Texte intégral
Q- Jean-Michel Apathie : Bonjour Brice Hortefeux. C'est votre rentrée aussi, bonnes vacances, reposé, prêt pour une année difficile.
R- Brice Hortefeux : Mes vacances, moi, sont terminées depuis déjà depuis une semaine. Mais ça me donne l'occasion de souhaiter à vous-même et à chacun de ceux qui reprennent le chemin du travail ce matin bon courage, en ayant une pensée pour ceux qui n'ont pas encore pris leurs vacances ou ceux qui malheureusement ne peuvent pas en prendre.
Q- Depuis une semaine, le gouvernement ne s'est pas beaucoup reposé.
R- Il a été actif, mais c'est dans son rôle et dans sa vocation.
Q- Vous avez suivi l'une des polémiques de l'été. Elle a opposé les présidents de régions socialistes à la SNCF. La SNCF qui veut réduire le trafic ferroviaire sur plusieurs lignes régionales. Et les responsables politiques socialistes en appellent au gouvernement, en disant "défendez le service public". Alors, vous, vous êtes ministre des collectivités territoriales. Vous les défendez ces présidents de régions ?
R- Il faut éviter les amalgames, les a priori, les postures figées et les déclarations définitives. Quelle est la situation ? Il y a 25 lignes corail dans notre pays qui totalisent un déficit de 124 millions d'euros. Il y en a trois, plus particulièrement, qui à elles seules cumulent plus de 20 millions d'euros. Parmi ces trois lignes, il y en a une que je connais bien. Les 20,3 millions d'euros, on ne comprend pas ce que cela veut dire tellement c'est énorme. Il y en a une que je connais bien puisqu'elle passe par l'Auvergne, c'est celle qui va de Nantes à Lyon. Il faut savoir qu'il y a dans ces trains 151 passagers en moyenne. Chacun de ces passagers paie 60 euros. Ça signifie très concrètement qu'il y a un déficit pour chaque passager de 18 euros. Ça veut simplement dire que ça ne peut pas durer indéfiniment. Chaque famille française le comprend.
Q- La SNCF a raison : il faut alléger le trafic.
R- Que faut-il faire. C'est ça la question. Sur la forme, il faut reprendre la discussion. Et moi j'ai été très heureux d'entendre le directeur général de la SNCF, Guillaume Pépy, déclarer, je le cite, que ces suppressions n'étaient qu'un projet et non pas une décision.
Q- Et si c'est un projet, ça aboutira bien à une décision ?
R- Précisément, je vous le dis, la bonne méthode c'est qu'il y ait une discussion qui est préalable à la solution. Et pas l'inverse.
Q- Mais la décision que vous souhaitez, c'est un allégement du trafic. Pour vous la SNCF a raison dans son raisonnement.
R- Sur la forme, ce qu'il fallait faire, c'est reprendre la discussion. Il faut se réjouir que la direction de la SNCF ait décidé de le faire. Sur le fond, il faut observer qu'en réalité très peu de passagers prennent ces lignes de bout en bout. Cela signifie très concrètement qu'il faut une sorte de cabotage. On étudie ça en matière maritime et c'est aussi valable à la SNCF. C'est à dire qu'ils prennent des petits tronçons. Et bien très concrètement, ça veut dire qu'il faut réfléchir à des possibilités de modernisation de ces lignes pour répondre bien à l'usager, parce que c'est l'usager qui est au coeur de nos préoccupations. Et sans doute prévoir une adaptation, une modernisation pour qu'il y ait davantage de proximité. En clair, cela signifie très simplement que le gouvernement est et sera vigilant, à la fois sur la qualité du service ferroviaire, qui est un élément indispensable de l'équilibre de notre territoire, mais en même temps avec une vérité simple, pardon de vous le dire, c'est que service public ne doit pas rimer systématiquement, obligatoirement et de manière permanente avec déficit.
Q- Voilà, c'est dit. C'est donc la SNCF qui a raison.
R- Non, c'est un équilibre à trouver, soit je me suis mal exprimé, soit j'ai mal compris. Je préfère que ça soit la seconde solution.
Q- On va dire ça. On parle aussi beaucoup de privatisation des autoroutes ce matin sur RTL, puisque c'est aujourd'hui qu'on connaîtra définitivement les candidats à la reprise. Il y a notamment une société espagnole et une société italienne qui voudraient gérer les autoroutes françaises. Est-ce que c'est compatible avec le nationalisme économique dont se réclame le Premier ministre Dominique de Villepin ?
