Texte intégral
Permettez-moi de vous dire à quel point je suis heureux d'être au Maroc à l'occasion de cette 7ème rencontre franco-marocaine des chefs de gouvernement.
Je tiens à remercier Sa Majesté le Roi Mohamed VI et mon homologue et ami, Driss Jettou, pour la chaleur et la qualité de leur accueil.
Le but de ce déplacement et de ce séminaire gouvernemental, c'était de donner une nouvelle dynamique à notre partenariat stratégique. Vous le savez, la relation entre le Maroc et la France est une relation d'exception et nous voulions bien évidemment lui donner un nouveau dynamisme dans l'ensemble des aspects de notre relation.
Sur le plan politique, vous savez combien la France est au côté du Maroc. Au-delà des rencontres permanentes et très régulières entre nos responsables de part et d'autre, nous nous retrouvons sur la majorité des grands dossiers.
La France, comme vous le savez, appuie les efforts et les ambitions du Maroc auprès des instances européennes. Nous soutenons sa demande d'un statut avancé et nous souhaitons également élargir le champ de nos coopérations, notamment dans le domaine de la sécurité et de la défense. Et je tiens à saluer ici l'engagement précurseur du Maroc et sa participation à l'opération ALTEA en Bosnie.
Sur le plan économique, dynamisme également. La France est le premier partenaire commercial du Maroc, et le premier investisseur étranger. Donc, c'est une relation extrêmement forte comme elle l'est également sur le plan de la coopération puisque le Maroc est notre premier partenaire de coopération avec une aide publique au développement de 180 millions d'euros par an.
Voilà pour le dynamisme donc. Mais nous voulons aller plus loin et développer en particulier les échanges entre nos deux sociétés, entre nos deux peuples. Vous le savez, 30.000 Français vivent au Maroc, 800.000 Marocains vivent en France, près de 15.000 élèves marocains sont scolarisés dans notre réseau scolaire français au Maroc qui est le plus important du monde, 30.000 étudiants marocains poursuivent leurs études en France où ils constituent le premier contingent d'étudiants étrangers.
Aujourd'hui ce que nous souhaitons, c'est mieux structurer cette coopération pour la rendre plus efficace et c'est une ambition qui existe de part et d'autre. Vous connaissez l'Initiative nationale pour le développement humain lancée par Sa Majesté Mohammed VI, et vous connaissez aussi notre ambition d'un développement économique et social, d'un volontarisme économique et social. C'est donc dans le même sens que nous souhaitons avancer. Croissance sociale, croissance au service de l'emploi, c'est ce qui a évidemment sous-tendu l'ensemble des conversations lors du séminaire gouvernemental. Nous avons créé deux instruments nouveaux pour développer cette coopération entre nos pays. D'abord un groupe d'hommes d'affaire français et marocains qui permettra d'identifier les projets économiques et les secteurs les plus porteurs, dans le sens, bien sûr, des grandes entreprises mais aussi des petites et moyennes entreprises.
Nous avons également mis en place un deuxième instrument qui est un forum civil de partenariat pour renforcer les coopérations à tous les échelons : au niveau des communes, au niveau des départements, des régions, des villes, au niveau des Chambres de commerce et d'industrie - plus de 170 institutions françaises travaillent déjà dans des domaines tel que l'écotourisme ou la démocratie locale.
A l'occasion de ce séminaire gouvernemental, nous avons signé de nombreux accords, dans plusieurs domaines : . Neuf accords au total, dans quatre domaines clés.
Le premier secteur, c'est celui de l'économie avec une convention favorisant le micro-crédit pour un montant de 10 millions d'euros et la création d'un fonds spécialisé pour soutenir les petites et moyennes entreprises marocaines.
Le deuxième grand secteur, ce sont les infrastructures avec deux conventions de l'Agence française de développement sur l'habitat insalubre et sur les routes rurales pour 50 millions d'euros chacune.
Troisième grand secteur, c'est la santé avec un accord sur la maintenance hospitalière et un autre en matière de couverture maladie obligatoire. Par ailleurs, nous progressons vers la création d'un centre de recherche conjoint sur les maladies infectieuses et le sida.
Quatrième grand secteur, la culture. D'abord avec la chaîne de télévision Médi 1 Sat qui a fait l'objet d'un accord de financement. Elle diffusera dès le début 2006 des programmes en arabe et en français vers l'ensemble du Maghreb.
