Texte intégral
M. Barnier - Notre présence à tous les trois, MM. Philippe Douste-Blazy, Xavier Darcos et moi-même, depuis le début de cet après-midi, marque l'importance de cette réunion exceptionnelle, de la réponse européenne à cette tragédie de l'océan Indien. Je voudrais dire quelques points que nous relevons et auxquels nous avons tenu dans les conclusions de ce Conseil européen.
D'abord, nous avons voulu rappeler qu'aujourd'hui est encore le temps de l'urgence. M. Douste-Blazy en parlera après la visite qu'il vient de faire sur le terrain ainsi que M. Xavier Darcos qui vient de participer à Jakarta, au nom de la France, à cette conférence qui a marqué la réponse des Etats sur le plan financier à ce devoir d'urgence.
Ensuite, un deuxième point qui est celui de l'acheminement de l'aide humanitaire : beaucoup a été fait naturellement par la France ; nous voulons améliorer l'efficacité des efforts de chacun de ceux qui répondent dans le cadre des Nations unies et sur le plan logistique, c'est aussi l'une des missions confiées à M. Solana s'agissant de la coordination des moyens militaires ; s'agissant de la France, au-delà des vols spéciaux que nous avons affrétés dès le 27 décembre et plusieurs autres jours après, je veux souligner l'effort que notre collègue Mme Alliot-Marie, sous l'autorité du président de la République, a mis en uvre avec le porte-hélicoptères "Jeanne d'Arc", la frégate "Georges Leygues" ; six hélicoptères sont sur ces navires avec des moyens médicaux, des vivres et nous enverrons la semaine prochaine cinq hélicoptères Puma et un navire supplémentaire.
Le troisième point est le message de ce Conseil Affaires générales : notre effort doit s'inscrire au-delà de l'urgence, au-delà, dans la durée, et doit nous permettre de trouver, aux côtés de ces pays, les moyens afin qu'ils se relèvent, se reconstruisent. 350 millions d'euros doivent être dégagés au niveau européen, la Commission, la Banque européenne d'investissement (BEI) vont travailler pour mettre en place cette facilité de financement, il y aura aussi un effort d'aide publique au développement et je veux rappeler les idées auxquelles tient le président de la République française avec le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, le président brésilien Lula et le président chilien Lagos, qui ont fait l'objet d'un soutien de la part de près de 110 pays aux Nations unies en faveur d'autres formes de financement de la lutte contre la pauvreté, pour le développement au-delà des crédits budgétaires qui ne suffisent pas pour tenir les Objectifs du Millénaire, pour que l'on puisse, à travers une fiscalité liée à la mondialisation, asseoir cette lutte contre la pauvreté et pour le développement sur des ressources plus importantes.
Quatrième point, nous voulons aider ces pays à retrouver des marges de manuvre et voilà pourquoi nous sommes favorables à un moratoire sur la dette.
Enfin, deux leçons que je veux retirer et mes collègues s'exprimeront naturellement ensuite : l'une sur la prévention, il y a une leçon à tirer dans l'océan Indien mais sans doute pas seulement dans l'océan Indien, s'agissant de la prévention des risques naturels, de l'alerte qui doit être donnée. Nous participerons à l'investissement en faveur d'un système d'alerte dans l'océan Indien comparable à celui du Pacifique. J'ai évoqué tout à l'heure dans mon intervention ce qui se passerait en Méditerranée, voire dans l'Atlantique, dans le cas d'une catastrophe naturelle, et souhaité que la Commission vérifie que nous disposons, dans ces zones plus proches encore de l'Union européenne, de tels systèmes d'alerte.
Dernière leçon, la réponse, et j'ai rappelé cette idée à laquelle je tiens, que je crois juste et en même temps efficace, d'une force européenne de protection civile. Cette idée que le président de la République a soutenue avec beaucoup de détermination hier à Paris, est une idée que j'avais suggérée au Parlement européen après les tremblements de terre de Grèce et de Turquie en 1999. Elle se heurte naturellement à des problèmes de compétence qui vont évoluer. Dans la future Constitution européenne, il y a une compétence partagée qui est reconnue en matière de protection civile, de santé publique, il y a aussi cette clause de solidarité et puis il y a l'urgence liée à une telle tragédie. Cette idée avance et, dans les conclusions de ce Conseil, il est question en effet d'une capacité européenne : l'idée est simple, il ne s'agit pas de doubler les structures existantes, il s'agit simplement d'avoir à Bruxelles ou en Europe quelque part un petit état major coordonnant des unités nationales ou régionales dédiées à cette force, de prévoir entre ces unités de protection civile avec une dimension de santé, médico-sociale, des formations communes, des entraînements communs, que ces unités soient prêtes à partir ensemble avec des moyens européens, sachent parler ensemble préalablement et donc c'est cette idée de mutualisation des moyens de réponse à de telles tragédies. Nous observons que cette idée avance et nous en sommes très heureux.
