Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et candidat à l'élection présidentielle de 2007, sur les cinq priorités de sa politique culturelle, Paris le 4 avril 2007.

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Circonstance : Rencontre débat avec les acteurs de la Culture, au Showcase - Pont Alexandre III, rive droite, à Paris le 4 avril 2007

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Si j'ai souhaité m'exprimer aujourd'hui sur la culture et la politique culturelle, c'est parce qu'il s'agit à mes yeux de l'un des sujets les plus importants dont un président de la République et par conséquent un candidat à la Présidence de la République ait à se préoccuper.
Depuis le début de la Vème République, la place et le contenu de la politique culturelle ont toujours été directement liés à l'engagement personnel de celui qui exerçait la fonction de président de la République.
Sans cet engagement, nous savons tous que la culture serait condamnée à rester éternellement le parent pauvre de la politique.
Il y a derrière le problème de la culture des enjeux économiques considérables, des enjeux marchands, des enjeux matériels, des enjeux sociaux. Sans la culture il y a des secteurs d'activités, il y a des industries qui ne vivraient pas.
Mais la logique économique, la logique industrielle ou commerciale de vos secteurs qui sont nécessaires à la diffusion et au partage de la culture par le plus grand nombre, n'a pas grand-chose à voir avec celle de la création, la création artistique sans laquelle la culture cesserait de vivre.
Toute la difficulté d'une politique culturelle est bien aux confins du risque de conflit entre ces enjeux industriels extrêmement lourds et cette liberté de la création.
L'artiste entretient avec le monde de l'économie et des industries culturelles à peu près le même rapport que le savant avec tous ceux qui sont susceptibles de trouver des applications rentables à ses découvertes.
L'émotion que procure à l'artiste, l'acte de création d'une oeuvre unique au monde et la joie intellectuelle du savant qui résout une énigme que nul avant lui n'avait réussie à percer sont irréductibles à toutes les autres formes de satisfaction du travail accompli.
Il y a une spécificité des oeuvres d'art et de science qui ont besoin pour naître de faire appel à quelque chose de plus grand que la technique et qui est de l'ordre de l'esprit ou, si l'on veut, et si le mot ne fait pas peur, de l'âme.
Moi qui ne suis pas artiste, j'observe depuis toujours avec passion ce monde de création et de sensibilité. Car, si je ne suis pas artiste, peut-être dois-je développer une sensibilité qui me permette de percevoir les émotions d'un même public. Et je crois que l'artiste ne s'adonne pas à son art que pour se faire plaisir et que dans chaque oeuvre d'art il y a une tentative de réponse à une interrogation de nature spirituelle, qui ne veut pas dire cultuelle, mais au sens que tout ne peut pas être réduit à la seule dimension matérielle de l'oeuvre. Il y a l'oeuvre et il y a autre chose que l'oeuvre.
Rodin, qui ne croyait pas en Dieu, disait, je crois, que les vrais artistes étaient les plus religieux des mortels. J'espère que personne ne s'en trouvera choqué. On peut être laïc, respecter la laïcité et évoquer l'aspect spirituel de la création.

Comprenez-moi bien : je ne pense pas que la culture, cet ensemble de connaissances, de valeurs, de croyances, qui détermine un style de vie, de pensée, de sensibilité, soit réductible à l'art.
Ce que désigne, ce que sous-entend même le mot culture, est beaucoup plus vaste : il englobe les sciences, les techniques, les savoir-faire, la langue, le rapport aux autres et au monde.
Mais si je veux avant tout parler de l'art, c'est parce que c'est dans ce domaine particulier de la culture et de la création que se pose le problème, peut-être le plus grave. Celui en tout cas qui est le plus lourd de conséquences et sans doute le plus éloigné des politiques de gestion, qui depuis des années accapare toute l'énergie et la volonté de la puissance publique.
Longtemps l'art a participé d'un imaginaire commun qui lui donnait un sens. Or, le fait majeur de notre époque, c'est l'éclatement de l'imaginaire collectif en une multitude d'imaginaires individuels de moins en moins capables de communiquer les uns avec les autres.
La disparition, peut-être pas définitive, mais bien réelle, d'un imaginaire commun est le corollaire de la dislocation d'une culture commune, d'une sensibilité et d'une croyance partagées par le plus grand nombre.
Nous ne sommes pas confrontés à une crise de l'art ni à une crise de la culture. Mais nous sommes confrontés à une crise de la transmission de la culture, de la transmission des valeurs esthétiques, intellectuelles, morales, qui fondent une vision commune du monde, qui permettent de partager des émotions, des sentiment, parce que l'on partage une façon de les exprimer.
Et c'est bien là la question. Si nous n'avons plus de valeurs communes ni de culture commune, que transmettons-nous ?
Cette crise est grave parce qu'elle rend l'art totalement énigmatique pour une bonne partie de ceux auxquels il est censé s'adresser.
Mais elle est plus grave encore par le fait même qu'elle menace directement notre capacité à vivre ensemble et à nous comprendre. Car la culture sert quand même à cela : vivre ensemble et se comprendre.
Je voudrais vous dire ma conviction que si le monde de la culture est confronté lui aussi aux bouleversements des modèles économiques engendrés par la globalisation, c'est d'abord un problème lié à l'idée même de la culture et de l'art qu'il vous faut résoudre.

L'avenir du livre, du théâtre, de la poésie, du roman, de la peinture, de la sculpture, de l'architecture, de la musique, du cinéma, de la photographie ne se joue pas d'abord dans l'ordre matériel, mais dans celui de l'esprit.
Ouvrir les consciences à l'idée de l'art.
