Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, sur le bilan de la lutte contre l'insécurité routière et les grands axes de la politique engagée pour cette cause depuis 2002, Paris le 3 février 2004.

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Circonstance : Déjeuner-Conférence du Lions Club à Paris le mardi 3 février 2004

Texte intégral


Monsieur le Président de Paris Doyen,
Monsieur Le Président du Conseil des Gouverneurs
du Multidistrict 103 France,
Monsieur Le Past Président International,
Le Docteur Jean Behar,
Monsieur Le Président du Conseil des Gouverneurs
du Multidistrict 403 Afrique,
Messieurs les Gouverneurs en Exercice,
Monsieur Le Secrétaire Général des Lions du Multidistrict 103 France,
Messieurs les Présidents de Clubs,
Chers amis Lions,
Je me réjouis d'être parmi vous aujourd'hui pour évoquer notre combat en faveur de la sécurité routière et pour réfléchir aux conditions dans lesquelles les Lions clubs de France pourraient développer un partenariat avec les pouvoirs publics en faveur de cette grande cause nationale.
Pourquoi la lutte contre l'insécurité routière est-elle un chantier prioritaire ?
Comme vous le savez, avec près de 8 000 morts sur les routes il y a moins de deux ans, la France considérait la barbarie routière comme une fatalité et se satisfaisait d'être le mauvais élève de l'Europe juste devant la Grèce et le Portugal.
Parce que cette situation était devenue intolérable, parce que la discussion sur la loi d'amnistie avait montré que le pays était mûr pour réagir, parce qu'on avait pris conscience que la mobilisation en faveur de la sécurité routière a un coût extrêmement faible au regard du coût humain, social et économique de l'insécurité routière, le Président de la République a décidé le 14 juillet 2002, de faire de la lutte contre l'insécurité routière, un des trois grands chantiers de son quinquennat et a demandé au Gouvernement d'inscrire son action dans une volonté de rupture marquée.
Les chiffres de l'année 2003, avec - 20 % de tués et de blessés par rapport à 2002, et plus de 26 % par rapport à 2001, c'est-à-dire un quart de victimes en moins en deux ans, montrent l'amorce d'une nouvelle tendance et je veux ici féliciter tous nos compatriotes pour leur mobilisation.
Toutefois certaines catégories restent encore particulièrement vulnérables, en particulier les jeunes et les usagers des deux roues.
Pour quelles raisons ?
L'analyse des accidents mortels le fait clairement apparaître : le comportement
est la cause des accidents dans 92 % des cas.
Ce comportement défaillant c'est :
- la vitesse dans 1 accident mortel sur 2 ;
- l'alcool dans 1 accident mortel sur 3 ;
- le non port de la ceinture ou du casque dans 1 accident mortel sur 5.
Or le simple respect de ces règles se traduirait par 4000 tués en moins chaque année !
Vous comprendrez pourquoi nous avons décidé de nous battre sans relâche
Le dispositif de contrôle-sanction tel que nous le connaissions, présentait en effet des lacunes importantes.
Ce n'est pas avec une probabilité d'être contrôlé tous les 20 ans pour l'alcoolémie ou tous les 10 ans pour la vitesse que l'on pouvait inverser la tendance sachant qu'il existait en plus, chacun le sait, des indulgences et des recours dilatoires. Où étaient dans ce contexte la crédibilité des pouvoirs publics et l'effet dissuasif et pédagogique de la sanction ?
Quels sont les axes de la politique engagée depuis juillet 2002 ?
Ils s'articulent autour du respect des règles et de la prévention par la formation,
l'information et la communication.
1) Premier axe : le respect des règles
Lorsqu'il s'agit de la vie des gens, il faut bien que chacun comprenne que la pression ne doit pas se relâcher et qu'il faut agir pour toujours plus d'efficacité. Il fallait donc mettre en uvre
C'est l'objectif de la loi du 12 juin 2003 renforçant la lutte contre la violence routière et des mesures réglementaires qui l'accompagnent.
Le dispositif prévoit des peines plus sévères :
o pour les responsables d'accidents mortels ou corporels,
o pour le non respect de règles élémentaires comme,
o la conduite en état alcoolique au dessus de 0,5g par litre de sang,
dorénavant sanctionnée par un retrait de 6 points,
o la conduite avec un téléphone portable ;:2 points,
o le défaut de port de ceinture de sécurité ou de casque : 3 points,
o la mise en place d'un système de contrôles et de sanctions automatisés,
installé depuis la Toussaint. C'est un autre point fort de notre politique. Il
faut apaiser la route.
Ce sont les " fameux " radars automatiques qui font tant parler d'eux ! Au nombre
de 100 en 2003, ils seront 1000 d'ici fin 2005.
Ce contrôle systématique est exigeant, mais l'enjeu vaut bien ces quelques
désagréments.
