Texte intégral
Le Conseil de sécurité intérieure s'est réuni le lundi 19 avril sous la présidence du Premier ministre en présence des ministres de la justice, de l'intérieur, de la défense et du secrétaire d'Etat chargé du budget, membres permanents, ainsi que du ministre délégué à la ville, du ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie, de la ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire et du ministre de la fonction publique.
Trois points ont été abordés au cours de cette séance :
- la définition des grands axes d'une politique publique d'aide aux victimes de la délinquance;
- la clarification des liens entre les contrats locaux de sécurité et la politique de la ville ;
- l'adaptation des forces mobiles aux priorités de la police de proximité ;
A. la définition des grands axes d'une politique publique d'aide aux victimes
Le Conseil de sécurité intérieure a examiné les conclusions du rapport établi par Marie-Noëlle Lienemann et remis au Premier ministre le 26 mars dernier. Ce travail avait pour objet de formuler des propositions en vue de relancer et coordonner les actions en faveur de l'aide aux victimes des actes de délinquance.
L'aide aux victimes constitue un des éléments de la politique de sécurité du Gouvernement tant au niveau national que local où elle doit trouver sa place dans les contrats locaux de sécurité. En effet, elle doit viser à mieux soutenir ceux de nos concitoyens, victimes d'actes de délinquance, qui sont les plus atteints et les plus démunis et qui ressentent par conséquent plus durement que les autres les conséquences des actes qu'ils ont subis.
Après les actions lancées en 1983 sous l'impulsion de Robert BADINTER et le développement d'initiatives souvent sectorielles émanant de services de l'Etat, de la justice, des collectivités locales et d'associations d'aides aux victimes, un nouvel élan à la politique d'aide aux victimes peut ainsi être donné.
Le Conseil de sécurité intérieure a pris, sur la base des propositions de Marie-Noëlle LIENEMANN, les décisions suivantes:
1/ Un plan d'action sur trois ans en vue d'améliorer l'accueil, l'information et l'accompagnement des victimes et de leurs familles sera conduit au sein l'ensemble des services de l'Etat :
1.1 Des mesures seront prises et des circulaires adressées par les ministres compétents aux services de police et de gendarmerie au contact des victimes en vue d'harmoniser les conditions d'accueil et d'information des victimes et de formation des personnels.
1.2 La présence de travailleurs sociaux dans les commissariats, déjà expérimentée sur 4 sites, sera étendue à 8 circonscriptions de plus de 60 000 habitants (Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux, Metz, Nancy et Dijon) ; la généralisation du dispositif sera envisagée au terme de l'évaluation prévue fin 2000.
1.3 Des correspondants " aide aux victimes " seront désignés dans chaque département dans les services accueillant des victimes (police, gendarmerie, hôpitaux et juridictions). Il auront pour mission de sensibiliser l'ensemble des personnels et d'entretenir des relations avec les autres partenaires publics ou associatifs.
1.4 Un numéro téléphonique national gratuit d'aide aux victimes sera mis en place. L'Institut national de l'aide aux victimes et de la médiation (INAVEM) en sera chargé.
1.5 Les services publics concernés fourniront aux victimes des informations sur l'existence des associations d'aide aux victimes agréées ; sur leur demande, leurs coordonnées seront transmises à ces associations.
1.6 Des instructions seront données aux services de police et de gendarmerie rappelant la procédure de domiciliation garantissant la confidentialité des coordonnées des victimes et témoins à l'égard des auteurs d'infractions ; une circulaire interministérielle précisera l'usage qu'il convient de faire des déclarations portées sur la main courante .
1.7 Les victimes seront informées de la désignation du service chargé de l'enquête et de la transmission de la procédure au parquet.
1.8 La prise en charge des victimes d'accidents collectifs sera améliorée par une meilleure coordination entre le préfet et le procureur au stade de la gestion de l'événement ainsi qu'entre les services d'urgence et les services d'aide aux victimes missionnés par le parquet.
