Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, sur la couverture du territoire en téléphonie mobile et en accès aux réseaux à haut-débit, la mise en oeuvre des pôles de compétitivité dans le Massif central (projet ViaMeca) et l'évolution des missions et financements de l'Association pour le Développement Industriel et Économique du Massif Central et du Centre (ADIMAC), Montrond-les-Bains le 8 juillet 2005.

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Circonstance : Clôture de l'assemblée générale de l'Association pour le Développement Industriel et Economique du Massif Central et du Centre (Adimac) à Montrond-les-Bains (Loire) le 8 juillet 2005

Texte intégral

Monsieur le préfet, Michel MORIN;
Messieurs les parlementaires: Michel THIOLLIERE Jean-François CHOSSY, Louis GISCARD D'ESTAING, Bernard FOURNIER, Yves NICOLIN;
Monsieur le président du conseil régional d'Auvergne, M. BONTE,
Messieurs les représentants des présidents de conseils généraux parmi lesquels je salue particulièrement M. ZIEGLER, vice-président du conseil général de la Loire, département qui nous accueille ce matin, il représente M Pascal CLEMENT, mon collègue du Gouvernement;
Monsieur le maire de Montrond, Claude GIROT;
Monsieur le président VITRAT
Mesdames, messieurs,
La célébration d'un anniversaire est un moment important.
Le 30ème anniversaire d'une association comme l'ADIMAC constitue déjà un bout de chemin important à l'échelle de ce type d'organisme.
C'est l'occasion de rappeler certaines réussites, c'est le moment de faire un bilan, c'est aussi le moment pour avoir un regard sur l'avenir.
Un moment de rencontre.
L'ADIMAC depuis 30 ans a eu pour mission - rappelée en début d'assemblée générale par les grands initiateurs Jean Michardière et Jacques Gory que je salue et que je félicite pour leur esprit visionnaire - de fédérer les entreprises, d'animer leurs réseaux, de mettre en valeur leurs potentiels.
La plupart de ces entreprises, dont la vôtre Monsieur le Président, sont ici présentes pour témoigner de la qualité des travaux menés par l'ADIMAC.
La capacité de créer des liens, opérationnels et productifs, est illustrée par cette manifestation. L'ADIMAC a d'ailleurs au cours du temps étoffé ses réseaux en ouvrant ses statuts aux collectivités, au moment même où la décentralisation s'organisait, où les collectivités ont pris en charge des compétences plus affirmées, notamment sur le plan économique.
Cette alliance entre politique et économie peut servir les ambitions d'un territoire quand elles s'expriment à l'unisson.
Cette faculté existe dans le Massif central.
L'ADIMAC a démontré et démontre encore son utilité en accompagnant un vaste territoire de moyenne montagne à faible densité de population et pourtant très industriel.
Votre soutien en est la preuve : 250 adhérents dont une majorité d'entreprises et de nombreuses collectivités (2 conseil régionaux, 14 conseils généraux, des communautés d'agglomérations).
Moment de rencontre donc, mais aussi moment de bilan.
30 ans correspondent à un cycle économique long. Cela permet de prendre du recul et de la distance notamment par rapport à l'actualité économique ou politique.
Monsieur le président, vous avez rappelé la longue histoire de l'ADIMAC, ses hauts faits, sa capacité à monter des projets, sa faculté d'anticipation des tendances lourdes de l'économie et son souci de ne pas faire à la place des structures compétentes.
Son existence et sa vitalité sont intimement liées à son territoire, le Massif Central, immense territoire interrégional.
L'ADIMAC consacre l'ensemble de ses moyens à rendre service. Son expertise en ingénierie administrative et sa connaissance des aides aux entreprises sont reconnues tant par les entreprises elles mêmes que par les collectivités auprès desquelles elle joue un rôle apprécié de relais de la DATAR.
L'ADIMAC cherche à innover avec vous et pour vous. Les idées nées au sein de l'ADIMAC sont nombreuses.
