Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN Parlons logement ce matin, cest lune des préoccupations majeures des Français, mais avant de parler logement, je voudrais reprendre cette déclaration de Charles BEIGBEDER, secrétaire national de lUMP en charge de la pédagogie de la réforme, il dit : « il ne faut pas survendre le plan daustérité présenté par François FILLON, cest un plan dajustement en attendant laprès élection et le vrai plan de rigueur ». Oui ! Il viendra après lélection
BENOIST APPARU Eh bien ces propos
JEAN-JACQUES BOURDIN Le vrai plan de rigueur ?
BENOIST APPARU Eh bien ces propos nengagent que lui, dabord, premièrement
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah ! Ca cest sûr.
BENOIST APPARU Voilà ! Ca nengage pas
JEAN-JACQUES BOURDIN Enfin, il est quand même en charge de la pédagogie de la réforme. BENOIST APPARU Ah ! Jentends bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Mais peut-être que de temps en temps effectivement il devrait mieux faire un peu plus de pédagogie et un peu moins dannonces
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Pour linstant quest-ce quon fait ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU La première partie de la phrase, daccord, oui on ajuste, ça veut dire quoi on ajuste ? Ca veut dire quà partir du moment où nous avons considéré que la croissance en 2012 ne serait pas au rendez-vous, que nous aurions, que nous naurions pas, pardon, le 1,75, quon a réajusté comme les Allemands à 1, il fallait en tirer les conséquences, c'est-à-dire avoir des mesures pour 7 milliards deuros nous permettant de tenir le rythme des déficits sur lequel nous nous sommes engagés.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ça veut dire quoi ? Ca veut dire que est-ce quon risque de réajuster, je ne sais pas en janvier, en février, parce quon ne serait même pas à 1% de croissance, vous avez vu les derniers chiffres ?
BENOIST APPARU Quest-ce quon a dit ? On a dit on sajustera
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc un troisième plan daustérité ?
BENOIST APPARU Mais quon continuera à sajuster si nécessaire
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ?
BENOIST APPARU C'est-à-dire en fonction du rythme ou de lévolution de léconomie mondiale et donc de la croissance française, oui on sajustera parce que notre priorité
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc un troisième plan de rigueur nest pas impossible ?
BENOIST APPARU Mais je nai Attendez ! Non ! Non, attendez, ne commencez pas à annoncer un troisième, un quatrième ou un dix-huitième, je vous dis
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je nannonce pas, je vous dis
BENOIST APPARU Je vous dis simplement
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous dis est-ce que cest possible, Benoist APPARU ?
BENOIST APPARU Je vous dis simplement que pour linstant nous avons des prévisions de croissance qui sont à 1 point pour 2012
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ! Hum.
BENOIST APPARU A lheure daujourdhui il ny a pas de raison de revisiter ce 1% de croissance, si dans 6 mois, dans 10 mois ou dans 3 mois, on nous dit : « ce ne sera pas 1 mais ce sera 0,5 » on sajustera, mais pour linstant ce nest pas nécessaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien ! On va regarder le logement, Benoist APPARU, parce que dans ce plan dajustement, le deuxième, de lundi, on a eu la sensation que le logement était le secteur sacrifié. Pourquoi ? Parce que de nombreuses mesures dabord, dabord juste un petit constat, 2007 le président de la République Nicolas SARKOZY qui nétait président est candidat et il annonce une France de propriétaires
BENOIST APPARU Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN Et il promet que 70% des Français seront propriétaires à la fin de son mandat, aujourdhui on en est à 58%, on en était à 57% en 2007, donc ça a stagné, rien na bougé, pourquoi ? Vous allez me dire la crise ?
BENOIST APPARU Alors pourquoi, quelle question ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh bien je ne sais pas ! Pourquoi est-ce que rien na bougé ?
BENOIST APPARU Mais, attendez, là encore si vous
JEAN-JACQUES BOURDIN Pourquoi est-ce que rien na bougé ?
BENOIST APPARU Si vous ne voulez pas voir la crise, cest votre choix
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah ! Non, non, mais je ne dis pas
BENOIST APPARU Cest votre droit.
JEAN-JACQUES BOURDIN Que je ne veux pas la voir.
BENOIST APPARU Je dis simplement la chose suivante : 2007
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Lorsque nous faisons notre projet économique, nous sommes dans une période où nous sortons de 4 années consécutives de baisse du chômage et 4 années de croissance à plus de 2%...
JEAN-JACQUES BOURDIN Hum ! Hum.
BENOIST APPARU Et les perspectives qui sont devant nous sont les mêmes, donc évidemment on fait un projet politique avec ces perspectives économiques là ; 2008, un an après, crise, personne ne la vu venir, personne ne la vu venir, ni les économistes, ni le FMI, ni évidemment les politiques, et donc évidemment nous adaptons notre politique à cette nouvelle situation ; A partir de là, bien évidemment que ça a tout chamboulé sur le projet qui était le nôtre, vous avez eu une augmentation des prix, une augmentation des taux dintérêt et donc évidemment plus difficile encore de devenir propriétaire. Maintenant, est-ce que le parent pauvre de ce « plan » ou des politique publiques
JEAN-JACQUES BOURDIN Attendez ! On va entrer dans le plan. On va entrer
BENOIST APPARU Eh bien vous mavez posé la question il y a 2 minutes.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ! Non, mais on va entrer dans le plan, jai un autre chiffre quand même Benoist APPARU, un autre chiffre important, les familles Invités du jeudi 10 novembre 2011 Département Veille et Ressources dinformations 01.42.75.54.58 13 modestes et moyennes françaises représentaient 45% des acquéreurs de résidence principale il y a moins de 10%, à peine 30% aujourdhui, ça cest un chiffre encore plus parlant aujourdhui.
