Texte intégral
Je me félicite que mon ministère ait pu organiser en partenariat avec, au niveau européen la Commission et le Comité des régions et en France avec la Caisse des Dépôts et Consignations et l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie, ce 2ème congrès européen sur le Commerce et la Ville . Je remercie la Ville de Lille et la Chambre de commerce et d'industrie de Lille.
Je souhaite ensuite rendre hommage au Ministère espagnol du commerce qui a initié au cours du congrès de Malaga en février 1999 la réflexion sur ce sujet central pour l'ensemble des pays européens.
Le congrès de Malaga avait témoigné de l'intérêt suscité par ce thème et de la très forte implication des collectivités territoriales dans ce domaine, dans l'ensemble des pays européens.
Nous avons souhaité que cette réflexion sur les enjeux du commerce et du renouvellement urbain pour l'ensemble des acteurs publics - Etat et collectivités locales- soit prolongée dans le cadre de cette manifestation inscrite au programme de la présidence française de l'Union Européenne.
Le congrès, qui commence aujourd'hui, confirme par le public qui a été mobilisé et par le travail de préparation qui a été fait dans le cadre des ateliers pour définir et sélectionner les bonnes pratiques européennes, la pertinence de cette problématique .
Le sujet est vaste et ambitieux et à ce stade du congrès, je me limiterai à vous faire part de quelques réflexions :
Le commerce est souvent à l'origine de la naissance et du développement des villes et le développement de l'activité commerciale va de pair avec la croissance de l'urbanisation. Le commerce a toujours occupé une place essentielle dans l'organisation des villes. Pour autant, tous les pays européens n'ont pas connu exactement les mêmes évolutions et, si les activités commerciales se sont développées plus ou moins fortement, la croissance en périphérie est plus marquée dans les villes du nord de l'Europe que dans le sud.
Si ce sont les entreprises commerciales qui choisissent leur lieu d'implantation, il est important que tous les habitants puissent avoir accès aux magasins sans avoir à parcourir des distances trop importantes, qu'il n'y ait pas de zones défavorisées en matière de commerces et je pense notamment aux populations à faible pouvoir d'achat et qui ne disposent pas toujours de moyen de transport, ou aux habitants des zones rurales faiblement peuplées. Les acteurs publics ont pour objectif de maintenir et même de renforcer le commerce de proximité, qui contribue au dynamisme et à la cohésion des territoires.
Les acteurs publics ont aussi le souci de ne pas voir se créer des friches commerciales et pour cela veillent à éviter le développement anarchique des implantations commerciales, et doivent plutôt encourager la modernisation ou la reconversion des surfaces commerciales existantes. Le renouvellement urbain ou la maîtrise de l'étalement urbain nécessite de repenser l'agglomération dans son ensemble et de rechercher de nouveaux équilibres entre centre-ville, quartiers et périphérie.
Les problèmes d'environnement et de pollution ainsi que les difficultés croissantes de circulation en ville conduisent les politiques à envisager de restreindre l'utilisation de l'automobile et à développer d'autres moyens de circulation. Les mesures prises en matière de circulation automobile, de parkings et de transports en commun sont déterminantes pour le commerce
Après la forte croissance de population des villes et de la consommation, l'Europe est rentrée dans une phase de ralentissement de la croissance démographique et va connaître dans les prochaines décennies un vieillissement de la population sans précédent. Ce " papy-boom " qui s'annonce aura bien évidemment des conséquences sur la consommation et sur les comportements d'achat.. Des changements se sont amorcés : un certain retour des habitants vers les centres-villes se manifeste alors que les décennies précédentes avaient été marquées par l'installation en maisons individuelles excentrées. Le commerce accompagne ce mouvement de retour vers le centre.
.
Depuis les années soixante, le commerce a connu une croissante forte des grandes surfaces avec le développement des supermarchés, des hypermarchés notamment en France qui se sont largement implantés en périphérie parce que les terrains y étaient abondants et bon marché. Selon les pays, le développement de la grande distribution a pris des formes diverses et a été plus ou moins rapide mais il concerne de fait l'ensemble des pays d'Europe . Un certain nombre de pays sont désormais arrivés à un stade de maturité et ne devraient plus connaître de croissance importante de ces grandes surfaces mais l'ancienneté de certains concepts nécessite de penser à la modernisation de cette forme de commerce.
