Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis d'être aujourd'hui parmi vous pour ouvrir une journée de réflexion et de travail qui se situe au cur des enjeux économiques que porte mon ministère.
Cette manifestation qui associe l'administration et les grandes fédérations professionnelles du bâtiment et des travaux publics témoigne d'un partenariat dont je me félicite.
Le secteur français des travaux publics a prouvé depuis longtemps sa capacité à s'imposer sur les marchés étrangers. Si le marché du bâtiment est plutôt national, voire régional, je note que la concurrence internationale commence à s'y développer et plus encore avec l'introduction de l'Euro. Dans les deux branches, la compétitivité est donc un atout décisif.
C'est d'abord sur le territoire national que nous pouvons prouver la qualité de nos réalisations. Un chantier comme celui du viaduc de Millau qui va s'ouvrir prochainement, avec ses 2.500 mètres de long et ses 270 mètres de haut, est l'exemple de ce qui peut être valorisé ensuite à l'exportation.
La question se pose aujourd'hui pour l'ensemble du secteur de la construction de rester capable de drainer des ressources autant que d'autres secteurs d'activité dont le taux de rentabilité immédiat ou apparent est souvent plus élevé. Ce type d'arbitrage apparaît dans la stratégie de certains groupes dont la construction n'est pas la seule branche d'activité. Le risque existe de voir le secteur de la construction menacé par ce qu'on nomme parfois la dictature du court terme.
Il nous a donc paru nécessaire de nous interroger, ensemble, sur la compétitivité de ce secteur.
Il y a évidement une première façon de rechercher la compétitivité, qui consiste à faire pression le plus fortement possible sur les coûts salariaux, que ce soit en comprimant les salaires ou en supprimant des emplois. J'écarte d'entrée cette méthode, non seulement parce qu'elle ne correspond pas à la politique du gouvernement, mais aussi parce qu'elle n'est adaptée ni au besoins ni aux structures d'un pays développé, qu'elle ne permet pas de valoriser nos atouts et donc, qu'elle n'est pas efficace.
Il y a une autre voie, qui consiste au contraire à s'appuyer sur l'innovation à la fois technique et organisationnelle, sur la formation et donc aussi sur le progrès social. Cette voie, celle que nous voudrions explorer avec vous, c'est aussi celle des partenariats qu'il convient d'améliorer, de développer entre tous les acteurs qui interviennent dans le secteur du BTP, l'État, les collectivités locales, les entreprises.
C'est cette voie que je vous propose et sur laquelle je voudrais maintenant poser quelques jalons.
Où est le rôle de l'État sur le sujet qui nous occupe ?
Il est sûrement d'agir, en partenariat avec les collectivités locales, dans le domaine du conseil. Je veillerai en particulier à ce que les Fonds Régionaux d'Aide au Conseil, les FRAC-BTP, soient bien pris en compte dans la nouvelle génération des contrats de plan Etat-régions 2000-2006. J'ai d'ailleurs déjà réservé des crédits à cet effet dans le projet de loi de finances 2000. Les PME doivent pouvoir continuer à bénéficier de conseils extérieurs en vue d'améliorer leurs performances ou de recruter des cadres pour des fonctions nouvellement créées.
L'État doit aussi éclairer le cadre dans lequel s'exerce l'activité de vos entreprises. L'existence de structures permanentes d'observation, d'analyse et de dialogue est, à cet égard, indispensable.
Je salue le travail effectué depuis 1994 dans le cadre de l'observatoire national du bâtiment et des travaux publics, qui nous donne à tous une meilleure connaissance du secteur. Cet observatoire a maintenant trouvé son rythme et sa place et sans doute cette journée l'aidera-t-il à identifier de nouvelles pistes de travail. J'observe, par ailleurs, que les cellules économiques régionales de la construction constituent des instances utiles d'analyse et d'échange, et je souhaite le renforcement de leur action.