M. Xavier Darcos va nous parler de la réunion de Jakarta.
M. Darcos - Oui, juste un mot sur la réunion d'hier, qui comme celle d'aujourd'hui, montre une évidence : c'est que la question qui nous est posée aujourd'hui est moins finalement une question de moyens notamment budgétaires, au fond de promesses de dons - les engagements de la plupart des pays donateurs, la volonté des populations de venir en aide à ceux qui souffrent, tout cela est fait dans une certaine mesure - la plus grande difficulté réside dans la logistique, dans l'organisation des moyens, dans la manière d'atteindre les personnes qui sont aujourd'hui touchées, au point même que hier M. Kofi Annan disait d'une certaine façon "cessez la compétition entre les dons ! Mettons-nous plutôt d'accord sur l'organisation matérielle du soutien à apporter aux populations !". Voilà pourquoi il a proposé que les Nations unies soient en quelque sorte le coordonnateur, l'harmonisateur de cette aide internationale. Il a d'ailleurs lui-même chiffré à 977 millions de dollars, ce qui est très inférieur au niveau de promesses de dons qui dépasse ces dons aujourd'hui, comme vous le savez, les 2 milliards de dollars. Donc la question est plutôt celle de l'organisation logistique et je crois que la réunion d'hier a montré cette volonté commune puisque les Etats-Unis eux-mêmes, qui avaient déjà engagé une action concertée avec d'autres nations ont accepté de se placer dans la coordination onusienne.
Ce que nous avons vu aujourd'hui est de même nature, comme vient de le dire Michel, et cela explique en grande partie la présence et l'action de Philippe Douste-Blazy ; ce que nous voyons aujourd'hui c'est aussi l'Union européenne qui cherche à être efficace et qui ne veut pas qu'il y ait des actions dispersées, que chacun coure à sa manière selon ses habitudes, ses propres réseaux avec ses propres ONG ou selon sa propre sensibilité car il y a évidemment des pays qui réagissent plus ou moins violemment à cette situation du fait de leur souffrance propre, je pense en particulier à la Suède particulièrement touchée. Pour éviter cette dispersion il fallait que la Commission et l'Union européenne se concertent, voilà pourquoi étaient aussi présents aujourd'hui et c'était très important je crois, les représentants de l'OMS et aussi de l'UNICEF. Ce qu'il faut tout de suite, c'est de la logistique, c'est une organisation commune et ensuite il faudra construire des projets car une fois que l'urgence humanitaire aura été derrière nous, ce qui n'est pas encore le cas, il faudra évidemment avoir des projets concrets qui s'appellent construire des ponts, faire de l'assainissement, reconstruire une agriculture, refaire des écoles, veiller à la santé et à la protection des enfants et d'une manière générale refaire des projets de développement. C'est pourquoi sous l'autorité de Michel Barnier, le ministre chargé du développement suit aussi ces questions.
Je terminerai en disant enfin que ce qui nous a beaucoup frappé dans la réunion de Jakarta hier, c'est son caractère inhabituel et insolite puisqu'on avait là les pays touchés et les pays donateurs mais aussi les grandes organisations internationales et l'ONU. A une situation inhabituelle a répondu une réunion inhabituelle parce que les difficultés et les projets qui sont devant nous sont immenses. Il faut comprendre aussi que les pays concernés eux-mêmes n'ont pas tous la même réaction vis à vis de l'aide internationale, y compris par exemple sur le moratoire des dettes, certains d'entre eux veulent en discuter. C'est ce qui va se faire la semaine prochaine parce que les pays n'ont pas les mêmes situations financières et budgétaires et n'ont pas la même crédibilité vis à vis des bailleurs de fonds internationaux. Là aussi il faut s'ajuster au cas par cas. On ne peut pas énoncer une règle générale qui s'appliquerait par exemple à l'Indonésie ou à la Thaïlande ou à l'Inde. Cela mérite beaucoup de concertation, de discussions, d'énergie, c'était le sens de la réunion d'hier qui a été efficace comme je le crois l'a été celle d'aujourd'hui.
M. Douste-Blazy - Oui, Mesdames et Messieurs, comme l'a dit Michel Barnier, j'étais sur le terrain il y a peu de temps. Je crois que c'est du jamais vu pour tous ceux qui ont un peu l'habitude du terrain humanitaire. Je serai très court, je dirai ce que j'ai dit tout à l'heure au Conseil.
Premièrement il nous faut une force d'action rapide, parce que si l'Europe a été prête à la solidarité et dans les gestes, je reconnais que l'Europe n'a pas été rapide dans l'efficacité concrète et logistique : il faut en tirer les leçons et si nous ne prenons pas la mesure de ce sujet à l'occasion de ce drame, alors on ne prendra jamais cette mesure. Je me permets de le dire très simplement, ce n'est pas une critique, c'est un constat et je crois qu'il faut en effet que nous ayons cette force d'action rapide comme M. Barnier le demande depuis 4 ou 5 ans en matière de protection civile. J'ajoute également en matière sanitaire et je suis heureux que, je crois, le Conseil ait entendu cela parce qu'il y a une culture de l'urgence, de la médecine d'urgence qu'il faut acquérir avec des moyens logistiques pour avoir en 48h une force de projection pour les médecins et les infirmiers, les pompiers, les secouristes, n'importe où dans le monde. Pour cela, il faut des avions, et à l'intérieur des hélicoptères en pièces détachées et qui puissent être remontés à n'importe quel endroit ; c'est comme cela qu'il n'y aura pas qu'un seul pays qui est présent au bout de quelques heures dans le monde quand on en a besoin, il y aura aussi l'Union européenne et je pense que cette idée est majeure.