BENOIST APPARU Ca cest un chiffre qui est parlant, qui est inquiétant
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Parce que ça veut dire quaujourdhui les perspectives de devenir propriétaire pour une classe modeste séloignent
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ! Voilà.
BENOIST APPARU Or ça reste le rêve de tout le monde
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi ?
BENOIST APPARU Et ça reste non seulement le rêve de tout le monde mais cest en plus indispensable, nécessaire que les plus propriétaires puissent devenir propriétaires pour se constituer un patrimoine.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi est-ce que ces perspectives séloignent, Benoist APPARU ?
BENOIST APPARU Pour une raison très simple, les prix
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui augmentent.
BENOIST APPARU Les prix. Les prix ont tellement augmenté, notamment en Ile de France, quaujourdhui une classe même modeste, même modeste supérieure ne peut pas accéder à la propriété en Ile de France parce que les prix ont augmenté. La question quon doit se poser, cest pourquoi les prix augmentent ? Les prix augmentent parce quon ne produit pas assez de logements en Ile de France, cest ça le sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais cest inéluctable, est-ce inéluctable ?
BENOIST APPARU Non ! Ce nest pas inéluctable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourtant
BENOIST APPARU Mais ce nest pas inéluctable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca ne sarrange pas ?
BENOIST APPARU Je vais y venir dans un instant. Quel est le sujet ? On produit 2 fois plus de logements en Auvergne quen Ile de France, lIle de France est la région qui produit le moins de logements, le moins de logements en France par habitant, le moins de logements. Pourquoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais cela dit il ny a pas que lIle de France qui est touchée
BENOIST APPARU Il ny a pas que lIle de France qui est touchée, mais vous avez un prisme très particulier en Ile de France avec ces prix qui ont explosé et qui continuent dexploser. Vous avez dautres territoires, 11 régions sur 22 les prix stagnent ou baissent, baissent, dans ma région en Champagne Ardenne les prix ils baissent, dans 7 régions les prix baissent, dans 4 régions les prix stagnent, donc vous avez des marchés sur le plan national qui nont strictement rien à voir les uns avec les autres, des marchés qui montent, certains très, très vite comme lIle de France et des marchés qui baissent. Pourquoi ? Une seule raison : offre demande, dun côté jai trop de logements, les prix baissent, de lautre côté je nai pas assez de logements, les prix montent, il faut donc quon réorganise la production sur lensemble du territoire national pour produire des logements là où cest nécessaire, en premier lieu en Ile de France et puis dans les régions très tendues, c'est-à-dire dans les grandes métropoles françaises, cest là quil faut impérativement produire des logements si on veut lutter contre la montée des prix et donc si on veut redonner aux classes moyennes, parce que cest ça lobjectif - et aux plus modestes la possibilité de devenir propriétaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN Benoist APPARU, des précisions sur laspect logement de ce plan daustérité présenté par François FILLON. Alors, la hausse de la TVA, qui passe de 5,5 à 7 sur les travaux de rénovation, dabord, est-ce que la construction dans les HLM est concernée par cette hausse de la TVA ?
BENOIST APPARU Oui, la construction dans le HLM, qui bénéficiait de ce quon appelle une niche fiscale, c'est-à-dire une TVA à 5,5 et non à 19,6
JEAN-JACQUES BOURDIN Exact.
BENOIST APPARU Tout le reste de la construction est à 19,6, passera de 5,5 à 7.
JEAN-JACQUES BOURDIN A 7.
BENOIST APPARU Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Deuxième question. En ce qui concerne cette TVA à taux réduit, jai remarqué, comme vous, toutes les réticences, la colère même, de certains, notamment la CAPEB, tiens. Vous connaissez la CAPEB ?
BENOIST APPARU Bien sûr, jétais avec eux hier après-midi, à côté, à Batimat.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, avec cette mesure vous affaiblissez lun des secteurs parmi les meilleurs contributeurs de la croissance. Les pertes se chiffrent à 1 milliard de chiffre daffaires, 1 milliard deuros, et la disparition directe et indirecte de 10 000 emplois. Est-ce que vous avez supprimé 10 000 emplois, là, en augmentant la TVA à 7% dans les travaux de rénovation ?
BENOIST APPARU Ecoutez, on jugera ça dans quelques mois
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc la CAPEB nous ment ?
BENOIST APPARU Non, il ne faut pas dire quon nous ment. Enfin la CAPEB, son métier cest quoi ? Cest de défendre les artisans, et cest de défendre ses niches fiscales
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, cest le représentant des artisans du bâtiment.
BENOIST APPARU Cest logique. Rappelez-vous la phrase de Gilles CARREZ, « dans toutes les niches, il y a un gros chien », et toute
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça cest le gros chien ?
BENOIST APPARU Mais non, mais toutes les professions, cest naturel, cest sain, défend sa niche fiscale, et comme toujours la difficulté cest quoi ? Cest que tout le monde veut faire des économies, chez le voisin. Chez le voisin les économies sont toujours
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais enfin le logement est bien touché !
BENOIST APPARU Chez le voisin les économies sont toujours justes. Eh bien non ! Dans le logement, comme ailleurs, il faut assumer que lon prenne notre part dans les économies nécessaires. Et moi jassume totalement ces choix politiques, je les revendique
JEAN-JACQUES BOURDIN Tous ?
BENOIST APPARU Tous. Pourquoi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Evidemment, remarquez vous nallez pas me dire que vous nêtes pas content.
BENOIST APPARU Non, mais pourquoi, allons au fond des choses. Il faut quon change de modèle économique sur le logement. On ne peut pas continuer à avoir un secteur sous perfusion de la dépense publique, comme il lest depuis 30 ans, avec une conséquence, notamment, laugmentation des prix dont on parlait. Parce que toutes ces aides publiques, tout cet investissement public dans le logement, vous le retrouvez, vous le retrouvez dans les prix. On sait que lAPL, ça fait gonfler les prix. On sait que le prêt à taux zéro, ça fait gonfler les prix. On sait que le SCELLIER, que toutes les aides publiques au logement, ça fait monter les prix. Il faut quon change de modèle.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous vous en apercevez aujourdhui ?
