Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'Aménagement du territoire, sur la mise en oeuvre des pôles de compétitivité, Barcelone le 13 février 2006.

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Circonstance : Conférence de presse au B-Hotel de Barcelone, le 13 février 2006

Texte intégral

Je suis très heureux de m'exprimer devant vous aujourd'hui dans le cadre du salon 3GSM, que je connais très bien puisqu'il était il n'y a pas si longtemps situé dans mon département à CANNES.
J'ai accepté immédiatement de prendre la tête de la délégation française qui comprend notamment les 2 pôles de compétitivité français spécialisés dans le domaine des nouvelles technologies mobiles.
A cet égard, je salue la présence des industriels des pôles de compétitivité présents ainsi que les représentants des régions Bretagne et Provence ? Alpes ? Côte d'Azur.
La politique du Gouvernement français en faveur des pôles de compétitivité est un outil majeur de renforcement de l'attractivité de notre pays. J'en veux pour preuve la participation des plus grands groupes internationaux dans ces pôles, mais aussi les sollicitations que nous recevons d'entreprises qui souhaitent s'installer sur notre territoire pour rejoindre le pôle de compétitivité travaillant dans son secteur d'activités. J'y reviendrai dans un instant.
D'abord un bref rappel des motivations et du contexte des pôles de compétitivité
Les pôles de compétitivité ont largement été initiés par Nicolas SARKOZY lorsqu'il était ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, sur la base de différentes contributions dont un rapport de la DATAR, la délégation à l'aménagement du territoire, rendu public en septembre 2004. La politique des pôles de compétitivité a pour objectif de stimuler l'innovation et d'améliorer la compétitivité de l'industrie française. Elle participe à la lutte contre les délocalisations. En accompagnant les initiatives des acteurs économiques et scientifiques, les pôles de compétitivité permettront en effet d'accroître la compétitivité de l'économie française et de renforcer l'attractivité du territoire national, contribuant à y développer et à y maintenir des activités au service de la création d'emplois. Pour cela, nous avons labellisé en juillet 2005 67 pôles de compétitivité ? devenus 66 par fusion de 2 d'entre eux, pour leur qualité en termes de stratégies et d'ambitions pour l'emploi et les territoires qui les accueillent. Ces pôles de compétitivité répondent à quatre caractéristiques principales :
- Ils sont créateurs de richesses nouvelles à forte valeur ajoutée et d'emplois qualifiés. - Ils se positionnent sur des marchés mondiaux et des activités bénéficiant d'un fort potentiel de croissance.
- Ils proposent de réels partenariats entre les acteurs, ainsi qu'un mode de gouvernance de qualité. - Ils présentent une stratégie claire de développement économique et de recherche.
Ces pôles, qui ont chacun leurs spécificités, ne doivent pas être comparés entre eux mais appréhendés au regard des enjeux de développement qu'ils représentent pour la France et les territoires où ils se situent. Pour autant, ils n'ont pas tous la même taille. 15 d'entre eux sont des pôles mondiaux ou à vocation mondiale car, par la taille critique qu'ils atteignent, ils ont tous les outils pour devenir de véritables « champions » au niveau mondial, au même titre que les « clusters » mis en oeuvre dans certains pays.
Pour financer l'ensemble des projets finalement retenus, nous avons mis des moyens à la hauteur. Le Premier ministre a décidé de doubler les moyens d'accompagnement de l'Etat initialement prévus en consacrant au minimum 1,5 milliards d'euros : 400 M? de crédits d'intervention directe des ministères, 300 M? d'exonérations fiscales et de charges sociales sur les projets de R&D, 800 M? de financements provenant de différentes agences et établissements publics comme l'Agence nationale pour la recherche (ANR), l'Agence pour l'innovation industrielle (AII), Oséo-Anvar et la Caisse des Dépôts et Consignations.
Ou en sommes-nous aujourd'hui ? Quels sont les prochaines échéances ?
Tout d'abord le Gouvernement français veut maintenir sur ce sujet un calendrier volontaire et serré. C'est une exigence. Désormais, il faut agir et ne pas contraindre outre mesure l'action par les procédures. 2006 sera l'année de mise en oeuvre de cette politique. L'Etat sera aux côtés des acteurs locaux, pour accompagner et dynamiser les projets qui vont entrer dans leur phase opérationnelle. Tous les crédits prévus par l'Etat seront au rendez-vous dès 2006.
Nous allons de plus répondre à la demande des acteurs économiques qui veulent de la simplicité, de la réactivité, des actes. En un mot, que nous nous mettions au diapason du monde de l'entreprise, que nous parlions la langue de l'efficacité. Nicolas SARKOZY et moi-même proposerons donc au prochain comité interministériel à l'aménagement et à la compétitivité des territoires (CIACT), prévu fin février, un train de mesures de simplification de nos procédures en matière de pôles de compétitivité. Nous voulons des procédures simples, lisibles, rapides. Ca veut dire un "guichet" unique de dépôt des dossiers, un comité unique de financement pour tous les crédits relevant de l'Etat et une simplification de la gouvernance locale.
Pôles de compétitivité et technologies de l'information et de la communication
En France, 6 pôles de compétitivité sont liés aux technologies de l'information et de la communication :
