Texte intégral
J.-P. Chapel.- Bonjour à tous, B. Apparu bonjour.
Bonjour.
Merci d'être avec nous. C'est votre première interview en tant que secrétaire d'Etat au Logement. Vous avez choisi France 2, c'est sympa, j'ai même lu dans une interview que quand N. Sarkozy vous a nommé, il vous a dit : « coupe ton portable, ne répond pas aux journalistes ». C'est vrai ?
Non, ce n'est pas spécifiquement adressé à moi mais à l'ensemble des nouveaux et quelle était l'idée ? L'idée c'était en gros : un peu d'immersion pendant un mois sur vos dossiers et ensuite, vous pourrez sortir. C'est un peu l'idée, on arrive sur un dossier, on est huit nouveaux ministres, c'est assez logique de se plonger dans les dossiers pendant un mois pour ensuite venir vous parler. On ne va pas le premier jour, venir vous voir en vous disant : voilà ma vie, mon oeuvre sur le sujet sur lequel j'ai été nommé hier.
Ca fait un peu plus d'un mois, ça veut dire qu'on ne vous a pas nommé pour votre compétence en matière de logement ?
Ca veut dire qu'on m'a nommé sur une compétence politique ; ce qu'on attend d'un homme politique, c'est qu'il prenne des décisions, qu'il fasse bouger les lignes, qu'il fasse avancer les dossiers. Ensuite on ne lui demande pas d'être l'expert depuis 20 ans sur un sujet, ce n'est pas ça notre boulot. Notre boulot c'est de prendre des décisions, c'est d'avancer et de faire bouger les lignes.
Alors c'est quoi votre compétence en matière politique, parce qu'on va revenir sur vous.
Compétence en matière politique : je suis un homme politique, donc je ne vais pas dire que je suis compétent sur tout parce que ce serait évidemment peu modeste de ma part et ça ne serait pas le cas. Moi j'ai travaillé longtemps sur les sujets d'enseignement supérieur, mais vous savez, dans la vie politique, on peut se poser la question de savoir s'il faut un général pour être ministre de la Défense. Est-ce qu'il faut toujours des spécialistes pour être un bon ministre.
La réponse est « non » selon vous.
Non, il n'y a pas de réponse. On peut être un très bon médecin et faire un très mauvais bilan de santé et l'inverse.
Alors on ne vous connaît pas très bien, vous avez 39 ans, vous êtes célibataire, vous êtes ambitieux, on le lit dans les portraits, c'est vrai ?
Il paraît. C'est ce qu'on dit oui.
Vous assumez votre ambition ?
J'assume mon ambition, je pense que tous les hommes politiques sont ambitieux et moi j'avoue que les violons que certains sortent de temps en temps sur le thème : non, moi je n'ai pas d'ambition pour moi, je n'en ai que pour mon pays, ça m'exaspère un peu...
Vous n'y croyez pas quand les gens disent ça ?
Je n'y crois pas et je préfèrerais l'assumer, ça me paraît beaucoup plus sain et beaucoup plus clair pour tout le monde.
Votre biographie est si je puis dire, entachée d'un péché originel pour un secrétaire d'Etat au Logement, c'est que vous avez bénéficié d'un logement à loyer modéré jusqu'à l'an dernier.
J'ai effectivement...
Vous regrettez ?
Je ne regrette pas puisque lorsque je suis rentré dans ce logement, j'avais comme on dit, les conditions de ressources pour rentrer dans un logement...
C'est-à-dire quand vous étiez étudiant donc.
Quand j'avais 24-25 ans, donc vous savez, vous rentrez dans ce logement là, je l'ai effectivement quitté de moi-même, je rappelle que ce n'était pas illégal d'ailleurs, mais je l'ai quitté de moi-même il y a un an et demi. C'est pour moi une histoire du passé maintenant.
Quelle est maintenant votre politique du logement ou quelle sera votre politique du logement ?
Je pense qu'on n'a plus besoin d'outils juridiques nouveaux, on a fait assez de lois...
C'est la loi Boutin ?