1.9 Un programme de formation interministérielle en matière d'aide aux victimes sera développé tant pour l'ensemble des personnels que spécifiquement pour les correspondants " aide aux victimes ". Les personnels seront plus particulièrement sensibilisés aux cas de violences intra-familiales, à la situation des victimes d'infractions sexuelles, des victimes mineures ainsi que des victimes particulièrement vulnérables (personnes âgées ou handicapées).
2/ Un dispositif global d'animation et de coordination de la politique d'aide aux victimes sera mis en place
2.1 Au niveau national, un Conseil national de l'aide aux victimes sera créé. Sa présidence sera assurée par le Garde des Sceaux ; il sera composée de représentants des ministères intéressés, d'élus, de représentants des professions concernées, de l'Institut National de l'Aide aux Victimes et de la Médiation (INAVEM) et de représentants d'associations d'aide aux victimes. Il aura notamment pour mission de procéder à une évaluation des dispositifs mis en oeuvre, de présenter un rapport annuel sur les mesures engagées dans le cadre du plan d'action et sur les formations assurées et enfin, de faire des propositions en vue d'améliorer l'accueil, le traitement et l'accompagnement des victimes. Il assurera la coordination des programmes de recherche et de documentation sur l'aide aux victimes. Un travail interministériel sera engagé sur la mise en place d'outils statistiques.
2.2 Au niveau départemental, les conseils départementaux de prévention de la délinquance devront se doter d'un comité de pilotage spécifique pour l'aide aux victimes, un chef de projet désigné en son sein étant chargé d'assurer la coordination des actions conduites par les services de l'Etat et les collectivités locales ainsi que l'articulation avec celles des associations d'aide aux victimes.
3/ Une meilleure articulation avec le réseau associatif d'aide aux victimes sera assurée
3.1 Les services hospitaliers accueillant des victimes, qui assureront une intervention psychologique distincte des entretiens relevant de l'expertise, devront être en mesure de les informer sur l'existence d'associations d'aide aux victimes. Des permanences d'associations d'aide aux victimes seront généralisées dans les tribunaux.
3.2 Le ministère de la justice s'est engagé dès 1998 dans le développement d'une politique d'aide aux victimes rénovée par la déconcentration des crédits d'aide aux victimes, la désignation, dans chaque cour d'appel d'un magistrat délégué à la politique associative (MDPA) et la diffusion très large d'une circulaire sur les politiques pénales d'aide aux victimes signée le 13 juillet 1998 par le Garde des Sceaux. L'aide aux victimes trouve également sa place dans les politiques de protection judiciaires de la jeunesse, la justice de proximité et notamment les procédures de médiation, réparation ainsi que dans la mise en place des maisons de la justice et du droit. Une circulaire sera adressée aux procureurs de la République pour les inciter à mandater les associations d'aide aux victimes afin d'accompagner et de soutenir les victimes d'infractions gravement traumatisées.
3.3 Une attention toute particulière sera accordée aux victimes d'infractions pénales commises ou révélées dans le cadre de la scolarité. D'ores et déjà, l'Education nationale a mis en place un dispositif d'aide aux élèves et aux personnels victimes d'infractions au niveau des établissements et au niveau départemental en instaurant un centre de ressources, structure pluridisciplinaire ayant pour mission d'assurer une écoute, d'apporter un soutien psychologique et d'aider les familles en liaison avec les associations d'aide aux victimes. Une convention a été passée le 9 mars 1999 avec l'INAVEM dans les 14 départements les plus sensibles pour compléter l'aide, l'information et la prise en charge globale des victimes en milieu scolaire. Cet effort sera poursuivi et amplifié.
3.4 Les capacités d'intervention des associations d'aide aux victimes devront être structurées au niveau départemental et adaptées en fonction du nombre d'habitants. Les personnels de ces services agiront dans le cadre d'une formation et d'un cahier des charges définis par le conseil national de l'aide aux victimes.
3.5 Les moyens de l'INAVEM et des associations d'aide aux victimes seront renforcés par une meilleure contribution de l'ensemble des ministères concernés.