BENOIST APPARU Non, on ne sen aperçoit pas aujourdhui, sauf que, aujourdhui, il faut quon change tous notre logiciel, vous, comme nous, et quon arrête de vouloir penser, dès quon a un problème, dépenses publiques. Aujourdhui, dès quun secteur dactivité a un problème, quest-ce quon fait ? Hop, on veut une niche fiscale. Et donc il faut arrêter.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors écoutez, on nous a vendu le Grenelle de lenvironnement, et voilà quon réduit de 20% le crédit dimpôt développement durable.
BENOIST APPARU Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon ! On recentre le prêt à taux, le nouveau prêt à taux zéro
BENOIST APPARU Oui, tout à fait, sur le neuf.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pourtant on nous a dit, il y a combien de temps, il ny a même pas un mois, Benoist APPARU
BENOIST APPARU Non, il ny a pas un mois, nexagérons rien
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous nous avez vendu ce nouveau prêt à taux zéro en disant cest formidable
BENOIST APPARU Je rappelle que ce prêt à taux zéro, il ne date pas dun mois, il date dun an. Alors, vous me direz, ça reste très neuf.
JEAN-JACQUES BOURDIN Daccord, mais il a été rénové, il a été modifié.
BENOIST APPARU Non non, il a été modifié, il y a un an. Ce qui est en train dêtre modifié cest encore autre chose, cest léco-prêt à taux zéro pour les réhabilitations, pas pour devenir propriétaire. Là encore, quel est notre choix ? Cest de dire quil faut quon recentre le prêt à taux zéro vers le neuf, pour pouvoir continuer à aider justement le secteur économique du bâtiment. Non pas supprimer complètement ce produit-là, mais dire, voilà, on va aider le neuf, moins lancien. Pourquoi moins lancien ? Tout simplement parce que là encore, à force de mettre de largent public dans des produits logement, on alimente en partie les prix.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, était-il mal conçu, à lorigine ?
BENOIST APPARU Pas mal conçu. Mais peut-être, dailleurs, ce nest même pas le sujet, encore ne nous posons pas la question de savoir ce quon a fait il y a 1 an ou il y a 10 ans, posons-nous juste la question, notre responsabilité aujourdhui
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest de trouver de largent.
BENOIST APPARU Ce nest pas de trouver de largent
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon !
BENOIST APPARU Cest de protéger les Français, et pour protéger les Français il faut limiter les déficits. Vous avez vu, et je lai entendu ce matin, sur vos ondes, la situation actuelle de lItalie, la situation actuelle des différentiels de prêts entre la France et lAllemagne
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui se creuse. Lécart se creuse.
BENOIST APPARU Est-ce que vous voulez quon ait demain en Italie ce quon a aujourdhui en Grèce, et après-demain en France ? La réponse, pour ce qui me concerne, pour ce gouvernement, cest non, et on fera tout, tout, pour protéger les Français et éviter den arriver là. Cest ça l??enjeu. Et donc, la dépense publique, qui nous est promise tous les jours par François HOLLANDE, et les autres, ce nest pas notre tasse de thé.
JEAN-JACQUES BOURDIN La suppression du SCELLIER, la loi SCELLIER, dès 2013, on est bien daccord ?
BENOIST APPARU Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dès 2013, mais la loi SCELLIER finançait le logement intermédiaire, dit intermédiaire.
BENOIST APPARU Alors, la loi SCELLIER cest quoi, cest ce quon appelle de linvestissement locatif dans notre jargon
JEAN-JACQUES BOURDIN Exactement.
BENOIST APPARU C'est-à-dire un promoteur construit un immeuble, vend à un investisseur un appartement, et cet investisseur, contre une défiscalisation, moins dimpôts à payer
JEAN-JACQUES BOURDIN Est obligé de le louer pendant 9 ou 15 ans.
BENOIST APPARU Il le loue 9 à 15 ans, cest ça le principe. Ce SCELLIER, qui est un produit qui a été inventé, je vous le rappelle, après 2008, pour accompagner le secteur du BTP
JEAN-JACQUES BOURDIN Inventé par qui ?
BENOIST APPARU Inventé par François SCELLIER, cest le nom du député
JEAN-JACQUES BOURDIN Et par quel gouvernement ?
BENOIST APPARU Par ce gouvernement-là, juste après 2008, après la crise, pour aider le secteur de la construction, et du bâtiment. Cest pour ça quon a inventé ce SCELLIER-là. Depuis lors on a fait baisser le SCELLIER en question, on lavait commencé à 4 milliards, et aujourdhui, enfin lannée prochaine en 2012, il sera à 1 milliard de dépense.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que ça veut dire quon naide plus le secteur alors ?
BENOIST APPARU Ça veut juste dire la chose suivante. En 2008, on est dans une crise économique, les subprimes, il faut remettre de lessence dans le moteur économique, et donc on fait le plan de relance. La crise, aujourdhui, ce nest pas la crise des subprimes, cest une crise des dettes souveraines, cest une crise de la dépense publique. Continuons à dépenser publiquement, refusons toutes les économies, parce que là encore, dans vos discours, aux uns et aux autres, dans nos discours, aux uns et aux autres, on est tous vertueux dès quil sagit davoir un principe général
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
BENOIST APPARU Il faut moins dépenser dargent. Tous vertueux là-dessus. Par contre, dès queffectivement on prend secteur par secteur, plus personne ne veut, effectivement, être vertueux. Eh bien nous, nous lassumons, nous avons ce courage-là, et on ira jusquau bout en la matière, parce que je me répète, cest comme ça quon protégera les Français. Et si ça passe par effectivement des décisions difficiles, comme celles que nous prenons en ce moment sur le logement, nous les assumerons et irons jusquau bout.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que Jean-Pierre CHEVENEMENT doit quitter son logement ? Qui nest pas un HLM, je le précise, cest un logement de 120 mètres carré, loué 1200 euros, en plein coeur
BENOIST APPARU 1400 au Panthéon.
