Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la mise en place d'institutions de coopération régionale dans l'océan indien, la création des fonds de coopération pour La Réunion et Mayotte et sur les aides de l'Union européenne pour les régions ultrapériphériques, Saint-Denis le 22 janvier 2004.

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Circonstance : Conférence de coopération régionale dans la zone de l'océan indien, à Saint-Denis-de-La-Réunion le 22 janvier 2004

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et élus,
Monsieur le Président du Conseil Régional de la Réunion,
Monsieur le Président du Conseil général de La Réunion,
Monsieur le Président du Conseil général de Mayotte,
Monsieur le Maire de Saint-Denis,
Messieurs les Préfets,
Monsieur l'Ambassadeur délégué à la coopération régionale,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs.
Il me revient donc de clore une journée de travail dense, fructueuse et riche d'enseignements.
C'est la première fois que se tenait cette conférence de coopération régionale et je suis heureuse que, comme l'avait souhaité le Président de la République, nous ayons pu mettre en place des institutions efficaces de coopération régionale ici dans l'océan Indien, comme cela fonctionne déjà dans le Pacifique et la Caraïbe.
Permettez-moi tout d'abord de remercier vivement, avec Pierre-André Wiltzer, toutes celles et ceux qui ont contribué à l'organisation de cette importante manifestation. Par vos interventions et vos propositions, vous avez contribué à enrichir nos débats et notre réflexion pour progresser vers une coopération régionale que nous souhaitons tous renforcer.
Ouverture, diversité, générosité et solidarité, mais aussi respect des identités et dialogue des cultures, doivent constituer le socle de cette coopération régionale qui favorise immanquablement la paix, le développement et la prospérité.
Pour y parvenir, le Gouvernement a mis en place avec vous des instruments et des procédures dont nous voyons aujourd'hui les premiers résultats prometteurs : la création des fonds de coopération pour La Réunion et Mayotte, l'instauration d'une conférence annuelle de coopération régionale, qui nous réunit aujourd'hui, la création d'un poste d'ambassadeur délégué à cette coopération dont la mission consiste à fédérer les efforts et les actions des uns et des autres.
Ces moyens nouveaux, ces procédures originales viennent en complément des autres moyens de coopération de l'Etat, des collectivités locales, mais aussi de l'Union européenne et des organisations interétatiques régionales. Ils servent la même cause et ils doivent être complémentaires.
Il nous revient désormais d'en assurer la cohérence générale dans le plein respect des compétences de chacun.
En installant concrètement cette nouvelle structure, nous devons être animés du souci de la faire progresser, de l'adapter, de l'enrichir par l'expérience. Car ce processus doit se comprendre évidemment comme évolutif. Il s'agit d'un rendez-vous permettant la concertation et l'échange, la réflexion et la force de proposition. C'est une rencontre qui vise à harmoniser nos positions, y compris au regard des engagements internationaux de notre pays, et à faire converger les initiatives vers des résultats concrets.
Je relève de nos débats que, quelquefois, la multiplicité des acteurs complique sans doute les choses, notamment aux yeux de ceux qui connaissent mal nos institutions.
C'est pourquoi il est important, et nos ambassadeurs ont ici un rôle particulier à jouer, d'expliquer sans relâche à nos voisins la nature de celles-ci :
- d'abord, la dévolution de larges compétences aux collectivités territoriales, voulue par le chef de l'Etat, qui leur permet de développer une véritable action régionale, en cohérence avec la politique étrangère de la France, compétence régalienne, qui reste bien entendu définie au niveau de l'Etat ;

- ensuite, le caractère européen de nos deux collectivités d'outre-mer, qui ajoute certes un degré de complexité supplémentaire mais qui est riche d'attractivité et d'adaptations permises par le statut de région ultrapériphérique dont bénéficie aujourd'hui La Réunion et que nous voulons étendre à Mayotte. Nous devons nous employer ensemble à exploiter à fond toutes les possibilités de cette appartenance à l'Europe.