Je crois qu'on a effectivement une très bonne loi avec la loi Boutin et surtout qu'on a fait cinq ou six lois en cinq ou six ans. Donc on n'a plus besoin d'outils juridiques nouveaux. Maintenant, mon premier boulot, ça va être pendant les trois mois qui viennent, de faire une tournée de France pour réunir les préfets, pour réunir l'ensemble des organismes logeurs, l'ensemble des constructeurs et pour leur dire : maintenant il y a des outils, il y a des budgets, il faut utiliser tout ça pour construire plus. Parce qu'on a toujours la même problématique en France : il faut construire plus, c'est vrai que la crise ne nous a pas aidé.
Oui parce que là, pour l'instant, on construit moins. Moins 30% en ce qui concerne les permis de construire pour les logements neufs.
Alors ça c'est sur les logements neufs, le logement neuf et le logement privé essentiellement. Donc on a effectivement obligatoirement liée à la crise une chute de la construction du logement privé en France. On a pris des outils dans le cadre du plan de relance pour aider à la construction, il faut maintenant qu'on dise à l'ensemble des constructeurs : il y a des outils, il y a des budgets, saisissez vous de ces opportunités là pour construire. C'est vraiment ça mon job pour les trois mois qui viennent.
Il y a encore en France aujourd'hui, près de 100.000 SDF. 100.000 ! C'est incroyable !
C'est incroyable et en même temps, ce qui est tout aussi incroyable, c'est qu'on n'a pas de chiffres.
Vous contestez ce chiffre alors.
Je ne conteste pas du tout, je dis simplement : on n'a pas de chiffres. On a une enquête qui date de 2001, qui estime en 2001 à 100.000 le nombre de SDF. Depuis, on n'a pas d'enquête statistique, parce qu'on n'a pas de suivi de ces publics là. C'est d'ailleurs...
On peut supposer que ça n'a qu'augmenté.
On peut supposer que ça n'a qu'augmenté...
C'est ce que disent les associations en tout cas.
...dû à un certain nombre d'effets de crise, donc c'est tout à fait possible. L'un des drames justement, c'est qu'on n'en sait rien parce qu'on n'a pas de suivi des SDF. Il va falloir qu'on s'organise dans les semaines et les mois à venir pour aller réinventer la politique des sans abri en France. Je vous le disais à l'instant, il n'y a pas forcément besoin de loi pour le logement.
Alors comment on fait concrètement ?
Concrètement, aujourd'hui il faut qu'on organise un suivi plus personnalisé des sans-abri, premier élément.
C'est-à-dire ?
Aujourd'hui, on ne sait pas combien ils sont, on ne sait pas qui ils sont...
Oui mais si on en prend un déjà.
Si j'en prends un, j'en ai rencontré hier, si j'en prends un, qu'est-ce qu'il m'explique hier ? Il m'explique hier qu'il a passé sept jours dans un centre d'hébergement et qu'ensuite il a passé sept jours dans un hôtel, puis sept jours dans un nouveau centre d'hébergement, puis sept jours à nouveau dans un nouveau centre, parce que ça marche par cycle de sept jours. Ce n'est pas une solution qui est acceptable pour lui. Ca veut dire qu'on n'a pas organisé de suivi, on ne sait pas ce qu'il a fait pendant le mois en question. Ca veut dire qu'on n'a pas une veille sociale suffisamment organisée pour pouvoir l'orienter vers des centres d'hébergement de plus longue durée et ça veut dire surtout qu'on ne construit pas un parcours individualisé pour l'amener vers le logement. Parce que l'objectif...
Et ça, ce sont vos services qui vont faire ça ?
C'est nos services qui vont faire ça, avec les associations parce que sur le terrain, qui travaillent ? Ce sont les associations. Nous on les finance bien évidemment, on les guide, on les aide, mais ce sont elles qui font ce travail là sur le terrain. Donc il faut qu'on arrive à trouver, elles et nous - nous financeurs, Gouvernement, elles qui font le travail sur le terrain - il faut qu'on arrive à s'organiser pour dans les deux mois qui viennent, allez, le mot refondation sera peut-être un peu fort, mais réorganiser notre politique de lutte contre les sans-abri, contre la précarité en France, parce qu'aujourd'hui ça marche très bien, c'est satisfaisant mais on pourrait faire beaucoup mieux, beaucoup plus efficace.
