Texte intégral
Pourquoi la gauche a-t-elle boycotté, le 28 février, la réunion nationale de synthèse des Assises des libertés locales?
Nous étions prêts à participer aux Assises des libertés locales à condition qu'elles permettent une réelle confrontation des points de vue.
Pour la droite, la décentralisation signifie surtout transfert des charges de l'État vers le niveau local ;
pour la gauche, au contraire, l'autonomie des territoires et la démocratie locale n'ont de sens que dans le cadre d'un État solidaire, garant de l'accès de tous aux services publics, avec une simplification pour les citoyens et une plus grande participation démocratique. Cela méritait une discussion sérieuse !
Au lieu de quoi, nous avons assisté pendant six mois à des cénacles verrouillés par l'UMP. Alors que les présidents des régions de gauche représentent plus de la moitié de la population, ils ont été écartés de la préparation de la synthèse finale.
On ne voit pas pourquoi nous aurions cautionné une grand-messe ficelée d'avance, avec le renoncement, par Jacques Chirac, de sa promesse d'un référendum sur la décentralisation.
Le Premier ministre a présenté la liste des compétences que l'État entend transférer aux collectivités locales. Comment jugez-vous cette nouvelle répartition ?
De nouveaux transferts, oui, mais dans la cohérence et avec les ressources correspondantes. Que les routes nationales deviennent une compétence des départements, pourquoi pas, à condition que la qualité du réseau s'améliore, sans rupture et sans coût supplémentaire pour les usagers. Ce ne sera pas le cas ! De même, pour que nos jeunes puissent être mobiles et accéder à l'emploi, mieux vaut que les diplômes restent nationaux !
Sur de nombreux points, le projet Raffarin est confus : au-delà des annonces, sa philosophie générale, c'est la règle du chacun pour soi. Les collectivités les plus riches pourront sans doute assumer les charges abandonnées par l'État ; les autres, c'est-à-dire la majorité, devront se satisfaire des miettes - s'il en reste. La décentralisation à la façon de MM. Chirac et Raffarin, c'est l'inégalité instituée.
Le PS dénonce le manque de visibilité de la loi constitutionnelle et son " caractère improvisé ". En y regardant de plus près, ce texte ne porte-t-il pas en germe de démantèlement de l'État ?
Quand l'État garantit l'accès aux services publics comme la santé, l'éducation, les transports, le logement, chaque citoyen dispose ou devrait disposer d'un égal accès à ses droits où qu'il soit sur le territoire et d'un traitement de ses demandes, en toute neutralité.
Dès lors que les collectivités sont responsables de ces missions et qu'elles sont marquées par des disparités considérables, l'inégalité est au rendez-vous.
La décentralisation, version Raffarin, est une réforme anti-services publics et anti-fonctionnaires qui conforte l'orientation générale de ce gouvernement : on annonce le transfert de 150 000 fonctionnaires, des administrations centrales vers les collectivités locales, en particulier dans l'Éducation nationale, sans concertation préalable, sans réflexion sur le mode de gestion de la fonction publique et d'organisation des carrières.
Il y a vingt ans, les lois Mauroy-Defferre avaient donné de l'oxygène aux territoires ; aujourd'hui, la droite s'apprête à les asphyxier. Le citoyen ne tirera aucun bénéfice de ce mouvement. Bref, c'est parce que nous sommes pour une décentralisation authentique que nous sommes contre les lois Chirac-Raffarin.
Propos recueillis par B.T.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 17 mars 2003)
Nous étions prêts à participer aux Assises des libertés locales à condition qu'elles permettent une réelle confrontation des points de vue.
Pour la droite, la décentralisation signifie surtout transfert des charges de l'État vers le niveau local ;
pour la gauche, au contraire, l'autonomie des territoires et la démocratie locale n'ont de sens que dans le cadre d'un État solidaire, garant de l'accès de tous aux services publics, avec une simplification pour les citoyens et une plus grande participation démocratique. Cela méritait une discussion sérieuse !
Au lieu de quoi, nous avons assisté pendant six mois à des cénacles verrouillés par l'UMP. Alors que les présidents des régions de gauche représentent plus de la moitié de la population, ils ont été écartés de la préparation de la synthèse finale.
On ne voit pas pourquoi nous aurions cautionné une grand-messe ficelée d'avance, avec le renoncement, par Jacques Chirac, de sa promesse d'un référendum sur la décentralisation.
Le Premier ministre a présenté la liste des compétences que l'État entend transférer aux collectivités locales. Comment jugez-vous cette nouvelle répartition ?
De nouveaux transferts, oui, mais dans la cohérence et avec les ressources correspondantes. Que les routes nationales deviennent une compétence des départements, pourquoi pas, à condition que la qualité du réseau s'améliore, sans rupture et sans coût supplémentaire pour les usagers. Ce ne sera pas le cas ! De même, pour que nos jeunes puissent être mobiles et accéder à l'emploi, mieux vaut que les diplômes restent nationaux !
Sur de nombreux points, le projet Raffarin est confus : au-delà des annonces, sa philosophie générale, c'est la règle du chacun pour soi. Les collectivités les plus riches pourront sans doute assumer les charges abandonnées par l'État ; les autres, c'est-à-dire la majorité, devront se satisfaire des miettes - s'il en reste. La décentralisation à la façon de MM. Chirac et Raffarin, c'est l'inégalité instituée.
Le PS dénonce le manque de visibilité de la loi constitutionnelle et son " caractère improvisé ". En y regardant de plus près, ce texte ne porte-t-il pas en germe de démantèlement de l'État ?
Quand l'État garantit l'accès aux services publics comme la santé, l'éducation, les transports, le logement, chaque citoyen dispose ou devrait disposer d'un égal accès à ses droits où qu'il soit sur le territoire et d'un traitement de ses demandes, en toute neutralité.
Dès lors que les collectivités sont responsables de ces missions et qu'elles sont marquées par des disparités considérables, l'inégalité est au rendez-vous.
La décentralisation, version Raffarin, est une réforme anti-services publics et anti-fonctionnaires qui conforte l'orientation générale de ce gouvernement : on annonce le transfert de 150 000 fonctionnaires, des administrations centrales vers les collectivités locales, en particulier dans l'Éducation nationale, sans concertation préalable, sans réflexion sur le mode de gestion de la fonction publique et d'organisation des carrières.
Il y a vingt ans, les lois Mauroy-Defferre avaient donné de l'oxygène aux territoires ; aujourd'hui, la droite s'apprête à les asphyxier. Le citoyen ne tirera aucun bénéfice de ce mouvement. Bref, c'est parce que nous sommes pour une décentralisation authentique que nous sommes contre les lois Chirac-Raffarin.
Propos recueillis par B.T.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 17 mars 2003)