Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur le soutien à l'investissement, le choix de l'ouverture sur l'extérieur et la priorité donnée à la formation en alternance, à Nice le 17 juin 2011.

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Circonstance : Rencontre avec des chefs d'entreprise de la pépinière d'entreprises Nice Meridia, à Nice le 17 juin 2011

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je voudrais simplement vous dire la grande joie qui est la mienne au nom du Gouvernement français de participer aujourd’hui à cette signature et à cette visite.
C’est l’occasion pour moi de féliciter le maire de Nice, Christian Estrosi, le Président du Conseil général, Eric Ciotti, tous les élus de cette agglomération qui ont réalisé déjà un travail remarquable de modernisation, un travail remarquable d’humanisation de leur territoire, de développement et qui ont initié avec le projet que nous venons de découvrir ensemble, en tout cas pour moi, une vision du futur à la fois de cette agglomération autour de Nice et de sa région et surtout une vision de l’agglomération du futur tout court de la ville du XXIe siècle.
Et en visitant les différentes expositions que vous m’avez présentées, en regardant avec Christian et Eric ce projet, je me disais qu’il y a au fond ici un concentré des priorités qui sont celles de la politique du Gouvernement.
D’abord, un choix clairement fait de l’investissement. Du soutien à l’investissement pour développer l’économie, un choix clairement fait de l’ouverture sur l’extérieur à l’heure où on lit des propos affligeants sur la dé-mondialisation, où on sent la tentation du repli sur soi, où certains expliquent "le protectionnisme serait une réponse aux difficultés de notre économie", le projet que vous venez de me montrer est un projet qui tourne le dos à tous ces travers, à tous ces mauvais réflexes qui ont toujours été des réflexes de crise et qui ont d’ailleurs toujours conduit notre pays à des situations dramatiques.
Il faut profiter de cette mondialisation.
Pour ça, il faut s’ouvrir à l’extérieur, il faut être les meilleurs, il faut faire les meilleurs choix, il faut apporter les meilleurs équipements et c’est vraiment l’essence du projet que vous m’avez présenté, la priorité donnée au logement, au logement social, à l’accession au logement.
Vous savez que nous avons beaucoup agi depuis quatre ans pour augmenter le nombre de logements produits dans notre pays. On a quasiment doublé le nombre de logements produits par rapport à la période 2000.
Il y a encore beaucoup d’efforts à faire. Le projet que vous avez bâti est un projet qui répond à une grande partie des problématiques de logement.
Et j’ai été particulièrement sensible au projet de campus de l’apprentissage, de l’alternance.
Nous voulons porter de 600 à 800 000 le nombre des jeunes en alternance dans notre pays. Cela ne se fera pas tout seul. Cela se fera d’abord principalement avec l’engagement des entreprises sans lesquelles rien n’est possible. Mais cela se fera aussi avec l’accompagnement des collectivités locales. La question du logement est souvent une question qui limite les possibilités en matière d’alternance.
La priorité au développement durable est la mise en œuvre d’une grande partie des engagements que nous avons pris dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Là aussi, je vois beaucoup de débats passionnants sur le développement durable, l’écologie, l’environnement qui sont des débats philosophiques et puis, il y a les décisions qui sont prises.
Et ce qui est très intéressant dans le projet que vous avez conçu, c’est que la ville durable, la ville de demain, le développement durable s’inscrit dans une perspective qui est une perspective de croissance et pas une perspective de décroissance.
C’est notamment en ayant recours aux nouvelles technologies, à l’intelligence humaine, à la recherche, ce qui a toujours été le moteur du progrès dans notre pays, que l’on pourra relever les défis qui sont les défis de la protection de l’environnement et pas en se repliant sur nous-mêmes et en cherchant à vivre comme on vivait lorsqu’il y avait deux ou trois milliards de moins d’habitants sur notre planète.
Enfin, je viens à l’instant de signer un accord qui va permettre de financer votre projet de "Nice Grid" avec des fonds de notre programme d’investissements d’avenir.
C’est pour moi l’occasion de dire une nouvelle fois que dans une période de crise, dans une période où la priorité de mon Gouvernement et ma priorité, c’est la réduction de la dépense publique. C’est la réduction des déficits, avec toutes les conséquences que cela a, et les choix difficiles que nous sommes obligés de faire, notamment en matière de réduction des emplois publics.
Nous avons choisi d’investir 30 milliards sur l’université, la recherche, l’innovation, les filières qui sont les filières qui seront porteuses des emplois et de la croissance de l’économie française demain.
C’est au fond avec des méthodes différentes ce qui avait été la politique conduite par le Général de Gaulle et par Georges Pompidou qui avaient lancé – excusez du peu – quasiment en même temps le programme nucléaire français, le programme Airbus et le programme TGV, c’est-à-dire trois des principaux moteurs de la croissance économique de notre pays de ces trente dernières années et qui constituent aujourd’hui encore des secteurs d’excellence pour la France et pour l’industrie européenne.
Eh bien, nous voulons avec des méthodes j’allais dire plus modernes, plus adaptées à notre temps, faire la même chose, c’est-à-dire impulser, grâce à un investissement public, des secteurs en matière d’innovation et en matière de produits du futur qui seront les moteurs de la croissance de l’économie française demain
Et en le faisant, nous avons choisi une méthode, la méthode qui consiste à attribuer ces financements, à choisir les projets qui vont être financés, qui est une méthode qui est, j’allais dire, révolutionnaire dans notre pays, en tout cas qui est une révolution culturelle puisque nous attribuons ces subventions, ces crédits, ces fonds publics aux meilleurs projets.
Et nous avons, pour choisir ces meilleurs projets, constitué des jurys qui sont des jurys de scientifiques, des jurys de professionnels, qui sont des jurys internationaux – notamment s’agissant des grands projets en matière de recherche – et ce sont les décisions de ces jurys qui décident de la mise en œuvre de ces financements.
C’est une révolution parce que notre pays depuis trop longtemps pratiquait une distribution des fonds publics en fonction d’abord de la capacité des uns et des autres à être les plus insistants possible pour les obtenir et puis avec cette idée qu’il faut être équitable et donc il faut mettre de l’argent sur tous les projets, moyennant quoi au lieu d’aider les 4 meilleures équipes mondiales dans un secteur, on en aidait 12 ou 13, de façon beaucoup moins significative et que l’on n’avait aucun projet de nature à émerger dans la compétition internationale.
Je suis au fond très fier que la procédure d’attribution de ces investissements d’avenir soit en fonction de critères qui sont des critères d’excellence, qui sont des critères objectifs et donc la lecture, Monsieur le Président de la Chambre de Commerce, de mes collaborateurs sera attentive. Mais si votre projet est bon, il sera retenu ; s’il est moins bon, il ne sera pas retenu !
Et je pense que l’on doit tous encourager cette façon de faire les choses parce que nous sommes dans un pays qui a des déficits très importants ; nous sommes dans un pays qui a donc une ressource financière publique qui est rare et en même temps, nous sommes dans une compétition mondiale qui est extrêmement rude.
Donc nous n’avons pas le droit de gâcher un euro sur des projets qui ne sont pas, aujourd’hui en tout cas, les plus compétitifs et je le dis ici en venant de signer le financement du projet "Nice Grid" dont je suis certain qu’il sera un vrai moteur pour l’économie de cette région et pour l’économie de notre pays.
Source http://www.gouvernement.fr, le 20 juin 2011