Ensuite dans la perspective du cinquantenaire de l'Indépendance du Maroc qui constituera un moment important pour nos deux pays avec un devoir de mémoire que nous assumons pleinement. Un accord a été signé en vue de la restitution des archives dans le domaine audiovisuel (pour les archives antérieures à l'Indépendance). Nous sommes aussi convenus de la rétrocession d'une partie du Consulat général de France à Marrakech.
Et en plus de l'ensemble de ces accords, je tiens à signaler aussi la signature de plusieurs contrats importants :
La fourniture par Thalès de cartes d'identité sécurisées.
La création d'un partenariat entre la Poste et son homologue marocain.
Un accord associant un groupe de petites et moyennes entreprises françaises pour des stations pilotes de gestion des eaux usées au Maroc.
Un protocole d'investissement entre la Caisse de dépôts et son homologue marocaine.
Enfin, mon homologue et moi-même, nous sommes convenus de la signature prochaine du contrat de rénovation des Mirages F1 marocains qui sera confié à des entreprises françaises. La signature devrait intervenir dans les prochaines semaines à l'occasion de la visite à Rabat de Michèle Alliot-Marie.
Enfin, ces entretiens ont permis d'évoquer aussi deux grands défis auxquels la France et le Maroc doivent faire face ensemble. Le défi du terrorisme. Aucun de nos pays n'est à l'abri et j'avais pu vérifier, comme ministre de l'Intérieur, la qualité de la coopération qui existe entre nos deux pays.Nous voulons la développer encore, intensifier les échanges entre nos deux Etats.
De la même façon, pour ce qui concerne l'immigration irrégulière. Le Maroc est devenu non seulement un pays de transit mais aussi de destination. Et c'est bien collectivement qu'il nous faut avancer pour traiter ce défi.Nous avons décidé d'aller plus loin dans le cadre de cette coopération face à l'immigration irrégulière.
Tout d'abord en prenant des initiatives pour un partenariat entre la France et le Maroc vis-à-vis de pays qui sont des pays sources de l'immigration. Il s'agit donc de mettre en place des coopérations triangulaires permettant de stabiliser les populations de ces Etats. Le Maroc est engagé ainsi dans un certain nombre de coopérations. Par exemple, au Niger, il y a une coopération médicale importante.Nous voulons agir avec eux pour donner un signal fort pour stabiliser ces populations dans les différents pays d'Afrique noire.
De la même façon, nous voulons améliorer la délivrance des laisser-passer consulaires. Nous avons déjà fait un effort au cours des dernières années. Et bien, il faut aller plus loin, raccourcir les délais, augmenter le nombre de ces laisser-passer consulaires et nous avons donc convenu d'un certain nombre de propositions pour aller dans ce sens et demander aux deux ministres de l'Intérieur de préciser les modalités de cette volonté commune.
Voilà quels sont les principaux points que nous avons abordés et je suis naturellement à votre disposition pour répondre à vos questions.
Q. A-t-il été question de politique étrangère, quels sont les points que vous avez abordé ? Et a-t-il été question également de l'Islam en France ?
Nous avons naturellement évoqué l'ensemble de ces questions. Vous savez que dans le cadre du dialogue entre la France et le Maroc, tous ces sujets sont évidemment abordés, et je l'ai fait avec Sa Majesté le Roi, je l'ai fait avec le Premier ministre. Nous avons évoqué la situation dans l'ensemble du Maghreb, en relation avec tous les pays voisins, relations également avec le Proche Orient, la situation de l'Iraq, la situation aussi de l'Afrique noire et d'un certain nombre de pays en crise, nous avons évoqué la situation en Côte d'Ivoire, qui est une situation qui nous préoccupe et nous souhaitons que la perspective donnée à la Côte d'Ivoire puisse être meilleure qu'aujourd'hui et encourager toutes les initiatives de médiation locale, d'influence des différents pays de la région pour rétablir ce processus. Nous avons naturellement évoqué également toutes les perspectives d'aide et de coopération avec l'Union Européenne. Comme vous le voyez, nous avons traité l'ensemble des questions d'intérêt commun.
Q. Vous avez toujours défendu la question de l'intégration maghrébine. Pour y parvenir vous avez dit croire aux vertus d'un dialogue direct entre le Maroc et l'Algérie en ce qui concerne justement la question du Sahara, que vous avez qualifié également d'élément clé pour parvenir à cette intégration. Alors comment la France pourrait faire pour aider à la progression des choses dans ce sens ?