JEAN-JACQUES BOURDIN 1400, maintenant, en plein coeur de Paris, dans le 5ème arrondissement.
BENOIST APPARU Ecoutez, je trouve cette histoire très amusante, mais vraiment très amusante.
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y.
BENOIST APPARU Pourquoi. Quel est le gouvernement qui a décidé de mettre en place le surloyer et de pouvoir, donné le pouvoir aux HLM de « sortir » du HLM ceux qui avaient trop dargent ? Cest notre gouvernement. Qui a refusé de le voter ? Cest le PS. Et cest aujourdhui le PS, si jai bien compris, qui donne des leçons de morale à lun de ses ex-membres, sur ce thème-là. Je trouve ça très amusant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais oui, cest la Mairie de Paris qui lui demande de partir.
BENOIST APPARU Oui, cest la Mairie de Paris, tout à fait. Alors, juste deux points
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais est-ce quil doit partir ? Je vous pose la question.
BENOIST APPARU Moi, je nai pas à choisir. Monsieur CHEVENEMENT il est dans les clous de la loi, donc il fera ce quil veut. Il est dans les clous de la loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas « expulsable », il a 62 ans.
BENOIST APPARU Juridiquement il peut rester, maintenant cest son problème, lui, dans sa glace, avec sa morale. Mais la Mairie de Paris, cest ça qui mintéresse, la Mairie de Paris, quest-ce quelle fait ? Un, comme par hasard, comme par hasard jimagine, cest au lendemain dune déclaration de Jean-Pierre CHEVENEMENT quon découvre quil est logé par la Ville de Paris. Cest bien ça ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
BENOIST APPARU Et cest au lendemain de sa déclaration de candidature que, comme par hasard, il y a une lettre qui part en disant, « quittez votre logement HLM », et que cette lettre se retrouve sur la voie publique
JEAN-JACQUES BOURDIN On en avait déjà parlé.
BENOIST APPARU Jimagine quil ny a pas de relation de causalité entre les deux. Mais surtout, là encore, cest cette même Ville de Paris, qui refuse de signer avec lEtat, une convention, que je leur propose, pour dire voilà : sur le parc HLM de Paris il faut mettre des DALO ; vous savez, le droit opposable au logement ; et il faut quon ait des sorties dhébergement, c'est-à-dire les personnes sans abri qui sont dans les centres dhébergement. Jai deux bailleurs sociaux, deux, en Ile-de-France, qui refusent de signer avec lEtat. Deux. Les Hauts-de-Seine ils signent avec nous, y compris pour les DALO. Jai deux bailleurs, la RIVP, Paris Habitat, les deux qui dépendent de la Ville de Paris, ce sont les seuls qui refusent de signer avec nous. Alors, le double langage de la Ville de Paris, où le matin je joue la morale
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui vous a accusé dailleurs davoir laissé oui.
BENOIST APPARU Le matin je joue la morale, et effectivement je fais des grandes déclarations avec des grands trémolos dans la voix pour montrer que je défends les pauvres, mais qui dans la réalité de sa politique quotidienne, refuse de signer avec lEtat pour reloger les DALO, y en a marre. Que la Ville de Paris dénonce Jean-Pierre CHEVENEMENT dans un logement social, je peux le comprendre, mais à ce moment-là que les mêmes nous disent, quils ne reviendront pas sur les décisions, que nous avons prises, sur le surloyer, or ce sont les mêmes qui dénoncent au quotidien le surloyer et le non-maintien dans les lieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN Benoist APPARU, la Ville de Paris qui vous accuse de refuser douvrir des places dhébergement durgence supplémentaires. Cest vrai ça ?
BENOIST APPARU Vous savez, la Ville de Paris, en ce moment
JEAN-JACQUES BOURDIN Après le drame qui sest produit, la mort de ce bébé dans les rues de Paris.
BENOIST APPARU Raconte un peu tout et nimporte quoi. Tout et nimporte quoi. Mais vraiment tout et nimporte quoi. Cest du mensonge et des contrevérités, en permanence. Cet hiver, on va ouvrir 10 000 places de plus, comme tous les hivers. Alors, quils communiquent un peu moins, quils travaillent un peu plus, quils arrêtent de se draper de vertus quils nont pas, et tout ira mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dernière question. Laurent WAUQUIEZ veut réserver une partie des logements sociaux à ceux qui travaillent. Vous êtes daccord ?
BENOIST APPARU Aujourdhui le logement social accueille beaucoup de travailleurs, notamment ceux qui sont financés par les partenaires sociaux, ce quon appelle le 1% Logement, où on réserve les logements aux travailleurs. Et donc moi jai le sentiment, mais on peut avoir ses différences avec Laurent WAUQUIEZ, que le logement HLM il est plutôt fait pour loger les plus modestes. Pourquoi ? Parce que si on investit de largent public
JEAN-JACQUES BOURDIN Même ceux qui ne travaillent pas ?
BENOIST APPARU Même ceux qui ne travaillent pas, parce que sinon vous allez les loger où, ceux qui ne travaillent pas ? Ils ne pourront pas aller dans le privé, ce sera trop cher, si vous ne les mettez pas dans le HLM, vous les mettez où ? Et puis aujourdhui, surtout, regardons la réalité des choses. Combien y a-t-il de personnes qui « travaillent » dans lensemble du parc HLM ? 83%. 83% des locataires HLM travaillent, 17%, donc, ne travaillent pas. Il me semble que cest une proportion très raisonnable, et que léquilibre actuel du logement social me paraît plutôt sain, jaurais même plutôt tendance à dire quà partir du moment où lEtat investit beaucoup dargent dans le HLM, cest plutôt pour loger ceux qui ne peuvent pas se loger ailleurs.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 14 novembre 2011
BENOIST APPARU Eh bien ces propos
JEAN-JACQUES BOURDIN Le vrai plan de rigueur ?
