Déclaration de M. Xavier Bertrand, Ministre de la santé et des solidarités, sur les priorités de son action pour l'année 2006, notamment la poursuite des réformes du système de protection sociale et du système hospitalier et la définition de nouvelles politiques en faveur de la prévention, de l'insertion des handicapés et de la régulation de la démographie médicale, Paris le 12 janvier 2006.

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Circonstance : Voeux aux forces vives pour l'année 2006 à Paris le 12 janvier 2006

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Soyez remerciés d?avoir répondu si nombreux présents à cette invitation. Nous souhaitions avec Philippe Bas vous présenter nos voeux pour une année 2006 pleine de projets et de réussites. En 2006, nous voulons d?abord privilégier la réalisation concrète de chantiers que vous connaissez bien, que ce soit la réforme de l?assurance maladie, les priorités de solidarité du Président de la République ou les plans de santé publique. Cela ne nous empêche pas d?être ambitieux sur trois priorités qui dessinent le système de santé de demain : un hôpital mobilisé davantage à l?écoute des patients et des personnels soignants, une présence des professionnels de santé mieux assurée sur l?ensemble du territoire et le développement d?une véritable culture de la prévention en santé. Ces chantiers, qu?ils concernent la réforme des retraites ou celle de l?assurance maladie, ces priorités, la prévention, la prise en charge de la dépendance constituent aussi des réponses à l?allongement de la durée de la vie, cette révolution dont nous commençons tous juste à percevoir la portée.
Ces actions, nous ne pourrons les mener qu?avec votre concours : je sais combien les forces vives de la santé et des solidarités sont des partenaires expérimentés, à l?écoute du terrain, exigeants. Je connais votre engagement pour rendre notre système de santé encore plus solidaire, plus efficace et plus humain. Ses évolutions auxquelles nous devons faire face, et celles que nous voulons construire, demandent des efforts, des efforts partagés que nous devons expliquer. Prendre le temps de la concertation, ce n?est pas perdre son temps : je suis convaincu que les nombreuses réformes que nous entreprenons, ne pourront aboutir que si elles sont réalisées dans la concertation avec l?ensemble des acteurs du monde de la santé.
I/ Notre ambition pour 2006, c?est de continuer à moderniser notre système de Sécurité sociale et de relever les grands défis de santé publique.
A/ Notre engagement, avec Philippe Bas, c?est de poursuivre avec constance et détermination la mise en oeuvre des réformes de notre système de sécurité sociale.
Nous sommes, vous êtes, tout comme l?ensemble des Français très attachés à notre Protection sociale. Et nos concitoyens savent très bien que nous ne pourrons conserver ce système sans entreprendre une modernisation profonde.
Ces réformes - qui suscitaient parfois le scepticisme - font déjà leurs preuves, et c?est le moment de tout mettre en oeuvre pour remporter notre pari. Les résultats que nous engrangeons ne sont pas toujours perceptibles ? il en toujours ainsi en matière de protection sociale. Mais nous savons tous que l?évolution des comportements est en marche, qu?elle va produire tous ses effets dans les années à venir.
Je crois en effet profondément au service après vote. Toutes les lois que nous faisons voter, je veux qu?elles soient applicables et appliquées le plus rapidement possible. Tant qu?une réforme n?est pas entrée dans le quotidien des Français, elle n?existe pas vraiment.
Ceci est vrai pour la réforme des retraites, avec la mise en oeuvre effective du droit à l?information en 2006. En effet, les Français disposeront cette année d?un outil de simulation disponible sur Internet : chacun, sur la base d?hypothèses qu?il choisit, pourra évaluer sa future pension. Grâce à cet instrument, ainsi qu?au Relevé de Situation Individuelle et à l'estimation Indicative Globale, l?assuré pourra décider de compléter ou non sa retraite obligatoire, par une épargne volontaire facilitée par de nouveaux supports.
Ceci est vrai également pour la réforme de l?assurance maladie, qui est entrée dans une nouvelle phase avec l?entrée en vigueur des mesures sur le médecin traitant au 1er juillet 2005.
