Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, sur la mise en oeuvre des pôles de compétitivité, Nîmes le 6 mars 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Labellisation du pôle de compétitivité ORPHEME (pathologies émergentes et maladies orphelines), à Nîmes le 6 mars 2006

Texte intégral

Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis heureux de me retrouver parmi vous aujourd'hui. Il est des moments où l'action politique prend tout son sens. Et c'est un moment comme celui-là que nous sommes en train de vivre.
Cet après-midi, le comité interministériel d'aménagement et de compétitivité des territoires ? le CIACT a labellisé le pôle ORPHEME comme pôle de compétitivité. Il a également validé son projet de contrat-cadre et son zonage Recherche & Développement.
Voilà, tout est dit. Et pourtant, quel combat! Certains d'entre vous s'en souviennent, je vous avais encouragé à présenter une nouvelle candidature au label "pôle de compétitivité" dès le 4 août dernier lors d'un déplacement, ici même, à Nîmes. Dès le départ, j'ai cru à ce pôle. J'ai su qu'il y avait là un potentiel formidable pour les régions Languedoc ? Roussillon et Provence ? Alpes ? Côte d'Azur dans le domaine de la biologie humaine.
Et je vous ai soutenu de toutes mes forces. J'ai lutté, j'ai emporté toutes les résistance. Pourquoi? Parce que vous le méritiez. Parce que votre dossier est un bon dossier, un excellent dossier. Il fallait d'abord que vous obteniez le label. C'est la 1ère étape, incontournable. Ensuite, il fallait que votre contrat-cadre et votre zonage soient arrêtés en même temps. Et ce n'était pas joué il y a encore 2 semaines!
Maintenant, vous êtes en ordre de marche. Ainsi vous ne perdrez pas de temps. Or, dans votre domaine, c'est essentiel.
Je vous adresse mes félicitations à vous tous ? industriels, chercheurs, universitaires, serviteurs de l'Etat, élus locaux ? pour votre implication qui a permis d'aboutir à la bonne nouvelle de ce jour. J'adresse, en votre nom collectif, mes félicitations à M. Gérard PAPIEROK, président du pôle, et à ses vice-présidents, Olivier BLIN et Jacky BERTHE. Et je n'oublie pas le rôle moteur joué par Jean-Paul FOURNIER, maire de Nîmes, et ses équipes dans l'heureux aboutissement de ce projet.
Je ne suis pas un spécialiste. Mais quand je vois que vos 3 priorités de recherche, ce sont : les cancers rares et émergents, les maladies tropicales et infectieuses et les maladies neurologiques, notamment celles liées au vieillissement. Alors je dis que vous contribuez au rayonnement de la France dans des domaines qui ? on le voit tous les jours ? ébranlent nos sociétés modernes.
En plus, vous affichez de grandes ambitions : intégrer le "top 3" européen de votre secteur à un horizon de 10 ans. J'aime ça. Il aurait été dommage de manquer une telle chance pour la grande région méditerranéenne.
En juillet dernier, je vous le rappelle, la tendance était de retenir une quinzaine de pôles, peut-être une vingtaine, tout au plus. La logique était avant tout industrielle, centrée autour de grands pôles à vocation mondiale, la plupart d'entre eux situés dans les grandes métropoles de notre nation : Paris, Lille, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Grenoble, Nice? D'ailleurs, à franchement parler, ces pôles étaient de facto déjà constitués. Et puis, l'appel à projets lancé par le Gouvernement a révélé une mobilisation sans précédent au sein des territoires français. Ce n'est pas quinze projets de pôles, ni trente, ni quarante, qui sont remontés à Paris, mais 105. Partout en France, des acteurs qui n'avaient pas l'habitude de se parler, des industriels, des chercheurs, des universitaires, ont commencé à se rencontrer, à se réunir, à se parler, à échanger. Fallait-il briser cet élan? Je ne le crois pas.
On me cite souvent l'exemple des Etats-Unis. C'est vrai qu'aux Etats-Unis, vous avez des clusters sur la Côte Est, sur la Côte Ouest, et presque rien au milieu, un désert. Ce n'est pas ma conception du développement économique et industriel de notre pays. Ce n'est pas ma conception de l'aménagement du territoire. Car, pour en revenir à des définitions simples, l'aménagement du territoire c'est la recherche d'un développement harmonieux et équilibré des territoires, de tous nos territoires. Tous les territoires ont un droit à la compétitivité, un droit à l'excellence.