Éduquer la sensibilité et l'émotion à reconnaître et à aimer ce qui est beau. Accepter d'ailleurs l'idée qu'il puisse y avoir quelque chose de beau.
Réapprendre à hériter et partager les oeuvres, les valeurs, l'histoire, pour que l'art cesse d'être une énigme et se mette de nouveau à signifier quelque chose. Pour que l'enfant, auquel on montre une Vierge de Raphaël, la Piéta ou que l'on emmène voir Bérénice, n'ait pas le sentiment que tout cela lui est tellement étranger que ça ne le concerne pas.
Il est là d'abord le problème ! Faire que notre patrimoine, notamment les oeuvres de l'esprit qui font que la France n'est pas réductible aux autres, ne leur soit pas étranger, que nos enfants se disent que ce sont eux aussi.
Je ne crois pas que l'art, ni même la culture au sens large soit une garantie que la barbarie soit vaincue.
Mais la culture est tout ce que nous avons pour tenter de donner aux forces de l'esprit les moyens de dominer les pulsions et de canaliser la violence qui est en l'homme.
Au fond, on fait si peu confiance à la nature humaine que l'on a inventé la culture pour enfouir tout cela sous le manteau épais d'une culture personnelle nous permettant de maîtriser tout ce qui, à l'intérieur, serait de l'ordre de l'émotion animale.
C'est par la culture partagée, par l'émotion partagée devant la beauté, que nous lutterons le plus efficacement devant la tentation communautariste qui enferme chacun dans ses origines et contre la loi des bandes qui est celle de l'instinct et de la brutalité.
C'est en apprenant à reconnaître les chefs-d'oeuvre que nous apprendrons à nos enfants que tout ne se vaut pas et qu'il y a même une hiérarchie des valeurs.
Je suis conscient que je prends un risque à dire qu'il existe des valeurs, ce qui est déjà compliqué et, pire, qu'il y a une hiérarchie entre elles. Là, il y a de quoi s'effondrer. Ce sont deux mots qui vous brisent une carrière !
Cela fait bien longtemps qu'à l'école, il n'y a plus de classement. Ça va changer, je vous le garantis.
C'est en faisant partager le pressentiment de ce lien mystérieux que l'art établit entre le particulier et l'universel que nous échapperons à la crispation identitaire comme unique réponse à l'aplatissement du monde par l'économie et la technique.
C'est extraordinaire, on veut nous faire croire que la mondialisation aplatit le monde, les différences et portent à la crispation identitaire. Deux erreurs pour le prix d'une.
Je crois à la diversité et je crois à l'identité.
Lévi-Strauss, le plus grand anthropologue du XXe siècle, a dit quelque chose d'essentiel : « l'identité n'est pas une pathologie ». Et à tous ceux qui défendent la diversité, j'aimerais rappeler qu'il est difficile d'invoquer cette diversité si l'on ne croit pas à l'identité.
Ce sont les raisons pour lesquelles je veux mettre l'art et la culture au coeur de la politique.
L'art n'est pas tout, il ne peut pas tout. Mais l'art élève l'homme au-dessus de sa condition. Ce n'est pas rien.
L'art, c'est l'assurance donnée à l'homme que sa puissance créative est telle qu'il peut changer le monde, et que c'est d'abord la force de son imagination qui fait la qualité, l'intensité et même la beauté de son existence.
Ceux qui pensent que l'art est inutile, ceux qui ne voient dans le patrimoine artistique qu'un résidu du passé, ceux qui ne comprennent pas pourquoi on aide le cinéma, on subventionne le théâtre, on entretient les monuments historiques, on dépense de l'argent pour les musées, ceux-là en vérité n'accordent tout simplement aucun prix à la dimension spirituelle de la vie. La dimension non pas temporelle, mais spirituelle de la vie.
Il suffit pourtant de s'imaginer ouvrant tous les jours ses volets sur le chevet de Notre-Dame et de s'imaginer les ouvrant sur un terrain vague pour ressentir à quel point l'oeuvre d'art change le rapport de l'homme avec le monde.
Pour faire comprendre les limites de l'économie quantitative, un économiste a fait remarquer un jour que si l'on démolissait Notre-Dame pour la remplacer par un parking, le PNB de la France augmenterait. Cela ne donne pas envie de le connaître...
Serions-nous plus heureux ? Vivrions-nous mieux ? L'évidence contraire s'impose à l'esprit le moins religieux qui soit.
Nous aurions peut-être l'impression d'être plus riches. En réalité, nous serions plus pauvres, parce que la vraie richesse, même pour la science économique, c'est le bien-être et que le bien-être n'a pas qu'une dimension matérialiste. Il ne se nourrit pas que de marchandise.
Si nous cessions d'entretenir nos cathédrales et nos monuments, si nous cessions de représenter Molière et Racine, si nous renoncions à soutenir la création artistique et la diffusion des oeuvres, loin de nous enrichir, nous dilapiderions une richesse inestimable.
Je crois qu'il y a une économie de la culture, qu'il y a un marché de l'art. Mais je ne crois pas que la culture et l'art puissent être entièrement abandonnés à la logique du marché.
Les marchés de l'art et de la culture existent, bien sûr, mais nous n'allons pas réduire l'art et la culture à la seule question du marché.
Il y a dans l'art et dans la culture des enjeux qui dépassent les marchés.
L'art, la culture, renvoient à une certaine idée de l'homme. Ce sont des enjeux de civilisation. Et si je suis convaincu des bienfaits de l'économie de marché, je ne crois que le marché ait jamais porté un projet de civilisation.
D'autres l'ont dit avant moi, mais je veux l'affirmer ici devant vous, j'ai la conviction qu'il nous faut passer aujourd'hui d'une politique de gestion à une politique de civilisation.
