Texte intégral
Chers camarades,
Je veux d'abord remercier nos camarades italiens et Fausto Bertinotti de leur accueil. Et je voudrais avant tout exprimer mon enthousiasme, celui des communistes français, d'être ici, aujourd'hui, à Rome, pour poser la première pierre de ce grand projet. Une force européenne regroupant les partis qui oeuvrent à la transformation sociale, nous en avons besoin pour combattre efficacement les choix libéraux qui dominent sur notre continent, nous en avons besoin pour permettre à nos peuples de bâtir ensemble une autre Europe, un autre monde. C'est pourquoi aujourd'hui est une date importante pour l'histoire de la gauche européenne.
En effet, la gauche sort du XXème siècle considérablement abîmée. Abîmée par ses échecs. Abîmée aussi par ses renoncements et ses difficultés à remettre sur pieds la transformation sociale de notre temps avec les contenus anticapitalistes et les pratiques politiques nouvelles qu'elle exige. Le mouvement du monde a également été marqué ces dernières années, par l'émergence de dynamiques populaires profondes dépassant les frontières des Etats. Il a été marqué par le retour en force de cette aspiration à un autre monde. Sur le plan européen et international, des organisations citoyennes et syndicales se sont structurées pour se donner les moyens d'être à la hauteur du combat engagé contre les forces réactionnaires du capital. Il nous manquait l'espace politique permettant de mettre en commun nos énergies, nos analyses, nos propositions, des actions. Je suis certaine que les travaux de ce congrès fondateur vont nous permettre de construire cet espace.
Ce début de siècle nous place en face d'immenses enjeux. Il nous faut inventer des réponses politiques d'envergure aux besoins de changement exprimés par les peuples. Et la création de cette force européenne peut nous donner une crédibilité nouvelle pour porter cet objectif dans nos pays respectifs. Le capitalisme continue à se déployer contre les peuples. Les Etats-Unis d'Amérique développent leur politique impérialiste sur tous les fronts, encourageant Sharon dans son entreprise détestable et soumettant le peuple irakien aux pires exactions. L'Organisation des Nations Unies, si elle représente un espoir, a du mal à se faire entendre. L'Organisation Mondiale du Commerce, le Fonds Monétaire International, le G8 veulent imposer au monde les conséquences de la recherche incessante du profit. Le capitalisme qui règne sur le monde se repaît des inégalités, des discriminations, de la misère. Il fait de la guerre un mode de développement et de domination.
Mais dans le même temps, la contestation du capitalisme mondialisé puise des ressources nouvelles dans les possibilités actuelles. Progrès scientifique, élévation des connaissances, démultiplication de l'information rendent plus que jamais d'actualité la mise en partage des avoirs, des savoirs et des pouvoirs. Pour nous, ce que nous appelons la visée communiste est à l'ordre du jour.
Pourtant, le libéralisme au pouvoir fait des ravages et gangrène les édifices sociaux de nos pays respectifs. Notre Europe va mal. Les politiques menées sur la majeure partie de notre continent, qui, au mieux, accompagnent le capitalisme dans sa progression, fabriquent en permanence de la souffrance sociale. La marchandisation est à l'ordre du jour pour tous les secteurs de l'activité humaine, les services publics sont pointés du doigt et un à un démantelés. Les peuples sont mis en concurrence et l'industrie européenne est soumise aux logiques financières implacables qui la dépècent.
Et, je dois le dire, le projet de Constitution n'est pas plus rassurant que le traité de Maastricht. Il porte en lui cette philosophie mortifère qui a présidé à la construction de l'Europe que nous connaissons. Ce projet, présenté par quelqu'un que nous connaissons bien, Valéry Giscard d'Estaing, est pour nous inacceptable. En France, nous demandons un référendum pour que les citoyens et citoyennes s'emparent de la question, et nous appelons à voter contre. Ce texte, grave dans le marbre un principe économique, le libéralisme. Il le constitutionnalise. Les droits fondamentaux eux-mêmes sont soumis à la restriction de ne pas contredire les principes de la libre concurrence qui priment. C'est pourquoi nous exigeons un nouveau traité porteur d'autres finalités.
