Interview de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, à France-Inter le 24 juin 2005, sur la politique de l'emploi et le contrat "nouvelle embauche", le financement du budget de l'UE et la PAC, la mise en oeuvre d'une "Europe des projets", l'indépendance de la Justice et la dette publique.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Inter

Texte intégral

QUESTION : Le baril de pétrole à 60 dollars - seuil historique donc franchi ces dernières heures - menace-t-il les 76 jours maintenant de D. de Villepin. Comment relancer la croissance en France ? Comment, face à T. Blair ou peut-être avec lui, inventer un modèle social européen ? Mais aussi, jusqu'où la liberté de parole est-elle acceptable pour un Premier ministre, s'agissant des membres de son Gouvernement ? [...] Est-ce une course de vitesse qui est engagée entre vous et la croissance ? Je veux dire, là, ces dernières heures à peine, un baril à 60 dollars à New York, cela vous laisse peut de temps !
Dominique de VILLEPIN : C'est une contrainte lourde qui pèse sur nous, sur notre économie, ce qui ne veut pas dire que nous ne disposons pas de leviers pour agir. Qu'il s'agisse de la consommation, qu'il s'agisse de l'investissement, la situation est bonne dans notre pays, nous devons donc encourager cela. Et puis nous pouvons agir sur l'emploi et c'est pour cela que j'ai décidé de mobiliser toute l'action de mon Gouvernement sur un plan d'urgence pour l'emploi, que je veux faire passer vite, pour qu'il soit mis en uvre au 1er septembre, pour faciliter, encourager l'embauche. Nous le savons, dans notre pays, nous avons 2.500.000 chômeurs et, en même temps, nous avons 500.000 emplois vacants. C'est dire que nous pouvons faire mieux sur le front de l'emploi et c'est dire aussi que l'emploi, cela veut dire plus de confiance et au bout du terme, plus de croissance. Donc il faut jouer sur l'ensemble des leviers. La hausse du prix du pétrole doit bien sûr être intégrée dans la définition de nos politiques, et c'est ce que nous faisons. Il faut s'orienter vers des énergies de substitution, nous travaillons sur les biocarburants. Il faut travailler sur la relance du nucléaire, c'est ce que nous faisons avec la nouvelle génération de réacteurs EPR, avec, je veux le croire le projet ITER et puis il y a bien sûr tout le champ de l'innovation industrielle. Et vous savez que notre Gouvernement veut relancer les grands projets dans ce domaine avec la dotation de l'Agence pour l'innovation industrielle d'un milliard d'euros, avec la dotation de l'Agence pour la recherche. Il y a, là aussi, dans le domaine des infrastructures, des transports, la relance avec l'Agence pour le financement des infrastructures de transport. Donc, vous le voyez il y a beaucoup à faire. Exploitons toutes nos marges de manuvre, mobilisons-nous. Il ne s'agit pas d'attendre que la croissance revienne, il s'agit de lui donner des raisons de revenir.
QUESTION : Alors justement, mais la confiance, c'est peut-être l'une des choses les plus fragiles et les plus difficiles à retrouver, si tant est qu'on l'ait perdue. Comment vous allez convaincre, non seulement les citoyens, mais aussi les membres du Gouvernement et de l'opposition que gouverner par ordonnances, c'est aujourd'hui pour vous, semble t-il une nécessité. Comment vous allez leur donner confiance et en vous, en votre action et dans le fait que vous n'abuserez pas de ces ordonnances ?
Dominique de VILLEPIN : D'abord c'est ma police (sic), ce n'est pas une première en France. Ces ordonnances ont été utilisées en 45, en 67, en 82 - plus de 12 ordonnances durant l'année 82, dans le domaine social. Donc c'est quelque chose auquel nous avons eu fréquemment recours, pourquoi ? Parce que l'urgence et la nécessité le requièrent, nous sommes dans une situation d'urgence. Quand vous faites face à des difficultés, eh bien vous sollicitez une ordonnance pour pouvoir repartir vite. C'est exactement ce que nous faisons, il n'y a pas d'autres moyens pour mettre en place un plan opérationnel au 1er septembre. Il faudrait alors, si nous ne le faisions pas, attendre de longs mois, nous ne pouvons pas nous le permettre. Mais ces ordonnances ne signifient pas que nous n'engageons pas le dialogue social et une forte concertation au Parlement, au contraire. Nous avons engagé un premier tour de rencontres avec les partenaires sociaux. J.-L. Borloo, G. Larcher, j'ai moi-même rencontré les partenaires sociaux, ils vont continuer à le faire et nous aurons un débat approfondi au Parlement. Nous aurons l'ensemble des instances qui doivent être consultées sur ces ordonnances qui se prononceront. Donc il ne s'agit pas du tout d'un processus qui fait fi de cette exigence du dialogue social et de la concertation dans notre pays. J'y suis profondément attaché.
