Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur l'état de la justice en France et sur les réformes qu'il conviendrait de mener, Bordeaux le 5 novembre 2006.

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Circonstance : Meeting à Bordeaux sur le thème de la justice le 5 novembre 2006

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Permettez-moi tout d'abord, en prologue à mon propos du jour, de vous dire tout mon plaisir de m'adresser à vous dans le cadre superbe de ce Palais des Congrès de Bordeaux, entièrement refait il y a deux ans, et où nous avions déjà, l'an dernier, organisé notre Université d'été.
La réfection du bâtiment lui donne, incontestablement, le standing nécessaire à l'accueil d'évènements de grande envergure, servant ainsi de vitrine à Bordeaux, fière capitale d'Aquitaine, grand port de l'Atlantique et magnifique ambassadeur de notre viticulture, fleuron de l'art de vivre à la Française.
J'adresse tout d'abord mes remerciements au Comité aux Manifestations, maître d'oeuvre principal de ce banquet patriotique et plus particulièrement à Jean-Michel Dubois, Yann Le Pen, Sandrine Leroy et Catherine Besson.
J'y associe bien sûr la puissance invitante, notre représentant dans le département et la Région, Jacques Colombier, Membre du Bureau Politique, Président du groupe Front National au Conseil Régional d'Aquitaine, que je tiens à féliciter de sa brillante réélection au Conseil municipal de Bordeaux, ainsi toute l'équipe de la fédération, qui assure, avec lui, l'animation de notre action sur la ville.
Vous le savez, mesdames et messieurs, le feuilleton politico-judiciaire de l'affaire Juppé a marqué profondément la vie bordelaise depuis trois ans, jetant le discrédit, le doute et le soupçon sur les moeurs politiques françaices.
En décembre 2004 en effet, l'ancien Premier Ministre, reconnu coupable de prise illégale d'intérêt dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, a été condamné à une peine de 14 mois de prison avec sursis et d'un an d'inéligibilité par la Cour d'Appel de Versailles.
Cette clémence relative est choquante, d'abord parce que l'exemple venant d'en haut dans la société, les magistrats devraient être intraitables dans les affaires de magouilles politico-financières. Hélas, il n'en est point ainsi et l'immense majorité d'entre elles ont abouti dans des culs de sac, alors que les coupables auraient dû finir en cul de basse fosse.
Comment lutter en effet contre la délinquance et la criminalité lorsque même les élus enfreignent la loi !
Les jeunes qui sont interpellés par la police pour telle ou telle infraction ne se privent pas de dire « j'ai volé, peut-être, mais toujours moins que le ministre ! ».
La clémence dont certains bénéficient est d'autant plus choquante que d'autres, qui ne sont ni connus, ni estimés en haut lieu, et qui essaient simplement de faire tourner leur PME, leur commerce ou leur activité libérale, subissent la loi pénale dans toute sa rigueur, simplement parfois pour des retard de paiement d'URSSAF !
L'inégalité devant la justice est la plus insupportable des inégalités, c'est celle qui heurte le coeur des hommes le plus profondément, le plus durablement, le plus définitivement. Cette injustice est une Immorale.
I- A proprement parler, la justice française est aujourd'hui dans un état de déliquescence matérielle et morale avancées.
A la crise de confiance s'ajoute en effet l'insuffisance notoire des moyens matériels et humains, sans même parler des effets catastrophiques d'une législation pénale laxiste et d'une pratique judiciaire peu dissuasive.
En parfait adepte de la méthode Coué à laquelle la classe politique nous a habitués depuis 20 ans, Pascal Clément, le Garde des Sceaux, s'est récemment félicité de l'augmentation de 5 % des crédits du budget de la Justice en 2007.
C'est dérisoire, puisqu'avec 6,3 milliards d'euros seulement, le budget de la Justice représente seulement 2,3 % du budget global de l'Etat en 2007, et à peine 0,37 % du PIB.
L'effort consacré au système judiciaire place la France au 29ème rang seulement au niveau mondial.
Le pays consacre 51 euros par an et par habitant à sa justice. La moitié de ce que dépense l'Allemagne.
