Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur le président du Conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Monsieur le président du SMACOPI,
Madame et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un très grand plaisir que je me trouve parmi vous aujourd'hui, dans ce site magnifique qu'est la baie de Somme, excellente illustration des ambitions et des enjeux de la politique " grands sites ".
De l'ambition, je sais que vous en avez comme tous les participants aujourd'hui réunis représentant à travers le monde d'autres sites exceptionnels.
De l'ambition, j'en ai pour vous, j'en ai pour tous ici réunis car je sais à quel point, de même que la conservation des biens culturels, la conservation des uvres de la nature et plus encore peut-être la conservation des uvres communes de l'histoire humaine et de la nature, ces grands paysages que sont toujours les grands sites, sont facteurs de lien social et donc de développement.
Dès l'origine, en 1976, alors même que les objectifs de la politique Grands Sites s'exprimaient dans la mise en balance de deux enjeux apparemment contradictoires : préservation d'un patrimoine et valorisation économique d'un territoire, cette volonté d'ancrer l'action dans la société locale était affirmée.
Concertation, prise en compte de l'économie locale, gestion appropriée et (disait-on alors) "permanente" sont les mots alors employés pour définir les missions de la structure de projet et de gestion dédiée au site.
Nous avions déjà là les trois piliers du développement durable : la conservation des uvres communes de l'homme et de la nature, l'exigence du développement économique et la reconnaissance du social, pris ici au sens de la gouvernance locale.
Mais, l'expérience tirée par les uns et les autres, au cours des années, de ces objectifs ambitieux, sont allés bien au-delà des mots.
Non seulement plusieurs sites ont fait la démonstration de leur réussite comme nous allons le voir mais encore les travaux de réflexion collective conduits dans le cadre de cette politique de grands sites ont à chaque fois démontré leur caractère fondateur.
Fondateur de sens comme je vous le disais d'entrée de jeu, car travailler ensemble à la mise en valeur d'un site, c'est faire beaucoup plus que de négocier un contrat. C'est donner un sens à son action individuelle à son projet d'entreprise, à son projet associatif au coeur de la société locale.
Fondateur de manière indissociable donc aussi de lien social car la discussion, le débat sur le projet fonde des rapports entre personnes renouvelés.
Fondateur donc enfin dans la durée car le travail d'élaboration collective ainsi conduit produit ses fruits longtemps après la décision.
Au-delà des termes que nous employons tous pour parler du développement durable, ce que m'enseignent les opérations grands sites, c'est que les débats auxquels elles donnent lieu (comme le dit si bien notre langue : donner un lieu au débat) ces débats donc font partie de ces moments de dialogue et d'échange où notre société, soumise à des évolutions rapides et à des remises en cause permanentes, en permanence se reconstruit, se recompose et retrouve, dans l'action, un sens à l'engagement de chacun.
Et c'est bien, à mon sens, ce qu'a compris dès 1996, à l'occasion des vingt ans de cette politique, la section française du Conseil International des Monuments et des sites ICOMOS lorsqu'elle a enraciné ses réflexions dans la confiance accordée au dynamisme local. C'est bien aussi ce que nous démontrent tous les jours les opérations grands sites dites " achevées " pour l'administration, c'est à dire, pour moi, parvenues au stade de leur pleine maturité.
Qu'il s'agisse de la bastide de Monpazier, modèle des bastides ou bien de la pointe du Raz ou encore du pont du Gard, toutes représentent une avancée si réelle, si notable pour la mise en valeur et la beauté du site que certains visiteurs ont déjà oublié l'état catastrophique de ces sites avant réhabilitation ! Oui, elles participent considérablement à l'économie locale. Oui, elles ont créé des emplois permanents et saisonniers. Oui, elles représentent pour les habitants une amélioration très significative des conditions de coexistence entre les visiteurs et eux-même ! Et, toutes ont donné lieu à la mise en place de structures de gestion.
Je veux saluer ici la clairvoyance et la volonté acharnée des élus qui, à chaque fois, ont su mener à leur terme ces opérations ambitieuses, à la maîtrise d'ouvrage, ô combien délicate.
Combien de difficultés jalonnent en effet la route de ceux qui parmi les élus s'y aventurent !
C'est aux élus, en effet, que revient le risque de mettre en débat les questions toujours compliquées et toujours antagonistes en apparence de l'accueil de visiteurs toujours plus nombreux et de la préservation du cadre de vie et de la tranquillité des habitants. C'est sur eux que pèse le risque d'une insuffisante appropriation de la démarche par les habitants, le risque de vouloir aller trop vite comme celui de ne pas avancer. Il faut toujours du concret très vite mais il faut aussi avoir pris le temps d'en parler ! Que d'exigences !
