Texte intégral
Q - Monsieur le Premier ministre, bonjour, vous êtes en direct avec nous à l'Hôtel Matignon. Avant de parler des pensions de réversion, qui concerne les veufs et les veuves de France, un mort quand même de ce conflit des routiers. Ils réclament des aides comme les agriculteurs, comme les pêcheurs après les hausses de prix de carburant ; est-vous prêt à les entendre monsieur le Premier ministre ?
R - Je les entends et je les écoute. Je comprends que des chefs d'entreprise, de petites et moyennes entreprises soient inquiets. C'est pour cela que nous avons d'ores et déjà puis des mesures fiscale et sociales. Donc, je leur dis qu'ils sont entendus mais je leur dis aussi que le droit de manifester existe dans notre pays, il sera respecté. Mais le droit de blocage n'existe pas. Donc, là, nous ferons preuve de la plus grande fermeté s'il devait y avoir des tentatives de blocage de la circulation.
Q - Sur l'harmonisation des taxes européennes, vous seriez favorable à une harmonisation de ces taxes ?
R - Nous avons déjà des discussions avec nos partenaires sur ce sujet. Mais vous savez qu'il y a là beaucoup de difficulté qui viennent de nos partenaires. Nous n'avons pas, aujourd'hui, la possibilité d'avoir un décision favorable à court terme. Mais c'est un sujet sur lequel nous sommes très actifs, nous comprenons la situation des PME, nous voulons être très attentifs à leur situation mais nous ne voulons les laisser bloquer le pays, ça, c'est une question républicaine de droit et de liberté pour tous. Chacun doit respecter la liberté de l'autre, y compris la liberté de circuler. Je le dis avec la plus grande fermeté.
Q - Merci pour cette première réaction. Mais ce matin, vous vous êtes attaché à un autre problème qui intéresse des millions de gens : les pensions de réversion. On sait qu'une réforme annoncée par décret au mois d'août avait provoqué beaucoup d'émotion ; le Premier ministre nous en parlera dans un instant. Le Gouvernement a pris sa décision finale. Mais d'abord, l'importance de cette pension que touchent plus de deux millions de veuves et veufs en France, un reportage de L. Olivier et de T. Haquette.
[Reportage de L. Olivier et de T. Haquette]
Cette affaire, monsieur le Premier ministre, a suscité beaucoup d'émotion quand il a été question, au mois d'août, de restreindre les conditions d'attribution, d'élargir les sommes prises en compte ; vous avez suspendu ce décret. Vous avez pris une décision. Quelle est-elle ?
R - J'ai écouté les Françaises et les Français sur ce sujet comme sur d'autres sujets. Je voudrais d'abord clarifier [certains points]. Par exemple, Geneviève, dans votre reportage, n'est pas concernée, car les personnes qui sont veuves ou veufs aujourd'hui auront leurs pensions de réversion tel que prévu. Il n'y a pas de changement. Il s'agit simplement de parler de l'avenir. Et ceci ne concerne que le régime général et les régimes alignés tels que ceux des agriculteurs ou ceux des artisans par exemple. Première décision - il y en a cinq. La première décision, elle correspond à ce qui était demandé dans votre reportage pour les conditions d'âge. Avant, il fallait [être âgé de] 55 ans pour avoir la pension de réversion ; à partir du 1er juillet 2005, il suffira [d'être âgé] de 52 ans. Et progressivement, nous allons supprimer cette condition d'âge, pour qu'au 31 décembre 2010, une personne qui serait veuve à 40 ans par exemple, puisse avoir sa pension de réversion. Suppression de la condition d'âge. Les conditions de ressources : nous allons améliorer la situation de deux manières. D'abord, les revenus du patrimoine et ceux de l'épargne, et notamment l'épargne retraite - on ne va pas compter l'épargne retraite puisqu'on veut favoriser l'épargne retraite : donc, nous sortons des conditions de ressources ce qui concerne l'épargne retraite et le patrimoine ; et nous sortons aussi les pensions de réversion complémentaires du conjoint décédé.
Q - C'est cela qui avait causé beaucoup d'inquiétude ; c'est quand on voulait l'intégrer dedans.