Dans notre pays, la droite comme les socio-démocrates sont plutôt frileux pour organiser la grande consultation populaire que nous exigeons. Ils ont trop peur, après avoir usé de caricatures classant les protagonistes en deux camps -celui des " pro " et celui des " anti "- que le cadeau leur soit retourné. La droite au pouvoir, qui mène une offensive sans précédent pour remodeler la société, et n'hésite pas à prendre pour cible les grands acquis de la Libération de 1945, craint déjà un nouveau vote sanction. La casse du système de retraites a provoqué, comme dans d'autres pays (Allemagne, Autriche, Italie) la colère massive des salariés. De leur côté, les chômeurs et les artistes ne sont pas en reste pour résister à cette politique. Le résultat des dernières élections régionales, lors desquelles notre parti, là où il présentait des listes, a connu un regain notable, a mis ce gouvernement en minorité politique dans le pays. Ce remodelage libéral, articulé avec l'offensive libérale permanente qui occupe l'Union européenne, ne va donc pas sans résistances multiples.
A l'occasion de cette campagne des élections européennes, nous allons faire entendre cette voix : " L'Europe, oui, mais pas celle-là ! De la rue aux urnes, l'Europe doit se faire pour et par les peuples ". Le vote pour les listes, que nous avons présentées hier soir à Paris, aura du sens : le sens d'un non à l'Europe libérale et d'un oui à une Europe solidaire, bien sûr, mais aussi le sens d'un nouveau revers pour la droite de notre pays. Je crois enfin qu'il nous donnera de la force pour révolutionner la gauche. Pour nous, qui voulons être à la fois une force porteuse d'une visée de transformation sociale et une force efficace immédiatement, on ne peut pas séparer nécessité de changement et dynamique de rassemblement. Le paysage que donne à voir la gauche actuelle, en France et en Europe, ne peut donc pas nous satisfaire. Sans doute est-ce là un combat que nous pourrons porter ensemble, je le souhaite.
Face à cette offensive libérale et à cette prégnance du capitalisme mondialisé, il nous faut donc développer une riposte politique au-delà des frontières des Etats, sur un contenu audacieux. Nous n'avons que trop tardé à travailler ensemble.
La communauté de vues qui nous rapproche sur ce que doit être l'Europe rend nos engagements respectifs plus crédibles encore. En quelques mots, je voudrais vous dire que les communistes français entendent bâtir une Europe des services publics pour répondre aux besoins fondamentaux des peuples et repousser les frontières du marché. Nous voulons une Europe de l'emploi et de la formation qui travaille à une véritable sécurité d'emploi, de formation et de revenus pour chaque individu et qui se mêle fortement des choix de la Banque centrale européenne, entièrement mise au service de nouvelles priorités pour l'Union. Nous voulons une Europe démilitarisée, de la paix et du désarmement qui prenne l'initiative. Nous voulons une Europe de l'égalité et de la lutte contre les discriminations. Nous voulons une Europe de la coopération entre les peuples, ouverte sur le monde. Une autre Europe pour un autre monde ! Je sais que tout cela se retrouve d'une manière ou d'une autre dans le manifeste que nous avons élaboré.
Ces propositions sont en phase avec les attentes du mouvement de riposte qui se développe en Europe et dans le monde. Le Forum social européen de Paris-Saint-Denis-Ivry-Bobigny, après celui de Florence, était porteur de ces exigences. Mais force est de constater, que, malgré la force des mouvements sociaux et citoyens, il est difficile à ces aspirations de se frayer un chemin. Les rapports entre politique et mouvements sociaux sont posés. Des murs se sont parfois créés entre eux. Pour notre part, nous pensons qu'il est nécessaire de créer des nouveaux rapports entre le mouvement social et le politique pour construire ensemble l'alternative politique qui fait défaut. Aujourd'hui, la création de cet espace politique européen doit ouvrir avec le mouvement social la possibilité de nouvelles constructions, de nouvelles dynamiques. Il faudra rapidement réfléchir à ces questions et prendre rapidement des initiatives afin de créer les convergences nécessaires.