D'abord vous me permettrez de réaffirmer toute l'importance que nous attachons à un Maghreb uni. L'Europe avance dans la voie de son unité et tout ce qui va dans le sens de l'unité du Maghreb est susceptible de multiplier les ponts et les passerelles avec l'autre rive de la Méditerranée. Nous restons engagés en faveur d'une solution. Notre position, claire et constante, vous la connaissez : une solution politique mutuellement acceptable par l'ensemble des parties, qui doit être trouvée dans le cadre des Nations Unies.
Je me réjouis des derniers développements qui sont intervenus dans ce dossier, et notamment la libération des derniers prisonniers de guerre marocains qui retrouvent aujourd'hui leur foyer. La France a inlassablement plaidé en faveur de leur libération à titre national, comme au sein de l'Union Européenne. Nous continuons à plaider pour un règlement des autres aspects humanitaires, tel que, par exemple, le règlement de la question douloureuse des disparus.
Par ailleurs, je veux réaffirmer aujourd'hui que nous croyons aux vertus du dialogue. Il est évident qu'un dialogue entre Rabat et Alger est de nature à favoriser le règlement de ce conflit. Une dynamique positive avait été engagée entre le Maroc et l'Algérie lors du sommet de la Ligue Arabe de mars dernier, et nous pensons qu'il convient de poursuivre dans cette voie. Ce dialogue est particulièrement nécessaire, à tous points de vue d'ailleurs, dans les échanges entre les différents Etats du Maghreb pour permettre de meilleures coopérations politiques, mais aussi économiques et commerciales.
Q. Dans le même contexte, la France a appelé au dialogue direct entre l'Algérie et le Maroc. Y a-t-il une action concrète de la part de la France dans ce sens ?
Je le redis : nous souhaitons que les échanges puissent se développer, nous sommes convaincus que seule une solution politique sera possible à ce conflit qui n'a que trop duré. Nous sommes convaincus que la solution doit être trouvée dans le cadre des Nations Unies et que tous les échanges susceptibles de se développer entre Rabat et Alger vont dans le bon sens, donc naturellement la France est prête à encourager ce dialogue.
Q. Nous sommes à Oujda justement, depuis 1994 la frontière est fermée avec l'Algérie, pensez-vous que la réouverture de cette frontière soit conditionnée au règlement futur et difficile de la question du Sahara ?
Vous savez, tout ce qui va dans le sens du dialogue, comme je l'ai dit, tout ce qui est susceptible de permettre une multiplication d'échanges et de contacts entre les deux pays, de contacts entre les sociétés, entre les autorités est susceptible, bien évidemment de faciliter les choses, donc je crois que c'est bien dans ce sens là qu'il faut travailler.
Q. L'Espagne et la France se relaient à la première place du partenariat avec le Maroc, est-ce qu'on peut penser à un partenariat à trois ou est-ce que la France et le Maroc ont une direction particulière ?
La relation entre le Maroc et la France s'inscrit bien sûr dans l'histoire et chacun de nos compatriotes y est profondément attaché. Vous connaissez l'extraordinaire vitalité de cette relation sur le plan culturel, sur le plan économique, sur le plan commercial, les échanges entre les deux pays sont incessants. Et nous souhaitons encore davantage les développer, c'est pour cela que dans des domaines comme le développement économique et social nous voulons travailler dans de nouvelles voies. J'ai pris ce matin l'exemple des pôles de compétitivité - nous développons des pôles de compétitivité en France- il y a bien évidemment matière à réflexion et à échanger nos objectifs et nos stratégies. Le Maroc a définit les créneaux sur lesquels il souhaitait voir se développer son économie. Je pense que de ce point de vue, il y a beaucoup à gagner à un travail en commun, et le travail qui a été confié aux groupes d'hommes d'affaires de part et d'autre, ira dans ce sens. De la même façon, le séminaire gouvernemental de l'année prochaine sera justement sur le thème des pôles de compétitivité et des échanges entre nos deux pays. Je crois que c'est un travail permanent. Nous nous réjouissons des relations entre le Maroc et l'Espagne et je crois que nous devons travailler avec le souci en permanence d'avancer dans le même sens, d'autant que nous faisons face à des défis communs, défi du terrorisme par exemple, défi de l'immigration irrégulière, défi du trafic de drogue. Les coopérations entre la France, l'Espagne et le Maroc sont nombreuses et nous souhaitons les développer davantage encore. Nous sommes plus forts travaillant tous ensemble dans la même direction.