3.6 Les contrats locaux de sécurité comporteront un volet aide aux victimes.
4/ Des modifications législatives seront soumises au Parlement
4.1 Dans le cadre de la réforme de la justice, qui fait suite à la communication du garde des Sceaux en Conseil des ministres du 29 octobre 1997, des dispositions relatives à l'amélioration de la prise en charge et de l'information ont été proposées dans les projets de loi relatifs à la procédure pénale. Par ailleurs des amendements sur ces points sont d'ores et déjà venus améliorer ces textes. Ces dispositions portent sur la communication systématique à toute victime des coordonnées de l'association d'aide aux victimes la plus proche de son domicile, l'obligation d'enregistrer la plainte déposée par toute victime d'infraction pénale, la possibilité de déposer plainte en tout lieu du territoire, à charge pour le service qui la reçoit de transmettre la procédure aux autorités compétentes, la motivation et la notification des classements sans suite par les procureurs, la possibilité pour le procureur de mandater un service d'aide aux victimes pour apporter soutien aux victimes, l'information par les juges d'instruction tous les 6 mois des parties civiles de l'avancement de l'instruction et sur les possibilités, par les juridictions de jugement, de saisir la commission d'indemnisation des victimes.
4.2 Le ministère de la justice engage une expertise des propositions du rapport ayant des incidences législatives et de ses conséquences dans la perspective de déposer éventuellement des amendements aux projets de lois actuellement au Parlement.
5. Une expertise sera conduite sur la question de l'indemnisation des victimes
5.1 Le ministère de la justice conduira une réflexion d'ensemble sur les conditions de l'indemnisation des victimes, le champ d'application des commissions d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI) et l'intervention du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme et autres infractions (FGTI).
5.2 Un groupe de travail co-présidé par le ministre de l'économie et des finances et la ministre de la justice associant les compagnies d'assurances sera mis en place sur la question du financement du FGTI.
5.3 La création d'un dispositif d'aide mutuelle d'urgence pour la prise en charge financière immédiate des victimes en situation de précarité sera étudiée en liaison avec les collectivités locales.
Les conclusions de ces réflexions seront examinées lors d'un prochain Conseil de sécurité intérieure.
B. la clarification des liens entre la politique de la ville et les contrats locaux de sécurité
La politique de sécurité conduite par le Gouvernement est une politique globale, mise en oeuvre en partenariat, en s'appuyant sur l'expérience acquise par la politique de la ville. C'est pourquoi, elle s'appuie, depuis le lancement des contrats locaux de sécurité, en octobre 1997, sur les conseils communaux de prévention de la délinquance, qui depuis quinze ans constituent, là où ils existent, une instance de dialogue entre les acteurs de la vie locale.
Suite aux réflexions qui ont été engagées notamment par le conseil national des villes et aux propositions formulées par le ministre délégué à la Ville, ces conseils seront rénovés, notamment par un élargissement aux services sociaux des conseils généraux, afin qu'ils puissent pleinement contribuer à l'élaboration, à la mise en oeuvre, au suivi et à l'évaluation des contrats locaux de sécurité.
Grâce à une approche globale, intégrant à la fois la prévention, le développement de la police de proximité, la réponse systématique aux actes de délinquance, la citoyenneté et la solidarité, les contrats locaux de sécurité, élaborés sur la base d'un diagnostic établi localement, constitueront une des composantes essentielles des futurs contrats de ville.
Ils bénéficieront du concours de tous les partenaires ainsi que des financements spécifiques prévus pour la politique de la ville et joueront pleinement leur rôle de mobilisation de l'ensemble des acteurs de la ville autour d'objectifs définis de façon contractuelle. Ils permettront de mieux associer la population à cette démarche.
Une circulaire sera adressée aux préfets, procureurs et recteurs pour préciser le dispositif ainsi adopté.
C. l'adaptation des forces mobiles aux priorités de la police de proximité
1. Pour assurer l'égalité de tous dans le droit à la sécurité, le Gouvernement a décidé de recourir à une nouvelle forme d'emploi des forces mobiles de la police et de la gendarmerie nationales, en vue d'assurer le développement de la police de proximité et de dégager les moyens nécessaires à sa mise en place dans les départements où la délinquance et les violences urbaines sont les plus préoccupantes.
Il s'agit en l'espèce d'utiliser ces forces mobiles d'une manière permanente et fidélisée sur un secteur prédéterminé tout en conservant un volume suffisant de réserve gouvernementale opérationnelle sur l'ensemble du territoire pour la préservation de l'ordre public.