Mais le rôle de l'État ne se limite pas à comprendre et dialoguer. Il est aussi d'accompagner les évolutions du secteur, si possible en les anticipant. Il doit encourager et réguler sur les plans de la formation, de la recherche, des relations sociales, de l'investissement, j'y reviendrai.
Vos métiers sont d'une nature et d'un poids particuliers. Le bâtiment ne doit-il pas répondre à un besoin fondamental qui est celui de se loger dans un cadre de vie de qualité ? Comment ne pas mesurer le rôle des travaux publics, dans l'aménagement et la valorisation de notre territoire ? En d'autres termes, la qualité, reconnue dans le monde entier, des travaux de vos entreprises conditionne la qualité de la vie de nos concitoyens.
Ce rôle déterminant s'exprime aussi en chiffres. La production du secteur s'est élevée en 1998 à 615 milliards de francs hors taxe en France et à 83 milliards à l'étranger.
La valeur ajoutée de la construction représente 4,7 % du PIB. Avec près de 280 000 entreprises et 1.117.000 salariés permanents, la construction représente près de 8 % des effectifs salariés, chiffres auxquels il faut ajouter environ 88 000 intérimaires.
Je me réjouis bien sûr du contexte économique plus favorable pour vos professions. 1998 a été l'année de la reprise après six années de recul de l'activité, avec plus de 1 % de hausse pour l'ensemble du secteur. Cette progression s'est amplifiée au premier semestre de cette année grâce à la forte croissance de la construction de logements et de bâtiments non résidentiels, mais aussi en raison de l'amélioration, il est vrai plus limitée, de la situation dans les travaux publics.
Je retiens surtout que, depuis un an, les entreprises embauchent à nouveau.
Je sais que cette réalité ne se traduit pas avec la même ampleur dans le bâtiment et dans les travaux publics, ce dernier secteur ayant encore perdu des emplois en 1998. Je n'oublie pas non plus les très nombreuses suppressions d'emplois qui ont précédé. Mais la tendance est aujourd'hui favorable et, pour 1999, l'effectif salarié pourrait progresser d'environ 40 000 postes.
S'agissant du bâtiment, cette tendance favorable s'explique par le bas niveau des taux d'intérêt, la hausse de l'investissement des entreprises, la diminution du chômage et, bien entendu, les nombreuses mesures favorables au logement prises depuis deux ans par le gouvernement.
Vous savez que la politique du logement est une priorité, maintes fois réaffirmée par le Premier ministre à laquelle, tout comme Louis Besson, je suis particulièrement attaché.
S'agissant des travaux publics, pour la première fois depuis 1992, l'activité dans ce secteur a évolué plus rapidement que l'ensemble des autres secteurs économiques au cours des deux premiers trimestres de cette année : + 4 % au premier trimestre contre + 1,8 % dans les autres secteurs, et + 5,7 % au deuxième trimestre contre + 1,5 %.
On note également une certaine reprise de l'investissement des collectivités locales dans les travaux publics,
En ce qui concerne la capacité de commande de l'État, je voudrais surtout noter la reconstitution de la capacité d'investissement du ministère de l'Équipement, qui touche aussi bien les routes (premier poste de dépense) que les chantiers de transports urbains ou ferroviaires. En 2000, l'investissement dans le secteur de l'équipement et des transports s'élèvera à 15,3 milliards, en hausse de 8,1 % par rapport à 1999. Les crédits d'investissements augmentent régulièrement sur les 3 budgets que j'ai eu à préparer, au rythme moyen de 5,7 % par an.
Je vous rappelle les réductions fiscales en faveur du logement évaluées à 28 milliards de francs qui constituent également un soutien massif à l'investissement.
Les actions que vous menez pour la compétitivité et que nous cherchons à démultiplier s'inscrivent, chaque jour un peu plus, dans un contexte européen en pleine évolution.