Je ne crois pas que dans la situation dans laquelle nous sommes, dans l'époque qui est la nôtre, entre un monde ancien qui n'en finit pas de mourir et un monde nouveau qui a bien du mal à naître, nous puissions faire l'économie de mettre explicitement la politique au service d'une idée de l'homme, et par conséquent d'un projet de civilisation, qui ne peut pas se limiter à la question des retraites ou à celle du déficit budgétaire, même si ces questions sont capitales pour notre avenir.
Une politique de civilisation, c'est une politique qui attache plus d'importance et de moyens à ce qu'on appelle habituellement la politique culturelle. C'est une conception plus large que celle qui se cantonne aujourd'hui à la seule action du Ministre de la Culture.
La politique culturelle, dans mon esprit, doit répondre au problème de l'école autant qu'à celui des banlieues, à celui de l'éducation autant qu'à celui du lien social, à celui de l'identité autant qu'à celui de la création, à celui de l'héritage autant qu'à celui de la société d'information.
Si je suis élu président de la République, j'assignerai pour les 5 ans à venir, cinq priorités à la politique culturelle.
Je veux défendre la diversité culturelle, et ce n'est pas qu'une question de francophonie, et la création française en agissant au sein de l'Union européenne pour que les activités culturelles se voient reconnaître un statut dérogatoire par rapport au droit de la concurrence.
Je demanderai à nos partenaires que la spécificité des activités culturelles soit consacrée dans les traités de sorte que les aides publiques à la culture ne puissent faire l'objet d'aucune contestation.
Si nous pouvons faire porter l'idée que l'Europe est un projet de civilisation, il ne devrait pas être difficile de convaincre nos partenaires que les aides à la création ne sont pas des entorses à la concurrence comme lorsque l'on aide une entreprise d'un secteur industriel de l'économie marchande. Si nous ne sommes pas capables d'en convaincre nos partenaires, c'est que nous n'avons pas la même idée de ce que doit être l'Europe.
La deuxième priorité sera la valorisation du patrimoine.
Je veux que le patrimoine soit entretenu. Je veux qu'il soit accessible à tous, ouvert à tous, et non refermé sur lui-même. Je veux qu'il soit remis au coeur de la vie sociale, que des liens soient tissés entre les sites, les monuments, et les établissements scolaires. Je veux que les citoyens se réapproprient le patrimoine et, qu'à travers lui, ils retrouvent leur identité.
Vous allez me dire que j'ai cité au moins dix fois le mot identité. Oui, mais c'est tout de même de cela dont il s'agit. Je parle au monde de la culture.
Je reviens de Martinique, chacun y est fier de porter l'identité martiniquaise. Et Aimé Césaire, le grand poète de la négritude, en parle si bien. Au nom de quoi cette identité deviendrait-elle suspecte si elle est identité française ?
La France n'est pas une race ni une ethnie. La France, c'est une identité, des valeurs, un idéal. C'est une addition de petites patries qui en ont fait une grande. Si nous ne parlons pas de ce que nous sommes, comment pourrions-nous intégrer ceux qui veulent nous rejoindre ?
La troisième priorité sera l'enseignement artistique.
Car c'est avec les enfants que tout se joue. Si on ne leur donne pas le goût de la lecture, si on ne les rend pas curieux de ce qui est beau, si on ne les met pas en contact avec les grandes oeuvres de la sensibilité et de l'esprit humain, si on ne leur transmet pas une culture commune ; alors on les privera d'un trésor inestimable et l'on préparera surtout le retour d'une forme de barbarie à travers la disparition d'une certaine idée de la grandeur de l'homme et de son universalité.
Je crois, comme Malraux, qu'il ne suffit pas d'expliquer les oeuvres d'art et d'apprendre leur histoire. Il faut aussi apprendre à les aimer. Ce qui signifie que la transmission de la culture et l'apprentissage du beau n'est pas seulement l'affaire des pédagogues, mais aussi celle des artistes. L'école doit s'ouvrir aux artistes, comme les grandes institutions culturelles doivent s'ouvrir à l'école.
La séparation hermétique entre ces deux mondes n'a aucun sens.
La quatrième priorité sera de faire entrer la culture et l'art dans les quartiers.
Ce que Jean Vilar voulait faire avec le TNP, ce que Malraux voulait faire avec les maisons de la culture, je voudrais que nous le fassions dans les banlieues.
Je voudrais que dans les quartiers comme dans les collèges, les lycées comme dans les universités, il y ait des lieux de rencontre avec les artistes, de pratique artistique, de création.
Je voudrais que toutes les institutions culturelles soient impliquées dans cette démarche. Je souhaite que cette démarche soit soutenue, encouragée par l'Etat et contractualisée avec les villes, les départements et les régions.
La cinquième priorité : essayer de faire se rencontrer le monde de la culture et de l'art avec celui des technologies de l'information.
Pas simple. Ce sera de faire du monde virtuel qui émerge avec la révolution numérique un nouveau champ de création et de diffusion des oeuvres.
Je souhaite que la politique culturelle investisse la société de l'information et surtout qu'elle la tire vers le haut, qu'elle lui donne une âme, un contenu, fidèle à un idéal de civilisation que nous avons hérité des Lumières.
Ce n'est pas parce que c'est nouveau, que c'est en réseau, que nous ne devons pas nous poser la question de ce qui s'y trouve et influer sur ce qu'il s'y dit.
Je souhaite que cette politique économique fasse émerger un nouveau modèle économique, viable, qui respecte le droit des auteurs, des créateurs et des artistes. Franchement, je crois à la propriété et il n'y a pas de société sans respect de la propriété.