R- C'est tout à fait compatible. Nous ne sommes pas un îlot sur la planète, et notamment en Europe. Il faut naturellement assimiler cela. En réalité, il y avait deux questions qui se posaient. Première question : est-ce que la privatisation des autoroutes allait empêcher les travaux à venir ? Moi je suis préoccupé par la ligne, par le trajet Clermont-Ferrand/Lyon. J'ai posé la question immédiatement. Je m'en suis entretenu avec Nicolas Sarkozy. Je m'en suis entretenu avec le ministre des Transports. Il n'y a aucun problème là-dessus, les financements seront assurés. Je vous le prouve d'ailleurs... Cette année, le fonds qui permet ces travaux était abondé à hauteur de 1,1 milliard d'euros. Ce sera l'année prochaine à hauteur de 1 milliard 5. C'est-à-dire qu'il y a une progression de 400 millions. Donc, on est rassuré. Deuxième réflexion : est-ce que ces concessions sont définitives ? Précisément, je pense qu'il faut quand même le rappeler, ces concessions ne sont pas définitives. A un moment donné, elles reviendront, ces autoroutes reviendront dans le giron de l'Etat. Ça veut dire simplement que c'est un système gagnant gagnant. Tout de suite, on peut encaisser jusqu'à 11 milliards d'euros, et on a bien besoin pour maîtriser notre dette publique. Deuxièmement, ça permet les travaux d'infrastructure dont notre pays a besoin. Et troisièmement, ça reviendra le moment venu dans le système de l'Etat. Simplement, je veux dire, puisque ça été un sujet de polémique.
Q- François Bayrou a dit que c'était "un scandale" et Roselyne Bachelot a dit "c'est une bêtise".
R- J'aime beaucoup Roselyne Bachelot et je connais bien François Bayrou. Mais je vous le dis, ce n'est pas en tentant d'allumer des incendies médiatiques que l'on bâtit une politique pour notre pays.
Q- Ça, c'est une belle formule. On parlait de Dominique de Villepin, trois mois qu'il est à Matignon. Ça marche pas mal pour lui, 48% des Français selon une dernière étude TNS-Sofrès de Figaro Magazine lui font plutôt confiance. Vous êtes surpris par son début de parcours, parce que vous n'étiez pas un proche de Dominique de Villepin.
R- Non. Dominique de Villepin est le Premier ministre que le président de la République a voulu. C'est donc très simplement le choix et l'homme de Jacques Chirac.
Q- C'est pas un compliment dans votre bouche, ça.
R- Au côté de Nicolas Sarkozy. Je suis dans son gouvernement et je le dis, j'y suis très à l'aise et très content.
Q- Être l'homme de Jacques Chirac, ce n'est pas un compliment dans votre bouche. On est bien d'accord.
R- Bien sûr que si, ça va de soi. Concernant sa situation vis-à-vis de l'opinion publique, je vous le dis, là aussi chacun ne peut que s'en réjouir, et nous savons tous qu'un succès personnel ne se bâtit jamais sur un échec collectif. Pour le reste, l'expérience m'a appris, puisque vous évoquez la popularité, m'a appris que la popularité se mesurait en effet dans la durée. Et bien chacun doit tout mettre en oeuvre pour que ce soit le cas.
Q- Est-ce que vous pensez que Dominique de Villepin pense aujourd'hui à l'élection présidentielle ?
R- Écoutez à chaque jour suffit sa peine. Christine Clerc a évoqué à juste titre le parti socialiste, ne confondez pas d'interlocuteurs. Eux sont englués dans des querelles de personnes nourries il est vrai par des petites phrases qui se veulent assassines. Nous, nous imaginons, nous réfléchissons, nous décidons et nous agissons. Ça fait donc une grande différence.
Q- On a vu en 1993 un affrontement Jacques Chirac/Édouard Balladur. Il pourrait y avoir un affrontement Nicolas Sarkozy/Dominique de Villepin ?
R- Moi je suis convaincu que c'est l'unité qui prévaudra car l'union est une des conditions du succès. Ce n'est pas la seule mais c'est une des conditions du succès. Maintenant, si vous m'interrogez sur la popularité de Nicolas Sarkozy.
Q- Non, non. Ce n'est pas ma question. Nicolas Sarkozy a pu dire que le souci de l'UMP ce serait de choisir les meilleurs. Le moment venu, s'il apparaissait que Dominique de Villepin réussissait à Matignon était le meilleur, Nicolas Sarkozy pourrait s'effacer ?
R- Nicolas Sarkozy, au contraire, se réjouit lorsqu'il peut y avoir addition des talents et par tempérament et par conviction, ne craint pas la concurrence. Donc, il assume tout à fait, ce qu'il s'applique à lui-même est naturellement valable pour les autres.