Q. Un des moyens de communications entre la France et le Maghreb, c'est la SNCM. La privatisation pose problème, la CGT, la STC bloquent le port de Marseille et viennent de s'emparer d'un bateau qui est en route vers la Corse. Est-ce que vous allez pouvoir éventuellement remettre en cause cette privatisation est-ce que vous réfléchissez à une solution alternative ?
Vous n'êtes pas sans savoir que la règle qui s'impose au Ministre des Affaires étrangères s'impose évidemment au Premier ministre. Donc je ne commenterai pas un dossier franco-français, mais je serai ravi de vous en parler à mon retour.
Q. On est à quelques kilomètres de l'Algérie, le traité d'amitié entre la France et l'Algérie est-il suspendu ou ajourné à la suite de la demande du Président Bouteflika du pardon de la France ?
Nous continuons à travailler dans ce sens, nous continuons à travailler dans ce qui est l'intérêt de nos deux pays. Nous sommes tout à fait désireux d'avancer dans cette voie et c'est bien l'un des objectifs de la France comme de l'Algérie, donc nous sommes tout à fait engagés dans ce domaine.
Q. concernant un devoir de mémoire que vous évoquiez tout à l'heure, vous parliez des défis communs entre le Maroc et la France, est-ce que malheureusement l'affaire Ben Barka aujourd'hui n'est pas un défi commun et un devoir de mémoire pour les deux pays ? Le juge d'instruction qui est en charge de cette affaire n'obtient pas de réponse marocaine concernant sa commission rogatoire internationale lancée en 2003, renouvelée en 2005, avez-vous eu l'occasion avec votre ami M. Jettou de parler de cette affaire ?
Vous savez, une procédure judiciaire sur cette affaire est en cours, il ne m'appartient naturellement pas de la commenter. Ce que je peux vous dire c'est que des juges français se sont déjà rendus au Maroc dans ce cadre et qu'ils ont pu coopérer avec leurs interlocuteurs marocains.
Je vous remercie.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 septembre 2005)
Je tiens à remercier Sa Majesté le Roi Mohamed VI et mon homologue et ami, Driss Jettou, pour la chaleur et la qualité de leur accueil.
Le but de ce déplacement et de ce séminaire gouvernemental, c'était de donner une nouvelle dynamique à notre partenariat stratégique. Vous le savez, la relation entre le Maroc et la France est une relation d'exception et nous voulions bien évidemment lui donner un nouveau dynamisme dans l'ensemble des aspects de notre relation.
Sur le plan politique, vous savez combien la France est au côté du Maroc. Au-delà des rencontres permanentes et très régulières entre nos responsables de part et d'autre, nous nous retrouvons sur la majorité des grands dossiers.
La France, comme vous le savez, appuie les efforts et les ambitions du Maroc auprès des instances européennes. Nous soutenons sa demande d'un statut avancé et nous souhaitons également élargir le champ de nos coopérations, notamment dans le domaine de la sécurité et de la défense. Et je tiens à saluer ici l'engagement précurseur du Maroc et sa participation à l'opération ALTEA en Bosnie.
Sur le plan économique, dynamisme également. La France est le premier partenaire commercial du Maroc, et le premier investisseur étranger. Donc, c'est une relation extrêmement forte comme elle l'est également sur le plan de la coopération puisque le Maroc est notre premier partenaire de coopération avec une aide publique au développement de 180 millions d'euros par an.
Voilà pour le dynamisme donc. Mais nous voulons aller plus loin et développer en particulier les échanges entre nos deux sociétés, entre nos deux peuples. Vous le savez, 30.000 Français vivent au Maroc, 800.000 Marocains vivent en France, près de 15.000 élèves marocains sont scolarisés dans notre réseau scolaire français au Maroc qui est le plus important du monde, 30.000 étudiants marocains poursuivent leurs études en France où ils constituent le premier contingent d'étudiants étrangers.