BENOIST APPARU Eh bien ces propos nengagent que lui, dabord, premièrement
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah ! Ca cest sûr.
BENOIST APPARU Voilà ! Ca nengage pas
JEAN-JACQUES BOURDIN Enfin, il est quand même en charge de la pédagogie de la réforme. BENOIST APPARU Ah ! Jentends bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Mais peut-être que de temps en temps effectivement il devrait mieux faire un peu plus de pédagogie et un peu moins dannonces
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Pour linstant quest-ce quon fait ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU La première partie de la phrase, daccord, oui on ajuste, ça veut dire quoi on ajuste ? Ca veut dire quà partir du moment où nous avons considéré que la croissance en 2012 ne serait pas au rendez-vous, que nous aurions, que nous naurions pas, pardon, le 1,75, quon a réajusté comme les Allemands à 1, il fallait en tirer les conséquences, c'est-à-dire avoir des mesures pour 7 milliards deuros nous permettant de tenir le rythme des déficits sur lequel nous nous sommes engagés.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ça veut dire quoi ? Ca veut dire que est-ce quon risque de réajuster, je ne sais pas en janvier, en février, parce quon ne serait même pas à 1% de croissance, vous avez vu les derniers chiffres ?
BENOIST APPARU Quest-ce quon a dit ? On a dit on sajustera
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc un troisième plan daustérité ?
BENOIST APPARU Mais quon continuera à sajuster si nécessaire
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ?
BENOIST APPARU C'est-à-dire en fonction du rythme ou de lévolution de léconomie mondiale et donc de la croissance française, oui on sajustera parce que notre priorité
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc un troisième plan de rigueur nest pas impossible ?
BENOIST APPARU Mais je nai Attendez ! Non ! Non, attendez, ne commencez pas à annoncer un troisième, un quatrième ou un dix-huitième, je vous dis
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je nannonce pas, je vous dis
BENOIST APPARU Je vous dis simplement
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous dis est-ce que cest possible, Benoist APPARU ?
BENOIST APPARU Je vous dis simplement que pour linstant nous avons des prévisions de croissance qui sont à 1 point pour 2012
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ! Hum.
BENOIST APPARU A lheure daujourdhui il ny a pas de raison de revisiter ce 1% de croissance, si dans 6 mois, dans 10 mois ou dans 3 mois, on nous dit : « ce ne sera pas 1 mais ce sera 0,5 » on sajustera, mais pour linstant ce nest pas nécessaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien ! On va regarder le logement, Benoist APPARU, parce que dans ce plan dajustement, le deuxième, de lundi, on a eu la sensation que le logement était le secteur sacrifié. Pourquoi ? Parce que de nombreuses mesures dabord, dabord juste un petit constat, 2007 le président de la République Nicolas SARKOZY qui nétait président est candidat et il annonce une France de propriétaires
BENOIST APPARU Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN Et il promet que 70% des Français seront propriétaires à la fin de son mandat, aujourdhui on en est à 58%, on en était à 57% en 2007, donc ça a stagné, rien na bougé, pourquoi ? Vous allez me dire la crise ?
BENOIST APPARU Alors pourquoi, quelle question ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh bien je ne sais pas ! Pourquoi est-ce que rien na bougé ?
BENOIST APPARU Mais, attendez, là encore si vous
JEAN-JACQUES BOURDIN Pourquoi est-ce que rien na bougé ?
BENOIST APPARU Si vous ne voulez pas voir la crise, cest votre choix
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah ! Non, non, mais je ne dis pas
BENOIST APPARU Cest votre droit.
JEAN-JACQUES BOURDIN Que je ne veux pas la voir.
BENOIST APPARU Je dis simplement la chose suivante : 2007
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Lorsque nous faisons notre projet économique, nous sommes dans une période où nous sortons de 4 années consécutives de baisse du chômage et 4 années de croissance à plus de 2%...
JEAN-JACQUES BOURDIN Hum ! Hum.
BENOIST APPARU Et les perspectives qui sont devant nous sont les mêmes, donc évidemment on fait un projet politique avec ces perspectives économiques là ; 2008, un an après, crise, personne ne la vu venir, personne ne la vu venir, ni les économistes, ni le FMI, ni évidemment les politiques, et donc évidemment nous adaptons notre politique à cette nouvelle situation ; A partir de là, bien évidemment que ça a tout chamboulé sur le projet qui était le nôtre, vous avez eu une augmentation des prix, une augmentation des taux dintérêt et donc évidemment plus difficile encore de devenir propriétaire. Maintenant, est-ce que le parent pauvre de ce « plan » ou des politique publiques
JEAN-JACQUES BOURDIN Attendez ! On va entrer dans le plan. On va entrer
BENOIST APPARU Eh bien vous mavez posé la question il y a 2 minutes.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ! Non, mais on va entrer dans le plan, jai un autre chiffre quand même Benoist APPARU, un autre chiffre important, les familles Invités du jeudi 10 novembre 2011 Département Veille et Ressources dinformations 01.42.75.54.58 13 modestes et moyennes françaises représentaient 45% des acquéreurs de résidence principale il y a moins de 10%, à peine 30% aujourdhui, ça cest un chiffre encore plus parlant aujourdhui.
BENOIST APPARU Ca cest un chiffre qui est parlant, qui est inquiétant
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui !
BENOIST APPARU Parce que ça veut dire quaujourdhui les perspectives de devenir propriétaire pour une classe modeste séloignent
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ! Voilà.
BENOIST APPARU Or ça reste le rêve de tout le monde
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi ?