Même s'il n'est pas facile de le dire, je me battrai pour le respect des droits d'auteur. C'est la France qui les a inventés. Le jour où vous ne garantissez pas à chacun la propriété de ce que vous avez fait, créé, c'est toute la création que vous mettez gravement en cause.
C'est un des débats de la présidentielle. Si je suis président de la République, il n'y aura pas de licence globale parce que je crois au respect de la propriété de celui qui écrit, compose, tourne, peint, sculpte. Je n'accepterai pas l'idée du vol organisé sous prétexte du jeunisme et de la société de l'information. Parce qu'avec cela nous tuerons définitivement toute forme de création.
Alors la création a besoin d'aide si l'on ne veut pas que la loi du profit à court terme décide de tout.
Il est certain, par exemple, que le prix unique du livre a été essentiel pour l'édition et a sauvé nombre de libraires, ce qui est crucial à mes yeux.
Bien sûr, il faut des enseignes puissantes, qui sont des acteurs culturels majeurs. Bien sûr, il est normal et souhaitable que des livres soient vendus dans les grandes surfaces.
Et j'ai pu constater qu'il n'est pas rien d'être en tête de gondole. Je ne savais que ce serait une des ambitions de ma vie, mais, il faut bien rencontrer son public et, après tout, il est là aussi.
Mais ne rêvons pas. La littérature de fond, la littérature à risque, celle par exemple des premiers romans, a besoin de ce réseau des passionnés que sont les libraires, qu'il faut soutenir, avec les collectivités locales, notamment contre toutes les formes de spéculation.
Il faut les aider au développement d'une offre numérique, c'est-à-dire à mettre en ligne leur catalogue, leurs disponibilités, afin que les acheteurs, sûrs de ce qu'ils vont trouver, se rendent dans ces lieux de convivialité. De même qu'il faut aider les éditeurs à prendre le tournant des nouvelles technologies.
Dans cet esprit, je souhaite que le Centre National du Livre voie ses missions et ses moyens renforcés.
La situation est différente pour notre marché de l'art, dont le dynamisme s'inscrit plutôt dans une revitalisation globale de notre économie.
Très simplement, si les acheteurs potentiels reviennent en France, la place de Paris sera confortée. Mais là encore, nous devons agir via les commandes publiques et les collections que constituent en régions les FRAC, le FNAC dans la capitale, qui portent des ambitions, des cohérences.
En rendant la France plus attractive pour les artistes étrangers, avec la création, sur l'ensemble du territoire, de maisons ou de cités pour les accueillir en résidence.
En nous battant, à Bruxelles, et je suis décidé à le faire, pour que la TVA à l'importation soit réduite, notamment pour les arts décoratifs, les meubles, les manuscrits, ce qui est une nécessité si l'on veut concurrencer le Royaume-Uni où la TVA n'est que de 5%, et qui occupe une place majeure sur le marché de l'art.
Et je voudrais vous dire : La barbe ! Pourquoi les autres peuvent faire ce que l'on nous interdit de faire ? Soit c'est interdit à tous et nous ne disons rien, soit on les autorise et nous ferons la même chose.
J'ajoute que la Slovénie ne nous pas demandée son avis pour porter le taux d'impôts sur les bénéfices des sociétés à 0%. Je ne vois décidément pas au nom de quoi, nous devrions demander leur avis pour modifier la TVA sur un certain nombre de produits culturels dont nous avons par ailleurs bien besoin que ces produits puissent être soutenus.
Très importants également, le fonds de soutien pour le théâtre privé et les différents systèmes d'aides au spectacle vivant.
Ces aides sont nécessaires pour que vivent ces troupes qui participent du maillage culturel de notre pays. Il faut notamment leur permettre de mieux diffuser leur travail, car, par exemple, il n'est pas normal que beaucoup de pièces de théâtre soient représentées moins de dix fois. L'on peut réfléchir à la meilleure manière d'attribuer ces aides, en associant davantage les professionnels au processus de décision. Mais le principe du soutien public au spectacle vivant est très clairement et absolument intangible à mes yeux.
De même, je mesure pleinement le rôle joué par les intermittents du spectacle, sans lesquels il n'y aurait pas de spectacle vivant, pas de créations cinématographiques ou audiovisuelles.
Il est normal qu'ils bénéficient d'un régime d'indemnisation du chômage particulier. Et ce n'est pas parce qu'il est unique dans le monde que nous devons y renoncer.
Je suis favorable à une indemnisation généreuse qui permette à ceux qui décident de travailler pour la culture de vivre convenablement, quitte à leur demander en contrepartie de contribuer au développement de l'enseignement artistique et à la découverte pour les jeunes des métiers de la culture.
On peut peut-être se dire qu'il n'y a pas de droit sans contrepartie. Ce peut être un système gagnant-gagnant. On pérennise le système d'indemnisation le plus généreux au monde, mais on leur demande, lors de leur temps libre, de donner un coup de main à l'éducation nationale afin de rapprocher le monde de la culture et celui de l'enseignement.
Pour l'instant, un nouvel accord vient d'être signé. Je pense qu'il faut le laisser vivre et en faire le bilan tranquillement dans quelques mois.
Mais la vérité, c'est qu'un accord sera toujours insuffisant tant qu'il se fera dans un contexte de pénurie. Or, je suis convaincu que l'emploi culturel est plein de promesses et qu'il compte parmi les secteurs les plus créateurs, potentiellement, de richesses et de croissance, en particulier du côté du cinéma et de l'audiovisuel.
Je ferai tout pour le développement de l'emploi culturel. Là encore, si nous n'agissons que sur la colonne dépenses et jamais sur celle des recettes, nous allons demander aux Français une politique de sacrifices qu'ils connaissent depuis 25 ans et qui n'aboutit à rien.
