Texte intégral
C. Barbier - E. Balladur a tenté hier, sur TF1, de tordre le cou à ce qu'il appelle "des bobards", mais les spéculations et les polémiques continuent, à gauche comme à droite, sur les réformes à venir de la carte territoriale. Alors, vous avez géré les régions, mais les grandes régions, les régions au niveau européen quand vous étiez commissaire. Souhaitez-vous pour la France une organisation en grandes régions, 12, 15 grandes régions, de taille européenne ?
A Bruxelles, je n'ai pas géré les régions, j'ai géré une grande politique européenne qui est la politique régionale, qui soutient les régions, notamment en fonction de leurs difficultés, quand on gère des retards. Par exemple, les départements français d'Outre-mer, sont parmi les régions qui ont le plus de retard et il faut les aider davantage, ce que fait l'Europe. Et j'ai observé depuis Bruxelles, en effet, que notre pays a une organisation un peu décalée par rapport aux autres, et que dans l'Allemagne, avec les Länder, en Italie avec les régions, en Espagne, il y a une taille plus cohérente et plus vaste. Donc une capacité pour ces régions d'être dans un jeu européen à armes plus égales que les nôtres, qui n'ont pas toutes cette taille. Donc je pense que l'on ne peut pas gérer le territoire français au XXIème siècle, comme au XXème ou comme au XIXème, voilà ce que je pense. Et c'est vrai pour les départements aussi. E. Balladur est un homme moderne, c'est un homme de réforme, c'est aussi un homme qui aime la concertation. Donc ne lui faisons pas dire des choses qu'il n'a pas dites ou écrites. Il a, je l'entendais ce matin, évoqué les mots de volontarisme, donc c'est sur une base volontaire que des regroupement, des mutualisations pourraient se faire. Moi-même, quand je présidais le Conseil général de la Savoie...
Vous avez rapproché Savoie et Haute Savoie...
J'ai rapproché, j'ai continué et mes successeurs ont continué à reprocher les deux départements...
On pourrait les fusionner...
Et j'aurais voulu qu'on aille plus loin. Qu'est-ce que ça veut dire d'avoir un préfet à Chambéry, un préfet à Annecy, deux services de l'Equipement, deux services des Affaires culturelles. On peut mutualiser, faire des économies et gérer efficacement le territoire français, au XXIème siècle, avec d'autres cartes qu'au XIXème.
La Savoie est en Rhône-Alpes, une des idées qui circule c'est de fusionner Rhône-Alpes avec l'Auvergne. Est-ce que c'est une bonne idée ? Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux faire Rhône-Alpes PACA Corse, qui est la grande région des Européennes ?
Franchement, je ne sais pas ce qui est dans ce rapport. Je ne l'ai pas lu donc je trouve imprudent et pas bien de me prononcer sur de telles idées. Je trouve qu'il y a, effectivement, pour Rhône-Alpes, avec l'axe du Rhône d'un côté, l'axe des Alpes de l'autre, une logique à travailler avec le Sud. Pour autant, Rhône-Alpes est une grande région, je peux le dire, de dimension européenne, PACA l'est aussi et donc pourquoi ne pas faire que ces régions travaillent ensemble sur des projets communs de transport, d'écologie, de recherche, et en les laissant comme elles sont ?
Il y a un projet sur lequel vous allez devoir vous prononcer, parce que vous serez interpellé pendant votre campagne européenne, puisque vous êtes candidat en Ile-de-France : le Grand Paris, fusionnant la capitale et les trois départements limitrophes. C'est la taille moderne ?
Là encore, je ne sais pas ce qu'il y a dans le rapport de monsieur Balladur. Et je ne vais pas, pendant la campagne européenne, me tromper de débat. Je ne voudrais pas que l'on transforme la campagne européenne en un débat franco-français, il s'agit de la France dans l'Europe et d'une Europe plus forte, différente, plus réactive. Il ne s'agit pas, pendant la campagne européenne, de décider ce que deviendra l'éventuel Grand Paris. La seule chose que je peux dire à propos de Paris et de l'Ile-de-France, c'est qu'on a besoin d'attractivité. On a besoin, par rapport à d'autres grandes régions, des Pays-Bas ou d'Allemagne, que des entreprises, des sièges d'entreprises, des sièges sociaux, viennent s'implanter sur Paris, et probablement de renforcer l'attractivité. Alors, par quoi cela passe ? Cela dépendra des élus de l'Ile-de-France qui devront décider.