Q- Il est toujours fâché avec Jacques Chirac Nicolas Sarkozy ? Il l'a comparé à Louis XVI le 14 juillet dernier. Il parait que ça ne lui a pas fait très plaisir à Jacques Chirac.
R- Écoutez, quel curieux pays qui, dès lors que l'on parle librement, sans tabou, il y a une espèce de chape de plomb qui vous tombe dessus. Qu'est-ce qu'il a dit le 14 juillet ? Il a énoncé, pardon de le dire, une vérité forte. Il a énoncé que notre société était bloquée, que notre société était figée, qu'il fallait bousculer les choses. Mais, je vous le dis tout de suite, de manière à bien dissiper j'espère de manière définitive tout malentendu, ça ne concernait pas les trois dernières années, pour être encore plus précis, ça ne concernait pas les 10 dernières années, mais c'était valable pour les 30 précédentes. Encore une fois, il faut plutôt se réjouir d'avoir en France un homme politique qui a le courage de parler librement, d'agir comme il le fait et d'être efficace.
Q- Patrick Devedjian, qui est l'un des proches de Nicolas Sarkozy, donc l'un de vos amis Brice Hortefeux, se dit ce matin dans France-Soir favorable à une vraie alternance dans la majorité. Une vraie alternance, ça veut dire quoi ? Il faut tourner la page de l'actuel pouvoir et donc de l'actuel quinquennat ?
R- Et bien Patrick Devedjian, avec son tempérament et ses mots qui sont riches, a énoncé là aussi une vérité. C'est que lorsqu'il y a un scrutin national, comme ce sera le cas en 2007 puisqu'il y aura à la fois l'élection législative et présidentielle, et bien il y aura le choix entre le changement et la continuité. Vous voyez, chacun son vocabulaire.
Q- Et vous, vous préférez quoi ?
R- Et bien moi personnellement, je préfère un mixe des deux.
Q- Un mixe des deux. Vous avez un candidat, un portrait robot qui incarne un mixe
des deux ?
R- Ça ne vous a peut-être pas échappé, mais vous ne m'avez pas donné l'occasion de parler de Nicolas Sarkozy. C'est donc normal que je conclue avec lui.
Voilà. C'était Brice Hortefeux, qui est rentré avec quelques formules et finalement bien reposé de ses vacances.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 août 2005)
R- Brice Hortefeux : Mes vacances, moi, sont terminées depuis déjà depuis une semaine. Mais ça me donne l'occasion de souhaiter à vous-même et à chacun de ceux qui reprennent le chemin du travail ce matin bon courage, en ayant une pensée pour ceux qui n'ont pas encore pris leurs vacances ou ceux qui malheureusement ne peuvent pas en prendre.
Q- Depuis une semaine, le gouvernement ne s'est pas beaucoup reposé.
R- Il a été actif, mais c'est dans son rôle et dans sa vocation.
Q- Vous avez suivi l'une des polémiques de l'été. Elle a opposé les présidents de régions socialistes à la SNCF. La SNCF qui veut réduire le trafic ferroviaire sur plusieurs lignes régionales. Et les responsables politiques socialistes en appellent au gouvernement, en disant "défendez le service public". Alors, vous, vous êtes ministre des collectivités territoriales. Vous les défendez ces présidents de régions ?
R- Il faut éviter les amalgames, les a priori, les postures figées et les déclarations définitives. Quelle est la situation ? Il y a 25 lignes corail dans notre pays qui totalisent un déficit de 124 millions d'euros. Il y en a trois, plus particulièrement, qui à elles seules cumulent plus de 20 millions d'euros. Parmi ces trois lignes, il y en a une que je connais bien. Les 20,3 millions d'euros, on ne comprend pas ce que cela veut dire tellement c'est énorme. Il y en a une que je connais bien puisqu'elle passe par l'Auvergne, c'est celle qui va de Nantes à Lyon. Il faut savoir qu'il y a dans ces trains 151 passagers en moyenne. Chacun de ces passagers paie 60 euros. Ça signifie très concrètement qu'il y a un déficit pour chaque passager de 18 euros. Ça veut simplement dire que ça ne peut pas durer indéfiniment. Chaque famille française le comprend.
Q- La SNCF a raison : il faut alléger le trafic.
R- Que faut-il faire. C'est ça la question. Sur la forme, il faut reprendre la discussion. Et moi j'ai été très heureux d'entendre le directeur général de la SNCF, Guillaume Pépy, déclarer, je le cite, que ces suppressions n'étaient qu'un projet et non pas une décision.