Bien que le domaine de la construction ne soit pas, en tant que tel, inclus par le Traité de Rome dans le champ des politiques communautaires, la dimension européenne est devenue très présente. Citons quelques exemples ayant un impact direct sur la construction :
réglementation des marchés publics (la directive "Travaux") et de certaines concessions,
normalisation et directive produits,
formation, fonds structurels...
Je note aussi l'intérêt de la Commission européenne pour le secteur de la construction, que prouve sa proposition d'un plan d'action pour la compétitivité du secteur. Ce projet, qui vous sera présenté de manière plus détaillée cet après-midi, indique quatre axes de progrès : la qualité, le cadre réglementaire, la formation et la recherche. Il reste sans doute à ce stade un peu général. Nous serons particulièrement attentifs à le rendre concret en veillant à ses implications sociales et professionnelles.
Votre ordre du jour m'amène à évoquer quelques dossiers sur lesquels nous sommes appelés à progresser.
Je pense au droit de la commande publique dans sa double dimension interne et communautaire.
La réforme du code des marchés publics, projet qui, je le sais, vous préoccupe tous, est maintenant engagée. Vous avez été associés à la phase de concertation interministérielle sur ses principes. Sur le fond, je souhaite que cette réforme soit l'occasion d'une simplification et d'une clarification des textes et des procédures, garantes d'une meilleure sécurité juridique des projets et d'un accès plus facile des PME aux marchés. Il me paraît également important que soit affirmée et confortée la responsabilité des maîtres d'ouvrages dans la sélection des entreprises et le choix des offres, permettant ainsi de donner sa pleine valeur au concept de mieux disant qui reste essentiel.
Enfin, la nécessaire rigueur des règles ne doit pas porter atteinte à la promotion de l'innovation et à la créativité des entreprises.
Je serai également attentif à ce que fera la Commission européenne afin que les concessions demeurent, en France comme dans les autres pays, un mode de partenariat public/privé efficace, avec une sécurité juridique renforcée.
Je pense enfin à la question d'actualité des 35 heures.
La loi du 13 juin 1998 a été suivie de négociations entre les partenaires sociaux, qui ont abouti dans vos professions à deux accords, conclus l'un avec la CAPEB, l'autre avec la FFB, la FNTP et la FNS-COP. Ces deux accords importants ont été étendus par arrêtés. Il est d'ores et déjà possible de mesurer leur impact sur la profession. A ce jour, plus de 1 600 accords d'entreprises ont été signés, concernant près de 60 000 salariés. Environ 5 000 emplois ont ainsi d'ores et déjà été créés ou préservés.
La seconde loi est en voie d'adoption. Vous connaissez maintenant l'équilibre qu'elle définit entre les garanties pour les salariés et la souplesse pour les entreprises. Le secteur de la construction a déjà connu et intégré d'autres avancées sociales importantes : je gage que, par la négociation, il saura assumer cette réforme en soutenant l'emploi et en maintenant la compétitivité.
Dans un secteur comme le vôtre, la compétitivité ne peut plus aujourd'hui être dissociée de ce qu'on appelle la "démarche qualité".
Quel bilan peut on à ce jour tirer de cette démarche ?
Pour le bâtiment, le nombre de certificats a rapidement augmenté jusqu'en 1995, et semble désormais stabilisé à près de 1 400. En ce qui concerne les certificats "travaux publics" créés plus récemment environ 1 000 au total ont été délivrés.
A ces chiffres, s'ajoutent les certifications "ISO 9 000", au nombre de 600.
Il y a donc progrès réel dans la prise en compte de la qualité, mais il reste à mes yeux insuffisant au regard du nombre d'entreprises du secteur. Je suis conscient des efforts que représente une telle démarche pour toute entreprise qui s'y engage, et pour la totalité de son personnel. Mais il me paraît indispensable d'amplifier ce processus qui, contrairement à ce que disent certains, n'est pas réservé aux grandes entreprises.
Bien entendu, la certification doit rester la responsabilité directe des professionnels, mais l'État doit apporter à la fois sa garantie et des incitations : nous pourrions y réfléchir ensemble.
