Texte intégral
Travailleuses, travailleurs, camarades et amis,
Les travailleurs de ce pays qui, hier, le 13 mai, étaient en grève et dans les manifestations ont fait la démonstration spectaculaire que, si la rue ne gouverne pas, elle peut et sait montrer qu'elle rejette les mesures de ce gouvernement anti-ouvrier.
Les manifestations ont été massives partout dans le pays. Elles ont totalisé un nombre de manifestants sans précédent depuis les grandes manifestations de 1995. Les grèves dans les services publics ont été largement suivies dans de nombreux secteurs. La SNCF comme le transport aérien ont été pratiquement paralysés. Presque aucun métro ne circulait à Paris et il en a été de même pour les transports publics d'un grand nombre de villes. Plus de la moitié des postiers étaient en grève, autant à France Télécom. La participation du personnel de l'Education nationale à la grève a été plus massive encore. Pour l'Education nationale, le 13 mai était une étape dans une mobilisation qui se poursuit depuis plusieurs semaines déjà contre les mesures Raffarin-Fillon concernant les retraites bien sûr, mais aussi contre des suppressions de postes de surveillants, d'aides-éducateurs, de contractuels, ainsi que contre la décentralisation qui sert de prétexte pour retirer de l'Education nationale le personnel non enseignant : ouvriers de maintenance, conseillers d'orientation, médecins et infirmières scolaires.
La grande majorité du personnel soignant des hôpitaux a été également en grève.
Aussi bien à Paris qu'en province, de nombreux travailleurs d'entreprises privées se sont associés aux manifestations et à la grève des services publics. C'est donc le monde du travail dans son ensemble qui a répondu à Chirac et à Raffarin.
Une seule journée ne suffira évidemment pas à faire reculer le gouvernement. Plusieurs ministres ont affirmé qu'ils s'y attendaient et qu'ils ne pouvaient pas imaginer que les mesures sur la retraite puissent être prises sans déclencher des manifestations Ils cherchaient surtout à se rassurer eux-mêmes pour la suite.
Il faut croire qu'ils craignent les réactions des travailleurs ! Ils craignent surtout qu'elles ne se limitent pas à un baroud d'honneur, fût-il bien réussi. Eh bien, il faut les prendre au mot. Il faut que la journée du 13 mai ne soit pas la fin de la riposte, mais le commencement de la mobilisation !
Car l'attaque contre les retraites s'ajoute à toutes les mesures du gouvernement prises au fil des mois. L'ensemble constitue une offensive générale grave contre les conditions d'existence de tous les salariés.
En plus de l'allongement de la durée de cotisation et de la réduction du montant de la pension, il y a l'annonce provocante de Raffarin de faire des économies budgétaires en ne remplaçant pas un travailleur du service public sur deux partant à la retraite. Ce qui équivaut à la suppression de dizaines de milliers d'emplois. Dans l'Education nationale, les suppressions d'emplois sont déjà en cours.
Il y a l'attaque annoncée contre la Sécurité sociale dès la prochaine rentrée. Il y a la décision, déjà prise, de ne plus rembourser un grand nombre de médicaments, dont certains indispensables. Et il y a cette multitude de mesures aussi abjectes les unes que les autres, visant les catégories les plus défavorisées, comme le plafonnement de l'allocation aux personnes âgées dépendantes ou encore la transformation du RMI en RMA (revenu minimum d'activité). Il ne s'agit pas seulement d'un changement de sigle. Le projet consiste à offrir aux RMIstes un contrat de 6 mois renouvelables deux fois, à mi-temps, payé au Smic horaire. Mais le cadeau serait surtout pour le patron qui embauche car c'est lui qui toucherait le RMI pendant la durée du contrat. Il n'aurait à payer que la différence avec le salaire qu'il verserait et, en plus, il bénéficierait d'exonérations de charges sociales. Mais que deviendra le travailleur au bout de 18 mois ?
Et Fillon, le ministre du Travail, a osé assortir cette proposition de ce commentaire : "Le RMI ne doit pas être l'alibi à l'inaction". Dans ce pays où les plans de licenciements se succèdent, où les patrons mettent des travailleurs à la rue souvent après 20, 30 ans d'activité dans la même entreprise, ce ministre affirme avec morgue que ceux qui sont au chômage le sont parce qu'ils l'ont choisi ! Ces serviteurs des riches ne parviennent même pas à dissimuler leur haine des pauvres. Mais ce monsieur n'est nullement gêné de s'être fait voter, à lui comme aux autres ministres, 70 % d'augmentation de salaire ! Et cette augmentation porte sur un salaire dont le montant est sans commune mesure avec le RMI !
Pour ce qui est de la retraite, cela fait des années que les hommes politiques de tous bords comme la quasi-totalité de la presse soumettent l'opinion publique à un matraquage basé sur le mensonge. Le mensonge, c'est d'affirmer que la retraite par répartition va dans le mur si on ne la réforme pas.