QUESTION : Et avez-vous, Monsieur le Premier ministre, le sentiment que vous avez rassuré les syndicats, par exemple sur l'un des outils que vous comptez utiliser, le contrat "nouvelle embauche". La lecture qui en est faite aujourd'hui, en précisant un peu l'enjeu maintenant, est-elle plus rassurante pour les syndicats ? Y a-t-il plus de garanties dans ce contrat ?
Dominique de VILLEPIN : Je crois que nous avons contribué - et nous allons continuer à le faire, parce qu'il s'agit d'un processus qui doit être poursuivi - à lever un certain nombre d'inquiétudes et d'incompréhensions. Croyez bien que je n'ai aucune intention de mettre à bas notre droit du travail, j'y suis attaché, comme je suis attaché à notre modèle social et j'ai eu l'occasion de le prouver à diverses reprises. Que faut-il faire ? Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à attendre que la croissance revienne. Nous ne pouvons pas voir une situation où trop de gens dans notre pays sont privés d'emploi. Nous ne pouvons pas être un pays qui bat les records pour le chômage des jeunes ou pour le chômage des seniors. Il faut donc bouger ! Qu'est-ce que cela veut dire bouger ? Eh bien cela veut dire adapter, adapter notre pays à un certain nombre d'exigences, c'est-à-dire mieux prendre en compte les exigences des employeurs. Et mon plan, vous l'avez vu, il est ciblé sur les très petites entreprises, parce que je pense que c'est là aujourd'hui qu'il y a les gisements d'emploi, la possibilité d'embaucher le plus rapidement. Qu'est-ce qu'ils demandent les entrepreneurs pour embaucher ? Ils demandent un peu plus de souplesse. C'est difficile, quand vous êtes un commerçant, un pâtissier, quand vous êtes une profession libérale, c'est difficile de prendre le risque d'embaucher si vous avez le sentiment que vous allez après être piégé et que la situation de votre entreprise, parce que la conjoncture aura changé, parce que les choses seront plus difficiles, la situation, l'équilibre de votre entreprise sera mis à mal. Donc qu'est-ce qu'il faut ? Il faut pouvoir consolider dans un temps donné l'emploi. Et c'est pour cela que nous avons prévu un délai de deux ans, qui permet la consolidation de cet emploi. Ce n'est pas la précarité, c'est la possibilité jour après jour pour l'entrepreneur de trouver de nouveaux clients, de découvrir de nouveaux marchés pour s'assurer de la viabilité de cet emploi. Et du côté, bien évidemment du salarié, car je veux prendre en compte la situation du salarié, je veux développer les sécurités qui feront, que chaque jour qui passera dans l'entreprise, eh bien ce salarié sera mieux protégé, mieux pris en compte, mieux sécurisé. Et c'est pour cela que nous avons prévu qu'à mesure du temps qu'il passera dans l'entreprise, ses droits seront plus importants. Plus importants en ce qui concerne le délai de préavis, plus important en ce qui concerne l'indemnité, plus important en ce qui concerne les garanties d'assurance qu'il aura, plus important en ce qui concerne l'accompagnement personnalisé dont il bénéficiera. Vous le voyez bien, il s'agit de prévoir ce petit coup de pouce supplémentaire qui fait passer de la résignation - non, je n'embauche pas, je travaille plus, mais je n'embauche pas - à, oui, j'embauche, je prends le risque avec celui qui est à côté et qui cherche un emploi ; je défie les choses, j'avance, j'ai confiance. Donc c'est cela que je veux provoquer. Je veux provoquer ce réflexe positif dans la société française, nous en avons besoin et il faut le faire en facilitant les choses, en simplifiant... Combien de fois quand je me déplace dans notre pays, on me dit : tout est trop compliqué, tout est trop bureaucratique, il faut moins de bureaucratie. Eh bien c'est pour cela que nous avons prévu de mettre en place un chèque "Très petite entreprise" qui va simplifier considérablement le travail des entrepreneurs. De la même façon, nous voulons hisser les seuils. Nous avons constaté qu'une entreprise quand elle passe de 9 salariés à 10 salariés, en France, dans notre pays, il y a deux fois moins d'entreprises de 10 salariés que de 9 salariés, c'est bien qu'il y a un problème ! Pas question de remettre en cause les droits sociaux, nous y sommes attachés. Mais par contre, pouvoir prendre en compte la situation financière de ces entreprises, qui se voient demander pour le passage du 9ème salarié au 10ème salarié, 5.000 euros supplémentaires, ça c'est une évidence. Donc nous prendrons à notre charge ce surcoût. Donc vous le voyez bien, des mesures ciblées, des mesures pragmatiques, des mesures qui ne sont pas guidées par l'idéologie, mais des mesures qui sont guidées par le seul souci de faciliter l'embauche. Mon plan est un plan pour l'emploi, uniquement pour l'emploi !
