Conférence de presse de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, sur la réaction de son parti aux licenciements décidés par Marks and Spencer et les initiatives que le PCF compte prendre pour faire face à cette vague de "licenciements boursiers" déclenchée par les grandes entreprises, Paris, le 10 avril 2001.

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Circonstance : Conférence de presse de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, en présence de délégations des organisations syndicales, à Paris, le 10 avril 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation à participer à cette conférence de presse.
Il y a à peine une semaine, j'étais auprès des salariés de LU à Calais, où je leur ai exprimé ma solidarité, cette même solidarité je tiens à l'exprimer au personnel de "Marks et Spencer", avec la même force, la même conviction. C'est aussi une profonde indignation, que je ressens quand je vois le mépris avec lequel ces grands groupes capitalistes traitent des salariés qui ont tout donné pour faire vivre des entreprises, jusqu'à en faire des références dans le paysage économique français.
Encore une fois, la loi du "Tout fric": vous savez, cette loi qui vise non seulement à faire du profit en toutes circonstances, mais qui veut encore plus de profits quand il y en a déjà, et qui en veut énormément s'il y en a déjà beaucoup, cette loi-là, montre à quel point nous vivons dans une société insupportable de soumission aux puissances de l'argent.
Le groupe britannique Marks et Spencer connaît des difficultés certes, et les organisations syndicales avaient d'ailleurs déclenché un droit d'alerte, comme prévu dans le droit du travail. Mais encore une fois, au lieu de chercher des solutions, faire face au problème, c'est la loi dont je viens de parler qui a été appliquée. Celle ou l'on préfère distribuer massivement des dividendes aux actionnaires ( pour Marks et Spencer, ce sont 7 milliards de francs en 1999 et 2000, et 21 milliards d'ici 2003) cette loi donc qui préfère gaver les actionnaires et briser la vie de milliers de salariés et de leur famille.
Je le dis comme je le pense, c'est intolérable! On ne peut laisser faire et les communistes pour leur part entendent faire le maximum pour que la riposte s'organise et que soient mis en échec ces véritables coups de force: Nous ne laisserons pas la bourse jeter les salariés à la corbeille.
Je me félicite de la décision prise par le Tribunal de grande instance de Paris qui vient de suspendre la fermeture des magasins Marks et Spencer, c'est un encouragement à poursuivre la lutte et les communistes entendent le faire.
Au-delà de la mobilisation, de l'action des salariés et de leurs organisations syndicales, de la solidarité de l'ensemble des citoyens ... des moyens existent et doivent être mis en oeuvre, d'autres doivent être mis en place. Aussi permettez-moi de vous informer des initiatives que nous prenons.
D'abord un rappel: j'ai fait adopter une loi sur le contrôle des fonds publics destinés à l'emploi - et cela concerne aussi Marks et Spencer qui a bénéficié d'exonération de charges (pour l'emploi pour les 35 heures), de remises d'impôts... - Et bien, cette loi qui est aujourd'hui une loi de la république, une loi qui permet de d'exiger le remboursement de ces fonds publics lorsqu'ils ne sont pas utilisés pour l'emploi, n'est toujours pas appliquée parce que les décrets qui le permettraient ne sont toujours pas signés.
Ici même, j'interpelle le gouvernement, ces décrets doivent être signés sans délai, pour que cette loi soit effective dès maintenant, y compris J'ajoute que notre groupe parlementaire saisit le Premier ministre pour qu'un amendement soit introduit, par exemple, lors de l'examen des lois de modernisation sociale ou financière, qui donne au ministre du Travail le pouvoir de suspendre par arrêté, un plan de licenciements collectifs présenté par une entreprise.
Plus largement, je demande avec le groupe communiste qu'une loi soit votée qui interdise tout licenciement économique, collectif, aux entreprises qui font des bénéfices.
Et sans attendre cette loi, pour toutes les entreprises, quelle que soit leur situation, il faut qu'un moratoire sur tous les plans de licenciements soit décidé, afin que chaque situation soit réexaminée de fond en comble en privilégiant la recherche de solutions favorables à l'activité et à l'emploi.
D'autre part, les élus communistes de Paris vont demander à Bernard Delanoë de faire adopter par le conseil municipal de Paris, un voeu qui exige du gouvernement, la mise en oeuvre des propositions législatives dont je viens de parler. Et tous les conseils municipaux de France seront sollicités pour qu'ils agissent dans le même sens.
Je vous informe aussi qu'une délégation d'élus communistes de Paris va se rendre auprès du maire de Londres, pour le convaincre que son conseil municipal en fasse autant en direction du gouvernement britannique.
Quant au groupe parlementaire européen, GUE/NGL, présidé par mon ami Francis WURTZ, ici présent, il vient de demander la création au sein de la commission des Affaires sociales, d'une nouvelle instance permanente, chargée du suivi des stratégies des grands groupes en Europe. Cette structure doit évidemment être ouverte aux organisations syndicales, aux comités d'entreprise, aux organisations de consommateurs, aux élus.
Enfin, il y a la manifestation du 21 avril à Calais. Cette manifestation-là, sera aussi bien celle des salariés de Danone que celle des Marks et Spencer.
Le 21 avril, ce sera une manifestation nationale contre tous les licenciements boursiers, un acte de résistance pour les salariés de Danone, ceux de Marks et Spencer, ceux d'AOM, ceux d'Aventis... je pourrais rallonger cette liste... Toutes celles et ceux qui sont aujourd'hui menacés par ce monopoly qui se joue à leurs dépens.
Le 21 avril, la ville de Calais qui est déjà un carrefour de rencontres des peuples européens, sera le théâtre d'une riposte européenne aux pratiques des groupes multinationaux. Calais, sera le 21 avril la capitale française et européenne de la résistance à cette violence financière qu'il n'est pas question d'accepter.
Alors je le dis aux salariés de Marks et Spencer, cette manifestation est la vôtre.

(source http://www.pcf.fr, le 18 avril 2001)