Faut-il, par exemple, que les maîtres d'ouvrage publics, puissent, sous certaines conditions, prendre en considération la certification comme critère de sélection ? Mais ils ne pourraient le faire que si les certificats étaient suffisamment répandues.
Je n'évoquerai que rapidement la question essentielle de la formation puisque mon collègue Louis Besson l'abordera lui-même tout à l'heure. Nous savons bien que, dans ce secteur à haute intensité de main d'uvre, les qualifications sont une des clefs de la compétitivité. Il faut que les personnes en quête d'emploi, et notamment les jeunes, connaissent les débouchés croissants dans vos métiers, sachent que l'évolution technologique les rend de plus en plus attractifs et que ces personnes soient mises en mesure, par l'éducation initiale et la formation continue, de rejoindre ces métiers et d'y progresser.
L'innovation est un autre thème de cette journée de travail. Ce ministère y est particulièrement attaché et les professionnels savent qu'aller de l'avant est vital pour eux.
Je vous rappelle les partenariats que nous pratiquons en matière de recherche et d'expérimentation :
le plan urbanisme-construction et architecture (PUCA) dans les domaines de la ville, de l'aménagement et de la construction,
ou encore le réseau de recherche technologique génie civil et urbain, auquel vos entreprises participent. Ce réseau poursuit l'action incitative de l'État menée avec le "plan génie civil" et élargit son champ d'action,
enfin, la procédure IVOR (Innovations Validées sur Ouvrages de Référence) pour favoriser les innovations techniques en génie civil et qui délivrent un label à des nouveaux matériaux ou à des nouveaux procédés de construction.
Nous prenons également une part active au 5ème programme cadre de recherche et de développement de l'Union Européenne.
Je verse ces quelques faits et réflexions à vos débats que je souhaite riches et utiles et dont je prendrai connaissance avec attention.
Merci de votre présence et bon travail.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 28 octobre 1999)
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis d'être aujourd'hui parmi vous pour ouvrir une journée de réflexion et de travail qui se situe au cur des enjeux économiques que porte mon ministère.
Cette manifestation qui associe l'administration et les grandes fédérations professionnelles du bâtiment et des travaux publics témoigne d'un partenariat dont je me félicite.
Le secteur français des travaux publics a prouvé depuis longtemps sa capacité à s'imposer sur les marchés étrangers. Si le marché du bâtiment est plutôt national, voire régional, je note que la concurrence internationale commence à s'y développer et plus encore avec l'introduction de l'Euro. Dans les deux branches, la compétitivité est donc un atout décisif.
C'est d'abord sur le territoire national que nous pouvons prouver la qualité de nos réalisations. Un chantier comme celui du viaduc de Millau qui va s'ouvrir prochainement, avec ses 2.500 mètres de long et ses 270 mètres de haut, est l'exemple de ce qui peut être valorisé ensuite à l'exportation.
La question se pose aujourd'hui pour l'ensemble du secteur de la construction de rester capable de drainer des ressources autant que d'autres secteurs d'activité dont le taux de rentabilité immédiat ou apparent est souvent plus élevé. Ce type d'arbitrage apparaît dans la stratégie de certains groupes dont la construction n'est pas la seule branche d'activité. Le risque existe de voir le secteur de la construction menacé par ce qu'on nomme parfois la dictature du court terme.
Il nous a donc paru nécessaire de nous interroger, ensemble, sur la compétitivité de ce secteur.
Il y a évidement une première façon de rechercher la compétitivité, qui consiste à faire pression le plus fortement possible sur les coûts salariaux, que ce soit en comprimant les salaires ou en supprimant des emplois. J'écarte d'entrée cette méthode, non seulement parce qu'elle ne correspond pas à la politique du gouvernement, mais aussi parce qu'elle n'est adaptée ni au besoins ni aux structures d'un pays développé, qu'elle ne permet pas de valoriser nos atouts et donc, qu'elle n'est pas efficace.