Cette fidélisation sera mise en place selon les orientations générales suivantes :
* Nature des missions : ces moyens sont à la disposition des autorités territoriales compétentes pour les missions de sécurité publique, notamment de patrouille et de surveillance, de service d'ordre, de prévention de trouble à l'ordre public ou de lutte contre les violences urbaines.
* Effectifs : le dispositif concernerait environ 3000 fonctionnaires et militaires représentant un volume équivalent d'unités ou de détachements de CRS et de gendarmerie mobile. L'intégralité des moyens CRS ainsi fidélisés seront employés dans les zones fortement urbanisées des départements sensibles. Les effectifs de gendarmes mobiles serviront, pour ce qui les concerne, à raison de deux tiers en zone urbaine et d'un tiers en zone périurbaine.
* Calendrier : l'effort sera fourni sur trois années (1999-2001) à partir du deuxième semestre 1999, de manière égale pour la police nationale et la gendarmerie nationale (1500 de part et d'autre).
Dès 1999, 900 fonctionnaires et 750 gendarmes mobiles seront employés à ces missions fidélisées.
* Durée des missions : les unités fidélisées seront employées au moins six mois sur douze dans ces nouvelles missions. Sous une forme adaptée, les dispositions indemnitaires seront maintenues en faveur des personnels concernés. Toutes les garanties seront prises par ailleurs pour, en cas de besoin, maintenir les capacités de mobilité et d'intervention de ces unités sur l'ensemble du territoire national.
* Commandement : dans le cadre d'une instruction signée par les deux ministres de l'intérieur et de la défense, les effectifs concernés resteront placés sous l'autorité hiérarchique de leur commandment organique. Cette instruction interministérielle, qui par ailleurs fixera les modalités générales d'emploi et les missions, fera l'objet d'une déclinaison par département.
2. Lors de la prochaine réunion du Conseil de Sécurité intérieure, les ministres de l'intérieur, de la défense, de la justice et de l'économie et des finances présenteront les conclusions des travaux qu'ils ont conduits dans le souci d'une utilisation optimale des effectifs de police et de gendarmerie au profit des missions prioritaires définies par le Gouvernement.
Trois points ont été abordés au cours de cette séance :
- la définition des grands axes d'une politique publique d'aide aux victimes de la délinquance;
- la clarification des liens entre les contrats locaux de sécurité et la politique de la ville ;
- l'adaptation des forces mobiles aux priorités de la police de proximité ;
A. la définition des grands axes d'une politique publique d'aide aux victimes
Le Conseil de sécurité intérieure a examiné les conclusions du rapport établi par Marie-Noëlle Lienemann et remis au Premier ministre le 26 mars dernier. Ce travail avait pour objet de formuler des propositions en vue de relancer et coordonner les actions en faveur de l'aide aux victimes des actes de délinquance.
L'aide aux victimes constitue un des éléments de la politique de sécurité du Gouvernement tant au niveau national que local où elle doit trouver sa place dans les contrats locaux de sécurité. En effet, elle doit viser à mieux soutenir ceux de nos concitoyens, victimes d'actes de délinquance, qui sont les plus atteints et les plus démunis et qui ressentent par conséquent plus durement que les autres les conséquences des actes qu'ils ont subis.
Après les actions lancées en 1983 sous l'impulsion de Robert BADINTER et le développement d'initiatives souvent sectorielles émanant de services de l'Etat, de la justice, des collectivités locales et d'associations d'aides aux victimes, un nouvel élan à la politique d'aide aux victimes peut ainsi être donné.
Le Conseil de sécurité intérieure a pris, sur la base des propositions de Marie-Noëlle LIENEMANN, les décisions suivantes:
1/ Un plan d'action sur trois ans en vue d'améliorer l'accueil, l'information et l'accompagnement des victimes et de leurs familles sera conduit au sein l'ensemble des services de l'Etat :
1.1 Des mesures seront prises et des circulaires adressées par les ministres compétents aux services de police et de gendarmerie au contact des victimes en vue d'harmoniser les conditions d'accueil et d'information des victimes et de formation des personnels.
