Texte intégral
Discours de M. François HUWART,
Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur,
Voeux au CFCE
Mardi 9 janvier 2001
Madame la présidente,
Monsieur le directeur,
Monsieur le directeur général,
Je suis très heureux de vous retrouver aux premiers jours de la nouvelle année, comme le veut la tradition. C'est bien sûr l'occasion pour moi de vous adresser, à tous, mes voeux de bonheur, personnel et professionnel, pour 2001.
En ces premiers jours de janvier, l'heure est aux voeux, mais également aux bonnes résolutions. Ces vux et ces résolutions prennent aujourd'hui un relief particulier, à l'aube d'une année qui officialise l'entrée dans un siècle encore neuf. En cet instant solennel, je dois vous recommander, à mon tour, d'employer efficacement l'année 2001 afin que le CFCE puisse fêter son centenaire ! Certes, le CFCE n'a pas à rougir de son bilan en l'an 2000 : j'en citerai d'ailleurs quelques-uns des aspects les plus saillants.
Mais ces succès sont moins un motif d'autosatisfaction qu'un appel à agir, un appel à aller de l'avant, à être plus ambitieux encore.
Le seuil symbolique de 2001 annonce des échéances qui sont autant de défis à relever pour le CFCE et les partenaires du commerce extérieur. L'année 2001 sera sûrement une année décisive pour les organismes d'appui au commerce extérieur.
Le plus grand de ces défis concerne à l'évidence les nouvelles technologies de l'information et de la communication. En dépit des ressacs du Nasdaq, ces nouveaux réseaux sont bien plus que de nouveaux outils : ils portent la promesse d'une modification en profondeur de la vie des entreprises comme de votre métier de collecte et de diffusion de l'information. Le CFCE se doit naturellement d'être aux avant-postes de cette révolution.
I) Mais avant d'évoquer les défis de ce futur proche, je veux rappeler rapidement quelques-uns des points forts de votre action en 2000.
Je pense d'abord aux Programmes d'Action Régionaux pour le Développement International (PARDI), une initiative qui me tient à coeur et qui a enregistré, en cette fin d'année, ses premiers résultats tangibles.
Le CFCE est en effet au coeur de notre politique régionale, au cur de notre stratégie visant à accroître la participation des PME et des TPE dans le socle des entreprises françaises qui exportent.
La compétence du CFCE, dans ses fonctions d'analyse, de synthèse, de connaissance des marchés et des secteurs d'activité, contribue de manière précieuse à la mise en place des PARDI.
Le CFCE a apporté son expertise aux DRCE et aux partenaires régionaux : régions, réseaux consulaires, services déconcentrés de l'Etat.
Ainsi, au total, le CFCE a réalisé plus de trente dossiers sectoriels d'information qui sont autant de propositions d'action dans 13 régions.
Le travail réalisé sur ces programmes doit vous permettre de vous rapprocher des DRCE et de valoriser mieux encore votre expertise sectorielle.
Cette cristallisation de toutes les énergies à laquelle vous avez pris une part active, donne déjà des résultats tangibles. Un large éventail de ces programmes a déjà été signé, en Midi-Pyrénées, en Limousin, dans la Région Centre, en Picardie.
A la veille des fêtes, j'étais dans le Nord-Pas-de-Calais pour assister à la signature d'un programme sur la transformation des produits de la mer et d'un autre sur la filière ferroviaire. Je serai après-demain à Poitiers pour les NTIC et les métiers d'art. Aussi, permettez-moi, ce matin, de vous féliciter collectivement de votre engagement dans ces actions au service de nos entreprises, et particulièrement de nos PME-PMI.
Cet engagement n'a jamais fait défaut à la mission artisanat-TPE, la MAT, dont j'ai pu constater l'action permanente pour sensibiliser, stimuler et soutenir les premières démarches à l'international des artisans et des très petites entreprises.
Je pense également au " Fil de l'Export ", une opération qui regroupe 17 partenaires et pour laquelle le CFCE a été largement sollicité. En un an d'existence, ce service a reçu plus de 10 000 appels émanant de 6000 entreprises. Ce numéro d'appel national unique a permis une première approche de l'exportation à de très nombreuses PME et surtout TPE sur l'ensemble du territoire.