Mais la multiplicité des acteurs est aussi une source d'enrichissement. Les débats d'aujourd'hui nous le prouvent, surtout lorsqu'ils permettent, par la concertation, d'aboutir à des projets cohérents.
Les préoccupations exprimées au sein des Comités de gestion des FCR et les propos entendus ici sont à cet égard très encourageants : la recherche permanente de complémentarité des actions menées par chacun est la clef d'une meilleure efficacité et d'une plus grande visibilité à l'action de la France dans l'océan Indien.
Ce fut le sens de nos débats, et des conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Je m'en félicite.
Il est très encourageant de constater qu'en 2003 le Comité de gestion du FCR de la Réunion a retenu un total de 27 projets pour un montant de 520 000 euros. Je suis encore plus satisfaite de ce que le FCR de Mayotte ait pu, en quelques mois, définir 14 projets pour près de 360 000 euros. Ces fonds, je le rappelle, proviennent de mon Ministère.
Je suggère que les acteurs de cette coopération puissent réfléchir pour l'avenir à l'introduction du monde de l'entreprise pour l'élaboration de projets. Les énergies renouvelables ou l'environnement, par exemple, pourraient être des pistes de réflexion prometteuses.

Au terme de cette journée, je crois que nous avons progressé en apportant quelques réponses et éclaircissements à des interrogations plus ou moins diffuses.
Nous devons nous engager dans la durée. Les efforts de coordination et d'échanges sont essentiels dans ce processus. L'ambassadeur délégué à la coopération régionale pour l'océan Indien, je le redis, est à la disposition de tous et d'abord des élus de La Réunion et de Mayotte et de nos collectivités pour vous aider à progresser dans cette voie.
Notre conférence, comme celles qui suivront, doit bien aboutir, sur la base du rapport annuel que l'ambassadeur délégué élabore avec vous tous, à l'issue d'une concertation continue, à une véritable " feuille de route ", concrète et prospective.
Avant de conclure, je souhaiterais également souligner que, au-delà des travaux des FCR et de leur articulation avec ceux des autres acteurs de la coopération régionale française, la réussite d'une insertion harmonieuse de la France dans l'océan Indien dans son environnement répond à trois exigences :
- une adaptation périodique du régime de la circulation des personnes avec les pays voisins, en fonction des besoins et des progrès de la coopération régionale, de l'insertion de nos îles dans leur environnement et en tenant compte de la nécessité de lutter avec la plus grande détermination contre l'immigration clandestine ;
- une action vigoureuse des autorités françaises pour obtenir de l'Union européenne les dérogations nécessaires au développement des échanges de biens et services entre nos îles et leurs voisins. A cet égard, nous ne ménageons pas nos efforts pour obtenir l'inscription de Mayotte comme région ultrapériphérique. Vous savez que le Président de la République s'implique personnellement dans ce dossier. De même, la toute récente acceptation par la Commission de la prorogation pour dix ans du régime favorable de l'octroi de mer permet à La Réunion de s'ouvrir sur l'extérieur sans mettre en péril ses productions locales.
- enfin une action persévérante et déterminée pour faire accepter par les pays de la région toutes les conséquences du statut français de Mayotte. Chacun doit comprendre que l'appartenance de Mayotte à la France est irréversible. Les élus de Mayotte doivent désormais participer à toutes les rencontres de coopération régionale au sein de la délégation française. Le temps où la France avait encore des complexes sur ce point est révolu.

D'une façon générale, je voudrais ici réaffirmer clairement que ce sont les élus de nos deux collectivités de l'océan Indien qui sont les acteurs déterminants et incontournables de la coopération régionale. Ils sont les porte-paroles naturels de la France dans cette région du monde. Ce sont eux qui sont les plus proches des réalités locales. Ce sont eux qui savent mieux que quiconque concilier attachement à la France et faculté irremplaçable de persuasion et d'explication, avec leur identité qu'ils partagent largement ici avec tous leurs voisins.
Je vous remercie.

(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 27 janvier 2004)