Voilà pourquoi la dynamique européenne qui nous permis de tenir aujourd'hui ce congrès est, pour les communistes français, importante. L'heure est à un nouvel internationalisme radicalement différent des expériences passées. De quoi avons-nous besoin entre nous ?
Nous avons besoin d'échanges. Echanges de données, d'informations, d'analyses, de réflexions. Nous avons besoin de débats, sur les moyens de la transformation sociale, sur l'état du monde, sur les perspectives à dégager. Nous avons besoin d'initiatives communes, de batailles communes. Une structure fédérale serait peu à même d'honorer ces besoins essentiels et risquerait au contraire de stériliser et d'alourdir notre démarche commune. C'est pourquoi les communistes français sont favorables à la constitution de notre force comme un espace de construction et d'initiative qui ne remette à aucun moment en cause la souveraineté des partis qui la composent. C'est, à notre sens la garantie du respect de nos différences, de nos histoires, de nos enracinements. Nous savons tous que cette condition est également nécessaire si nous voulons laisser la porte ouverte à des formations avec qui nous travaillons sur le plan européen depuis longtemps, je pense par exemple à nos amis nordiques, à nos amis portugais. Notre force a vocation à s'élargir sur les bases définies par le Manifeste.
Par ailleurs, mesurons bien l'ensemble des rapports de force. Le cadre national structure nos interventions, et demeure aujourd'hui essentiel pour peser, parler, construire. Nier cette réalité nous conduirait au-devant de graves désillusions. Mais la nouveauté, c'est que ce cadre n'est plus le seul, que d'autres échelles nécessitent une intervention coordonnée. C'est pourquoi, il nous semble absolument nécessaire de rendre visible au plan européen ce que nous représentons et de constituer cette force.
*
Je vous dis ces choses avec la franchise qui caractérise notre engagement dans ce processus depuis le départ. Et je crois pouvoir dire que les communistes français sont unanimement sensibles à cette conception des choses. La période au cours de laquelle nous avons abordé dans notre parti la constitution de cette force européenne a été extrêmement occupée par des échéances électorales cruciales et déterminantes pour l'avenir de notre parti. Aussi, le temps nous a manqué pour donner au débat l'amplitude que mérite l'enjeu. Aussi, nous avons décidé que les adhérents seraient amenés à se prononcer définitivement sur notre adhésion prochainement, sur la base des décisions de ce congrès de Rome. L'intérêt qu'ils portent aux discussions que nous aurons aujourd'hui comme au projet qui nous occupe est grand. Aujourd'hui, nous avons ensemble je crois, les moyens d'aboutir en faisant de nos différences autant de richesses.
Il va nous falloir apprendre à travailler ensemble entre responsables, entre militants de nos partis. Il nous faut inventer une démarche d'animation, de direction collective de cette force qui allie efficacité et respect des positionnements de chacun. Les sujets sont nombreux sur lesquels nous pouvons d'ores et déjà organiser concrètement des échanges, je pense par exemple au projet de sécurité d'emploi, de formation et de revenus, à la protection sociale, mais aussi à la question des migrations. Sans attendre, j'espère que pour ces élections européennes, nous allons battre ensemble la campagne en conjuguant nos différences et nos énergies.
Ensemble, nous pouvons devenir une force qui change la donne en Europe, représenter un espoir. Notre responsabilité est grande devant la situation de nos peuples, elle est grande devant l'histoire. De notre capacité à faire grandir des dynamiques de rassemblement dépend l'avenir.