Il y avait 7. 000 Magistrats en fonction en 2005, à peine quelques centaines de plus qu'en 1830, alors que le nombre de crimes et délits annuels a été multiplié par 15, dans notre pays, depuis 30 ans.
L'Allemagne, elle, compte 26.000 magistrats, soit 3 fois plus que nous, alors que la population n'est qu'une fois et demi supérieure.
Le résultat en est que 8 plaintes sur 10 sont classées sans suite.
Oh, certes, il ne faut pas tout mettre sur le dos des magistrats.
D'abord, 1 infraction sur 3 seulement est élucidée dans notre pays, ce qui met en cause l'efficacité de la police, et pas celle des juges.
Ensuite, les juges subissent la multiplication des textes de lois, des actes réglementaires, des normes européennes et des traités internationaux.
Cette inflation normative, alibi des politiciens, correspond à la complexification de la vie, mais ralentit considérablement l'activité judiciaire.
Enfin, les magistrats savent que les capacités pénitentiaires du pays sont saturées.
Dès lors, pourquoi condamner à des peines privatives de liberté dont on sait qu'elles ne seront pas exécutées, faute de place ?
Il faut bien mesurer en effet, mesdames et messieurs, l'extrême dénuement, la misère même, de notre système carcéral.
Il y avait 58.000 détenus en 2005, pour un nombre de places mises en service à peine égal à 50.000 en 2005.
On s'entasse donc, dans les prisons, ce qui n'est guère propice au redressement moral des détenus, et à leur réinsertion.
Parfois, je le répète, les condamnés n'effectuent purement et simplement pas leur peine !
Il faut savoir qu'en France, le taux moyen d'exécution des peines prononcées est de 70 % seulement !
12 % de la totalité des peines de prisons font l'objet d'un classement sans mise à exécution, faute de place.
Près d'un condamné sur deux à de la prison ferme n'a toujours pas exécuté sa peine dix-huit mois après son jugement !
Comment un grand pays développé peut-il se retrouver dans une situation aussi ubuesque ?
Pourquoi une telle pénurie ?
Parce que dans ce domaine comme dans bien d'autres, depuis trente ans, les gouvernements successifs n'ont rien construit, rien prévu, rien programmé.
Monsieur Bédier, éphémère Secrétaire d'Etat à l'Administration Pénitentiaire, a lancé en 2002 et 2003 un programme de construction de prison. Le problème, c'est qu'il risque d'être le premier pensionnaire des prisons qu'il construisait.....
Mes chers amis, il faut voir les choses en face : débordé de travail, privé des moyens minimaux indispensables, le corps des magistrats n'a plus les moyens de remplir sa mission fondamentale de protection des citoyens et de la société.
On ne sanctionne plus assez, plus assez vite, plus assez fort.
Résultat, le sentiment d'impunité se répand, poussant les délinquants à des transgressions de plus en plus nombreuses et de plus en plus graves.
Pourtant, une vérité d'évidence s'impose à toutes les sociétés depuis des siècles et des siècles.
Cette vérité, c'est celle qui veut que la dissuasion par la sanction est d'autant plus forte que la peine est rapide, certaine et proportionnée.
Or en France, en première instance, les tribunaux mettent en moyenne 240 jours à traiter les délits, contre 150 jours aux Pays-Bas.
De plus, les condamnations à des peines privatives de liberté sont de moins en moins fréquentes, or l'on sait que ces peines sont les seules qui soient vraiment dissuasives.
En 2005, sur 1651 mineurs déférés au Parquet de Seine Saint-Denis, seuls 132 ont été écroués, entraînant chez les jeunes délinquants un sentiment général d'impunité.
Ainsi, alors qu'il y a 57 000 jugements de mineurs chaque année, on ne comptabilise que 600 mineurs incarcérés. Or certains sont de véritables dangers pour la société !
Les laisser en liberté relève de l'inconscience pure et simple, ou bien témoigne d'une complicité passive avec la délinquance.
C'est pourtant ce qui se passe dans notre pays.
Au quotidien, la grande majorité des délinquants échappe à toute peine, et les rares sanctions prononcées sont trop faibles.
En effet, le ramollissement de la législation pénale depuis 35 ans est évident.
Dans le droit pénal français, l'échelle des peines s'est raccourcie.