Mais les caisses de retraite ne sont pas en déficit. Elles sont bénéficiaires pour les années qui viennent. Même les experts que le gouvernement invoque pour justifier ses attaques contre la retraite ne prévoient un déficit que pour dans vingt ans. Et, surtout, le déficit qu'ils annoncent est largement inférieur aux seules exonérations de charges sociales accordées tous les ans au patronat. Si l'objectif du gouvernement était seulement d'éviter le déficit futur, il n'y aurait aucune raison d'allonger le temps de cotisation, ni de diminuer les retraites. Il suffirait de mettre fin aux exonérations de charges sociales accordées aux patrons pour que la question soit réglée. A commencer par le fait que les cotisations patronales pour les retraites n'ont pas augmenté depuis 1979, près d'un quart de siècle !
Mais l'équilibre des caisses de retraite n'est que le prétexte. Le véritable but du gouvernement, c'est d'abaisser la part des salariés dans le revenu national en pesant aussi bien sur les salaires que sur les retraites. Les mesures proposées par le gouvernement visent aussi bien les travailleurs du public que les travailleurs du privé. Elles consistent à faire travailler tous les salariés plus longtemps pour une retraite diminuée pour tous. Et ils ont le culot d'appeler ça "sauver le système des retraites" !
Raffarin, relayé par Chirac, a osé parler à ce propos "d'efforts partagés". Mais, en même temps, il a réaffirmé qu'il n'est pas question de faire participer aux efforts les revenus du capital. Ce sera donc aux salariés de partager les efforts entre eux pour que le gouvernement puisse diminuer encore davantage les charges sociales des patrons.
Mais pourquoi donc les revenus du capital ne participent pas au partage des efforts ? Eh bien, Raffarin nous sort la même vieille rengaine que tous ses prédécesseurs : de Fabius à Rocard, de Balladur à Jospin, diminuer les charges patronales, c'est favoriser l'emploi ! Mais ce n'est pas parce qu'on répète un mensonge grossier depuis vingt ans que cela devient une vérité !
Il ne faut pas "pénaliser les entreprises", affirme encore Raffarin. Mais, pour ne pas "pénaliser" les patrons des entreprises en écornant un peu leurs profits, le gouvernement veut pénaliser les millions de travailleurs qui les font fonctionner.
Faire passer le temps de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans pour les travailleurs du service public, puis à 42 ans pour tout le monde, c'est obliger à travailler plus longtemps ceux qui sont déjà usés par une vie d'exploitation et qui attendent leur retraite comme une libération.
Fillon a laissé entendre que le gouvernement peut faire certaines concessions en faveur des secteurs particulièrement pénibles. Mais qui va déterminer ces secteurs et au nom de quoi ?
Bien sûr qu'il y a des métiers tellement pénibles que prolonger le temps de travail équivaut à ne pas payer de retraite du tout parce que le futur retraité sera mort avant d'avoir le nombre d'annuités nécessaires.
Mais pour les autres ? Oseront-ils prétendre que travailler sur une chaîne de production dans l'automobile n'est pas usant alors même que les patrons de ce secteur cherchent à se débarrasser de leurs travailleurs âgés qu'ils considèrent comme trop usés pour être rentables ?
Oseront-ils prétendre qu'une infirmière, une aide-soignante surchargées peuvent et doivent travailler jusqu'à 65 ans, et pourquoi pas au-delà ?
Oseront-ils prétendre même pour des salariés dont le travail n'est pas manuel, comme les enseignants, par exemple, qu'il leur est possible de dispenser un enseignement convenable, dans des classes surchargées des écoles des quartiers populaires, à 65 ou 68 ans ?
Eh bien oui, ils osent tout cela !
Mais 42 ans de travail, c'est dur pour tout le monde, avec la course à la productivité dans les entreprises privées comme publiques, avec l'encadrement qui pousse à travailler plus et plus vite.
Alors oui, il faut égaliser les conditions de retraite dans le public et dans le privé : 37 ans et demi de cotisation maximum pour tous, le droit de partir avec la pension pleine dès que les 37 ans et demi sont accomplis et l'âge de la retraite fixé à 60 ans maximum.
Voilà les exigences exprimées le 13 mai. Et les faire respecter ne représente même pas un progrès pour les salariés et pour les retraités, mais de la légitime défense !
Et, en tout cas, ce n'est pas à des ministres grassement payés, à leurs conseillers et, derrière eux, à des actionnaires qui n'ont jamais rien fait de leurs dix doigts, de définir quelles seront les rares catégories qui obtiendront une dispense et qui auront le droit de partir avant de crever au travail !