(Source http://www.pcf.fr,, le 11 mai 2004)
Je veux d'abord remercier nos camarades italiens et Fausto Bertinotti de leur accueil. Et je voudrais avant tout exprimer mon enthousiasme, celui des communistes français, d'être ici, aujourd'hui, à Rome, pour poser la première pierre de ce grand projet. Une force européenne regroupant les partis qui oeuvrent à la transformation sociale, nous en avons besoin pour combattre efficacement les choix libéraux qui dominent sur notre continent, nous en avons besoin pour permettre à nos peuples de bâtir ensemble une autre Europe, un autre monde. C'est pourquoi aujourd'hui est une date importante pour l'histoire de la gauche européenne.
En effet, la gauche sort du XXème siècle considérablement abîmée. Abîmée par ses échecs. Abîmée aussi par ses renoncements et ses difficultés à remettre sur pieds la transformation sociale de notre temps avec les contenus anticapitalistes et les pratiques politiques nouvelles qu'elle exige. Le mouvement du monde a également été marqué ces dernières années, par l'émergence de dynamiques populaires profondes dépassant les frontières des Etats. Il a été marqué par le retour en force de cette aspiration à un autre monde. Sur le plan européen et international, des organisations citoyennes et syndicales se sont structurées pour se donner les moyens d'être à la hauteur du combat engagé contre les forces réactionnaires du capital. Il nous manquait l'espace politique permettant de mettre en commun nos énergies, nos analyses, nos propositions, des actions. Je suis certaine que les travaux de ce congrès fondateur vont nous permettre de construire cet espace.
Ce début de siècle nous place en face d'immenses enjeux. Il nous faut inventer des réponses politiques d'envergure aux besoins de changement exprimés par les peuples. Et la création de cette force européenne peut nous donner une crédibilité nouvelle pour porter cet objectif dans nos pays respectifs. Le capitalisme continue à se déployer contre les peuples. Les Etats-Unis d'Amérique développent leur politique impérialiste sur tous les fronts, encourageant Sharon dans son entreprise détestable et soumettant le peuple irakien aux pires exactions. L'Organisation des Nations Unies, si elle représente un espoir, a du mal à se faire entendre. L'Organisation Mondiale du Commerce, le Fonds Monétaire International, le G8 veulent imposer au monde les conséquences de la recherche incessante du profit. Le capitalisme qui règne sur le monde se repaît des inégalités, des discriminations, de la misère. Il fait de la guerre un mode de développement et de domination.
Mais dans le même temps, la contestation du capitalisme mondialisé puise des ressources nouvelles dans les possibilités actuelles. Progrès scientifique, élévation des connaissances, démultiplication de l'information rendent plus que jamais d'actualité la mise en partage des avoirs, des savoirs et des pouvoirs. Pour nous, ce que nous appelons la visée communiste est à l'ordre du jour.
Pourtant, le libéralisme au pouvoir fait des ravages et gangrène les édifices sociaux de nos pays respectifs. Notre Europe va mal. Les politiques menées sur la majeure partie de notre continent, qui, au mieux, accompagnent le capitalisme dans sa progression, fabriquent en permanence de la souffrance sociale. La marchandisation est à l'ordre du jour pour tous les secteurs de l'activité humaine, les services publics sont pointés du doigt et un à un démantelés. Les peuples sont mis en concurrence et l'industrie européenne est soumise aux logiques financières implacables qui la dépècent.
Et, je dois le dire, le projet de Constitution n'est pas plus rassurant que le traité de Maastricht. Il porte en lui cette philosophie mortifère qui a présidé à la construction de l'Europe que nous connaissons. Ce projet, présenté par quelqu'un que nous connaissons bien, Valéry Giscard d'Estaing, est pour nous inacceptable. En France, nous demandons un référendum pour que les citoyens et citoyennes s'emparent de la question, et nous appelons à voter contre. Ce texte, grave dans le marbre un principe économique, le libéralisme. Il le constitutionnalise. Les droits fondamentaux eux-mêmes sont soumis à la restriction de ne pas contredire les principes de la libre concurrence qui priment. C'est pourquoi nous exigeons un nouveau traité porteur d'autres finalités.
