Texte intégral
Q- 10.000 emplois supprimés dont 4300 en France dans le plan de restructuration d'Airbus. S. Royal a annoncé qu'elle suspendrait ce plan si elle est élue présidente de la République, elle en parlera sans doute avec A. Merkel le 6 mars, lors de leur rencontre. Mais A. Merkel, elle, trouve ce plan très équilibré. Alors, comment l'une va convaincre l'autre ?
R- D'abord, il y a un problème de responsabilités. Comment en est-on arrivés là ? En 2002, lorsque L. Jospin quitte ses responsabilités à Matignon, le groupe EADS-Airbus est dans une forme éblouissante ; dégage des résultats, obtient des marchés contre Boeing, vend des avions, etc. Et puis, aujourd'hui, après bien des convulsions, une direction d'entreprise qui a été remerciée il y a peu, on constate que, il y a maintenant un plan social et un plan de restructuration. Je mets en accusation les Gouvernements depuis 2002, pour ne pas avoir joué tout leur rôle, d'abord de vigilance, de contrôle, et même de nominations. Car il ne faut pas oublier que c'est J. Chirac lui-même et les ministres concernés qui ont nommé Forgeard, qui, on le sait, a échoué dans sa direction d'entreprise dans le groupe EADS-Airbus.
Q- Alors, maintenant il faut réparer les dégâts, donc ce plan de restructuration est nécessaire ?
R- Il faut réparer les dégâts, mais si on ne pointe pas la responsabilité, il y a une équipe sortante, N. Sarkozy en est le représentant, qui a échoué. Et qui paye la casse en l'occurrence ? C'est d'abord la France ! Parce que c'est la France qui va faire le plus gros du sacrifice. Vous disiez pourquoi nos amis Allemands sont un peu soulagés ? Parce que c'est la France qui va faire l'effort principal, à la fois de séparation de salariés et de disparition de sites, en tout cas de sites considérés comme Airbus-EADS. Alors, deuxièmement, je crois qu'il y a maintenant un rôle à définir pour l'actionnaire public. Pourquoi y a-t-il des capitaux publics dans le groupe EADS ? Est-ce que c'est simplement pour subir ? Pour ne rien dire ? Pour rester silencieux ? Ou est-ce que c'est pour agir ? La position que nous faisons, que S. Royal fait, c'est qu'il faut que l'actionnaire public joue son rôle. Et aujourd'hui, si il doit y avoir recapitalisation de l'entreprise, c'est ce qu'elle dira à Mme Merkel, il faut que l'Etat français, l'Etat allemand, regardent ce qu'il y a lieu de faire.
Q- Donc, ce sont les contribuables qui vont payer ?
R- Ecoutez, c'est d'abord l'Etat qui doit jouer son rôle. Ou alors, c'est la position de M. Sarkozy, je l'entends, je peux la comprendre de son propre point de vue, il faut que l'Etat se retire. Il y aurait à ce moment-là deux logiques : une logique, où nous faisons un groupe public-privé, c'est ce qui avait été fait à l'origine dans le groupe EADS. Ou, nous faisons un groupe purement privé. Je
constate que M. Sarkozy est maintenant sur une logique de désengagement des Etats du groupe EADS-Airbus. Je pense que ce serait une grave erreur, car nous avons besoin de capitaux publics dans ce groupe.
Q- L. Gallois accuse la faiblesse du dollar ou la trop grande force de l'euro. Est-ce que S. Royal doit s'engager à baisser l'euro, à le dévaluer en quelque sorte, si elle est présidente de la République, pour aider les exportations d'avions, entre autres ?
R- Si elle disait : il faut baisser l'euro, mais comment ferait-elle, seule, même présidente de la République ?! Donc, il y a une négociation à ouvrir. La négociation, elle est double. Elle est d'abord au sein de la zone euro, de faire en sorte qu'il y ait un véritable Gouvernement économique face à la Banque centrale européenne. Je peux vous dire qu'en matière de gestion des taux d'intérêt, aujourd'hui, il y a tout lieu de ne pas augmenter les taux d'intérêt, sinon ça valorise l'euro, et ça donne au dollar un avantage compétitif indu. Il y a une deuxième négociation à ouvrir, et S. Royal l'a dit également : il faut que, entre la zone euro, ce fameux Gouvernement économique qu'il faut constituer, qui existe, mais qui est aujourd'hui dans les limbes, et la zone dollar, avec les Etats-Unis d'Amérique, mais je n'oublie pas la Chine, nous ayons une négociation internationale pour fixer le bon niveau des parités entre euro et dollar. Sinon, si nous le faisons pas, il y a un écart de compétitivité qui se crée, et ce sont les travailleurs européens qui en feront les frais.
