Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur la politique de l'emploi et du développement à La Réunion, fondée sur l'aide directe aux entreprises, les mesures en faveur de l'emploi et l'investissement pour le développement, Saint-Denis-de-La-Réunion le 25 janvier 2001.

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Circonstance : Déplacement de M. Jospin à La Réunion et à Mayotte, du 24 au 27 janvier 2001-débat sur le thème "Emploi et entreprises à La Réunion" le 25

Texte intégral

Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de me trouver parmi vous aujourd'hui. Je vous remercie d'avoir accepté de participer à cet échange sur le thème de l'emploi et des entreprises à la Réunion. Je voudrais d'abord vous présenter brièvement les grandes lignes de la politique du Gouvernement en faveur de l'emploi et du développement dans les départements d'outre-mer. Puis les ministres qui m'accompagnent -Claude BARTOLONE, ministre délégué à la Ville, Christian PAUL, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, et François PATRIAT, secrétaire d'Etat aux Petites et moyennes entreprises, au Commerce, à l'Artisanat et à la Consommation- et moi-même nous tiendrons prêts à répondre à vos questions.
Depuis trois ans et demi, la croissance et l'emploi sont la priorité numéro 1 du Gouvernement, pour la métropole comme pour l'outre-mer. La croissance retrouvée puis confortée, les emplois jeunes et les 35 heures, l'appui donné aux nouvelles technologies, les réformes fiscales : tout cela a puissamment contribué au recul du chômage. Depuis le mois de juin 1997, près de 1.500.000 emplois ont été créés, 962.000 Français ont retrouvé un emploi. Ces bons résultats ne doivent pas se limiter à l'hexagone. C'est pourquoi, j'ai voulu une politique globale en faveur de l'emploi et du développement des départements d'outre-mer. Elle s'appuie sur la loi d'orientation pour l'outre-mer qui a été élaborée par Jean-Jack QUEYRANNE puis par Christian PAUL. Elle trouve sa traduction dans le budget 2001. Elle s'articule autour de trois axes :
Le premier est l'aide directe aux entreprises.
Le Gouvernement épaule le dynamisme de vos entreprises pour lutter contre le chômage. Les entreprises d'outre-mer créent, en proportion, plus d'emplois que celles de la métropole. On ne le souligne pas assez. L'année dernière, l'emploi a crû de 6,2 % à la Réunion contre 3,5 % en métropole. Pour vous permettre de créer encore davantage d'emplois, le Gouvernement vous apporte son soutien.
Il vous aide à recruter. Ainsi, la loi d'orientation pour l'outre-mer accorde une exonération totale des cotisations sociales patronales, dans la limite de 1,3 fois le SMIC, à toutes les entreprises de moins de onze salariés et même, dans de nombreux secteurs d'activité exposés à la concurrence à toutes les entreprises, quel que soit leur effectif. Environ 95 % des entreprises d'outre-mer bénéficieront de cette mesure. C'est là un effort de l'Etat sans précédent, qui représentera plus de 1,8 milliard de francs par an pour la seule île de la Réunion. Cette mesure s'applique à compter du 1er janvier 2001.
Le Gouvernement aide aussi les entreprises à investir. Un nouveau dispositif de soutien fiscal à l'investissement a été mis en place par la loi de finances pour 2001. Plus équitable, tout en restant aussi attractif que le précédent, le nouveau dispositif favorisera les investissements dans des secteurs plus nombreux et davantage porteurs d'emplois pour l'outre-mer. La rénovation hôtelière et les nouvelles technologies de l'information et de la communication, par exemple, bénéficieront du nouveau soutien fiscal. Des perspectives claires sont ainsi offertes aux entrepreneurs, qui peuvent plus facilement s'engager dans des politiques d'investissement à long terme.
Enfin, le Gouvernement aide les entreprises en difficulté. La loi d'orientation permet en effet à ces dernières de négocier avec l'État et les organismes de sécurité sociale un plan d'apurement de leurs dettes sociales et fiscales.
Les mesures sociales en faveur de l'emploi forment le deuxième axe de la politique du Gouvernement pour l'outre-mer.
Le Gouvernement est particulièrement soucieux de venir en aide aux jeunes à la recherche d'un emploi. Notre action ne se limite pas aux mesures nationales -tels les emplois-jeunes- qui s'appliquent bien sûr à la Réunion. La loi d'orientation pour l'outre-mer a en effet mis en place d'autres mesures en faveur de l'emploi des jeunes. Elle a prévu par exemple un projet initiative-jeune, grâce auquel tout jeune qui crée une entreprise à la Réunion qui poursuit une formation professionnelle hors du département percevra une aide pouvant aller jusqu'à 48.000 francs. Elle a également prévu un congé-solidarité, qui permet de recruter un jeune sur un contrat à durée indéterminée en contrepartie du départ de l'entreprise d'un salarié âgé de cinquante-cinq ans au moins. Ce dispositif suppose un accord entre l'Etat, le Conseil général et le Conseil régional, et les partenaires sociaux. L'Etat apportera jusqu'à 60% du financement. Je sais que vous avez beaucoup souhaité ce dispositif : il va pouvoir être mis en place.
D'autres mesures, qui ne sont pas exclusivement réservées aux jeunes, ont également été adoptées. La loi d'orientation prévoit une allocation de retour à l'activité, qui incitera les bénéficiaires du RMI ou d'autres minima sociaux à retrouver du travail, ainsi qu'un titre de travail simplifié qui vient remplacer le chèque emploi-service.
Le troisième axe de cette politique est un investissement massif en faveur du développement.
La mobilisation des fonds publics joue un rôle décisif outre-mer, notamment en matière d'infrastructures et d'équipements collectifs. La commande publique y est aussi un facteur important de la croissance économique. La période 2000-2006 qui s'ouvre offre des perspectives importantes aux collectivités locales et aux entreprises réunionnaises, puisque des sommes publiques considérables seront investies à la Réunion dans le cadre du contrat de plan Etat-régions.
Pour ce qui concerne le contrat de plan Etat-région 2000-2006 de la Réunion, la part de l'État se monte à plus de deux milliards de francs, soit une augmentation de près de 30 % par rapport à la période précédente. Le montant total du contrat, qui associe les contributions de l'État, de la Région et du Département, s'élève à 4,7 milliards de francs.
Le Gouvernement a en effet obtenu le doublement des fonds structurels européens pour l'outre-mer, dans le cadre de la nouvelle programmation. A elle seule, l'île de la Réunion bénéficiera de 45 % du total de ces fonds, soit près de dix milliards de francs pour les sept ans à venir.
Mesdames et Messieurs,
Aide aux entreprises, aide à l'emploi, soutien à l'activité : c'est un dispositif global, cohérent et d'une très grande ampleur qui est mis en place au profit de l'outre-mer en général et de la Réunion en particulier. Pour la première fois, il conjugue le développement économique et la recherche de la cohésion sociale. Les textes d'application nécessaires à l'ensemble des mesures que j'ai mentionnées seront publiés dans les délais les plus brefs. Les plus importants d'entre eux sont prêts. Ils sont depuis hier, soumis à l'avis du Conseil régional et du Conseil général. A présent, je serais heureux, avec les ministres qui m'entourent, d'engager avec vous le dialogue.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 janvier 2001)