Sans cette réforme, le déficit de 2005 atteindrait le double de ce qu?il est actuellement. Et nous souhaitons bien évidemment aller plus loin en 2006, avec un objectif 6,1 milliards d?euros de déficit. Le Président de la République a annoncé lors de ses voeux l'introduction de la valeur ajoutée dans le calcul des cotisations patronales, dans un cadre progressif et concerté avec les partenaires sociaux. C?est une réforme favorable à l?emploi et à la modernisation des ressources de la Sécurité sociale. En effet, en réduisant la part des cotisations pesant uniquement sur les salaires, elle évite de pénaliser les entreprises qui embauchent. Par ailleurs, l'introduction de la valeur ajoutée dans l'assiette des cotisations patronales permet de diversifier et de dynamiser les ressources de la Sécurité sociale.
Nous progresserons également dans la mise en place du parcours de soins, avec les premières expérimentations du DMP, techniques dès janvier, puis sur le terrain au printemps, et avec la carte Vitale II plus sécurisée, qui entrera en vigueur à compter de la fin de cette année.
Cette réforme vise à améliorer la qualité de notre système de santé. Cela est notamment rendu possible par la recherche et l?amélioration de la pratique médicale. Pour ce faire, nous avons rendu obligatoire l?évaluation des pratiques professionnelles (EPP). Par ailleurs, nous développons, sur la base du volontariat, l?accréditation des équipes médicales dans les établissements de santé. Ces deux dispositifs sont placés sous l?égide de la haute autorité de santé. Enfin, nous allons considérablement accroître l?effort de formation continue de tous les professionnels de santé dont le caractère obligatoire va entrer dans les faits en 2006. Je sais que vous êtes tous conscients des progrès que cela représente pour l?exercice de vos professions.
Si nous parvenons à ces résultats, c?est grâce à l?adhésion de tous : les Français d?abord, qui sont près de 35 millions à avoir choisi leur médecin traitant au 1er janvier ; les professionnels de santé ensuite, qui se sont engagés dans la voie de la maîtrise médicalisée, et dont je salue la mobilisation. La baisse des indemnités journalières non justifiées, celle de la prescription des antibiotiques et des psychotropes, respectivement de 3,3 % et de 3 %, la progression de la prescription des génériques, de l?ordre de 4 points, sont autant de résultats positifs et concrets.
Je souhaite notamment que les complémentaires soient mieux associées, notamment par l?assurance maladie, aux décisions qui les concernent. Je recevrai donc d?ici quelques semaines les responsables de l?UNOC et de l?UNCAM pour étudier ensemble les dossiers de cette année 2006.
Cette réforme met aussi en avant un principe simple : davantage de responsabilité pour davantage de solidarité. Grâce aux marges d?action que nous dégagerons, nous poursuivrons nos efforts en direction des plus démunis, avec l?aide à l?accès à la complémentaire notamment. Près de 350 000 personnes ont reçu une attestation permettant de bénéficier de cette aide en 2005, un nombre qui devrait notablement augmenter avec les nouvelles mesures que nous avons prises en 2006, qui peuvent concerner 2 millions de personnes. Et nous consacrerons davantage de moyens à la prise en charge de la dépendance, à celle des maladies les plus lourdes, les plus rares et les plus handicapantes, ainsi qu?à celle du dépistage de certaines maladies, comme l?ostéoporose. C?est cela rester fidèle aux valeurs de 1945.
B/ 2006 nous permettra aussi de relever les défis de santé publique.
La santé publique concerne chacun d?entre nous, mais c?est surtout l?affaire de tous. Là encore, je pense qu?il n?y a pas de fatalité : nous pouvons faire reculer la maladie et améliorer la qualité de vie des malades.
Nous avons la chance d?avoir en France une véritable culture de santé publique, soutenue par l?engagement sans faille de tous les professionnels de santé. Ajoutons-y la culture du résultat, et nous obtiendrons de véritables progrès. Je suis les questions que se posent certains professionnels et associations de patients sur la mise en oeuvre des plans de santé publique. C?est pourquoi j?ai l?intention de les suivre tous personnellement et d?en évaluer régulièrement les résultats en participant à leurs Comités de suivi. Nous devons tout mettre en oeuvre pour atteindre nos objectifs dans le domaine de la périnatalité, des maladies chroniques, des maladies rares, des greffes de tissu et d?organe, de la maladie d?Alzheimer, de la psychiatrie et de la maladie mentale, des addictions, des soins palliatifs ou encore de la lutte contre la douleur.
Avec 150 000 décès annuels, le cancer représente la première cause de mortalité prématurée en France. Pour lutter contre ce fléau qui n'épargne aucune famille, le Président de la République a initié le Plan Cancer. En 2006, nous accentuerons nos efforts pour la prévention des cancers évitables, en particulier ceux liés à la consommation de tabac et d'alcool. Nous ferons monter en charge le dépistage organisé des cancers du sein et des cancers colo-rectaux.
