Texte intégral
G. Morin On va parler de la Corse, de l'Europe et de Paris. Sur les affaires qui entourent Paris, notamment les affaires des marchés publics d'Ile-de- France, avez-vous un sentiment, vous qui êtes depuis longtemps un élu parisien ?
- "Comme tous ceux qui ne sont pas dans le coup, ce que je sais, c'est à travers la lecture de la presse..."
Heureusement qu'il y a la presse alors ?
- "Heureusement qu'il y a la presse et plus encore, sans doute, la justice et la police. Car naturellement, nous ne saurions rien. Je crois que c'est un dossier extrêmement lourd, préoccupant, car il éclabousse toute la vie politique française. C'est vraiment dramatique. Vivre dans ce climat est malsain et je crains même que les élections municipales soient plombées par le dossier des affaires."
M. Roussin, J. Chirac... On voit que cela se resserre autour de la mairie de Paris et de son niveau le plus élevé. Avez-vous ressenti cela lorsque vous étiez responsable politique à l'Hôtel de Ville ?
- "Si vous parlez du dossier des lycées d'Ile-de-France, cela ne concerne pas directement la ville et la mairie de Paris. Par contre, il est évident que ce sont les partis politiques en tant que tels qui sont impliqués, d'après ce que je lis. Il y a beaucoup d'hypocrisie autour de cela. Je souhaite véritablement que le passé soit apuré de manière à ce que la vie politique puisse repartir sur des bases saines."
Une grande explication, des déclarations du Président de la République sont nécessaires ?
- "Cela fait partie des déclarations hypocrites. Qu'attend-t-on des déclarations du Président de la République, de tel ou tel leader ? C'est à la justice de faire son travail."
Vous évoquiez les municipales. Cela va compliquer la situation pour les municipales à Paris, disiez-vous, et d'une manière générale en France. Mais personnellement, votre mouvement pour les municipales à Paris, on dit : "ils seront peut-être candidat, ils auront peut-être une liste..." C'est décidé ou pas ?
- "Pour le moment, nous poursuivons les négociations avec nos partenaires, notamment le PS. Je considère qu'un accord n'a de sens que si nous parvenons à conclure dans des délais extrêmement rapides. Pour ma part et l'ensemble des MDC, nous souhaitions signer un accord positif avant les vacances de l'été. Vous voyez que nous avons pris du retard. La gauche rassemblée, mobilisée devrait pouvoir engager le combat politique électoral dans les meilleures conditions, mais vite !"
Si avant Noël, par exemple, la fédération socialiste de Paris ne vous a pas donné de bonnes places, vous y allez tout seul ?
- "Ce n'est pas seulement une question de place, c'est une question de ce qui sera fait après - en cas de victoire - et de conduire la campagne électorale. Je suis convaincu que le pluralisme n'a de sens que si chacun trouve sa place pour faire du bon travail avec sa personnalité."
Demain, à l'Assemblée nationale, avec les communistes, de deux manières différentes, vous allez voter contre des propositions du Gouvernement, pour la transposition en France de directives européennes. Le Gouvernement veut légiférer par ordonnance pour aller vite, et vous allez demander que l'on vote ce que vous appelez une exception d'irrecevabilité. Pourquoi voter contre le Gouvernement dans cette affaire ?
- "Tout d'abord, il s'agit de directives européennes, dossiers dans lesquels le Parlement n'a pratiquement aucune prise. Deuxièmement, le Gouvernement veut légiférer par ordonnance : cela sonne toujours mal, ce mot ordonnance."
Cela vous rappelle les mauvais temps du gaullisme ?
- "Cela rappelle toujours de très mauvais temps, de Charles X jusqu'à maintenant - je ne fais pas la comparaison, évidemment."
Donc, il y a l'Europe d'une part, et d'autre part le gouvernement par ordonnance : les deux aspects vous gênent.
- "La forme est mauvaise car cela porte atteinte à l'indépendance du Parlement ; c'est vraiment utiliser - je parle des ordonnances - une arme terrible. Deuxièmement, il y a le fond : qu'il s'agisse des télécoms, qu'il s'agisse de La Poste, qu'il s'agisse des mutuelles, qu'il s'agisse du financement des autoroutes, de la sécurité sociale..."