Par exemple, les hautes sanctions ont quasiment disparu : c'est le cas de la peine de mort et de la détention perpétuelle.
On voit désormais des meurtriers sortir de prison au bout de 4 ou 5 ans.
C'est le résultat de la guerre menée aux longues peines par les associations d'extrême gauche.
C'est le résultat de la politique d'individualisation des sanctions appliquée par les magistrats, qui permet de tenir compte du « contexte social du crime », des « progrès du délinquant », pour moduler le temps de la peine.
Dès lors, il n'y a plus de plafonds ou des planchers légaux, et on ne prend en compte, la larme à l'oeil, que les situations personnelles.
Tout cela a des conséquences, car en affaiblissant le caractère dissuasif du système judiciaire, on encourage la délinquance, la violence, le crime.
Mais faire garder les appartements ministériels de Monsieur Sarkozy par des CRS - comme fut gardée à l'année par une compagnie de Gendarmes Mobiles ou de CRS la propriété de Latché, même en l'absence de Mitterrand - est pourtant moins important que la sécurité du citoyen ordinaire !
Tout est permis aux uns, tandis qu'on laisse l'immense majorité des autres à la merci des prédateurs qui prolifèrent dans nos villes et nos banlieues.
C'est un fait, notre système répressif n'est plus crédible.
Avant de proposer quelque prescription que ce soit, il importe avant tout d'identifier les causes profondes de la décadence de l'institution judiciaire.
II- Je les crois profondément politiques.
L'idéologie « Bobo » a gagné la Justice, au travers de l'hyper-politisé et gauchiste Syndicat de la Magistrature, et de l'enseignement donné à l'Ecole Nationale de la Magistrature.
On y apprend notamment que le délinquant est une victime de la société, un défavorisé de la vie, un écorché vif, un coeur d'or blessé, et j'en passe.
Pour bien le connaître et avoir eu souvent maille à partir avec lui, j'affirme que le Syndicat de la Magistrature, quoi que minoritaire dans le corps des magistrats - 30%, quand même !- est un syndicat proprement subversif.
Ce syndicat semble d'abord détester la police, ce qui, pour des magistrats, est quand même un comble.
Sur la couverture d'une brochure récente, il n'hésitait pas à représenter une tête de cochon coiffé d'un képi de policier !
Mais çà n'est pas tout. Le syndicat de la Magistrature s'enorgueillit aussi d'un texte adressé aux magistrats qui débutent intitulé la harangue de Baudot.
Je voudrais vous en lire quelques passages, pour que vous compreniez bien à quel point le travail de sape des idéologues d'extrême gauche a porté ses fruits dans le corps des magistrats, par le biais de ce syndicat.
S'adressant à des jeunes élèves-magistrats, la harangue du sieur Baudot commence ainsi :
« On vous a dotés d´un pouvoir médiocre: celui de mettre en prison. On ne vous le donne que parce qu'il est généralement inoffensif. Evitez d´abuser de ce pouvoir »
« Ne croyez pas que vous allez, nouveaux saints Georges, vaincre l´hydre de la délinquance par une répression impitoyable »
« Si la répression était efficace, il y a longtemps qu'elle aurait réussi. Si elle est inutile, comme je crois, n´entreprenez pas de faire carrière en vous payant la tête des autres ».
« Qu'on le veuille ou non, vous avez un rôle social à jouer. Vous êtes des assistantes sociales. Vous ne décidez pas que sur le papier. Vous tranchez dans le vif. Ne fermez pas vos coeurs à la souffrance ni vos oreilles aux cris ».
« Soyez partiaux.... Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l´enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l´ouvrier contre le patron, pour l´écrasé contre la compagnie d´assurance de l´écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice ».
Voilà ce qu'on inculque, ou plutôt ce qu'on inocule, aux jeunes élèves-magistrats : être partial, considérer le criminel comme une victime de la société, et la prison comme une plaie bien pire que le mal.
A l'occasion de l'examen du budget 2007, la principale préoccupation du Syndicat de la Magistrature a d'ailleurs été de limiter les crédits destinés à la construction de nouveaux établissements pénitentiaires.
C'est la vieille hostilité à la prison, qui rappelle si agréablement à la gauche Bobo le fameux « surveiller et punir » de Michel Foucault, lequel voulait supprimer les prisons.