Et il n'est pas question d'accepter une réduction du montant de la retraite. La semaine dernière, Raffarin s'est lancé, à la télévision, dans une démonstration emberlificotée pour tenter d'expliquer que la baisse annoncée du montant de la retraite est en réalité une hausse ! Le montant du minimum de retraite représente aujourd'hui 80 % du Smic. Dans le projet gouvernemental, il en représente 75 %. Et Raffarin de révolutionner les mathématiques en affirmant que 75 %, c'est plus que 80 % ! Car, pour résumer le Premier ministre, si on n'accepte pas 75 % aujourd'hui, demain il faudra accepter 60 %, voire moins. Je ne sais pas si cette arithmétique convaincrait un écolier du primaire, mais certainement pas un retraité dont on veut réduire brutalement la pension !
Au taux actuel du Smic, une retraite fixée à 75 % du Smic, c'est 682 _ par mois, c'est-à-dire 4.472 F. Voilà la somme que devront toucher la majorité des travailleurs de ce pays si les mesures du gouvernement passent. 4.472 F de retraite, c'est-à-dire à peine 500 F de plus que le minimum vieillesse, 3.900 F, qui est considéré comme le seuil de pauvreté dans le pays ! Et, encore, ils ne toucheront cette somme misérable que s'ils ont cotisé pendant 42 ans, sans périodes de chômage non indemnisé ou de RMI ! Car le comble, c'est que, pour toute une partie de chômeurs, certaines de leurs années de chômage ne sont pas comptées dans les annuités de cotisation et, par conséquent, ils ne toucheront qu'une fraction de cette retraite qui, même pleine, ne leur permettrait pas de vivre correctement.
Ainsi, ceux, par exemple, qui ont été victimes de licenciements collectifs et qui, après quelques années sans avoir retrouvé de travail ont été obligés de se contenter RMI, seront doublement pénalisés. Non seulement, ils toucheront moins de retraite du fait de la baisse de leur salaire de référence, mais en plus ils subiront une décote. Cette décote, même ramenée à 6 % par annuité manquante, est révoltante.
Non seulement les patrons licencieurs ne sont pas sanctionnés mais ce sont leurs victimes, les travailleurs licenciés, qu'on se prépare à punir en diminuant leur retraite !
Ce système de décote pénalise aussi les femmes qui ont cessé de travailler quelque temps pour élever leurs enfants.
L'abaissement du niveau de vie des retraités est d'autant plus honteux que, malgré l'ampleur du chômage, on produit chaque année plus de richesses parce que la productivité du travail ne cesse d'augmenter. Ce n'est pas seulement le fruit du progrès technique. C'est aussi le produit des surcharges de travail dues aux suppressions d'emplois, aux cadences insupportables et aux horaires déments que subissent les travailleurs.
Dans une société rationnelle et humaine où les fruits du progrès seraient répartis en tous, le progrès de la productivité devrait conduire à un raccourcissement de la durée du travail. Mais, dans l'organisation sociale actuelle, plus la productivité augmente, moins les travailleurs en profitent. Les fruits de la productivité sont empochés exclusivement par le grand patronat, par la classe riche.
Eh bien oui, ces gens qui nous gouvernent ont le culot de parler de réforme et de modernisation alors qu'il s'agit d'une régression social grave. Il s'agit de ramener les retraités d'aujourd'hui et de demain, c'est-à-dire nous tous, cinquante ans en arrière.
Contrairement à ce qu'ils nous racontent, cette évolution-là n'est absolument pas une fatalité. C'est un choix de classe, c'est le choix de faire payer la classe des travailleurs pour favoriser le grand patronat.
J'ai dit tout à l'heure que, pour éviter que les caisses de retraite soient déficitaires dans vingt ou quarante ans, il suffirait d'y affecter les sommes que l'on distribue aujourd'hui au patronat sous forme d'allégements de charges sociales.
L'abaissement des charges sociales patronales ne représente en argent qu'une toute petite fraction de toutes les aides, subventions et avantages de toutes sortes que l'Etat, l'Europe, les régions, les municipalités consentent au grand patronat. Mais toute la caste politique considère comme allant de soi qu'il ne faut pas toucher à ce qui va au patronat.
La véritable alternative à la politique gouvernementale, c'est oser toucher aux profits patronaux. Aucun gouvernement ne le fera de plein gré. Il faudra l'imposer en créant un rapport de forces plus favorable au monde du travail.
Pas seulement pour les faire reculer sur la retraite, mais aussi pour les faire reculer sur les différentes autres attaques contre le monde du travail.
Personne ne sait, par exemple, à quelle sauce ils vont préparer cette réforme de la Sécurité sociale qu'ils annoncent pour septembre. Mais il est sûr que cette réforme se fera au détriment de la santé des travailleurs. Cela a déjà commencé avec le déremboursement des médicaments. Ceux qui ont de l'argent pourront continuer à se procurer tous les médicaments qu'ils veulent, alors que ceux qui n'en ont pas se soigneront de moins en moins.
