va en province, on dit "oh, il va en province." Mais si vous saviez ce que quelqu'un qui aime les autres, qui est attentif aux autres tire des regards. Mieux vaut quelquefois mille regards dans une salle, il vaut mieux quelquefois une rencontre, quelqu'un qui descend d'un trottoir pour ne pas être avec vous au moment où vous allez franchir tel pas de porte, quand vous êtes dans un hôpital, la mère de famille qui vous ouvre la porte ou qui vous ferme la porte : ces messages là, on les reçoit, on les entend, ils ont du sens. Je crois qu'il est très important de penser que la communication, c'est de l'échange. Avec le président de la République, je crois avoir une bonne et saine communication. Mais je tire autant de ses silences que de ses messages, de ses attitudes, de ses attentions. Je crois que nous envoyons les uns et les autres de multiples messages et qu'il faut être ouvert à tout cela. La communication, c'est cette ouverture aux autres ; elle exige beaucoup d'attitude personnelle, elle exige beaucoup de respect de l'autre, elle exige cette capacité à, peut être quelquefois, une certaine modestie. Je vois que là encore, quelquefois, on se trompe sur le mot. L'humilité, ce n'est pas s'abaisser, c'est s'ouvrir. Et la communication, c'est d'abord être attentif aux autres, c'est d'abord comprendre pour pouvoir réagir. Quelquefois, on la confond avec la manipulation et avec la propagande. Mais alors, qu'on juge la communication sur la parole, l'éthique, les résultats. Oui, il faut évaluer et je suis bien naturellement engagé dans cette action de la nécessité de l'évaluation. Mais je pense vraiment que la société française a quelquefois le sentiment qu'elle n'est pas entendue. Donc, nous devons être attentifs à cela.
Je me souviendrai de ce 21 avril, que j'ai pris comme vous tous, comme un extraordinaire coup de poing d'une société qui nous dit : "ah, vous ne voulez pas nous entendre, et bien on va vous le dire quand même." Je me souviens minute par minute de ces jours là. Je me souviens de ceux qui, à 20h01 disent qu'ils vont voter J. Chirac - d'ailleurs je devrais dire celui -; je me souviens de ceux de 20h07, de 20h45, ceux de 22h00, ceux de jamais. Je me souviens du climat qui était le nôtre ; je me souviens de toutes ces crispations qui ont pu être exprimées et d'un seul coup, être analysées. Je crois que la société française nous a dit, à ce moment là combien il fallait qu'on soit davantage attentifs à elle. Et ce message du 21 avril, je crois que nous devons tous le traiter et que parmi les façons de le traiter, il y a cette interactivité et cet échange public, cette attention qui est particulièrement importante.
En ce qui nous concerne, nous, Gouvernement, comment voulons nous le traiter, comment traitons nous cette réponse ? Je ne vais pas vous faire ici un discours de politique générale vous avez remarqué qu'ils sont en général trop longs. Je veux dire que nous répondons par deux éléments principaux.
D'abord, tout ce qui concerne l'attitude. Je crois que tout ceci est important. Au delà du symbole, n'oublions pas l'information non verbale. Elle existe aussi. Le respect des autres, la proximité. Ce souhait que nous avons de ne pas gouverner la moitié d'une France contre l'autre moitié. Quand je dis que nous ne souhaitons pas un pilotage idéologique, c'est pour bien montrer que nous répondons aux Français, y compris ceux qui ont rejoint le camp que je représentais, dès le 21 avril ou le 5 mai, pour leurs votes. Nous devons penser à eux. Et aujourd'hui, quand on regarde globalement les études d'opinion, on sent que ces gens là sont globalement, relativement - il faut toujours être prudent - en phase avec ce que nous faisons. Parce que nous voulons travailler pour la France, pas pour un camp ou pour un autre, pas pour une idéologie contre une autre ; nous voulons faire en sorte qu'on puisse être ouvert aux uns et aux autres et cette attitude d'ouverture, de respect est je crois très importante. Bien sûr, avec les responsables politiques, quelquefois, dans l'arène de l'Assemblée nationale, on ne donne pas tout à fait l'image de ce rassemblement nécessaire. Pour ma part, j'y veillerai encore davantage dans l'avenir, pour faire en sorte que, vraiment, les Français aient le sentiment que la politique, ce n'est pas un sport, ce n'est pas une équipe contre une autre : on est tous l'équipe de France. Donc, il y a des coups qu'il ne faut pas se faire, pour pouvoir, ensemble, défendre les intérêts du pays. Qu'on se confronte, qu'on débatte mais qu'on sache être positif. Et je remarque ce cycle notamment dans le camp des vaincus - nous avons été suffisamment vaincus pour le connaître - ce cycle qui consiste à avoir une perte de repères et à chercher dans une opposition systématique à retrouver des repères. Mais dans le négatif, on ne retrouve pas la capacité d'audience ; il faut être positif pour être entendu et on n'est pas positif parce qu'on est agressif. Donc, c'est ainsi que, finalement, c'est une spirale qui fait que ce n'est pas par l'opposition qu'on retrouve forcément la crédibilité. C'est par la construction. Je crois qu'il y a là une attitude qu'il nous faut, tous ensemble dans la classe politique, développer pour pouvoir gagner cette confiance pour la mission qui est la nôtre.