Alors, sans parler de carte, le Conseil général, comme entité, c'est obsolète ? Il faut, entre intercommunalité et région, faire disparaître l'échelon départemental ?
Moi, j'ai une opinion très personnelle et donc elle n'engage que moi, c'est que l'on a besoin d'un lieu de solidarité entre les communautés urbaines et rurales, sur une base territoriale cohérente. Et donc, pour moi, le conseil général, je l'ai toujours pensé, doit changer, la carte des cantons devrait être redessinée, et le Conseil général rester peut-être à un échelon plus important, par exemple en mutualisant plusieurs départements qui le voudraient, devenir le conseil des communautés urbaines et rurales, le lieu de solidarité territoriale entre des communautés. Regardez ce qui s'est passé depuis trente ans, les communes existent toujours, c'est un lieu de démocratie, avec des conseils municipaux, des hommes et des femmes proches des citoyens, mais ce n'est plus le lieu du travail et de la gestion. Le lieu du travail et de la gestion sur le terrain, c'est la communauté urbaine ou rurale. Il faudrait que ces communautés urbaines et rurales aient un lieu de solidarité entre elles, ce devrait être le Conseil départemental.
Pour finir sur ce dossier, vous êtes gaulliste, il faudra terminer par un référendum, quelles que soient les décisions prises.
Ça, c'est le choix du président de la République, de décider comment cette réforme.
De Gaulle, en 1969...
Oui, de Gaulle en 1969, il a posé d'ailleurs - à cette époque c'était difficile -, deux questions en demandant une réponse. C'est une leçon que j'ai retenue pour d'éventuels prochains référendum sur l'Europe ou sur d'autres choses, de poser qu'une question en demandant une seule réponse. Il avait parlé du Sénat, aussi. Mais si la réforme est vaste, et le président de la République a des ambitions de réformer ce pays, il a raison, malgré la crise ou à cause de la crise il faut réformer ce pays, pour qu'il sorte de cette crise plus fort qu'il ne l'est aujourd'hui. Alors, oui, probablement, le peuple doit être saisi sur un sujet aussi important, mais il faudra voir l'ampleur de la réforme.
Alors, "Objectif terre 2020", sur fonds de Salon de l'agriculture, c'est votre projet. Vous investissez 1,4 milliard d'euros dans l'agriculture de demain. Vous avez choisi les petits contre les gros, c'est-à-dire l'agriculture bio de montagne contre le gros céréalier de l'Ile-de-France.
Non, je n'ai pas choisi cela, je n'ai pas voulu faire se confronter les filières. Je pense que c'est l'intérêt du secteur agricole, des agricultures françaises, de rester solidaire. J'ai essayé de mettre, en répartissant une partie des aides européennes - 1,4 milliard, ce ne sont pas des crédits nouveaux, c'est une réorientation des aides -, j'ai essayé de mettre un peu plus de justice et d'équité. Parce que cette politique, il faut qu'elle dure au-delà de 2013, y compris pour les céréaliers qui s'inquiètent et à qui je demande un effort.
2013, c'est la Politique agricole commune qui se réforme.
2013, c'est comme toutes les politiques européennes, la remise à plat de toutes les politiques pour sept ans, et du budget.
La France va perdre beaucoup d'argent, au passage.