Aujourd'hui ce que nous souhaitons, c'est mieux structurer cette coopération pour la rendre plus efficace et c'est une ambition qui existe de part et d'autre. Vous connaissez l'Initiative nationale pour le développement humain lancée par Sa Majesté Mohammed VI, et vous connaissez aussi notre ambition d'un développement économique et social, d'un volontarisme économique et social. C'est donc dans le même sens que nous souhaitons avancer. Croissance sociale, croissance au service de l'emploi, c'est ce qui a évidemment sous-tendu l'ensemble des conversations lors du séminaire gouvernemental. Nous avons créé deux instruments nouveaux pour développer cette coopération entre nos pays. D'abord un groupe d'hommes d'affaire français et marocains qui permettra d'identifier les projets économiques et les secteurs les plus porteurs, dans le sens, bien sûr, des grandes entreprises mais aussi des petites et moyennes entreprises.
Nous avons également mis en place un deuxième instrument qui est un forum civil de partenariat pour renforcer les coopérations à tous les échelons : au niveau des communes, au niveau des départements, des régions, des villes, au niveau des Chambres de commerce et d'industrie - plus de 170 institutions françaises travaillent déjà dans des domaines tel que l'écotourisme ou la démocratie locale.
A l'occasion de ce séminaire gouvernemental, nous avons signé de nombreux accords, dans plusieurs domaines : . Neuf accords au total, dans quatre domaines clés.
Le premier secteur, c'est celui de l'économie avec une convention favorisant le micro-crédit pour un montant de 10 millions d'euros et la création d'un fonds spécialisé pour soutenir les petites et moyennes entreprises marocaines.
Le deuxième grand secteur, ce sont les infrastructures avec deux conventions de l'Agence française de développement sur l'habitat insalubre et sur les routes rurales pour 50 millions d'euros chacune.
Troisième grand secteur, c'est la santé avec un accord sur la maintenance hospitalière et un autre en matière de couverture maladie obligatoire. Par ailleurs, nous progressons vers la création d'un centre de recherche conjoint sur les maladies infectieuses et le sida.
Quatrième grand secteur, la culture. D'abord avec la chaîne de télévision Médi 1 Sat qui a fait l'objet d'un accord de financement. Elle diffusera dès le début 2006 des programmes en arabe et en français vers l'ensemble du Maghreb.
Ensuite dans la perspective du cinquantenaire de l'Indépendance du Maroc qui constituera un moment important pour nos deux pays avec un devoir de mémoire que nous assumons pleinement. Un accord a été signé en vue de la restitution des archives dans le domaine audiovisuel (pour les archives antérieures à l'Indépendance). Nous sommes aussi convenus de la rétrocession d'une partie du Consulat général de France à Marrakech.
Et en plus de l'ensemble de ces accords, je tiens à signaler aussi la signature de plusieurs contrats importants :
La fourniture par Thalès de cartes d'identité sécurisées.
La création d'un partenariat entre la Poste et son homologue marocain.
Un accord associant un groupe de petites et moyennes entreprises françaises pour des stations pilotes de gestion des eaux usées au Maroc.
Un protocole d'investissement entre la Caisse de dépôts et son homologue marocaine.
Enfin, mon homologue et moi-même, nous sommes convenus de la signature prochaine du contrat de rénovation des Mirages F1 marocains qui sera confié à des entreprises françaises. La signature devrait intervenir dans les prochaines semaines à l'occasion de la visite à Rabat de Michèle Alliot-Marie.
Enfin, ces entretiens ont permis d'évoquer aussi deux grands défis auxquels la France et le Maroc doivent faire face ensemble. Le défi du terrorisme. Aucun de nos pays n'est à l'abri et j'avais pu vérifier, comme ministre de l'Intérieur, la qualité de la coopération qui existe entre nos deux pays.Nous voulons la développer encore, intensifier les échanges entre nos deux Etats.
De la même façon, pour ce qui concerne l'immigration irrégulière. Le Maroc est devenu non seulement un pays de transit mais aussi de destination. Et c'est bien collectivement qu'il nous faut avancer pour traiter ce défi.Nous avons décidé d'aller plus loin dans le cadre de cette coopération face à l'immigration irrégulière.
Tout d'abord en prenant des initiatives pour un partenariat entre la France et le Maroc vis-à-vis de pays qui sont des pays sources de l'immigration. Il s'agit donc de mettre en place des coopérations triangulaires permettant de stabiliser les populations de ces Etats. Le Maroc est engagé ainsi dans un certain nombre de coopérations. Par exemple, au Niger, il y a une coopération médicale importante.Nous voulons agir avec eux pour donner un signal fort pour stabiliser ces populations dans les différents pays d'Afrique noire.