Sur le plan réglementaire et juridique, le CFCE a joué un rôle important dans le fonctionnement de cette opération, tout comme les équipes de la direction commerciale et de la communication.
En août, un site internet, filexport.com, est venu compléter le dispositif. Il fonctionne comme un portail ouvert sur toutes les problématiques du commerce extérieur.
Je ne vous cacherai pas que nous restons néanmoins en dessous de nos espérances et j'attends, Madame la présidente, qui n'avez aucune responsabilité dans le lancement de cette opération, je le sais bien, que vous présentiez vos idées et vos projets pour relancer, si possible, cette mécanique.
Les PARDI et le Fil de l'export ne sont, bien sûr, que deux aspects de l'activité du CFCE. Votre programme de travail a été chargé cette année.
Il faudrait également citer votre activité d'étude du comportement des consommateurs étrangers et de la concurrence.
L'an dernier, par exemple, le CFCE a étudié la concurrence étrangère en matière d'ingénierie touristique à la demande du Conseil national du tourisme. La structure mise en place pour suivre les stratégies des grands groupes étrangers est maintenant tout à fait opérationnelle et produit des études approfondies. De même, le groupe traitant des études statistiques stratégiques propose des prestations permettant d'observer, notamment, les évolutions des parts de marchés des pays concurrents.
Mais je veux également mentionner votre participation au suivi des risques alimentaires
Là aussi, je tiens à signaler le rôle important que le CFCE joue dans ce domaine et qui implique ses équipes parisiennes comme les chargés de mission agricoles en poste à l'étranger, en concertation permanente avec le ministère de l'agriculture.
La participation active du CFCE à la cellule de crise ESB, par la fourniture d'informations sur les marchés et sur leurs réactions aux mesures annoncées, permet de réagir en temps réel à la situation constatée dans les pays qui sont nos principaux débouchés.
Le CFCE a d'ailleurs poursuivi, avec le ministère de l'agriculture, la DREE, les offices concernés et la SOPEXA, son cycle de réflexions sectorielles, passant ainsi " au crible " les secteurs des volailles et viandes transformées.
II). Mais, je souhaite aussi, naturellement, évoquer les défis que le CFCE doit relever cette année sans attendre.
Le premier de ces défis, le plus crucial dans l'immédiat, est celui de l'information, qui est le cur même de votre métier. Le CFCE se trouve aujourd'hui confronté à un paradoxe : jamais l'information n'a été aussi abondante et, pourtant, jamais les besoins d'information n'ont été aussi grands.
Une étude récente de l'université de Berkeley souligne que dans les trois années à venir l'humanité va produire plus d'informations originales que dans toute son histoire. Une étude de Forrester Research publiée en décembre dernier constate l'augmentation de la taille des sites Internet marchands, dont le nombre moyen de pages est passé, en deux ans, de 4 500 à près de 17 000.
Plus fournis, les sites sont aussi plus nombreux : les entreprises multiplient leurs vitrines sur la toile en fonction des clientèles visées. C'est un point sur lequel j'attire votre attention, ainsi que celle des autres partenaires du réseau du commerce extérieur. Aux Etats-Unis, seule 1 entreprise sur 10 se contente d'un seul site, la moitié en possèdent de 2 à 5 et même 12 % des entreprises disposent de plus de 20 sites internet.
Pour un organisme comme le CFCE, dont la mission est justement de collecter et de fournir l'information aux acteurs économiques, cette étonnante prolifération des données et des synergies de présence sur la toile est un enjeu crucial.
La problématique est aussi celle de la gestion de ces contenus et de leurs flux. Il s'agit d'un marché jeune mais déjà prometteur puisque, selon un grand constructeur informatique, il devrait représenter plus de 230 millions d'euros en France cette année.
Maîtriser les technologies les plus avancées est donc pour le CFCE une question de survie, car il s'agit bien de produire l'information, de la trier, de la hiérarchiser, de l'analyser et de la valider pour fournir aux entreprises clientes des prestations de plus en plus individualisées. Celles-ci réclament désormais une information pour ainsi dire sur mesure.