C'est cela la modernisation ? C'est cela la marche en avant de la société ?
Et puis, annoncer que, pour faire des économies, on ne remplacera qu'un travailleur du secteur public sur deux lorsqu'ils partent à la retraite, c'est s'attaquer doublement au monde du travail.
Chaque suppression d'emploi dans le service public, c'est autant de jeunes qui auront plus de mal à trouver du travail. Incapable d'empêcher le patronat du privé de supprimer des emplois, l'Etat devrait au moins créer lui-même des emplois utiles dans les services publics. Eh bien, non, il en supprime !
Les services publics font partie des conditions d'existence des travailleurs. Moins de surveillants, moins de personnel technique, moins d'enseignants à l'Education nationale, cela signifie aggraver les conditions d'enseignement pour les enfants des classes populaires. Les enfants des riches peuvent toujours accéder aux écoles privées les plus chères.
Quand on fait des économies sur les hôpitaux, les maternités, les dispensaires, c'est encore pour les classes populaires qu'on diminue la possibilité de se faire soigner dans des conditions convenables. Les riches peuvent toujours aller dans des cliniques privées payantes.
Quand on supprime, comme on se prépare à le faire à La Poste à Paris, une tournée de courrier, ce sont encore les usagers des classes populaires qui en souffriront car les riches ou les entreprises peuvent toujours passer par des sociétés payantes.
Les dépenses qu'on fait pour l'Education nationale, pour les transports collectifs, pour la santé, ne sont pas des dépenses en trop, sur lesquelles il faut faire des économies ! Au contraire, les dépenses de l'Etat sont insuffisantes pour les services publics qui concernent directement les travailleurs. Il faudrait plus de personnel soignant dans les hôpitaux, plus de dispensaires, plus de maternités et sans sacrifier certaines agglomérations sous prétexte de regroupement. Il faudrait plus d'enseignants, plus de surveillants, plus d'assistantes éducatives dans les écoles des quartiers populaires. Il faudrait des transports publics mieux organisés, avec un personnel suffisant.
Des économies, oui, il faut en faire, mais pas là-dessus ! C'est bien joli de dire, comme le font les ministres, "qu'on ne peut pas dépenser plus qu'on ne gagne". Eh oui, mais le problème est de savoir au profit de qui on dépense et qui on fait payer. C'est sur les aides et les soutiens accordés au patronat qu'il faut faire des économies.
Alors, oui à la suppression immédiate de tout cadeau fiscal, de toute subvention, de tout avantage en faveur du grand patronat. Il faut affecter les sommes ainsi économisées et qui sont colossales à l'Education nationale, à la santé, aux transports publics, aux services publics indispensables.
Et puis, il faudrait en affecter aussi pour construire des logements dans toutes les grandes villes, des logements convenables dont le loyer soit accessible aux salariés. Le prix des logements s'envole littéralement. Il est pour ainsi dire impossible pour une famille ouvrière de trouver un F3 ou un F4 que le salaire du couple puisse payer. Mais, en même temps, on ne construit pratiquement plus de logements sociaux. Et, évidemment, ceux qui en ont un préfèrent ne pas l'abandonner. Alors oui, il faudrait que l'Etat consacre à ce secteur les sommes nécessaires mais en prenant directement en main la construction, sans offrir de nouvelles sources d'enrichissement aux margoulins de l'immobilier.
Et si l'argent ne suffit pas, qu'on augmente les impôts ! Pas ceux des pauvres mais ceux des entreprises capitalistes et ceux de la classe riche !
Mais l'attaque contre la retraite menée par le gouvernement ne doit pas occulter l'autre attaque qui est menée conjointement par le grand patronat et le gouvernement contre l'emploi. Depuis plusieurs mois, le chômage ne cesse d'augmenter. Quoi d'étonnant ? Les plans de licenciements collectifs se multiplient. Des grandes entreprises aux entreprises moyennes, qui sont d'ailleurs bien souvent les filiales des premières, il n'y a pas une région de ce pays qui ne subisse des licenciements collectifs.
Rien que dans votre région, les Dernières Nouvelles d'Alsace ont compté 49 usines qui ont mené des plans de restructuration et 19 qui ont complètement fermé. Tout cela a entraîné la disparition de 6.000 emplois en une seule année. Tous les chiffres concernant l'emploi indiquent une dégradation. Plus de 20 % de hausse du nombre de demandeurs d'emplois dans le Haut-Rhin, 15 % dans le Bas-Rhin. Le nombre de jeunes inscrits à l'ANPE a augmenté de plus de 20 % en un an.