R - Voilà. Et donc, c'est une mesure importante, qu'il fallait prendre et que j'ai décidée de prendre. Troisièmement - et c'est important : la stabilité. A partir de 60 ans, la pension de réversion est stabilisée, et on ne verra pas, là, de rediscussion, de remise en cause de la pension de réversion Si, après 60 ans, il y avait un héritage, cela ne touche pas, cela n'affecte pas votre pension de reversion. Quatrièmement, élément très important en ce qui concerne l'emploi : on veut favoriser l'emploi. Et donc, pour favoriser l'emploi, nous faisons en sorte qu'une personne qui, après 55 ans, prendrait un travail, après la douleur d'un décès, cette personne-là aurait un abattement de son salaire pour ses conditions de ressources, un abattement de 30 %, pour faciliter le cumul de la pension de réversion et naturellement le nouveau salaire. Enfin, et c'est très important, nous avons supprimé les conditions qui étaient, auparavant, celles du remariage ou de la durée de mariage. Donc, nous avons un dispositif qui est amélioré. C'est une bonne nouvelle. Et je le dis aux Françaises et aux Français qui nous écoutent, c'est une bonne nouvelle : 200 000 Françaises et Français en plus qu'auparavant vont pouvoir toucher la pension de réversion.
Q - Merci de nous avoir donné toutes ces précisions. Et puisque l'on parle d'argent, monsieur le Premier ministre, un mot du pouvoir d'achat. On en a beaucoup parlé. N. Sarkozy s'était battu au début de l'année pour que les prix baissent dans les grandes surfaces. Cela a baissé, à ce jour, de 1,7 %, je crois. Est-ce que vous allez continuer cet effort ? On parle de 5 % de baisse supplémentaire que vous souhaiteriez en 2005 ?
R - Nous souhaitons en effet la baisse des prix. Mais le pouvoir d'achat, c'est d'une part la baisse des prix et, d'autre part, les revenus. C'est pour cela que nous avons augmenté le SMIC. Et vous savez que pour le SMIC horaire, plus d'un million de personnes vont avoir ainsi, en trois ans, depuis que mon Gouvernement est en place, l'équivalent d'un treizième mois. Nous avons également augmenté, cette année, de 4 % la prime pour l'emploi. Et là, je viens de décider de donner une prime de 70 euros pour les personnes titulaires du minimum vieillesse pour les aider à faire face notamment à l'augmentation du prix du fuel pour se chauffer cet hiver.
Q - Et la baisse des prix ? Il faudrait réformer la loi Galland ? Vous n'êtes pas très chaud, là-dessus ?
R - Nous sommes tout à fait favorables à ce qu'il y ait une action de réforme. Mais je voudrais vous dire qu'il ne faut pas qu'en écrasant les prix, on écrase l'emploi. Parce que ce que nous voulons aussi, c'est des prix bas mais des emplois. Si, pour avoir des prix toujours plus bas, il faut importer toujours davantage de produits, et ainsi supprimer des emplois en France, on n'est pas gagnants. Donc, moi, je veux un équilibre entre les prix et l'emploi. Donc, oui à la baisse des prix, mais je ne veux pas que les prix, en baissant de manière trop brutale, puissent supprimer des emplois et favoriser des importations. Une baisse des prix : on continue cette logique-là. C'est pour cela que je suis favorable à une réforme, mais je veux aussi que l'on préserve les petites et moyennes entreprises, le commerce de centre-ville, toutes ces entreprises qui font l'emploi, toutes ces entreprises qui animent nos territoires, nos départements et nos régions. Et ces entreprises-là doivent être aussi protégées. Donc, attention aux prix un peu prédateurs, qui reviendraient à détruire nos petites entreprises. Donc, il faut trouver un équilibre. Oui à la baisse des prix ; nous continuerons régulièrement, avec détermination. Mais oui aussi à la défense de l'emploi ; je vous rappelle que je me suis engagé sur une baisse de 10 % du nombre de chômeurs en 2005 et je tiens par-dessus tout à cet engagement.
