Texte intégral
Françoise Laborde - Avec M.-J. ROIG ce matin, nous allons évidemment parler de la
famille et de l'enfance, avec notamment cette journée de l'enfance
maltraitée. Bonjour.
Marie-Josée Roig - Bonjour.
Q- Est-ce que vous pouvez nous dire d'abord ce que ça représente aujourd'hui l'enfance maltraitée, s'il vous plaît ?
R- L'enfance maltraitée aujourd'hui, ça représente encore beaucoup d'enfants en danger et cette journée, elle est là, tous les derniers mardis de septembre, pour nous rappeler à nous tous que l'enfance maltraitée ça nous concerne tous, que nous pouvons toujours souligner, attirer l'attention sur une situation d'enfant qui nous paraît alarmante. Il y a un numéro, c'est le 119. Il existe, il est ouvert 24/24 heures, il est gratuit et on peut signaler tout soupçon de maltraitance à enfant.
Q- Parce qu'il y a eu des affaires récemment. On évoquait tout à l'heure dans le journal, notamment à Drancy, on s'est rendu compte...
R- A Drancy, à Bourges.
Q- ... ces cinq enfants qui vivaient dans des situations épouvantables, la
mort d'une petite fille avec une maman qui était manifestement
malade.
R- Malade, bien sûr.
Q- Et des voisins qui n'avaient pas, enfin qui se doutaient mais en
même temps qui n'avaient pas osé, c'est difficile aussi.
R- Qui n'avaient pas osé, mais vous savez c'est inscrit dans la loi, c'est un devoir. Je pense que quelquefois on a des réticences à souligner des violences conjugales, par exemple. Tout ce qui est violence à enfant doit être signalé immédiatement. Il vaut mieux...
Q- A ce numéro que vous avez cité.
R- A ce numéro 119, c'est le SNATEM qui est à l'écoute 24/24 heures.
Q- Alors quand il y a comme ça des cas d'enfants qui sont maltraités, qui prend le relais à ce moment là ? Il y a une intervention systématique ou pas ?
R- Les maltraitances sont signalées à ceux qui ont délégation pour s'occuper de la protection de l'enfance. Ce sont en France les départements. C'est une compétence qui a été déléguée aux départements. Mais il y a beaucoup d'organismes. La maltraitance, elle se constate à l'école, quelquefois le voisinage, comme nous le disions, mais lorsque les choses ne sont pas signalées à temps, ça aboutit à l'hôpital ou ça aboutit en justice. Il faut interrompre les choses avant. Aujourd'hui, ce qui peut dysfonctionner, c'est la chaîne des signalements.
Q- A propos de dysfonctionnements, il y a une affaire là tout récemment qui a évidemment beaucoup choqué et ému c'est, cette petite fille Charlotte déchirée entre un papa américain, une maman française et puis, scène invraisemblable, la police qui intervient dans une école avec le procureur de la République, tout ce petit monde qui se livre à une bataille rangée devant les yeux ébahis des enfants.
R- Cela a été une chose épouvantable. On ne va pas discuter les décisions de justice, mais dans un cas pareil, il faut organiser une rencontre, préparer. Aujourd'hui et le Garde des Sceaux et le ministre de l'Intérieur ont diligenté une enquête mais ce qu'il faut c'est faire finalement ce à quoi on a abouti : les parents se sont rencontrés, ils ont décidé pour 6 mois de confier l'enfant à une famille amie, dans laquelle...
Q- C'est une famille où la petite fille ne sera pas totalement perdue, dans un milieu qu'elle connaît.
R- Absolument pas, c'est une famille qu'elle connaît et où les parents, l'un et l'autre, le père et la mère viendront la rencontrer. Mais ne pas infliger un traumatisme comme celui-là à un enfant, c'est tout de même la moindre des choses.
Q- Comment expliquer qu'en France, aujourd'hui, la justice peut commettre des erreurs pareilles ? On se rappelle, il y a quelques années, il y avait eu une histoire un peu similaire aux Etats-Unis où un petit Cubain avait été comme ça...
R- Et on avait dit : "jamais ça en France !"
Q- On avait dit : "jamais ça en France !"
R- Eh bien, il y a eu un dysfonctionnement, ce qui est recherché, mais ce qu'il faut aujourd'hui c'est avant tout préserver l'enfant. Cette journée, elle est là pour ça, dire que l'enfant en France comme dans le monde doit être préservé avant tout.