QUESTION : Mais alors quelle est la géométrie, aujourd'hui, de la lutte contre le chômage ? Est-elle nationale, est-elle européenne ? Quand on entend, hier à Bruxelles, T. Blair nous dire : "mais qu'est-ce que c'est que ce modèle social qui provoque en Europe 20 millions de chômeurs, qu'est-ce que c'est que ce système qui fabrique aujourd'hui moins d'ingénieurs qualifiés qu'en Inde, par exemple", alors où est la réponse et dans quelle géométrie s'inscrit-elle, cette réponse, aujourd'hui ?
Dominique de VILLEPIN : D'abord je veux dire que je me réjouis d'entendre ces paroles dans la bouche de T. Blair et je suis heureux de voir qu'aujourd'hui en charge de la présidence de l'Union européenne, il veut avancer. Simplement je veux être sûr que nous parlons bien de la même chose.
QUESTION : Vous en doutez encore ou pas ?
Dominique de VILLEPIN : Vous savez, moi je ne fais pas de procès d'intention. Je crois qu'il faut juger sur les actes et ce que j'attends, c'est le contenu, les actes qui vont être pris par T. Blair à la tête de l'Europe. Prenons le budget. Nous n'avons pas pu obtenir un accord, en dépit des propositions raisonnables qui avaient été faites, et je pense aux propositions de Monsieur Juncker, qui proposait d'augmenter le budget européen de 1 à 1,06. Cela peut paraît peu, c'est en fait, pour la France, rien que pour la France, un milliard et demi par an de plus de contributions. Chacun doit faire un effort, et nous avons vu, spectacle étonnant, les dix nouveaux entrants de l'Europe prêts à faire des concessions sur les propres revenus qui devaient leur être alloués. Donc que la Grande-Bretagne prenne en compte ces situations, pourrait même faire un effort, qu'elle lève son blocage sur le budget, je ne peux que m'en réjouir. Une fois de plus, j'attends que tout cela se traduise dans les faits. Nous avons besoin d'arriver à un accord budgétaire, nous avons besoin de passer un cap difficile pour l'Europe.
QUESTION : Mais tout le monde fera des efforts ? Par exemple, est-ce que nous accepterons, nous aussi, de nous reposer la question de la politique agricole commune ou pas ?
Dominique de VILLEPIN : Mais c'est là où il faut, une fois de plus, revenir aux réalités. Nous avons fait des efforts, nous les avons faits en 2002, 2003. Sur la Politique agricole commune, nous sommes arrivés, en 2002, 2003, c'est pour dire à quel point nous avons été courageux et prévoyants. Nous les avons faits en amont ces efforts. En 2002-2003, nous avons accepté un compromis qui a été signé à vingt-cinq, y compris par les Britanniques, qui a garanti la Politique agricole commune révisée jusqu'en 2013. Alors tenons notre parole, honorons nos engagements. On ne peut pas mettre la Politique agricole commune sur la table, alors même que nous sommes tous tombés d'accord sur la Politique agricole commune. Que nous réfléchissions à l'avenir, après 2013, mais c'est bien naturel et c'est exactement ce que je vais faire avec tous nos agriculteurs, car je souhaite avoir toute la profession agricole soudée pour défendre les mêmes positions. Donc je vais les recevoir dans les prochains jours, avec D. Bussereau, pour justement préparer l'avenir. Mais ne mélangeons pas tout. Le chèque britannique est un chèque qui est hérité du passé, il est donc aujourd'hui sur la table, il faut s'interroger sur ses raisons d'être. La Politique agricole commune, on fait souvent un mauvais procès à cette politique, c'est la première des politiques européennes. La construction européenne s'est faite autour de cette politique, c'est une politique qui est entièrement budgétisée, entièrement communautarisée. Il ne faut pas s'étonner qu'elle occupe une part importante du budget communautaire - même si cette part descend et a vocation à descendre dans les prochaines années, puisque nous sommes aujourd'hui à 40 %. C'était 70 % du budget il y a vingt ans et ce sera un peu plus de 30% en 2013. Donc là, il y a une évolution naturelle. Que nous cherchions à relever les défis de l'avenir, c'est exactement ce que nous voulons faire et donc nous devons faire plus, effectivement sur l'éducation, sur la recherche, sur la culture, sur l'innovation industrielle, sur la politique industrielle et nous donnons l'exemple, Monsieur Paoli. Quand, avec les Allemands, nous nous engageons dans des grands chantiers d'innovation industrielle, sur les biotechnologies, dans les technologies de l'information, eh bien nous ouvrons la voie. Alors, que toute l'Europe avance ensemble dans cette direction, c'est exactement ce que nous souhaitons.
QUESTION : Imaginez-vous, Monsieur le Premier ministre, qu'il y ait une nouvelle organisation de l'espace européen, je veux dire de nouvelles alliances. Vous parlez de l'Allemagne. Au fond, ce moteur européen qu'a constitué longtemps la France et l'Allemagne existe t- il encore, ou voit-on se dessiner aujourd'hui, dans l'espace européen d'autres alliances ? La Grande-Bretagne avec les Pays- Bas, avec l'Espagne, avec la Suède, avec d'autres ?
