Déclaration de M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement, sur le programme de réalisation de résidences sociales en Ile-de-France, Livry-Gargan, le 20 avril 2000.

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Circonstance : Inauguration de la résidence sociale de Livry-Gargan, le 20 avril 2000

Texte intégral

Monsieur le Député-Maire,
Mesdames et Messieurs les représentants du Conseil Régional
Et du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les Maires-Adjoints,
Monsieur Le président du PACT-ARIM,
Mesdames et Messieurs,

Vous savez tous combien je suis attaché au développement d'une politique du logement équilibrée et solidaire.
Cela signifie concrètement que l'ensemble des besoins en terme d'habitat, doivent pouvoir être pris en compte et trouver une satisfaction, que ce soit dans le domaine de l'accession à la propriété, ou du locatif, et cela, sur toute la gamme des produits logements, du très social à l'intermédiaire, en réponse aux facultés contributives de chaque ménage, et en tenant compte des difficultés que chacun peut rencontrer pour se loger.
C'est en appréhendant globalement la production de logements, sans privilégier telle ou telle catégorie socio-économique, que l'on peut construire une ville harmonieuse, où chacun trouve sa place.
C'est cette démarche qui a guidé le gouvernement pour l'ensemble des mesures qui ont été prises au cours de ces trois dernières années :
que ce soit au travers du volet logement de la loi de lutte contre les exclusions, ou des améliorations importantes apportées au financement du logement social avec le P.L.U.S.,
que ce soient également les différentes mesures fiscales, prises par exemple, pour les travaux de réhabilitation, ou pour l'investissement locatif des particuliers.
C'est également cet objectif qui nous anime, avec Jean-Claude GAYSSOT et Claude BARTOLONE, dans la préparation et la discussion du projet de loi Solidarité et Renouvellement Urbains que nous avons entamée devant l'Assemblée Nationale, puis que nous présenterons la semaine prochaine, devant le Sénat.
Cette loi porte une grande ambition pour nos villes et nos agglomérations. Alors que les 3/4 de nos concitoyens vivent désormais en ville, il s'agit de promouvoir une meilleure solidarité face aux phénomènes de ségrégation. Il s'agit également de veiller au développement durable des agglomérations, notamment en maîtrisant mieux l'urbanisation périphérique, en soutenant une politique qui donne la priorité aux transports en commun, et plus respectueuse de l'environnement.
Dans le domaine de l'urbanisme, la loi refonde notre dispositif de planification devenu, à bien des égards, obsolète.
Elle comporte de très importantes dispositions dans le domaine de l'habitat, notamment pour permettre de mieux traiter les logements dégradés voire insalubres.
La partie de la loi qui vous le savez, a été la plus médiatisée, est celle qui vise à inciter à une meilleure mixité sociale et à une plus grande diversité de l'offre d'habitat.
Si nous voulons une ville plus équilibrée, plus solidaire, et moins ségrégative, il est impératif que le principe de la mixité sociale, que personne ne renie, puisse se traduire dans les faits.
Quoi que laisse entendre certains propos excessivement polémiques, la Loi est équilibrée et mesurée. Elle fixe un objectif de 20% de logements locatifs sociaux, alors que la moyenne de nos agglomérations est de 23%, et les mesures de rattrapage sont prévues sur vingt ans.
Les fantasmes agités par certains, sur les thèmes des tours, des barres et de la densification, sont totalement injustifiés et ne correspondent absolument pas à la réalité de l'urbanisme d'aujourd'hui et du logement social qui se fait en petits collectifs, en maisons individuelles groupées ou en acquisition de logements existants.
Dans toute la chaîne du logement, il est un segment qui me préoccupe particulièrement. C'est, vous l'avez compris, le logement en faveur des personnes, des familles qui ont injustement de grandes difficultés à se loger.
Et c'est la raison pour laquelle je vous avoue une très grande satisfaction de me retrouver avec vous, ici, à Livry-Gargan, pour découvrir cette réalisation du Pact-Arim, qui constitue pour moi une référence.