Deuxième réponse : l'action. J'en cite trois parce qu'elles me semblent importantes sur ce chapitre de cohésion sociale qui est très important pour notre pays et qui fait partie de cette exigence née du 21 avril. La première nécessité, c'est la décentralisation. Je l'ai dit et redit ; nous avons beaucoup travaillé sur ces sujets. Ne vous trompez pas, là encore, en termes de communication, d'information. Les Français veulent la décentralisation ; ils ne comprennent pas forcément toute l'ingénierie de la décentralisation, bien sûr, mais il y a beaucoup de sujets sur lesquels on ne comprend pas l'ingénierie. Croyez vous qu'on comprend vraiment exactement ce qu'est l'ingénierie de notre système social ? Mais la décentralisation, c'est à dire la responsabilité au plus près du terrain, ça, les gens comprennent ce que cela veut dire, et ça les gens le veulent. Nous avons préparé pour les mois qui viennent un certain nombre de décisions importantes. Vous verrez des régions renforcées avec des pouvoirs nouveaux, vous verrez des collectivités territoriales qui auront des capacités d'initiative nouvelles. Vous verrez des universités qui vont aller vers plus d'autonomie. Nous allons construire l'autonomie des universités, en accord avec la conférence des présidents des universités qui a déjà tracé le chemin sur le sujet. Nous allons vers une grande réforme des finances locales.
Je prends l'engagement ici que, dans cinq ans, le total de la fiscalité nationale plus la fiscalité locale aura baissé, grâce à une grande réforme des finances locales. Nous allons partager un grand impôt national comme le font les grands pays modernes. La TIPP, la taxe sur les produits pétroliers va être partagée avec les collectivités territoriales, et nous avons pour cela, pour agir, pour avoir une capacité d'action, et la possibilité des transferts, et la possibilité de l'expérimentation qui nous sont ouvertes par la loi constitutionnelle de décentralisation.
Un certain nombre d'autres initiatives sont prises. Mais, vraiment, nous allons inverser le mouvement pour faire en sorte que l'architecture de notre administration soit profondément changée et simplifiée. Vous verrez que les territoires eux mêmes vont avoir la parole et qu'ils vont, eux mêmes, faire bouger les dispositifs, et faire en sorte qu'ils soient simplifiés. La décentralisation, c'est une étape importante de nos prochaines semaines.
La réforme des retraites, le président de la République en a parlé, il a tracé le chemin. Nous sommes engagés dans une concertation approfondie, que nous voulons très ouverte. On sait bien que c'est une réforme nécessaire ; on sait qu'il faut surmonter cette impasse de 2006, et donc, il faudra faire des réformes profondes. Mais il faut faire des réformes pour la France, pas pour les uns contre les autres. Nous ne voulons pas opposer le secteur privé et le secteur public, et vous avez pu remarquer d'ailleurs que, dans les consultations qui sont organisées, c'est le ministre du Travail et le ministre de la Fonction publique les Affaires sociales et les Fonctionnaires qui, ensemble, reçoivent les délégations, pour bien montrer qu'il s'agit d'un même dossier. Et ce dossier, nous voulons le traiter avec équité, de manière ouverte. Le calendrier est fixé. Nous sommes, pour ce mois de janvier, dans une démarche politique ; puis les partenaires sociaux, puis ensuite, au printemps, les parlementaires. Je voudrais vraiment vous dire que notre détermination sur ce sujet est forte, parce que c'est une exigence du pays. Cette réforme a trop tardé.