Parmi les plus récents plans de licenciements ou fermetures d'usines, il y a le textile : la CDT, du groupe Boussac, à Wesserling vient de licencier 235 salariés. Alsavet, à Bischwiller, est en liquidation judiciaire. Cela fait des années que les ouvriers sont lanternés avec des repreneurs qui licencient par paquets à chaque fois. De licenciements en licenciements, 560 salariés vont se retrouver au chômage. A la Société mulhousienne impressions papiers et produits textiles, 120 personnes sont menacées par le redressement judiciaire en cours de l'entreprise.
Mais il n'y a pas que le textile. A Obenheim, 260 licenciements à Emtec qui fabrique des bandes magnétiques. A Strasbourg, l'ex-Sollac, devenu Arcelor, racheté par Duferco, est en chômage technique partiel et tout laisse penser que la production sera arrêtée avec 90 licenciements à la clé. Strafor, devenu Steelcase depuis quatre ans, licencie 128 personnes sous prétexte du déménagement de l'usine de Koenigshoffen. Chez Alcatel, 230 licenciements prévus d'ici la fin de l'année à Illkirch. Et, quant à la Banque de France, elle fermera ses succursales de Colmar, de Haguenau et de Sélestat. Baco à Strasbourg délocalise une ligne de production à Antibes. Une partie des intérimaires, surtout des femmes, sont remerciés. L'entreprise Hager, à Obernai, qui fabrique du petit matériel électrique, prévoit le redéploiement de ses salariés entre plusieurs sites plus ou moins éloignés. Ceux qui n'accepteront pas d'être baladés seront remerciés.
Mais, au-delà des chiffres et des statistiques, qui pourra décrire le drame que représentent ces licenciements massif pour les travailleurs concernés, pour leurs familles ? Le drame que cela représente, en particulier pour les travailleurs âgés qui savent qu'ils n'ont aucune chance de retrouver du travail. Le drame enfin pour ceux qui, une fois chômeurs puis RMIstes, n'arrivent pas à remonter la pente et qui tombent dans la pauvreté.
Et dans les petites villes, comme celles que je viens d'énumérer pour la région, où l'unique entreprise locale ferme, cela représente une catastrophe aussi pour tous ceux, commerçants en particulier, dont l'existence dépend des achats et des salaires des travailleurs? C'est en fait une catastrophe pour toute la ville.
Et, pourtant, les patrons ne sont comptables devant personne de ce qu'ils font. Ils peuvent licencier, délocaliser, fermer leurs entreprises, sans que personne, surtout pas le gouvernement, ne s'y oppose. Ils ont le droit de licencier même lorsque leurs affaires sont florissantes et leurs profits élevés, simplement pour que ces profits soient plus élevés encore. Et j'ajouterai : simplement pour toucher des subventions et des aides dans une autre ville, dans une autre région, dans un autre pays. Ils ont le droit légal de supprimer des emplois fixes pour les remplacer par des emplois précaires, mal payés. L'extension de la précarité s'ajoute depuis plusieurs années au chômage pour transformer un nombre croissant de travailleurs en pauvres.
Alors, les licenciements collectifs, la retraite, la précarité, l'insuffisance des salaires, tout cela semble des problèmes d'ordres différents. Mais ils ont tous en commun ceci que, pour mettre fin à la dégradation du sort des travailleurs sur tous ces terrains, il faut changer le rapport de forces global entre le patronat et le gouvernement, d'un côté, et l'ensemble du monde du travail, de l'autre.
Nous ne pouvons pas laisser notre sort se dégrader. Nous le pouvons d'autant moins que les attaques vont se multiplier et s'aggraver avec la dégradation de la situation économique.
Même lorsque les profits patronaux étaient au sommet, lorsque la Bourse rapportait aux actionnaires 15, 20 % par an, voire plus, le sort des travailleurs ne s'était pas amélioré. Le chômage n'a diminué que de peu. La précarité a continué à augmenter, comme l'intensité du travail. Et, même pendant ces années de prospérité, le pouvoir d'achat des travailleurs a stagné, quand il n'a pas diminué.
C'est dire que, si la situation économique s'aggrave, c'est au détriment des travailleurs que le patronat cherchera à préserver ses profits.
Voilà pourquoi, si le 13 mai a été une démonstration de force du monde du travail, il faudra continuer.
La participation des travailleurs du privé aux grèves et aux manifestations d'hier, pour limiter qu'elle ait été, montre que c'est possible. Dans un contexte marqué par le chômage et les licenciements, il est compréhensible que ceux du privé se lancent plus difficilement dans la lutte. Il faut qu'ils sentent que le mouvement qui s'amorce peut devenir puissant et peut donc faire reculer le patronat et le gouvernement.
Voilà pourquoi il faut, pour la période à venir, une véritable stratégie de mobilisation qui redonnerait confiance à tous ceux qui ont été solidaires des grévistes du 13 mai sans pour autant se sentir encore en situation de se joindre à la grève.