Deuxième élément, il faut créer d'urgence sur le plan sanitaire, un système de surveillance épidémiologique. M. Nabarro de l'OMS l'a dit à plusieurs reprises car il ne faut pas qu'une catastrophe sanitaire vienne maintenant s'ajouter à la catastrophe naturelle. Tout le monde le sait, il y a quelques petits foyers d'épidémie, mais il n'y a pas d'épidémie aujourd'hui, en revanche il y a des dysenteries, des fièvres, il faut donc reconnaître, grâce aux spécialistes, les premiers signes d'une épidémie de choléra ou de typhoïde. Cela veut dire vérifier l'eau potable, le système de purification d'eau, l'osmose inverse - prendre l'eau de la mer pour la rendre potable -, ce sont des techniciens qui font cela et il y a un grand espoir avec les antibiotiques. Enfin je terminerai sur un sujet qui me paraît majeur, l'urgence des urgences aujourd'hui : aux enfants isolés. Je dirai deux choses, il me semble que l'Union européenne - là je retire ma casquette de ministre de la Santé mais je le pense profondément -, se doit de "muscler", de renforcer ses contrôles dans ses frontières et de regarder bien, en détail et avec beaucoup de rigueur, tous ces enfants qui viennent de ces régions pour être sûr qu'il ne s'ajoute pas à cette catastrophe un malheur de plus qui arriverait avec toutes les mafias qui existent dans le monde. Il faut également un contrôle de la part des gouvernements indonésiens, sri lankais, thaïlandais et d'autres pays touchés, dans les ports et les aéroports. Deuxième point, il est important d'expliquer à nos peuples européens que ces enfants ne sont pas orphelins, même s'ils sont isolés. Il faut faire un grand travail de réunification familiale, d'identification par des photos, par des empreintes. Un travail qui avait été fait au Rwanda en 1994-1995 : l'UNICEF, pendant un an, avait retrouvé et réunifié 100.000 familles. Ce ne sont pas des orphelins, ce sont des enfants isolés et après, dans 6 mois, s'il n'y a pas de tante, d'oncle, de grands-parents alors, ils pourraient être considérés comme orphelins et là il pourrait y avoir des possibilités. Je l'ai également dit au président di Bartolomeo (NDLR : ministre de la Santé du Luxembourg), il faut faire des centres de protection de l'enfance de 40 enfants maximum qui permettront d'individualiser l'aide, de les protéger, de les soigner et d'essayer de retrouver leur famille. Là, des parrainages pourraient être mis en place.
M. Barnier - Je veux rendre un hommage particulier à toutes les organisations non gouvernementales, mais également souligner la mobilisation des collectivités territoriales aux côtés des pouvoirs publics.
Q - (au sujet du sort de Mme Aubenas)
R - M. Barnier - Florence Aubenas, qui est une journaliste expérimentée, connaît cette région difficile. Elle est accompagnée dans son travail, depuis la mi-décembre, à Bagdad par un interprète-assistant qui a disparu avec elle, Hussein Hanoun. Effectivement depuis plus de deux jours ils n'ont pas donné de nouvelles, nous avons une inquiétude, partagée par la rédaction de "Libération", par vous, leurs confrères, et par leurs familles. Nous n'avons pas de certitudes, nous procédons à des recherches, nous avons demandé des informations, y compris aux autorités irakiennes, mais nous n'avons pas d'indication supplémentaire.
Q - Combien y a-t-il de morts français en Asie du Sud ? Et qu'en est-il de l'idée de parrainage territorial ?
R - M. Barnier - Ce que vous entendez par parrainage territorial, c'est l'idée que tel ou tel pays prenne en charge telle ou telle partie du Sri Lanka, pour la reconstruction. Je pense, ainsi que Philippe, que c'est ainsi qu'il faut procéder, c'est-à-dire se concentrer sur certains sujets et sur certains territoires, et en bonne intelligence les uns à côté des autres. C'est le travail des Nations unies de coordonner cette prise en charge de territoires. Par exemple, je comprends qu'en Indonésie, le pays le plus gravement touché, une ville a été détruite aux trois-quarts et que, dans cette ville, un certain nombre d'ONG et de moyens convergent. C'est d'ailleurs probablement en pensant à cette région que la "Jeanne d'Arc" va arriver sur zone. La France pourrait y être chargée de la mise en uvre d'un programme de reconstruction et aussi dans d'autres régions d'Indonésie. Je suis favorable à cette idée, et il faut que, dans le rôle de coordination des Nations unies, on puisse aller dans ce sens.