Moi, je ne veux pas d'une politique de sacrifice mais une politique de l'effort, du travail, de la création et de la croissance, dans le domaine culturel comme dans les autres.
S'agissant du cinéma, décisifs sont les dispositifs qui ont été mis en place, via les contributions des chaînes de télévision, les taxes sur les tickets d'entrée en salles, l'avance sur recette, les SOFICAS.
Ils ont permis à notre cinéma de résister brillamment à la concurrence américaine. De s'affirmer par rapport aux autres cinémas européens, trop souvent marginaux sur leur propre marché, alors que notre production nationale a représenté en 2006 45 % du marché français, avec, quand même, de 84 millions d'entrées. Félicitations !
Je me réjouis que ces dispositifs portés par le Centre National de la Cinématographie aient été validés par la Commission européenne, ce qui consolide un système d'aide à la création unique et envié dans le monde entier.
Je suis fier d'avoir oeuvré pour que soient adoptés les crédits d'impôts pour l'industrie cinématographique audiovisuelle, avec l'objectif de « relocaliser » en France les tournages, donc de développer l'emploi et d'avoir conforté les SOFICAS, indispensables au financement des films indépendants.
Le but d'une politique culturelle française n'est pas que tous les films aillent se tourner ailleurs qu'en France, ni que toutes les oeuvres d'art se vendent ailleurs qu'en France... Honnêtement, ce n'est pas l'ambition que nous devons avoir.
Des problèmes demeurent.
Celui de l'écriture des films qui doit être aidée davantage.
Celui de la distribution, si l'on songe que, fréquemment, un très petit nombre de productions occupe l'immense majorité des écrans. Ce qui impose de mieux soutenir les salles qui portent la diversité cinématographique, et aussi, de trouver le moyen, via les contrats de distribution des oeuvres, d'assurer à tous les films une durée d'exposition équitable. Même si je suis bien conscient que c'est une affaire de sensibilité.
Autre problème également, celui du formatage de beaucoup de films, conçus et financés pour être des produits télévisuels, ce qui pose la question de ce que l'on peut attendre de l'audiovisuel, notamment public.
Vous le savez, j'ai pris position avec force pour le respect des droits d'auteur dans tous les domaines, musique, films, livres. Je veux redire ici que je continuerai à me battre pour le respect de ce droit parce que je respecte votre travail.
Nous pourrons faire, fin 2007, un état des lieux de la loi relative aux droits d'auteurs et droits voisins dans la société de l'information, loi que je salue, et en particulier évaluer les conséquences de la suppression par le Conseil Constitutionnel du dispositif de riposte graduée qui divisait votre communauté.
Et je me réjouis que la loi du 5 mars dernier ait organisé la contribution des fournisseurs d'accès à Internet et des opérateurs de téléphonie mobile à l'aide à la création, musique et cinéma, car il me semble normal que les nouveaux supports de diffusion participent également au financement des comptes de soutien.
Ils ne peuvent pas annoncer qu'ils vont diffuser de nouvelles musiques et images et ne pas vouloir payer pour cette diffusion. Cela ne marche pas comme cela.
En réalité, la révolution numérique nous oblige à être imaginatifs et à cerner les priorités.
Les nouvelles technologies offrent, évidemment, une augmentation sans limites des possibilités de diffusion. Elles permettent aux nouveaux talents de se faire connaître sans intermédiaires. Elles sont une réalité qui nous oblige.
La France doit améliorer son positionnement et jouer de tous ses atouts. C'est capital en termes politiques et culturels, car d'une dépendance technologique peut découler une dépendance culturelle, comme le montre, par exemple, la domination sans partage du moteur de recherche comme Google. Il y a là un enjeu majeur.
C'est pourquoi, je souhaite que soit menée une politique de soutien de nos entreprises innovantes dans ce secteur.
Dans cet esprit, je souhaite que les universités deviennent des zones franches fiscales pour les étudiants, les enseignants et les chercheurs qui déposeraient des brevets et créeraient des entreprises.
Je souhaite conforter l'excellence de notre industrie du logiciel, en particulier dans le domaine des jeux vidéos où nos talents sont nombreux et qui, comme tous les gens talentueux, ont tendance à s'expatrier.
Il est formidable de voir combien un certain nombre de gens demandent la mobilité. La mobilité, c'est que l'on vienne chez nous, je voudrais bien que nos talents restent chez nous aussi. Ce n'est pas absurde.
Et j'espère que vous ne m'en voudrez pas de dire que l'amateur de foot que je suis, alors qu'il existe une culture sportive, s'étonne que tous les membres de l'équipe de France jouent ailleurs qu'en France !
Le but n'est quand même pas de faire fuir tous ceux qui ont du talent dans notre pays. Le but est de faire en sorte que tous ceux qui ont un talent et qui veulent continuer à l'exercer y demeurent et même que ceux qui auraient du talent en provenance d'autre pays puissent se dire que la France redevient une terre de création.
Je souhaite que l'Europe développe sa propre industrie des dispositifs de protection des oeuvres.
Que, parallèlement, les industries culturelles affectées par Internet soient aidées pour réussir leur évolution. Ce qui signifie, pour le disque, qu'il faut aider à la numérisation des oeuvres et développer toutes les formes de diffusion légale. Réfléchir à des aides sociales pour soutenir l'emploi dans la filière musicale. Examiner l'ensemble des règles fiscales applicables à ce secteur, afin de les adapter dans ce contexte de mutation.
Je n'ai pas de tabou en la matière, mais la musique, c'est important. Nous ne pouvons pas laisser l'industrie musicale confrontée toute seule à une crise d'une gravité absolument sans précédent, pour tout un tas de raisons par ailleurs.