Aucune des confédérations syndicales ne propose aux travailleurs un véritable plan de lutte dont l'objectif affirmé serait de mobiliser de plus en plus de travailleurs, d'entraîner des secteurs de plus en plus larges. Mais jusqu'à un certain point, les travailleurs peuvent les y pousser.
Aujourd'hui même, dans un certain nombre de secteurs, notamment dans les transports parisiens, une partie des grévistes d'hier n'ont pas repris le travail. A l'Education nationale, un nombre significatif d'assemblées réunissant enseignants et personnel technique ont décidé de continuer leur mouvement au-delà du 13 mai.
Par ailleurs, la CGT propose depuis un certain temps une journée de manifestation nationale à Paris le dimanche 25 mai. La direction de la CGT a fait cette proposition avec bien des arrières-pensées, celle notamment de décourager ceux qui auraient voulu continuer le lendemain du 13 mai. Mais, quelles que soient les arrières-pensées des directions syndicales, il faut se saisir de l'occasion offerte par l'appel pour le 25 mai, comme il faut profiter de l'appel lancé par les enseignants pour une grève le 19 mai et qui sera peut-être relayé par plusieurs syndicats de la Fonction publique.
Il faut que nombre de participants aille croissant. C'est seulement cette participation plus massive qui peut inciter les dirigeants confédéraux à aller plus loin que ce qu'ils avaient l'intention de faire au départ.
Ce soir même, depuis 18 heures, Fillon reçoit les dirigeants syndicaux. Devant l'ampleur de la mobilisation le 13 mai, le ministre du Travail a affirmé, hier, à l'Assemblée nationale qu'il avait entendu la rue et qu'il était prêt à négocier sur certains points pour, prétend-il, "améliorer" son projet. Il a ajouté cependant que, sur le fond, il n'est pas question de reculer.
Mais le projet Chirac-Raffarin-Fillon ne peut pas être amélioré. Quelles que soient les concessions de détail, les travailleurs ne peuvent pas accepter le fond, c'est-à-dire cotiser plus longtemps, travailler plus longtemps, s'user au travail, pour une baisse importante du montant de leur retraite.
Dans ces conditions, il n'y a rien à négocier. Le gouvernement ne négocie sur des points de détail que pour obtenir des directions syndicales leur caution sur l'essentiel.
Eh bien, les confédérations, qui préféreront les conciliabules avec le gouvernement à la lutte des travailleurs, auront eux-mêmes choisi leur camp, celui des adversaires des travailleurs.
Nous ne sommes, je l'espère, qu'au début de cette mobilisation. Et, pas plus que quiconque, je ne sais jusqu'où elle peut aller.
Ce que je sais, c'est que c'est la seule voie, si nous voulons nous défendre. Ce que je sais aussi, c'est que nous les travailleurs, nous représentons une force collective considérable et que le gouvernement anti-ouvrier ne peut se permettre l'arrogance qui est la sienne que parce qu'il n'a pas eu, ou pas assez, affaire à la riposte collective du monde du travail.
Mais, dans de nombreuses manifestations, des pancartes ont rappelé l'arrogance de Juppé en 1995, juste avant qu'il soit obligé de retirer son plan. Eh bien oui, nous avons collectivement la force d'obliger le gouvernement à retirer purement et simplement son projet sur la retraite. Oui, nous avons la force de l'obliger à revenir aux 37 ans et demi de cotisation pour tous. Oui, nous avons la force de faire en sorte que les patrons ne puissent pas procéder à des licenciements collectifs pour un oui ou pour un non et surtout pour un peu plus de profit.
En imposant ses exigences sur toutes ces questions, la classe ouvrière ne fera que se défendre. Elle en a le droit. Elle en a même l'obligation dans l'intérêt des travailleurs d'aujourd'hui comme dans celui de nos enfants, les travailleurs de demain.
Faire ravaler au gouvernement son plan sur la retraite, interdire les licenciements collectifs, obtenir des augmentations de salaire, mettre fin à la précarité.
Voilà les objectifs indispensables, vitaux pour les travailleurs. Les imposer ne changerait pas encore le fonctionnement de cette économie.
L'économie ne pourra fonctionner dans l'intérêt de tous, et pas seulement dans l'intérêt d'une petite minorité, que lorsque les travailleurs se donneront les moyens d'arracher le contrôle des entreprises aux propriétaires et aux actionnaires. Cette perspective n'est plus défendue par aucun des grands partis de gauche qui se revendiquent, au moins par leur passé et par leur étiquette, de la classe ouvrière.
C'est une évidence pour le Parti socialiste qui a été au pouvoir gouvernemental pendant cinq ans et qui a montré que son objectif n'est pas de contester l'organisation capitaliste de l'économie mais, au contraire, la servir au mieux.