Q- N. Sarkozy, veut garantir un budget de la Défense égal à 2% du PIB. Est-ce que S. Royal le rejoindra sur ces chiffres-là ou est-ce qu'elle fera des coupes sombres dans le budget de la Défense si elle est élue ?
R- S. Royal a dit qu'il fallait maintenir l'effort de défense...
Q- Cela a un coût ?
R- C'est-à-dire, la part actuelle du budget de la Défense dans le budget de l'Etat. Mais est-ce que l'on peut faire tous les programmes ? N. Sarkozy, lui, promet tout : des baisses d'impôts de 68 milliards d'euros, qui baissent elles-mêmes tous les jours, et on en est maintenant plutôt à 15 qu'à 68 millions, et puis des augmentations de dépenses. Mais je veux que les choses soient claires. Est-ce que la France peut encore produire seule ses avions ? L'avion Rafale, je dois rappeler qu'on n'en a pas exporté un seul ! Est-ce qu'elle peut produire seule ces chars ? Je rappelle, et je suis élu d'une région où il y a un site ex-Giat, le char Leclerc, on en a vendu que dans un seul pays, les Emirats arabes unis. Est-ce que l'on peut faire un porte-avion, seuls ? Eh bien notre position, est qu'il faut une industrie française et européenne de la défense, et que pour les prochains programmes, il va falloir faire de la coopération européenne pour, à la fois, dépenser mieux, et si c'est possible, si c'est possible, dépenser moins, ou tout simplement dépenser autant en faisant en sorte qu'on ait des matériels qui puissent être effectivement opérationnels à l'échelle de l'Europe.
Q- Confirmez-vous que S. Royal n'ira pas aux Etats-Unis avant la présidentielle ?
R- Je pense qu'il reste sept semaines avant le premier tour, et que nous devons nous concentrer tous sur la conviction qu'il faut créer chez les Français, afin que leur vote soit le plus massif possible, dès le premier tour pour S. Royal.
Q- Est-ce que ce n'est pas plutôt parce que H. Clinton a finalement refusé de la recevoir, et de faire une photo avec ?
R- Non, je pense que, aujourd'hui, il n'est plus temps d'aller dans tel ou tel pays pendant trois ou quatre jours. Parce que, aller aux Etats-Unis, ça justifierait d'y passer au moins trois jours. Je crois qu'aujourd'hui, il y a le temps de la campagne. Mais ne vous inquiétez pas, elle ira aux Etats-Unis après l'élection présidentielle.
Q- S. Royal, s'engagera-t-elle à baisser la TVA dans la restauration, comme le demandent les membres de cette profession ?
R- Ces professions ont été bernées ! Il faut quand même le dire ! Elles ont déjà été bernées en 2002 par J. Chirac, qui leur a fait croire qu'il allait y avoir une baisse de la TVA au lendemain de...
Q- Et les Européens ont refusé...
R- ...mais tout le monde savait qu'il fallait l'accord unanime des Européens pour baisser la TVA sur la restauration. J.-P. Raffarin, pendant trois ans qu'il a été Premier ministre, a fait croire aux Français et aux restaurateurs qu'il allait baisser le taux de TVA. Puis, il a fallu constater que nos amis Européens, pour l'instant, ne le voulaient pas.
Q- Donc, là, vous leur dites non, par lucidité ?
R- Mais non, ce n'est pas ce que je dis. Mais j'ai découvert que N. Sarkozy, lui aussi prometteur en chef, dans cette élection présidentielle, allait vers les restaurateurs leur dire : mais moi, ce que J. Chirac n'a pas été capable, parce que, sans doute, c'est un incompétent, de faire, je le ferai, moi N. Sarkozy. Je dis aux restaurateurs la vérité. Si il est possible d'avoir un accord unanime, alors, bien sûr, qu'il faudra regarder. Mais je promettrai pas un engagement dont aujourd'hui, il ne dépend pas de nous de le réaliser, mais de l'accord unanime de nos partenaires européens. En revanche, je pense que les restaurateurs, les hôteliers, ont besoin d'un contrat de confiance avec l'Etat, notamment sur la question de leurs charges, de leur durée de travail, et de la capacité de formation des personnels.