Nous finaliserons également la réorganisation de l'offre de soins en cancérologie ainsi que l'accès à la recherche clinique et à l'innovation technologique. Enfin nous attacherons encore plus d?importance à la prise en charge du patient dans sa globalité, et à celle de ses proches, en lien avec les associations. Ces actions, coordonnées par l'institut national du cancer, seront réalisées pour beaucoup d?entre elles avec nos partenaires de l'union européenne, dans le cadre de l'alliance européenne contre le cancer dont j?ai ouvert la première réunion à Paris le 13 décembre dernier.
En 2005, le Sida était grande cause nationale. En 2006, le Sida sera toujours au coeur de nos préoccupations, avec en ligne de mire de nouvelles avancées face à un virus qui est là, toujours présent, dangereux. En effet, je suis inquiet de la progression de l?épidémie, inquiet d?une certaine banalisation du message de prévention, inquiet de la discrimination qui touche les personnes atteintes par le VIH. C?est pourquoi en 2006 je veux apporter des réponses à toutes ces inquiétudes : par un travail accru avec les associations, dont les financements seront pérennisés et disponibles plus rapidement, par une action déterminée en faveur de la prévention, et par la lutte contre les discriminations. Concernant l?accès la protection contre le virus, je recevrai, comme le Président de la République s?y était engagé, les fabricants de préservatifs pour les rendre plus accessibles, notamment dans les lycées. Cela ne pourra être utile que si nous renforçons l?efficacité de nos message de prévention, en ciblant sans discriminer. Je compte aussi m?attaquer en 2006 aux injustices persistantes concernant l?accès au crédit. Il n?est pas normal que des discriminations persistent envers les personnes séropositives comme envers tous les malades. C?est pourquoi j?ai rencontré Jean-Michel Belorgey, pour améliorer la Convention qui porte son nom. Sur la base des propositions qui m?ont été faites, j?ai l?intention, dans la concertation avec les banques et les assurances, de faire très prochainement des propositions pour mettre fin à cette discrimination intolérable. Enfin, la France se positionne à la pointe du combat international contre la pandémie du sida, avec la mise en oeuvre de financements innovants pour les traitements innovants (contribution de solidarité sur les billets d?avions voulue par le président de la République, doublement du financement du Fonds mondial de lutte, facilité internationale d?achat de médicaments). Je tiens à remercier pour leur engagement les associations, et notamment celles réunies dans le collectif « Sida grande cause nationale », dont je salue le président, Jean-Luc Roméro.
La lutte contre l?addiction, qu?elle concerne le tabac, l?alcool ou le cannabis, constitue une autre priorité pour 2006. Elle contribuera bien sûr à prévenir l?apparition du risque cardio-vasculaire et du cancer, mais elle contribuera aussi sans nul doute à faire diminuer le nombre d?accidents de la route, et surtout la mortalité chez les jeunes conducteurs, comme s?y est engagé le Gouvernement de Dominique de Villlepin.
Je pense aussi au travail que nous accomplissons sur la fin de vie. Lors d?un débat parlementaire digne et de qualité, nous avons pu prendre conscience des enjeux, de la complexité, et de la sensibilité de nos concitoyens aux question de la fin de vie La loi relative aux droits des malades et à la fin de vie du 22 avril 2005, dont le rapporteur était M. Jean Léonetti, a été adoptée à l?unanimité.
Elle a permis de renforcer les droits des malades et de reconnaître des droits spécifiques aux malades en fin de vie. Deux décrets d?application de la loi ont été examinés cette semaine par le Conseil d?Etat, celui concernant la procédure collégiale de décision en cas de directives anticipées de la personne, l?autre relatif aux directives anticipées que peut rédiger chaque personne. Un troisième décret, imposant un volet soins palliatifs dans les EHPAD sera publié en février de cette année. La parution des décrets en ce début d?année permettra l?accélération de la mise en oeuvre d?une loi rendant la fin de vie plus digne, plus humaine, en accompagnant les malades dans le respect de leur volonté, et de mesurer les avancées réelles de ce texte.
C/ Nous avons aussi, avec Philippe Bas, la volonté de progresser vers une société plus solidaire.