Il n'y a pas de fatalité à cela, il n'y a pas de fatalité à ce que le budget agricole diminue. Il diminuera si nous ne sommes pas capables de porter un projet, si nous ne sortons pas d'une logique de guichet, pour passer dans une logique de projet. Et ce que j'ai voulu faire pour les Européens, dans le dialogue que nous avons avec eux, et pour les Français, c'est d'avoir un projet agricole, c'est comme ça que l'on défendra la PAC, y compris pour les céréaliers après 2013. Donc, j'ai essayé que cette PAC, cette Politique agricole commune, qui a un logique, qui défend quoi ? Avec le travail des paysans et des pêcheurs - puisqu'il y a également une politique de la pêche -, un modèle alimentaire - notre alimentation n'est pas aseptisée, elle a du goût, des couleurs, des saveurs, des odeurs, une traçabilité - et un modèle territorial, avec des petites et moyennes entreprises, y compris dans les grandes régions de grandes cultures de céréales, qui sont des entreprises modernes. Eh bien ça, ça a un prix et il n'est pas cher payé, je vous jure que ça coûterait beaucoup plus cher de ne pas avoir de Politique agricole commune, à condition qu'elle soit légitime.
C'est vous qui risquez de le payer cher, parce que certains lobbies disent qu'ils vont faire voter contre vous aux Européennes.
Certains lobbies, je ne sais pas, ça n'a pas d'importance. Quand vous êtes ministre, vous ne prenez pas des décisions pour l'élection des trois mois qui suit ou pour un intérêt personnel, vous le faites parce que c'est l'intérêt général, parce que c'est juste. Moi, je veux faire des choses qui durent dans le temps, comme je l'ai fait dans d'autres fonctions ministérielles. Et ce que j'ai fait, c'est aussi utile et même nécessaire pour ceux qui s'inquiètent aujourd'hui et qui ont peur de faire un effort exagéré. Je le fais pour préserver une grande Politique agricole commune. Et ce projet, je l'ai élaboré au-delà du modèle agricole durable que nous allons promouvoir, je l'ai élaboré dans une concertation d'une année, avec toutes les organisations syndicales et professionnelles.
Risque de cancer, dès le premier verre de vin, dit un rapport de l'Institut national du cancer. Est-ce que R. Bachelot en fait trop contre les milieux viticoles ?
Ce n'est pas R. Bachelot, c'est une étude qui est sortie. Il y a plein d'études qui disent le contraire et je trouve que de stigmatiser le vin, alors que tout le monde sait que le problème c'est la consommation, c'est le faire d'être raisonnable et responsable dans le volume de la consommation, dans sa propre consommation. Cela ne vaut pas seulement pour le vin, ça vaut aussi pour d'autres sujets. Donc nous plaidons, en laissant de côté ces polémiques et ces caricatures. Le vin appartient à la culture, le vin est, au-delà du travail qu'il représente, du savoir-faire, des terroirs qu'il symbolise, le vin appartient à notre culture. La question, c'est le niveau, le volume de consommation. C'est, est-ce que l'on a une consommation responsable et raisonnable ?
Alors, vous êtes donc candidat au Parlement européen, la tête de la liste UMP en Ile-de-France. Etes-vous, au-delà du Parlement européen, candidat à un retour comme commissaire à la Commission européenne ?
On n'est pas candidat à de tels postes.
Est-ce que vous le souhaitez ?
Le commissaire français, c'est le choix du président de la République et je n'ai pas de commentaire à faire sur ce sujet. Je vais où je suis le plus utile dans l'architecture européenne. Pour l'instant, la seule chose dont il s'agit, c'est pour moi d'être candidat aux élections européennes, d'animer ce débat pour le compte de l'UMP, avec X. Bertrand, de faire que pour une fois, les Français qui nous écoutent, comprennent que cette élection est importante. C'est aussi important d'élire un député européen qu'un député national. Le rôle est au moins aussi important quand on vote des lois et des règlements. Et j'ajoute qu'en ce moment, dans la crise où nous sommes, j'aurais pu le dire pour l'agriculture, parce que on voit que c'est un secteur qui tient le coup, qui ne licencie pas, et ce n'est pas par hasard, c'est parce qu'il y a du travail et une politique publique européenne. On a besoin d'être ensemble pour résister à cette crise, pour se défendre, pour compter aussi face aux Américains d'un côté et aux Chinois de l'autre, on a besoin d'être ensemble.