Mais ne nous y trompons pas : la banalisation de sites exceptionnels, l'enlaidissement des paysages, l'appauvrissement des milieux naturels les plus rares, la gestion chaotique et conflictuelle des services publics tels que l'eau et les déchets, la perte irrémédiable de la valeur ajoutée de produits portant une forte image, liée à un site hors du commun, seraient la sanction dramatique de l'immobilisme.
Dans un site tel que celui de la Baie de Somme, le développement durable n'est plus seulement un choix ; c'est une exigence !
Exigence des habitants souvent désemparés, dans les sites très attractifs, devant les évolutions rapides auxquels ils assistent avec l'impression d'y être impuissants.
Exigence collective des élus et des socioprofessionnels de ce département à laquelle mon ministère a très vite répondu par le lancement dès 2001 de l'opération grand site.
Exigence collective, je le dis en passant, que vous avez également traduit dans un projet d'agenda 21. J'ai le plaisir aujourd'hui de vous annoncer que le Syndicat mixte pour l'aménagement de la côte picarde, le SMACOPI, qui est le gestionnaire de l'opération grand site de la baie de Somme vient d'être retenu par mes services parmi les lauréats du 3ème appel à projet agenda 21 en raison de la qualité de son projet. Je tiens à en féliciter Jérôme BIGNON, son président, et toute l'équipe du SMACOPI qui y a travaillé. Cette mise en uvre d'un agenda 21 se fera en synergie avec les actions prévues dans le cadre du programme grand site.
C'est une nouvelle étape dans votre action engagée de longue date pour la préservation, la mise en valeur et la bonne gestion de la côte picarde et de ce joyau qu'est la Baie de Somme. Action dans laquelle le SMACOPI s'est de multiples fois illustré, la dernière en date et non la moindre à mes yeux étant la rédaction du document d'objectif du site Natura 2000 de la côte picarde dans une ambiance très consensuelle.
Exigence partagée enfin, à laquelle font ici échos les labels internationaux de la baie de Somme : inscrite par la France au titre de la convention internationale sur les zones humides de RAMSAR, appartenant au club très prestigieux des plus belles baies du monde.
La baie de Somme me paraît donc effectivement toute désignée pour illustrer la dimension internationale de nos propos, et souligner la convergence entre cette vision à l'échelle locale, faite de risques assumés, d'exigence collective, de réussite partagée et d'emplois locaux maintenus ou créés, représentée ici par le Réseau des Grands Sites de France et la vision internationale sur laquelle travaille ICOMOS. Elle nous apporte au demeurant un très précieux concours que je tiens à saluer, ici. Faut-il rappeler que plusieurs des sites ici représentés par leurs gestionnaires sont non seulement nos plus beaux sites mais qu'ils ont de plus le rare privilège d'être inscrit sur la liste du patrimoine mondial ?
J'ai installé hier le comité des biens français du patrimoine mondial avec mon collègue Renaud DONNEDIEU DE VABRES et j'ai rappelé à cette occasion l'intérêt de se référer à l'expérience acquise au travers des opérations grands sites pour trouver les bons outils de gestion de ces patrimoines prestigieux qui concilient souvent nature et culture.
Mais si je crois que la France dispose aujourd'hui du recul nécessaire pour pouvoir juger de la pertinence des démarches engagées, je souhaite aussi, en saluant nos correspondants étrangers aujourd'hui présents, leur dire à quel point j'attache une grande importance à leurs propres témoignages. Nous échangeons durant ces trois jours des expériences qui s'enrichissent les unes les autres. Concertation locale, contractualisation autour d'un projet et de financements associés, respect des populations locales, retombées économiques, prennent à travers le monde des formes variées extrêmement intéressantes à étudier et à comparer, et sans nul doute les praticiens de tous horizons ici réunis, tirerons le plus grand bénéfice des expériences de nos collègues des autres pays.
Je me réjouis, que les recommandations pour une meilleure préservation du patrimoine que constituent les grands sites, émises en 1997 par la section française de l'ICOMOS aient été mises en uvre. La recommandation de créer un label spécifique pour reconnaître l'effort réalisé par les gestionnaires des grands sites entre désormais en application. Ce label leur permettra d'avoir un point de référence sur ce que devrait être une gestion durable dans de tels espaces afin qu'ils puissent s'y conformer.
Vous voyez Mesdames et Messieurs que la France, très engagée dans la collaboration internationale en matière d'écologie et de paysages est très attentive aux réflexions d'ICOMOS.