Q- Alors il y a des lieux si je puis dire, des sites qui sont plus dangereux, c'est évidemment Internet, on pense tout de suite à ces sites pédophiles. D'abord comment faire pour effectivement interdire ces sites et comment faire aussi pour protéger nos enfants qui parfois ont accès librement à Internet ?
R- ... Ont accès librement à ces sites. Et quelquefois plus facilement que leurs parents eux-mêmes.
Q- Oui parce qu'ils savent très bien s'en servir en effet.
R- Parce qu'ils sont beaucoup plus habiles que nous. Eh bien ce qu'il faut c'est qu'on intègre, je dirais des séries, comme on le fait sur les voitures, un logiciel sur chaque ordinateur qui est vendu, un logiciel qui permettra aux parents de bloquer l'accès à certains sites. Alors ces logiciels peuvent s'ajouter à l'ordinateur que l'on vient d'acheter, mais il faudrait que cette structure, cette amélioration soit mise en place à l'origine afin que tous les parents y aient accès, que ce ne soit pas un supplément.
Q- Cela veut dire que vous allez financer... parce que les constructeurs, les fabricants d'ordinateurs ou ceux qui vendent les programmes, ils vont demander un peu d'argent à l'Etat. Cela veut dire que vous êtes prêts à financer effectivement un petit plus pour qu'il y ait ce verrouillage en série.
R- Je ne sais pas s'il sera nécessaire de financer un petit plus, on peut toujours discuter mais je pense qu'on peut peut-être aussi trouver une formule qu permettrait aux ordinateurs déjà existants de pouvoir télécharger [un logiciel, ndlr] qui donnera la possibilité aux parents d'éviter l'accès à certains sites.
Q- C'est-à-dire que vous, par exemple, au ministère, vous pourriez mettre à disposition...
R- On pourrait le conseiller sur le site du ministère, ce qui paraîtrait une formule qui permettrait immédiatement de bloquer ces systèmes là.
Q- Parmi vos projets aussi de réforme qui concernent directement l'enfance, c'est l'adoption. Vous voulez créer une agence de l'adoption, qu'est-ce que ça va changer ?
R- Ce que nous constatons, c'est que certains pays d'origine des enfants que l'on adopte en France, ont décidé de fermer leurs portes à l'adoption parce que c'est 65 % d'adoptions de personnes individuelles, isolées qui arrivent dans ces pays et qui sont quelquefois mal accueillies, qui tombent quelquefois sur des réseaux mafieux. Il est question aujourd'hui d'accompagner ces parents et de créer une agence nationale de l'adoption qui travaillera avec les organismes d'adoption agréés déjà existants, qui permettra aux parents d'avoir des réseaux dans les consulats, des réseaux qui les accueilleront. Un référent adoptant dans chaque consulat pour accueillir les parents qui arriveront, et qui permettra au pays d'origine des enfants d'avoir en face d'eux une structure française qui répondra de l'intégration de ces enfants dans le pays.
Q- Si je comprends bien, après l'agrément de la DDASS on s'adressera à cette agence d'adoption qui dira : "madame, monsieur voilà, dans tel pays..."
R- Voilà. Nous mettons à votre disposition toute une chaîne d'accueillants qui accompagnera les parents et puis qui les préparera dans leur projet d'adoption et les suivra par la suite. Quelquefois, les enfants venus de pays étrangers présentent des pathologies spécifiques. Il faut que ces parents soient accompagnés spécifiquement.
Q- Une toute dernière question concernant l'homoparentalité. Il y a eu une décision de justice. Pour la première fois en France, cet été, un couple de femmes a eu la possibilité d'avoir une autorité parentale partagée, ce qui change un peu effectivement tout ce débat. Vous, à titre personnel, vous pensez quoi de l'homoparentalité, de la possibilité éventuellement pour des couples homosexuels d'adopter ?
R- Je pense qu'effectivement les enfants ont besoin d'un référent homme et d'un référent femme pour s'épanouir correctement mais, il existe des tas de cas d'enfants qui ont été élevés notamment par des femmes. Je pense à ce qui s'est passé après la Première Guerre mondiale où il n'était pas rare de voir une grand-mère, une mère et des tantes qui ne s'étaient pas mariées parce que le fiancé était mort à la guerre, élever des enfants. Ces enfants n'ont pas présenté de pathologie particulière mais, il faut tout de même savoir que nous devons privilégier le fait que les enfants ont besoin d'un homme et d'une femme comme référence pour se construire.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 septembre 2004)
famille et de l'enfance, avec notamment cette journée de l'enfance
maltraitée. Bonjour.