Q- L. Fabius, discret, D. Strauss-Kahn, absent, Jospin, qui veut simplement une part modeste dans la campagne. Le retour des poids-lourds, ça se transforme un en bal de déserteurs, non ?
R- Ecoutez, là, vous avez des formules qui vont au-delà de la vérité, de la réalité !
Q- Vous comptez sur eux pour les semaines qui viennent ?
R- On ne peut pas à la fois nous faire des reproches contradictoires. Tantôt, S. Royal est encadrée, mise sous tutelle, de ses dirigeants, j'en suis un aussi - ne le répétez pas - du PS. Tantôt, elle serait seule, distante, lointaine. Ce n'est pas cela qui est en cause. L. Fabius, vous avez remarqué, était dans un meeting avec S. Royal...
Q- Chez lui.
R- ... à Grand-Quévilly, il y a quelques jours. Il va continuer à faire des meetings partout en France.
Q- Et les autres aussi ?
R- L. Jospin, sera à Lens...
Q- Le 17 mars ?
R- ...mi-mars, voilà, vous en connaissez la date, vous pouvez faire la promotion, et il va s'engager pleinement, modestement. Qu'est-ce que ça veut dire ? A sa place. C'est S. Royal qui est candidate, ce n'est personne d'autre.
Q- Le PS est accusé, vous êtes accusé personnellement, de bloquer les élus qui ne sont pas PS mais qui sont de gauche, pour donner les signatures aux petits candidats. Pourquoi ne pas proposer comme réforme, l'anonymat des parrainages ?
R- Attendez, il y a deux choses. Il y a ce qu'il faut proposer comme réforme pour la prochaine élection présidentielle ...
Q- L'anonymat, vous êtes pour ?
R- Je suis pour qu'il y ait une règle citoyenne, c'est-à-dire que, il y ait une possibilité pour des citoyens de faire acte de parrainage pour un candidat ou une candidate à l'élection présidentielle. Je suis pour aussi, considérer qu'un candidat ou une force politique qui a eu 5% à une élection précédente, c'est-à-dire dans les cinq ans qui ont précédé une élection, puisse...
Q- Et l'anonymat ?
R- L'anonymat, si il le faut. Mais je pense qu'il faut faire attention, il y a un problème de responsabilité. Quand vous parrainez, vous donnez votre nom, votre engagement, on n'est pas là dans les manoeuvres. Parce que, si il y avait l'anonymat, ça voudrait dire que, telle ou telle formation politique pourrait susciter des parrainages pour des concurrents d'une autre formation politique. Je ne crois pas que ce soit bon.
Q- Ce matin par exemple, vous pouvez appeler les maires de gauche, non PS, à soutenir des petits candidats pour qu'il y ait plus de monde candidat, et des réservoirs de voix pour S. Royal au second tour ?
R- Quelle est ma responsabilité ? C'est de dire aux élus socialistes, vous êtes socialistes, vous allez parrainer la candidate socialiste, c'est bien logique, parce que sinon...
Q- Mais les non-socialistes, les maires de gauche ?
R- Mais ceux qui sont de gauche, ils font ce qu'ils veulent ! Ils font...
Q- Vous ne les incitez pas à aider vos alliés, vos futurs alliés ?
R- Mais si je les incitais, je dirais qui, et lequel ? Et pourquoi celui-là et pas celui-ci ? Et par ailleurs, nous sommes dans un principe là aussi de responsabilité politique. Je ne peux pas oublier ce qui s'est produit le 21 avril 2002. Et si moi-même j'encourageais, je ne sais pour quelle raison tactique ou pour qu'il y ait le plus de candidats pour drainer le maximum de voix pour le second tour, et puis qu'on ne soit pas au second tour, on aurait bonne mine
quand même !
Q- Le Canard Enchaîné promet des révélations sur votre impôt sur la fortune, le votre et celui de S. Royal. Est-ce que vous avez sous-estimé votre maison de Mougins, comme beaucoup de contribuables français, pour essayer de gagner un peu d'argent ?