Je vous souhaite de poursuivre vos travaux dans cette ambiance constructive et riche, qui les ont jusqu'à présent caractérisés.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.baiedesomme.org, le 13 septembre 2004)
Monsieur le président du Conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Monsieur le président du SMACOPI,
Madame et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un très grand plaisir que je me trouve parmi vous aujourd'hui, dans ce site magnifique qu'est la baie de Somme, excellente illustration des ambitions et des enjeux de la politique " grands sites ".
De l'ambition, je sais que vous en avez comme tous les participants aujourd'hui réunis représentant à travers le monde d'autres sites exceptionnels.
De l'ambition, j'en ai pour vous, j'en ai pour tous ici réunis car je sais à quel point, de même que la conservation des biens culturels, la conservation des uvres de la nature et plus encore peut-être la conservation des uvres communes de l'histoire humaine et de la nature, ces grands paysages que sont toujours les grands sites, sont facteurs de lien social et donc de développement.
Dès l'origine, en 1976, alors même que les objectifs de la politique Grands Sites s'exprimaient dans la mise en balance de deux enjeux apparemment contradictoires : préservation d'un patrimoine et valorisation économique d'un territoire, cette volonté d'ancrer l'action dans la société locale était affirmée.
Concertation, prise en compte de l'économie locale, gestion appropriée et (disait-on alors) "permanente" sont les mots alors employés pour définir les missions de la structure de projet et de gestion dédiée au site.
Nous avions déjà là les trois piliers du développement durable : la conservation des uvres communes de l'homme et de la nature, l'exigence du développement économique et la reconnaissance du social, pris ici au sens de la gouvernance locale.
Mais, l'expérience tirée par les uns et les autres, au cours des années, de ces objectifs ambitieux, sont allés bien au-delà des mots.
Non seulement plusieurs sites ont fait la démonstration de leur réussite comme nous allons le voir mais encore les travaux de réflexion collective conduits dans le cadre de cette politique de grands sites ont à chaque fois démontré leur caractère fondateur.
Fondateur de sens comme je vous le disais d'entrée de jeu, car travailler ensemble à la mise en valeur d'un site, c'est faire beaucoup plus que de négocier un contrat. C'est donner un sens à son action individuelle à son projet d'entreprise, à son projet associatif au coeur de la société locale.
Fondateur de manière indissociable donc aussi de lien social car la discussion, le débat sur le projet fonde des rapports entre personnes renouvelés.
Fondateur donc enfin dans la durée car le travail d'élaboration collective ainsi conduit produit ses fruits longtemps après la décision.
Au-delà des termes que nous employons tous pour parler du développement durable, ce que m'enseignent les opérations grands sites, c'est que les débats auxquels elles donnent lieu (comme le dit si bien notre langue : donner un lieu au débat) ces débats donc font partie de ces moments de dialogue et d'échange où notre société, soumise à des évolutions rapides et à des remises en cause permanentes, en permanence se reconstruit, se recompose et retrouve, dans l'action, un sens à l'engagement de chacun.
Et c'est bien, à mon sens, ce qu'a compris dès 1996, à l'occasion des vingt ans de cette politique, la section française du Conseil International des Monuments et des sites ICOMOS lorsqu'elle a enraciné ses réflexions dans la confiance accordée au dynamisme local. C'est bien aussi ce que nous démontrent tous les jours les opérations grands sites dites " achevées " pour l'administration, c'est à dire, pour moi, parvenues au stade de leur pleine maturité.
Qu'il s'agisse de la bastide de Monpazier, modèle des bastides ou bien de la pointe du Raz ou encore du pont du Gard, toutes représentent une avancée si réelle, si notable pour la mise en valeur et la beauté du site que certains visiteurs ont déjà oublié l'état catastrophique de ces sites avant réhabilitation ! Oui, elles participent considérablement à l'économie locale. Oui, elles ont créé des emplois permanents et saisonniers. Oui, elles représentent pour les habitants une amélioration très significative des conditions de coexistence entre les visiteurs et eux-même ! Et, toutes ont donné lieu à la mise en place de structures de gestion.
Je veux saluer ici la clairvoyance et la volonté acharnée des élus qui, à chaque fois, ont su mener à leur terme ces opérations ambitieuses, à la maîtrise d'ouvrage, ô combien délicate.
Combien de difficultés jalonnent en effet la route de ceux qui parmi les élus s'y aventurent !
C'est aux élus, en effet, que revient le risque de mettre en débat les questions toujours compliquées et toujours antagonistes en apparence de l'accueil de visiteurs toujours plus nombreux et de la préservation du cadre de vie et de la tranquillité des habitants. C'est sur eux que pèse le risque d'une insuffisante appropriation de la démarche par les habitants, le risque de vouloir aller trop vite comme celui de ne pas avancer. Il faut toujours du concret très vite mais il faut aussi avoir pris le temps d'en parler ! Que d'exigences !