Nous avons aidé la sidérurgie, le textile, nous aurions dû aider la machine-outil. Lorsque nous avons un problème avec la chimie, nous intervenons. L'industrie du disque ne peut pas être laissée seule, au motif que ce serait moins sérieux que les autres.
C'est très sérieux la musique et nous ne pouvons pas laisser perdurer cette situation où, vous le voyez bien, vous ne maîtrisez plus le réseau de distribution, il faut le dire, car les nouvelles technologies font en sorte que tant de consommateurs peuvent avoir accès gratuitement à ce que vous vendez par ailleurs.
Je suis vraiment décidé à me mobiliser dans ce sens. C'est pour moi une question très importante car elle relève de l'équité. On ne peut pas dire que parce que c'est culturel, cela a moins d'importance. Parce que c'est de la musique que ce n'est pas de l'industrie. C'est de l'industrie et nous ne pouvons pas baisser la garde.
La presse, elle aussi, a été durement touchée. L'arrivée d'Internet a été pour elle un facteur aggravant. Il faut donc soutenir la presse, garantir la pérennité de l'actuel système d'aides, notamment l'aide aux fonds propres.
Je le dis comme je le pense, m'échappant quelque peu de mon discours, le problème de la presse, contrairement à ce que l'on croit, n'est pas un problème de maquette, de contenu, ce n'est même pas un problème de prix, c'est un problème de distribution.
Qui ne voit quand même cette chose claire : la presse est un produit frais. Son journal, on veut l'avoir le matin. À partir de 9 heures, ce n'est plus la même chose.
Lorsque j'étais lycéen, il y a un nombre d'années raisonnable, mais n'exagérons pas, -et certains devraient peut-être moins fort dans cette salle, si l'on devait comparer-, - il existait des kiosques dans toutes les rues et des vendeurs de journaux à toutes les stations de métro. On avait juste à tendre le bras pour acheter son journal.
Aujourd'hui, faites l'expérience du nombre d'endroits où vous pouvez acheter votre journal entre votre domicile et votre lieu de travail, vous comprendrez la réalité du problème de la presse.
C'est parfaitement évident. Ce n'est pas que les gens soient fâchés avec l'écrit, c'est qu'ils ne trouvent plus le journal et qu'il faut faire un détour pour aller l'acheter.
Quant au succès de la presse gratuite, on me dit que c'est une question de maquette et de gratuité. Absolument pas, le succès de cette presse est dû au fait qu'elle est distribuée partout ! Partant que ce produit frais et immédiatement consommable qu'est le journal se trouve à disposition de chacun.
Il faut revoir complètement les conditions du portage à domicile de la presse.
Il faut revoir complètement les conditions d'ouverture des kiosques.
Il faut revoir complètement les conditions de la distribution.
Cela étant dit, Internet est un extraordinaire instrument de démocratisation culturelle.
Je pense, par exemple, à la création de sites publics mettant gratuitement à disposition les oeuvres du patrimoine français tombées dans le domaine public, ou financées par fonds publics. Je pense également à la création de sites éducatifs et interactifs. Il y a là un gisement infini, nous devons l'exploiter.
Au-delà, la démocratisation de la culture passe par une télévision de qualité. Et là, il y en a à dire, parce que c'est le média que chacun regarde et qui pénètre dans tous les foyers. Trois à quatre heures par jour, près de 100 000 heures dans une vie ! C'est un enjeu absolument considérable.
Il faut être ambitieux pour notre télévision, et notamment pour les chaînes publiques.
C'est un fait, l'audiovisuel public est actuellement sous financé. Nous devrons trouver des solutions, sans tabous, car un financement convenable est indispensable si nous voulons mettre la barre de la création et de l'imagination audiovisuelles à la hauteur qui devrait être les leurs.
Les chaînes publiques doivent exprimer leur singularité, en diffusant à des heures d'écoute convenables des programmes de qualité.
Je suis d'une génération où j'ai connu une chaîne, deux, puis trois. Je me souviens très bien, nous n'avions pas beaucoup de chaînes, mais nous avions accès au théâtre, « Au théâtre ce soir », nous avions accès au concert et à de vraies émissions littéraires... Un truc extraordinaire où l'on parle des livres et pas simplement de la vie de celui qui l'écrit.
Ce n'est pas dans mon discours, mais je suis également spectateur et j'ai le droit de donner mon avis... Nous ne sommes pas condamnés à la pensée unique à chaque fois.
Nous avons vu la multiplication des chaînes, a-t-elle pour autant conduit à la multiplication des programmes de qualité ? C'est une question que l'on peut poser.
On peut penser ce que l'on veut d'Arte par ailleurs, mais elle fait un très bon travail. Mais Arte ne doit pas être un alibi. Puisqu'il y a Arte, on fait mois sur les autres.
Je ne conteste pas le travail assez remarquable de ceux qui ont construit cette idée, ce n'était pas si simple. Mais je ne voudrais que l'on arrive dans la situation où au prétexte qu'il existe une « chaîne de culture » les autres chaînes publiques se disent qu'elle n'ont pas besoin de trop s'embêter...
Je voudrais parler de la complémentarité des programmes. Il faut regarder ce qu'est un samedi soir tranquille. Supprimez les logos à l'écran et vous ne savez pas sur quel bouton vous avez appuyé, on est parfois étonné de savoir que l'on se trouve sur une chaîne publique.
La multiplication des chaînes publiques, c'est fait aussi pour faire de la contre programmation, pardon, de la programmation complémentaire. On est en droit d'attendre du nombre de chaînes publiques l'expression d'un programme pour chacun d'entre nous et pas simplement une harmonisation avec obligation d'audience.
Il existe un débat sur le financement, y compris entre nous.