1.2 La présence de travailleurs sociaux dans les commissariats, déjà expérimentée sur 4 sites, sera étendue à 8 circonscriptions de plus de 60 000 habitants (Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux, Metz, Nancy et Dijon) ; la généralisation du dispositif sera envisagée au terme de l'évaluation prévue fin 2000.
1.3 Des correspondants " aide aux victimes " seront désignés dans chaque département dans les services accueillant des victimes (police, gendarmerie, hôpitaux et juridictions). Il auront pour mission de sensibiliser l'ensemble des personnels et d'entretenir des relations avec les autres partenaires publics ou associatifs.
1.4 Un numéro téléphonique national gratuit d'aide aux victimes sera mis en place. L'Institut national de l'aide aux victimes et de la médiation (INAVEM) en sera chargé.
1.5 Les services publics concernés fourniront aux victimes des informations sur l'existence des associations d'aide aux victimes agréées ; sur leur demande, leurs coordonnées seront transmises à ces associations.
1.6 Des instructions seront données aux services de police et de gendarmerie rappelant la procédure de domiciliation garantissant la confidentialité des coordonnées des victimes et témoins à l'égard des auteurs d'infractions ; une circulaire interministérielle précisera l'usage qu'il convient de faire des déclarations portées sur la main courante .
1.7 Les victimes seront informées de la désignation du service chargé de l'enquête et de la transmission de la procédure au parquet.
1.8 La prise en charge des victimes d'accidents collectifs sera améliorée par une meilleure coordination entre le préfet et le procureur au stade de la gestion de l'événement ainsi qu'entre les services d'urgence et les services d'aide aux victimes missionnés par le parquet.
1.9 Un programme de formation interministérielle en matière d'aide aux victimes sera développé tant pour l'ensemble des personnels que spécifiquement pour les correspondants " aide aux victimes ". Les personnels seront plus particulièrement sensibilisés aux cas de violences intra-familiales, à la situation des victimes d'infractions sexuelles, des victimes mineures ainsi que des victimes particulièrement vulnérables (personnes âgées ou handicapées).
2/ Un dispositif global d'animation et de coordination de la politique d'aide aux victimes sera mis en place
2.1 Au niveau national, un Conseil national de l'aide aux victimes sera créé. Sa présidence sera assurée par le Garde des Sceaux ; il sera composée de représentants des ministères intéressés, d'élus, de représentants des professions concernées, de l'Institut National de l'Aide aux Victimes et de la Médiation (INAVEM) et de représentants d'associations d'aide aux victimes. Il aura notamment pour mission de procéder à une évaluation des dispositifs mis en oeuvre, de présenter un rapport annuel sur les mesures engagées dans le cadre du plan d'action et sur les formations assurées et enfin, de faire des propositions en vue d'améliorer l'accueil, le traitement et l'accompagnement des victimes. Il assurera la coordination des programmes de recherche et de documentation sur l'aide aux victimes. Un travail interministériel sera engagé sur la mise en place d'outils statistiques.
2.2 Au niveau départemental, les conseils départementaux de prévention de la délinquance devront se doter d'un comité de pilotage spécifique pour l'aide aux victimes, un chef de projet désigné en son sein étant chargé d'assurer la coordination des actions conduites par les services de l'Etat et les collectivités locales ainsi que l'articulation avec celles des associations d'aide aux victimes.
3/ Une meilleure articulation avec le réseau associatif d'aide aux victimes sera assurée
3.1 Les services hospitaliers accueillant des victimes, qui assureront une intervention psychologique distincte des entretiens relevant de l'expertise, devront être en mesure de les informer sur l'existence d'associations d'aide aux victimes. Des permanences d'associations d'aide aux victimes seront généralisées dans les tribunaux.