Les pôles de compétitivité forment un maillage extraordinaire de notre territoire. Ils innervent les territoires. Et ce sera le cas avec ORPHEME qui, avec Montpellier, Nîmes, Aix-Marseille, Toulon et Nice, va rayonner sur l'ensemble du pourtour méditerranéen français.
Quelques mots sur les décision prises aujourd'hui par le CIACT sur les pôles de compétitivité. Ces décisions vous intéressent.
Tout d?abord le Gouvernement français veut maintenir sur ce sujet un calendrier volontaire et serré. C'est une exigence.
2006 sera donc l'année de mise en oeuvre opérationnelle de cette politique. Au passage, je rappelle qu'entre juillet et décembre 2005, les différents ministères et agences ont, selon leurs propres programmes et procédures, engagé plus de 300 M? dans le financement des pôles, notamment de leurs projets R&D. Ce n'est pas rien et cela permet de répondre notamment aux critiques formulées sur le retard dans la mise en place des financements.
Depuis ma prise de fonction, je me suis rendu dans une cinquantaine de départements français. Cela m'a permis de visiter la moitié des pôles de compétitivité. Evidemment, j'ai entendu poindre les critiques sur la mise en place de cette politique, des critiques parfois rapides, parfois faciles. Mais j'y ai été attentif. Ces critiques sont au nombre de trois :
un système de financement hétérogène : les acteurs des pôles trouvent que les sources de financement sont trop nombreuses, trop complexes et en conséquence peu lisible;
un dispositif régional parfois complexe : au niveau local, le dispositif gouvernemental a conduit à la mise en place de différents comités ? comité d'orientation, comité des financeurs, commissions scientifiques ? dont le nombre a pu être jugé, à l'usage, incompatible avec une gouvernance véritablement opérationnelle et réactive;
un engagement financier jugé insuffisant : cette critique est sortie très vite, souvent mal à propos, avant même que les circuits de financement ne se mettent véritablement en place;
Je veux dire une chose simple : l'Etat sera aux côtés des acteurs locaux, pour accompagner et dynamiser les projets qui vont entrer dans leur phase opérationnelle en 2006. Aujourd'hui, le Gouvernement, au travers du CIACT, a répondu à la demande des acteurs économiques qui veulent de la simplicité, de la réactivité, des actes. En un mot, que nous nous mettions au diapason du monde de l'entreprise, que nous parlions la langue de l'efficacité.
Alors, quelles sont les annonces nationales?
- en matière de procédures : c'est la mise en place d'un "guichet" unique de dépôt des dossiers avec un dossier unique. C'est un fonds unique et interministériel de financement ? le fonds de compétitivité des entreprises - pour tous les crédits relevant de l'Etat, un fonds unique reposant sur le principe d'un appel à projets, plusieurs fois par an;
en matière de gouvernance : il faut laisser les acteurs s'organiser comme ils l'entendent. Ainsi, si les acteurs souhaitent simplifier leur gouvernance locale, par exemple en réduisant le nombre de commissions, qu'ils le fassent. Si un pôle veut fonctionner avec une seule et unique commission, et si un accord local se fait jour, c'est très bien. Si les acteurs locaux estiment qu'il faut moins de participants dans cette commission, c'est très bien. Je veux de la souplesse et de l'adaptabilité;
en matière de financements : tous les crédits prévus seront mis en place, à l'heure dite, dès ce début d'année et sur trois ans. Le Gouvernement a même décidé de rajouter 300 M? à sa quote-part initialement prévue;
Je vous encourage maintenant à achever la préparation de vos dossiers, à les présenter au prochain appel à projets qui devrait se tenir avant l'été.
Vous êtes un exemple formidable de la politique des pôles de compétitivité : stimuler l'innovation pour améliorer la compétitivité de l'industrie française.
La France a un avenir industriel même si les industries d'aujourd'hui et de demain ne sont plus les mêmes que celles d'hier, même si leur développement passe dorénavant plus par la maîtrise de la connaissance et de l'innovation qu'auparavant.
En guise de conclusion, laissez-moi vous faire partager une conviction simple : notre pays est un "grand" pays. Il recèle une énergie formidable, une volonté de créer, une volonté d'avancer. Il faut juste libérer cette énergie, accompagner cette volonté. Et les résultats seront là. La France n'est pas irrémédiablement promise à voir partir ses entreprises et ses industries à l'étranger. L'aménagement du territoire, pour moi, représente cette lutte contre l'irrémédiable, ce désir ardent d'aller contre le courant, contre ce que tous les autres vous présentent comme inéluctable.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 7 mars 2006