Texte intégral
F. Perruche - Même si l'on s'achemine vers une accalmie bienvenue côté mercure, dans les jours qui viennent, la sécheresse menace. Des mesures de restriction d'eau ont été prises dans une quarantaine de départements. La situation est préoccupante en Ile de France, dans le Sud Est, le Sud Ouest et la région Poitou Charente. Les agriculteurs s'en inquiètent, certains craignent pour leurs récoltes, d'autres n'ont plus de fourrages comme en zones de montagne pour nourrir les bêtes. Bonjour D. Bussereau, ministre de l'Agriculture. Les éleveurs ou les céréaliers ont t-ils des raison d'être inquiets ?
R - Sur le plan des céréales, on s'attendait à une récolte exceptionnelle cette année. Tout était prêt pour cela. La récolte sera moins bonne que prévu malheureusement. Mais elle sera quand même, je l'espère, bonne. Sur le plan des fourrages, c'est vrai qu'il y a quelques raisons d'être inquiets. Il y a des régions où on manque de fourrages. C'est la raison pour laquelle, j'ai demandé à la Commission européenne, et j'attends la réponse aujourd'hui, de nous autoriser à pâturer les jachères dans la totalité des départements. On avait déjà obtenu l'autorisation pour 68 départements. J'espère aujourd'hui avoir l'autorisation pour l'ensemble du territoire national.
Q - Le fourrage touche plutôt les agriculteurs de montagne dans l'Est ?
R - Oui, plutôt les agriculteurs de montagne. Alors vous savez qu'en 2003, la profession s'était organisée avec le concours des pouvoirs publics pour transférer du fourrage. On n'en est pas là aujourd'hui, mais si il y a besoin dans telle ou telle partie de France de faire jouer la solidarité nationale, naturellement la cellule de vigilance sécheresse qui a été mise en place hier à mon ministère, à tout moment, pourra organiser ce type d'opérations. Mais pour l'instant, nous ne sommes pas encore dans la situation d'extrême difficulté qu'avait atteint notre pays en 2003.
Q - Vous parliez des récoltes tout à l'heure, il n'y a pas de problème sensible ? Vous estimez qu'il y aura une légère baisse des récoltes de blé notamment ?
R - Il y aura, si vous voulez, une légère baisse, mais comme l'on s'attendait à une récolte historique, cela restera je l'espère, une bonne récolte. Et puis tout dépend de ce qui va se passer. Nous avons vécu cette nuit, sur une grande partie du territoire français, des épisodes orageux très importants. Vous annonciez tout à l'heure d'autres épisodes pour cette journée sur une partie importante du territoire, voilà. On est qu'à la moitié de l'été, on est à la fin du mois de juillet, tout dépendra naturellement de la première quinzaine du mois d'août. J'ajoute que les préfets dans les départements, avec l'accord de N. Olin,la ministre de l'Ecologie et moi-même, ont pris des mesures de restriction d'eau. Ce qui veut dire en effet que les maïsiculteurs lorsque le mais est irrigué, vont avoir une certaine difficulté à atteindre leurs objectifs. Ils avaient été d'ailleurs très civiques puisqu'ils avaient planté 20% de moins de maïs au printemps, sachant que nous pouvions avoir des difficultés cet été.
Q - Est-ce que vous avez prévu déjà des indemnisations pour les agriculteurs qui sont frappés ou qui pourraient l'être par la sécheresse ? Des budgets ?
R - Alors, il existe de manière traditionnelle, et c'est un dispositif très au point dans notre pays, un système de calamité agricole. Il y a déjà un certain nombre de départements qui ont constitué - une dizaine de départements -, qui ont commencé à constituer des dossiers. Au fur et à mesure que les choses se préciseront, il pourra être mis au point des dossiers département par département. Et nous réunirons dès le mois de septembre, une commission nationale des calamités qui examinera les dossiers en fonction des situations.
Q - Donc pour l'instant, si je vous suis bien, il n'y a rien d'alarmant ?
R - Non, mais ce n'est pas loin. Il faut faire attention, être prudent et dans certains cas, nous ferons jouer la solidarité. Mais pour l'instant, la situation est moins alarmante qu'elle ne l'était en 2003.
Q - Alors il y a un autre dossier qui vous concerne directement, c'est celui des OGM. Greenpeace vient d'être condamnée par un tribunal parisien pour avoir diffusé sur son site Internet l'emplacement de deux parcelles de maïs génétiquement modifié dans le Sud Ouest. Condamnée d'une certaine façon, pour avoir voulu informer les Français. La justice a estimé qu'il y avait atteinte à la vie privée et je vous propose d'abord d'écouter A. Apoteker, responsable de la campagne anti OGM à Greenpeace.
