Texte intégral
Monsieur le Président,
Le discours de Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, devant Mesdames et Messieurs les Préfets, provoque une vive émotion.
Profondément attachée aux valeurs de la République, je m'élève contre de tels propos et de telles orientations.
Tout d'abord, ce discours comporte une nouvelle stigmatisation des gens du voyage. Le refus de prendre en compte les difficultés et les aspirations de ces populations conduit à de véritables drames humanitaires. La seule réponse apportée est la suivante : " Je vous demande d'accorder, chaque fois que possible, le recours à la force publique ". Cela va conduire à des aggravations sensibles de la situation de nombreux hommes et femmes. Plutôt que d'en faire un appendice sans importance, il vaudrait mieux mettre l'accent sur la nécessité de leur proposer des espaces adaptés.
Ensuite, comment ne pas être choqué par l'approche comptable et les appels à la " productivité ", qui détournent les forces de l'ordre d'un exercice efficace et adapté de leurs missions ? A propos d'une nouvelle arme non létale, au lieu de chercher à maîtriser le risque de blesser, il précise : " Nos gendarmes n'encourront pas, quant à eux, le risque à l'occasion de chaque intervention difficile, d'être mis en examen pour violences illégitimes. " On attend un peu plus de responsabilité, de tempérance et de clairvoyance dans les propos d'un ministre.
Enfin, Monsieur le Ministre d'Etat s'en prend violemment au droit d'asile et aux populations immigrées. Nous ne l'acceptons pas. Il affiche son mépris des collectifs et des associations qui travaillent à soutenir ces hommes et ces femmes dans les épreuves difficiles de leur vie : " Je vous demande de savoir résister aux pressions de tels ou tels " collectifs " ou " coordinations " qui ne représentent qu'eux-mêmes ". Il fixe l'objectif d'expulser plus de 10000 personnes du territoire d'ici la fin de l'année. Ce sont autant de situations de détresse, autant de vies que l'on va briser de façon mécanique, pour remplir des lignes statistiques dans un ministère.
On ne peut qu'être saisi par l'interprétation très singulière des textes internationaux, qui est faite quant au droit des familles : " Je rappelle que la Cour Européenne des droits de l'homme n'a jamais reconnu un quelconque droit de chacun à mener sa vie familiale où bon lui semble. La jurisprudence est plus nuancée et en cas de contentieux, devant le juge administratif et le juge des libertés et de la détention, vous devez pouvoir défendre efficacement des dossiers bien préparés, si nécessaire en recourant aux services d'avocats. " L'objectif défini n'est pas l'application juste de la loi, mais la performance à tout prix. Pour cela, il est demandé aux préfets d'agir " quelles que soient les sollicitations locales ", ce qui témoigne de peu de considération pour les élus du peuple.
Monsieur le ministre fait courir la peur jusque devant les guichets de préfecture où celles et ceux qui veulent se mettre en conformité avec la loi seront pourchassés. Lorsqu'il évoque les " marchands de sommeil " et le travail illégal, c'est pour punir encore celles et ceux qui en sont les victimes. Enfin, cela confine à l'acharnement. Il entend donner le droit aux préfets de région de choisir le lieu d'hébergement des demandeurs d'asile avec possibilité de supprimer leur allocation d'insertion.
Derrière ce discours, il y a des vies menacées, il y a de la détresse humaine.
Vous comprendrez, Monsieur le Président, que nous ayons été profondément heurtés par ce discours et que nous saisissions à ce propos la plus haute autorité de l'Etat.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma considération.
(Source http://www.pcf.fr, le 16 septembre 2005)
Le discours de Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, devant Mesdames et Messieurs les Préfets, provoque une vive émotion.
Profondément attachée aux valeurs de la République, je m'élève contre de tels propos et de telles orientations.
Tout d'abord, ce discours comporte une nouvelle stigmatisation des gens du voyage. Le refus de prendre en compte les difficultés et les aspirations de ces populations conduit à de véritables drames humanitaires. La seule réponse apportée est la suivante : " Je vous demande d'accorder, chaque fois que possible, le recours à la force publique ". Cela va conduire à des aggravations sensibles de la situation de nombreux hommes et femmes. Plutôt que d'en faire un appendice sans importance, il vaudrait mieux mettre l'accent sur la nécessité de leur proposer des espaces adaptés.
Ensuite, comment ne pas être choqué par l'approche comptable et les appels à la " productivité ", qui détournent les forces de l'ordre d'un exercice efficace et adapté de leurs missions ? A propos d'une nouvelle arme non létale, au lieu de chercher à maîtriser le risque de blesser, il précise : " Nos gendarmes n'encourront pas, quant à eux, le risque à l'occasion de chaque intervention difficile, d'être mis en examen pour violences illégitimes. " On attend un peu plus de responsabilité, de tempérance et de clairvoyance dans les propos d'un ministre.
Enfin, Monsieur le Ministre d'Etat s'en prend violemment au droit d'asile et aux populations immigrées. Nous ne l'acceptons pas. Il affiche son mépris des collectifs et des associations qui travaillent à soutenir ces hommes et ces femmes dans les épreuves difficiles de leur vie : " Je vous demande de savoir résister aux pressions de tels ou tels " collectifs " ou " coordinations " qui ne représentent qu'eux-mêmes ". Il fixe l'objectif d'expulser plus de 10000 personnes du territoire d'ici la fin de l'année. Ce sont autant de situations de détresse, autant de vies que l'on va briser de façon mécanique, pour remplir des lignes statistiques dans un ministère.
On ne peut qu'être saisi par l'interprétation très singulière des textes internationaux, qui est faite quant au droit des familles : " Je rappelle que la Cour Européenne des droits de l'homme n'a jamais reconnu un quelconque droit de chacun à mener sa vie familiale où bon lui semble. La jurisprudence est plus nuancée et en cas de contentieux, devant le juge administratif et le juge des libertés et de la détention, vous devez pouvoir défendre efficacement des dossiers bien préparés, si nécessaire en recourant aux services d'avocats. " L'objectif défini n'est pas l'application juste de la loi, mais la performance à tout prix. Pour cela, il est demandé aux préfets d'agir " quelles que soient les sollicitations locales ", ce qui témoigne de peu de considération pour les élus du peuple.
Monsieur le ministre fait courir la peur jusque devant les guichets de préfecture où celles et ceux qui veulent se mettre en conformité avec la loi seront pourchassés. Lorsqu'il évoque les " marchands de sommeil " et le travail illégal, c'est pour punir encore celles et ceux qui en sont les victimes. Enfin, cela confine à l'acharnement. Il entend donner le droit aux préfets de région de choisir le lieu d'hébergement des demandeurs d'asile avec possibilité de supprimer leur allocation d'insertion.
Derrière ce discours, il y a des vies menacées, il y a de la détresse humaine.
Vous comprendrez, Monsieur le Président, que nous ayons été profondément heurtés par ce discours et que nous saisissions à ce propos la plus haute autorité de l'Etat.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma considération.
(Source http://www.pcf.fr, le 16 septembre 2005)