Dominique de VILLEPIN : Alors, S. Paoli, je crois qu'il faut revenir au point de départ. Le point de départ c'est quoi ? C'est que nous avons tenté d'accélérer la construction européenne à la fois à travers l'élargissement - les 10 nouveaux entrants, voire la Roumanie et la Bulgarie bientôt - et nous avons en même temps voulu accompagner cet élargissement d'un approfondissement, avec une grande cathédrale constitutionnelle. Force est de constater que ceci n'a pas été compris d'une grande partie de nos concitoyens et d'une grande partie des peuples de l'Europe. Parce que si on faisait des référendums dans tous les pays de l'Europe, je crois qu'on aurait dans le fond des positions assez proches de ce que nous avons connu en France. Donc il faut constater qu'aujourd'hui, cette Europe-là a paru s'éloigner du citoyen, et il faut donc trouver une réponse. Cette réponse est une réponse qui est urgente, qu'il faut faire rapidement et c'est l'Europe des projets. Avançons dans tous les domaines où nous pouvons avancer, l'innovation, la recherche, la sécurité, la défense et avançons avec tous ceux qui le veulent et qui le peuvent. Je crois que cette Europe, elle doit être pragmatique dans cette phase-là. Vous savez, comme toujours, quand, à un moment donné, il y a des doutes et des incertitudes, quand on veut retrouver confiance, eh bien il faut avancer. Et avancer avec toutes les bonnes volontés. Alors, que dans le domaine de la sécurité, l'impulsion vienne du groupe des cinq pays qui a été engagée à l'initiative de la France, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie, très bien ! Et puis tout le monde profitera et évidemment ce que nous faisons sera ouvert à chacun. Que dans le domaine de l'industrie, de l'innovation industrielle et de la recherche, nous avancions - j'ai proposé de créer en France un ou plusieurs centres de haute technologie où nous rassemblerons et mutualiserons les capacités, de Français et d'Européens, des chercheurs, des entreprises, des laboratoires. Vous voyez, je crois qu'on est dans une nouvelle étape de cette construction où les Européens ont besoin de voir que cette Europe est à leur service. C'est pour cela que j'ai proposé également un service civil européen. Si les jeunes des différents états de l'Europe sont capables de se retrouver sur de grands projets humanitaires, de grands projets dans le domaine de la santé, eh bien cette Europe nous la toucherons du doigt. Alors oui, oui, à l'exigence sociale partagée. Le président de la République l'a réaffirmé avec force, nous avons besoin que cette exigence sociale soit partagée dans tous les domaines, dans toutes les politiques de l'Europe. Et c'est bien la voie que veut ouvrir le président de la République. Alors une fois de plus, vérifions que derrière les mots, cette exigence sociale, la fidélité à notre modèle social, il y ait bien les mêmes choses que chacun de nos partenaires et en particulier que nos amis britanniques. Soyons capables de faire des choix tous ensemble, mais avançons, avançons pragmatiquement et rapidement.
QUESTION : Un des points qui est un des points sensibles, aussi soulevé peut-être par T. Blair, la question de l'élargissement : jusqu'où ? Faut-il tenir la parole engagée, et, bien entendu, on a compris qu'il s'agissait notamment de la Turquie. C'est-à-dire à nouveau la question des limites ou des frontières de l'Europe, si tant est qu'il faille des frontières d'ailleurs !
Dominique de VILLEPIN : Mais la question est effectivement posée et que nous réfléchissions à cette Europe, quelles frontières, quelle identité souhaitons-nous lui donner, c'est bien naturel. Je vous rappelle que dans ce domaine, nous avons pris un certain nombre d'engagements, mais que nous avons surtout, nous Français un certain nombre de garanties. Le président de la République a souhaité modifier la Constitution pour que tout nouvel élargissement s'accompagne d'une question posée aux Français, d'un référendum national qui permettra aux Français de se prononcer. Vous savez, on ne peut pas dans ce domaine avoir une meilleure garantie de souveraineté et de liberté, c'est bien celle que le président de la République a choisi de donner aux Français.
QUESTION : Alors une dernière question que j'ai délibérément placée en dernier, parce que face aux enjeux européens, elle n'est peut-être pas tout à fait de même importance ou de même nature, tout de même ! Qu'est-ce qu'un Premier ministre peut accepter dans son Gouvernement, de la liberté de parole de ceux qui composent son Gouvernement ? Alors on a dit, N. Sarkozy, c'est en quelque sorte le vice Premier ministre. Mais enfin, pour l'instant, dans la Vème République, il y a un Premier ministre et puis il y a ceux qui composent son Gouvernement. Alors jusqu'où peut-il aller, N. Sarkozy ?