C?est d?abord la mise en oeuvre d?une nouvelle politique du handicap. Cet engagement du Président de la République s?est traduit par des efforts budgétaires sans précédent, et par l?adoption d?un texte majeur, la loi du 11 février 2005. L?année 2006 verra son application avec la parution des décrets qui concernent les trois fondements de ce texte : la non-discrimination, avec une priorité donnée à l?intégration des personnes en milieu ordinaire ; le droit à compensation ; la participation des personnes handicapées à la vie de la Cité comme aux décisions les concernant. Nous mettrons ainsi en oeuvre tous les outils qui découlent de cette loi : d?abord des Maisons départementales du handicap, ensuite, le partenariat renouvelé entre l?Etat, les départements, les organismes de protection sociale et les associations, et enfin, la mise en oeuvre de la prestation de compensation, qui marque l?entrée dans une nouvelle ère de la solidarité. Je veux que 2006 soit aussi une année qui nous permette de changer notre regard sur les personnes handicapées. Il nous faut aussi agir pour l?accessibilité à notre société de nos concitoyens handicapés. Nous veillerons bien évidemment à ce que tous les lieux de soins leur soient rendus accessibles. Enfin, n?oublions pas nos actions complémentaires, qu?il s?agisse du Plan Autisme, du Plan Santé mentale ou du Plan pour les Personnes polyhandicapées.
Une société plus cohérente, c?est aussi une société plus attentive à ses aînés. L?espérance de vie en France, parmi les plus élevées au monde, témoigne de la qualité de notre système de santé ; mais nous n?avons pas encore tiré toutes les conséquences de son allongement en termes de santé publique. En 2005, la création de la Caisse nationale de Solidarité pour l?Autonomie nous a donné les moyens de mener une véritable politique de prise en charge de la dépendance. En 2006, nous utiliserons ces fonds pour créer de nouvelles places d?hébergement en établissements spécialisés, avec un objectif de 10 000 places nouvelles d?ici 2007, et pour moderniser les structures existantes, avec un rythme d?environ 1 500 établissements médicalisés par an. Au-delà de la progression de l?espérance de vie, ce qui importe tout autant, c?est d?améliorer la qualité de vie.
La situation démographique nous incite à approfondir notre politique familiale. Nous avons un modèle qui combine un fort taux d?activité féminine et un taux de fécondité parmi les plus élevés d?Europe, et qui permet à tous de concilier au mieux vie familiale et vie professionnelle.
Ceci est possible grâce aux prestations que nous mettons en oeuvre, au congé parental mieux rémunéré mis en place cette année (750 euros par mois pendant la première année de l?enfant), ainsi qu?aux places de crèches dont nous avons accéléré la création depuis 2002 (avec 12 000 places pour 2004). Par ailleurs, nous allons tenir compte des propositions formulées par Martin Hirsch pour améliorer la situation matérielle et sanitaire des familles les plus démunies. Enfin, 2006 sera l?année du lancement de l'agence de l?adoption, et de la préparation d?une loi relative à la protection de l?enfance. Philippe Bas s?implique tout particulièrement dans ce domaine majeur afin de rénover le dispositif actuel de protection de l?enfance. Notre objectif est de rendre celui-ci plus lisible et plus performant, en renforçant les actions de prévention auprès des familles, mais aussi en adaptant mieux les modes de prise en charge aux besoins de l?enfant.
II/ Relever ces défis en 2006 ne suffit pas : nous devons aussi avoir l?ambition de dessiner le système de santé à 5 ans, à 10 ans et au-delà.
A/ Je veux jeter les bases d?un hôpital modernisé, davantage à l?écoute des patients et des soignants.
L?hôpital est le service public auquel les Français tiennent le plus d?après un récent sondage. Préserver cette institution, c?est conserver ses qualités que les Français plébiscitent, mais c?est aussi résoudre ses difficultés récurrentes, que ce soit la croissance des dépenses ou la multiplication des tâches administratives qui éloignent les soignants du patient.
Le Plan Hôpital 2007 constitue une première réponse à ces attentes. Il permet la modernisation des établissements, avec des investissements sans précédent, de l?ordre de 1,5 milliard d?euros par an. Il permet aussi de mieux financer les besoins de santé réels de la population, avec la T2A dont la proportion dans le financement des établissements anciennement sous dotation globale sera fixée en 2006 à 35 %, et, je le souhaite, à 50 % en 2007. Il permet enfin l?amélioration de la qualité des soins par le décloisonnement des services qui se regroupent en pôles d?activité. A l?hôpital, c?est bien souvent l?absence de qualité qui coûte cher. Avec ce Plan, nous pouvons enfin dégager des moyens pour les vraies priorités en termes de soins, de prévention, mais aussi de qualité de vie des patients et des soignants.