Je voudrais essayer de répondre précisément et avec prudence à votre première question, en rappelant que derrière les chiffres, il y a des hommes, des femmes, des familles qui ont été traumatisés, profondément bouleversés - j'en ai rencontré quelques-unes unes sur place à Colombo ou à Phuket et nous pensons à ces familles de tout notre cur. Au moment où je vous parle, le nombre de personnes décédées de nationalité française est précisément de 19, dont les corps ont été retrouvés, identifiés et pour lesquels un acte de décès a pu être établi par un officier d'état civil. Ces 19 décès se répartissent ainsi : il y en a 17 en Thaïlande, 1 au Sri Lanka et 1 en Inde. 3 dépouilles font encore l'objet d'identification et pourraient donc venir compléter ce chiffre : 2 au Sri Lanka et 1 en Thaïlande. Voilà pourquoi nous avons cité de manière sûre, dans les jours passés, le nombre de 22 victimes françaises. Les personnes disparues sont au nombre de 69, dont le corps n'a pas été retrouvé et pour lesquelles des témoignages directs, vérifiés, attestent de leur présence au moment de la catastrophe. Ces 69 personnes se répartissent entre 66 pour la Thaïlande et 3 pour le Sri Lanka. Ce chiffre a sensiblement diminué suite à des vérifications, je vous rappelle qu'il faut l'utiliser avec prudence. Les dossiers vont être transmis au ministère de la Justice en vue d'un jugement déclaratif de décès et celui-ci sera rendu, par une formule simplifiée par le tribunal de Grande instance de Paris, à la demande des familles concernées. Il y a des personnes dont nous n'avons pas de nouvelles. Nous avons lancé des appels, par votre intermédiaire, pour que ces personnes, rentrées par leurs propres moyens nous le disent, nous avons des médias pour faire passer ces messages, et grâce à ces appels, nous avons pu réduire ce chiffre très sensiblement. Beaucoup ont appelé la cellule de crise au 0 800 174 174 et, de notre côté, nous procédons systématiquement à la recherche de ces personnes, en téléphonant aux parents, aux proches souvent à l'origine du signalement. Au moment où je vous parle, nous sommes encore sans nouvelles de plusieurs centaines de personnes et, plus le temps passe, plus nous avons des inquiétudes. Nous sommes plus particulièrement inquiets pour 238 de ces personnes, 227 en Thaïlande et 11 au Sri Lanka, compte tenu d'indices convergents. Premier indice : nous n'avons pas de nouvelles depuis le 26 décembre ; deuxième indice : des contacts multiples avec les proches n'ont pas donné de résultats ; troisième indice : elles se trouvaient, selon les fichiers des hôtels, dans les zones les plus touchées ; et enfin, ces personnes devaient rentrer pour reprendre leurs activités. Pour un certain nombre de victimes, des travaux d'identification sont menées par les médecins légistes en Thaïlande, au Sri Lanka, par des équipes de différents pays et nous pensons que cette mission permettra de reconnaître des personnes qui seront déclarées décédées officiellement. Je vous ai donné des chiffres le plus précisément possible.
Q - Par rapport au jumelage territorial ?
R - M. Douste-Blazy - Le premier jumelage hospitalier dont je parlais tout à l'heure partira à 14h45 de Roissy pour Colombo dimanche, avec une équipe de médecins urgentistes, d'anesthésistes-réanimateurs et de chirurgiens pour l'hôpital de Matara, à l'extrême sud du Sri Lanka, cette équipe vient de Toulouse, et d'autre part, il y aura, comme l'a dit M. Barnier, à Meulaboh, une région qui sera probablement sous parrainage français, il y aura une équipe identique mais de Lille.
Q - Quelles sont les lacunes dans l'aide apportée aux pays touchés ?
R - M. Barnier - D'abord, il faut distinguer la nature des dons. Nous ne parlons pas de dons privés, il faut faire confiance aux associations qui les reçoivent. S'agissant des dons publics, ils sont engagés soit directement par les Etats membres, soit à travers l'Union européenne. En ce qui nous concerne, nous avons versé 17,6 millions en 2004, sur des crédits budgétaires 2004, aux Nations unies, en les "fléchant". Le fléchage sera suivi notamment au niveau de l'UNICEF mais nous faisons confiance aux organisations pour que cet argent soit bien utilisé. Oui, ECHO a bien travaillé ! Il ne s'agit pas de doubler ou de faire la même chose, il s'agit de faire mieux et quelque chose qui ne se fait pas sauf depuis quelques années à travers la cellule de coordination qu'anime la Commission. Tout à l'heure, je montrais à l'un de vos confrères le rapport que j'ai présenté moi-même, comme commissaire, sur ce sujet là, 6 jours avant de quitter la Commission, au mois de mars 2004. Avec Margot Wallström, nous avions déjà réussi à créer le fond de solidarité après les inondations en Allemagne en 2002 et nous avons fait des progrès en matière de protection civile. Il faut maintenant aller plus loin. La plupart des ministres vont approuver les conclusions de ce Conseil, qui évoquent la capacité nouvelle d'organisation et coordination en matière de protection civile. M. Fischer m'a dit son souci qu'on ne fasse pas une redondance, un doublement des structures, et j'en suis d'accord. Il y a des exercices communs, les gens ont des normes et des standards communs.
Q - (sur les problèmes de transports)
R - M. Barnier - Je ne veux montrer du doigt personne, car tous ont réagi, mais nous nous sommes aperçus que nous avions un problème de transport, moins de l'Europe vers cette région, - le 27, un Airbus a emmené au Sri Lanka 100 secouristes et 18 tonnes de matériel qui sont arrivés le lendemain -, mais davantage un problème de transport dans la région, vers les villages les plus éloignés. Les Européens ne disposent pas eux-mêmes de ces moyens de transports les plus importants. Le fait que cette coordination intervienne maintenant n'a pas empêché tel ou tel pays d'envoyer des bateaux avec des hélicoptères, le plus rapidement possible.