J'entends, ici ou là, que l'on commente les résultats d'EDF sur ce sujet comme une étape qui serait ou positive ou négative. Je veux vous dire que très franchement, je ne suis pas surpris par la situation à EDF. Je voudrais dire que l'accord de branche qui a été signé par trois syndicats sur cinq, présente de nombreux éléments positifs. Donc, c'est un accord majoritaire de branche qui a été signé, et qui présente pour nous, un certain nombre d'éléments positifs. Je tiens à saluer le travail qui a été fait. Je comprends qu'il y ait là un débat et je comprends que cet accord, ce relevé de décisions, fasse débat. Nous sommes sur ce sujet dans un grand débat national qui s'ouvre. Le débat n'entame en rien, sur le sujet des retraites dans son ensemble, la détermination du Gouvernement.
Troisième élément important de notre action, dans cet esprit du 21 avril : c'est ce que nous devons faire pour l'intégration, pour la politique de la ville, pour la lutte contre l'exclusion, pour la réforme du droit d'asile, pour le contrat d'insertion. Le contrat d'intégration est un élément très important, pour faire en sorte qu'on n'ait pas cette nationalité à plusieurs vitesses, qu'on n'ait pas cette indignité de la France qui laisse des mois et des mois durant des étrangers sur notre territoire, sans qu'ils aient des réponses des autorités françaises sur leur statut. Il y a là vraiment des efforts très importants qui sont à faire avec ceux de l'école, avec ceux qui touchent tout notre tissu social.
Il y aurait beaucoup de choses à dire. Vous aurez, dans les semaines qui viennent, dans l'action parlementaire, la possibilité de voir se dérouler l'ensemble de nos initiatives. Mais je voulais insister sur ces trois réformes qui sont des réformes pour la cohésion sociale, qui sont des réformes en réponse à la fragilité du tissu social français qui s'est exprimé au printemps 2001. Décentralisation, retraites, intégration : ce sont des priorités qui nous ont été fixées par le président de la République et pour lesquelles le Gouvernement est engagé avec détermination.
Je termine pour vous dire que dans un monde fou, on a besoin d'une France sage. Nous voyons, aujourd'hui, des tensions partout dans le monde. Et nous voyons que ce qu'a apporté la France, sa crédibilité, ce sont souvent ces attitudes d'humanisme, de pensée universelle, ce qu'on pourrait rassembler sous le mot de sagesse. C'est, je crois, très important pour nous. Nous restons déterminés pour être opposés à la guerre. Nous savons bien que la guerre, c'est ce qui reste quand toute autre initiative, tout autre démarche a été essayée. Et nous resterons sur cette position. Et si nous intervenons aujourd'hui en Côte d'Ivoire, c'est pour la paix. Si le ministre des Affaires étrangères est aujourd'hui en déplacement en Asie, c'est pour veiller au développement récent, à partir des initiatives de la Corée du Nord pour, encore une fois, défendre la paix. Ce sont des éléments très importants du message de la France, cette France qui grâce à ses territoires et départements d'Outre mer, est présente partout sur le globe, et se doit de défendre ses messages, son humanisme, sa pensée, ce qui finalement fait que la France est entendue dans le monde, et qu'aujourd'hui, on a le sentiment que sur les grandes sujets, la voix de la France porte. C'est, je pense, très important pour nous tous, de savoir que derrière notre action, nous parlons à une France dispersée dans le monde mais rassemblée autour de son président et de ses valeurs. C'est, je crois, pour nous tous, une responsabilité importante, mais c'est aussi une tâche mobilisante.
Bonne année à chacune et à chacun d'entre vous.
Je vais terminer cette séance par un acte de communication. Je vais vous serrer la main. Mais franchement, est ce un acte superficiel, et pensez à P. Eluard qui dit : "on transforme sa main en la mettant dans celle d'un autre". Je vous remercie.

(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 13 janvier 2003)