Déclaration de M. Alain Madelin, président de Démocratie libérale, sur la nécessité de rétablir la confiance entre l'Etat et les citoyens, Coudray-Montceau le 9 septembre 2000.

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Circonstance : Université d'été de Démocratie libérale à Coudray-Montceau (Essonne) du 8 au 10 septembre 2000

Texte intégral

A la veille d'échéances importantes, qui vont décider de l'avenir de la France, je voudrais vous proposer, et à travers vous proposer aux Français, un nouveau cap reconstruire nos institutions à partir de l'homme pour bâtir ensemble ce que j'appellerai une "démocratie de confiance".
-Des citoyens qui ont confiance en l'Etat et en l'autorité de l'Etat.
-Un Etat qui fait confiance aux citoyens et à la liberté des citoyens.
Démocratie de confiance, ce qui n'est qu'un autre nom de la démocratie libérale ou de la démocratie humaniste. Humaniste parce qu'elle place la source de la souveraineté dans l'homme. Humaniste parce qu'elle est un retour au source de cet idéal exaltant de la démocratie, cet espoir né des lumières, celui de la suprématie du droit, fut-ce le droit du plus faible sur la force. Parce qu'elle porte la promesse d'une reconstruction d'une société à dimension humaine.
1. Des citoyens qui ont confiance en l'Etat Car les Français n'ont plus confiance en l'Etat.
Quand l'Etat lui-même laisse bafouer la loi.
Quand on renonce à réformer Bercy devant la pression des agents des impôts. Quand on sacrifie la modernisation de l'Education nationale et même son Ministre devant la pression des syndicats et de quelques corporations enseignantes.
Quand on laisse les postiers prendre le courrier en otage et même le détruire, et quand on indemnise leurs jours de grève au risque de transformer la grève en congés payés,
Quand on laisse casser les vitrines, barrer les routes ou les voies ferrées;
Quand on négocie en douce avec les terroristes,
Quand on tolère les manifestations de clandestins,
Quand un ministre donne en exemple des grévistes qui déversent de l'acide sulfurique dans une rivière,
Quand chacun, à gauche comme à droite, capitule, encourage ou tolère la violence des catégories qui le soutiennent,
Alors il n'y a plus d'état de droit, il n'y a ni Etat ni autorité de l'Etat.
Quand la corruption semble gangrené le pouvoir, que les abus de bien public ne trouvent jamais ni responsables, ni coupables.
Quand l'Etat prélève les impôts pour financer les 35 heures ou 17 000 fonctionnaires en plus et renonce à ses vraies missions lorsque chaque année il consacre moins au budget de la police et de la justice qu'à boucher les trous de la SNCF.
Quand le droit se fait distributeur de faveurs particulières à des catégories particulière et non le gardien de principes valable pour tous, alors l'Etat de droit devient l'Etat de passe droit. Le citoyen perd le respect du à l'autorité de l'Etat.
2- Un Etat qui fait confiance aux Français Confiance aux français en leur laissant d'abord dépenser l'argent de leur travail.
C'est pourquoi nous disons, alors que l'Etat prélève 500 milliards de superprofits fiscaux de aujourd'hui qu'en 1997, rendez l'argent de la croissance aux Français ! Davantage de paie sur la feuille de paie, quand les salaires aujourd'hui sont amputés ou gelés par l'application de ce projet des 35 qui provoque déjà pénurie de main d'uvre et que par idéologie sectaire on veut étendre en 2002 à l'ensemble des petites entreprises françaises. Moins d'impôts, Monsieur Fabius doit revoir sa copie. Il nous promettait une réforme, nous n'avons qu'une ristourne. Une ristourne bien chiche. D'un côté 500 milliards de prélèvements supplémentaire de l'autre 50 milliards de ristourne l'an prochain. 10% ! moins que cette année. Ou est la grande réforme d'ensemble des impôts dont la France a besoin ?
Faire confiance aux Français, c'est aussi leur faire confiance dans leur vie quotidienne pour choisir tout simplement l'école de leurs enfants, en dehors des choix qu'une bureaucratie scolaire veut leur imposer au travers d'une carte scolaire détournées par ceux là même, à commencer par les enseignants, qui entendent l'imposer aux enfants des autres.
Faire confiance aux citoyens, c'est encore leur permettre de travailler librement, de faire des heures supplémentaires s'ils le souhaitent, dans les horaires qu'ils choisissent et non dans les horaires et les quotas que la loi leur impose.
Faire confiance aux citoyens c'est encore leur permettre de préparer librement leur retraite. Leur permettre à côté de la retraite obligatoire par répartition, de se construire une retraite par capitalisation.
Confiance dans les citoyens mais aussi confiance dans les partenaires sociaux, pour négocier eux-mêmes et fixer à côté de la loi les règles du travail applicables à leur secteur, à leur entreprise.
Confiance aussi dans les élus locaux pour aérer la démocratie française, dans des pouvoirs plus attentifs, plus économes, moins coûteux ; C'est ce pouvoir de proximité plébiscité par les Français qu'il nous faut reconstruire autour du pivot de la régionalisation.
Des citoyens qui retrouvent la confiance dans Etat, un Etat qui fait confiance aux citoyens, tout est lié.
C'est ce message d'une démocratie de confiance que je veux avec vous proposer aux Français. C'est le message reconstructeur dont la France a besoin.
C'est le message qu'attend une majorité de Français.
De toutes part craque le vieil uniforme jacobin, technocratique qu'on veut encore faire endosser aux Français.
On ne fera pas entrer la France dans le nouveau monde sans une vraie rupture avec le dirigisme, l'Etatisme et le jacobinisme du 20ème siècle.
Il y a aujourd'hui une France plus vivante que jamais, une France plurielle qui a besoin de liberté, qui a besoin qu'on lui fasse confiance.
Une France de toujours, car la France n'est ni une société anonyme, ni un club mais une nation forgée par les siècles qu'on ne saurait réduire à son Etat, un étonnant patchwork de murs et de coutumes, rebelle à l'uniforme, mais qui a besoin d'unité pour faire vivre sa diversité sans que ressurgissent l'angoisse de ses déchirures.
Oui, bâtir une démocratie de confiance, faire vivre la diversité française, c'est le beau projet que je veux, avec vous, offrir aux Français.
(source http://www.demlib.com, le 10 Septembre 2000)