Merci à vous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2005)
D'abord, nous avons voulu rappeler qu'aujourd'hui est encore le temps de l'urgence. M. Douste-Blazy en parlera après la visite qu'il vient de faire sur le terrain ainsi que M. Xavier Darcos qui vient de participer à Jakarta, au nom de la France, à cette conférence qui a marqué la réponse des Etats sur le plan financier à ce devoir d'urgence.
Ensuite, un deuxième point qui est celui de l'acheminement de l'aide humanitaire : beaucoup a été fait naturellement par la France ; nous voulons améliorer l'efficacité des efforts de chacun de ceux qui répondent dans le cadre des Nations unies et sur le plan logistique, c'est aussi l'une des missions confiées à M. Solana s'agissant de la coordination des moyens militaires ; s'agissant de la France, au-delà des vols spéciaux que nous avons affrétés dès le 27 décembre et plusieurs autres jours après, je veux souligner l'effort que notre collègue Mme Alliot-Marie, sous l'autorité du président de la République, a mis en uvre avec le porte-hélicoptères "Jeanne d'Arc", la frégate "Georges Leygues" ; six hélicoptères sont sur ces navires avec des moyens médicaux, des vivres et nous enverrons la semaine prochaine cinq hélicoptères Puma et un navire supplémentaire.
Le troisième point est le message de ce Conseil Affaires générales : notre effort doit s'inscrire au-delà de l'urgence, au-delà, dans la durée, et doit nous permettre de trouver, aux côtés de ces pays, les moyens afin qu'ils se relèvent, se reconstruisent. 350 millions d'euros doivent être dégagés au niveau européen, la Commission, la Banque européenne d'investissement (BEI) vont travailler pour mettre en place cette facilité de financement, il y aura aussi un effort d'aide publique au développement et je veux rappeler les idées auxquelles tient le président de la République française avec le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, le président brésilien Lula et le président chilien Lagos, qui ont fait l'objet d'un soutien de la part de près de 110 pays aux Nations unies en faveur d'autres formes de financement de la lutte contre la pauvreté, pour le développement au-delà des crédits budgétaires qui ne suffisent pas pour tenir les Objectifs du Millénaire, pour que l'on puisse, à travers une fiscalité liée à la mondialisation, asseoir cette lutte contre la pauvreté et pour le développement sur des ressources plus importantes.
Quatrième point, nous voulons aider ces pays à retrouver des marges de manuvre et voilà pourquoi nous sommes favorables à un moratoire sur la dette.
Enfin, deux leçons que je veux retirer et mes collègues s'exprimeront naturellement ensuite : l'une sur la prévention, il y a une leçon à tirer dans l'océan Indien mais sans doute pas seulement dans l'océan Indien, s'agissant de la prévention des risques naturels, de l'alerte qui doit être donnée. Nous participerons à l'investissement en faveur d'un système d'alerte dans l'océan Indien comparable à celui du Pacifique. J'ai évoqué tout à l'heure dans mon intervention ce qui se passerait en Méditerranée, voire dans l'Atlantique, dans le cas d'une catastrophe naturelle, et souhaité que la Commission vérifie que nous disposons, dans ces zones plus proches encore de l'Union européenne, de tels systèmes d'alerte.
Dernière leçon, la réponse, et j'ai rappelé cette idée à laquelle je tiens, que je crois juste et en même temps efficace, d'une force européenne de protection civile. Cette idée que le président de la République a soutenue avec beaucoup de détermination hier à Paris, est une idée que j'avais suggérée au Parlement européen après les tremblements de terre de Grèce et de Turquie en 1999. Elle se heurte naturellement à des problèmes de compétence qui vont évoluer. Dans la future Constitution européenne, il y a une compétence partagée qui est reconnue en matière de protection civile, de santé publique, il y a aussi cette clause de solidarité et puis il y a l'urgence liée à une telle tragédie. Cette idée avance et, dans les conclusions de ce Conseil, il est question en effet d'une capacité européenne : l'idée est simple, il ne s'agit pas de doubler les structures existantes, il s'agit simplement d'avoir à Bruxelles ou en Europe quelque part un petit état major coordonnant des unités nationales ou régionales dédiées à cette force, de prévoir entre ces unités de protection civile avec une dimension de santé, médico-sociale, des formations communes, des entraînements communs, que ces unités soient prêtes à partir ensemble avec des moyens européens, sachent parler ensemble préalablement et donc c'est cette idée de mutualisation des moyens de réponse à de telles tragédies. Nous observons que cette idée avance et nous en sommes très heureux.