Le commerce s'est aussi adapté aux évolutions de la société, des modes de vie et au progrès économique. Il a même su anticiper les demandes des consommateurs. Après le développement des chemins de fer et des grands magasins, l'ère des grandes surfaces et de l'automobile, l'ordinateur et le commerce électronique modifient profondément les comportements. Le commerce électronique ne fera, certes pas, disparaître les magasins.
Il est aujourd'hui difficile d'avancer des prévisions sur la part de marché qu'il prendra. La plupart des experts pensent que le commerce électronique sera davantage complémentaire que concurrent des autres formes de commerce, tout au moins en ce qui concerne celui de l'entreprise au consommateur à savoir le B2C. Le commerce électronique nécessite, pour les marchandises, l'installation d'entrepôts. Ces entrepôts se construiront vraisemblablement en périphérie, là où le terrain est bon marché mais néanmoins proche des zones d'habitation pour que les marchandises soient facilement accessibles.
Face à ces évolutions spontanées de la population, des modes de vie et de la capacité d'adaptation des entreprises commerciales, les gouvernements et les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer.
Ils doivent donner des orientations, notamment sur le modèle d'urbanisation à privilégier. Le souhait des européens de préserver ce qui contribue au charme des villes européennes, c'est à dire le mélange des fonctions, l'imbrication du commerce dans la ville nécessite une implication des politiques.
Ils doivent aussi articuler les différentes politiques du commerce avec celles du foncier, de l'habitat et des transports.
En effet, le souhait de préserver ce modèle européen des villes ne doit pas conduire à une politique immobiliste mais doit permettre l'adaptation et l'implication des entreprises commerciales dans ce défi que constitue le renouvellement de la ville.
Pour ce faire, les pouvoirs publics disposent, certes, d'un certain nombre d'outils de régulation, réglementaires, fiscaux et de subventions, particulièrement développés en France, mais il est clair que les pouvoirs publics mettent en uvre une politique d'autant plus efficace qu'elle s'appuie sur un partenariat local fort et une réelle volonté de réussite.
Or, pour que les entreprises commerciales soient des partenaires actifs de la politique de renouvellement urbain, les décideurs publics doivent intégrer la logique des entreprises commerciales dans les choix qu'ils effectuent
Une concertation approfondie avec les représentants de toutes les formes de distribution est indispensable au développement équilibré du commerce et de la ville.
Les différents gouvernements européens doivent pouvoir bénéficier des expériences menées dans les autres pays.
Si le commerce, au sens où nous l'entendons ici, est hors du champ des politiques communautaires, néanmoins le développement du grand marché intérieur et la proximité des enjeux dans l'ensemble des pays européens y compris les PECO doit nous conduire à développer les échanges d'expériences et à diffuser leurs bonnes pratiques, au delà même du temps de préparation et de réalisation des Congrès. Je souhaite qu'un véritable réseau européen de réflexion et d'échanges sur ces problèmes de capitalisation et diffusion des bonnes pratiques soit constitué et animé.
Les programmes communautaires doivent pouvoir être mobilisés pour mettre en uvre ces bonnes pratiques.
Le rôle du commerce dans le développement des territoires est désormais explicitement reconnu au niveau des politiques communautaires et c'est à ce titre qu'il figure dans les nouvelles orientations en matière d'utilisation des fonds structurels, notamment de la politique régionale.
Pour que ces nouvelles orientations puissent réellement être mises en uvre, les pouvoirs publics et notamment les instances régionales doivent encourager l'émergence de bons projets de développement commercial mobilisant un large partenariat .
Je souhaite vivement que les meilleures pratiques qui seront identifiées au cours du congrès puissent constituer une référence précieuse pour ces projets.
Et maintenant, je vous invite à aller inaugurer l'espace exposition.
(source http://www.pme-commerce-artisanat.gouv.fr, le 22 novembre 2000)