Il y a une autre voie, qui consiste au contraire à s'appuyer sur l'innovation à la fois technique et organisationnelle, sur la formation et donc aussi sur le progrès social. Cette voie, celle que nous voudrions explorer avec vous, c'est aussi celle des partenariats qu'il convient d'améliorer, de développer entre tous les acteurs qui interviennent dans le secteur du BTP, l'État, les collectivités locales, les entreprises.
C'est cette voie que je vous propose et sur laquelle je voudrais maintenant poser quelques jalons.
Où est le rôle de l'État sur le sujet qui nous occupe ?
Il est sûrement d'agir, en partenariat avec les collectivités locales, dans le domaine du conseil. Je veillerai en particulier à ce que les Fonds Régionaux d'Aide au Conseil, les FRAC-BTP, soient bien pris en compte dans la nouvelle génération des contrats de plan Etat-régions 2000-2006. J'ai d'ailleurs déjà réservé des crédits à cet effet dans le projet de loi de finances 2000. Les PME doivent pouvoir continuer à bénéficier de conseils extérieurs en vue d'améliorer leurs performances ou de recruter des cadres pour des fonctions nouvellement créées.
L'État doit aussi éclairer le cadre dans lequel s'exerce l'activité de vos entreprises. L'existence de structures permanentes d'observation, d'analyse et de dialogue est, à cet égard, indispensable.
Je salue le travail effectué depuis 1994 dans le cadre de l'observatoire national du bâtiment et des travaux publics, qui nous donne à tous une meilleure connaissance du secteur. Cet observatoire a maintenant trouvé son rythme et sa place et sans doute cette journée l'aidera-t-il à identifier de nouvelles pistes de travail. J'observe, par ailleurs, que les cellules économiques régionales de la construction constituent des instances utiles d'analyse et d'échange, et je souhaite le renforcement de leur action.
Mais le rôle de l'État ne se limite pas à comprendre et dialoguer. Il est aussi d'accompagner les évolutions du secteur, si possible en les anticipant. Il doit encourager et réguler sur les plans de la formation, de la recherche, des relations sociales, de l'investissement, j'y reviendrai.
Vos métiers sont d'une nature et d'un poids particuliers. Le bâtiment ne doit-il pas répondre à un besoin fondamental qui est celui de se loger dans un cadre de vie de qualité ? Comment ne pas mesurer le rôle des travaux publics, dans l'aménagement et la valorisation de notre territoire ? En d'autres termes, la qualité, reconnue dans le monde entier, des travaux de vos entreprises conditionne la qualité de la vie de nos concitoyens.
Ce rôle déterminant s'exprime aussi en chiffres. La production du secteur s'est élevée en 1998 à 615 milliards de francs hors taxe en France et à 83 milliards à l'étranger.
La valeur ajoutée de la construction représente 4,7 % du PIB. Avec près de 280 000 entreprises et 1.117.000 salariés permanents, la construction représente près de 8 % des effectifs salariés, chiffres auxquels il faut ajouter environ 88 000 intérimaires.
Je me réjouis bien sûr du contexte économique plus favorable pour vos professions. 1998 a été l'année de la reprise après six années de recul de l'activité, avec plus de 1 % de hausse pour l'ensemble du secteur. Cette progression s'est amplifiée au premier semestre de cette année grâce à la forte croissance de la construction de logements et de bâtiments non résidentiels, mais aussi en raison de l'amélioration, il est vrai plus limitée, de la situation dans les travaux publics.
Je retiens surtout que, depuis un an, les entreprises embauchent à nouveau.
Je sais que cette réalité ne se traduit pas avec la même ampleur dans le bâtiment et dans les travaux publics, ce dernier secteur ayant encore perdu des emplois en 1998. Je n'oublie pas non plus les très nombreuses suppressions d'emplois qui ont précédé. Mais la tendance est aujourd'hui favorable et, pour 1999, l'effectif salarié pourrait progresser d'environ 40 000 postes.