Dominique de VILLEPIN : S. Paoli, en politique, il faut ne pas se tromper d'indignation et il faut accepter, il faut avoir la lucidité et le courage de faire face aux réalités. Nous avons été confrontés dans les dernières semaines, les derniers mois, à un certain nombre de drames dans notre pays qui ont profondément remué l'opinion. Face à cela, nous, le Gouvernement, nous avons un devoir de responsabilité, d'apporter des réponses. Et c'est exactement ce que nous avons voulu faire. Est-ce que l'on peut accepter qu'un enfant de 11 ans qui va nettoyer la voiture de son père en bas de l'immeuble puisse être victime d'une balle perdue ? Est-ce qu'on peut accepter qu'une jeune mère de famille qui va faire son jogging puisse, pour quelques euros, être assassinée ? C'est la réalité à laquelle nous sommes confrontés. Face à cela nous voulons agir. Alors qu'on le fasse en essayant de rassembler tous les Français, en évitant de choquer quiconque bien sûr, il faut tout faire pour cela. Mais je le redis, nous sommes dans un temps d'émotion, dans un temps de passion, allons vers la réalité, rassemblons-nous, et faisons en sorte que cet esprit de responsabilité nous permette de marquer des points pour la France, nous permette de nous rapprocher de cette exigence de justice et de résultat. C'est exactement ce que nous avons voulu faire. Les assassins, les criminels ou les auteurs présumés ont été interpellés. C'est comme cela que nous voulons répondre aux inquiétudes qui montent. Vous savez, face à l'extrémisme, face à toutes les sortes de populisme qui peuvent s'exprimer dans un pays, la meilleure réponse, ce n'est pas l'inaction, ce n'est pas l'impuissance, c'est d'agir, de se mobiliser et d'avoir du résultat.
QUESTION : Mais on vous entend bien là, D. de Villepin. Ce que vous venez de décrire, c'est le contrôle de la parole, c'est le sens de la responsabilité. Encore fois, et pardonnez-moi d'insister, mais n'y a t- il pas là, de la part du ministre de l'Intérieur, un choix des mots qui est à ce point particulier qu'il pose la question d'une stratégie politique ?
Dominique de VILLEPIN : Mais je vous l'ai dit, je crois qu'il ne faut pas faire de mauvais procès d'intention dans ce domaine. L'extrémisme se nourrit de l'inaction, se nourrit de l'impuissance. La meilleure réponse c'est l'action. Que nous le fassions avec le souci de rassembler tous les Français, c'est évidemment ce que je souhaite faire au quotidien. Ce que je souhaite aussi, c'est que nous puissions traiter les problèmes un par un, sans justement tomber dans les pièges qui peuvent nous être tendus. Mais distinguons les sujets, puisque vous voulez que nous rentrions dans chacun des sujets. Dans le cas de la cité qui a été évoquée, où nous avons été confrontés à ce drame du petit garçon qui a été assassiné, il s'agissait très vite de pouvoir interpeller les auteurs présumés de cet acte. Une fois de plus, c'est ce qui a été fait, nos services de sécurité se sont mobilisés rapidement. N. Sarkozy a posé une question dans une deuxième affaire, un deuxième drame auquel nous avons été confrontés, qui est la question du bon fonctionnement de la Justice. Alors là, je veux être extrêmement clair, nous vivons en France dans une démocratie, et dans notre démocratie, il y a un principe fondamental, c'est celui de l'indépendance de la Justice et celui de l'indépendance des magistrats. Et rien ne saurait mettre en cause cette indépendance. Et comme dans tout Etat de droit, les magistrats ont vocation à appliquer la loi, eh bien c'est ce qu'ils ont fait. Et vous savez, dans le drame auquel nous pensons tous et l'affaire de la libération conditionnelle de Colmar, c'est un collège de magistrats qui a été amené à se prononcer. Il l'a fait sur la base de la loi avec des avis d'experts. Donc, la responsabilité en l'occurrence de ce magistrat ou des magistrats vis-à-vis de la loi n'est pas en cause. Nous pouvons néanmoins nous interroger sur la bonne adaptation de la loi. Est-ce que cette loi est satisfaisante ? A partir du moment où nous sommes confrontés à des drames, et nous en avons connus d'autres dans le passé, il faut donc agir. Et c'est pour cela que j'ai demandé au Garde des Sceaux, très rapidement, de présenter un projet de loi qui puisse prévoir une meilleure prise en compte, à la fois de la multi-récidive - il n'est pas normal que nous ne prenions pas en compte le fait que quelqu'un ait commis plusieurs meurtres, plusieurs crimes les uns après les autres - que nous prenions mieux en compte cette question délicate de la libération conditionnelle et des réductions de peine, et surtout aussi que nous prenions en compte le meilleur suivi de ceux qui sortent de prison, et qui, parfois, peuvent présenter un certain nombre de risques. Il faut donc gérer ces risques, ça suppose un suivi particulier de ces individus. Donc vous voyez bien, adapter la loi, respecter l'indépendance de la Justice. Il y a une dernière question - et N. Sarkozy a voulu pointer du doigt cette question - il faut le faire avec beaucoup de sérénité, c'est celle de la responsabilité des magistrats. ce n'est pas un sujet que nous pouvons aborder avec passion, avec émotion. Il faut beaucoup de sérénité. C'est un sujet extrêmement difficile et extrêmement complexe. Et je me suis entretenu avec le Garde des Sceaux de cette question. Nous l'aborderons, nous l'aborderons sereinement avec les magistrats eux-mêmes, qui sont les premiers concernés. Mais ne mélangeons pas un certain nombre d'affaires douloureuses, dramatiques et des questions de fond qui doivent, une fois de plus, être traitées dans la sérénité.
