Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur l'industrie touristique internationale et la coopération interministérielle pour la protection de l'environnement, Paris le 19 septembre 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Première réunion du Groupe de travail international sur le tourisme durable, à Paris les 18 et 19 septembre 2006

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse de clôturer cette première réunion du groupe de travail international sur le développement du tourisme durable, que j'ai lancé, avec mon collègue Léon BERTRAND, Ministre délégué au Tourisme, en février dernier à Dubaï, lors du conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'Environnement.
Je tiens à remercier les nombreuses délégations étrangères présentes dans cette salle d'avoir participé aux travaux sur ce sujet.
Dans le contexte de mondialisation des échanges que nous connaissons, le tourisme, premier secteur économique mondial, est en pleine expansion.
L'Organisation Mondiale du Tourisme prévoit en 2020 un milliard et demi de touristes dans le monde, soit plus d'un cinquième de la population mondiale.
On peut imaginer les conséquences que le triplement des flux touristiques, en l'espace d'une seule génération, aura sur l'environnement s'il n'est pas maîtrisé.
Il est donc indispensable de prendre la mesure des impacts du tourisme sur l'environnement ainsi que sur le bien-être et la culture des populations d'accueil.
Permettez-moi d'être concrète et directe.
A ce jour, le tourisme représente la moitié des émissions de gaz à effet de serre des vols internationaux, et participe ainsi considérablement au réchauffement climatique.
Par ailleurs, les besoins croissants en eau et en énergie de l'industrie touristique, très largement dus aux piscines ou aux climatisations des hôtels, entrent directement en concurrence avec ceux des populations locales, au Nord comme au Sud.
Ainsi, en France, les canons à neige prélèvent chaque année l'équivalent de la consommation annuelle en eau d'une ville de plus de 170 000 habitants !
Le tourisme génère également des déchets et accroît la pollution sur les lieux d'accueil. La défiguration des côtes et de la montagne doit également être maîtrisée.
A titre d'exemple, selon le Plan bleu pour la Méditerranée, 30% des côtes méditerranéennes sont déjà artificialisés et cela devrait se poursuivre si rien n'est fait.
Nous avons également pu constater les dommages terribles infligés au secteur touristique par les catastrophes naturelles que nous avons connues ces dernières années, telles que le tsunami qui a frappé l'Asie en décembre 2004 ou les ouragans qui ont sévi sur la mer des Caraïbes en 2005, pour ne citer que ces deux terribles exemples.
Ils montrent bien que la qualité des espaces naturels et des sites fait désormais pleinement partie du produit touristique proposé aux voyageurs.
Qui voudrait continuer à aller aux Maldives si les récifs coralliens ne sont pas préservés ?
La qualité environnementale est donc un facteur de compétitivité.
Développement économique et protection de l'environnement ne peuvent pas être opposés : ils doivent au contraire se renforcer l'un l'autre. Ils sont pleinement complémentaires.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de créer le groupe de travail international sur le développement du tourisme durable.
Celui-ci s'inscrit dans le cadre du processus de Marrakech sur la consommation et la production durables lancé lors du Sommet de Johannesburg en 2002.
Le nombre et la qualité des interventions durant ces deux jours d'ateliers ont été remarquables.
C'est un signe que la mobilisation est très forte sur cette thématique et qu'elle concerne à la fois des administrations nationales, des organisations internationales, des fédérations professionnelles, des organisations non gouvernementales ou encore des collectivités territoriales.
J'en tire la conviction que l'action est non seulement possible, mais nécessaire.
Ensemble, nous devons promouvoir le développement du tourisme durable.
A cette fin, nous devons échanger nos expériences, afin de les diffuser dans chacun de nos pays et de susciter des projets pilotes et des bonnes pratiques, comme la formation des acteurs du tourisme à l'environnement.
Je parle d'urgence mais j'ai conscience du chemin accompli depuis une dizaine d'années en ce domaine et de la qualité des orientations, travaux et expériences dont vous avez débattus.
Depuis le Sommet de la Terre qui s'est tenu à Rio en 1992, le concept de tourisme durable n'a cessé de gagner du terrain tant au niveau international qu'au niveau régional et national.
Ainsi, dès 1995, l'Organisation Mondiale du Tourisme, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement ou encore l'UNESCO, dont je salue les représentants ici, élaboraient une Charte du tourisme durable. Depuis, ces instances n'ont eu de cesse d'inciter les acteurs privés et publics à prendre des mesures permettant un tourisme plus équitable et plus soucieux de l'environnement.
Cette année, le Gouvernement français et le Ministère de l'écologie ont souhaité renforcer leur engagement sur le tourisme durable et ont augmenté leur contribution afin de réaliser plus de projets, portant notamment sur la sensibilisation des touristes et sur la formation à la durabilité du tourisme dans les écoles hôtelières.
Une forte coopération au sein de l'Union européenne est également essentielle pour permettre une meilleure gestion du tourisme de masse.
L'Europe est en effet la première région d'origine des touristes. La Charte européenne du tourisme durable, qui promeut une démarche spécifique aux espaces protégés, existe depuis 1998. 15 espaces protégés français en sont d'ailleurs signataires.
Plus généralement, le Ministère de l'écologie et du développement durable soutient depuis une quinzaine d'années une politique touristique respectueuse de l'environnement.
A titre d'exemple, mon Ministère s'engage progressivement dans la compensation des émissions de gaz à effet de serre dues aux déplacements professionnels en avion de nos agents.
D'ailleurs, je peux vous annoncer aujourd'hui que j'ai décidé d'intégrer l'ensemble des émissions dues aux billets d'avion qui ont été pris en charge par la France pour cette manifestation dans le décompte des émissions de CO2 à compenser pour 2006.
Car les principes du développement durable doivent s'appliquer à tous, et en premier lieu à nous-mêmes.
C'est afin de permettre un échange et une meilleure connaissance des expériences et des projets développés par les acteurs français que nous avons souhaité créer au niveau français un Comité qui rassemble plusieurs Ministères, un grand nombre d'organismes publics et privés, des ONG et des collectivités territoriales.
Le croisement des différentes visions du tourisme durable et des savoirs particuliers de chacun est, en effet, un réel enrichissement et j'invite chaque pays participant à ce groupe de travail à faire de même.
Vous me permettrez à cet égard de saluer le travail mené sur ce sujet depuis plusieurs mois par les personnels des Ministères de l'écologie, du tourisme et des affaires étrangères.
Les deux journées qui se clôturent ont été fructueuses en débats et riches en propositions.
Nous devons maintenant tirer tous les dividendes de ces discussions afin de mettre en oeuvre le programme d'actions qui a été initié aujourd'hui. Les mois qui viennent devront permettre de faire avancer notre projet d'ici la prochaine réunion qui aura lieu du 12 au 14 mars prochains à Paris, en vue de présenter nos premiers résultats lors de la conférence du Processus de Marrakech qui se tiendra en Suède en juin 2007.
C'est un magnifique projet et je vous remercie tous d'y contribuer.
Il est au service de la conservation d'une nature riche et vivante, il est au service d'un projet social et harmonieux pour l'Humanité.
Comptez sur ma détermination pour avancer, avec vous, sur cet enjeu majeur du développement durable de notre planète.
Je vous remercie.Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 19 septembre 2006