Discours de Monsieur Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer, sur son action en faveur de la prévention des accidents de la route et pour une meilleure adaptation du logement et de l'accessibilité de la ville aux personnes handicapées, Nanterre le 24 novembre 2005.

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Texte intégral

Monsieur le vice-président en charge du secteur social,
Monsieur le président de la Fondation Garches,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un grand honneur d'ouvrir ces 18èmes entretiens de Garches, consacrés à la recherche dans le domaine du handicap. Ils contribuent à donner sens et force à cette cause nationale qu'est devenue la lutte, sous toutes ses formes, contre le handicap.
Le handicap est la première source de discrimination dans notre pays. Je dois vous dire que je me sens personnellement très impliqué dans ce combat pour traitement égal de tous nos citoyens handicapés. Dans mes précédentes fonctions de Garde des Sceaux, j'avais pris l'initiative de donner la possibilité aux handicapés d'être intégrés dans les équipes du ministère de la Justice. J'ai pris les mêmes dispositions au ministère des Transports, car les compétences des handicapés doivent être regardées au-delà de leur handicap.
Le Gouvernement tout entier est mobilisé pour rendre ce combat plus efficace, en faveur d'une meilleure intégration et d'une meilleure prise en compte de nos concitoyens handicapés dans la société française.
J'exprime à celles et ceux qui sont handicapés une pensée amicale, et solidaire.
Cette manifestation est aussi, pour moi, l'occasion de rendre hommage à toutes celles et ceux qui consacrent leur énergie et leur savoir au service des malades, des handicapés, des victimes d'accidents :
- aux médecins de l'hôpital Poincaré,
- aux membres de l'Institut Garches : depuis sa création, en 1988, il facilite le retour à domicile, après un séjour à l'hôpital, des personnes handicapées moteur. Il favorise leur réinsertion dans la vie
professionnelle.
- à la Fondation Garches. Reconnue d'utilité publique depuis le 10 mai dernier, elle est appelée à reprendre et à développer l'ensemble des missions de l'Institut Garches, en privilégiant tout particulièrement des programmes scientifiques, des programmes d'information, d'assistance et de formation.
- Je remercie également les partenaires publics et privés pour leur engagement financier aux côtés de cette Fondation. Je me félicite que des entreprises du monde des transports aient souhaité en devenir les partenaires principaux. J'ai observé qu'un certain nombre d'entreprises de transport sont même parmi vos partenaires principaux.
- Le thème de ces entretiens, cette année, "handicap et environnement", concerne mon ministère, à double titre :
- en amont de votre coeur de métier, au titre de la prévention des accidents,
- et en aval, au titre de l'aménagement de l'environnement immédiat de la personne handicapée.
I - Agir en faveur de la prévention des accidents
J'ai conscience que les accidentés de la route constituent environ un tiers des patients pris en charge à Garches.
Il existe malheureusement bien d'autres origines au handicap, au titre des autres accidents de la vie ou des facteurs génétiques et physiologiques.
En ma qualité de ministre des transports et de l'équipement, je n'ai pas en main tous les leviers pour agir sur l'ensemble des sources du handicap.
Il est en revanche un domaine qui relève de ma responsabilité et sur lequel j'aimerais m'exprimer : il concerne la sécurité routière.
La politique de sécurité routière a pour unique objectif la diminution du nombre d'accidents, de tués et de blessés sur les routes.
Je n'hésite pas à dire que chacun de vos patients, survivant handicapé d'un accident de la route, symbolise ce qu'il reste encore à faire.
Vous connaissez la baisse spectaculaire des accidents mortels et graves de la route qui a été enregistrée ces six derniers mois.
Ce sont plus de 6.000 vies épargnées, 100.000 blessés évités. Le nombre de victimes tuées aujourd'hui sur la route est historiquement le plus faible depuis que les statistiques existent en la matière.
Les résultats sont encourageants, mais il faut se garder de donner dans le triomphalisme ni dans l'autosatisfaction.
Ce cap doit être maintenu, car rien n'est acquis.
Les efforts de prévention doivent être amplifiés, au plus près du terrain, là où le risque est le plus présent au quotidien.