Si des mal logés n'accèdent pas à des HLM, c'est aussi parce qu'il y a des gens qui sont dans des HLM et qui n'ont plus de raison d'y être.
C'est la loi Boutin qui a réglé ce cas là...
C'est réglé ça selon vous ?
C'est réglé parce que la loi est sortie, la loi a été votée, les décrets d'application sont en cours d'élaboration et de signature, j'en ai signé un certain nombre, madame Boutin en avait signé quelques-uns également. Quelle est l'idée ? C'est de se dire qu'il y a probablement... il y avait historiquement ce qu'on appelle le droit au maintien dans les lieux. Je rentre dans un logement HLM, je suis en CDI, j'y reste toute ma vie.
Ad vitam æternam...
Ad vitam æternam. On a créé une forme de CDD en fonction du revenu des gens. Vous rentrez parce que vous avez les plafonds de ressource comme on dit, donc le revenu nécessaire pour rentrer. Et puis, vous évoluez dans votre vie, vous allez avoir deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois le salaire, ça devient à un moment problématique. Donc on dit : oui effectivement, il n'y a plus ce maintien-là. Par contre, on ne sort pas les gens du jour au lendemain, on se donne trois ans évidemment pour organiser la sortie des gens.
Parce que j'allais dire, la tendance serait plutôt inverse, c'est-à-dire qu'avec la crise économique et financière que l'on connaît, le chômage qui augmente, dans les mois et les années qui viennent, ce sont des gens qui se seront de plus en plus en difficulté pour payer leur loyer.
Ne soyons pas contradictoires les uns avec les autres. Revenons sur un petit sujet que vous évoquiez tout à l'heure : mon cas personnel. Bah c'était exactement ça.
C'était quoi votre cas personnel ? Quand vous aviez le droit de la Mairie de Paris ?
Mon cas personnel c'est que j'avais comme tout le monde, ce droit au maintien dans les lieux. J'ai jugé par moi-même qu'à un moment il fallait que je sorte, parce qu'effectivement, j'avais des revenus qui me permettaient d'être logé dans le privé. Eh bien il faut qu'on organise la même chose pour tout le monde. Ceux qui ne souhaitent pas sortir, il faudra les pousser à sortir, même si effectivement derrière, s'ils ont un nouvel accident, un accident de la vie, ils tombent au chômage, ils reviennent dans les plafonds de ressources, ils auront le droit, évidemment de revenir.
Pour résoudre les problèmes de logements en France, est-ce qu'il faut plus de libéralisme ou plus de régulation ?
Les deux mon colonel, comme toujours.
Alors là, c'est contradictoire !
Non ce n'est pas contradictoire du tout. On a besoin de plus de régulation parce que c'est un marché auquel les Français sont tellement attachés, qui est tellement important pour la vie quotidienne qu'il faut des règles. En même temps aujourd'hui, on est dans un système où objectivement pour la construction du logement, notamment en matière d'urbanisme, tout le monde s'y perd. Je vous mets au défi d'aller demain dans une mairie et de bien remplir un permis de construire. C'est tellement compliqué, il y a tellement de documents auxquels il faut se référencer pour pouvoir avoir ce permis de construire que tout le monde s'y paume. Eh bien là, il y a une commande très simple du président de la République et de J.-L. Borloo : il faut simplifier l'urbanisme en France, parce qu'aujourd'hui l'urbanisme, il empêche de construire.
Vous allez le faire ?
C'est mon job donc effectivement, je vais le faire.
Ca sera fait quand ?
Je ne vais pas vous donner une date aujourd'hui, je vais vous dire que dans les six mois qui viennent, on va s'organiser pour assouplir l'urbanisme en France parce que là, on a un vrai besoin, un vrai frein à la construction.