Son idéal, c'est le Tout-sauf-Réprimer, qui fut théorisé par Marc Ancel, le maître à penser de Badinter, dans sa fameuse et fumeuse théorie de la « Défense Sociale Nouvelle », véritable manifeste du désarmement matériel intellectuel et moral de la société face à la délinquance et la criminalité.
Cette idéologie est très forte dans le corps des magistrats : en novembre et décembre 2005, suite aux émeutes, il y a eu 6.000 interpellations, mais seulement 1.328 demandes d'écrous, donc probablement la moitié effectivement réalisée !
C'est l'inversion de toutes les valeurs qui devraient structurer une justice digne de ce nom.
Par nature, un magistrat doit être impartial, protéger les victimes des délinquants et considérer la prison, lorsqu'elle est justifiée, comme une véritable nécessité sociale.
Or, chez nous, on finit par mettre sur le même plan les délinquants et les honnêtes gens, ce qui explique une bonne part de nos problèmes d'insécurité.
Mais la paralysie du service public de la sécurité est une insulte aux honnêtes citoyens.
Mais le sentiment se répand qu'il y a, antiracisme oblige, deux poids et deux mesures.
Déjà, les Français avaient le sentiment qu'il y avait une justice à deux vitesses : une justice clémente et complice pour l'establishment, et une justice impitoyable pour l'automobiliste et le fumeur.
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »
Jamais cette maxime de La Fontaine n'a été aussi actuelle.
J'en ai fait moi-même souvent la bien cruelle expérience, tant il est évident que j'ai souvent perdu mes procès parce que je m'appelle Le Pen et non en raison de ce qui m'était reproché.
J'ai subi, vous le savez, l'injustice pénale, dans l'affaire de la torture en Algérie, l'injustice électorale dans l'affaire de ma domiciliation lors des régionales de 2004, l'injustice fiscale pour avoir le droit d'habiter chez moi, dans le Parc de Montretout, l'injustice politique dans l'affaire de Mantes-La-Jolie et plus récemment pour une opinion émise sur les perspectives de l'immigration.
Et ce ne sont là que quelques unes des injustices qui m'ont été faite depuis 30 ans. Je ne peux pas toute les rappeler, car la liste serait trop longue et trop fastidieuse.
Mais moi, je n'en ai oublié aucune.
Audiard disait :
« La justice, c'est comme la Sainte Vierge, si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s'installe ».
Alors oui, je le dis, le doute s'est installé et je n'ai plus confiance dans la justice de mon pays, que je crois, malgré la présence de nombreux magistrats honnêtes, globalement corrompue, aux ordres et profondément pervertie par des idéologies néfastes.
J'y crois d'autant moins que l'Affaire d'Outreau a montré où peut conduire un pouvoir judiciaire sans contrôle.
Selon le Conseil de l'Europe d'ailleurs, la justice française se singularise par l'extrême faiblesse du nombre des procédures disciplinaires engagées contre les magistrats pour faute déontologique ou insuffisance professionnelle et l'Etat français est très souvent condamné par la Cour de Justice Européenne pour ses dénis de justice.
Il est temps de changer tout cela, parce que cela ne peut tout simplement plus durer.
III- S'il est une affaire de principe, c'est en effet bien celle là.
Il n'y a pas de droit ni de justice sans morale, sans distinction du bien et du mal, enseigné tout au long de la vie sociale, dans la famille, par l'exemple, à l'école - non seulement par l'enseignement, mais par le comportement des maîtres - , dans le travail, et plus généralement dans la cité.
L'exercice d'une justice ferme, sereine, égale et impartiale est la première condition de l'équilibre social.
La justice, c'est d'abord la garantie de la sécurité des citoyens.
En ce sens, la justice est la première mission de la souveraineté.
Certes, elle n'est plus un des trois pouvoirs définis par Montesquieu dans l'Esprit des lois, lui-même conseiller au Parlement de Bordeaux, puisque notre Constitution de 1958 ne la dénomme qu'autorité judiciaire.
Mais la Justice, service public, noble par sa finalité, a pour mission de défendre la liberté, la sécurité, l'équité, mais aussi la paix et la concorde publique. Elle est rendue au nom du Peuple et est une émanation de la Nation.