On m'a relaté quelques exemples qui peuvent aujourd'hui paraître anodins.
En 2000, l'ADIMAC pressent l'importance d'Internet pour l'entreprise. Une étude sera réalisée auprès d'un large panel d'entreprises du Massif central dont les résultats seront utilisés pour préparer les décisions prises en Comité interministériel à l'aménagement et au développement du territoire (CIADT). Ce type de veille continue aujourd'hui de façon très active à l'ADIMAC en matière de très haut débit, de technologies alternatives.
Ces initiatives ont porté leur fruit et vos besoins, vous acteurs économiques, ont été largement repris dans l'action du Gouvernement en matière de couverture du territoire en téléphonie mobile et en accès aux réseaux à haut-débit.
Cette couverture des territoires tant en téléphonie mobile qu'en réseau à haut débit constitue en effet un enjeu majeur d'aménagement du territoire.
Comment concevoir le développement du territoire sous ces technologies ?
Comment concevoir le débat sur les pôles de compétitivité sans réseau à haut débit ?
Aujourd'hui, le jeu de la concurrence a amené les opérateurs mobiles français à couvrir environ 98 % de la population. Toutefois, dans environ 3000 communes, le portable ne passait toujours pas.
C'est pourquoi, comme vous le savez, le Gouvernement s'est engagé dans un programme visant d'ici 2007 la couverture de 100 % des centres bourgs, ainsi que des axes de transports prioritaires.
Sur le terrain et concernant la première phase, car c'est là le plus important, au 1er juin 2005 :
- 68 % des 1250 sites avaient d'ores et déjà fait l'objet d'un accord entre collectivités et opérateurs sur le lieu d'implantation ;
- les collectivités ont mis à disposition 134 sites, tandis que 65 étaient opérationnels.
Je serai particulièrement attentif à ce que la dynamique ainsi enclenchée s'amplifie et se traduise concrètement sur le terrain. Mon objectif est de dépasser les 300 sites opérationnels avant la fin de cette année.
La seconde phase qui concerne les communes restantes, et pour laquelle le Gouvernement a obtenu qu'elle soit entièrement prise en charge par les opérateurs mobile, a démarré dès cette année.
En matière d'accès au haut-débit, le plan d'action engagé par le Gouvernement donne des résultats puisque les progrès français en termes de connexion et d'utilisation des services est très important depuis quelques mois.
Pour autant cette dynamique ne permettra pas à elle seule de répondre à l'objectif de permettre à 100 % des communes d'accéder à une connexion haut débit au moins pour la Mairie et un autre point (école, commerce, ).
C'est pourquoi, conformément aux décisions du CIADT du 14 septembre 2004, je vais travailler dans les prochains mois, en liaison avec mes collègues du Gouvernement concernés, à une proposition en vue d'un plan d'action gouvernemental pour recenser et apporter le haut débit dans les quelques milliers de communes isolées qui resteraient exclues des initiatives actuelles à l'horizon 2007.
Fort de l'expérience de mon département, je vais faire, avec Nicolas SARKOZY, les propositions pour que l'Etat aide les collectivités locales à compléter ce que font les opérateurs.
Dans un tout autre ordre d'idées, le travail conduit sur la filière mécanique, en rapprochant les industriels des chercheurs et des écoles dès janvier 2003 (plus d'un an avant que l'on parle de pôles de compétitivité) constitue une réponse à une sollicitation fin 2002 de grands industriels. Aujourd'hui, cette initiative qui a pris son autonomie par le COMEC (Consortium Mécanique Espace Central) créé en janvier 2004, est reconnue par tous sur ce sujet et vous permettra, je n'en doute pas de progresser encore. J'y reviendrai dans quelques instants.
Un regard sur l'avenir
Ce bilan implique d'avoir un regard sur l'avenir. La grande richesse de l'ADIMAC, ce sont ses réseaux, ses méthodes et sa capacité en ingénierie
Elle est un élément incontournable du paysage économique du Massif Central, mais comme toute structure arrivée à maturité, elle doit évoluer, s'adapter à son environnement.