Il y a les partisans de l'augmentation de la redevance. Je sais que c'est une des moins chères d'Europe, mais, dans mon programme, je ne tends pas vers une augmentation des impôts, théoriquement. Et il y a l'accès aux ressources publicitaires.
À partir du moment où cet accès existe, arrêtons l'hypocrisie. Soit on interdit l'accès aux ressources publicitaires et dans ce cas il y a une vraie spécificité. Soit on l'autorise et on laisse les chaînes publiques se battre à armes égales pour avoir de vrais financements.
Mais faire la moitié de l'un et la moitié de l'autre revient à avoir tous les inconvénients sans aucun avantage.
Je ne sais pas si j'ai été assez clair, mais dans mon esprit, ça l'est. Il faut le permettre.
Je ne dis pas que le service public n'a pas eu de brillantes réussites et de remarquables programmes. Le monde politique est d'ailleurs devenu mature de ce point de vue. Personne ne parle de privatisation. Mais mettre un peu de rationalisation n'est pas non plus impossible.
Je pense notamment aux chaînes qui couvrent l'extérieur de la France. On est assez confondu pour ceux qui voyagent et vont dans les hôtels.
Il est très beau de parler de Paris des ambitions internationales du service public. Mais quand vous êtes à l'hôtel, ces ambitions se réduisent au travail remarquable de TV5, si vous ne tombez pas sur un reportage passionnant d'un canton belge ou de l'actualité romane...
Je n'ai rien contre, c'est bien pour la francophonie, mais quand vous vous retrouvez à l'autre bout du monde avec un peu le blues du pays, que vous vous dites que vous allez regarder TV5, vous êtes parfois surpris. Je suis devenu un spécialiste incontestable de l'actualité canadienne !
Il faudra mettre un peu d'ordre et c'est le travail du ministre de la Culture de porter l'expression culturelle française à l'extérieur. Je ne comprends pas pourquoi les choses sont divisées entre deux ministères, celui des Affaires étrangères, qui a bien assez comme ça à faire pour ne pas trop se mêler de l'organisation du service public, en tout cas dans sa portée internationale.
Je crois qu'il faut également inventer une nouvelle culture audiovisuelle, avec des téléfilms, des fictions de qualité - la série des Maupassant en est un très bon exemple -, des documentaires, des émissions de plateau ou s'échangent idées et contenus.
Nous avons tout en main pour relever ce défi : des professionnels remarquables. Des maisons de production excellentes. Des spécialistes de fiction et de documentaires internationalement reconnus.

Les perspectives en matière d'emploi sont considérables. Sait-on que le doublement des fictions sur nos chaînes représenterait 400 000 journées de travail en plus pour les intermittents qui en vivent ? Cela vaut peut-être la peine de se poser la question de l'accès du service public à la ressource publicitaire.
La télévision est vraiment partie prenante d'une économie de l'immatériel prometteuse et encore beaucoup trop balbutiante.
Je voudrais enfin évoquer un sujet qui me tient particulièrement à coeur, celui de notre modèle universitaire.
Qu'attend-on pour faire tomber certaines barrières dans notre enseignement supérieur ? Pourquoi, dans d'autres pays, peut-on suivre en même temps, dans un même cursus, des études de droit et d'art, ou encore de biologie et de musique ; alors que chez nous, on est dans l'extrême spécialisation et, donc, dans l'asphyxie la plus totale.
Dans les nouveaux campus que j'appelle de mes voeux et que je créerai, tout doit être fait pour favoriser l'existence de troupes de théâtre, d'ateliers film ou d'écriture, d'orchestres, parce que ce sont d'extraordinaires pépinières de talents. C'est invraisemblable que cela n'existe pas.
Quand vous allez à l'étranger et que vous visitez un campus, c'est partout un lieu magique et ouvert. Dans notre pays, heureusement qu'il existe une nouvelle molécule contre la migraine et je vous la conseille...
Je veux que parmi les chantiers présidentiels, si je suis président de la République, le premier d'entre eux soit d'offrir à chaque grande université, dans chaque région, un campus de dimension européenne.
Avec des choses invraisemblables comme des bibliothèques ouvertes le dimanche, - un truc à vous assassiner un candidat ! -, des terrains de sport, des lieux d'expression de la culture, pour que justement ces orchestres, ces écrivains et cinéastes amateurs puissent s'exprimer.
Je veux des logements pour les étudiants et les chercheurs, bref, en faire des lieux de vie.
Que l'on ne soit pas condamné à dire à nos enfants : pour avoir une université qui ressemble à une université où vous aimerez étudier, soyez obligés d'aller partout ailleurs sauf chez nous.
Il n'y a pas de fatalité pour nos étudiants d'étudier dans des locaux de préférence sales, sinistres où lorsque l'on a refait les vitres, on considère avoir vraiment fait un investissement majeur pour l'économie de la connaissance du XXIe siècle. Nous ne sommes pas condamnés à la sinistrose, à la médiocrité et au nivellement.
Cela passe également par un changement dans la gouvernance de nos universités.
La démocratie culturelle, c'est bien sûr la vie culturelle en région, Il est important de rétablir les équilibres entre Paris et province, de donner un coup d'arrêt à la multiplication, dans la capitale, de nouveaux grands établissements, alors que c'est le maillage culturel de la France qu'il faut renforcer.
Il faut sans doute imaginer les maisons de la culture du XXIe siècle. Là aussi, sans blesser personne, le modèle a un petit peu vieilli et il ne serait pas absurde que nous réfléchissions, vraiment sans choquer personne, à savoir si l'on peut faire, en 2007, peut-être un poil différent de ce que l'on a fait dans les années 60... En respectant naturellement la mémoire, la culture, mais en bousculant les habitudes de fond en combles pour avoir des heures d'ouverture et des gens passionnés, et pas simplement des habitués.