Certains disent même que vous pourriez remplacer J.M. Barroso à la tête de la Commission. Intéressé ? Vous la connaissez...
Mais pourquoi voulez-vous personnaliser ? Moi, ce qui m'intéresse, c'est de participer au débat européen. C'est le choix que j'ai fait, en accord avec N. Sarkozy et F. Fillon, et c'est pour ça que je quitterai le Gouvernement au début du mois de mai et en étant fier d'avoir été le ministre des paysans et des pêcheurs pendant ces deux ans.
Qui va vous succéder ? Vous publiez votre carnet de route, donc, votre bilan. Vous avez une idée de celui à qui vous allez le transmettre. M. Mercier, par exemple ?
Ce n'est pas parce qu'on rend compte de son bilan - moi, je crois beaucoup à la culture d'évaluation -, qu'on a le droit, quand on est ministre, ou qu'on peut désigner son successeur. Ce n'est pas l'usage, vous le savez bien, vous qui êtes un observateur de la vie politique, c'est le président et le Premier ministre qui désigneront mon successeur et je leur fais confiance.
Alors, on sait qui est derrière vous sur la liste, c'est R. Dati, mais on ne la voit pas beaucoup. Est-ce qu'elle participe au débat, elle vous aide, vraiment ?
Si vous voulez la voir, invitez-là demain matin.
On l'invite et elle ne veut pas venir ! Alors où est-elle ?
Je peux lui dire que vous souhaitez impatiemment la voir...
C'est un atout, dans la campagne, pour vous ?
Moi, je trouve que c'est un atout. R. Dati est une femme de tempérament, une femme courageuse. Je trouve important que les femmes de ce niveau-là acceptent et choisissent le débat européen. Il y en aura d'autres, plus jeunes, différentes.
R. Yade veut vous aider. Alors, elle ne sera pas sur la liste, mais elle peut vous aider. Vous avez besoin d'elle ?
Non, elle ne sera pas sur la liste mais j'ai besoin de tous mes amis du Gouvernement, j'ai besoin de tous mes amis de l'UMP, que pour une fois on s'approprie cette élection. On n'est pas à côté de l'Europe, donc les parlementaires nationaux, les ministres, ils ne sont pas à côté du débat européen.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2009
A Bruxelles, je n'ai pas géré les régions, j'ai géré une grande politique européenne qui est la politique régionale, qui soutient les régions, notamment en fonction de leurs difficultés, quand on gère des retards. Par exemple, les départements français d'Outre-mer, sont parmi les régions qui ont le plus de retard et il faut les aider davantage, ce que fait l'Europe. Et j'ai observé depuis Bruxelles, en effet, que notre pays a une organisation un peu décalée par rapport aux autres, et que dans l'Allemagne, avec les Länder, en Italie avec les régions, en Espagne, il y a une taille plus cohérente et plus vaste. Donc une capacité pour ces régions d'être dans un jeu européen à armes plus égales que les nôtres, qui n'ont pas toutes cette taille. Donc je pense que l'on ne peut pas gérer le territoire français au XXIème siècle, comme au XXème ou comme au XIXème, voilà ce que je pense. Et c'est vrai pour les départements aussi. E. Balladur est un homme moderne, c'est un homme de réforme, c'est aussi un homme qui aime la concertation. Donc ne lui faisons pas dire des choses qu'il n'a pas dites ou écrites. Il a, je l'entendais ce matin, évoqué les mots de volontarisme, donc c'est sur une base volontaire que des regroupement, des mutualisations pourraient se faire. Moi-même, quand je présidais le Conseil général de la Savoie...
Vous avez rapproché Savoie et Haute Savoie...
J'ai rapproché, j'ai continué et mes successeurs ont continué à reprocher les deux départements...
On pourrait les fusionner...
Et j'aurais voulu qu'on aille plus loin. Qu'est-ce que ça veut dire d'avoir un préfet à Chambéry, un préfet à Annecy, deux services de l'Equipement, deux services des Affaires culturelles. On peut mutualiser, faire des économies et gérer efficacement le territoire français, au XXIème siècle, avec d'autres cartes qu'au XIXème.