2) Deuxième axe : la Prévention
Une politique seulement répressive trouverait rapidement ses limites. Il nous faut donc également développer la formation et l'information des usagers de la route. Cela suppose en premier lieu, un meilleur encadrement des conducteurs.
o C'est l'objectif notamment du permis probatoire, applicable à compter du
1er Mars prochain.
Le permis probatoire, en rendant progressive sur 3 ans (2 ans pour ceux qui ont bénéficié de la conduite accompagnée) l'acquisition des points du permis de conduire, vise à responsabiliser le conducteur novice.
Si aucune infraction n'est commise pendant ce délai de 3 ans, le capital initial de 6 points est porté à 12 points. Les nouveaux conducteurs devront évidemment respecter très strictement les règles puisqu'un conducteur contrôlé avec une alcoolémie de plus de 0,5 gramme par litre de sang aura un retrait de 6 points et verra son permis invalidé.
o L'éducation routière ne doit pas commencer le jour de l'inscription à l'auto-école et s'arrêter à l'obtention du " papier rose ". Elle doit être dispensée tout au long de la vie.
Dès le plus jeune âge, l'attestation de première éducation routière (APER) validera les premières acquisitions depuis l'école maternelle et tout au long de l'enseignement primaire.
Au collège, deux étapes sont prévues : les attestations scolaires de sécurité routière de premier niveau en classe de 5ème et de deuxième niveau en classe de 3ème (ASSR 1et 2) sont désormais indispensables pour conduire un cyclomoteur et se présenter à l'examen du permis de conduire.
Comme je le disais dans mon propos introductif, tout ce qui a été fait au cours des 18 derniers mois est très encourageant mais ces progrès sont encore fragiles et insuffisants car nous ne pouvons accepter que 5 739 personnes aient perdu la vie sur nos routes en 2003 et que plus de 110 000 y aient été blessées.
Nous avons l'ardente obligation de nous battre jusqu'à la dernière victime !
Nous n'y parviendrons que si nous demeurons tous mobilisés : pouvoirs publics, collectivités territoriales, corps médical, associations, assureurs, entreprises. Chacun a un rôle essentiel à jouer. Chacun doit apporter sa pierre à l'édifice.
C'est le sens de la démarche que les Lions veulent entreprendre et je vous en remercie très chaleureusement.
Une réflexion s'est engagée en ce sens depuis le mois de Décembre au cours de la visite à mon cabinet de M. Michel GOLDENBERG et de M. Xavier de FRANSSU. Les deux premières réunions de travail avec les services du délégué interministériel à la sécurité routière, ont permis de dégager trois axes d'actions à privilégier et pour lesquels le LIONS CLUB dispose de réels moyens d'actions :
o la jeunesse. Il faut en effet souligner que les jeunes paient aujourd'hui le plus lourd tribut de cette hécatombe routière (la tranche d'âge 16-24 ans compte 26 % des tués alors qu'elle ne représente que 13 % de la population ;
o la conduite et la santé : conduire un véhicule n'est en effet pas un acte banal et suppose de disposer de toutes ses capacités physiques et psychiques ;
o l'entreprise : le risque routier en entreprise est en effet le risque professionnel qui cause le plus grand nombre d'accidents mortels du travail (60 % des tués dans le cadre d'un accident du travail interviennent sur la route). Le LIONS CLUB peut être un relais efficace vers les chefs de PMEPMI notamment, afin de les sensibiliser à la nécessaire prise en compte du risque routier dans l'entreprise.
Ces cibles correspondent à nos priorités et je ne peux que me réjouir par avance de la contribution qui sera la vôtre grâce en particulier à un maillage exceptionnel avec 1 290 clubs répartis sur l'ensemble du territoire.
Vous allez, au cours des prochaines semaines, travailler à la rédaction d'une charte nationale de partenariat et informer les districts sur ce projet avant la signature officielle le 21 Mai à l'occasion de votre assemblée générale à Toulouse.
Je suis très sensible à cet engagement des Lions clubs, partenaires dans la cité. Je suis certain que l'implication de nos 34 000 membres en faveur de ce grand combat, et en particulier celle des Lions en direction des jeunes grâce notamment au LEO CLUB, sera largement démultipliée et nous permettra de franchir de nouvelles étapes synonymes de vies sauvées, de drames épargnés.
Pour tout ce que nous allons faire ensemble au cours de ces deux années d'engagement réciproque, je forme des voeux de succès et de satisfaction personnelle et collective.
Et puisque nous sommes en tout début d'année vous me permettrez d'y ajouter mes vux personnels de bonheur et de santé pour vous tous et ceux qui vous sont chers.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 5 février 2004)