Q - Cela reste votre priorité. A propos de consommation, une information qui intéresse tout le monde, les soldes d'hiver démarreront le 12 janvier. Mais puisque l'on parle de baisse, il y avait eu une pause dans les baisses d'impôt sur le revenu promises par J. Chirac. Il y a eu 10 % de baisse ; il y avait une promesse de 30 % ; il en restait deux tiers. Est-ce que vous allez reprendre les baisses d'impôts en 2005 ?
R - Pour 2005, le Budget va être voté. Donc, on fait des baisses d'impôts ciblées. La discussion est maintenant de préparer l'année 2006. Ce que je dois vous dire, c'est que je crois sincèrement que la croissance est de retour, puisqu'en trois trimestres, nous avons fait 2 % de croissance, alors que, initialement, dans notre Budget 2004, nous avions prévu 1,7 % sur quatre trimestres. Donc, là, la croissance est de retour. Elle nous donne de nouvelles marges de manuvre. Donc, je pense que nous pourrons reprendre, en 2006, la baisse des impôts. C'est très important d'alléger les charges et les impôts, d'alléger tout ce qui pèse sur l'action d'entreprendre et donc sur l'emploi. Ce qui compte, c'est favoriser l'emploi. Déjà cette année, cette année 2004 et cette année 2005 qui arrive, nous faisons de très importants allégements de charges pour faciliter l'emploi, notamment, je pense à l'emploi des jeunes.
Q - Monsieur le Premier ministre, un dernier thème important aujourd'hui, avant de parler du successeur de N. Sarkozy, c'est la colère des élus locaux - vous les avez rencontrés la semaine dernière au Congrès des maires - qui protestent contre la disparition des services publics. Certains d'entre eux ont démissionné. Vous les avez assurés qu'il y aurait le maintien de 17 000 Points Poste. Il y a pourtant des fermetures qui continuent à se préparer, de Postes et de perceptions. Cela inquiète les gens.
[Reportage dans les Côtes d'Armor, N. Tépot et X. Boucher]
Cela fait des années que l'on parle de ces disparitions de services publics et de petits commerces mais là, aujourd'hui, l'actualité ce sont les services publics. Monsieur le Premier ministre, pour La Poste vous avez pris l'engagement avec le président de La Poste de maintenir 17 000 points poste ; est-ce que vous pouvez prendre le même engagement ou le même sens pour les écoles ou les perceptions qui continuent à disparaître.
R - Soyons clairs : on ne peut pas être démagogique, s'il n'y a plus d'élèves, il n'y a plus d'école, là où il y a des élèves, il y aura des écoles. On voit aujourd'hui qu'un certain nombre de cantons ruraux sont en développement de leur population, et on ouvre des écoles ? Je ne souhaite pas fermer des écoles, au contraire ! Dans un pays moderne, c'est en ouvrant des écoles qu nous pouvons développer tout le savoir, ce qui fait vraiment la richesse du pays. Je souhaite que la ruralité soit la plus vivante possible, c'est pour cela que nous voulons créer des maisons de service public. Je suis d'accord avec les élus que je viens d'entendre. Et d'ailleurs, au congrès des maires, ils étaient une grande majorité à s'exprimer dans ce sens là. Je les ai entendus, je les comprends, je suis moi-même un ancien élu d'une région à forte dimension rurale. Je souhaite d'ailleurs que nous ayons donc des maisons de service public pour que l'on puisse, sur le terrain, avoir des services regroupés. Mais il faut aussi se dire que tout ceci doit être fonction de la population. Et donc, c'est pour cela que sur la Poste, je souhaite élargie les services de La Poste. Si nous avions laissé La Poste avec simplement des services comme ils étaient il y a vingt ans, on aurait dû fermer encore davantage de bureau de poste. Là, nous avons ouvert les prestations de la Poste à de nouveaux services financiers par exemple, ce qui va permettre à La Poste de maintenir 17 000 points de présences postales sur l'ensemble de la France. Donc, il n'y aura pas de suppression de présences postales, mais pourquoi ? Parce que nous avons élargi les capacités de la Poste. Si nous avions laissé La poste dans les responsabilités qui étaient les siennes, compte tenu du trafic de clientèle, elle aurait dû diminuer son nombre de présence. C'est pour cela que je suis très attaché à ce que nous puissions avoir des maisons de service public sur le territoire rural pour défendre nos communes rurales. C'est là, sans doute, où il y a le plus de cohésion sociale, où les gens se connaissent, où il y a finalement, souvent, un meilleur climat social, puisque, finalement, dans nos très grandes villes, dans les quartiers où il y a souvent beaucoup d'anonymat, il y a moins de relations sociales. Je pense que la grande ville crée des problèmes qu'elle ne sait pas résoudre. Le tissu rural, les villes moyennes sont finalement plus adaptées à cette société humaniste que nous défendons.