La Savoie est en Rhône-Alpes, une des idées qui circule c'est de fusionner Rhône-Alpes avec l'Auvergne. Est-ce que c'est une bonne idée ? Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux faire Rhône-Alpes PACA Corse, qui est la grande région des Européennes ?
Franchement, je ne sais pas ce qui est dans ce rapport. Je ne l'ai pas lu donc je trouve imprudent et pas bien de me prononcer sur de telles idées. Je trouve qu'il y a, effectivement, pour Rhône-Alpes, avec l'axe du Rhône d'un côté, l'axe des Alpes de l'autre, une logique à travailler avec le Sud. Pour autant, Rhône-Alpes est une grande région, je peux le dire, de dimension européenne, PACA l'est aussi et donc pourquoi ne pas faire que ces régions travaillent ensemble sur des projets communs de transport, d'écologie, de recherche, et en les laissant comme elles sont ?
Il y a un projet sur lequel vous allez devoir vous prononcer, parce que vous serez interpellé pendant votre campagne européenne, puisque vous êtes candidat en Ile-de-France : le Grand Paris, fusionnant la capitale et les trois départements limitrophes. C'est la taille moderne ?
Là encore, je ne sais pas ce qu'il y a dans le rapport de monsieur Balladur. Et je ne vais pas, pendant la campagne européenne, me tromper de débat. Je ne voudrais pas que l'on transforme la campagne européenne en un débat franco-français, il s'agit de la France dans l'Europe et d'une Europe plus forte, différente, plus réactive. Il ne s'agit pas, pendant la campagne européenne, de décider ce que deviendra l'éventuel Grand Paris. La seule chose que je peux dire à propos de Paris et de l'Ile-de-France, c'est qu'on a besoin d'attractivité. On a besoin, par rapport à d'autres grandes régions, des Pays-Bas ou d'Allemagne, que des entreprises, des sièges d'entreprises, des sièges sociaux, viennent s'implanter sur Paris, et probablement de renforcer l'attractivité. Alors, par quoi cela passe ? Cela dépendra des élus de l'Ile-de-France qui devront décider.
Alors, sans parler de carte, le Conseil général, comme entité, c'est obsolète ? Il faut, entre intercommunalité et région, faire disparaître l'échelon départemental ?
Moi, j'ai une opinion très personnelle et donc elle n'engage que moi, c'est que l'on a besoin d'un lieu de solidarité entre les communautés urbaines et rurales, sur une base territoriale cohérente. Et donc, pour moi, le conseil général, je l'ai toujours pensé, doit changer, la carte des cantons devrait être redessinée, et le Conseil général rester peut-être à un échelon plus important, par exemple en mutualisant plusieurs départements qui le voudraient, devenir le conseil des communautés urbaines et rurales, le lieu de solidarité territoriale entre des communautés. Regardez ce qui s'est passé depuis trente ans, les communes existent toujours, c'est un lieu de démocratie, avec des conseils municipaux, des hommes et des femmes proches des citoyens, mais ce n'est plus le lieu du travail et de la gestion. Le lieu du travail et de la gestion sur le terrain, c'est la communauté urbaine ou rurale. Il faudrait que ces communautés urbaines et rurales aient un lieu de solidarité entre elles, ce devrait être le Conseil départemental.
Pour finir sur ce dossier, vous êtes gaulliste, il faudra terminer par un référendum, quelles que soient les décisions prises.
Ça, c'est le choix du président de la République, de décider comment cette réforme.
De Gaulle, en 1969...
Oui, de Gaulle en 1969, il a posé d'ailleurs - à cette époque c'était difficile -, deux questions en demandant une réponse. C'est une leçon que j'ai retenue pour d'éventuels prochains référendum sur l'Europe ou sur d'autres choses, de poser qu'une question en demandant une seule réponse. Il avait parlé du Sénat, aussi. Mais si la réforme est vaste, et le président de la République a des ambitions de réformer ce pays, il a raison, malgré la crise ou à cause de la crise il faut réformer ce pays, pour qu'il sorte de cette crise plus fort qu'il ne l'est aujourd'hui. Alors, oui, probablement, le peuple doit être saisi sur un sujet aussi important, mais il faudra voir l'ampleur de la réforme.
