Texte intégral
Nous avons voulu aborder ce débat sans esprit de polémique, parce que la responsabilité de tous les gouvernements depuis quarante ans est à l'évidence engagée, parce que les émeutiers profiteraient de la division de la représentation nationale pour justifier l'injustifiable, et parce que seul le consensus national peut faire bouger notre pays en faveur des quartiers les plus déshérités.
Comme le Premier ministre l'a affirmé, nous traversons une épreuve de vérité : la loi de la République contre la loi des bandes. Quelles que soient les motivations des émeutiers - l'argent, la violence, l'intégrisme ou je ne sais quel sentiment -, la République doit l'emporter !
Sa force, à la différence de celle des émeutiers, est légitime. Elle obéit à des valeurs et à des règles. Elle ne peut pas céder devant la force des bandes !
J'admets volontiers la durée exceptionnelle de ces événements. Mais rappelons qu'entre 1998 et 2001, on a comptabilisé 23 jours de violences urbaines. Je n'en fais le reproche à personne mais il est de mon devoir de ministre de l'intérieur de signaler qu'au cours des 13 derniers jours, 1 250 personnes ont été interpellées. Entre 1998 et 2001, aucune ! Ce n'est pas de la polémique, ce sont des faits !
Je veux d'ailleurs rendre hommage à MM. Gérin et Vals et, dans une certaine mesure, à M. Dray, pour avoir relevé les ravages que provoque le sentiment d'impunité dans notre pays. Vous avez été nombreux à rendre hommage aux forces de l'ordre et, de fait, leur compétence et leur professionnalisme ont permis d'éviter toute bavure. Permettez-moi de porter ce succès aussi au crédit du Gouvernement puisqu'il est d'usage de le blâmer quand des dérapages se produisent ! Ce n'est pas un miracle, mais le résultat d'une stratégie !
Quelques mots sur le vocabulaire. Ce qui me choque, c'est que l'on parle de " tournante " pour désigner un viol, " d'incivilités " pour des émeutes et de " grands frères " pour des caïds. Monsieur Lagarde, ce sera là notre seul point d'opposition, sachez que ces " grands frères " n'ont aucun scrupule à utiliser les mineurs, à les mettre en avant. Nous avons découvert il y a quelques jours sept mineurs de 13 à 17 ans occupés à fabriquer des cocktails Molotov dans un laboratoire clandestin. L'un d'entre eux vient d'avouer qu'il avait été manipulé par celui qu'il appelait son " grand frère " et qui n'était en fait qu'un délinquant !
A quoi avons-nous affaire ? A des injustices ! A du racisme ! A de la désespérance ! Nous devons donc faire plus pour ceux qui ont moins. Mais ayons le courage de reconnaître qu'il ne s'agit pas que d'une question d'argent ! Depuis des années, des moyens considérables, procurés par le travail des Français et par leurs impôts, ont été mobilisés sans que nous obtenions la récompense de cet investissement. Ayons le courage de dire aux jeunes que le proverbe populaire " Aide-toi, le ciel t'aidera " vaut dans les quartiers comme dans toutes nos familles de France ! Ayons le courage d'affirmer que l'aide de l'Etat ne sert qu'à ceux qui ont la volonté de se lever tôt le matin pour travailler et s'en sortir ! Aucune solution n'est possible sans volonté personnelle ! Monsieur Ayrault, vous avez raison : il ne faut plus justifier la violence. Le Gouvernement vous remercie de votre soutien. A force d'expliquer l'inexplicable, notre pays en est venu à excuser l'inexcusable. Vous avez le droit de penser que le Gouvernement instrumentalise la peur...mais il ne fallait pas nous la laisser en héritage !
On ne peut instrumentaliser ce qui n'existe pas. Quant à notre stratégie policière, je ne la prétends pas parfaite, mais elle a permis de réduire de 8% la délinquance. Pourquoi ne pas faire preuve de la même sévérité à l'égard de votre bilan ? Quant aux adjoints de sécurité, ils n'ont jamais été supprimés, mais je pense que mieux vaut cesser d'envoyer les plus jeunes et les moins expérimentés de nos fonctionnaires dans les quartiers les plus difficiles !