Marie-Josée Roig - Bonjour.
Q- Est-ce que vous pouvez nous dire d'abord ce que ça représente aujourd'hui l'enfance maltraitée, s'il vous plaît ?
R- L'enfance maltraitée aujourd'hui, ça représente encore beaucoup d'enfants en danger et cette journée, elle est là, tous les derniers mardis de septembre, pour nous rappeler à nous tous que l'enfance maltraitée ça nous concerne tous, que nous pouvons toujours souligner, attirer l'attention sur une situation d'enfant qui nous paraît alarmante. Il y a un numéro, c'est le 119. Il existe, il est ouvert 24/24 heures, il est gratuit et on peut signaler tout soupçon de maltraitance à enfant.
Q- Parce qu'il y a eu des affaires récemment. On évoquait tout à l'heure dans le journal, notamment à Drancy, on s'est rendu compte...
R- A Drancy, à Bourges.
Q- ... ces cinq enfants qui vivaient dans des situations épouvantables, la
mort d'une petite fille avec une maman qui était manifestement
malade.
R- Malade, bien sûr.
Q- Et des voisins qui n'avaient pas, enfin qui se doutaient mais en
même temps qui n'avaient pas osé, c'est difficile aussi.
R- Qui n'avaient pas osé, mais vous savez c'est inscrit dans la loi, c'est un devoir. Je pense que quelquefois on a des réticences à souligner des violences conjugales, par exemple. Tout ce qui est violence à enfant doit être signalé immédiatement. Il vaut mieux...
Q- A ce numéro que vous avez cité.
R- A ce numéro 119, c'est le SNATEM qui est à l'écoute 24/24 heures.
Q- Alors quand il y a comme ça des cas d'enfants qui sont maltraités, qui prend le relais à ce moment là ? Il y a une intervention systématique ou pas ?
R- Les maltraitances sont signalées à ceux qui ont délégation pour s'occuper de la protection de l'enfance. Ce sont en France les départements. C'est une compétence qui a été déléguée aux départements. Mais il y a beaucoup d'organismes. La maltraitance, elle se constate à l'école, quelquefois le voisinage, comme nous le disions, mais lorsque les choses ne sont pas signalées à temps, ça aboutit à l'hôpital ou ça aboutit en justice. Il faut interrompre les choses avant. Aujourd'hui, ce qui peut dysfonctionner, c'est la chaîne des signalements.
Q- A propos de dysfonctionnements, il y a une affaire là tout récemment qui a évidemment beaucoup choqué et ému c'est, cette petite fille Charlotte déchirée entre un papa américain, une maman française et puis, scène invraisemblable, la police qui intervient dans une école avec le procureur de la République, tout ce petit monde qui se livre à une bataille rangée devant les yeux ébahis des enfants.
R- Cela a été une chose épouvantable. On ne va pas discuter les décisions de justice, mais dans un cas pareil, il faut organiser une rencontre, préparer. Aujourd'hui et le Garde des Sceaux et le ministre de l'Intérieur ont diligenté une enquête mais ce qu'il faut c'est faire finalement ce à quoi on a abouti : les parents se sont rencontrés, ils ont décidé pour 6 mois de confier l'enfant à une famille amie, dans laquelle...
Q- C'est une famille où la petite fille ne sera pas totalement perdue, dans un milieu qu'elle connaît.
R- Absolument pas, c'est une famille qu'elle connaît et où les parents, l'un et l'autre, le père et la mère viendront la rencontrer. Mais ne pas infliger un traumatisme comme celui-là à un enfant, c'est tout de même la moindre des choses.
Q- Comment expliquer qu'en France, aujourd'hui, la justice peut commettre des erreurs pareilles ? On se rappelle, il y a quelques années, il y avait eu une histoire un peu similaire aux Etats-Unis où un petit Cubain avait été comme ça...
R- Et on avait dit : "jamais ça en France !"
Q- On avait dit : "jamais ça en France !"
R- Eh bien, il y a eu un dysfonctionnement, ce qui est recherché, mais ce qu'il faut aujourd'hui c'est avant tout préserver l'enfant. Cette journée, elle est là pour ça, dire que l'enfant en France comme dans le monde doit être préservé avant tout.