C'est la mise en concurrence, c'est dans l'air du temps !
- "Mais je ne suis pas pour que tout soit mis en concurrence, notamment le code de la mutualité française, les services publics... Et à propos de la mutualité française, je vous ai apporté un document qui explique que la mutuelle retraite de la fonction publique a écrit à ses sociétaires - plusieurs habitants de ma circonscription qui sont venus me voir - pour leur dire que la réforme du code de la mutualité va être modifiée par la directive européenne sur l'assurance. Pour le moment, rien n'est voté. Mais déjà, cette mutuelle écrit que : "l'effort se trouve donc partagé entre tous les adhérents, cotisants et retraités, ainsi le complément retraite mensuel en 2001 s'élèvera à 1278 francs au lieu de 1552 francs.""
Vous craignez donc une baisse des prestations ?
- "Je ne crains pas, c'est annoncé aux sociétaires ! Je prends cet exemple, mais tout cela va dans le même sens : est-ce qu'il est normal que le Parlement ne débatte pas de ces sujets qui concernent directement tous les Français ?"
On va présenter le projet de loi pour la Corse cette semaine. Les indépendantistes demandent la mise au pas des juges qui s'occupent de la Corse. Qu'en pensez-vous ?
- "M. Talamoni, avocat, demandait il y a 72 heures la mise sous tutelle de l'autorité judiciaire. Hier, c'était la mise au pas des magistrats. On voit que les interlocuteurs du Gouvernement sont de vrais démocrates ! Ils sont pour la séparation des pouvoirs ! Ils souhaitent vraiment que la justice passe ! De plus, ils disent qu'ils sont susceptibles de reprendre les attentats... Mais les attentats n'ont jamais cessé ! Est-ce que le Gouvernement doit continuer à négocier avec des gens pareils ? Je réponds non !"
Il y a plein de sujets de mécontentement pour vous ce matin.
- "Mais cela ne m'énerve pas, au contraire, je suis résolu et calme !"
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 décembre 2000)
- "Comme tous ceux qui ne sont pas dans le coup, ce que je sais, c'est à travers la lecture de la presse..."
Heureusement qu'il y a la presse alors ?
- "Heureusement qu'il y a la presse et plus encore, sans doute, la justice et la police. Car naturellement, nous ne saurions rien. Je crois que c'est un dossier extrêmement lourd, préoccupant, car il éclabousse toute la vie politique française. C'est vraiment dramatique. Vivre dans ce climat est malsain et je crains même que les élections municipales soient plombées par le dossier des affaires."
M. Roussin, J. Chirac... On voit que cela se resserre autour de la mairie de Paris et de son niveau le plus élevé. Avez-vous ressenti cela lorsque vous étiez responsable politique à l'Hôtel de Ville ?
- "Si vous parlez du dossier des lycées d'Ile-de-France, cela ne concerne pas directement la ville et la mairie de Paris. Par contre, il est évident que ce sont les partis politiques en tant que tels qui sont impliqués, d'après ce que je lis. Il y a beaucoup d'hypocrisie autour de cela. Je souhaite véritablement que le passé soit apuré de manière à ce que la vie politique puisse repartir sur des bases saines."
Une grande explication, des déclarations du Président de la République sont nécessaires ?
- "Cela fait partie des déclarations hypocrites. Qu'attend-t-on des déclarations du Président de la République, de tel ou tel leader ? C'est à la justice de faire son travail."
Vous évoquiez les municipales. Cela va compliquer la situation pour les municipales à Paris, disiez-vous, et d'une manière générale en France. Mais personnellement, votre mouvement pour les municipales à Paris, on dit : "ils seront peut-être candidat, ils auront peut-être une liste..." C'est décidé ou pas ?
