Interview de M. Hervé Morin, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale, dans "20 minutes" le 26 octobre 2005, sur le refus de l'UDF d'approuver le projet de budget pour 2006.

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Média : Vingt Minutes

Texte intégral

Q - L'UDF refuse d'approuver le budget. Ça y est, vous êtes vraiment dans l'opposition ?
R - Ce qui compte, c'est respecter les engagements pris devant nos électeurs. Avons-nous défendu la hausse des prélèvements obligatoires ? Ils augmentent depuis 2002. Nous devions lutter contre la hausse de la dépense publique ? Elle progresse de 5 % l'an prochain. Nous devions lutter contre l'accroissement de la dette publique... 90 % de l'impôt passe dans le remboursement de la dette. Ce n'est pas nous qui nous désolidarisons de la majorité, c'est le gouvernement de Jacques Chirac qui ne respecte pas les engagements qu'il a pris en 2002.
Q - La majorité vous accuse de changer souvent d'avis. La rupture est-elle définitive ?
R - Je ne peux pas défendre un budget qui augmente les impôts pour tout le monde sauf pour une infime partie des contribuables les plus fortunés. Dans quinze ans, nos mômes paieront l'égoïsme de la politique actuelle qui est de vivre à crédit et de faire payer les générations futures.

Q - Pourquoi ce budget ne vous plaît- il pas ?
R - Il n'est pas honnête quand on nous dit qu'il permet de stabiliser les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires. La réforme fiscale ou celle de l'ISF, tout cela ne s'adresse pas aux classes moyennes. Nous sommes dans une société d'héritiers. Ceux qui font de la politique sont des enfants des hauts fonctionnaires et des hommes politiques, ceux qui sont dans les grandes entreprises sont les enfants de ceux qui sont dans les grandes entreprises, on pourrait dire la même chose pour les comédiens... Le système est en panne.
Q - Vous prônez aussi la rupture ?
R - Nous nous situons dans la reconstruction. La rupture, cela veut dire que les éléments fondateurs du pacte républicain français sont bons à jeter. Les principes de notre modèle sont bons, il faut avant tout l'adapter en profondeur.
Q - Quel est le risque s'il n'y a pas de changement ?
R - Les Français vont avoir une envie de rejet énorme en 2007. Les partis traditionnels risquent de le payer très cher. Dans toutes les démocraties occidentales sauf en France, on change de génération politique tous les dix ans. Ça donne un dynamisme qui n'a rien à voir avec le système comme le nôtre où l'on peut être battu plusieurs fois à une élection présidentielle et continuer à se représenter.

Q - Vous parlez aussi de Jacques Chirac en disant cela ?
R - Pas uniquement de lui, mais il est temps de tourner la page d'une génération.

Q - Ce vote marque-t-il le début de la construction de votre projet pour 2007 ?
R - Nous n'avons pas attendu ce vote pour réfléchir à 2007. Nous sommes les seuls à avoir un projet européen, François Bayrou a fait des propositions précises sur un nouveau mode de financement de la protection sociale. J'ai porté des propositions sur la réforme de l'Etat, sur les moyens de créer les conditions de l'égalité des chances.
Propos recueillis par David Carzon
(Source http://www.udf.org, le 28 octobre 2005)