Mais ne nous y trompons pas : la banalisation de sites exceptionnels, l'enlaidissement des paysages, l'appauvrissement des milieux naturels les plus rares, la gestion chaotique et conflictuelle des services publics tels que l'eau et les déchets, la perte irrémédiable de la valeur ajoutée de produits portant une forte image, liée à un site hors du commun, seraient la sanction dramatique de l'immobilisme.
Dans un site tel que celui de la Baie de Somme, le développement durable n'est plus seulement un choix ; c'est une exigence !
Exigence des habitants souvent désemparés, dans les sites très attractifs, devant les évolutions rapides auxquels ils assistent avec l'impression d'y être impuissants.
Exigence collective des élus et des socioprofessionnels de ce département à laquelle mon ministère a très vite répondu par le lancement dès 2001 de l'opération grand site.
Exigence collective, je le dis en passant, que vous avez également traduit dans un projet d'agenda 21. J'ai le plaisir aujourd'hui de vous annoncer que le Syndicat mixte pour l'aménagement de la côte picarde, le SMACOPI, qui est le gestionnaire de l'opération grand site de la baie de Somme vient d'être retenu par mes services parmi les lauréats du 3ème appel à projet agenda 21 en raison de la qualité de son projet. Je tiens à en féliciter Jérôme BIGNON, son président, et toute l'équipe du SMACOPI qui y a travaillé. Cette mise en uvre d'un agenda 21 se fera en synergie avec les actions prévues dans le cadre du programme grand site.
C'est une nouvelle étape dans votre action engagée de longue date pour la préservation, la mise en valeur et la bonne gestion de la côte picarde et de ce joyau qu'est la Baie de Somme. Action dans laquelle le SMACOPI s'est de multiples fois illustré, la dernière en date et non la moindre à mes yeux étant la rédaction du document d'objectif du site Natura 2000 de la côte picarde dans une ambiance très consensuelle.
Exigence partagée enfin, à laquelle font ici échos les labels internationaux de la baie de Somme : inscrite par la France au titre de la convention internationale sur les zones humides de RAMSAR, appartenant au club très prestigieux des plus belles baies du monde.
La baie de Somme me paraît donc effectivement toute désignée pour illustrer la dimension internationale de nos propos, et souligner la convergence entre cette vision à l'échelle locale, faite de risques assumés, d'exigence collective, de réussite partagée et d'emplois locaux maintenus ou créés, représentée ici par le Réseau des Grands Sites de France et la vision internationale sur laquelle travaille ICOMOS. Elle nous apporte au demeurant un très précieux concours que je tiens à saluer, ici. Faut-il rappeler que plusieurs des sites ici représentés par leurs gestionnaires sont non seulement nos plus beaux sites mais qu'ils ont de plus le rare privilège d'être inscrit sur la liste du patrimoine mondial ?
J'ai installé hier le comité des biens français du patrimoine mondial avec mon collègue Renaud DONNEDIEU DE VABRES et j'ai rappelé à cette occasion l'intérêt de se référer à l'expérience acquise au travers des opérations grands sites pour trouver les bons outils de gestion de ces patrimoines prestigieux qui concilient souvent nature et culture.
Mais si je crois que la France dispose aujourd'hui du recul nécessaire pour pouvoir juger de la pertinence des démarches engagées, je souhaite aussi, en saluant nos correspondants étrangers aujourd'hui présents, leur dire à quel point j'attache une grande importance à leurs propres témoignages. Nous échangeons durant ces trois jours des expériences qui s'enrichissent les unes les autres. Concertation locale, contractualisation autour d'un projet et de financements associés, respect des populations locales, retombées économiques, prennent à travers le monde des formes variées extrêmement intéressantes à étudier et à comparer, et sans nul doute les praticiens de tous horizons ici réunis, tirerons le plus grand bénéfice des expériences de nos collègues des autres pays.
Je me réjouis, que les recommandations pour une meilleure préservation du patrimoine que constituent les grands sites, émises en 1997 par la section française de l'ICOMOS aient été mises en uvre. La recommandation de créer un label spécifique pour reconnaître l'effort réalisé par les gestionnaires des grands sites entre désormais en application. Ce label leur permettra d'avoir un point de référence sur ce que devrait être une gestion durable dans de tels espaces afin qu'ils puissent s'y conformer.
Vous voyez Mesdames et Messieurs que la France, très engagée dans la collaboration internationale en matière d'écologie et de paysages est très attentive aux réflexions d'ICOMOS.
Je vous souhaite de poursuivre vos travaux dans cette ambiance constructive et riche, qui les ont jusqu'à présent caractérisés.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.baiedesomme.org, le 13 septembre 2004)