Par exemple dans les entreprises, dont certaines aujourd'hui mettent en oeuvre des plans de prévention du risque routier extrêmement efficaces, associant l'ensemble de leurs collaborateurs. J'envisage de valoriser cette pratique, en organisant l'année prochaine un challenge national pour distinguer les entreprises les plus performantes en ce domaine.
S'agissant du véhicule, je tiens à vous dire que le Gouvernement entreprendra toutes les démarches utiles pour promouvoir des équipements facilitant le respect des règles et assurant une meilleure protection des usagers.
Au titre de l'équipement, la sécurité des usagers, quel que soit leur mode de transport, constitue une priorité absolue. Dans la conception, la rénovation et l'entretien des infrastructures, nous devons tendre à favoriser une conduite apaisée et un partage harmonieux de la route par toutes les catégories d'usagers.
Enfin, notre priorité concerne les catégories les plus touchées par l'insécurité routière. Je veux parler des jeunes et des conducteurs de deux roues motorisés. L'année dernière, dans un contexte de baisse générale des accidents, le nombre des jeunes de 18 à 24 ans tués sur la route a augmenté. Près de 25 % des tués, plus de 1.200 morts !
Le phénomène insupportable de sur -représentation de cette classe d'âge dans la sinistralité routière s'aggrave.
Nous ne pouvons, nous ne devons pas l'admettre !
La détermination du gouvernement est totale : lutte contre le débridage, renforcement des contrôles d'alcoolémie et de stupéfiants en particulier aux sorties des discothèques, amélioration de la formation à travers notamment le permis à un euro, rien ne sera écarté pour faire reculer cette hécatombe. Je souhaite également que les opérations de type «capitaine de soirée» soient généralisées.
II. Aménager l'environnement immédiat du handicapé
Vos entretiens de cette année se placent sous le signe de l'adaptation du logement et de l'accessibilité de la cité.
La loi du 11 février 2005 sur «l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées», voulue par le Président de la République, jette les bases d'une nouvelle politique ambitieuse et volontariste en matière de prise en compte du handicap.
Cette politique d'intégration se fonde sur 2 piliers principaux : la compensation du handicap et l'accessibilité. L'objectif est de permettre l'insertion des personnes handicapées dans tous les secteurs de la vie et de réaliser une accessibilité à tout, et pour tous, sans discrimination.
Cette loi prend en compte la totalité des types de handicap (moteur, sensoriel, cognitif, psychique ou mental, ainsi que polyhandicap ou trouble de santé invalidant).
Elle traite de l'intégralité des éléments de la chaîne de l'accessibilité (transports, voirie, cadre bâti, information et communication, produits et services).
Elle donne 10 ans à l'ensemble des acteurs pour mettre en conformité leurs équipements. Dans le cas où des dérogations devraient être accordées, il est prévu une obligation de mise en place de moyens de substitution.
Catherine BACHELIER, déléguée ministérielle à l'accessibilité, vous présentera plus en détail, dans la matinée, les principales obligations de cette loi, notamment en matière de concertation, de programmation et de suivi de l'action.
Les textes d'application concernant le cadre bâti, les transports et la voirie sont en cours d'élaboration.
Certes, des difficultés non négligeables perdurent. Nous nous efforçons de trouver des solutions pour y remédier. Dans le cadre du programme de recherche sur les transports (PREDIT), nous portons par exemple nos efforts sur la difficulté majeure que constitue l'écart, tant vertical qu'horizontal, entre le quai et le train.
Nous retrouvons là l'importance de la prise en compte globale de la chaîne de l'accessibilité : il faut non seulement traiter l'accessibilité des gares et des véhicules, mais également veiller à l'interface entre ces deux éléments.
J'estime que la sensibilisation et la formation de l'ensemble des acteurs est essentielle afin que le réflexe «accessibilité» devienne une réalité.
Il convient également de veiller à la maintenance des mesures et équipements mis en place. On a encore trop souvent à déplorer des ascenseurs en panne durant des périodes prolongées, ou la disparition d'abaissés de trottoirs à l'occasion d'interventions sur la voirie.
L'accessibilité doit devenir un élément naturellement intégré.Source http://www.equipement.gouv.fr, le 29 novembre 2005