La modernisation de l?hôpital ne s?arrête pas avec Hôpital 2007. Je compte présenter dès cette année les objectifs, les moyens et la méthode pour le Plan Hôpital 2012.
Je crois qu?en 2006 nous avons déjà l?occasion d?aller plus loin, et de rendre l?hôpital plus à l?écoute des patients. Le service public hospitalier, c?est le soin, c?est le rapport entre les hospitaliers, les patients et les familles. Je m?engage donc à recentrer l?hôpital sur les patients et leurs familles et sur les soignants. C?est penser aux familles en leur réservant des espaces appropriés. C?est améliorer le cadre de travail des personnels hospitaliers.
C?est prendre des décisions simples pour améliorer le quotidien des patients : une plus grande participation des associations à la vie quotidienne des établissements, la création de véritables lieux de vie, de détente, de partage et d?écoute, la présence de personnel pour informer, renseigner, rassurer. Ces mesures de bon sens participent aussi à la guérison et surtout à la réadaptation des patients. Et c?est là aussi le souhait des différentes organisations professionnelles et syndicales que de rendre cette institution chaque jour plus proche des attentes des patients et des personnels hospitaliers, tout en la rendant plus performante.
Ces réformes doivent être poursuivies dans la transparence et la concertation, et le dispositif d?accompagnement que nous avons mis en place y contribuera.
Je souhaite aussi poursuivre en 2006 notre mobilisation en faveur de solutions alternatives comme l?hospitalisation à domicile, l?hospitalisation de jour et la chirurgie ambulatoire, parfois préférables pour le patient. Je salue l?action déterminante de la FNEHAD en ce domaine.
Il faut aussi accélérer la modernisation de la gestion à l?hôpital. Il est nécessaire d?améliorer la politique d?achat des hôpitaux, de la rénover et de développer une véritable culture de l?achat dans l?ensemble des établissements hospitaliers. Des objectifs de bonne gestion, rendus possibles par exemple par les achats groupés, ont été fixés pour cette année.
En matière de recherche, nous renforcerons en 2006 le rôle de l?hôpital comme lieu de contact entre savoir universitaire, recherche et soins. Je souhaite aussi que davantage de projets de recherche biomédicale puissent être financés, grâce à la création de l'agence nationale de la Recherche notamment. Enfin, je m?engage à développer des centres de référence pour diverses maladies, comme ceux créés pour les maladies rares, qui seront au nombre de 100 d?ici la fin 2006.
Enfin, je voulais vous rappeler que la réorganisation territoriale est guidée par un seul principe : la nécessaire sécurité du patient pour la qualité des traitements. Je suis pour un hôpital de proximité, mais un hôpital de qualité. Je veux être clair : il n?est pas question de fermer tel ou tel établissement, mais il n?est pas question non plus d?ignorer le manque de sécurité dans certains autres établissements.
Surveiller et prendre en charge le risque d'infection nosocomiale représente d?ailleurs une préoccupation majeure dans les hôpitaux. Je sais que les efforts déployés depuis 15 ans ont porté leurs fruits. Les résultats de la surveillance en témoignent : entre 1996 et 2001, les enquêtes de prévalence ont montré une diminution des taux d?infections nosocomiales d?environ 13% dans les Centres Hospitaliers Universitaires et 24% dans les Centres hospitaliers. Mais nous devons aller plus loin, en incitant, avec votre concours, les établissements de santé à réaliser d?importants efforts en matière de sécurité. Ainsi, je présenterai très prochainement les premiers résultats de la mise en place du « Tableau de bord de bord pour la surveillance des infections nosocomiales » dont l?objectif est d?inciter les établissements à mesurer leurs actions et leurs résultats dans la lutte contre ces infections.
En la matière, les actions doivent être transparentes et les résultats disponibles pour tous. Le but de ces tableaux de bord, régulièrement actualisés, est de permettre à tous les hôpitaux d?améliorer leur sécurité sanitaire, en leur donnant les moyens de progresser dans ce domaine.