Q - Une dernière question : Demain soir, N. Sarkozy sera l'invité de P. Poivre d'Arvor dans la nouvelle émission politique de TF1, à 20h30, "face à la Une" ; lundi, monsieur Sarkozy quittera la Gouvernement sans doute pour prendre la présidence de l'UMP, à moins que madame Boutin n'ait été élue, mais c'est peu probable. Qui va remplacer N. Sarkozy dans votre Gouvernement ?
R - Eh bien c'est le président de la République, qui après que je lui ai proposé un nom pourra en décider. Mais je peux vous dire que je regretterai l'absence de N. Sarkozy au Gouvernement., je me réjouis qu'il soit à l'UMP. L'UMP est une force politique importante, on l'a u dimanche à Bordeaux, on l'a vu, par exemple - vous parliez tout à l'heure des maires - avec l'élection de monsieur Pélissard à la présidence de l'AMF. L'UMP est une force dynamique, nous gagnons les élections partielles en ce moment. Je pense qu'avec les talents de N. Sarkozy, nous aurons une force politique encore plus présente sur le terrain et qui participera à l'action pour la France que nous conduisons.
Q - Et au Gouvernement, un simple remplacement où un remaniement un petit plus large quand même ?
R - Vous le saurez la semaine prochaine !
Q - Un gouvernement de combat pour l'année prochaine, monsieur Raffarin ?
R - Toujours un gouvernement de mission, et surtout au service des Français. Pas d'ambition personnelle, pas d'intérêt personnel, le travail pour l'intérêt général.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 24 novembre 2004)
R - Je les entends et je les écoute. Je comprends que des chefs d'entreprise, de petites et moyennes entreprises soient inquiets. C'est pour cela que nous avons d'ores et déjà puis des mesures fiscale et sociales. Donc, je leur dis qu'ils sont entendus mais je leur dis aussi que le droit de manifester existe dans notre pays, il sera respecté. Mais le droit de blocage n'existe pas. Donc, là, nous ferons preuve de la plus grande fermeté s'il devait y avoir des tentatives de blocage de la circulation.
Q - Sur l'harmonisation des taxes européennes, vous seriez favorable à une harmonisation de ces taxes ?
R - Nous avons déjà des discussions avec nos partenaires sur ce sujet. Mais vous savez qu'il y a là beaucoup de difficulté qui viennent de nos partenaires. Nous n'avons pas, aujourd'hui, la possibilité d'avoir un décision favorable à court terme. Mais c'est un sujet sur lequel nous sommes très actifs, nous comprenons la situation des PME, nous voulons être très attentifs à leur situation mais nous ne voulons les laisser bloquer le pays, ça, c'est une question républicaine de droit et de liberté pour tous. Chacun doit respecter la liberté de l'autre, y compris la liberté de circuler. Je le dis avec la plus grande fermeté.
Q - Merci pour cette première réaction. Mais ce matin, vous vous êtes attaché à un autre problème qui intéresse des millions de gens : les pensions de réversion. On sait qu'une réforme annoncée par décret au mois d'août avait provoqué beaucoup d'émotion ; le Premier ministre nous en parlera dans un instant. Le Gouvernement a pris sa décision finale. Mais d'abord, l'importance de cette pension que touchent plus de deux millions de veuves et veufs en France, un reportage de L. Olivier et de T. Haquette.