S'agissant du bâtiment, cette tendance favorable s'explique par le bas niveau des taux d'intérêt, la hausse de l'investissement des entreprises, la diminution du chômage et, bien entendu, les nombreuses mesures favorables au logement prises depuis deux ans par le gouvernement.
Vous savez que la politique du logement est une priorité, maintes fois réaffirmée par le Premier ministre à laquelle, tout comme Louis Besson, je suis particulièrement attaché.
S'agissant des travaux publics, pour la première fois depuis 1992, l'activité dans ce secteur a évolué plus rapidement que l'ensemble des autres secteurs économiques au cours des deux premiers trimestres de cette année : + 4 % au premier trimestre contre + 1,8 % dans les autres secteurs, et + 5,7 % au deuxième trimestre contre + 1,5 %.
On note également une certaine reprise de l'investissement des collectivités locales dans les travaux publics,
En ce qui concerne la capacité de commande de l'État, je voudrais surtout noter la reconstitution de la capacité d'investissement du ministère de l'Équipement, qui touche aussi bien les routes (premier poste de dépense) que les chantiers de transports urbains ou ferroviaires. En 2000, l'investissement dans le secteur de l'équipement et des transports s'élèvera à 15,3 milliards, en hausse de 8,1 % par rapport à 1999. Les crédits d'investissements augmentent régulièrement sur les 3 budgets que j'ai eu à préparer, au rythme moyen de 5,7 % par an.
Je vous rappelle les réductions fiscales en faveur du logement évaluées à 28 milliards de francs qui constituent également un soutien massif à l'investissement.
Les actions que vous menez pour la compétitivité et que nous cherchons à démultiplier s'inscrivent, chaque jour un peu plus, dans un contexte européen en pleine évolution.
Bien que le domaine de la construction ne soit pas, en tant que tel, inclus par le Traité de Rome dans le champ des politiques communautaires, la dimension européenne est devenue très présente. Citons quelques exemples ayant un impact direct sur la construction :
réglementation des marchés publics (la directive "Travaux") et de certaines concessions,
normalisation et directive produits,
formation, fonds structurels...
Je note aussi l'intérêt de la Commission européenne pour le secteur de la construction, que prouve sa proposition d'un plan d'action pour la compétitivité du secteur. Ce projet, qui vous sera présenté de manière plus détaillée cet après-midi, indique quatre axes de progrès : la qualité, le cadre réglementaire, la formation et la recherche. Il reste sans doute à ce stade un peu général. Nous serons particulièrement attentifs à le rendre concret en veillant à ses implications sociales et professionnelles.
Votre ordre du jour m'amène à évoquer quelques dossiers sur lesquels nous sommes appelés à progresser.
Je pense au droit de la commande publique dans sa double dimension interne et communautaire.
La réforme du code des marchés publics, projet qui, je le sais, vous préoccupe tous, est maintenant engagée. Vous avez été associés à la phase de concertation interministérielle sur ses principes. Sur le fond, je souhaite que cette réforme soit l'occasion d'une simplification et d'une clarification des textes et des procédures, garantes d'une meilleure sécurité juridique des projets et d'un accès plus facile des PME aux marchés. Il me paraît également important que soit affirmée et confortée la responsabilité des maîtres d'ouvrages dans la sélection des entreprises et le choix des offres, permettant ainsi de donner sa pleine valeur au concept de mieux disant qui reste essentiel.
Enfin, la nécessaire rigueur des règles ne doit pas porter atteinte à la promotion de l'innovation et à la créativité des entreprises.
Je serai également attentif à ce que fera la Commission européenne afin que les concessions demeurent, en France comme dans les autres pays, un mode de partenariat public/privé efficace, avec une sécurité juridique renforcée.
Je pense enfin à la question d'actualité des 35 heures.