A. Apoteker : Nous sommes en colère parce que nous avions décidé d'informer les citoyens sur les lieux où l'on cultive des OGM de façon commerciale, en France. Pour que les apiculteurs, par exemple, puissent éviter d'avoir des OGM dans leur miel. Pour qu'enfin, la volonté des Français d'avoir une alimentation sans OGM soit respectée. Or, on nous a ordonné de retirer les informations concernant ces champs.
Q - Et pourtant il y a une directive européenne qui oblige la France à le faire ?
A. Apoteker : Exactement, c'est pourquoi je trouve que cette décision n'est pas une décision de justice mais une décision d'injustice parce que la loi européenne impose la tenue de registres mis à la disposition du public sur lesquels sont indiqués les champs d'OGM commerciaux. Or la France n'a pas transcrit dans le droit français cette directive européenne. Elle est donc, de notre point de vue, dans l'illégalité et le tribunal a réellement penché pour la protection immédiate de deux cultivateurs d'OGM au détriment de la protection de l'environnement et du public, au sens large.
Q - D. Bussereau, vous venez d'entendre ce représentant de Greenpeace.Alors est-ce que la France va suivre cette directive européenne et informer le public ?
R - Fort heureusement pour les libertés des Français, Greenpeace n'est pas le législateur. La situation est la suivante, il y a une directive européenne, c'est exact. Nous avons pris du retard pour la transcrire en droit français puisqu'une directive ne s'applique que lorsque le Parlement l'a transcrit. Le texte est actuellement, a déjà été voté par l'une de nos deux assemblées. Il reviendra ensuite devant la seconde assemblée lorsque le Parlement reprendra ses travaux. Et puis nous aurons une législation adaptée. C'est vrai que pour l'instant, nous sommes dans un système dans lequel nous faisons de l'information sur Internet, nous consultons etc. Mais on peut en effet aller plus loin dans la transparence. Cela n'autorise pas tant que la loi n'est pas votée à faire n'importe quoi comme l'a fait Greenpeace. Et cela n'autorise pas monsieur J. Bové et quelques autres à aller faucher des parcelles. Je rappelle qu'aujourd'hui, les parcelles que nous avons sont pour la recherche scientifique. Il y en a deux fois moins qu'à l'époque du gouvernement Jospin. Et très souvent, elles sont pour la recherche médicale. Donc ceux qui s'amusent à ce type d'actes doivent être punis par la loi parce que c'est tout à fait scandaleux d'agir ainsi. Les OGM quand il y a des essais, ce n'est pas pour le plaisir, c'est pour faire avancer la science.
Q - Merci D. Bussereau, ministre de l'Agriculture, d'avoir été avec nous ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 27 juillet 2006
R - Sur le plan des céréales, on s'attendait à une récolte exceptionnelle cette année. Tout était prêt pour cela. La récolte sera moins bonne que prévu malheureusement. Mais elle sera quand même, je l'espère, bonne. Sur le plan des fourrages, c'est vrai qu'il y a quelques raisons d'être inquiets. Il y a des régions où on manque de fourrages. C'est la raison pour laquelle, j'ai demandé à la Commission européenne, et j'attends la réponse aujourd'hui, de nous autoriser à pâturer les jachères dans la totalité des départements. On avait déjà obtenu l'autorisation pour 68 départements. J'espère aujourd'hui avoir l'autorisation pour l'ensemble du territoire national.
Q - Le fourrage touche plutôt les agriculteurs de montagne dans l'Est ?
R - Oui, plutôt les agriculteurs de montagne. Alors vous savez qu'en 2003, la profession s'était organisée avec le concours des pouvoirs publics pour transférer du fourrage. On n'en est pas là aujourd'hui, mais si il y a besoin dans telle ou telle partie de France de faire jouer la solidarité nationale, naturellement la cellule de vigilance sécheresse qui a été mise en place hier à mon ministère, à tout moment, pourra organiser ce type d'opérations. Mais pour l'instant, nous ne sommes pas encore dans la situation d'extrême difficulté qu'avait atteint notre pays en 2003.
Q - Vous parliez des récoltes tout à l'heure, il n'y a pas de problème sensible ? Vous estimez qu'il y aura une légère baisse des récoltes de blé notamment ?