Je dis bien une référence, car il y a dans le projet abouti de cette résidence sociale, à la fois beaucoup d'intelligence et beaucoup de générosité, et je parlerai même d'humanité.
En effet, je suis très impressionné à la fois par le professionnalisme qui a été développé depuis l'origine du projet en 1994, et par la pugnacité qui vous a animés pour vaincre tous les obstacles administratifs, techniques, financiers et autres qui n'ont pas manqué de se dresser devant vous pendant ces six années. Mais je suis également très impressionné par l'engagement militant, par la foi en l'homme qui sous-tend cette réalisation.
Le projet social que vous mettez en uvre consiste à accueillir des personnes et des familles pour lesquelles l'accès à un logement traditionnel, est momentanément impossible, et à leur offrir de manière personnalisée, un accompagnement social, un soutien psychologique, au travers de trois axes :
Un soutien de chaque ménage dans les difficultés du quotidien ( les démarches complexes, les urgences, etc.)
Favoriser l'appropriation de compétences permettant autonomie, intégration, et capacités à trouver des solutions à long terme,
Préparer et accompagner les personnes vers un relogement de droit commun.
Par là même, vous leur proposez une passerelle vers un logement définitif, dans un laps de temps de deux ans maximum.
Vous dites dans la présentation que vous en faites, que cette résidence sociale est paradoxale : car " elle constitue -selon vous-, d'un côté un lieu d'habitation adapté et spécifique pour des personnes dont l'histoire est souvent mouvementée, mais de l'autre, un habitat banalisé, dans un immeuble classique, inscrit dans la vie d'un quartier traditionnel ".
Selon moi, il n'y a aucun paradoxe, vous avez trouvé la bonne harmonie, et c'est bien ce qui se dégage de ce lieu au travers de cette rapide visite.
La résidence sociale est une formule de logements-foyers qui répond aux besoins de personnes qui, pour des raisons diverses n'ont pu trouver une solution de logements de droit commun. Elle doit offrir à ces personnes un domicile leur permettant une réelle autonomie, en attendant qu'elles puissent accéder à logement de droit commun.
Dans une certaine mesure, la résidence sociale remplit la fonction qu'avait la pension de famille ou l'hôtel meublé traditionnel en Région Parisienne, mais bien sûr, dans des conditions de confort qui doivent être celles d'aujourd'hui.
Ce que vous me faites découvrir aujourd'hui me conforte dans ma conviction que chaque ville de la région parisienne, chaque arrondissement de Paris peut et doit être en mesure de disposer de résidences sociales, bien situées dans le tissu urbain, et que c'est ainsi que beaucoup de problèmes de mal-logement seront résolus.
Au début de l'hiver dernier, j'ai annoncé en compagnie de Dominique GILLOT, secrétaire d'état à la santé, un programme ambitieux de création de 10 000 logements en Ile-de-France, sous forme de résidences sociales, à construire en 5 ans, et je serai particulièrement attentif à la mise en oeuvre de ce plan que je suivrai personnellement.
Je puis préciser que le financement de l'aide à la gestion locative sociale au profit des résidences sociales qui relève de la compétence de Martine AUBRY, est maintenant opérationnel, ce qui devrait permettre d'aider les opérateurs à remplir leurs missions au service des usagers des résidences.
Sur la base de toutes les mesures qui ont été prises depuis plusieurs mois, - et je n'oublie pas de mentionner les efforts particulièrement importants du Conseil Régional d'Ile-de-France -, je pense que toutes les conditions sont désormais réunies, pour apporter des réponses dignes et efficaces, pour donner une nouvelle chance aux personnes et aux familles qui vivent encore aujourd'hui sous des formes diverses et inacceptables d'exclusion.
Et je tiens à féliciter et à remercier au nom de l'Etat, votre Municipalité Monsieur Le Député-Maire, l'équipe du Pact-Arim, et l'ensemble des partenaires qui ont permis cette réalisation exemplaire.

(source http://www.equipement.gouv.fr, le 2 juin 2000)