BENOIST APPARU Et ça reste non seulement le rêve de tout le monde mais cest en plus indispensable, nécessaire que les plus propriétaires puissent devenir propriétaires pour se constituer un patrimoine.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi est-ce que ces perspectives séloignent, Benoist APPARU ?
BENOIST APPARU Pour une raison très simple, les prix
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui augmentent.
BENOIST APPARU Les prix. Les prix ont tellement augmenté, notamment en Ile de France, quaujourdhui une classe même modeste, même modeste supérieure ne peut pas accéder à la propriété en Ile de France parce que les prix ont augmenté. La question quon doit se poser, cest pourquoi les prix augmentent ? Les prix augmentent parce quon ne produit pas assez de logements en Ile de France, cest ça le sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais cest inéluctable, est-ce inéluctable ?
BENOIST APPARU Non ! Ce nest pas inéluctable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourtant
BENOIST APPARU Mais ce nest pas inéluctable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca ne sarrange pas ?
BENOIST APPARU Je vais y venir dans un instant. Quel est le sujet ? On produit 2 fois plus de logements en Auvergne quen Ile de France, lIle de France est la région qui produit le moins de logements, le moins de logements en France par habitant, le moins de logements. Pourquoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais cela dit il ny a pas que lIle de France qui est touchée
BENOIST APPARU Il ny a pas que lIle de France qui est touchée, mais vous avez un prisme très particulier en Ile de France avec ces prix qui ont explosé et qui continuent dexploser. Vous avez dautres territoires, 11 régions sur 22 les prix stagnent ou baissent, baissent, dans ma région en Champagne Ardenne les prix ils baissent, dans 7 régions les prix baissent, dans 4 régions les prix stagnent, donc vous avez des marchés sur le plan national qui nont strictement rien à voir les uns avec les autres, des marchés qui montent, certains très, très vite comme lIle de France et des marchés qui baissent. Pourquoi ? Une seule raison : offre demande, dun côté jai trop de logements, les prix baissent, de lautre côté je nai pas assez de logements, les prix montent, il faut donc quon réorganise la production sur lensemble du territoire national pour produire des logements là où cest nécessaire, en premier lieu en Ile de France et puis dans les régions très tendues, c'est-à-dire dans les grandes métropoles françaises, cest là quil faut impérativement produire des logements si on veut lutter contre la montée des prix et donc si on veut redonner aux classes moyennes, parce que cest ça lobjectif - et aux plus modestes la possibilité de devenir propriétaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN Benoist APPARU, des précisions sur laspect logement de ce plan daustérité présenté par François FILLON. Alors, la hausse de la TVA, qui passe de 5,5 à 7 sur les travaux de rénovation, dabord, est-ce que la construction dans les HLM est concernée par cette hausse de la TVA ?
BENOIST APPARU Oui, la construction dans le HLM, qui bénéficiait de ce quon appelle une niche fiscale, c'est-à-dire une TVA à 5,5 et non à 19,6
JEAN-JACQUES BOURDIN Exact.
BENOIST APPARU Tout le reste de la construction est à 19,6, passera de 5,5 à 7.
JEAN-JACQUES BOURDIN A 7.
BENOIST APPARU Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Deuxième question. En ce qui concerne cette TVA à taux réduit, jai remarqué, comme vous, toutes les réticences, la colère même, de certains, notamment la CAPEB, tiens. Vous connaissez la CAPEB ?
BENOIST APPARU Bien sûr, jétais avec eux hier après-midi, à côté, à Batimat.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, avec cette mesure vous affaiblissez lun des secteurs parmi les meilleurs contributeurs de la croissance. Les pertes se chiffrent à 1 milliard de chiffre daffaires, 1 milliard deuros, et la disparition directe et indirecte de 10 000 emplois. Est-ce que vous avez supprimé 10 000 emplois, là, en augmentant la TVA à 7% dans les travaux de rénovation ?
BENOIST APPARU Ecoutez, on jugera ça dans quelques mois
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc la CAPEB nous ment ?
BENOIST APPARU Non, il ne faut pas dire quon nous ment. Enfin la CAPEB, son métier cest quoi ? Cest de défendre les artisans, et cest de défendre ses niches fiscales
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, cest le représentant des artisans du bâtiment.
BENOIST APPARU Cest logique. Rappelez-vous la phrase de Gilles CARREZ, « dans toutes les niches, il y a un gros chien », et toute
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça cest le gros chien ?
BENOIST APPARU Mais non, mais toutes les professions, cest naturel, cest sain, défend sa niche fiscale, et comme toujours la difficulté cest quoi ? Cest que tout le monde veut faire des économies, chez le voisin. Chez le voisin les économies sont toujours
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais enfin le logement est bien touché !
BENOIST APPARU Chez le voisin les économies sont toujours justes. Eh bien non ! Dans le logement, comme ailleurs, il faut assumer que lon prenne notre part dans les économies nécessaires. Et moi jassume totalement ces choix politiques, je les revendique
JEAN-JACQUES BOURDIN Tous ?
BENOIST APPARU Tous. Pourquoi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Evidemment, remarquez vous nallez pas me dire que vous nêtes pas content.
BENOIST APPARU Non, mais pourquoi, allons au fond des choses. Il faut quon change de modèle économique sur le logement. On ne peut pas continuer à avoir un secteur sous perfusion de la dépense publique, comme il lest depuis 30 ans, avec une conséquence, notamment, laugmentation des prix dont on parlait. Parce que toutes ces aides publiques, tout cet investissement public dans le logement, vous le retrouvez, vous le retrouvez dans les prix. On sait que lAPL, ça fait gonfler les prix. On sait que le prêt à taux zéro, ça fait gonfler les prix. On sait que le SCELLIER, que toutes les aides publiques au logement, ça fait monter les prix. Il faut quon change de modèle.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous vous en apercevez aujourdhui ?