Sur tous ces sujets, je mesure l?attente des personnels hospitaliers, et je veux leur dire ma volonté de relancer le dialogue social et d?améliorer les conditions de travail à l?hôpital cette année. Je connais également les préoccupations des fédérations, la FHF, la FEHAP, la fédération des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC), la FHP, et de toutes les conférences hospitalières des différents établissements, et je veux leur dire combien nous serons attentifs à leurs demandes.
A cet égard, je vais lancer le 24 janvier des négociations, avec les organisations syndicales représentatives, sur la fonction publique hospitalière. Je crois aux vertus du dialogue social et à une volonté commune de moderniser l'hôpital : parmi les principaux sujets que je souhaite aborder figurent notamment :
- l'amélioration des conditions de travail via les contrats locaux d?amélioration des conditions de travail pour réduire la pénibilité, prévenir les risques professionnels, la violence et garantir l?hygiène et la sécurité. Mais l?amélioration des conditions de travail, c?est aussi un meilleur environnement professionnel, que ce soit pour les crèches ou le logement. Et c?est enfin mener une réflexion sur la seconde carrière des personnels, pour tenir compte de la pénibilité et du nécessaire aménagement des postes en fonction de l?âge ;
- la poursuite de l'ouverture de la VAE aux diplômes du secteur sanitaire,
- un recours plus souples aux heures supplémentaires,
- ainsi que des mesures statutaires pour redynamiser les déroulements de carrière en particulier pour la catégorie C dont font partie les aides-soignants.
B/ Dès 2006, nous allons relever le défi de la démographie médicale. Je veux apporter des réponses durables au problème de leur répartition sur le territoire.
Il s?agissait d?abord de pallier le manque prévisible de professionnels de santé en relevant les numerus clausus, comme nous l?avons fait dès 2004 avec Philippe Douste-Blazy. Il s?agit aussi de combler les manques régionaux et sectoriels. Tel est l?objectif du plan de démographie des professions de santé que je présenterai prochainement. Il repose sur plusieurs innovations en matière de délégation de tâches, de regroupement et d?exercice partagé, de télé-médecine, mais aussi de formation des professions médicales et paramédicales.
Et je voudrais dire que je ne crois pas à la coercition. Mais je crois en revanche qu?il faut se donner les moyens de modifier la répartition des personnels de santé sur le territoire national durablement, grâce à des incitations et grâce à une réforme de la formation médicale qui contribuera aussi à rendre cette profession attractive.
Ce plan nous permettra d?assurer à chacun de nos concitoyens des soins de qualité, avec un niveau de sécurité élevé, en tout lieu, en tout temps. La permanence des soins est un droit : nous avons déjà mis en oeuvre un certain nombre de dispositifs et il convient désormais aux professionnels de santé de les faire vivre. Je pense à l?organisation des gardes, à la création de maisons médicales, à la continuité établie entre soins de ville et soins hospitaliers. Je serai vigilant quant à l?amélioration de ce système et au nécessaire soutien que nous devons apporter à ceux qui assurent cette permanence. Ainsi, je serai très attentif aux décisions prises par les CODAMUPS et au paiement effectif des astreintes. J?ai engagé une réflexion avec les acteurs concernés qui me conduira à proposer au printemps des mesures d?amélioration de la permanence des soins.
Assurer la permanence de soins, cela implique des professionnels de santé en nombre suffisant, mais cela signifie aussi une formation de qualité. La réforme de la première année de médecine et la réforme LMD des professions paramédicales que j'ai engagée avec François Goulard doivent être l'occasion d'un mise en place de passerelles plus efficaces entre l?ensemble des professions médicales et paramédicales.
C/ Il est temps de mettre en place une culture de la prévention dans notre pays.
Notre système de soins curatifs est classé parmi les meilleurs au monde par l?OMS. L?espérance de vie progresse. Comment expliquer alors la persistance d?inégalités de santé notables ? et comment accepter que trop de Français meurent encore prématurément de maladies ou d?accidents pourtant évitables ? Afin de diminuer les facteurs de risques et d?améliorer la qualité de tous les âges de la vie, nous devons réorienter notre système vers la prévention. Prévenir, c?est réduire les probabilités de développer des maladies comme le cancer ou les maladies cardio-vasculaires, mais c?est aussi contribuer à réduire les inégalités de santé.