- Solutions communicantes sécurisées (PACA) - Images & réseaux (BRETAGNE), axé sur l'image numérique - Minalogic (Rhône Alpes), autour de la microélectronique et de la nanoélectronique - Systematic (Ile de France), dont le concept est la conception, la gestion et la maintenance de systèmes d'information complexes pour les industriels - Systèmes embarqués (Aquitaine et Midi Pyrénées) qui travaille sur les technologies embarquées dans l'aéronautique
- Multimédia et vie numérique (Ile de France), centré sur la production, le traitement et la diffusion de contenus numériques
Ce sont autant de projets qui touchent aux technologies les plus avancées comme la nanoélectronique, l'intelligence embarquée, les réseaux très haut débit, la télévision numérique, et bien sûr la nouvelle génération de téléphonie mobile.
Ce sont autant d'universitaires, de chercheurs ? privés et publics, d'étudiants, de PME et de grands groupes qui sont impliqués dans ces pôles. Laissez-moi simplement citer les plus importants : Philips, Xerox, Bull, CapGemini, France Telecom, Alcatel, IBM, Texas Instrument, Motorola, SAGEM? J'ajouterai également Cisco qui devrait annoncer officiellement dans les prochains jours qu'il rejoint le pôle « Solutions communicantes sécurisées ».
Ces 6 pôles font partie des 15 pôles mondiaux ou à vocation mondiale. Cela prouve la forte valeur ajoutée et le haut niveau technologique présents en France dans ce secteur industriel qui est en croissance forte et qui crée des emplois.
Le rayonnement mondial de ces pôles permet de renforcer fortement l'attractivité du territoire France. Les industriels et les investisseurs internationaux commencent à se dire qu'il se passe "quelque chose" en France, qu'il est intéressant d'y investir en particulier dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. Un exemple concret : j'ai été contacté récemment par une entreprise tchèque leader dans le secteur de la téléphonie mobile, forte de 1.700 employés dont 1.200 en R&D, et qui est d'ailleurs présente au salon 3GSM. Elle m'a fait part de son souhait de s'implanter en France, peut-être dans les Alpes Maritimes autour de Sophia Antipolis notamment en raison de la présence du pôle "Solutions communicantes sécurisées".
La couverture numérique du territoire français : le "tout numérique" pour 2007
Les pôles de compétitivité et d'une manière plus générale les sociétés qui viennent s'installer en France ont besoin et attendent qu'on leur propose un environnement leur permettant de développer leurs activités. La France dispose à cet égard de sérieux atouts : un réseau d'infrastructures de très grande qualité, mais aussi un engagement très fort en matière de couverture numérique du territoire.
La totalité des communes bénéficieront ainsi d'ici 2007 de la téléphonie mobile et de l'accès à l'internet à haut débit, afin d'offrir sur l'ensemble du territoire, et pas uniquement dans les principales agglomérations, les conditions nécessaire au développement des entreprises.
En ce qui concerne la téléphonie mobile, le plan national de résorption des zones blanches concerne 3 000 communes rurales qui ne sont couvertes par aucun opérateur et qui ont été recensées dans le cadre d'une concertation régionale conduite par les préfets. L'État consacre à ce plan plus de 60 millions d'euros, y compris l'abattement de TVA accordé aux collectivités territoriales, auxquels s'ajoutent les efforts propres de celles-ci ainsi que ceux des opérateurs de téléphonie mobile et de l'Union européenne. Les effets de ce plan commencent à être perçus sur le terrain : environ 600 communes ont déjà bénéficié de la couverture dans ce cadre ; elles seront 1500 d'ici la fin de l'année.
Pour le haut débit, le nombre de lignes éligibles à l'ADSL progresse très rapidement. 98 % des foyers seront éligibles fin 2006. L'objectif est que la totalité des communes puissent bénéficier du haut débit d'ici 2007, grâce, notamment, aux technologies alternatives comme le WIMAX pour laquelle le Gouvernement vient de lancer un appel à candidatures.
Les entreprises peuvent bénéficier, sur tout le territoire français sans aucune exception, d'offres d'accès à l'Internet à haut débit à 2Mbits/s symétriques adaptées aux besoins de la plupart des professionnels depuis le 1er décembre 2005, ainsi que des accès à l'Internet à très haut débit jusqu'à 100 Mbits/s et même davantage dans certains cas qui sont déployés progressivement dans 2.000 zones d'activité économique d'ici 2007.
Par ailleurs, le Président de la République a fixé un calendrier ambitieux pour la transition de la télévision vers le numérique. Pour y parvenir, tous les foyers français seront couverts par la télévision numérique, que ce soit par la TNT ou par une offre satellite gratuite d'ici 2007. Grâce à cet effort, nous envisageons d'éteindre la télévision analogique dès 2010, ce qui permettra de récupérer à partir de 2010-2012 des fréquences très recherchées (le « dividende numérique ») pour d'autres applications, dans le domaine des médias, avec notamment la haute définition et la TV sur mobile ou dans les télécommunication, avec par exemple le haut débit sans fil ou la téléphonie mobile de 3ème et de 4ème génération. Cela pourrait contribuer à faciliter la couverture du territoire par ces nouvelles technologies, en limitant de façon très importante le nombre de pylônes nécessaires (jusqu'à 5 fois moins en zones peu denses).
La France de 2007 sera ainsi « tout numérique » et avec notre politique de pôles de compétitivité, notre pays affirme ainsi le rôle qu'il entend jouer en matière de développement et de diffusion des technologies de l'information et de la communication.

source http://www.consulfrance-barcelone.org, le 23 février 2006