Merci B. Apparu d'être avec nous ce matin, très bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du 4 août 2009
Bonjour.
Merci d'être avec nous. C'est votre première interview en tant que secrétaire d'Etat au Logement. Vous avez choisi France 2, c'est sympa, j'ai même lu dans une interview que quand N. Sarkozy vous a nommé, il vous a dit : « coupe ton portable, ne répond pas aux journalistes ». C'est vrai ?
Non, ce n'est pas spécifiquement adressé à moi mais à l'ensemble des nouveaux et quelle était l'idée ? L'idée c'était en gros : un peu d'immersion pendant un mois sur vos dossiers et ensuite, vous pourrez sortir. C'est un peu l'idée, on arrive sur un dossier, on est huit nouveaux ministres, c'est assez logique de se plonger dans les dossiers pendant un mois pour ensuite venir vous parler. On ne va pas le premier jour, venir vous voir en vous disant : voilà ma vie, mon oeuvre sur le sujet sur lequel j'ai été nommé hier.
Ca fait un peu plus d'un mois, ça veut dire qu'on ne vous a pas nommé pour votre compétence en matière de logement ?
Ca veut dire qu'on m'a nommé sur une compétence politique ; ce qu'on attend d'un homme politique, c'est qu'il prenne des décisions, qu'il fasse bouger les lignes, qu'il fasse avancer les dossiers. Ensuite on ne lui demande pas d'être l'expert depuis 20 ans sur un sujet, ce n'est pas ça notre boulot. Notre boulot c'est de prendre des décisions, c'est d'avancer et de faire bouger les lignes.
Alors c'est quoi votre compétence en matière politique, parce qu'on va revenir sur vous.
Compétence en matière politique : je suis un homme politique, donc je ne vais pas dire que je suis compétent sur tout parce que ce serait évidemment peu modeste de ma part et ça ne serait pas le cas. Moi j'ai travaillé longtemps sur les sujets d'enseignement supérieur, mais vous savez, dans la vie politique, on peut se poser la question de savoir s'il faut un général pour être ministre de la Défense. Est-ce qu'il faut toujours des spécialistes pour être un bon ministre.
La réponse est « non » selon vous.
Non, il n'y a pas de réponse. On peut être un très bon médecin et faire un très mauvais bilan de santé et l'inverse.
Alors on ne vous connaît pas très bien, vous avez 39 ans, vous êtes célibataire, vous êtes ambitieux, on le lit dans les portraits, c'est vrai ?
Il paraît. C'est ce qu'on dit oui.
Vous assumez votre ambition ?
J'assume mon ambition, je pense que tous les hommes politiques sont ambitieux et moi j'avoue que les violons que certains sortent de temps en temps sur le thème : non, moi je n'ai pas d'ambition pour moi, je n'en ai que pour mon pays, ça m'exaspère un peu...
Vous n'y croyez pas quand les gens disent ça ?
Je n'y crois pas et je préfèrerais l'assumer, ça me paraît beaucoup plus sain et beaucoup plus clair pour tout le monde.
Votre biographie est si je puis dire, entachée d'un péché originel pour un secrétaire d'Etat au Logement, c'est que vous avez bénéficié d'un logement à loyer modéré jusqu'à l'an dernier.
J'ai effectivement...
Vous regrettez ?
Je ne regrette pas puisque lorsque je suis rentré dans ce logement, j'avais comme on dit, les conditions de ressources pour rentrer dans un logement...
C'est-à-dire quand vous étiez étudiant donc.
Quand j'avais 24-25 ans, donc vous savez, vous rentrez dans ce logement là, je l'ai effectivement quitté de moi-même, je rappelle que ce n'était pas illégal d'ailleurs, mais je l'ai quitté de moi-même il y a un an et demi. C'est pour moi une histoire du passé maintenant.
Quelle est maintenant votre politique du logement ou quelle sera votre politique du logement ?
Je pense qu'on n'a plus besoin d'outils juridiques nouveaux, on a fait assez de lois...
C'est la loi Boutin ?