J'ajoute que cette matière première est extrêmement périssable : les dates de péremption d'une information sont de plus en plus courtes et vous obligent à travailler dans l'urgence. En effet, les parts de marché sont moins que jamais acquises et la vitesse de réaction devient la condition sine qua non du succès à l'exportation.
La réforme engagée en 1998 est une première réponse à ces évolutions. Il me paraît en effet plus que jamais nécessaire de jouer sur l'effet réseau des différents partenaires du commerce extérieur. Pour ne prendre que cet exemple, la mise en place d'un intranet CFCE articulé sur celui de la DREE permet une circulation plus fluide des documents des PEE.
Cet effort d'intégration des nouvelles technologies doit évidemment se poursuivre : il offre certainement au CFCE un espace de manuvre inédit. C'est la raison pour laquelle j'avais demandé, en mai dernier, à votre direction des propositions d'action sur l'impact des NTIC dans les missions de collecte, de diffusion et de vente de l'information imparties au CFCE.
Vous avez avancé dans l'étude d'un concept de galerie marchande en ligne. Cette galerie électronique peut valoriser l'offre du réseau et fonctionner comme une boutique où les PME-PMI pourront se procurer vos produits et vos services. Ce projet doit donc contribuer à l'évolution du CFCE vers une offre de prestations de plus en plus individualisées.
Mais, au delà du lancement, créer un portail impose une réflexion prospective : quel accès à quelles données, selon quelles modalités et pour quelle facturation en ligne? Qu'en sera t'il de l'interactivité avec le client, de la protection de l'intelligence économique vis à vis des tiers ou de la vigilance juridique? Autant de questions qui exigent des réponses concrètes à brève échéance.
Le développement de ce portail, quelle qu'en soit la forme, peut également déclencher des partenariats commerciaux ou financiers et permettre au CFCE de développer ses positions sur le terrain de l'e-commerce.
Cela doit constituer désormais un des axes centraux de son développement tant les enjeux sont importants. En 2001, les achats en lignes des PME américaines seront de l'ordre de 120 milliards de dollars. Selon Les estimations de BNP Paribas, le commerce électronique en France dépassera les 40 milliards d'euros à l'horizon 2003, répartis pour moitiés entre B to C et B to B. Cette montée en puissance de l'e-commerce est l'un des grands défis qui s'ouvrent pour le CFCE, d'autant qu'à peine plus de 3 % de nos entreprises sont aujourd'hui équipées pour le paiement sécurisé en ligne.
Dans cette perspective, il m'apparaît donc naturel de privilégier la complémentarité des projets Internet du CFCE et du CFME ACTIM, et tout ce que je viens de décrire s'applique, non pas aussi au CFME ACTIM, mais au CFCE et au CFME ACTIM ensemble.
Le dossier du rapprochement immobilier entre vos deux organismes a d'ailleurs avancé.
L'avant projet d'immeuble, soumis au conseil d'administration du CFCE dans sa séance du 20 décembre, comme il a été soumis au conseil du CFME ACTIM, devrait connaître, dans les prochaines semaines, des évolutions décisives engageant les deux organismes dans un rapprochement bénéfique à la création de très fortes synergies et apportant aux entreprises une image beaucoup plus cohérente et moderne du dispositif public.
De tout ceci je tire la conclusion que le CFCE doit, sans attendre, s'adapter au changement. Face à la double accélération du progrès technologique que je viens d'évoquer, et des échanges internationaux (14 % en 2000 selon l'OMC), j'en appelle à votre mobilisation, à votre capacité de réaction et d'adaptation aux mutations en cours.
Madame la présidente, c'est votre première année à la tête de cette grande et belle maison dont le conseil d'administration a été renouvelé, rajeuni, et féminisé, en un mot préparé à relever, sous votre impulsion, les défis que je viens d'esquisser.
Je vous adresse, à vous Ariane Obolensky, à l'ensemble de vos collaborateurs et à tous les agents du CFCE, mes voeux de réussite les plus sincères.
(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 25 janvier 2001)