QUESTION : S. Paoli : Le Premier ministre, D. de Villepin est ce matin l'invité de France Inter, et il est resté pour répondre à vos questions. Bonjour Serge, bienvenue à vous. Vous nous appelez de Marseille. Bonjour à tous, bonjour Monsieur le Premier ministre. Notre ministre des Finances a déclaré que la France vivait au-dessus de ses moyens. Je voudrais savoir quels sont les Français qui vivent au-dessus de leurs moyens, et quelles mesures fiscales et financières comptez-vous prendre pour remédier à cet état de fait ? Merci.
Dominique de VILLEPIN : Serge, votre raisonnement montre bien qu'il y a un petit glissement. Le ministre de l'Economie et des Finances a parlé de la France. Il n'a pas dit que les Françaises et les Français vivaient chacun au-dessus de leurs moyens. Je crois qu'il faut bien préciser les choses : il faisait référence à la situation de la dette dans notre pays. Nous sommes un pays qui a, aujourd'hui, plus de 1.000 milliards d'euros de dettes, c'est-à-dire que chaque enfant qui naît en France aujourd'hui a un endettement de 17.000 euros. Ce qui veut dire que nous grevons en quelque sorte l'avenir, et que nous faisons reporter sur les futures générations, le poids et la charge de cette responsabilité. Et c'est donc bien à l'Etat, à la France de prendre ses responsabilités, et c'est ce que nous faisons puisque nous avons, depuis trois ans, fixé une augmentation de la dépense publique à 0 %, zéro volume d'augmentation de la dépense. C'est cela, l'esprit de responsabilité par rapport à une situation, une fois de plus, qui a connu au cours des dernières années un trop fort dérapage. Donc il s'agit de re-caler, dans un esprit de responsabilité, cette dépense publique, et il ne s'agit pas de mettre en cause ceux dans notre pays qui, souvent, vivent dans des situations difficiles - et nous le prenons en compte. Donc, il ne s'agit pas d'accuser quiconque, il ne s'agit pas d'augmenter les impôts, comme pourrait le laisser penser le corollaire, de la France. En effet, si l'on disait "les Français vivent au-dessus de leurs moyens", la conséquence naturelle que chacun implicitement en tire, donc on va ponctionner davantage nos compatriotes". Je le dis et je le redis, il ne s'agit, à aucun moment, de cela, nous voulons au contraire faire l'effort nécessaire, à partir de la dépense publique, dans un esprit de responsabilité, il s'agit de prendre en compte cette situation financière pour faire en sorte que cela ne pèse pas sur l'avenir.
QUESTION : S. Paoli : Bonjour Lucie, merci à vous de nous appeler, vous êtes en ligne à Pau. (...)
Vous êtes auprès de Monsieur Chirac depuis qu'il est président de la République, donc vous devez avoir les bonnes réponses aux questions que vous posez maintenant en tant que Premier ministre. Donc ma question est la suivante : soit vous n'avez pas pu les mettre en uvre, vous les gardiez pour quand vous seriez Premier ministre, et alors à ce moment-là comment croire à un intérêt général et comment rétablir la confiance, quand vous l'avez faite passer au second plan après votre nomination de Premier ministre, ou alors vous avez une révélation. Dans les deux cas, comment voulez-vous qu'on puisse restaurer la confiance. Et la question subsidiaire, je voulais vous demander également, est-ce que vous avez l'intention en tant que Premier ministre de revoir la position de C. Battisti, qui lui aussi est otage quelque part. Merci Monsieur.