Q- Alors il y a des lieux si je puis dire, des sites qui sont plus dangereux, c'est évidemment Internet, on pense tout de suite à ces sites pédophiles. D'abord comment faire pour effectivement interdire ces sites et comment faire aussi pour protéger nos enfants qui parfois ont accès librement à Internet ?
R- ... Ont accès librement à ces sites. Et quelquefois plus facilement que leurs parents eux-mêmes.
Q- Oui parce qu'ils savent très bien s'en servir en effet.
R- Parce qu'ils sont beaucoup plus habiles que nous. Eh bien ce qu'il faut c'est qu'on intègre, je dirais des séries, comme on le fait sur les voitures, un logiciel sur chaque ordinateur qui est vendu, un logiciel qui permettra aux parents de bloquer l'accès à certains sites. Alors ces logiciels peuvent s'ajouter à l'ordinateur que l'on vient d'acheter, mais il faudrait que cette structure, cette amélioration soit mise en place à l'origine afin que tous les parents y aient accès, que ce ne soit pas un supplément.
Q- Cela veut dire que vous allez financer... parce que les constructeurs, les fabricants d'ordinateurs ou ceux qui vendent les programmes, ils vont demander un peu d'argent à l'Etat. Cela veut dire que vous êtes prêts à financer effectivement un petit plus pour qu'il y ait ce verrouillage en série.
R- Je ne sais pas s'il sera nécessaire de financer un petit plus, on peut toujours discuter mais je pense qu'on peut peut-être aussi trouver une formule qu permettrait aux ordinateurs déjà existants de pouvoir télécharger [un logiciel, ndlr] qui donnera la possibilité aux parents d'éviter l'accès à certains sites.
Q- C'est-à-dire que vous, par exemple, au ministère, vous pourriez mettre à disposition...
R- On pourrait le conseiller sur le site du ministère, ce qui paraîtrait une formule qui permettrait immédiatement de bloquer ces systèmes là.
Q- Parmi vos projets aussi de réforme qui concernent directement l'enfance, c'est l'adoption. Vous voulez créer une agence de l'adoption, qu'est-ce que ça va changer ?
R- Ce que nous constatons, c'est que certains pays d'origine des enfants que l'on adopte en France, ont décidé de fermer leurs portes à l'adoption parce que c'est 65 % d'adoptions de personnes individuelles, isolées qui arrivent dans ces pays et qui sont quelquefois mal accueillies, qui tombent quelquefois sur des réseaux mafieux. Il est question aujourd'hui d'accompagner ces parents et de créer une agence nationale de l'adoption qui travaillera avec les organismes d'adoption agréés déjà existants, qui permettra aux parents d'avoir des réseaux dans les consulats, des réseaux qui les accueilleront. Un référent adoptant dans chaque consulat pour accueillir les parents qui arriveront, et qui permettra au pays d'origine des enfants d'avoir en face d'eux une structure française qui répondra de l'intégration de ces enfants dans le pays.
Q- Si je comprends bien, après l'agrément de la DDASS on s'adressera à cette agence d'adoption qui dira : "madame, monsieur voilà, dans tel pays..."
R- Voilà. Nous mettons à votre disposition toute une chaîne d'accueillants qui accompagnera les parents et puis qui les préparera dans leur projet d'adoption et les suivra par la suite. Quelquefois, les enfants venus de pays étrangers présentent des pathologies spécifiques. Il faut que ces parents soient accompagnés spécifiquement.
Q- Une toute dernière question concernant l'homoparentalité. Il y a eu une décision de justice. Pour la première fois en France, cet été, un couple de femmes a eu la possibilité d'avoir une autorité parentale partagée, ce qui change un peu effectivement tout ce débat. Vous, à titre personnel, vous pensez quoi de l'homoparentalité, de la possibilité éventuellement pour des couples homosexuels d'adopter ?
R- Je pense qu'effectivement les enfants ont besoin d'un référent homme et d'un référent femme pour s'épanouir correctement mais, il existe des tas de cas d'enfants qui ont été élevés notamment par des femmes. Je pense à ce qui s'est passé après la Première Guerre mondiale où il n'était pas rare de voir une grand-mère, une mère et des tantes qui ne s'étaient pas mariées parce que le fiancé était mort à la guerre, élever des enfants. Ces enfants n'ont pas présenté de pathologie particulière mais, il faut tout de même savoir que nous devons privilégier le fait que les enfants ont besoin d'un homme et d'une femme comme référence pour se construire.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 septembre 2004)