3.2 Le ministère de la justice s'est engagé dès 1998 dans le développement d'une politique d'aide aux victimes rénovée par la déconcentration des crédits d'aide aux victimes, la désignation, dans chaque cour d'appel d'un magistrat délégué à la politique associative (MDPA) et la diffusion très large d'une circulaire sur les politiques pénales d'aide aux victimes signée le 13 juillet 1998 par le Garde des Sceaux. L'aide aux victimes trouve également sa place dans les politiques de protection judiciaires de la jeunesse, la justice de proximité et notamment les procédures de médiation, réparation ainsi que dans la mise en place des maisons de la justice et du droit. Une circulaire sera adressée aux procureurs de la République pour les inciter à mandater les associations d'aide aux victimes afin d'accompagner et de soutenir les victimes d'infractions gravement traumatisées.
3.3 Une attention toute particulière sera accordée aux victimes d'infractions pénales commises ou révélées dans le cadre de la scolarité. D'ores et déjà, l'Education nationale a mis en place un dispositif d'aide aux élèves et aux personnels victimes d'infractions au niveau des établissements et au niveau départemental en instaurant un centre de ressources, structure pluridisciplinaire ayant pour mission d'assurer une écoute, d'apporter un soutien psychologique et d'aider les familles en liaison avec les associations d'aide aux victimes. Une convention a été passée le 9 mars 1999 avec l'INAVEM dans les 14 départements les plus sensibles pour compléter l'aide, l'information et la prise en charge globale des victimes en milieu scolaire. Cet effort sera poursuivi et amplifié.
3.4 Les capacités d'intervention des associations d'aide aux victimes devront être structurées au niveau départemental et adaptées en fonction du nombre d'habitants. Les personnels de ces services agiront dans le cadre d'une formation et d'un cahier des charges définis par le conseil national de l'aide aux victimes.
3.5 Les moyens de l'INAVEM et des associations d'aide aux victimes seront renforcés par une meilleure contribution de l'ensemble des ministères concernés.
3.6 Les contrats locaux de sécurité comporteront un volet aide aux victimes.
4/ Des modifications législatives seront soumises au Parlement
4.1 Dans le cadre de la réforme de la justice, qui fait suite à la communication du garde des Sceaux en Conseil des ministres du 29 octobre 1997, des dispositions relatives à l'amélioration de la prise en charge et de l'information ont été proposées dans les projets de loi relatifs à la procédure pénale. Par ailleurs des amendements sur ces points sont d'ores et déjà venus améliorer ces textes. Ces dispositions portent sur la communication systématique à toute victime des coordonnées de l'association d'aide aux victimes la plus proche de son domicile, l'obligation d'enregistrer la plainte déposée par toute victime d'infraction pénale, la possibilité de déposer plainte en tout lieu du territoire, à charge pour le service qui la reçoit de transmettre la procédure aux autorités compétentes, la motivation et la notification des classements sans suite par les procureurs, la possibilité pour le procureur de mandater un service d'aide aux victimes pour apporter soutien aux victimes, l'information par les juges d'instruction tous les 6 mois des parties civiles de l'avancement de l'instruction et sur les possibilités, par les juridictions de jugement, de saisir la commission d'indemnisation des victimes.
4.2 Le ministère de la justice engage une expertise des propositions du rapport ayant des incidences législatives et de ses conséquences dans la perspective de déposer éventuellement des amendements aux projets de lois actuellement au Parlement.
5. Une expertise sera conduite sur la question de l'indemnisation des victimes
5.1 Le ministère de la justice conduira une réflexion d'ensemble sur les conditions de l'indemnisation des victimes, le champ d'application des commissions d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI) et l'intervention du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme et autres infractions (FGTI).
5.2 Un groupe de travail co-présidé par le ministre de l'économie et des finances et la ministre de la justice associant les compagnies d'assurances sera mis en place sur la question du financement du FGTI.
5.3 La création d'un dispositif d'aide mutuelle d'urgence pour la prise en charge financière immédiate des victimes en situation de précarité sera étudiée en liaison avec les collectivités locales.
Les conclusions de ces réflexions seront examinées lors d'un prochain Conseil de sécurité intérieure.
B. la clarification des liens entre la politique de la ville et les contrats locaux de sécurité
La politique de sécurité conduite par le Gouvernement est une politique globale, mise en oeuvre en partenariat, en s'appuyant sur l'expérience acquise par la politique de la ville. C'est pourquoi, elle s'appuie, depuis le lancement des contrats locaux de sécurité, en octobre 1997, sur les conseils communaux de prévention de la délinquance, qui depuis quinze ans constituent, là où ils existent, une instance de dialogue entre les acteurs de la vie locale.