La loi du 13 juin 1998 a été suivie de négociations entre les partenaires sociaux, qui ont abouti dans vos professions à deux accords, conclus l'un avec la CAPEB, l'autre avec la FFB, la FNTP et la FNS-COP. Ces deux accords importants ont été étendus par arrêtés. Il est d'ores et déjà possible de mesurer leur impact sur la profession. A ce jour, plus de 1 600 accords d'entreprises ont été signés, concernant près de 60 000 salariés. Environ 5 000 emplois ont ainsi d'ores et déjà été créés ou préservés.
La seconde loi est en voie d'adoption. Vous connaissez maintenant l'équilibre qu'elle définit entre les garanties pour les salariés et la souplesse pour les entreprises. Le secteur de la construction a déjà connu et intégré d'autres avancées sociales importantes : je gage que, par la négociation, il saura assumer cette réforme en soutenant l'emploi et en maintenant la compétitivité.
Dans un secteur comme le vôtre, la compétitivité ne peut plus aujourd'hui être dissociée de ce qu'on appelle la "démarche qualité".
Quel bilan peut on à ce jour tirer de cette démarche ?
Pour le bâtiment, le nombre de certificats a rapidement augmenté jusqu'en 1995, et semble désormais stabilisé à près de 1 400. En ce qui concerne les certificats "travaux publics" créés plus récemment environ 1 000 au total ont été délivrés.
A ces chiffres, s'ajoutent les certifications "ISO 9 000", au nombre de 600.
Il y a donc progrès réel dans la prise en compte de la qualité, mais il reste à mes yeux insuffisant au regard du nombre d'entreprises du secteur. Je suis conscient des efforts que représente une telle démarche pour toute entreprise qui s'y engage, et pour la totalité de son personnel. Mais il me paraît indispensable d'amplifier ce processus qui, contrairement à ce que disent certains, n'est pas réservé aux grandes entreprises.
Bien entendu, la certification doit rester la responsabilité directe des professionnels, mais l'État doit apporter à la fois sa garantie et des incitations : nous pourrions y réfléchir ensemble.
Faut-il, par exemple, que les maîtres d'ouvrage publics, puissent, sous certaines conditions, prendre en considération la certification comme critère de sélection ? Mais ils ne pourraient le faire que si les certificats étaient suffisamment répandues.
Je n'évoquerai que rapidement la question essentielle de la formation puisque mon collègue Louis Besson l'abordera lui-même tout à l'heure. Nous savons bien que, dans ce secteur à haute intensité de main d'uvre, les qualifications sont une des clefs de la compétitivité. Il faut que les personnes en quête d'emploi, et notamment les jeunes, connaissent les débouchés croissants dans vos métiers, sachent que l'évolution technologique les rend de plus en plus attractifs et que ces personnes soient mises en mesure, par l'éducation initiale et la formation continue, de rejoindre ces métiers et d'y progresser.
L'innovation est un autre thème de cette journée de travail. Ce ministère y est particulièrement attaché et les professionnels savent qu'aller de l'avant est vital pour eux.
Je vous rappelle les partenariats que nous pratiquons en matière de recherche et d'expérimentation :
le plan urbanisme-construction et architecture (PUCA) dans les domaines de la ville, de l'aménagement et de la construction,
ou encore le réseau de recherche technologique génie civil et urbain, auquel vos entreprises participent. Ce réseau poursuit l'action incitative de l'État menée avec le "plan génie civil" et élargit son champ d'action,
enfin, la procédure IVOR (Innovations Validées sur Ouvrages de Référence) pour favoriser les innovations techniques en génie civil et qui délivrent un label à des nouveaux matériaux ou à des nouveaux procédés de construction.
Nous prenons également une part active au 5ème programme cadre de recherche et de développement de l'Union Européenne.
Je verse ces quelques faits et réflexions à vos débats que je souhaite riches et utiles et dont je prendrai connaissance avec attention.
Merci de votre présence et bon travail.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 28 octobre 1999)