Conférence de presse de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur le programme de recherche sur les nanotechnologies et la prévention des risques sur la santé et l'environnement, Paris le 5 juillet 2006.

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Circonstance : Conférence de presse sur les nanotechnologies, organisée par le Comité de la Prévention et de la Précaution (CPP), créé à Paris le 5 juillet 2006

Texte intégral

Monsieur le Président du Comité de la Prévention et de la Précaution (CPP),
Mesdames et Messieurs les membres du CPP,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d'abord de vous remercier pour votre présence et de vous souhaiter la bienvenue au Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable.
Permettez-moi également de remercier l'ensemble des membres du CPP, et notamment son Président le Professeur Alain Grimfeld, pour le travail qui aboutit aujourd'hui et qui va nous être présenté.
Le développement des nano-technologies suscite certaines interrogations chez les professionnels de la santé et de l'environnement, et dans la population en général.
Ces interrogations concernent en particulier deux points.
Le premier est celui de la perception de l'avènement de l'infiniment petit dans notre vie quotidienne. Il peut être ressenti comme intrusif en l'absence d'information et de contrôle adaptés.
Le second point d'interrogation concerne l'impact éventuel des nano-particules sur notre santé. Rappelons que les particules dont nous parlons aujourd'hui sont de tailles égale ou inférieure à 100 nanomètres (1/10ème de micron).
C'est ce second point qu'a abordé le Comité de la Prévention et de la Précaution (CPP) dans le travail qui va vous être présenté aujourd'hui.
Les nano technologies impliquées dans les produits de santé étant traitées par d'autres organismes, elles ont volontairement été exclues du champ de réflexion.
Face aux risques potentiels, le marché des nano-technologies semble présenter un fort potentiel au cours de ce 21ème siècle.
On parle d'un marché se chiffrant en milliards d'euros.
C'est pourquoi mon ministère a saisi le CPP à la fin de l'année 2004, pour entamer très tôt une réflexion sur l'impact sanitaire de ces nano-particules manufacturées, c'est-à-dire produites intentionnellement, à la différence de celles constituant des déchets ou des polluants, telles que les particules fines issues des combustions de carburants fossiles.
Tout au long de l'année 2005, et jusqu'à présent, le sujet des nano-technologies n'a cessé de prendre de l'importance. Des publications paraissent sans cesse dans ce domaine, et différents organismes, outre le CPP, sont saisis.
Ce sujet concerne en effet la santé et l'environnement au sens large, et notamment la santé au travail.
Ainsi l'AFSSET a été saisie (conjointement par les ministres chargés de l'écologie, de la santé et du travail) pour la réalisation d'une synthèse des connaissances scientifiques et techniques sur les nano-matériaux afin de proposer des pistes pour la réalisation d'études et de recherches, notamment métrologiques, toxicologiques et épidémiologiques.
Cet avis devrait être disponible dans les tout prochains jours.
Par ailleurs, suite notamment aux travaux du CPP, la saisine de l'AFSSET vient d'être élargie aux conséquences pour les travailleurs et aux mesures à prendre.
Devant l'ampleur du sujet, plusieurs ministères sont directement concernés : l'Ecologie, la Santé, le Travail, mais également la Recherche et l'Industrie.
Les administrations des ministères chargés de la santé, du travail et de l'écologie ont d'ailleurs décidé d'organiser un séminaire gouvernemental d'échanges et de réflexion sur les risques liés aux Nano-matériaux / Nano-technologies le 19 octobre 2006.
Lors de son discours prononcé pour la clôture des Etats généraux des Entreprise et du Développement durable, le mercredi 31 mai 2006, le Premier Ministre a annoncé le lancement d'un débat public sur les nano-technologies.
Il a souligné à la fois les perspectives économiques extrêmement prometteuses dans ce domaine, mais aussi les inquiétudes, exprimées en France et à l'étranger, sur leurs impacts sociétaux éventuels.
Il a précisé qu'il allait sans attendre lancer un grand débat national sur les enjeux et les opportunités de ces nouvelles technologies. Le Gouvernement travaille activement à l'organisation de ce débat.
Le Gouvernement considère que cet avis du CPP constituera une contribution d'acteurs importante à ce débat.
Pour moi, l'avis du CPP s'inscrit dans un processus d'accompagnement du progrès scientifique et technologique.
Un tel progrès n'est durable que s'il prend en compte les impacts potentiels sur l'environnement et la santé des personnes.
Nous nous situons bien là dans le cadre de l'application du principe de précaution, en tant que principe d'action pour et non contre la promotion de nouvelles technologies.
L'avis du CPP que vous allez nous présenter rappelle la place des nano-particules produites intentionnellement dans notre environnement.
Il insiste sur la nécessité, devant une problématique émergente intéressant de nombreux secteurs sensibles dont la protection de l'environnement et de la santé, de développer de manière soutenue une recherche ample et dynamique, multidisciplinaire.
Il souligne le rôle de l'anticipation dans les mesures éventuelles à prendre pour protéger les personnes, notamment sur les lieux de travail, en concertation avec les instances concernées au plan national et en harmonie avec les instances européennes.
Enfin, il met en avant le côté essentiel d'une information précoce, large et continue vers les professionnels et la population, avec un esprit de dialogue, pour éviter notamment toute dérive concernant les nano-technologies.
Permettez moi à nouveau de saluer ce travail extrêmement intéressant et de laisser la parole au Professeur Grimfeld pour qu'il nous le présente plus en détail.
Malgré tout l'intérêt que je porte à ce travail, je serai malheureusement obligée de vous quitter dans quelques minutes pour rejoindre le Conseil des Ministres.
Sachez toutefois que ce Conseil des Ministres ne sera pas sans lien avec le sujet qui nous réunit puisque j'y présenterai avec mon collègue Xavier Bertrand une communication sur la mise en oeuvre du Plan National Santé Environnement adopté il y a deux ans à la demande du Président de la République. Je vous invite d'ailleurs, si votre emploi du temps le permet, à assister au point presse que tiendront en parallèle les 5 directeurs d'administration concernés à 10h15 au salon bleu de ce ministère.
Vous le voyez, sous l'impulsion du Président de la République, le Gouvernement mène une politique dynamique sur ces questions de santé environnement.
Je vous remercie de votre attention et je cède maintenant la parole au Professeur Grimfeld.Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 5 juillet 2006