Q- Et si c'est un projet, ça aboutira bien à une décision ?
R- Précisément, je vous le dis, la bonne méthode c'est qu'il y ait une discussion qui est préalable à la solution. Et pas l'inverse.
Q- Mais la décision que vous souhaitez, c'est un allégement du trafic. Pour vous la SNCF a raison dans son raisonnement.
R- Sur la forme, ce qu'il fallait faire, c'est reprendre la discussion. Il faut se réjouir que la direction de la SNCF ait décidé de le faire. Sur le fond, il faut observer qu'en réalité très peu de passagers prennent ces lignes de bout en bout. Cela signifie très concrètement qu'il faut une sorte de cabotage. On étudie ça en matière maritime et c'est aussi valable à la SNCF. C'est à dire qu'ils prennent des petits tronçons. Et bien très concrètement, ça veut dire qu'il faut réfléchir à des possibilités de modernisation de ces lignes pour répondre bien à l'usager, parce que c'est l'usager qui est au coeur de nos préoccupations. Et sans doute prévoir une adaptation, une modernisation pour qu'il y ait davantage de proximité. En clair, cela signifie très simplement que le gouvernement est et sera vigilant, à la fois sur la qualité du service ferroviaire, qui est un élément indispensable de l'équilibre de notre territoire, mais en même temps avec une vérité simple, pardon de vous le dire, c'est que service public ne doit pas rimer systématiquement, obligatoirement et de manière permanente avec déficit.
Q- Voilà, c'est dit. C'est donc la SNCF qui a raison.
R- Non, c'est un équilibre à trouver, soit je me suis mal exprimé, soit j'ai mal compris. Je préfère que ça soit la seconde solution.
Q- On va dire ça. On parle aussi beaucoup de privatisation des autoroutes ce matin sur RTL, puisque c'est aujourd'hui qu'on connaîtra définitivement les candidats à la reprise. Il y a notamment une société espagnole et une société italienne qui voudraient gérer les autoroutes françaises. Est-ce que c'est compatible avec le nationalisme économique dont se réclame le Premier ministre Dominique de Villepin ?
R- C'est tout à fait compatible. Nous ne sommes pas un îlot sur la planète, et notamment en Europe. Il faut naturellement assimiler cela. En réalité, il y avait deux questions qui se posaient. Première question : est-ce que la privatisation des autoroutes allait empêcher les travaux à venir ? Moi je suis préoccupé par la ligne, par le trajet Clermont-Ferrand/Lyon. J'ai posé la question immédiatement. Je m'en suis entretenu avec Nicolas Sarkozy. Je m'en suis entretenu avec le ministre des Transports. Il n'y a aucun problème là-dessus, les financements seront assurés. Je vous le prouve d'ailleurs... Cette année, le fonds qui permet ces travaux était abondé à hauteur de 1,1 milliard d'euros. Ce sera l'année prochaine à hauteur de 1 milliard 5. C'est-à-dire qu'il y a une progression de 400 millions. Donc, on est rassuré. Deuxième réflexion : est-ce que ces concessions sont définitives ? Précisément, je pense qu'il faut quand même le rappeler, ces concessions ne sont pas définitives. A un moment donné, elles reviendront, ces autoroutes reviendront dans le giron de l'Etat. Ça veut dire simplement que c'est un système gagnant gagnant. Tout de suite, on peut encaisser jusqu'à 11 milliards d'euros, et on a bien besoin pour maîtriser notre dette publique. Deuxièmement, ça permet les travaux d'infrastructure dont notre pays a besoin. Et troisièmement, ça reviendra le moment venu dans le système de l'Etat. Simplement, je veux dire, puisque ça été un sujet de polémique.
Q- François Bayrou a dit que c'était "un scandale" et Roselyne Bachelot a dit "c'est une bêtise".
R- J'aime beaucoup Roselyne Bachelot et je connais bien François Bayrou. Mais je vous le dis, ce n'est pas en tentant d'allumer des incendies médiatiques que l'on bâtit une politique pour notre pays.
Q- Ça, c'est une belle formule. On parlait de Dominique de Villepin, trois mois qu'il est à Matignon. Ça marche pas mal pour lui, 48% des Français selon une dernière étude TNS-Sofrès de Figaro Magazine lui font plutôt confiance. Vous êtes surpris par son début de parcours, parce que vous n'étiez pas un proche de Dominique de Villepin.
R- Non. Dominique de Villepin est le Premier ministre que le président de la République a voulu. C'est donc très simplement le choix et l'homme de Jacques Chirac.
Q- C'est pas un compliment dans votre bouche, ça.