D'ailleurs, la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen place la « sûreté », c'est-à-dire la sécurité, au rang des quatre droits fondamentaux reconnus à la personne humaine, au même titre que "la liberté, la propriété et la résistance à l'oppression".
La sécurité est donc, bien naturellement, la première justification de l'Etat et la première raison de la délégation d'assurer l'ordre civil que les citoyens consentent aux pouvoirs publics, y compris à l'ordre judiciaire.
La sécurité est la première des libertés : celle qui permet tout simplement d'aller et de venir paisiblement.
Pour être affaire de liberté, la sécurité n'est cependant pas que cela : lorsque la sécurité n'est plus assurée, la loi de la jungle règne et l'insécurité frappe en priorité les plus faibles, c'est-à-dire ceux qui ne peuvent se défendre physiquement, comme les femmes, les enfants, les handicapés, les pauvres ou les personnes âgées, ni avoir recours à des protections privées.
La sécurité est donc bien évidemment une condition de l'égalité de tous les citoyens devant la loi.
Dès lors, chacun de nous perçoit bien toute l'importance sociale de la mission des juges.
Il faut donc garantir à la fois leur indépendance et leur neutralité politique et philosophique, ce qui suppose de prendre deux décisions essentielles.
1) Il faut d'abord supprimer l'Ecole Nationale de la Magistrature, véritable séminaire des différentes idéologies judiciaires gauchistes. Elle sera remplacée par des Centre Régionaux de Formation des Magistrats. Le recrutement des magistrats doit aussi s'effectuer par concours ouvert aux métiers du droit (avocats, commissaires de police, fonctionnaires) et leur formation doit s'effectuer sur le tas.
2) Je crois également que la fonction de magistrat n'est pas compatible avec l'exercice d'un syndicalisme politisé.
Je propose donc de substituer aux syndicats - dont l'un au moins, le Syndicat de la Magistrature, est outrageusement politisé - un système d'arbitrage judiciaire des conflits sociaux de la magistrature.
L'indépendance des juges est en effet fondamentale, mais aussi leur neutralité politique ou philosophique.
C'est à cette condition et à cette condition seulement que l'on permettra au Conseil Supérieur de la Magistrature de remplir systématiquement sa mission de contrôle disciplinaire des magistrats, indispensable au bon fonctionnement de la Justice.
Le rétablissement de l'institution dans ses principes moraux, pour être indispensable, n'est cependant pas suffisant.
3) Il faut également augmenter sensiblement le budget de la Justice, pour accroître ses moyens matériels et juridiques, en augmentant le nombre de magistrats, le nombre de tribunaux d'instance, le nombre de greffiers, le nombre de policiers affectés aux palais de justice ou la peur des prédateurs complices des accusés a fait son entrée.
C'est là une condition de la sérénité judiciaire, tant au moment de l'instruction des affaires, de leur étude, qu'au moment des instances elles-mêmes.
Il n'est pas rare en effet d'entendre des menaces à l'intention des juges, émanant des familles, des parties civiles ou de leurs copains, à l'occasion des procès.
C'est intolérable, et il faudra y mettre bon ordre.
4) De même, il faut donner à la justice les moyens juridiques de son action.
Je propose bien sûr le rétablissement de la peine de mort pour les crimes plus graves, mais j'affirme également qu'au-delà de cette mesure particulière, la loi pénale doit prévoir la sanction, fut-elle symbolique, de tous les forfaits, fussent-ils bénins.
La tolérance-zéro, appliquée avec tant de succès à New-York au cours de la dernière décennie, doit devenir un des principes fondamentaux de notre ordre juridique.
Il n'est que temps de revenir au principe selon lequel la peur de la sanction dissuade les délinquants, en supprimant notamment la catastrophique « individualisation des peines »et en réintroduisant l'automaticité des peines planchers.
Par ailleurs, l'exemple venant d'en haut, les détenteurs de l'autorité publique convaincus de corruption, d'enrichissement personnel ou de financement politique illégaux seront condamnés à des peines de prison ferme et effective, et devront rembourser au budget de l'Etat les sommes détournées.