De la même façon, nous voulons améliorer la délivrance des laisser-passer consulaires. Nous avons déjà fait un effort au cours des dernières années. Et bien, il faut aller plus loin, raccourcir les délais, augmenter le nombre de ces laisser-passer consulaires et nous avons donc convenu d'un certain nombre de propositions pour aller dans ce sens et demander aux deux ministres de l'Intérieur de préciser les modalités de cette volonté commune.
Voilà quels sont les principaux points que nous avons abordés et je suis naturellement à votre disposition pour répondre à vos questions.
Q. A-t-il été question de politique étrangère, quels sont les points que vous avez abordé ? Et a-t-il été question également de l'Islam en France ?
Nous avons naturellement évoqué l'ensemble de ces questions. Vous savez que dans le cadre du dialogue entre la France et le Maroc, tous ces sujets sont évidemment abordés, et je l'ai fait avec Sa Majesté le Roi, je l'ai fait avec le Premier ministre. Nous avons évoqué la situation dans l'ensemble du Maghreb, en relation avec tous les pays voisins, relations également avec le Proche Orient, la situation de l'Iraq, la situation aussi de l'Afrique noire et d'un certain nombre de pays en crise, nous avons évoqué la situation en Côte d'Ivoire, qui est une situation qui nous préoccupe et nous souhaitons que la perspective donnée à la Côte d'Ivoire puisse être meilleure qu'aujourd'hui et encourager toutes les initiatives de médiation locale, d'influence des différents pays de la région pour rétablir ce processus. Nous avons naturellement évoqué également toutes les perspectives d'aide et de coopération avec l'Union Européenne. Comme vous le voyez, nous avons traité l'ensemble des questions d'intérêt commun.
Q. Vous avez toujours défendu la question de l'intégration maghrébine. Pour y parvenir vous avez dit croire aux vertus d'un dialogue direct entre le Maroc et l'Algérie en ce qui concerne justement la question du Sahara, que vous avez qualifié également d'élément clé pour parvenir à cette intégration. Alors comment la France pourrait faire pour aider à la progression des choses dans ce sens ?
D'abord vous me permettrez de réaffirmer toute l'importance que nous attachons à un Maghreb uni. L'Europe avance dans la voie de son unité et tout ce qui va dans le sens de l'unité du Maghreb est susceptible de multiplier les ponts et les passerelles avec l'autre rive de la Méditerranée. Nous restons engagés en faveur d'une solution. Notre position, claire et constante, vous la connaissez : une solution politique mutuellement acceptable par l'ensemble des parties, qui doit être trouvée dans le cadre des Nations Unies.
Je me réjouis des derniers développements qui sont intervenus dans ce dossier, et notamment la libération des derniers prisonniers de guerre marocains qui retrouvent aujourd'hui leur foyer. La France a inlassablement plaidé en faveur de leur libération à titre national, comme au sein de l'Union Européenne. Nous continuons à plaider pour un règlement des autres aspects humanitaires, tel que, par exemple, le règlement de la question douloureuse des disparus.
Par ailleurs, je veux réaffirmer aujourd'hui que nous croyons aux vertus du dialogue. Il est évident qu'un dialogue entre Rabat et Alger est de nature à favoriser le règlement de ce conflit. Une dynamique positive avait été engagée entre le Maroc et l'Algérie lors du sommet de la Ligue Arabe de mars dernier, et nous pensons qu'il convient de poursuivre dans cette voie. Ce dialogue est particulièrement nécessaire, à tous points de vue d'ailleurs, dans les échanges entre les différents Etats du Maghreb pour permettre de meilleures coopérations politiques, mais aussi économiques et commerciales.
Q. Dans le même contexte, la France a appelé au dialogue direct entre l'Algérie et le Maroc. Y a-t-il une action concrète de la part de la France dans ce sens ?
Je le redis : nous souhaitons que les échanges puissent se développer, nous sommes convaincus que seule une solution politique sera possible à ce conflit qui n'a que trop duré. Nous sommes convaincus que la solution doit être trouvée dans le cadre des Nations Unies et que tous les échanges susceptibles de se développer entre Rabat et Alger vont dans le bon sens, donc naturellement la France est prête à encourager ce dialogue.