Notre vitalité culturelle dépend de notre vitalité tout court, tout se tient.
La culture, la création reflètent toujours la force d'âme d'un pays, son envie de vivre, de se faire entendre, d'exprimer tout son être, de tracer de nouvelles frontières.
D'ailleurs, à la Renaissance tout a explosé. Et c'est ce qui est magnifique avec la culture. On échoue ou l'on réussit tous ensemble.
La culture est le baromètre d'un pays. Quand le pays explose de vitalité, d'envie de vivre, de réussir, d'innover, dans tous les domaines culturels se révèlent les artistes de demain, la peinture, la sculpture, l'opéra, la danse, la musique, parce que c'est lié.
Dans un pays triste, qui renonce, où plus rien n'est possible, la création est la première à en souffrir.
Je souhaite que les créateurs, les écrivains, les artistes considèrent que la France est leur pays. Je souhaite qu'ils sachent que nous voulons les accueillir et que nous avons envie de les retrouver chez nous.
J'aurais eu bien d'autres choses à vous dire.
J'ai simplement voulu vous faire partager ma conviction que cette élection présidentielle est un grand moment de débat et de liberté.
Je voudrais que chacun d'entre vous, au-delà de sa propre histoire, se dise qu'il va penser librement et qu'il va choisir librement.
La question n'est pas de savoir si vous avez été dans le passé à gauche ou à droite. La question est ce que vous voulez pour votre pays.
C'est peut-être l'élection la plus libre depuis 30 ans dans notre pays. C'est un choix considérable car nous allons rebattre totalement les cartes.
La question n'est pas de savoir quelle était votre identité politique, il y a encore quelques mois, mais de savoir ce que vous voulez que soit la France dans un mois.
Si vous voulez que la France devienne le pays de tous les possibles, le pays de la création, de l'innovation, de la culture et des artistes, c'est à vous de vous engager maintenant, au-delà de vos habitudes et de ce qu'ont peut-être été vos choix.
Je vous le dis très simplement, je ne me sens pas le candidat de la droite contre la gauche. Je ne suis pas un conservateur.
Je veux être le candidat de la vie. Je ne peux pas accepter pour mon pays autre chose que l'excellence.
Je ne critique personne, mais ce que les autres ont fait de mieux, je le veux pour notre pays.
Je ne veux pas me résoudre à ce qui se passe aujourd'hui, à une France qui a porté une si grande histoire, pourquoi ne serions-nous pas la terre de la création, des artistes et de la vitalité ? Voilà ce qui est en cause.
Alors, naturellement, si vous voulez que je réussisse ce projet, je dois le faire en allant bien au-delà des clivages habituels.
Je vous propose un Contrat de confiance sur 5 ans. Vous oubliez d'où vous venez pour 5 ans et si vous voulez y retourner au bout des 5 ans, Ok !
Mais faites ce chemin avec moi avant, parce que c'est bien de cela dont il s'agit !
J'en vois tellement qui me dise : « Nicolas, on aimerait bien ! » Alors si vous aimez bien, ne vous gênez pas ! Faites vous plaisir, allez-y !
La question n'est pas là, un peu de courage, ça vaut le coup.
Je vois tellement d'habitudes et de conservatismes.
Je vois tellement de gens qui baissent la tête et parlent à voix basse.
Vous pensez que nous nous sommes endormis.
Vous pensez, et vous avez raison, que la chape de plomb des habitudes et des tabous empêche la création française.
Moi, j'ai besoin de vous, parce que c'est justement mon projet.
Et ce projet s'adresse à tous les Français, parce qu'un président de la République n'est pas l'homme d'un parti, d'un plan ou d'une secte.
Le président de la République est l'homme de la nation.
Pour changer les choses, il n'y a pas d'homme miracle, il y a simplement, à un moment de l'histoire de notre pays, des gens différents qui se retrouvent pour dire que c'est le bon jour, que cette fois-là est la bonne et que nous allons ensemble changer les choses.
Que les gens de gauche restent à gauche et les gens de droite restent à droite. Mais, à l'image de ce qu'à fait remarquablement l'Espagne, de ce qu'à fait brillamment l'Angleterre, de ce que savent remarquablement faire les Etats-Unis, à un moment, il faut transcender les clivages, pour avancer tous ensemble et moderniser notre pays.
Mesdames et Messieurs,
Je vous l'ai dit, en respectant profondément les différences de chacun.
Je vais, moi, à cette élection, librement, en homme libre.
Parce qu'après tout, je suis bien placé pour connaître le prix à payer dans une campagne, ce que cela représente d'efforts.
Je me suis libéré de toutes mes petites ambitions, pour n'en garder qu'une seule, celle de pouvoir, à un moment donné, incarner mon pays pour le porter vers l'excellence et la modernité.
Je vais vers vous avec toute l'authenticité et la sincérité qui sont miennes. Je n'ai pas l'intention de mentir, de trahir ni de décevoir. Mais je n'ai pas l'intention non plus d'accepter de continuer à vivre dans une démocratie où un Français sur deux ne vote pas parce qu'il ne croit plus en rien, et où un quart de ceux qui votent le font pour les extrêmes, non pas par espérance mais pour crier leur colère.
Crier sa colère ne sert à rien.
Bouder dans son coin ne sert à rien.
Moi, ce dont j'ai besoin, parce que le pays en a besoin, ce sont des Français qui se lèvent en disant : oublions les clivages et construisons ensemble les 5 ans qui viennent.
Voilà le challenge que je voudrais tout simplement vous proposer.
Source http://www.u-m-p.org, le 6 avril 2007