- "Pour le moment, nous poursuivons les négociations avec nos partenaires, notamment le PS. Je considère qu'un accord n'a de sens que si nous parvenons à conclure dans des délais extrêmement rapides. Pour ma part et l'ensemble des MDC, nous souhaitions signer un accord positif avant les vacances de l'été. Vous voyez que nous avons pris du retard. La gauche rassemblée, mobilisée devrait pouvoir engager le combat politique électoral dans les meilleures conditions, mais vite !"
Si avant Noël, par exemple, la fédération socialiste de Paris ne vous a pas donné de bonnes places, vous y allez tout seul ?
- "Ce n'est pas seulement une question de place, c'est une question de ce qui sera fait après - en cas de victoire - et de conduire la campagne électorale. Je suis convaincu que le pluralisme n'a de sens que si chacun trouve sa place pour faire du bon travail avec sa personnalité."
Demain, à l'Assemblée nationale, avec les communistes, de deux manières différentes, vous allez voter contre des propositions du Gouvernement, pour la transposition en France de directives européennes. Le Gouvernement veut légiférer par ordonnance pour aller vite, et vous allez demander que l'on vote ce que vous appelez une exception d'irrecevabilité. Pourquoi voter contre le Gouvernement dans cette affaire ?
- "Tout d'abord, il s'agit de directives européennes, dossiers dans lesquels le Parlement n'a pratiquement aucune prise. Deuxièmement, le Gouvernement veut légiférer par ordonnance : cela sonne toujours mal, ce mot ordonnance."
Cela vous rappelle les mauvais temps du gaullisme ?
- "Cela rappelle toujours de très mauvais temps, de Charles X jusqu'à maintenant - je ne fais pas la comparaison, évidemment."
Donc, il y a l'Europe d'une part, et d'autre part le gouvernement par ordonnance : les deux aspects vous gênent.
- "La forme est mauvaise car cela porte atteinte à l'indépendance du Parlement ; c'est vraiment utiliser - je parle des ordonnances - une arme terrible. Deuxièmement, il y a le fond : qu'il s'agisse des télécoms, qu'il s'agisse de La Poste, qu'il s'agisse des mutuelles, qu'il s'agisse du financement des autoroutes, de la sécurité sociale..."
C'est la mise en concurrence, c'est dans l'air du temps !
- "Mais je ne suis pas pour que tout soit mis en concurrence, notamment le code de la mutualité française, les services publics... Et à propos de la mutualité française, je vous ai apporté un document qui explique que la mutuelle retraite de la fonction publique a écrit à ses sociétaires - plusieurs habitants de ma circonscription qui sont venus me voir - pour leur dire que la réforme du code de la mutualité va être modifiée par la directive européenne sur l'assurance. Pour le moment, rien n'est voté. Mais déjà, cette mutuelle écrit que : "l'effort se trouve donc partagé entre tous les adhérents, cotisants et retraités, ainsi le complément retraite mensuel en 2001 s'élèvera à 1278 francs au lieu de 1552 francs.""
Vous craignez donc une baisse des prestations ?
- "Je ne crains pas, c'est annoncé aux sociétaires ! Je prends cet exemple, mais tout cela va dans le même sens : est-ce qu'il est normal que le Parlement ne débatte pas de ces sujets qui concernent directement tous les Français ?"
On va présenter le projet de loi pour la Corse cette semaine. Les indépendantistes demandent la mise au pas des juges qui s'occupent de la Corse. Qu'en pensez-vous ?
- "M. Talamoni, avocat, demandait il y a 72 heures la mise sous tutelle de l'autorité judiciaire. Hier, c'était la mise au pas des magistrats. On voit que les interlocuteurs du Gouvernement sont de vrais démocrates ! Ils sont pour la séparation des pouvoirs ! Ils souhaitent vraiment que la justice passe ! De plus, ils disent qu'ils sont susceptibles de reprendre les attentats... Mais les attentats n'ont jamais cessé ! Est-ce que le Gouvernement doit continuer à négocier avec des gens pareils ? Je réponds non !"
Il y a plein de sujets de mécontentement pour vous ce matin.
- "Mais cela ne m'énerve pas, au contraire, je suis résolu et calme !"
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 décembre 2000)