R- Non, Le Canard Enchaîné si j'ai bien compris, veut faire une enquête sur tous les candidats, et c'est bien qu'il en soit ainsi. Et donc, je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle, c'est S. Royal qui l'est. Elle a publié son patrimoine, et je crois que cet état de transparence l'honore parce qu'elle a été la première à le faire et presque à un moment, la seule.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er mars 2007
R- D'abord, il y a un problème de responsabilités. Comment en est-on arrivés là ? En 2002, lorsque L. Jospin quitte ses responsabilités à Matignon, le groupe EADS-Airbus est dans une forme éblouissante ; dégage des résultats, obtient des marchés contre Boeing, vend des avions, etc. Et puis, aujourd'hui, après bien des convulsions, une direction d'entreprise qui a été remerciée il y a peu, on constate que, il y a maintenant un plan social et un plan de restructuration. Je mets en accusation les Gouvernements depuis 2002, pour ne pas avoir joué tout leur rôle, d'abord de vigilance, de contrôle, et même de nominations. Car il ne faut pas oublier que c'est J. Chirac lui-même et les ministres concernés qui ont nommé Forgeard, qui, on le sait, a échoué dans sa direction d'entreprise dans le groupe EADS-Airbus.
Q- Alors, maintenant il faut réparer les dégâts, donc ce plan de restructuration est nécessaire ?
R- Il faut réparer les dégâts, mais si on ne pointe pas la responsabilité, il y a une équipe sortante, N. Sarkozy en est le représentant, qui a échoué. Et qui paye la casse en l'occurrence ? C'est d'abord la France ! Parce que c'est la France qui va faire le plus gros du sacrifice. Vous disiez pourquoi nos amis Allemands sont un peu soulagés ? Parce que c'est la France qui va faire l'effort principal, à la fois de séparation de salariés et de disparition de sites, en tout cas de sites considérés comme Airbus-EADS. Alors, deuxièmement, je crois qu'il y a maintenant un rôle à définir pour l'actionnaire public. Pourquoi y a-t-il des capitaux publics dans le groupe EADS ? Est-ce que c'est simplement pour subir ? Pour ne rien dire ? Pour rester silencieux ? Ou est-ce que c'est pour agir ? La position que nous faisons, que S. Royal fait, c'est qu'il faut que l'actionnaire public joue son rôle. Et aujourd'hui, si il doit y avoir recapitalisation de l'entreprise, c'est ce qu'elle dira à Mme Merkel, il faut que l'Etat français, l'Etat allemand, regardent ce qu'il y a lieu de faire.
Q- Donc, ce sont les contribuables qui vont payer ?
R- Ecoutez, c'est d'abord l'Etat qui doit jouer son rôle. Ou alors, c'est la position de M. Sarkozy, je l'entends, je peux la comprendre de son propre point de vue, il faut que l'Etat se retire. Il y aurait à ce moment-là deux logiques : une logique, où nous faisons un groupe public-privé, c'est ce qui avait été fait à l'origine dans le groupe EADS. Ou, nous faisons un groupe purement privé. Je
constate que M. Sarkozy est maintenant sur une logique de désengagement des Etats du groupe EADS-Airbus. Je pense que ce serait une grave erreur, car nous avons besoin de capitaux publics dans ce groupe.
Q- L. Gallois accuse la faiblesse du dollar ou la trop grande force de l'euro. Est-ce que S. Royal doit s'engager à baisser l'euro, à le dévaluer en quelque sorte, si elle est présidente de la République, pour aider les exportations d'avions, entre autres ?
R- Si elle disait : il faut baisser l'euro, mais comment ferait-elle, seule, même présidente de la République ?! Donc, il y a une négociation à ouvrir. La négociation, elle est double. Elle est d'abord au sein de la zone euro, de faire en sorte qu'il y ait un véritable Gouvernement économique face à la Banque centrale européenne. Je peux vous dire qu'en matière de gestion des taux d'intérêt, aujourd'hui, il y a tout lieu de ne pas augmenter les taux d'intérêt, sinon ça valorise l'euro, et ça donne au dollar un avantage compétitif indu. Il y a une deuxième négociation à ouvrir, et S. Royal l'a dit également : il faut que, entre la zone euro, ce fameux Gouvernement économique qu'il faut constituer, qui existe, mais qui est aujourd'hui dans les limbes, et la zone dollar, avec les Etats-Unis d'Amérique, mais je n'oublie pas la Chine, nous ayons une négociation internationale pour fixer le bon niveau des parités entre euro et dollar. Sinon, si nous le faisons pas, il y a un écart de compétitivité qui se crée, et ce sont les travailleurs européens qui en feront les frais.