Q. Nous sommes à Oujda justement, depuis 1994 la frontière est fermée avec l'Algérie, pensez-vous que la réouverture de cette frontière soit conditionnée au règlement futur et difficile de la question du Sahara ?
Vous savez, tout ce qui va dans le sens du dialogue, comme je l'ai dit, tout ce qui est susceptible de permettre une multiplication d'échanges et de contacts entre les deux pays, de contacts entre les sociétés, entre les autorités est susceptible, bien évidemment de faciliter les choses, donc je crois que c'est bien dans ce sens là qu'il faut travailler.
Q. L'Espagne et la France se relaient à la première place du partenariat avec le Maroc, est-ce qu'on peut penser à un partenariat à trois ou est-ce que la France et le Maroc ont une direction particulière ?
La relation entre le Maroc et la France s'inscrit bien sûr dans l'histoire et chacun de nos compatriotes y est profondément attaché. Vous connaissez l'extraordinaire vitalité de cette relation sur le plan culturel, sur le plan économique, sur le plan commercial, les échanges entre les deux pays sont incessants. Et nous souhaitons encore davantage les développer, c'est pour cela que dans des domaines comme le développement économique et social nous voulons travailler dans de nouvelles voies. J'ai pris ce matin l'exemple des pôles de compétitivité - nous développons des pôles de compétitivité en France- il y a bien évidemment matière à réflexion et à échanger nos objectifs et nos stratégies. Le Maroc a définit les créneaux sur lesquels il souhaitait voir se développer son économie. Je pense que de ce point de vue, il y a beaucoup à gagner à un travail en commun, et le travail qui a été confié aux groupes d'hommes d'affaires de part et d'autre, ira dans ce sens. De la même façon, le séminaire gouvernemental de l'année prochaine sera justement sur le thème des pôles de compétitivité et des échanges entre nos deux pays. Je crois que c'est un travail permanent. Nous nous réjouissons des relations entre le Maroc et l'Espagne et je crois que nous devons travailler avec le souci en permanence d'avancer dans le même sens, d'autant que nous faisons face à des défis communs, défi du terrorisme par exemple, défi de l'immigration irrégulière, défi du trafic de drogue. Les coopérations entre la France, l'Espagne et le Maroc sont nombreuses et nous souhaitons les développer davantage encore. Nous sommes plus forts travaillant tous ensemble dans la même direction.
Q. Un des moyens de communications entre la France et le Maghreb, c'est la SNCM. La privatisation pose problème, la CGT, la STC bloquent le port de Marseille et viennent de s'emparer d'un bateau qui est en route vers la Corse. Est-ce que vous allez pouvoir éventuellement remettre en cause cette privatisation est-ce que vous réfléchissez à une solution alternative ?
Vous n'êtes pas sans savoir que la règle qui s'impose au Ministre des Affaires étrangères s'impose évidemment au Premier ministre. Donc je ne commenterai pas un dossier franco-français, mais je serai ravi de vous en parler à mon retour.
Q. On est à quelques kilomètres de l'Algérie, le traité d'amitié entre la France et l'Algérie est-il suspendu ou ajourné à la suite de la demande du Président Bouteflika du pardon de la France ?
Nous continuons à travailler dans ce sens, nous continuons à travailler dans ce qui est l'intérêt de nos deux pays. Nous sommes tout à fait désireux d'avancer dans cette voie et c'est bien l'un des objectifs de la France comme de l'Algérie, donc nous sommes tout à fait engagés dans ce domaine.
Q. concernant un devoir de mémoire que vous évoquiez tout à l'heure, vous parliez des défis communs entre le Maroc et la France, est-ce que malheureusement l'affaire Ben Barka aujourd'hui n'est pas un défi commun et un devoir de mémoire pour les deux pays ? Le juge d'instruction qui est en charge de cette affaire n'obtient pas de réponse marocaine concernant sa commission rogatoire internationale lancée en 2003, renouvelée en 2005, avez-vous eu l'occasion avec votre ami M. Jettou de parler de cette affaire ?
Vous savez, une procédure judiciaire sur cette affaire est en cours, il ne m'appartient naturellement pas de la commenter. Ce que je peux vous dire c'est que des juges français se sont déjà rendus au Maroc dans ce cadre et qu'ils ont pu coopérer avec leurs interlocuteurs marocains.
Je vous remercie.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 septembre 2005)