Dominique de VILLEPIN : Je vous en prie Madame. Sur le principe de responsabilité en politique, chacun, dans la vie politique, essaie de se mobiliser avec toute son énergie et à la place qui est la sienne. C'est ce que j'ai fait comme ministre des Affaires étrangères, c'est ce que j'ai fait comme ministre de l'Intérieur, et puis précédemment comme secrétaire général. On a des situations qui varient ; on se mobilise pour essayer de trouver des solutions ; on le fait dans un esprit collectif et de responsabilité dans le cadre d'un gouvernement. Aujourd'hui, par définition, comme Premier ministre, je suis davantage en mesure de mettre en uvre mes convictions et la vision que j'ai pour ce pays. Donc, je crois qu'on ne peut pas ainsi considérer que si on n'a pas fait quelque chose aujourd'hui, on n'a plus aucune chance de pouvoir recommencer le lendemain. Et je crois que le principe de responsabilité et de bonne volonté, c'est d'essayer tous les jours, de faire mieux. Et on peut aussi imaginer que, dans la vie, on tire leçon de l'expérience. Et si on fait des choses qui ne sont pas tout à fait conformes et qui ne donnent pas les résultats qu'on espérait, eh bien ! on en tire les leçons. Et nous sommes dans un temps de l'histoire de notre pays où il s'agit de tirer les leçons de ce qui a été fait. Et c'est pour cela, vous l'avez noté, que le plan d'urgence pour l'emploi que j'ai présenté est un plan délibérément et volontairement pragmatique, pour répondre aux problèmes spécifiques, sans faire référence à l'idéologie, sans vouloir régler de comptes avec quiconque, dans le respect de notre modèle social. Donc, c'est bien une nouvelle étape de la vie politique, une nouvelle méthode que je veux essayer d'appliquer, en m'appuyant sur l'expérience du passé, en m'appuyant aussi sur les efforts qui ont été fait par les Français et l'action qui a été engagée par J.-P. Raffarin. Action courageuse dans le domaine des grandes réformes, nous le savons tous, qu'il s'agisse des retraites, qu'il s'agisse de l'Assurance maladie, qu'il s'agisse de l'éducation. Il faut maintenant transformer l'essai, passer aux travaux pratiques ; c'est donc tout un exercice d'application qui est le mien au quotidien. Alors vous posez la question de C. Battisti, il est actuellement sous le coup d'une décision de Justice ; il ne m'appartient pas de commenter l'action de la Justice, mais au contraire de les mettre en uvre.
QUESTION : S. Paoli : Bonjour Michèle, bienvenue à vous. Vous nous appelez du Vaucluse.
Bonjour, bonjour Monsieur le Premier ministre. (...) Merci de répondre à ma question, si vous le pouvez. La dette publique augmente constamment, et je voudrais savoir ce que les privatisations ont rapporté, et ce qu'on a fait de cet argent. D'autre part, je suis choquée que dans une période aussi difficile, les sénateurs aient obtenu une augmentation, et qui me paraît énorme, de leur budget au point de vue des assistantes, et je voudrais savoir comment on peut permettre de telles choses. Merci.
Dominique de VILLEPIN : En ce qui concerne, Madame, le produit des augmentations de capital d'un certain nombre de sociétés, je souhaite qu'elles soient employées au service de l'avenir, au service de notre ambition pour l'avenir. Et c'est pour cela que j'ai annoncé des augmentations pour l'Agence de l'Innovation Industrielle, l'Agence de la Recherche, l'Agence pour le Financement des Infrastructures de Transports. Il s'agit bien évidemment de nous consacrer en priorité à l'avenir, préparer cet avenir, faire en sorte que cet argent soit utilisé au service de nos compatriotes, de tous nos compatriotes. Il s'agit aussi de faire en sorte que ces sociétés puissent se développer, et il faut donc, à travers ces différentes augmentations de capital, qu'elles puissent bénéficier de ressources supplémentaires pour défendre leurs projets industriels. Et c'est dans cette perspective qu'est prévue l'augmentation de capital de Gaz de France par exemple. Donc vous le voyez bien, il s'agit à la fois de défendre un projet, un projet pour des entreprises, et un projet pour l'ensemble de la société française. Alors ,vous évoquez la situation du Sénat, et je crois qu'il faut être soucieux dans une démocratie que les représentants du peuple puissent effectivement avoir les moyens de travailler. Vous savez, la démocratie ne s'improvise pas, et il faut faire en sorte que tout le travail, politique, parlementaire, législatif, puisse être fait dans de bonnes conditions ; cela suppose des moyens. Quand vous regardez la démocratie américaine, vous constatez que les moyens consacrés aux institutions américaines sont infiniment supérieurs aux nôtres. Il y a des commissions extrêmement nombreuses, il y a des collaborateurs par dizaines, pour chaque sénateur ou pour chaque représentant. Sans aller jusque-là, je crois qu'il faut que notre démocratie puisse fonctionner de façon décente.
QUESTION : S. Paoli : Bonjour Yves, bienvenue à vous, merci de nous appeler, vous êtes en ligne à Toulouse.
Merci à la rédaction de France Inter de nous donner la parole, et merci à Monsieur le ministre de répondre à ma question. Voilà, je voudrais savoir Monsieur le ministre, comment comptez-vous renégocier le texte de la Constitution européenne avec nos partenaires européens ?