Dans notre pays, la droite comme les socio-démocrates sont plutôt frileux pour organiser la grande consultation populaire que nous exigeons. Ils ont trop peur, après avoir usé de caricatures classant les protagonistes en deux camps -celui des " pro " et celui des " anti "- que le cadeau leur soit retourné. La droite au pouvoir, qui mène une offensive sans précédent pour remodeler la société, et n'hésite pas à prendre pour cible les grands acquis de la Libération de 1945, craint déjà un nouveau vote sanction. La casse du système de retraites a provoqué, comme dans d'autres pays (Allemagne, Autriche, Italie) la colère massive des salariés. De leur côté, les chômeurs et les artistes ne sont pas en reste pour résister à cette politique. Le résultat des dernières élections régionales, lors desquelles notre parti, là où il présentait des listes, a connu un regain notable, a mis ce gouvernement en minorité politique dans le pays. Ce remodelage libéral, articulé avec l'offensive libérale permanente qui occupe l'Union européenne, ne va donc pas sans résistances multiples.
A l'occasion de cette campagne des élections européennes, nous allons faire entendre cette voix : " L'Europe, oui, mais pas celle-là ! De la rue aux urnes, l'Europe doit se faire pour et par les peuples ". Le vote pour les listes, que nous avons présentées hier soir à Paris, aura du sens : le sens d'un non à l'Europe libérale et d'un oui à une Europe solidaire, bien sûr, mais aussi le sens d'un nouveau revers pour la droite de notre pays. Je crois enfin qu'il nous donnera de la force pour révolutionner la gauche. Pour nous, qui voulons être à la fois une force porteuse d'une visée de transformation sociale et une force efficace immédiatement, on ne peut pas séparer nécessité de changement et dynamique de rassemblement. Le paysage que donne à voir la gauche actuelle, en France et en Europe, ne peut donc pas nous satisfaire. Sans doute est-ce là un combat que nous pourrons porter ensemble, je le souhaite.
Face à cette offensive libérale et à cette prégnance du capitalisme mondialisé, il nous faut donc développer une riposte politique au-delà des frontières des Etats, sur un contenu audacieux. Nous n'avons que trop tardé à travailler ensemble.
La communauté de vues qui nous rapproche sur ce que doit être l'Europe rend nos engagements respectifs plus crédibles encore. En quelques mots, je voudrais vous dire que les communistes français entendent bâtir une Europe des services publics pour répondre aux besoins fondamentaux des peuples et repousser les frontières du marché. Nous voulons une Europe de l'emploi et de la formation qui travaille à une véritable sécurité d'emploi, de formation et de revenus pour chaque individu et qui se mêle fortement des choix de la Banque centrale européenne, entièrement mise au service de nouvelles priorités pour l'Union. Nous voulons une Europe démilitarisée, de la paix et du désarmement qui prenne l'initiative. Nous voulons une Europe de l'égalité et de la lutte contre les discriminations. Nous voulons une Europe de la coopération entre les peuples, ouverte sur le monde. Une autre Europe pour un autre monde ! Je sais que tout cela se retrouve d'une manière ou d'une autre dans le manifeste que nous avons élaboré.
Ces propositions sont en phase avec les attentes du mouvement de riposte qui se développe en Europe et dans le monde. Le Forum social européen de Paris-Saint-Denis-Ivry-Bobigny, après celui de Florence, était porteur de ces exigences. Mais force est de constater, que, malgré la force des mouvements sociaux et citoyens, il est difficile à ces aspirations de se frayer un chemin. Les rapports entre politique et mouvements sociaux sont posés. Des murs se sont parfois créés entre eux. Pour notre part, nous pensons qu'il est nécessaire de créer des nouveaux rapports entre le mouvement social et le politique pour construire ensemble l'alternative politique qui fait défaut. Aujourd'hui, la création de cet espace politique européen doit ouvrir avec le mouvement social la possibilité de nouvelles constructions, de nouvelles dynamiques. Il faudra rapidement réfléchir à ces questions et prendre rapidement des initiatives afin de créer les convergences nécessaires.