Alors, "Objectif terre 2020", sur fonds de Salon de l'agriculture, c'est votre projet. Vous investissez 1,4 milliard d'euros dans l'agriculture de demain. Vous avez choisi les petits contre les gros, c'est-à-dire l'agriculture bio de montagne contre le gros céréalier de l'Ile-de-France.
Non, je n'ai pas choisi cela, je n'ai pas voulu faire se confronter les filières. Je pense que c'est l'intérêt du secteur agricole, des agricultures françaises, de rester solidaire. J'ai essayé de mettre, en répartissant une partie des aides européennes - 1,4 milliard, ce ne sont pas des crédits nouveaux, c'est une réorientation des aides -, j'ai essayé de mettre un peu plus de justice et d'équité. Parce que cette politique, il faut qu'elle dure au-delà de 2013, y compris pour les céréaliers qui s'inquiètent et à qui je demande un effort.
2013, c'est la Politique agricole commune qui se réforme.
2013, c'est comme toutes les politiques européennes, la remise à plat de toutes les politiques pour sept ans, et du budget.
La France va perdre beaucoup d'argent, au passage.
Il n'y a pas de fatalité à cela, il n'y a pas de fatalité à ce que le budget agricole diminue. Il diminuera si nous ne sommes pas capables de porter un projet, si nous ne sortons pas d'une logique de guichet, pour passer dans une logique de projet. Et ce que j'ai voulu faire pour les Européens, dans le dialogue que nous avons avec eux, et pour les Français, c'est d'avoir un projet agricole, c'est comme ça que l'on défendra la PAC, y compris pour les céréaliers après 2013. Donc, j'ai essayé que cette PAC, cette Politique agricole commune, qui a un logique, qui défend quoi ? Avec le travail des paysans et des pêcheurs - puisqu'il y a également une politique de la pêche -, un modèle alimentaire - notre alimentation n'est pas aseptisée, elle a du goût, des couleurs, des saveurs, des odeurs, une traçabilité - et un modèle territorial, avec des petites et moyennes entreprises, y compris dans les grandes régions de grandes cultures de céréales, qui sont des entreprises modernes. Eh bien ça, ça a un prix et il n'est pas cher payé, je vous jure que ça coûterait beaucoup plus cher de ne pas avoir de Politique agricole commune, à condition qu'elle soit légitime.
C'est vous qui risquez de le payer cher, parce que certains lobbies disent qu'ils vont faire voter contre vous aux Européennes.
Certains lobbies, je ne sais pas, ça n'a pas d'importance. Quand vous êtes ministre, vous ne prenez pas des décisions pour l'élection des trois mois qui suit ou pour un intérêt personnel, vous le faites parce que c'est l'intérêt général, parce que c'est juste. Moi, je veux faire des choses qui durent dans le temps, comme je l'ai fait dans d'autres fonctions ministérielles. Et ce que j'ai fait, c'est aussi utile et même nécessaire pour ceux qui s'inquiètent aujourd'hui et qui ont peur de faire un effort exagéré. Je le fais pour préserver une grande Politique agricole commune. Et ce projet, je l'ai élaboré au-delà du modèle agricole durable que nous allons promouvoir, je l'ai élaboré dans une concertation d'une année, avec toutes les organisations syndicales et professionnelles.
Risque de cancer, dès le premier verre de vin, dit un rapport de l'Institut national du cancer. Est-ce que R. Bachelot en fait trop contre les milieux viticoles ?