Je crois qu'on a effectivement une très bonne loi avec la loi Boutin et surtout qu'on a fait cinq ou six lois en cinq ou six ans. Donc on n'a plus besoin d'outils juridiques nouveaux. Maintenant, mon premier boulot, ça va être pendant les trois mois qui viennent, de faire une tournée de France pour réunir les préfets, pour réunir l'ensemble des organismes logeurs, l'ensemble des constructeurs et pour leur dire : maintenant il y a des outils, il y a des budgets, il faut utiliser tout ça pour construire plus. Parce qu'on a toujours la même problématique en France : il faut construire plus, c'est vrai que la crise ne nous a pas aidé.
Oui parce que là, pour l'instant, on construit moins. Moins 30% en ce qui concerne les permis de construire pour les logements neufs.
Alors ça c'est sur les logements neufs, le logement neuf et le logement privé essentiellement. Donc on a effectivement obligatoirement liée à la crise une chute de la construction du logement privé en France. On a pris des outils dans le cadre du plan de relance pour aider à la construction, il faut maintenant qu'on dise à l'ensemble des constructeurs : il y a des outils, il y a des budgets, saisissez vous de ces opportunités là pour construire. C'est vraiment ça mon job pour les trois mois qui viennent.
Il y a encore en France aujourd'hui, près de 100.000 SDF. 100.000 ! C'est incroyable !
C'est incroyable et en même temps, ce qui est tout aussi incroyable, c'est qu'on n'a pas de chiffres.
Vous contestez ce chiffre alors.
Je ne conteste pas du tout, je dis simplement : on n'a pas de chiffres. On a une enquête qui date de 2001, qui estime en 2001 à 100.000 le nombre de SDF. Depuis, on n'a pas d'enquête statistique, parce qu'on n'a pas de suivi de ces publics là. C'est d'ailleurs...
On peut supposer que ça n'a qu'augmenté.
On peut supposer que ça n'a qu'augmenté...
C'est ce que disent les associations en tout cas.
...dû à un certain nombre d'effets de crise, donc c'est tout à fait possible. L'un des drames justement, c'est qu'on n'en sait rien parce qu'on n'a pas de suivi des SDF. Il va falloir qu'on s'organise dans les semaines et les mois à venir pour aller réinventer la politique des sans abri en France. Je vous le disais à l'instant, il n'y a pas forcément besoin de loi pour le logement.
Alors comment on fait concrètement ?
Concrètement, aujourd'hui il faut qu'on organise un suivi plus personnalisé des sans-abri, premier élément.
C'est-à-dire ?
Aujourd'hui, on ne sait pas combien ils sont, on ne sait pas qui ils sont...
Oui mais si on en prend un déjà.
Si j'en prends un, j'en ai rencontré hier, si j'en prends un, qu'est-ce qu'il m'explique hier ? Il m'explique hier qu'il a passé sept jours dans un centre d'hébergement et qu'ensuite il a passé sept jours dans un hôtel, puis sept jours dans un nouveau centre d'hébergement, puis sept jours à nouveau dans un nouveau centre, parce que ça marche par cycle de sept jours. Ce n'est pas une solution qui est acceptable pour lui. Ca veut dire qu'on n'a pas organisé de suivi, on ne sait pas ce qu'il a fait pendant le mois en question. Ca veut dire qu'on n'a pas une veille sociale suffisamment organisée pour pouvoir l'orienter vers des centres d'hébergement de plus longue durée et ça veut dire surtout qu'on ne construit pas un parcours individualisé pour l'amener vers le logement. Parce que l'objectif...
Et ça, ce sont vos services qui vont faire ça ?
C'est nos services qui vont faire ça, avec les associations parce que sur le terrain, qui travaillent ? Ce sont les associations. Nous on les finance bien évidemment, on les guide, on les aide, mais ce sont elles qui font ce travail là sur le terrain. Donc il faut qu'on arrive à trouver, elles et nous - nous financeurs, Gouvernement, elles qui font le travail sur le terrain - il faut qu'on arrive à s'organiser pour dans les deux mois qui viennent, allez, le mot refondation sera peut-être un peu fort, mais réorganiser notre politique de lutte contre les sans-abri, contre la précarité en France, parce qu'aujourd'hui ça marche très bien, c'est satisfaisant mais on pourrait faire beaucoup mieux, beaucoup plus efficace.