Les dirigeants du Parti socialiste sont contents que François Hollande ait recueilli, avant le congrès de Dijon, la majorité dans son parti sur une ligne politique qui est dans la droite ligne de la politique menée au gouvernement par Jospin, Fabius et Strauss-Kahn. Ils essaieront de se refaire une santé en essayant de canaliser à leur propre profit le dégoût et la révolte qu'inspire et qu'inspirera de plus en plus la politique du gouvernement Chirac-Raffarin parmi les travailleurs. Mais, même dans l'opposition, ils restent responsables devant le grand patronat et ses intérêts. Il suffit d'entendre les dignitaires socialistes, à l'Assemblée ou ailleurs, répéter qu'il faut faire des réformes sur les retraites, ajoutant simplement qu'il ne faut pas le faire comme le fait le gouvernement.
Alors, évidemment, ce n'est pas sur ces gens-là que l'on peut compter pour défendre les travailleurs et les retraités !
Et puis, rappelons-le, si la droite est revenue au pouvoir avec une majorité écrasante, c'est à cause du Parti socialiste, à cause de toute la gauche plurielle. A la fois parce que c'est la politique de Jospin qui a détourné de la gauche toute une partie de son électorat traditionnel. Mais si la droite est aussi arrogante aujourd'hui, c'est aussi en raison de la démission honteuse de toute la gauche réformiste devant Chirac. Aujourd'hui, lorsque Chirac et Raffarin déploient contre les salariés, contre toutes les classes populaires, la panoplie de mesures qui visent toutes à dégrader leurs conditions d'existence, il faut se souvenir qu'ils sont revenus au pouvoir avec le soutien des grands partis de gauche eux-mêmes, qui ont tous voté comme un seul homme pour Chirac au deuxième tour de l'élection présidentielle.
Et, un an après cette démission honteuse sous prétexte de s'opposer à Le Pen qui n'avait aucune chance d'accéder au pouvoir, le gouvernement montre, par ses paroles comme par ses actes, à quel point il n'a pas grand chose à envier à la haine anti-ouvrière du démagogue d'extrême droite, mais à quel point aussi il reprend à son compte sa démagogie anti-pauvres et anti-immigrés.
Je ne vous énumérerai pas toutes les lois anti-pauvres de Sarkozy et toutes ses attaques contre les sans-papiers. Ceux qui en sont victimes savent à quel point leur existence est rendue chaque jour de plus en plus difficile par les lois anti-pauvres, par la chasse aux mendiants et aux immigrés, par les tracasseries policières et les renvois en charters.
Alors, bien sûr, je tiens à témoigner ma solidarité vis-à-vis de tous ceux qui, pour être des sans-papiers, n'en sont pas moins des travailleurs exploités comme les autres, et plus encore que les autres parce que, justement, leur situation est précaire.
Et puisque ce problème se pose aussi dans votre région, comme dans plusieurs autres, je tiens à manifester ma solidarité aussi avec les centaines de Kurdes originaires de Turquie qui mènent, dans plusieurs villes du pays, dont Mulhouse, des grèves de la faim pour obtenir l'asile politique. Au lieu de satisfaire cette demande tout à fait légitime, ces réfugiés subissent les pressions de la police et plusieurs d'entre eux ont même été renvoyés dans leur pays d'origine. Etant donné l'attitude de l'Etat turc à l'égard de la population kurde en général et son peu de respect des plus élémentaires droits et libertés démocratiques, renvoyer des réfugiés kurdes en Turquie, c'est les exposer à la répression et à l'emprisonnement. Ce comportement des autorités françaises est un comportement infâme. Aussi je revendique avec eux que l'asile politique leur soit immédiatement accordé.
Travailleuses, travailleurs, camarades,
Oui, il faut que le monde du travail mette un terme à l'offensive du patronat et du gouvernement contre ses conditions d'existence. Mais se défendre, ce n'est pas seulement avancer des revendications et les imposer. C'est aussi intervenir sur le terrain politique. Mais, pour cela, il faut à la classe ouvrière un parti qui représente ses intérêts politiques, un parti qui reprenne les idées, les objectifs, le programme qui ont été ceux du Parti socialiste à sa création et qui, lorsque le Parti socialiste est passé dans le camp de la bourgeoisie, ont été repris par le Parti communiste à ses débuts.
Aujourd'hui, on ne peut compter ni sur l'un ni sur l'autre. Le Parti socialiste est devenu, de par sa direction, un parti de la bourgeoisie comme les autres, avec comme seule originalité de conserver une étiquette pour tromper ce que ses dirigeants appellent le "peuple de gauche". Quant au Parti communiste, malgré la crise profonde que lui ont valu cinq ans de suivisme à l'égard du gouvernement socialiste de Jospin, sa direction n'a toujours pas d'autres perspectives à offrir aux travailleurs et à ses propres militants que de recommencer la politique qui a échoué.