Q- N. Sarkozy, veut garantir un budget de la Défense égal à 2% du PIB. Est-ce que S. Royal le rejoindra sur ces chiffres-là ou est-ce qu'elle fera des coupes sombres dans le budget de la Défense si elle est élue ?
R- S. Royal a dit qu'il fallait maintenir l'effort de défense...
Q- Cela a un coût ?
R- C'est-à-dire, la part actuelle du budget de la Défense dans le budget de l'Etat. Mais est-ce que l'on peut faire tous les programmes ? N. Sarkozy, lui, promet tout : des baisses d'impôts de 68 milliards d'euros, qui baissent elles-mêmes tous les jours, et on en est maintenant plutôt à 15 qu'à 68 millions, et puis des augmentations de dépenses. Mais je veux que les choses soient claires. Est-ce que la France peut encore produire seule ses avions ? L'avion Rafale, je dois rappeler qu'on n'en a pas exporté un seul ! Est-ce qu'elle peut produire seule ces chars ? Je rappelle, et je suis élu d'une région où il y a un site ex-Giat, le char Leclerc, on en a vendu que dans un seul pays, les Emirats arabes unis. Est-ce que l'on peut faire un porte-avion, seuls ? Eh bien notre position, est qu'il faut une industrie française et européenne de la défense, et que pour les prochains programmes, il va falloir faire de la coopération européenne pour, à la fois, dépenser mieux, et si c'est possible, si c'est possible, dépenser moins, ou tout simplement dépenser autant en faisant en sorte qu'on ait des matériels qui puissent être effectivement opérationnels à l'échelle de l'Europe.
Q- Confirmez-vous que S. Royal n'ira pas aux Etats-Unis avant la présidentielle ?
R- Je pense qu'il reste sept semaines avant le premier tour, et que nous devons nous concentrer tous sur la conviction qu'il faut créer chez les Français, afin que leur vote soit le plus massif possible, dès le premier tour pour S. Royal.
Q- Est-ce que ce n'est pas plutôt parce que H. Clinton a finalement refusé de la recevoir, et de faire une photo avec ?
R- Non, je pense que, aujourd'hui, il n'est plus temps d'aller dans tel ou tel pays pendant trois ou quatre jours. Parce que, aller aux Etats-Unis, ça justifierait d'y passer au moins trois jours. Je crois qu'aujourd'hui, il y a le temps de la campagne. Mais ne vous inquiétez pas, elle ira aux Etats-Unis après l'élection présidentielle.
Q- S. Royal, s'engagera-t-elle à baisser la TVA dans la restauration, comme le demandent les membres de cette profession ?
R- Ces professions ont été bernées ! Il faut quand même le dire ! Elles ont déjà été bernées en 2002 par J. Chirac, qui leur a fait croire qu'il allait y avoir une baisse de la TVA au lendemain de...
Q- Et les Européens ont refusé...
R- ...mais tout le monde savait qu'il fallait l'accord unanime des Européens pour baisser la TVA sur la restauration. J.-P. Raffarin, pendant trois ans qu'il a été Premier ministre, a fait croire aux Français et aux restaurateurs qu'il allait baisser le taux de TVA. Puis, il a fallu constater que nos amis Européens, pour l'instant, ne le voulaient pas.
Q- Donc, là, vous leur dites non, par lucidité ?
R- Mais non, ce n'est pas ce que je dis. Mais j'ai découvert que N. Sarkozy, lui aussi prometteur en chef, dans cette élection présidentielle, allait vers les restaurateurs leur dire : mais moi, ce que J. Chirac n'a pas été capable, parce que, sans doute, c'est un incompétent, de faire, je le ferai, moi N. Sarkozy. Je dis aux restaurateurs la vérité. Si il est possible d'avoir un accord unanime, alors, bien sûr, qu'il faudra regarder. Mais je promettrai pas un engagement dont aujourd'hui, il ne dépend pas de nous de le réaliser, mais de l'accord unanime de nos partenaires européens. En revanche, je pense que les restaurateurs, les hôteliers, ont besoin d'un contrat de confiance avec l'Etat, notamment sur la question de leurs charges, de leur durée de travail, et de la capacité de formation des personnels.