Suite aux réflexions qui ont été engagées notamment par le conseil national des villes et aux propositions formulées par le ministre délégué à la Ville, ces conseils seront rénovés, notamment par un élargissement aux services sociaux des conseils généraux, afin qu'ils puissent pleinement contribuer à l'élaboration, à la mise en oeuvre, au suivi et à l'évaluation des contrats locaux de sécurité.
Grâce à une approche globale, intégrant à la fois la prévention, le développement de la police de proximité, la réponse systématique aux actes de délinquance, la citoyenneté et la solidarité, les contrats locaux de sécurité, élaborés sur la base d'un diagnostic établi localement, constitueront une des composantes essentielles des futurs contrats de ville.
Ils bénéficieront du concours de tous les partenaires ainsi que des financements spécifiques prévus pour la politique de la ville et joueront pleinement leur rôle de mobilisation de l'ensemble des acteurs de la ville autour d'objectifs définis de façon contractuelle. Ils permettront de mieux associer la population à cette démarche.
Une circulaire sera adressée aux préfets, procureurs et recteurs pour préciser le dispositif ainsi adopté.
C. l'adaptation des forces mobiles aux priorités de la police de proximité
1. Pour assurer l'égalité de tous dans le droit à la sécurité, le Gouvernement a décidé de recourir à une nouvelle forme d'emploi des forces mobiles de la police et de la gendarmerie nationales, en vue d'assurer le développement de la police de proximité et de dégager les moyens nécessaires à sa mise en place dans les départements où la délinquance et les violences urbaines sont les plus préoccupantes.
Il s'agit en l'espèce d'utiliser ces forces mobiles d'une manière permanente et fidélisée sur un secteur prédéterminé tout en conservant un volume suffisant de réserve gouvernementale opérationnelle sur l'ensemble du territoire pour la préservation de l'ordre public.
Cette fidélisation sera mise en place selon les orientations générales suivantes :
* Nature des missions : ces moyens sont à la disposition des autorités territoriales compétentes pour les missions de sécurité publique, notamment de patrouille et de surveillance, de service d'ordre, de prévention de trouble à l'ordre public ou de lutte contre les violences urbaines.
* Effectifs : le dispositif concernerait environ 3000 fonctionnaires et militaires représentant un volume équivalent d'unités ou de détachements de CRS et de gendarmerie mobile. L'intégralité des moyens CRS ainsi fidélisés seront employés dans les zones fortement urbanisées des départements sensibles. Les effectifs de gendarmes mobiles serviront, pour ce qui les concerne, à raison de deux tiers en zone urbaine et d'un tiers en zone périurbaine.
* Calendrier : l'effort sera fourni sur trois années (1999-2001) à partir du deuxième semestre 1999, de manière égale pour la police nationale et la gendarmerie nationale (1500 de part et d'autre).
Dès 1999, 900 fonctionnaires et 750 gendarmes mobiles seront employés à ces missions fidélisées.
* Durée des missions : les unités fidélisées seront employées au moins six mois sur douze dans ces nouvelles missions. Sous une forme adaptée, les dispositions indemnitaires seront maintenues en faveur des personnels concernés. Toutes les garanties seront prises par ailleurs pour, en cas de besoin, maintenir les capacités de mobilité et d'intervention de ces unités sur l'ensemble du territoire national.
* Commandement : dans le cadre d'une instruction signée par les deux ministres de l'intérieur et de la défense, les effectifs concernés resteront placés sous l'autorité hiérarchique de leur commandment organique. Cette instruction interministérielle, qui par ailleurs fixera les modalités générales d'emploi et les missions, fera l'objet d'une déclinaison par département.
2. Lors de la prochaine réunion du Conseil de Sécurité intérieure, les ministres de l'intérieur, de la défense, de la justice et de l'économie et des finances présenteront les conclusions des travaux qu'ils ont conduits dans le souci d'une utilisation optimale des effectifs de police et de gendarmerie au profit des missions prioritaires définies par le Gouvernement.