Il est temps d'en finir avec l'impunité démoralisatrice dont ont bénéficié les hommes politiques dans les affaires qui empoisonnent la vie politique de la Vème République.
Au quotidien, la délinquance qui gêne le plus les Français est celle des mineurs. Son explosion depuis 10 ans, conséquence du laxisme des familles, de l'école et de l'Etat, suppose en effet des solutions drastiques : abaissement de l'âge de la minorité pénale à 10 ans, incarcération des mineurs multirécidivistes et des chefs de bandes.
Dans ce dernier cas, les peines de prisons infligées s'accompagneront de mesure de resocialisation et de réinsertion en milieu fermé.
Un mot, sur la réinsertion.
Oui, il faut donner aux primo-délinquants une chance de réinsertion, mais pas n'importe comment et à n'importe quel prix.
N'y a-t-il pas de quoi indigner les honnêtes citoyens, surtout les jeunes de familles pauvres, qui apprennent que certains détenus en cours de réinsertion, habitent des châteaux à 12 ou 15 avec 40 moniteurs pour les encadrer ?
Ou que d'autres, comme ceux que j'ai vu moi-même en Corse à Porto-Vecchio, encadrés par trois éducateurs, font le tour de Corse en un mois, sur le yacht de Gaston Defferre, le Palinodie ?
Le lendemain de leur départ, leurs copains marocains essayaient de noyer le capitaine de notre bateau !
Je crois aussi qu'il faut rétablir la légitime défense pour les biens comme pour les personnes, et mettre en place une présomption de légitime défense pour les fonctionnaires de police dans l'exercice de leur fonction.
Dans leur écrasante majorité en effet, les Français ont une opinion positive de leur police.
Or en proposant de filmer les gardes à vue, Sarkozy laisse penser à l'opinion que les policiers sont des brutes, confortant ainsi la gauche française, qui n'a eu de cesse d'attaquer la police depuis 30 ans.
Elle a d'abord multiplié les campagnes de presse sur les « violences policières » ou les « bavures ».
Peu à peu, cette vieille thématique anarchiste s'est embourgeoisée, elle a été toilettée, modernisée, répétée en toute occasion, et l'idée s'est diffusée que les criminels, déjà réputés victimes-de-la-société, étaient en outre maltraités par les forces de l'ordre.
Ensuite, on a mis en cause le « racisme des policiers ».
On ne voit pas pourquoi cette profession serait plus raciste que les autres.
Mais, a répondu la gauche, parce qu'ils arrêtent surtout des maghrébins et des africains, pardi !
La vérité est bien simple, et bien moins offensante pour la police.
Depuis de nombreuses années, les rapports parlementaires ou administratifs eux-mêmes ne dissimulent plus que la délinquance est largement d'origine immigrée.
Récemment encore, le journal Le Point du 14 mars 2005, s'appuyant sur des synthèses émanant de la Direction Centrale de la Sécurité Publique et de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, révélait que 60 à 70% des délinquants sont issus de l'immigration.
En août dernier, le préfet de la région Alsace, Jean-Paul Faugère notait « l'apparition dans les quartiers sensibles des groupes de jeunes ethniquement homogènes ».
Mais ce qu'un préfet peut sous-entendre au détour d'une note confidentielle, vous, braves citoyens français vous n'avez pas le droit de le dire, sauf à passer pour un raciste et à risquer d'être condamné sur dénonciation du MRAP, de la LICRA ou de SOS-Racisme, quand ce n'est pas la Ligue des Droits de l'Homme de gauche.
Cette peur d'avoir une image raciste explique le dramatique choix du « Tout-sauf-réprimer » effectués par les pouvoirs publics à l'occasion des émeutes de novembre 2005.
Surtout pas de blessés chez les émeutiers, telles étaient les consignes de Sarkozy.
Et il n'y en a pas eu, de blessés, chez eux, tandis qu'on en déplorait 224 parmi les forces de l'ordre et les pompiers.
Je le dis sans détours aux policiers et aux gendarmes : le Ministre de l'Intérieur vous utilise comme de vulgaires figurants de sa campagne électorale, et les grands syndicats censés vous représenter sont là pour étouffer votre révolte légitime et défendre non vos intérêts propres, mais ceux du Système !