M. Xavier Darcos va nous parler de la réunion de Jakarta.
M. Darcos - Oui, juste un mot sur la réunion d'hier, qui comme celle d'aujourd'hui, montre une évidence : c'est que la question qui nous est posée aujourd'hui est moins finalement une question de moyens notamment budgétaires, au fond de promesses de dons - les engagements de la plupart des pays donateurs, la volonté des populations de venir en aide à ceux qui souffrent, tout cela est fait dans une certaine mesure - la plus grande difficulté réside dans la logistique, dans l'organisation des moyens, dans la manière d'atteindre les personnes qui sont aujourd'hui touchées, au point même que hier M. Kofi Annan disait d'une certaine façon "cessez la compétition entre les dons ! Mettons-nous plutôt d'accord sur l'organisation matérielle du soutien à apporter aux populations !". Voilà pourquoi il a proposé que les Nations unies soient en quelque sorte le coordonnateur, l'harmonisateur de cette aide internationale. Il a d'ailleurs lui-même chiffré à 977 millions de dollars, ce qui est très inférieur au niveau de promesses de dons qui dépasse ces dons aujourd'hui, comme vous le savez, les 2 milliards de dollars. Donc la question est plutôt celle de l'organisation logistique et je crois que la réunion d'hier a montré cette volonté commune puisque les Etats-Unis eux-mêmes, qui avaient déjà engagé une action concertée avec d'autres nations ont accepté de se placer dans la coordination onusienne.
Ce que nous avons vu aujourd'hui est de même nature, comme vient de le dire Michel, et cela explique en grande partie la présence et l'action de Philippe Douste-Blazy ; ce que nous voyons aujourd'hui c'est aussi l'Union européenne qui cherche à être efficace et qui ne veut pas qu'il y ait des actions dispersées, que chacun coure à sa manière selon ses habitudes, ses propres réseaux avec ses propres ONG ou selon sa propre sensibilité car il y a évidemment des pays qui réagissent plus ou moins violemment à cette situation du fait de leur souffrance propre, je pense en particulier à la Suède particulièrement touchée. Pour éviter cette dispersion il fallait que la Commission et l'Union européenne se concertent, voilà pourquoi étaient aussi présents aujourd'hui et c'était très important je crois, les représentants de l'OMS et aussi de l'UNICEF. Ce qu'il faut tout de suite, c'est de la logistique, c'est une organisation commune et ensuite il faudra construire des projets car une fois que l'urgence humanitaire aura été derrière nous, ce qui n'est pas encore le cas, il faudra évidemment avoir des projets concrets qui s'appellent construire des ponts, faire de l'assainissement, reconstruire une agriculture, refaire des écoles, veiller à la santé et à la protection des enfants et d'une manière générale refaire des projets de développement. C'est pourquoi sous l'autorité de Michel Barnier, le ministre chargé du développement suit aussi ces questions.
Je terminerai en disant enfin que ce qui nous a beaucoup frappé dans la réunion de Jakarta hier, c'est son caractère inhabituel et insolite puisqu'on avait là les pays touchés et les pays donateurs mais aussi les grandes organisations internationales et l'ONU. A une situation inhabituelle a répondu une réunion inhabituelle parce que les difficultés et les projets qui sont devant nous sont immenses. Il faut comprendre aussi que les pays concernés eux-mêmes n'ont pas tous la même réaction vis à vis de l'aide internationale, y compris par exemple sur le moratoire des dettes, certains d'entre eux veulent en discuter. C'est ce qui va se faire la semaine prochaine parce que les pays n'ont pas les mêmes situations financières et budgétaires et n'ont pas la même crédibilité vis à vis des bailleurs de fonds internationaux. Là aussi il faut s'ajuster au cas par cas. On ne peut pas énoncer une règle générale qui s'appliquerait par exemple à l'Indonésie ou à la Thaïlande ou à l'Inde. Cela mérite beaucoup de concertation, de discussions, d'énergie, c'était le sens de la réunion d'hier qui a été efficace comme je le crois l'a été celle d'aujourd'hui.
M. Douste-Blazy - Oui, Mesdames et Messieurs, comme l'a dit Michel Barnier, j'étais sur le terrain il y a peu de temps. Je crois que c'est du jamais vu pour tous ceux qui ont un peu l'habitude du terrain humanitaire. Je serai très court, je dirai ce que j'ai dit tout à l'heure au Conseil.
Premièrement il nous faut une force d'action rapide, parce que si l'Europe a été prête à la solidarité et dans les gestes, je reconnais que l'Europe n'a pas été rapide dans l'efficacité concrète et logistique : il faut en tirer les leçons et si nous ne prenons pas la mesure de ce sujet à l'occasion de ce drame, alors on ne prendra jamais cette mesure. Je me permets de le dire très simplement, ce n'est pas une critique, c'est un constat et je crois qu'il faut en effet que nous ayons cette force d'action rapide comme M. Barnier le demande depuis 4 ou 5 ans en matière de protection civile. J'ajoute également en matière sanitaire et je suis heureux que, je crois, le Conseil ait entendu cela parce qu'il y a une culture de l'urgence, de la médecine d'urgence qu'il faut acquérir avec des moyens logistiques pour avoir en 48h une force de projection pour les médecins et les infirmiers, les pompiers, les secouristes, n'importe où dans le monde. Pour cela, il faut des avions, et à l'intérieur des hélicoptères en pièces détachées et qui puissent être remontés à n'importe quel endroit ; c'est comme cela qu'il n'y aura pas qu'un seul pays qui est présent au bout de quelques heures dans le monde quand on en a besoin, il y aura aussi l'Union européenne et je pense que cette idée est majeure.