Alors, aujourd'hui, pas plus qu'hier, je ne sais dans quelles conditions et comment pourra se reconstituer un véritable parti ouvrier. Un parti qui se fixe comme objectif fondamental la transformation radicale de la société en expropriant le grand patronat et la grande bourgeoisie et en réorganisant l'économie afin qu'elle fonctionne pour satisfaire les besoins de tous et pas pour drainer du profit vers une petite minorité de riches.
Sur le plan international comme sur le plan intérieur, le fossé s'élargit sans cesse entre les possibilités immenses de l'humanité et ce que l'organisation sociale actuelle fait de ces possibilités.
A l'échelle internationale, la société a largement les moyens scientifiques et techniques et la capacité productive pour mettre fin à la misère qui est le lot de la majorité de la population de cette planète. Mais ces moyens immenses sont utilisés dans des aventures guerrières, comme celle que viennent de mener les Etats-Unis en Irak. Et ce qui se passe en ce moment en Irak est en quelque sorte un résumé de ce qui se passe sur toute notre planète. D'un côté, des milliards de dollars viennent d'être dépensés pour mobiliser tout ce que la science et la technologie peuvent produire de plus perfectionné pour bombarder, assassiner et ruiner un pays. De l'autre, dans les villes irakiennes de Bagdad et de Bassorah, si facilement conquises en raison de cette supériorité technologique, des enfants commencent à mourir du choléra, de cette maladie venue du fond des âges que l'humanité est pourtant capable d'éradiquer depuis longtemps. Mais la même armée capable d'expédier un missile valant des millions de dollars, avec une précision de quelques mètres, n'est pas capable de réparer l'alimentation en eau potable dans les villes qu'elle occupe !
Nous avons dénoncé cette guerre en Irak, non pas par pacifisme mais parce que c'était une guerre impérialiste pour imposer une paix impérialiste, c'est-à-dire le droit des classes riches des grandes puissances de piller ce pays.
Les dirigeants de notre impérialisme n'ont pas cru utile de participer à cette guerre contre l'Irak. Mais ils ont participé à la guerre précédente. Et ils participeront à bien d'autres guerres dans l'avenir. Car, rappelons-le, quelques jours après la journée que l'armée a organisée pour faire de la publicité pour elle-même et pour le rôle qu'elle prétend jouer pour la "défense nationale", rappelons que depuis 1945, près de 60 ans, l'armée française n'a jamais eu l'occasion de défendre le pays et ceux qui l'habitent, mais en revanche, elle a mené, de Madagascar au Congo, du Vietnam à l'Algérie, une multitude de guerres d'oppression contre d'autres peuples. Sans même parler de la présence de l'armée française aujourd'hui encore, en Côte-d'Ivoire ou en Afghanistan.
Alors, la seule façon consciente de militer pour qu'il n'y ait plus de guerres, ce n'est pas seulement de crier son pacifisme, mais de contribuer à ce que la classe ouvrière reprenne son rôle dans la vie politique, qu'elle s'organise en vue de mettre fin à l'économie capitaliste et à la dictature des groupes industriels et financiers sur le monde.
Se défendre face à l'exploitation et militer pour le changement de l'ordre social sont en réalité les deux faces d'un même combat nécessaire. Sans cette perspective politique, les travailleurs sont toujours sur la défensive, c'est-à-dire en retard d'une guerre contre les possédants. Il est en tout cas indispensable que cette perspective soit défendue dans le mouvement ouvrier. Il est indispensable qu'existe un courant comme il en a toujours existé, qui ne cherche pas des accommodements avec l'ordre capitaliste, mais qui cherche à le renverser. Un courant politique qui n'accepte pas que les progrès de l'humanité aggravent, au lieu d'y mettre fin, les inégalités entre classes sociales comme entre pays. Un courant politique qui défende l'idée que le capitalisme, la société d'exploitation ne constituent qu'une phase de l'histoire de l'humanité et que les conditions matérielles existent pour que cette phase se termine. Comme existe la force sociale pour y parvenir, la classe ouvrière.
Notre programme, à Lutte ouvrière, c'est de défendre et de propager ces idées parmi les travailleurs. C'est de reprendre, pour les continuer, les traditions socialistes, communistes et révolutionnaires du mouvement ouvrier qu'ont défendues dans le passé des générations de militants ouvriers, traditions plus légitimes que jamais. Cette tradition s'est perdue dans une large mesure, au fil du temps et au fil, surtout, de la trahison des grands partis ouvriers qui ont renié leur propre passé.
Mais nous faisons confiance à l'avenir. Car c'est la société capitaliste elle-même, l'exploitation, les inégalités qui pousseront vers ces idées de nouvelles générations de travailleurs, et plus particulièrement, de la jeunesse ouvrière et de la jeunesse tout court.
Alors, ce sur quoi je voudrais conclure ce soir, c'est : Rejoignez-nous dans ce combat !
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 21 mai 2003)