Non, Mesdames et messieurs, Sarkozy ne fait pas ce qu'il faut pour assurer la sécurité des citoyens.
Par exemple, il n'expulse pas tous les délinquants étrangers. Or l'acte de délinquance est incompatible avec les notions de présence sur notre sol ou de citoyenneté française : tout manquement à cette règle doit donc entraîner le refus d'acquisition de la nationalité française.
C'est cela, la vraie justice que les Français attendent !
5) Comme ils attendent d'ailleurs un accès plus rapide et moins coûteux aux prétoires.
Il est intolérable qu'un immigré en situation irrégulière ne paie rien à l'occasion de ses passages devant la justice, tandis que les nationaux, eux, ne bénéficient pas toujours de l'aide juridictionnelle, et doivent acquitter, entre autre, des honoraires d'avocats renchéris par 20% de TVA !
Il faut dire qu'en France, la justice est coûteuse aux justiciables et que beaucoup de pauvres sont privés de faire valoir leurs droits parce qu'elle est hors de prix pour eux, comme le sont d'ailleurs de plus en plus les soins ou les médicaments remboursés dans certains cas, comme l'optique ou les soins dentaires, au taux de 1 % de dépenses réelles !
Une fois élu, je lancerai un audit des coûts d'accès à la Justice.
Voici, mesdames et messieurs, quelques-unes des mesures à prendre pour restaurer la sécurité dans notre pays.
Mais elles n'ont de sens que s'il y a assez de places de prison, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
6) Je propose donc deux grands axes de réformes dans ce domaine.
D'abord, j'affirme qu'il existe un droit à un emprisonnement digne, ayant mesuré l'inhumanité des prisons françaises actuelles, surpeuplées et délabrées.
Cet état de fait déplorable, joint aux besoins non pris en compte depuis des années, nécessite de lancer un programme de création de 100.000 places de prison supplémentaires sur cinq ans, comme je l'avais d'ailleurs déjà proposé en 2002.
Cet effort doit être couplé à une réflexion sur la différenciation des structures d'emprisonnement, tant il est vrai qu'il ne faut pas mélanger les gros et les petits délinquants, les primo-délinquants et les multirécidivistes, les prévenus et les condamnés.
On sait bien en effet que le mélange des différentes catégories de détenus gêne l'effort de redressement moral et de réinsertion sociale de ceux qui veulent s'amender.
Cette différenciation des structures d'emprisonnement implique donc de stopper immédiatement la grande braderie du patrimoine immobilier de l'Etat : l'armée, l'assistance publique, l'administration du Domaine, cèdent en effet aujourd'hui des casernes, des structures hospitalières, des terrains et des bâtiments, qui pourraient être utiles tant à l'effort d'équipement carcéral qu'à la séparation des différentes catégories de détenus.
Enfin, signe de l'importance de leur mission et au regard de la précarité de leur statut, je propose la revalorisation des traitements et des retraites des gardiens de prisons.
Voilà, mesdames et messieurs, à grands traits, les principaux axes de la politique à mettre en oeuvre pour redresser l'institution judiciaire, assurer la sécurité de nos compatriotes et surtout leur redonner confiance en la justice de leur pays.
Mon propos d'aujourd'hui n'a pas pour ambition de réformer l'ensemble de l'édifice judiciaire, encore qu'il y aurait beaucoup à dire et à faire dans les domaines civil, administratif ou fiscal.
Mais il faut aller au plus pressé, qui est le problème de la sécurité de la Nation des biens et des personnes et le rôle essentiel qu'y joue la justice pénale.
Avant de conclure, permettez moi de vous annoncer les cinq grandes réformes que je conduirai si le peuple français me fait confiance :
1) Punir impitoyablement ceux qui se seront attaqués à la police ou à la gendarmerie.
2) Faire de la prison un lieu humain mais fermement discipliné ; Construire 100.000 places.
3) Etablir des peines promptes, certaines incompressibles, et la peine de mort pour les crimes les plus graves.
4) Modifier le statut des juges et leur recrutement et le revaloriser ; Supprimer l'ENM.
5) Bannir toute politisation de la Magistrature.
Le temps va venir où il faut que les bons se rassurent et que les méchants tremblent.
Source http://www.frontnational.com, le 6 novembre 2006