Deuxième élément, il faut créer d'urgence sur le plan sanitaire, un système de surveillance épidémiologique. M. Nabarro de l'OMS l'a dit à plusieurs reprises car il ne faut pas qu'une catastrophe sanitaire vienne maintenant s'ajouter à la catastrophe naturelle. Tout le monde le sait, il y a quelques petits foyers d'épidémie, mais il n'y a pas d'épidémie aujourd'hui, en revanche il y a des dysenteries, des fièvres, il faut donc reconnaître, grâce aux spécialistes, les premiers signes d'une épidémie de choléra ou de typhoïde. Cela veut dire vérifier l'eau potable, le système de purification d'eau, l'osmose inverse - prendre l'eau de la mer pour la rendre potable -, ce sont des techniciens qui font cela et il y a un grand espoir avec les antibiotiques. Enfin je terminerai sur un sujet qui me paraît majeur, l'urgence des urgences aujourd'hui : aux enfants isolés. Je dirai deux choses, il me semble que l'Union européenne - là je retire ma casquette de ministre de la Santé mais je le pense profondément -, se doit de "muscler", de renforcer ses contrôles dans ses frontières et de regarder bien, en détail et avec beaucoup de rigueur, tous ces enfants qui viennent de ces régions pour être sûr qu'il ne s'ajoute pas à cette catastrophe un malheur de plus qui arriverait avec toutes les mafias qui existent dans le monde. Il faut également un contrôle de la part des gouvernements indonésiens, sri lankais, thaïlandais et d'autres pays touchés, dans les ports et les aéroports. Deuxième point, il est important d'expliquer à nos peuples européens que ces enfants ne sont pas orphelins, même s'ils sont isolés. Il faut faire un grand travail de réunification familiale, d'identification par des photos, par des empreintes. Un travail qui avait été fait au Rwanda en 1994-1995 : l'UNICEF, pendant un an, avait retrouvé et réunifié 100.000 familles. Ce ne sont pas des orphelins, ce sont des enfants isolés et après, dans 6 mois, s'il n'y a pas de tante, d'oncle, de grands-parents alors, ils pourraient être considérés comme orphelins et là il pourrait y avoir des possibilités. Je l'ai également dit au président di Bartolomeo (NDLR : ministre de la Santé du Luxembourg), il faut faire des centres de protection de l'enfance de 40 enfants maximum qui permettront d'individualiser l'aide, de les protéger, de les soigner et d'essayer de retrouver leur famille. Là, des parrainages pourraient être mis en place.
M. Barnier - Je veux rendre un hommage particulier à toutes les organisations non gouvernementales, mais également souligner la mobilisation des collectivités territoriales aux côtés des pouvoirs publics.
Q - (au sujet du sort de Mme Aubenas)
R - M. Barnier - Florence Aubenas, qui est une journaliste expérimentée, connaît cette région difficile. Elle est accompagnée dans son travail, depuis la mi-décembre, à Bagdad par un interprète-assistant qui a disparu avec elle, Hussein Hanoun. Effectivement depuis plus de deux jours ils n'ont pas donné de nouvelles, nous avons une inquiétude, partagée par la rédaction de "Libération", par vous, leurs confrères, et par leurs familles. Nous n'avons pas de certitudes, nous procédons à des recherches, nous avons demandé des informations, y compris aux autorités irakiennes, mais nous n'avons pas d'indication supplémentaire.
Q - Combien y a-t-il de morts français en Asie du Sud ? Et qu'en est-il de l'idée de parrainage territorial ?
R - M. Barnier - Ce que vous entendez par parrainage territorial, c'est l'idée que tel ou tel pays prenne en charge telle ou telle partie du Sri Lanka, pour la reconstruction. Je pense, ainsi que Philippe, que c'est ainsi qu'il faut procéder, c'est-à-dire se concentrer sur certains sujets et sur certains territoires, et en bonne intelligence les uns à côté des autres. C'est le travail des Nations unies de coordonner cette prise en charge de territoires. Par exemple, je comprends qu'en Indonésie, le pays le plus gravement touché, une ville a été détruite aux trois-quarts et que, dans cette ville, un certain nombre d'ONG et de moyens convergent. C'est d'ailleurs probablement en pensant à cette région que la "Jeanne d'Arc" va arriver sur zone. La France pourrait y être chargée de la mise en uvre d'un programme de reconstruction et aussi dans d'autres régions d'Indonésie. Je suis favorable à cette idée, et il faut que, dans le rôle de coordination des Nations unies, on puisse aller dans ce sens.