Même si le Gouvernement a apprécié la prise de position courageuse de certaines organisations, nous ne voulons pas de l'ordre des religieux. Nous avons tous été émus par l'attaque de la mosquée de Clichy-sous-Bois - mais nous le sommes tout autant par celle d'églises au moyen de cocktails Molotov. Les lieux de culte sont égaux en droits, en devoirs et en émotion ! Je regrette qu'aucun député n'ait évoqué ce point lors de son intervention.
Messieurs Lagarde et Accoyer, effectivement, il faut penser aux victimes. Le Premier ministre a demandé à M. Breton de traiter ce problème en urgence. Mais nous ne voulons pas encourager des gens peu scrupuleux à profiter de notre effort en faveur de ces victimes. Les décisions les concernant seront donc annoncées une fois que l'ordre républicain sera rétabli.
Concernant le couvre-feu, il n'est pas question de le décider sans l'accord des maires. Le Premier ministre a demandé l'application mesurée de cette décision de prévention et de précaution, qui ne menace la liberté de personne, et il est cocasse que M. Asensi, au nom du parti communiste, donne des leçons de liberté à la représentation nationale.
Monsieur Asensi, vous avez raison de dire que la " France multiple " est une chance. S'il n'y avait eu que des " Français de souche " - comme les appelle un triste représentant d'une formation politique - dans notre équipe de football, il n'est pas sûr que nous aurions remporté la coupe du monde en 1998. Mais si la France multiple a des droits - et peut-être n'avons-nous pas été assez généreux sur ce point -, elle a aussi des devoirs. Nous ne l'avons sans doute pas rappelé assez fermement !
Enfin, Monsieur Accoyer, nous croyons tous à la famille. Mais elle n'est pas simplement un moyen d'obtenir des allocations. C'est aussi le lieu où doit s'exercer une autorité. Un jour, nous devrons clairement poser la question du maintien des allocations en cas de manquement de cette autorité ! Telle est la réponse du Gouvernement !
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 15 novembre 2005)
Comme le Premier ministre l'a affirmé, nous traversons une épreuve de vérité : la loi de la République contre la loi des bandes. Quelles que soient les motivations des émeutiers - l'argent, la violence, l'intégrisme ou je ne sais quel sentiment -, la République doit l'emporter !
Sa force, à la différence de celle des émeutiers, est légitime. Elle obéit à des valeurs et à des règles. Elle ne peut pas céder devant la force des bandes !
J'admets volontiers la durée exceptionnelle de ces événements. Mais rappelons qu'entre 1998 et 2001, on a comptabilisé 23 jours de violences urbaines. Je n'en fais le reproche à personne mais il est de mon devoir de ministre de l'intérieur de signaler qu'au cours des 13 derniers jours, 1 250 personnes ont été interpellées. Entre 1998 et 2001, aucune ! Ce n'est pas de la polémique, ce sont des faits !
Je veux d'ailleurs rendre hommage à MM. Gérin et Vals et, dans une certaine mesure, à M. Dray, pour avoir relevé les ravages que provoque le sentiment d'impunité dans notre pays. Vous avez été nombreux à rendre hommage aux forces de l'ordre et, de fait, leur compétence et leur professionnalisme ont permis d'éviter toute bavure. Permettez-moi de porter ce succès aussi au crédit du Gouvernement puisqu'il est d'usage de le blâmer quand des dérapages se produisent ! Ce n'est pas un miracle, mais le résultat d'une stratégie !
Quelques mots sur le vocabulaire. Ce qui me choque, c'est que l'on parle de " tournante " pour désigner un viol, " d'incivilités " pour des émeutes et de " grands frères " pour des caïds. Monsieur Lagarde, ce sera là notre seul point d'opposition, sachez que ces " grands frères " n'ont aucun scrupule à utiliser les mineurs, à les mettre en avant. Nous avons découvert il y a quelques jours sept mineurs de 13 à 17 ans occupés à fabriquer des cocktails Molotov dans un laboratoire clandestin. L'un d'entre eux vient d'avouer qu'il avait été manipulé par celui qu'il appelait son " grand frère " et qui n'était en fait qu'un délinquant !