[Reportage de L. Olivier et de T. Haquette]
Cette affaire, monsieur le Premier ministre, a suscité beaucoup d'émotion quand il a été question, au mois d'août, de restreindre les conditions d'attribution, d'élargir les sommes prises en compte ; vous avez suspendu ce décret. Vous avez pris une décision. Quelle est-elle ?
R - J'ai écouté les Françaises et les Français sur ce sujet comme sur d'autres sujets. Je voudrais d'abord clarifier [certains points]. Par exemple, Geneviève, dans votre reportage, n'est pas concernée, car les personnes qui sont veuves ou veufs aujourd'hui auront leurs pensions de réversion tel que prévu. Il n'y a pas de changement. Il s'agit simplement de parler de l'avenir. Et ceci ne concerne que le régime général et les régimes alignés tels que ceux des agriculteurs ou ceux des artisans par exemple. Première décision - il y en a cinq. La première décision, elle correspond à ce qui était demandé dans votre reportage pour les conditions d'âge. Avant, il fallait [être âgé de] 55 ans pour avoir la pension de réversion ; à partir du 1er juillet 2005, il suffira [d'être âgé] de 52 ans. Et progressivement, nous allons supprimer cette condition d'âge, pour qu'au 31 décembre 2010, une personne qui serait veuve à 40 ans par exemple, puisse avoir sa pension de réversion. Suppression de la condition d'âge. Les conditions de ressources : nous allons améliorer la situation de deux manières. D'abord, les revenus du patrimoine et ceux de l'épargne, et notamment l'épargne retraite - on ne va pas compter l'épargne retraite puisqu'on veut favoriser l'épargne retraite : donc, nous sortons des conditions de ressources ce qui concerne l'épargne retraite et le patrimoine ; et nous sortons aussi les pensions de réversion complémentaires du conjoint décédé.
Q - C'est cela qui avait causé beaucoup d'inquiétude ; c'est quand on voulait l'intégrer dedans.
R - Voilà. Et donc, c'est une mesure importante, qu'il fallait prendre et que j'ai décidée de prendre. Troisièmement - et c'est important : la stabilité. A partir de 60 ans, la pension de réversion est stabilisée, et on ne verra pas, là, de rediscussion, de remise en cause de la pension de réversion Si, après 60 ans, il y avait un héritage, cela ne touche pas, cela n'affecte pas votre pension de reversion. Quatrièmement, élément très important en ce qui concerne l'emploi : on veut favoriser l'emploi. Et donc, pour favoriser l'emploi, nous faisons en sorte qu'une personne qui, après 55 ans, prendrait un travail, après la douleur d'un décès, cette personne-là aurait un abattement de son salaire pour ses conditions de ressources, un abattement de 30 %, pour faciliter le cumul de la pension de réversion et naturellement le nouveau salaire. Enfin, et c'est très important, nous avons supprimé les conditions qui étaient, auparavant, celles du remariage ou de la durée de mariage. Donc, nous avons un dispositif qui est amélioré. C'est une bonne nouvelle. Et je le dis aux Françaises et aux Français qui nous écoutent, c'est une bonne nouvelle : 200 000 Françaises et Français en plus qu'auparavant vont pouvoir toucher la pension de réversion.
Q - Merci de nous avoir donné toutes ces précisions. Et puisque l'on parle d'argent, monsieur le Premier ministre, un mot du pouvoir d'achat. On en a beaucoup parlé. N. Sarkozy s'était battu au début de l'année pour que les prix baissent dans les grandes surfaces. Cela a baissé, à ce jour, de 1,7 %, je crois. Est-ce que vous allez continuer cet effort ? On parle de 5 % de baisse supplémentaire que vous souhaiteriez en 2005 ?
R - Nous souhaitons en effet la baisse des prix. Mais le pouvoir d'achat, c'est d'une part la baisse des prix et, d'autre part, les revenus. C'est pour cela que nous avons augmenté le SMIC. Et vous savez que pour le SMIC horaire, plus d'un million de personnes vont avoir ainsi, en trois ans, depuis que mon Gouvernement est en place, l'équivalent d'un treizième mois. Nous avons également augmenté, cette année, de 4 % la prime pour l'emploi. Et là, je viens de décider de donner une prime de 70 euros pour les personnes titulaires du minimum vieillesse pour les aider à faire face notamment à l'augmentation du prix du fuel pour se chauffer cet hiver.