BENOIST APPARU Non, on ne sen aperçoit pas aujourdhui, sauf que, aujourdhui, il faut quon change tous notre logiciel, vous, comme nous, et quon arrête de vouloir penser, dès quon a un problème, dépenses publiques. Aujourdhui, dès quun secteur dactivité a un problème, quest-ce quon fait ? Hop, on veut une niche fiscale. Et donc il faut arrêter.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors écoutez, on nous a vendu le Grenelle de lenvironnement, et voilà quon réduit de 20% le crédit dimpôt développement durable.
BENOIST APPARU Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon ! On recentre le prêt à taux, le nouveau prêt à taux zéro
BENOIST APPARU Oui, tout à fait, sur le neuf.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pourtant on nous a dit, il y a combien de temps, il ny a même pas un mois, Benoist APPARU
BENOIST APPARU Non, il ny a pas un mois, nexagérons rien
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous nous avez vendu ce nouveau prêt à taux zéro en disant cest formidable
BENOIST APPARU Je rappelle que ce prêt à taux zéro, il ne date pas dun mois, il date dun an. Alors, vous me direz, ça reste très neuf.
JEAN-JACQUES BOURDIN Daccord, mais il a été rénové, il a été modifié.
BENOIST APPARU Non non, il a été modifié, il y a un an. Ce qui est en train dêtre modifié cest encore autre chose, cest léco-prêt à taux zéro pour les réhabilitations, pas pour devenir propriétaire. Là encore, quel est notre choix ? Cest de dire quil faut quon recentre le prêt à taux zéro vers le neuf, pour pouvoir continuer à aider justement le secteur économique du bâtiment. Non pas supprimer complètement ce produit-là, mais dire, voilà, on va aider le neuf, moins lancien. Pourquoi moins lancien ? Tout simplement parce que là encore, à force de mettre de largent public dans des produits logement, on alimente en partie les prix.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, était-il mal conçu, à lorigine ?
BENOIST APPARU Pas mal conçu. Mais peut-être, dailleurs, ce nest même pas le sujet, encore ne nous posons pas la question de savoir ce quon a fait il y a 1 an ou il y a 10 ans, posons-nous juste la question, notre responsabilité aujourdhui
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest de trouver de largent.
BENOIST APPARU Ce nest pas de trouver de largent
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon !
BENOIST APPARU Cest de protéger les Français, et pour protéger les Français il faut limiter les déficits. Vous avez vu, et je lai entendu ce matin, sur vos ondes, la situation actuelle de lItalie, la situation actuelle des différentiels de prêts entre la France et lAllemagne
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui se creuse. Lécart se creuse.
BENOIST APPARU Est-ce que vous voulez quon ait demain en Italie ce quon a aujourdhui en Grèce, et après-demain en France ? La réponse, pour ce qui me concerne, pour ce gouvernement, cest non, et on fera tout, tout, pour protéger les Français et éviter den arriver là. Cest ça l??enjeu. Et donc, la dépense publique, qui nous est promise tous les jours par François HOLLANDE, et les autres, ce nest pas notre tasse de thé.
JEAN-JACQUES BOURDIN La suppression du SCELLIER, la loi SCELLIER, dès 2013, on est bien daccord ?
BENOIST APPARU Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dès 2013, mais la loi SCELLIER finançait le logement intermédiaire, dit intermédiaire.
BENOIST APPARU Alors, la loi SCELLIER cest quoi, cest ce quon appelle de linvestissement locatif dans notre jargon
JEAN-JACQUES BOURDIN Exactement.
BENOIST APPARU C'est-à-dire un promoteur construit un immeuble, vend à un investisseur un appartement, et cet investisseur, contre une défiscalisation, moins dimpôts à payer
JEAN-JACQUES BOURDIN Est obligé de le louer pendant 9 ou 15 ans.
BENOIST APPARU Il le loue 9 à 15 ans, cest ça le principe. Ce SCELLIER, qui est un produit qui a été inventé, je vous le rappelle, après 2008, pour accompagner le secteur du BTP
JEAN-JACQUES BOURDIN Inventé par qui ?
BENOIST APPARU Inventé par François SCELLIER, cest le nom du député
JEAN-JACQUES BOURDIN Et par quel gouvernement ?
BENOIST APPARU Par ce gouvernement-là, juste après 2008, après la crise, pour aider le secteur de la construction, et du bâtiment. Cest pour ça quon a inventé ce SCELLIER-là. Depuis lors on a fait baisser le SCELLIER en question, on lavait commencé à 4 milliards, et aujourdhui, enfin lannée prochaine en 2012, il sera à 1 milliard de dépense.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que ça veut dire quon naide plus le secteur alors ?
BENOIST APPARU Ça veut juste dire la chose suivante. En 2008, on est dans une crise économique, les subprimes, il faut remettre de lessence dans le moteur économique, et donc on fait le plan de relance. La crise, aujourdhui, ce nest pas la crise des subprimes, cest une crise des dettes souveraines, cest une crise de la dépense publique. Continuons à dépenser publiquement, refusons toutes les économies, parce que là encore, dans vos discours, aux uns et aux autres, dans nos discours, aux uns et aux autres, on est tous vertueux dès quil sagit davoir un principe général
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
BENOIST APPARU Il faut moins dépenser dargent. Tous vertueux là-dessus. Par contre, dès queffectivement on prend secteur par secteur, plus personne ne veut, effectivement, être vertueux. Eh bien nous, nous lassumons, nous avons ce courage-là, et on ira jusquau bout en la matière, parce que je me répète, cest comme ça quon protégera les Français. Et si ça passe par effectivement des décisions difficiles, comme celles que nous prenons en ce moment sur le logement, nous les assumerons et irons jusquau bout.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que Jean-Pierre CHEVENEMENT doit quitter son logement ? Qui nest pas un HLM, je le précise, cest un logement de 120 mètres carré, loué 1200 euros, en plein coeur
BENOIST APPARU 1400 au Panthéon.