Ce n'est pas R. Bachelot, c'est une étude qui est sortie. Il y a plein d'études qui disent le contraire et je trouve que de stigmatiser le vin, alors que tout le monde sait que le problème c'est la consommation, c'est le faire d'être raisonnable et responsable dans le volume de la consommation, dans sa propre consommation. Cela ne vaut pas seulement pour le vin, ça vaut aussi pour d'autres sujets. Donc nous plaidons, en laissant de côté ces polémiques et ces caricatures. Le vin appartient à la culture, le vin est, au-delà du travail qu'il représente, du savoir-faire, des terroirs qu'il symbolise, le vin appartient à notre culture. La question, c'est le niveau, le volume de consommation. C'est, est-ce que l'on a une consommation responsable et raisonnable ?
Alors, vous êtes donc candidat au Parlement européen, la tête de la liste UMP en Ile-de-France. Etes-vous, au-delà du Parlement européen, candidat à un retour comme commissaire à la Commission européenne ?
On n'est pas candidat à de tels postes.
Est-ce que vous le souhaitez ?
Le commissaire français, c'est le choix du président de la République et je n'ai pas de commentaire à faire sur ce sujet. Je vais où je suis le plus utile dans l'architecture européenne. Pour l'instant, la seule chose dont il s'agit, c'est pour moi d'être candidat aux élections européennes, d'animer ce débat pour le compte de l'UMP, avec X. Bertrand, de faire que pour une fois, les Français qui nous écoutent, comprennent que cette élection est importante. C'est aussi important d'élire un député européen qu'un député national. Le rôle est au moins aussi important quand on vote des lois et des règlements. Et j'ajoute qu'en ce moment, dans la crise où nous sommes, j'aurais pu le dire pour l'agriculture, parce que on voit que c'est un secteur qui tient le coup, qui ne licencie pas, et ce n'est pas par hasard, c'est parce qu'il y a du travail et une politique publique européenne. On a besoin d'être ensemble pour résister à cette crise, pour se défendre, pour compter aussi face aux Américains d'un côté et aux Chinois de l'autre, on a besoin d'être ensemble.
Certains disent même que vous pourriez remplacer J.M. Barroso à la tête de la Commission. Intéressé ? Vous la connaissez...
Mais pourquoi voulez-vous personnaliser ? Moi, ce qui m'intéresse, c'est de participer au débat européen. C'est le choix que j'ai fait, en accord avec N. Sarkozy et F. Fillon, et c'est pour ça que je quitterai le Gouvernement au début du mois de mai et en étant fier d'avoir été le ministre des paysans et des pêcheurs pendant ces deux ans.
Qui va vous succéder ? Vous publiez votre carnet de route, donc, votre bilan. Vous avez une idée de celui à qui vous allez le transmettre. M. Mercier, par exemple ?
Ce n'est pas parce qu'on rend compte de son bilan - moi, je crois beaucoup à la culture d'évaluation -, qu'on a le droit, quand on est ministre, ou qu'on peut désigner son successeur. Ce n'est pas l'usage, vous le savez bien, vous qui êtes un observateur de la vie politique, c'est le président et le Premier ministre qui désigneront mon successeur et je leur fais confiance.
Alors, on sait qui est derrière vous sur la liste, c'est R. Dati, mais on ne la voit pas beaucoup. Est-ce qu'elle participe au débat, elle vous aide, vraiment ?
Si vous voulez la voir, invitez-là demain matin.
On l'invite et elle ne veut pas venir ! Alors où est-elle ?
Je peux lui dire que vous souhaitez impatiemment la voir...
C'est un atout, dans la campagne, pour vous ?
Moi, je trouve que c'est un atout. R. Dati est une femme de tempérament, une femme courageuse. Je trouve important que les femmes de ce niveau-là acceptent et choisissent le débat européen. Il y en aura d'autres, plus jeunes, différentes.
R. Yade veut vous aider. Alors, elle ne sera pas sur la liste, mais elle peut vous aider. Vous avez besoin d'elle ?
Non, elle ne sera pas sur la liste mais j'ai besoin de tous mes amis du Gouvernement, j'ai besoin de tous mes amis de l'UMP, que pour une fois on s'approprie cette élection. On n'est pas à côté de l'Europe, donc les parlementaires nationaux, les ministres, ils ne sont pas à côté du débat européen.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2009