R - Il y aura, si vous voulez, une légère baisse, mais comme l'on s'attendait à une récolte historique, cela restera je l'espère, une bonne récolte. Et puis tout dépend de ce qui va se passer. Nous avons vécu cette nuit, sur une grande partie du territoire français, des épisodes orageux très importants. Vous annonciez tout à l'heure d'autres épisodes pour cette journée sur une partie importante du territoire, voilà. On est qu'à la moitié de l'été, on est à la fin du mois de juillet, tout dépendra naturellement de la première quinzaine du mois d'août. J'ajoute que les préfets dans les départements, avec l'accord de N. Olin,la ministre de l'Ecologie et moi-même, ont pris des mesures de restriction d'eau. Ce qui veut dire en effet que les maïsiculteurs lorsque le mais est irrigué, vont avoir une certaine difficulté à atteindre leurs objectifs. Ils avaient été d'ailleurs très civiques puisqu'ils avaient planté 20% de moins de maïs au printemps, sachant que nous pouvions avoir des difficultés cet été.
Q - Est-ce que vous avez prévu déjà des indemnisations pour les agriculteurs qui sont frappés ou qui pourraient l'être par la sécheresse ? Des budgets ?
R - Alors, il existe de manière traditionnelle, et c'est un dispositif très au point dans notre pays, un système de calamité agricole. Il y a déjà un certain nombre de départements qui ont constitué - une dizaine de départements -, qui ont commencé à constituer des dossiers. Au fur et à mesure que les choses se préciseront, il pourra être mis au point des dossiers département par département. Et nous réunirons dès le mois de septembre, une commission nationale des calamités qui examinera les dossiers en fonction des situations.
Q - Donc pour l'instant, si je vous suis bien, il n'y a rien d'alarmant ?
R - Non, mais ce n'est pas loin. Il faut faire attention, être prudent et dans certains cas, nous ferons jouer la solidarité. Mais pour l'instant, la situation est moins alarmante qu'elle ne l'était en 2003.
Q - Alors il y a un autre dossier qui vous concerne directement, c'est celui des OGM. Greenpeace vient d'être condamnée par un tribunal parisien pour avoir diffusé sur son site Internet l'emplacement de deux parcelles de maïs génétiquement modifié dans le Sud Ouest. Condamnée d'une certaine façon, pour avoir voulu informer les Français. La justice a estimé qu'il y avait atteinte à la vie privée et je vous propose d'abord d'écouter A. Apoteker, responsable de la campagne anti OGM à Greenpeace.
A. Apoteker : Nous sommes en colère parce que nous avions décidé d'informer les citoyens sur les lieux où l'on cultive des OGM de façon commerciale, en France. Pour que les apiculteurs, par exemple, puissent éviter d'avoir des OGM dans leur miel. Pour qu'enfin, la volonté des Français d'avoir une alimentation sans OGM soit respectée. Or, on nous a ordonné de retirer les informations concernant ces champs.
Q - Et pourtant il y a une directive européenne qui oblige la France à le faire ?
A. Apoteker : Exactement, c'est pourquoi je trouve que cette décision n'est pas une décision de justice mais une décision d'injustice parce que la loi européenne impose la tenue de registres mis à la disposition du public sur lesquels sont indiqués les champs d'OGM commerciaux. Or la France n'a pas transcrit dans le droit français cette directive européenne. Elle est donc, de notre point de vue, dans l'illégalité et le tribunal a réellement penché pour la protection immédiate de deux cultivateurs d'OGM au détriment de la protection de l'environnement et du public, au sens large.
Q - D. Bussereau, vous venez d'entendre ce représentant de Greenpeace.Alors est-ce que la France va suivre cette directive européenne et informer le public ?
R - Fort heureusement pour les libertés des Français, Greenpeace n'est pas le législateur. La situation est la suivante, il y a une directive européenne, c'est exact. Nous avons pris du retard pour la transcrire en droit français puisqu'une directive ne s'applique que lorsque le Parlement l'a transcrit. Le texte est actuellement, a déjà été voté par l'une de nos deux assemblées. Il reviendra ensuite devant la seconde assemblée lorsque le Parlement reprendra ses travaux. Et puis nous aurons une législation adaptée. C'est vrai que pour l'instant, nous sommes dans un système dans lequel nous faisons de l'information sur Internet, nous consultons etc. Mais on peut en effet aller plus loin dans la transparence. Cela n'autorise pas tant que la loi n'est pas votée à faire n'importe quoi comme l'a fait Greenpeace. Et cela n'autorise pas monsieur J. Bové et quelques autres à aller faucher des parcelles. Je rappelle qu'aujourd'hui, les parcelles que nous avons sont pour la recherche scientifique. Il y en a deux fois moins qu'à l'époque du gouvernement Jospin. Et très souvent, elles sont pour la recherche médicale. Donc ceux qui s'amusent à ce type d'actes doivent être punis par la loi parce que c'est tout à fait scandaleux d'agir ainsi. Les OGM quand il y a des essais, ce n'est pas pour le plaisir, c'est pour faire avancer la science.
Q - Merci D. Bussereau, ministre de l'Agriculture, d'avoir été avec nous ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 27 juillet 2006