Q- L. Fabius, discret, D. Strauss-Kahn, absent, Jospin, qui veut simplement une part modeste dans la campagne. Le retour des poids-lourds, ça se transforme un en bal de déserteurs, non ?
R- Ecoutez, là, vous avez des formules qui vont au-delà de la vérité, de la réalité !
Q- Vous comptez sur eux pour les semaines qui viennent ?
R- On ne peut pas à la fois nous faire des reproches contradictoires. Tantôt, S. Royal est encadrée, mise sous tutelle, de ses dirigeants, j'en suis un aussi - ne le répétez pas - du PS. Tantôt, elle serait seule, distante, lointaine. Ce n'est pas cela qui est en cause. L. Fabius, vous avez remarqué, était dans un meeting avec S. Royal...
Q- Chez lui.
R- ... à Grand-Quévilly, il y a quelques jours. Il va continuer à faire des meetings partout en France.
Q- Et les autres aussi ?
R- L. Jospin, sera à Lens...
Q- Le 17 mars ?
R- ...mi-mars, voilà, vous en connaissez la date, vous pouvez faire la promotion, et il va s'engager pleinement, modestement. Qu'est-ce que ça veut dire ? A sa place. C'est S. Royal qui est candidate, ce n'est personne d'autre.
Q- Le PS est accusé, vous êtes accusé personnellement, de bloquer les élus qui ne sont pas PS mais qui sont de gauche, pour donner les signatures aux petits candidats. Pourquoi ne pas proposer comme réforme, l'anonymat des parrainages ?
R- Attendez, il y a deux choses. Il y a ce qu'il faut proposer comme réforme pour la prochaine élection présidentielle ...
Q- L'anonymat, vous êtes pour ?
R- Je suis pour qu'il y ait une règle citoyenne, c'est-à-dire que, il y ait une possibilité pour des citoyens de faire acte de parrainage pour un candidat ou une candidate à l'élection présidentielle. Je suis pour aussi, considérer qu'un candidat ou une force politique qui a eu 5% à une élection précédente, c'est-à-dire dans les cinq ans qui ont précédé une élection, puisse...
Q- Et l'anonymat ?
R- L'anonymat, si il le faut. Mais je pense qu'il faut faire attention, il y a un problème de responsabilité. Quand vous parrainez, vous donnez votre nom, votre engagement, on n'est pas là dans les manoeuvres. Parce que, si il y avait l'anonymat, ça voudrait dire que, telle ou telle formation politique pourrait susciter des parrainages pour des concurrents d'une autre formation politique. Je ne crois pas que ce soit bon.
Q- Ce matin par exemple, vous pouvez appeler les maires de gauche, non PS, à soutenir des petits candidats pour qu'il y ait plus de monde candidat, et des réservoirs de voix pour S. Royal au second tour ?
R- Quelle est ma responsabilité ? C'est de dire aux élus socialistes, vous êtes socialistes, vous allez parrainer la candidate socialiste, c'est bien logique, parce que sinon...
Q- Mais les non-socialistes, les maires de gauche ?
R- Mais ceux qui sont de gauche, ils font ce qu'ils veulent ! Ils font...
Q- Vous ne les incitez pas à aider vos alliés, vos futurs alliés ?
R- Mais si je les incitais, je dirais qui, et lequel ? Et pourquoi celui-là et pas celui-ci ? Et par ailleurs, nous sommes dans un principe là aussi de responsabilité politique. Je ne peux pas oublier ce qui s'est produit le 21 avril 2002. Et si moi-même j'encourageais, je ne sais pour quelle raison tactique ou pour qu'il y ait le plus de candidats pour drainer le maximum de voix pour le second tour, et puis qu'on ne soit pas au second tour, on aurait bonne mine
quand même !
Q- Le Canard Enchaîné promet des révélations sur votre impôt sur la fortune, le votre et celui de S. Royal. Est-ce que vous avez sous-estimé votre maison de Mougins, comme beaucoup de contribuables français, pour essayer de gagner un peu d'argent ?
R- Non, Le Canard Enchaîné si j'ai bien compris, veut faire une enquête sur tous les candidats, et c'est bien qu'il en soit ainsi. Et donc, je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle, c'est S. Royal qui l'est. Elle a publié son patrimoine, et je crois que cet état de transparence l'honore parce qu'elle a été la première à le faire et presque à un moment, la seule.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 1er mars 2007