Sur le plan financier
Malgré la qualité des échanges et l'efficacité des réseaux, c'est toujours l'Etat qui supporte la plus grande partie du fonctionnement de l'association. Cette situation est particulière, puisque les autres agences de développement économique du réseau de la DATAR sont supportées par les partenaires locaux d'une manière significative.
Je pense que le message est entendu car l'engagement récent du Conseil général de la Loire, présidé par mon collègue Pascal CLEMENT, comme celui du Conseil régional d'Auvergne viennent démontrer l'intérêt des collectivités pour votre structure.
Cette évolution doit s'accentuer ; sans elle on ne pourrait parler d'enracinement de l'ADIMAC dans et au service de son territoire.
Sur le plan des missions
J'évoquerai là le phénomène historique, illustré par la présence conjointe de Jean Michardière et Jacques Gory, de l'imbrication des missions et des moyens de l'Association et du commissariat de massif.
Leur complémentarité a son intérêt.
Le commissaire de massif assure des missions qui relèvent de l'Etat au nombre desquelles toutes les missions nécessaires à l'élaboration d'un projet global de territoire dans lesquels s'inscrivent les actions économiques menées notamment en relation avec l'ADIMAC.
Le commissariat de massif et l'ADIMAC -agence de développement économique-, sont deux structures qui agissent pour le compte d'un territoire mais à des niveaux différents avec des objectifs " aisément différentiables ". La lisibilité des missions propres à chacun et la visibilité des objectifs poursuivis ensemble pour le développement du Massif central me paraissent importantes.
Afin de clarifier les rôles de chacun, la DATAR vient de lancer une mission de diagnostic qui sera achevée avant la fin de l'année 2005. Certains d'entre vous rencontreront le responsable de la mission cet été. Votre sincérité et la précision de vos attentes seront la garantie de propositions opérationnelles en phase avec les attentes à l'égard du Commissariat de massif d'une part et de l'ADIMAC d'autre part.
Sur le projet VIAMECA
L'ADIMAC a élaboré avec de nombreux industriels ici présents, dont vous-même monsieur le président, la candidature à l'appel à projets de pôles de compétitivité de VIAMECA. Vous avez su mobiliser les laboratoires de recherche, les entreprises -de Michelin à la plus petite hyper-performante sur son créneau- les établissements de formation, les collectivités locales.
Je sais que vos attentes sont fortes et je me dois à 4 jours du CIADT vous faire un rapide point de situation.
Les pôles de compétitivité, initiés par Nicolas SARKOZY lorsqu'il était ministre d'Etat, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, constituent un nouveau levier de la politique économique du Gouvernement au service de la croissance et de l'emploi dans nos territoires. Il s'était d'ailleurs déplacé en Auvergne, notamment à l'invitation de mon collègue Brice HORTEFEUX, ministre délégué aux collectivités territoriales, en juillet dernier pour signer les contrats de revitalisation en faveur du bassin de Vichy-Cusset et de Thiers-Combraille. Vous aviez évoqué cette perspective lors de la remise du trophée de " la nuit des leaders ".
Lors du comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) du 14 septembre 2004, le Gouvernement a voulu encourager les projets communs aux entreprises, aux laboratoires de recherche et aux centres de formation pour accompagner le développement de l'économie. En accompagnant les initiatives des acteurs économiques et scientifiques, les pôles de compétitivité permettront en effet d'accroître la compétitivité de l'économie française et de renforcer l'attractivité du territoire national, contribuant à y ancrer des activités au service de la création d'emploi.
Les 105 candidatures déposées démontrent la dynamique ainsi créée et prouvent que ce nouvel outil était attendu tant par les acteurs économiques, que scientifiques et universitaires.
Une démarche d'analyse rigoureuse a été suivie depuis le début de cet appel à projets.