JEAN-JACQUES BOURDIN 1400, maintenant, en plein coeur de Paris, dans le 5ème arrondissement.
BENOIST APPARU Ecoutez, je trouve cette histoire très amusante, mais vraiment très amusante.
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez-y.
BENOIST APPARU Pourquoi. Quel est le gouvernement qui a décidé de mettre en place le surloyer et de pouvoir, donné le pouvoir aux HLM de « sortir » du HLM ceux qui avaient trop dargent ? Cest notre gouvernement. Qui a refusé de le voter ? Cest le PS. Et cest aujourdhui le PS, si jai bien compris, qui donne des leçons de morale à lun de ses ex-membres, sur ce thème-là. Je trouve ça très amusant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais oui, cest la Mairie de Paris qui lui demande de partir.
BENOIST APPARU Oui, cest la Mairie de Paris, tout à fait. Alors, juste deux points
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais est-ce quil doit partir ? Je vous pose la question.
BENOIST APPARU Moi, je nai pas à choisir. Monsieur CHEVENEMENT il est dans les clous de la loi, donc il fera ce quil veut. Il est dans les clous de la loi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas « expulsable », il a 62 ans.
BENOIST APPARU Juridiquement il peut rester, maintenant cest son problème, lui, dans sa glace, avec sa morale. Mais la Mairie de Paris, cest ça qui mintéresse, la Mairie de Paris, quest-ce quelle fait ? Un, comme par hasard, comme par hasard jimagine, cest au lendemain dune déclaration de Jean-Pierre CHEVENEMENT quon découvre quil est logé par la Ville de Paris. Cest bien ça ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
BENOIST APPARU Et cest au lendemain de sa déclaration de candidature que, comme par hasard, il y a une lettre qui part en disant, « quittez votre logement HLM », et que cette lettre se retrouve sur la voie publique
JEAN-JACQUES BOURDIN On en avait déjà parlé.
BENOIST APPARU Jimagine quil ny a pas de relation de causalité entre les deux. Mais surtout, là encore, cest cette même Ville de Paris, qui refuse de signer avec lEtat, une convention, que je leur propose, pour dire voilà : sur le parc HLM de Paris il faut mettre des DALO ; vous savez, le droit opposable au logement ; et il faut quon ait des sorties dhébergement, c'est-à-dire les personnes sans abri qui sont dans les centres dhébergement. Jai deux bailleurs sociaux, deux, en Ile-de-France, qui refusent de signer avec lEtat. Deux. Les Hauts-de-Seine ils signent avec nous, y compris pour les DALO. Jai deux bailleurs, la RIVP, Paris Habitat, les deux qui dépendent de la Ville de Paris, ce sont les seuls qui refusent de signer avec nous. Alors, le double langage de la Ville de Paris, où le matin je joue la morale
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui vous a accusé dailleurs davoir laissé oui.
BENOIST APPARU Le matin je joue la morale, et effectivement je fais des grandes déclarations avec des grands trémolos dans la voix pour montrer que je défends les pauvres, mais qui dans la réalité de sa politique quotidienne, refuse de signer avec lEtat pour reloger les DALO, y en a marre. Que la Ville de Paris dénonce Jean-Pierre CHEVENEMENT dans un logement social, je peux le comprendre, mais à ce moment-là que les mêmes nous disent, quils ne reviendront pas sur les décisions, que nous avons prises, sur le surloyer, or ce sont les mêmes qui dénoncent au quotidien le surloyer et le non-maintien dans les lieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN Benoist APPARU, la Ville de Paris qui vous accuse de refuser douvrir des places dhébergement durgence supplémentaires. Cest vrai ça ?
BENOIST APPARU Vous savez, la Ville de Paris, en ce moment
JEAN-JACQUES BOURDIN Après le drame qui sest produit, la mort de ce bébé dans les rues de Paris.
BENOIST APPARU Raconte un peu tout et nimporte quoi. Tout et nimporte quoi. Mais vraiment tout et nimporte quoi. Cest du mensonge et des contrevérités, en permanence. Cet hiver, on va ouvrir 10 000 places de plus, comme tous les hivers. Alors, quils communiquent un peu moins, quils travaillent un peu plus, quils arrêtent de se draper de vertus quils nont pas, et tout ira mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dernière question. Laurent WAUQUIEZ veut réserver une partie des logements sociaux à ceux qui travaillent. Vous êtes daccord ?
BENOIST APPARU Aujourdhui le logement social accueille beaucoup de travailleurs, notamment ceux qui sont financés par les partenaires sociaux, ce quon appelle le 1% Logement, où on réserve les logements aux travailleurs. Et donc moi jai le sentiment, mais on peut avoir ses différences avec Laurent WAUQUIEZ, que le logement HLM il est plutôt fait pour loger les plus modestes. Pourquoi ? Parce que si on investit de largent public
JEAN-JACQUES BOURDIN Même ceux qui ne travaillent pas ?
BENOIST APPARU Même ceux qui ne travaillent pas, parce que sinon vous allez les loger où, ceux qui ne travaillent pas ? Ils ne pourront pas aller dans le privé, ce sera trop cher, si vous ne les mettez pas dans le HLM, vous les mettez où ? Et puis aujourdhui, surtout, regardons la réalité des choses. Combien y a-t-il de personnes qui « travaillent » dans lensemble du parc HLM ? 83%. 83% des locataires HLM travaillent, 17%, donc, ne travaillent pas. Il me semble que cest une proportion très raisonnable, et que léquilibre actuel du logement social me paraît plutôt sain, jaurais même plutôt tendance à dire quà partir du moment où lEtat investit beaucoup dargent dans le HLM, cest plutôt pour loger ceux qui ne peuvent pas se loger ailleurs.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 14 novembre 2011