A quoi avons-nous affaire ? A des injustices ! A du racisme ! A de la désespérance ! Nous devons donc faire plus pour ceux qui ont moins. Mais ayons le courage de reconnaître qu'il ne s'agit pas que d'une question d'argent ! Depuis des années, des moyens considérables, procurés par le travail des Français et par leurs impôts, ont été mobilisés sans que nous obtenions la récompense de cet investissement. Ayons le courage de dire aux jeunes que le proverbe populaire " Aide-toi, le ciel t'aidera " vaut dans les quartiers comme dans toutes nos familles de France ! Ayons le courage d'affirmer que l'aide de l'Etat ne sert qu'à ceux qui ont la volonté de se lever tôt le matin pour travailler et s'en sortir ! Aucune solution n'est possible sans volonté personnelle ! Monsieur Ayrault, vous avez raison : il ne faut plus justifier la violence. Le Gouvernement vous remercie de votre soutien. A force d'expliquer l'inexplicable, notre pays en est venu à excuser l'inexcusable. Vous avez le droit de penser que le Gouvernement instrumentalise la peur...mais il ne fallait pas nous la laisser en héritage !
On ne peut instrumentaliser ce qui n'existe pas. Quant à notre stratégie policière, je ne la prétends pas parfaite, mais elle a permis de réduire de 8% la délinquance. Pourquoi ne pas faire preuve de la même sévérité à l'égard de votre bilan ? Quant aux adjoints de sécurité, ils n'ont jamais été supprimés, mais je pense que mieux vaut cesser d'envoyer les plus jeunes et les moins expérimentés de nos fonctionnaires dans les quartiers les plus difficiles !
Même si le Gouvernement a apprécié la prise de position courageuse de certaines organisations, nous ne voulons pas de l'ordre des religieux. Nous avons tous été émus par l'attaque de la mosquée de Clichy-sous-Bois - mais nous le sommes tout autant par celle d'églises au moyen de cocktails Molotov. Les lieux de culte sont égaux en droits, en devoirs et en émotion ! Je regrette qu'aucun député n'ait évoqué ce point lors de son intervention.
Messieurs Lagarde et Accoyer, effectivement, il faut penser aux victimes. Le Premier ministre a demandé à M. Breton de traiter ce problème en urgence. Mais nous ne voulons pas encourager des gens peu scrupuleux à profiter de notre effort en faveur de ces victimes. Les décisions les concernant seront donc annoncées une fois que l'ordre républicain sera rétabli.
Concernant le couvre-feu, il n'est pas question de le décider sans l'accord des maires. Le Premier ministre a demandé l'application mesurée de cette décision de prévention et de précaution, qui ne menace la liberté de personne, et il est cocasse que M. Asensi, au nom du parti communiste, donne des leçons de liberté à la représentation nationale.
Monsieur Asensi, vous avez raison de dire que la " France multiple " est une chance. S'il n'y avait eu que des " Français de souche " - comme les appelle un triste représentant d'une formation politique - dans notre équipe de football, il n'est pas sûr que nous aurions remporté la coupe du monde en 1998. Mais si la France multiple a des droits - et peut-être n'avons-nous pas été assez généreux sur ce point -, elle a aussi des devoirs. Nous ne l'avons sans doute pas rappelé assez fermement !
Enfin, Monsieur Accoyer, nous croyons tous à la famille. Mais elle n'est pas simplement un moyen d'obtenir des allocations. C'est aussi le lieu où doit s'exercer une autorité. Un jour, nous devrons clairement poser la question du maintien des allocations en cas de manquement de cette autorité ! Telle est la réponse du Gouvernement !
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 15 novembre 2005)