Q - Et la baisse des prix ? Il faudrait réformer la loi Galland ? Vous n'êtes pas très chaud, là-dessus ?
R - Nous sommes tout à fait favorables à ce qu'il y ait une action de réforme. Mais je voudrais vous dire qu'il ne faut pas qu'en écrasant les prix, on écrase l'emploi. Parce que ce que nous voulons aussi, c'est des prix bas mais des emplois. Si, pour avoir des prix toujours plus bas, il faut importer toujours davantage de produits, et ainsi supprimer des emplois en France, on n'est pas gagnants. Donc, moi, je veux un équilibre entre les prix et l'emploi. Donc, oui à la baisse des prix, mais je ne veux pas que les prix, en baissant de manière trop brutale, puissent supprimer des emplois et favoriser des importations. Une baisse des prix : on continue cette logique-là. C'est pour cela que je suis favorable à une réforme, mais je veux aussi que l'on préserve les petites et moyennes entreprises, le commerce de centre-ville, toutes ces entreprises qui font l'emploi, toutes ces entreprises qui animent nos territoires, nos départements et nos régions. Et ces entreprises-là doivent être aussi protégées. Donc, attention aux prix un peu prédateurs, qui reviendraient à détruire nos petites entreprises. Donc, il faut trouver un équilibre. Oui à la baisse des prix ; nous continuerons régulièrement, avec détermination. Mais oui aussi à la défense de l'emploi ; je vous rappelle que je me suis engagé sur une baisse de 10 % du nombre de chômeurs en 2005 et je tiens par-dessus tout à cet engagement.
Q - Cela reste votre priorité. A propos de consommation, une information qui intéresse tout le monde, les soldes d'hiver démarreront le 12 janvier. Mais puisque l'on parle de baisse, il y avait eu une pause dans les baisses d'impôt sur le revenu promises par J. Chirac. Il y a eu 10 % de baisse ; il y avait une promesse de 30 % ; il en restait deux tiers. Est-ce que vous allez reprendre les baisses d'impôts en 2005 ?
R - Pour 2005, le Budget va être voté. Donc, on fait des baisses d'impôts ciblées. La discussion est maintenant de préparer l'année 2006. Ce que je dois vous dire, c'est que je crois sincèrement que la croissance est de retour, puisqu'en trois trimestres, nous avons fait 2 % de croissance, alors que, initialement, dans notre Budget 2004, nous avions prévu 1,7 % sur quatre trimestres. Donc, là, la croissance est de retour. Elle nous donne de nouvelles marges de manuvre. Donc, je pense que nous pourrons reprendre, en 2006, la baisse des impôts. C'est très important d'alléger les charges et les impôts, d'alléger tout ce qui pèse sur l'action d'entreprendre et donc sur l'emploi. Ce qui compte, c'est favoriser l'emploi. Déjà cette année, cette année 2004 et cette année 2005 qui arrive, nous faisons de très importants allégements de charges pour faciliter l'emploi, notamment, je pense à l'emploi des jeunes.
Q - Monsieur le Premier ministre, un dernier thème important aujourd'hui, avant de parler du successeur de N. Sarkozy, c'est la colère des élus locaux - vous les avez rencontrés la semaine dernière au Congrès des maires - qui protestent contre la disparition des services publics. Certains d'entre eux ont démissionné. Vous les avez assurés qu'il y aurait le maintien de 17 000 Points Poste. Il y a pourtant des fermetures qui continuent à se préparer, de Postes et de perceptions. Cela inquiète les gens.
[Reportage dans les Côtes d'Armor, N. Tépot et X. Boucher]
Cela fait des années que l'on parle de ces disparitions de services publics et de petits commerces mais là, aujourd'hui, l'actualité ce sont les services publics. Monsieur le Premier ministre, pour La Poste vous avez pris l'engagement avec le président de La Poste de maintenir 17 000 points poste ; est-ce que vous pouvez prendre le même engagement ou le même sens pour les écoles ou les perceptions qui continuent à disparaître.