Je souhaite qu?en 2006 nous mettions en avant l?éducation pour la santé. Cela passe par des campagnes nationales, comme celles de l?INPES, contre les principaux facteurs de risques pour la santé : le tabac, l?abus d?alcool ou l?obésité. Cela passe aussi par une mobilisation de tous les acteurs de santé : le parcours de soins constitue un levier idéal, dans la mesure où le médecin traitant est le mieux à même, avec le DMP, de déterminer une stratégie de prévention adaptée à chaque patient.
Cette année, la lutte contre le tabagisme sera encore renforcée. En matière de tabagisme, au-delà des augmentations du prix du tabac qui ont eu lieu dans le passé, je crois qu?il faut aller plus loin, notamment par la protection de nos concitoyens contre le tabagisme passif, qui est un véritable fléau.
Et je souhaite que nous fassions aussi reculer l?alcoolisme. L?ouverture des Etats Généraux de lutte contre l?alcoolisme contribuera à alimenter un débat citoyen sur ce thème. Je veux également assurer aux personnes dépendantes à l?alcoolisme ainsi qu?à leurs proches une meilleure prise en charge.
Ce mouvement pour la prévention, nous le mettons déjà en place pour la santé bucco-dentaire. En 2006, un examen gratuit et obligatoire sera mis en place pour les enfants de 6 et 12 ans. Les soins consécutifs seront eux-mêmes pris en charge. En commençant par les soins dentaires, pour les enfants, je veux aussi, vous l?aurez compris, développer une culture et des réflexes évidents de prévention dès le plus jeune âge.
Cela suppose une refonte des actes, des études et des mentalités. Je veillerai tout particulièrement, avec les organisations professionnelles, à trouver un mode de rémunération des actes de prévention. Je souhaite aussi que les cursus universitaires prennent davantage en compte cet impératif. Et je souhaite également que tous les acteurs s?engagent dans cette nouvelle voie. Ainsi, dans le cadre des cadres responsables, les complémentaires devront prendre en charge deux prestations de prévention parmi une liste validée par la Haute autorité de santé.
Je lancerai en 2006 un deuxième Programme national nutrition santé. Il portera une attention particulière aux populations défavorisées les plus concernées par l?obésité. Par ailleurs, il favorisera les actions locales, dans le sillage de l?opération des chartes de ville active du PNNS. 33 maires les ont déjà signées au cours du dernier trimestre. Enfin, l?accent sera mis sur la prise en charge et le dépistage de l?obésité.
Concernant les récentes initiatives prises par les industries agro-alimentaires en matière de nutrition, je veux rappeler que les alicaments sont des aliments de bonne qualité ? et je me félicite que les entreprises aient à coeur de renforcer la qualité nutritionnelle de leurs produits. Mais je veux rappeler que si la prise en charge des alicaments par certaines assurances complémentaires relève entièrement de leur responsabilité, il faut, à mon sens, éviter toute confusion. Cette prise en charge devrait correspondre à un véritable effet sur la santé, un effet scientifiquement étayé. Il faut échapper à la tentation facile d?instrumentaliser la santé : la santé n?est pas un alibi, un prétexte mais un objectif.
Enfin, je voudrais vous dire que la question n?est pas de savoir si 2006 sera l?année de la grippe aviaire. La question est de savoir si nous sommes prêts à gérer des crises sanitaires majeures en les anticipant. Pour cela, nous souhaitons renforcer considérablement en 2006 nos dispositifs de sécurité sanitaire. Nous nous engageons à actualiser le plan Grippe aviaire, qui va au-delà des recommandations de l?OMS. Ce plan prend en compte les différentes phases possibles de la pandémie en déroulant une série d?actions graduées en fonction du niveau de risque : il nous permettra d?assurer une protection maximale de la population française en 2006. Je veux dire aux professionnels du monde de la santé qu?ils sont concernés au premier plan pour soigner si nous étions face à une pandémie. C?est pourquoi nous nous engageons à vous fournir l?information, la formation et la protection nécessaires en cas de pandémie.
Comme vous le voyez, 2006 sera encore une année de mobilisation et de défis : sur la sécurité sanitaire, mais aussi bien sûr sur l?assurance maladie et sur nos grandes priorités de santé publique. Je souhaite que cette année soit une année d?anticipation, une année où nous développerons les outils et les actions qui nous permettront de relever les défis de notre système de santé et d?atteindre ses horizons : toujours plus de solidarité, plus de responsabilité et plus de qualité.Je vous souhaite une très heureuse année 2006, et, vous me le permettrez, une excellente santé.