R- Au côté de Nicolas Sarkozy. Je suis dans son gouvernement et je le dis, j'y suis très à l'aise et très content.
Q- Être l'homme de Jacques Chirac, ce n'est pas un compliment dans votre bouche. On est bien d'accord.
R- Bien sûr que si, ça va de soi. Concernant sa situation vis-à-vis de l'opinion publique, je vous le dis, là aussi chacun ne peut que s'en réjouir, et nous savons tous qu'un succès personnel ne se bâtit jamais sur un échec collectif. Pour le reste, l'expérience m'a appris, puisque vous évoquez la popularité, m'a appris que la popularité se mesurait en effet dans la durée. Et bien chacun doit tout mettre en oeuvre pour que ce soit le cas.
Q- Est-ce que vous pensez que Dominique de Villepin pense aujourd'hui à l'élection présidentielle ?
R- Écoutez à chaque jour suffit sa peine. Christine Clerc a évoqué à juste titre le parti socialiste, ne confondez pas d'interlocuteurs. Eux sont englués dans des querelles de personnes nourries il est vrai par des petites phrases qui se veulent assassines. Nous, nous imaginons, nous réfléchissons, nous décidons et nous agissons. Ça fait donc une grande différence.
Q- On a vu en 1993 un affrontement Jacques Chirac/Édouard Balladur. Il pourrait y avoir un affrontement Nicolas Sarkozy/Dominique de Villepin ?
R- Moi je suis convaincu que c'est l'unité qui prévaudra car l'union est une des conditions du succès. Ce n'est pas la seule mais c'est une des conditions du succès. Maintenant, si vous m'interrogez sur la popularité de Nicolas Sarkozy.
Q- Non, non. Ce n'est pas ma question. Nicolas Sarkozy a pu dire que le souci de l'UMP ce serait de choisir les meilleurs. Le moment venu, s'il apparaissait que Dominique de Villepin réussissait à Matignon était le meilleur, Nicolas Sarkozy pourrait s'effacer ?
R- Nicolas Sarkozy, au contraire, se réjouit lorsqu'il peut y avoir addition des talents et par tempérament et par conviction, ne craint pas la concurrence. Donc, il assume tout à fait, ce qu'il s'applique à lui-même est naturellement valable pour les autres.
Q- Il est toujours fâché avec Jacques Chirac Nicolas Sarkozy ? Il l'a comparé à Louis XVI le 14 juillet dernier. Il parait que ça ne lui a pas fait très plaisir à Jacques Chirac.
R- Écoutez, quel curieux pays qui, dès lors que l'on parle librement, sans tabou, il y a une espèce de chape de plomb qui vous tombe dessus. Qu'est-ce qu'il a dit le 14 juillet ? Il a énoncé, pardon de le dire, une vérité forte. Il a énoncé que notre société était bloquée, que notre société était figée, qu'il fallait bousculer les choses. Mais, je vous le dis tout de suite, de manière à bien dissiper j'espère de manière définitive tout malentendu, ça ne concernait pas les trois dernières années, pour être encore plus précis, ça ne concernait pas les 10 dernières années, mais c'était valable pour les 30 précédentes. Encore une fois, il faut plutôt se réjouir d'avoir en France un homme politique qui a le courage de parler librement, d'agir comme il le fait et d'être efficace.
Q- Patrick Devedjian, qui est l'un des proches de Nicolas Sarkozy, donc l'un de vos amis Brice Hortefeux, se dit ce matin dans France-Soir favorable à une vraie alternance dans la majorité. Une vraie alternance, ça veut dire quoi ? Il faut tourner la page de l'actuel pouvoir et donc de l'actuel quinquennat ?
R- Et bien Patrick Devedjian, avec son tempérament et ses mots qui sont riches, a énoncé là aussi une vérité. C'est que lorsqu'il y a un scrutin national, comme ce sera le cas en 2007 puisqu'il y aura à la fois l'élection législative et présidentielle, et bien il y aura le choix entre le changement et la continuité. Vous voyez, chacun son vocabulaire.
Q- Et vous, vous préférez quoi ?
R- Et bien moi personnellement, je préfère un mixe des deux.
Q- Un mixe des deux. Vous avez un candidat, un portrait robot qui incarne un mixe
des deux ?
R- Ça ne vous a peut-être pas échappé, mais vous ne m'avez pas donné l'occasion de parler de Nicolas Sarkozy. C'est donc normal que je conclue avec lui.
Voilà. C'était Brice Hortefeux, qui est rentré avec quelques formules et finalement bien reposé de ses vacances.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 août 2005)