R - Soyons clairs : on ne peut pas être démagogique, s'il n'y a plus d'élèves, il n'y a plus d'école, là où il y a des élèves, il y aura des écoles. On voit aujourd'hui qu'un certain nombre de cantons ruraux sont en développement de leur population, et on ouvre des écoles ? Je ne souhaite pas fermer des écoles, au contraire ! Dans un pays moderne, c'est en ouvrant des écoles qu nous pouvons développer tout le savoir, ce qui fait vraiment la richesse du pays. Je souhaite que la ruralité soit la plus vivante possible, c'est pour cela que nous voulons créer des maisons de service public. Je suis d'accord avec les élus que je viens d'entendre. Et d'ailleurs, au congrès des maires, ils étaient une grande majorité à s'exprimer dans ce sens là. Je les ai entendus, je les comprends, je suis moi-même un ancien élu d'une région à forte dimension rurale. Je souhaite d'ailleurs que nous ayons donc des maisons de service public pour que l'on puisse, sur le terrain, avoir des services regroupés. Mais il faut aussi se dire que tout ceci doit être fonction de la population. Et donc, c'est pour cela que sur la Poste, je souhaite élargie les services de La Poste. Si nous avions laissé La Poste avec simplement des services comme ils étaient il y a vingt ans, on aurait dû fermer encore davantage de bureau de poste. Là, nous avons ouvert les prestations de la Poste à de nouveaux services financiers par exemple, ce qui va permettre à La Poste de maintenir 17 000 points de présences postales sur l'ensemble de la France. Donc, il n'y aura pas de suppression de présences postales, mais pourquoi ? Parce que nous avons élargi les capacités de la Poste. Si nous avions laissé La poste dans les responsabilités qui étaient les siennes, compte tenu du trafic de clientèle, elle aurait dû diminuer son nombre de présence. C'est pour cela que je suis très attaché à ce que nous puissions avoir des maisons de service public sur le territoire rural pour défendre nos communes rurales. C'est là, sans doute, où il y a le plus de cohésion sociale, où les gens se connaissent, où il y a finalement, souvent, un meilleur climat social, puisque, finalement, dans nos très grandes villes, dans les quartiers où il y a souvent beaucoup d'anonymat, il y a moins de relations sociales. Je pense que la grande ville crée des problèmes qu'elle ne sait pas résoudre. Le tissu rural, les villes moyennes sont finalement plus adaptées à cette société humaniste que nous défendons.
Q - Une dernière question : Demain soir, N. Sarkozy sera l'invité de P. Poivre d'Arvor dans la nouvelle émission politique de TF1, à 20h30, "face à la Une" ; lundi, monsieur Sarkozy quittera la Gouvernement sans doute pour prendre la présidence de l'UMP, à moins que madame Boutin n'ait été élue, mais c'est peu probable. Qui va remplacer N. Sarkozy dans votre Gouvernement ?
R - Eh bien c'est le président de la République, qui après que je lui ai proposé un nom pourra en décider. Mais je peux vous dire que je regretterai l'absence de N. Sarkozy au Gouvernement., je me réjouis qu'il soit à l'UMP. L'UMP est une force politique importante, on l'a u dimanche à Bordeaux, on l'a vu, par exemple - vous parliez tout à l'heure des maires - avec l'élection de monsieur Pélissard à la présidence de l'AMF. L'UMP est une force dynamique, nous gagnons les élections partielles en ce moment. Je pense qu'avec les talents de N. Sarkozy, nous aurons une force politique encore plus présente sur le terrain et qui participera à l'action pour la France que nous conduisons.
Q - Et au Gouvernement, un simple remplacement où un remaniement un petit plus large quand même ?
R - Vous le saurez la semaine prochaine !
Q - Un gouvernement de combat pour l'année prochaine, monsieur Raffarin ?
R - Toujours un gouvernement de mission, et surtout au service des Français. Pas d'ambition personnelle, pas d'intérêt personnel, le travail pour l'intérêt général.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 24 novembre 2004)