Si des mal logés n'accèdent pas à des HLM, c'est aussi parce qu'il y a des gens qui sont dans des HLM et qui n'ont plus de raison d'y être.
C'est la loi Boutin qui a réglé ce cas là...
C'est réglé ça selon vous ?
C'est réglé parce que la loi est sortie, la loi a été votée, les décrets d'application sont en cours d'élaboration et de signature, j'en ai signé un certain nombre, madame Boutin en avait signé quelques-uns également. Quelle est l'idée ? C'est de se dire qu'il y a probablement... il y avait historiquement ce qu'on appelle le droit au maintien dans les lieux. Je rentre dans un logement HLM, je suis en CDI, j'y reste toute ma vie.
Ad vitam æternam...
Ad vitam æternam. On a créé une forme de CDD en fonction du revenu des gens. Vous rentrez parce que vous avez les plafonds de ressource comme on dit, donc le revenu nécessaire pour rentrer. Et puis, vous évoluez dans votre vie, vous allez avoir deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois le salaire, ça devient à un moment problématique. Donc on dit : oui effectivement, il n'y a plus ce maintien-là. Par contre, on ne sort pas les gens du jour au lendemain, on se donne trois ans évidemment pour organiser la sortie des gens.
Parce que j'allais dire, la tendance serait plutôt inverse, c'est-à-dire qu'avec la crise économique et financière que l'on connaît, le chômage qui augmente, dans les mois et les années qui viennent, ce sont des gens qui se seront de plus en plus en difficulté pour payer leur loyer.
Ne soyons pas contradictoires les uns avec les autres. Revenons sur un petit sujet que vous évoquiez tout à l'heure : mon cas personnel. Bah c'était exactement ça.
C'était quoi votre cas personnel ? Quand vous aviez le droit de la Mairie de Paris ?
Mon cas personnel c'est que j'avais comme tout le monde, ce droit au maintien dans les lieux. J'ai jugé par moi-même qu'à un moment il fallait que je sorte, parce qu'effectivement, j'avais des revenus qui me permettaient d'être logé dans le privé. Eh bien il faut qu'on organise la même chose pour tout le monde. Ceux qui ne souhaitent pas sortir, il faudra les pousser à sortir, même si effectivement derrière, s'ils ont un nouvel accident, un accident de la vie, ils tombent au chômage, ils reviennent dans les plafonds de ressources, ils auront le droit, évidemment de revenir.
Pour résoudre les problèmes de logements en France, est-ce qu'il faut plus de libéralisme ou plus de régulation ?
Les deux mon colonel, comme toujours.
Alors là, c'est contradictoire !
Non ce n'est pas contradictoire du tout. On a besoin de plus de régulation parce que c'est un marché auquel les Français sont tellement attachés, qui est tellement important pour la vie quotidienne qu'il faut des règles. En même temps aujourd'hui, on est dans un système où objectivement pour la construction du logement, notamment en matière d'urbanisme, tout le monde s'y perd. Je vous mets au défi d'aller demain dans une mairie et de bien remplir un permis de construire. C'est tellement compliqué, il y a tellement de documents auxquels il faut se référencer pour pouvoir avoir ce permis de construire que tout le monde s'y paume. Eh bien là, il y a une commande très simple du président de la République et de J.-L. Borloo : il faut simplifier l'urbanisme en France, parce qu'aujourd'hui l'urbanisme, il empêche de construire.
Vous allez le faire ?
C'est mon job donc effectivement, je vais le faire.
Ca sera fait quand ?
Je ne vais pas vous donner une date aujourd'hui, je vais vous dire que dans les six mois qui viennent, on va s'organiser pour assouplir l'urbanisme en France parce que là, on a un vrai besoin, un vrai frein à la construction.
Merci B. Apparu d'être avec nous ce matin, très bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du 4 août 2009