Voilà pourquoi la dynamique européenne qui nous permis de tenir aujourd'hui ce congrès est, pour les communistes français, importante. L'heure est à un nouvel internationalisme radicalement différent des expériences passées. De quoi avons-nous besoin entre nous ?
Nous avons besoin d'échanges. Echanges de données, d'informations, d'analyses, de réflexions. Nous avons besoin de débats, sur les moyens de la transformation sociale, sur l'état du monde, sur les perspectives à dégager. Nous avons besoin d'initiatives communes, de batailles communes. Une structure fédérale serait peu à même d'honorer ces besoins essentiels et risquerait au contraire de stériliser et d'alourdir notre démarche commune. C'est pourquoi les communistes français sont favorables à la constitution de notre force comme un espace de construction et d'initiative qui ne remette à aucun moment en cause la souveraineté des partis qui la composent. C'est, à notre sens la garantie du respect de nos différences, de nos histoires, de nos enracinements. Nous savons tous que cette condition est également nécessaire si nous voulons laisser la porte ouverte à des formations avec qui nous travaillons sur le plan européen depuis longtemps, je pense par exemple à nos amis nordiques, à nos amis portugais. Notre force a vocation à s'élargir sur les bases définies par le Manifeste.
Par ailleurs, mesurons bien l'ensemble des rapports de force. Le cadre national structure nos interventions, et demeure aujourd'hui essentiel pour peser, parler, construire. Nier cette réalité nous conduirait au-devant de graves désillusions. Mais la nouveauté, c'est que ce cadre n'est plus le seul, que d'autres échelles nécessitent une intervention coordonnée. C'est pourquoi, il nous semble absolument nécessaire de rendre visible au plan européen ce que nous représentons et de constituer cette force.
*
Je vous dis ces choses avec la franchise qui caractérise notre engagement dans ce processus depuis le départ. Et je crois pouvoir dire que les communistes français sont unanimement sensibles à cette conception des choses. La période au cours de laquelle nous avons abordé dans notre parti la constitution de cette force européenne a été extrêmement occupée par des échéances électorales cruciales et déterminantes pour l'avenir de notre parti. Aussi, le temps nous a manqué pour donner au débat l'amplitude que mérite l'enjeu. Aussi, nous avons décidé que les adhérents seraient amenés à se prononcer définitivement sur notre adhésion prochainement, sur la base des décisions de ce congrès de Rome. L'intérêt qu'ils portent aux discussions que nous aurons aujourd'hui comme au projet qui nous occupe est grand. Aujourd'hui, nous avons ensemble je crois, les moyens d'aboutir en faisant de nos différences autant de richesses.
Il va nous falloir apprendre à travailler ensemble entre responsables, entre militants de nos partis. Il nous faut inventer une démarche d'animation, de direction collective de cette force qui allie efficacité et respect des positionnements de chacun. Les sujets sont nombreux sur lesquels nous pouvons d'ores et déjà organiser concrètement des échanges, je pense par exemple au projet de sécurité d'emploi, de formation et de revenus, à la protection sociale, mais aussi à la question des migrations. Sans attendre, j'espère que pour ces élections européennes, nous allons battre ensemble la campagne en conjuguant nos différences et nos énergies.
Ensemble, nous pouvons devenir une force qui change la donne en Europe, représenter un espoir. Notre responsabilité est grande devant la situation de nos peuples, elle est grande devant l'histoire. De notre capacité à faire grandir des dynamiques de rassemblement dépend l'avenir.
(Source http://www.pcf.fr,, le 11 mai 2004)