Le Premier ministre a souhaité indiquer dans son discours de politique générale du 8 juin qu' " il n'arrêterait pas la liste sur la base de critères budgétaires, mais en fonction de la créativité et de la motivation des candidatures ".
Cette décision conforte la mission dont je viens de prendre la charge aux côtés de Nicolas SARKOZY, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire. Nous sommes convaincus de la nécessité d'encourager la dynamique engagée par les acteurs économiques.
En effet, compte tenu des résultats de l'appel à projets, nous soutenons avec Nicolas SARKOZY qu'il faut également accompagner tous les projets de qualité et reconnus pour leur potentiel. Cette logique s'inscrit pleinement dans notre politique d'aménagement du territoire dont l'objectif vise à donner à chaque territoire les moyens de se construire un avenir économique et de développer des emplois durables.
Sans vouloir présager des décisions qui seront prises mardi prochain, mon sentiment est que des pôles comme, viande et produits carnés, céramique en Limousin, Lyon Urban Truck and Bus 2015 ou encore Elopsys sans oublier Innovation dans les céréales, sont des pôles de qualité qui s'inscrivent dans une vraie démarche d'aménagement du territoire.
Le projet ViaMéca est dans cette logique de territoire. Elle transparaît au niveau local bien sûr, mais aussi au niveau national où vous avez des ambassadeurs (parlementaires et consulaires) très actifs.
Sur ce sujet, l'ADIMAC a su mobiliser les entreprises de ce territoire, et parmi elles les plus grandes (comme Michelin), en même temps que les territoires et leurs élus, les écoles et les laboratoires.
Cette conjonction de volontés, pour peu qu'un dispositif de gouvernance en garantisse la complémentarité et la cohérence, portera des effets importants, c'est la conviction du Gouvernement.
Le travail que vous accomplissez fait avancer le Massif central et lui donne les moyens d'influer son avenir.
Rien n'est acquis ici comme ailleurs, mais qui aurait dit cela d'un territoire qui a bénéficié d'un plan " Massif Central " il y a 30 ans, territoire nourri à l'époque de plus de handicaps que d'atouts.
Enfin et pour terminer, je dois rappeler la bonne nouvelle que nous avons apprise hier sur l'autoroute A89 et le projet porté par le Gouvernement depuis le CIADT de mai 2003 où nous avions souhaité pouvoir faire réaliser le dernier maillon de 50 km de l'autoroute A89 Bordeaux-Lyon en le concédant à la société ASF. La réalisation de cette autoroute Est-Ouest, d'une longueur totale de 489 km, dont 343 km déjà ouverts à la circulation et 62 km en travaux, est avec l'A75 nord-sud en voie d'achèvement, l'un des deux axes majeurs de désenclavement du Massif Central.
Ce projet est également très important pour l'agglomération lyonnaise et les départements du Rhône et de la Loire, dans la mesure il renforcera leur ouverture vers le sud-ouest et la façade atlantique.
Compte tenu de la décision de la Commission européenne, mon collègue Dominique PERBEN, ministre des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer va pouvoir poursuivre activement la mise au point de l'incorporation dans la concession d'ASF de cette dernière section avec l'objectif qu'elle soit mise en service en 2011.
Vous aviez soutenu ce projet.
Je ne voudrais pas oublier d'évoquer également l'autoroute A 45 entre Saint-Etienne et Lyon dont l'avant-projet sommaire est maintenant terminé permettant de mettre le projet à l'enquête d'utilité publique en 2006.
L'ADIMAC a aidé à " faire bouger les lignes " sur ce sujet comme sur bien d'autres qui permettent désormais au Massif Central d'appréhender différemment son avenir.
Soyez tous remerciés pour votre implication au service de développement du Massif Central et des territoires multiples qui le composent.
Je vous remercie pour votre attention.
(Source http://www.interieur.gouv.fr, le 26 octobre 2005)