Dominique de VILLEPIN : La question que vous posez est difficile, puisque, vous le savez, la France a dit "non", les Pays-Bas ont dit "non" et que d'autres pays s'interrogent. Donc, actuellement, quelle évolution va suivre ce projet ? Nous sommes dans l'incertitude, et c'est exactement ce que nous avons dit tout au long de la campagne. Il faut aujourd'hui s'interroger, tout en sachant que la priorité, c'est celle de la relance de cette Europe. Relance que je propose à travers un certain nombre de grands projets, qui nous permettrait de marquer des points, d'offrir des résultats aux Européens et de rapprocher cette Europe du citoyen. Mais, vous le savez, et nous l'avons dit très clairement, il n'y a pas de plan B pour la Constitution européenne. Et nous sommes donc aujourd'hui dans l'incertitude, et même à bien des égards dans l'impasse. Ce qui est normal, c'est que les pays qui n'ont pas eu la possibilité de s'exprimer, de ratifier ce texte, puissent le faire ; c'est un choix qui leur appartient, c'est le jeu démocratique. Les Français se sont prononcés ; il est normal que les autres pays qui le souhaitent puissent le faire. Nous avons un rendez-vous, en 2006, pour faire le point de ces ratifications et envisager l'avenir. Donc, c'est aujourd'hui soumis à la réflexion des uns et des autres.
QUESTION : S. Paoli : Bonjour Francine, merci à vous de nous appeler, bienvenue à vous. Vous êtes en ligne en Gironde.
Bonjour à tous, merci de prendre ma question. Je voudrais demander à Monsieur le ministre pourquoi la France s'entête-t-elle à défendre l'agriculture et l'élevage intensif, sachant que cette agriculture a éliminé un grand nombre de paysans qui faisaient des produits de qualité, que cette agriculture a pollué toute la France, a ruiné notre santé et en plus le tiers-monde, vraiment c'est quelque chose de totalement incompréhensible, et je voudrais savoir s'il n'est pas temps de réorienter cette agriculture vers une agriculture propre et de qualité.
Dominique de VILLEPIN : Mais Madame, c'est exactement ce qui a été fait et ce que nous continuons de faire. La vision que vous avez de l'agriculture française ne correspond pas à la réalité. Nous n'avons pas cessé de la faire évoluer, et ceci grâce à l'ensemble des agriculteurs, de faire évoluer cette agriculture, pour mieux prendre en compte un certain nombre d'exigences, l'environnement, la qualité, le développement rural. Croyez-vous que nous aurions les paysages que nous avons en France, si les agriculteurs n'avaient pas contribué à ce travail sur notre terroir. Je crois que nous pouvons être fiers de ce qu'a réalisé l'agriculture française. Nous sommes le deuxième pays au monde exportateur de produits transformés ; nous faisons vivre à travers la filière agricole et la filière agroalimentaire, 2,5 millions de personnes, et c'est véritablement un secteur qui est aujourd'hui en pointe. Une fois de plus, dans la responsabilité et dans l'exigence ; donc ce que vous dites c'est exactement ce que nous sommes en train de faire.
QUESTION : S. Paoli : Une dernière question (...) Jean-Michel, vous êtes en ligne dans les Yvelines.
Bonjour je téléphone parce qu'on peut se poser quand même de graves questions face à cette hypothétique indépendance de l'Exécutif et du judiciaire. J'en veux pour exemple le dérapage que s'est permis, s'est cru permis N. Sarkozy, et s'il s'est cru permis C dérapage populiste, c'est qu'il n'existe pas une réelle indépendance entre l'exécutif et le judiciaire, et j'en veux [pour exemple] un des derniers indices, qui est la répression extrêmement brutale qu'il y a eu contre les lycéens, et qui manifeste une collusion certaine entre l'exécutif et le judiciaire. Alors rétablir la confiance dans notre démocratie, ce serait peut-être apporter quelques solution à cette interdépendance. Au revoir et merci.
Dominique de VILLEPIN : Merci. Je ne crois pas que l'on puisse dire ce que vous venez d'affirmer. L'indépendance de la Justice en France est une réalité, et il suffit d'écouter, d'entendre les magistrats s'exprimer. Personne aujourd'hui ne remet en cause cette indépendance, et il s'agit au contraire d'être extrêmement vigilant pour la défendre. On ne peut pas considérer, quand il y a des décisions de Justice qui vont dans un sens, que la Justice est trop indépendante, et quand elles vont dans un autre sens, que la Justice serait en collusion avec l'exécutif. La Justice prend ses décisions en responsabilité, de façon tout à fait indépendante. Qu'il y ait aujourd'hui un certain nombre de questions, qu'il y ait des interrogations, c'est tout à fait possible et il faut les mener, je l'ai dit tout à l'heure, avec une exigence de sérénité, une exigence de sérieux indispensable. Donc, que, de point de vue-là, la responsabilité de chacun soit engagée pour avoir un débat démocratique qui soit à la mesure des enjeux, je crois que nous devons avoir c souci les uns et les autres.
S. Paoli : Merci Monsieur le Premier ministre, d'être resté ce matin pour répondre aux questions des auditeurs de France Inter , et d'avoir répondu à l'invitation de France Inter.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 juin 2005)