Je voudrais essayer de répondre précisément et avec prudence à votre première question, en rappelant que derrière les chiffres, il y a des hommes, des femmes, des familles qui ont été traumatisés, profondément bouleversés - j'en ai rencontré quelques-unes unes sur place à Colombo ou à Phuket et nous pensons à ces familles de tout notre cur. Au moment où je vous parle, le nombre de personnes décédées de nationalité française est précisément de 19, dont les corps ont été retrouvés, identifiés et pour lesquels un acte de décès a pu être établi par un officier d'état civil. Ces 19 décès se répartissent ainsi : il y en a 17 en Thaïlande, 1 au Sri Lanka et 1 en Inde. 3 dépouilles font encore l'objet d'identification et pourraient donc venir compléter ce chiffre : 2 au Sri Lanka et 1 en Thaïlande. Voilà pourquoi nous avons cité de manière sûre, dans les jours passés, le nombre de 22 victimes françaises. Les personnes disparues sont au nombre de 69, dont le corps n'a pas été retrouvé et pour lesquelles des témoignages directs, vérifiés, attestent de leur présence au moment de la catastrophe. Ces 69 personnes se répartissent entre 66 pour la Thaïlande et 3 pour le Sri Lanka. Ce chiffre a sensiblement diminué suite à des vérifications, je vous rappelle qu'il faut l'utiliser avec prudence. Les dossiers vont être transmis au ministère de la Justice en vue d'un jugement déclaratif de décès et celui-ci sera rendu, par une formule simplifiée par le tribunal de Grande instance de Paris, à la demande des familles concernées. Il y a des personnes dont nous n'avons pas de nouvelles. Nous avons lancé des appels, par votre intermédiaire, pour que ces personnes, rentrées par leurs propres moyens nous le disent, nous avons des médias pour faire passer ces messages, et grâce à ces appels, nous avons pu réduire ce chiffre très sensiblement. Beaucoup ont appelé la cellule de crise au 0 800 174 174 et, de notre côté, nous procédons systématiquement à la recherche de ces personnes, en téléphonant aux parents, aux proches souvent à l'origine du signalement. Au moment où je vous parle, nous sommes encore sans nouvelles de plusieurs centaines de personnes et, plus le temps passe, plus nous avons des inquiétudes. Nous sommes plus particulièrement inquiets pour 238 de ces personnes, 227 en Thaïlande et 11 au Sri Lanka, compte tenu d'indices convergents. Premier indice : nous n'avons pas de nouvelles depuis le 26 décembre ; deuxième indice : des contacts multiples avec les proches n'ont pas donné de résultats ; troisième indice : elles se trouvaient, selon les fichiers des hôtels, dans les zones les plus touchées ; et enfin, ces personnes devaient rentrer pour reprendre leurs activités. Pour un certain nombre de victimes, des travaux d'identification sont menées par les médecins légistes en Thaïlande, au Sri Lanka, par des équipes de différents pays et nous pensons que cette mission permettra de reconnaître des personnes qui seront déclarées décédées officiellement. Je vous ai donné des chiffres le plus précisément possible.
Q - Par rapport au jumelage territorial ?
R - M. Douste-Blazy - Le premier jumelage hospitalier dont je parlais tout à l'heure partira à 14h45 de Roissy pour Colombo dimanche, avec une équipe de médecins urgentistes, d'anesthésistes-réanimateurs et de chirurgiens pour l'hôpital de Matara, à l'extrême sud du Sri Lanka, cette équipe vient de Toulouse, et d'autre part, il y aura, comme l'a dit M. Barnier, à Meulaboh, une région qui sera probablement sous parrainage français, il y aura une équipe identique mais de Lille.
Q - Quelles sont les lacunes dans l'aide apportée aux pays touchés ?
R - M. Barnier - D'abord, il faut distinguer la nature des dons. Nous ne parlons pas de dons privés, il faut faire confiance aux associations qui les reçoivent. S'agissant des dons publics, ils sont engagés soit directement par les Etats membres, soit à travers l'Union européenne. En ce qui nous concerne, nous avons versé 17,6 millions en 2004, sur des crédits budgétaires 2004, aux Nations unies, en les "fléchant". Le fléchage sera suivi notamment au niveau de l'UNICEF mais nous faisons confiance aux organisations pour que cet argent soit bien utilisé. Oui, ECHO a bien travaillé ! Il ne s'agit pas de doubler ou de faire la même chose, il s'agit de faire mieux et quelque chose qui ne se fait pas sauf depuis quelques années à travers la cellule de coordination qu'anime la Commission. Tout à l'heure, je montrais à l'un de vos confrères le rapport que j'ai présenté moi-même, comme commissaire, sur ce sujet là, 6 jours avant de quitter la Commission, au mois de mars 2004. Avec Margot Wallström, nous avions déjà réussi à créer le fond de solidarité après les inondations en Allemagne en 2002 et nous avons fait des progrès en matière de protection civile. Il faut maintenant aller plus loin. La plupart des ministres vont approuver les conclusions de ce Conseil, qui évoquent la capacité nouvelle d'organisation et coordination en matière de protection civile. M. Fischer m'a dit son souci qu'on ne fasse pas une redondance, un doublement des structures, et j'en suis d'accord. Il y a des exercices communs, les gens ont des normes et des standards communs.
Q - (sur les problèmes de transports)
R - M. Barnier - Je ne veux montrer du doigt personne, car tous ont réagi, mais nous nous sommes aperçus que nous avions un problème de transport, moins de l'Europe vers cette région, - le 27, un Airbus a emmené au Sri Lanka 100 secouristes et 18 tonnes de matériel qui sont arrivés le lendemain -, mais davantage un problème de transport dans la région, vers les villages les plus éloignés. Les Européens ne disposent pas eux-mêmes de ces moyens de transports les plus importants. Le fait que cette coordination intervienne maintenant n'a pas empêché tel ou tel pays d'envoyer des bateaux avec des hélicoptères, le plus rapidement possible.
Merci à vous.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2005)